On pourrait penser que le mariage pour tous allait encourager le mieux vivre des gays. C'est le contraire qui se passe. Et c'est très compréhensible...
Par Didier Lestrade | publié le 24/03/2013
New York, 2012. REUTERS/Lucas Jackson
La disparition récente de l'acteur porno français Wilfried Knight pose à nouveau la question du suicide chez les gays. Il y a un mois, c'était l'acteur américain Arpad Miklos qui mettait fin à ses jours.
En France, on a tendance à découpler ces décès sensationnels de la population homosexuelle lambda avec des arguments rapides: le métier d'acteur porno est sujet à des pressions particulières; ces acteurs vivent aux Etats-Unis ou au Canada, ce qui les éloigne du quotidien hexagonal. Pour certains, il y a même un sentiment de revanche car ces acteurs ont eu la vie facile, ce sont les cigales de la fable de La Fontaine: célèbres beaux, admirés, ils ne durent pas longtemps et finalement, on les méprise pour leur succès –parce qu'on les envie.
Pourtant, le suicide plane sur la communauté gay et beaucoup y pensent. Bien sûr, il n’y a pas de chiffres récents. Mais les gays y pensent davantage, d'ailleurs, que pendant les années sida. Dans mon entourage ou ailleurs, des amis en parlent, j'en parle moi-même. On se sent au bout du rouleau comme d'autres se suicident sur les voies ferrées parce qu'ils sont au chômage depuis trop longtemps.