La tentation des diagnostics précoces
Publié le 07/12/2012
Avec le phénomène de « disease mongering »[1], on a reproché notamment à certains psychiatres de « se faire de nouveaux clients » en prêtant au DSM une quasi-infaillibilité, malgré les incertitudes sur sa validité scientifique, pour construire de façon fallacieuse des affections arbitraires : attention deficit hyperactivity disorder (trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité : TDAH), oppositional defiant disorder (trouble oppositionnel avec provocation : TOP)[2], etc.
Cette démarche suscite un débat où les politiciens ont parfois la tentation de se reposer sur les psychiatres pour « étouffer la délinquance ou la marginalité dans l’œuf », c’est-à-dire dépister le plus tôt possible (dès la maternelle ou avant) les futurs « déviants » à « rééduquer », dans une perspective digne de Minority Report[3], le célèbre film de science-fiction de Steven Spielberg (d’après la nouvelle éponyme de Philip K. Dick). Orthophonistes et psychothérapeutes risquent alors, bien malgré eux, d’être convoqués au service d’une société dont ils devraient servilement promouvoir les valeurs, pour assurer son immuabilité, sous l’empire incontesté d’une « norme », en affublant les « asociaux » d’étiquettes nosographiques…
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