La nuit du chasseur
LE MONDE | Par Ariane Chemin
Quand on lui demande aujourd'hui de dessiner sa famille, il trace un trait pour le corps, deux pour les bras, deux pour les jambes, comme un enfant. Il écrit dessous les prénoms de son père, sa mère, ses deux frères de 10 ans, et le sien, Andy. Tout le monde se tient par la main. Un rond pour chaque tête, et de grands sourires dedans. Qu'y avait-il donc dans celle d'Andy, 16 ans, lorsqu'en août 2009 il a tiré dans le noir sur ses parents puis, avec le même fusil, sur les jumeaux endormis dans la chambre à côté, visant entre les barreaux de leur mezzanine, éclaboussant de sang les doudous et les médailles de sport accrochées au pied des lits ?
Lundi 12 novembre, la cour d'assises des mineurs d'Ajaccio entendra se battre les experts pour savoir si Andy est coupable, responsable, dangereux. La presse – si on l'y autorise – mais aussi oncles, tantes et grands-parents, qui n'ont pas souhaité le revoir depuis trois ans, scruteront dans le box ce qui passera ou ne passera pas sur le visage de ce jeune homme frêle et juvénile, accusé d'un crime rarissime: un"parenticide", comme on dit désormais, élargi à sa fratrie.