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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 24 février 2012


Vague de suicides chez les retraités

"Le nombre de suicides et de tentatives de suicides en Arménie - 647 cas en 2011- a cru de 30% depuis la crise de 2009", rapporte le site Eurasianet. "Dans 57% des cas, le suicide touche les chômeurs de 30 à 65 ans. Mais on observe surtout une recrudescence des suicides chez les personnes de plus de 65 ans", explique Kariné Kouïmdjian, directrice du département de recensement de la population au Service statistique d'Etat.

"Les gens n'ont plus d'espoir en l'avenir, les prix augmentent [alors que la pension de retraite moyenne est de 62 euros par mois], les retraités se sentent abandonnés", estime le psychologue Rouben Pogossian. Certes la tradition caucasienne consistant à prendre soin des anciens est toujours en vigueur en Arménie mais "les familles ne s'en sortent plus, le niveau de chômage non officiel est bien supérieur au taux officiel de 6%", analyse Eurasianet, avant de souligner que l'émigration économique "affaiblit les liens familiaux".

RUSSIEUn taux de suicide alarmant chez les jeunes

Quatre jeunes se sont défenestrés à Moscou en quelques jours. L'Unicef classe la Russie au troisième rang mondial pour le suicide des jeunes. Regard sur un phénomène inquiétant.
13.02.2012 | Elena Gaevaïa
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Anonymisation des données du PMSI : un écran de fumée ?

23.02.12 - 17:21 - HOSPIMEDIA 
Dépassant le simple fait de cacher l'identité du patient, anonymiser des données de santé requiert de maîtriser une technique irréprochable. Mais malgré les procédures mises en place, il existe un risque de ré-identification du patient, notamment pour les données contenues dans le PMSI.
Destiné à recueillir des informations standardisées sur l'activité médicale des établissements de santé (voir la définition), le Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) est aussi une base d'informations importante (23 millions de séjours par an environ y sont répertoriés), protégée et sécurisée. Une procédure appelée FOIN (lire l'encadré) a été élaborée dans le but d'anonymiser ces données. Elle est utilisée dans les établissements de santé publics et privés par les médecins du Département d'information médicale (DIM). Néanmoins, un dispositif de chaînage des résumés de séjour, introduit en 2001 par l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH) dans le PMSI, vient semer le trouble chez certains professionnels, comme Gilles Trouessin, expert consultant en sécurité des systèmes d'information, et Dominique Blum, praticien hospitalier responsable de DIM, car elle permettrait de ré-identifier de manière claire les personnes hospitalisées.
PMSI : pas si anonyme
Le chaînage, comme l'explique l'agence sur son site, "permet de relier entre elles, grâce à un numéro de chaînage anonyme, les différentes hospitalisations d’un même patient", quel que soient le secteur d’hospitalisation et l'établissement. Mais l'introduction de cette empreinte, expliquent Gilles Trouessin et Dominique Blum, annihile le respect de l'anonymisation, notamment pour les patients ayant été hospitalisés à plusieurs reprises. En effet, il est possible de les retrouver via des informations telles que les durées d'hospitalisation (empreinte chronologique), les délais entre les hospitalisations, le code géographique ou encore l'âge. De ce fait, indique Gilles Trouessin, la base de données est anonymisée mais pas anonyme et les trajectoires de soins, établies à partir de ce chaînage, "finissent par transpirer l'identité de la personne". Grâce à l'empreinte chronologique, le mois du séjour, l'âge, le sexe, le code postal et le nom de l'établissement, selon Dominique Blum, 89% des 10,5 millions de patients contenus dans la base (année de référence 2008) sont ré-identifiables individuellement dans le PMSI. Avec les mêmes informations, 100% des patients (soit 2,7 millions de personnes en 2008) ayant effectué au moins deux séjours dans l'année sont identifiables, précise-t-il.
Utilisation erronée
Gilles Trouessin et Dominique Blum ne remettent pas en cause la méthode utilisée pour anonymiser les données de santé mais plutôt la manière dont elle est mise en œuvre et utilisée. La majorité des médecins DIM, par exemple, qui utilisent les outils fournis par l'ATIH, ne sont pas au courant de la possibilité de cette ré-identification. De même, le dispositif de chaînage n'est quasiment pas documenté. En outre, tous deux s'inquiètent de la transmission des données du PMSI à d'autres organismes comme les organes de presse* ou les cabinets de conseil travaillant sur ce programme. Le fait qu'il n'existe pas non plus de "registre" recensant l'ensemble des structures ayant accès à ces données est également préjudiciable, indique Dominique Blum. Et d'ajouter que le nœud du problème réside surtout dans le fait que "le dispositif de chaînage n'ait pas été validé par la CNIL".
Quelle surveillance ?
L'ATIH, contactée par Hospimedia, admet volontiers que les données du PMSI sont reconnues comme "indirectement nominatives" et qu'à partir de certaines informations, il est possible de retrouver un séjour dans la base. C'est pourquoi l'accès à ces données est strictement soumis à une autorisation de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), explique Françoise Bourgoin, chef du service de réponse aux demandes externes à l'agence. La commission vérifiera de son côté l'objet de la demande ainsi que l'utilisation prévue de ces données, précise à Hospimedia Daniéla Parrot, adjointe au chef de service des affaires juridiques de la CNIL. Des contrôles ont par exemple été réalisés auprès des structures utilisant ces données et des évolutions ont été demandées en cas de mauvais usage. De plus, il faut ajouter que le traitement des données de santé à caractère personnel est régi par la loi Informatique et libertés, notamment au chapitre 10. Par ailleurs, s'il semble effectivement difficile d'anonymiser une trajectoire de soins au regard des informations nécessaires pour l'établir, l'ATIH rappelle que le PMSI est utilisé pour édifier la tarification à l'activité et sert, à plus large échelle, aux politiques de santé publique et économique. Ré-identifier les patients n'est pas le but du PMSI.
Pour autant, l'accès à ces données reste possible et pourrait servir de mauvaises ambitions. Des médecins DIM, par exemple, ont déjà fait part de leur crainte de voir le traitement de données médicales nominatives externalisé dans certains établissements (lire les courriers entre le SNPHAR-E et la CNIL et notre brève du 07/06/2011).
Géraldine Tribault
* L'hebdomadaire Le Point pour réaliser son palmarès annuel s'appuie, entre autres, sur les données du PMSI (voir la méthodologie détaillée).
Qu'est-ce que la méthode FOIN ?
La méthode FOIN, pour Fonction d'occultation d'identifiant nominatif, a été élaborée à la fin des années 90 par le Centre d'études des sécurités des systèmes d'information (CESSI) de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) pour le PMSI. L'originalité de cette méthode réside dans l'utilisation de la technique dite de fragmentation-redondance-dissémination de l'information. Elle est utilisée à deux niveaux : dans les hôpitaux avant de transmettre les données médicales des patients et avant l'archivage de ces données.
G.T.

Soins psychiatriques sans consentement : chronique d’une catastrophe évitée

lequotidiendumedecin.fr 23/02/2012

Un rapport parlementaire adopté mercredi en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale dresse un bilan globalement positif de la mise en application de la loi du 5 juillet 2011 sur les soins psychiatriques sans consentement. Son application reste toutefois inégale sur le terrain, notamment en ce qui concerne les contrôles judiciaires.
« La catastrophe annoncée n’a pas eu lieu », constate le député UMP Guy Lefrand, coauteur avec son homologue Serge Blisko (groupe socialiste radical citoyen) d’un rapport d’évaluation des six premiers mois du nouveau dispositif de soins psychiatriques sans consentement.« En dépit de quelques ratés, les saisines des juges des libertés et de la détention (JLD) ont dans l’ensemble pu être réalisées dans les délais prescrits par la loi et les juges ont pu se prononcer sur les mesures de soins psychiatriques sans consentement dès le 1er août », date d’entrée en vigueur de la loi du 5 juillet 2011. Selon un premier bilan encore provisoire, 30 181 saisines du JLD ont été recensées après six mois dont 1 253 recours facultatifs. S’agissant de la nature des décisions de justice, 82,3 % d’entre elles à six mois sont des maintiens de mesures de soins psychiatriques sans consentement (4,5 % ordonnent la mainlevée, 2,2 % une expertise et 11 % sont des décisions de procédure).

Saisines hors délais.

Les saisines tardives – effectuées entre le 12e et 15e jour d’hospitalisation ou durant la première semaine précédant la période de six mois d’hospitalisation) – représentent 1,3 % du total. « Beaucoup de saisines hors délais sont liées à une difficulté par les préfets et les agences régionales de santé (ARS) de saisir le juge dans les délais », remarque Guy Lefrand. « Les conséquences sont très graves et débouchent sur une mainlevée de la mesure de soins sans consentement », ajoute-t-il. Quant au lieu des audiences, elles sont organisées au tribunal dans plus de 75 % des cas. Seules 5,7 % des audiences se dérouleraient par visioconférence. « Quand les audiences ont lieu au TGI, les patients ne sont pas toujours transportés pour participer à l’audience parce qu’ils font l’objet d’un certificat médical précisant que leur état ne leur permet pas d’être entendus. Le motif peut être fondé ou constituer un prétexte à une impossibilité matérielle ou de principe au déplacement du patient », indique Guy Lefrand. Lorsque les patients sont transportés au tribunal, les conditions matérielles d’accueil sont rarement adaptées, souligne le rapport. Si la présence de l’avocat est « quasiment systématique » le rôle de ce dernier reste à préciser car il apparaît à ce jour « très limité », du fait du peu de contact avec le patient. « Nous considérons qu’il faut généraliser le plus possible la pratique des audiences à l’hôpital. Il faut être volontariste sur cette question et demander au juge de se déplacer. Il en va du respect et de la dignité du patient », déclare Guy Lefrand. Pour la secrétaire d’État à la Santé, Nora Berra, « la question d’inscrire l’obligation de l’audience du juge à l’hôpital n’est pas opportune » car « il faut laisser de la souplesse aux acteurs de terrain en fonction des spécificités locales ». Et Serge Blisko de conclure : « Si beaucoup a été fait pour que la réforme soit mise en œuvre le mieux possible sur le terrain, l’application de la loi reste toutefois très inégale. » Chaque territoire « a une façon d’appliquer la loi. Tout dépend de la bonne volonté des acteurs sur le terrain et des moyens mis à leur disposition », ajoute-t-il.
› DAVID BILHAUT



Loi du 5 juillet 2011 et soins sans consentement en psychiatrie
Nora Berra estime inopportun d'obliger les juges à intervenir dans les établissements

23.02.12 - 14:51 - HOSPIMEDIA 
Depuis la mise en œuvre de la loi du 5 juillet 2011, fixant de nouvelles règles dans la prise en charge psychiatrique, le déplacement des patients de leur établissement au tribunal pour le contrôle par le Juge des libertés et de la détention (JLD) des hospitalisations sans consentement est dénoncé par certains professionnels et représentants d'usagers. Dans son rapport d'évaluation concernant l'application de cette loi, la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale pointe à son tour les dysfonctionnements liés à ces transports (accueil dans les tribunaux perturbant, conditions de transport discutables, manque de personnel pour l'accompagnement...).
Les rapporteurs du bilan parlementaire ont donc auditionné ce 22 février Nora Berra, secrétaire d'État à la Santé, qui leur a notamment déclaré qu'il était impossible aujourd'hui de rendre obligatoire l'intervention des juges en établissement. Rappelant que la loi prévoyait plusieurs modes d'intervention possible (déplacement du juge en établissement, déplacement du patient au tribunal ou audience par visio-conférence), la secrétaire d'État a prôné le maintien de cette souplesse d'application, chaque territoire pouvant ainsi s'adapter selon ses caractéristiques et préférer l'un des différents modes d'intervention possible.
Jean-Luc Préel, vice-président de la commission des Affaires sociales et député Nouveau centre (NC) de Vendée, a relevé pour sa part, qu'il était paradoxal de multiplier les déplacements sanitaires des patients à l'heure où la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) souhaite leur diminution.
Nora Berra a ensuite évoqué l'augmentation des moyens que le ministère de la Justice envisageait pour l'application de la loi, soit : 6,72 millions d'euros destinés à l'installation de dispositifs de visio-conférence, 10,23 millions pour les personnels accompagnant les patients dans les tribunaux. Et 270 postes seront ouverts en 2012 au concours de la magistrature.
Les rapporteurs ont constaté qu'il y avait encore de nombreuses saisines tardives du juge, soit entre les 12e et 15e jour d'hospitalisation sous contrainte, voire même des saisines hors délai. Ils ont également pointé la problématique du nombre important de certificats et avis médicaux imposés par la loi. À cela, Nora Berra a répondu qu'il était peut-être possible de faire évoluer les choses (lire aussi notre brève du 16/02/2012).
L.W.


Rapport annuel sur les lieux de privation de liberté
Le contrôleur général pointe les insuffisances de l'offre de soins en psychiatrie

22.02.12 - 16:59 - HOSPIMEDIA 
Jean-Marie Delarue a rendu publiques ce mercredi ses nouvelles recommandations pour le respect des droits des personnes privées de liberté, dont celles hospitalisées sans consentement. Suite à la visite d'une quinzaine de CH en 2011, le rapport met l'accent sur les déséquilibres de l'offre de soins en psychiatrie.
Selon le rapport annuel d'activité diffusé ce mercredi*, l'équipe du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Jean-Marie Delarue, a visité 39 structures de santé, dont six Centres hospitaliers spécialisés (CHS), huit hôpitaux dotés de services psychiatriques, ou encore une Unité pour malades difficiles (UMD). Le rapport détaille notamment les suites données en 2011 à certaines de ses visites, comme celles effectuées à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris ou au CH Sainte-Marie de Nice (lire notre brève du 12/05/2011). Ces visites offrent au CGLPL et à son équipe de 30 contrôleurs l'occasion de faire un état des lieux des problématiques liées à la prise en charge psychiatrique sans consentement.

Des droits "mis en péril" par le manque de professionnels en psychiatrie
Les difficultés de fonctionnement de certains établissements en raison de vacances d’emploi de soignants ou de "recrutements difficiles" de médecins liés à la démographie médicale, créant "un déséquilibre réel entre les besoins de l'hôpital public et le nombre de psychiatres qui y travaillent", sont pointées par le rapporteur. "Si le psychiatre chef de service hospitalier (...) ne peut consacrer qu'une journée et demie par semaine à ce service, compte tenu de ses autres charges, comment se feront les investigations nécessaires qui pourraient conduire à la mainlevée d'une hospitalisation sans consentement ?", s'inquiète le CGLPL. Il évoque "des unités psychiatriques fonctionnant sans psychiatre sur place", avec la "bonne volonté des soignants et même, cela a été vu, des aide-soignants", "des confrères venant le samedi signer les documents propres aux procédures de soins sans consentement, sans guère d'examen des malades". Le nombre insuffisant d'experts psychiatres judiciaires est également mis en évidence. Le rapporteur relève ainsi des délais de six mois pour qu'une personne détenue obtienne une permission de sortir ou une libération conditionnelle, subordonnée à une ou deux expertises. Ainsi, les droits fondamentaux "sont mis en péril" par ces "déséquilibres dans l'offre de soins psychiatriques", est-il conclu.

Limitations des droits proportionnées à l'état des personnes
Le rapport recense une série d'autres critiques adressées aux établissements de santé. L'accueil des enfants en pédopsychiatrie, "là du moins où il y a hospitalisation complète, est souvent inadapté en raison de moyens limités", est-il noté. "Des unités comme le CIAPA [Centre interhospitalier d'accueil permanent pour adolescents, NDLR], à Paris, font figure d'exception. Dans un établissement, il a été découvert des enfants hébergés dans une unité de déficients mentaux", indique-t-il. Concernant l'information des patients sur leurs droits, notamment celui d'un recours contre une hospitalisation, il pointe des insuffisances pouvant être palliées par "des changements simples et peu coûteux". Il met également en garde contre "les pratiques résultant souvent de consignes préfectorales, de mettre en isolement de manière systématique, et pendant toute la durée de leur séjour, les détenus admis en soins psychiatriques sans leur consentement".
Le CGLPL plaide pour une proportionnalité des mesures à la nécessité des soins requis. "Dans des établissements visités, toutes les personnes hospitalisées sans consentement sont astreintes au port du pyjama durant toute la durée de leur séjour. Ces pratiques, si elles ne sont pas adaptées à l’état du malade, sont constitutives d’un traitement pouvant être qualifié de dégradant", souligne-t-il, ajoutant que les limites générales à la liberté d'accès à des espaces extérieurs doivent faire la place à "des examens des situations individuelles et à des mesures proportionnées à l’état des personnes".
Le rapporteur a constaté des atteintes à l'intimité des personnes (intrusions dans les correspondances, visites des familles dans des locaux inadéquats, chambres doubles ou triples sans séparation entre les lits, chambres et meubles ne pouvant être fermées à l'initiative des malades, générant des "sentiments d’insécurité") et des difficultés tenant à la "sur-occupation" de lits. Au sujet de la traçabilité du recours à la contention dans les établissements de santé, il rappelle "à nouveau fermement" l'une de ses recommandations relatives au CH Esquirol de Limoges (Haute-Vienne) publiées au Journal officiel du 2 juillet 2009.

Opposition au renforcement de la sécurisation des établissements
Abordant la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement en psychiatrie, et plus précisément le contrôle des hospitalisations par les Juges des libertés et de la détention (JLD), le contrôleur indique que "les visites d'établissement vont porter une grande attention aux conditions dans lesquelles les audiences dans les 15 jours qui suivent l'admission sont organisées et vécues". Il a déploré que "les contrôles prévus par la loi ne sont pas toujours exercés. (...) Des Commissions départementales des hospitalisations psychiatriques (CDHP) ne sont pas toujours réunies, en raison de difficultés à nommer les personnes qui doivent les composer." Reprenant son avis sur les audiences par visioconférence (lire notre brève du 09/11/2011), Jean-Marie Delarue rappelle sa préférence pour la tenue d'audiences à l'hôpital en présence du juge : "Il est certain que la seule solution qui préserve à la fois les droits des malades et leur équilibre réside dans l'installation de salles dans les hôpitaux où se tiendront les audiences".
Enfin, évoquant le contexte du renforcement des mesures de sécurité dans les établissements, le contrôleur s'oppose aux conclusions d'un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur l'analyse des accidents en psychiatrie (lire notre article du 31/05/2011) recommandant l'accentuation de telles mesures. Le contrôleur a relevé "dans une étude qu'il a faite sur plusieurs centaines de fugues des établissements hospitaliers, qu'un nombre exactement équivalent d'entre elles se produisait depuis les unités "fermées" et dans les unités ouvertes". Il est préférable, souligne-t-il, "de mettre l'accent sur la manière humaine avec laquelle ces patients sont traités et de renforcer leurs activités, que d'ajouter des serrures et des cartes d'accès".
Caroline Cordier
* Ce rapport est disponible aux éditions Dalloz et sera téléchargeable sur le site du CGLPL le 4 avril prochain. Dans l'attente de cette mise en ligne, retrouvez le dossier de presse.
Soins en détention : le contrôleur préconise des conventions entre CPAM et établissements pénitentiaires
Comme les précédentes années (lire notre article du 29/10/2010), le contrôleur général Jean-Marie Delarue s'est penché sur les difficultés à accéder aux soins pour les personnes incarcérées. Il souligne qu'en Haute-Garonne "une convention entre l'administration pénitentiaire et la [Caisse primaire d'assurance maladie] CPAM a été signée pour centraliser les dossiers des personnes détenues et disposer d’une cellule de travail unique qui regroupe toutes les demandes d'affiliation" et estime qu'une "telle approche pourrait être généralisée".
"Formés à la problématique des soins en détention, ces agents de la Sécurité sociale peuvent ainsi faciliter les démarches et accélérer l'ouverture des droits" souligne le contrôleur, qui souhaite qu'en vue de cette généralisation soit rédigée "conjointement par les ministères de la Santé et de la Justice une convention type relative à la protection sociale des personnes détenues afin d'améliorer la continuité des soins avant, pendant et après l'incarcération". Il recommande également qu’une circulaire précise les "critères de prise en charge [des] dépassements d'honoraires afin que leurs taux soient harmonisés entre les établissements" pénitentiaires.
C.C.







Jean-Marie Delarue dénonce les abus du travail en prison

LEMONDE | 22.02.12

Les équipes du contrôleur général des lieux de privation de liberté ont, depuis 2007, passé "près de quatre ans et demi en prison, six ans en garde à vue et un an en psychiatrie" : elles disposent aujourd'hui d'un solide recul sur la vie pénitentiaire. Jean-Marie Delarue devait présenter, mercredi 22 février, son rapport annuel, qui comporte notamment une analyse fine du travail en prison, après avoir dépouillé plus de 1 500 bulletins de paie de détenus. Pour le contrôleur général, le mot même de "travail" engendre de la confusion, tant les conditions du travail en prison sont éloignées de celles du dehors.

Combien de détenus travaillent en prison ?
Nous sommes en désaccord avec l'administration pénitentiaire, d'abord sur le nombre de personnes employées. Nous, nous disons qu'on ne peut pas compterles gens qui relèvent de la formation professionnelle, ni ceux qui sont en placement extérieur. Ils sont certes écroués, mais ont une activité pour laquelle la pénitentiaire n'est pour rien. Le taux de 39 % de détenus au travail que nous donne l'administration nous paraît être plutôt de l'ordre de 28 %. Ce n'est pas glorieux.
De plus, parmi ces gens "classés", c'est-à-dire comptabilisés comme ayant un travail, certains n'en ont pas : l'offre de travail est extrêmement variable d'un mois à l'autre. Vous pouvez avoir 50 postes de travail et, le mois d'après, 30. On ne va pas évidemment déclasser des gens. Ils le restent, mais ils ne sont plus conviés à l'atelier.
Enfin, ceux qui sont inscrits ne travaillent pas régulièrement. Au dehors, on se débrouille pour caser les aléas de la vie dans la vie privée et pas dans la vie professionnelle. Les détenus, eux, ne le peuvent pas. Ce n'est pas eux qui fixent leur rendez-vous à l'hôpital ou au parloir. Ainsi un employeur, en détention, ne peut pas compter sur tout le monde. On inscrit comme devant venir à l'atelier un nombre supérieur au nombre de postes à pourvoir, puisque certains ne viendront pas. On fait parfois venir 10 à 15 % de plus. Ces gens sont bien classés, mais n'ont pas pour autant un travail régulier.
Et puis il y a des types de travail qui ne sont pas comptabilisés. J'ai vu dans un centre de détention des "auxiliaires d'auxiliaires", des détenus qui venaientseconder les auxiliaires en titre pour la distribution des repas. Ils n'étaient pas rémunérés.
Quels sont les types de métiers, en détention ?
C'est du non-qualifiant massivement, sauf quelques ateliers privilégiés, extrêmement minoritaires. La masse du travail est formée d'emplois peu qualifiés, de conditionnement, d'emballage, etc. Il existe aussi du travail en cellule. J'ai vu des gens lors d'une visite de nuit, il faisait chaud, ils étaient torse nu en train d'assembler de petites agrafes, au milieu de la nuit. Le travail en détention peut donner lieu à des abus, en termes d'horaires, d'hygiène ou de règles de sécurité. Il y a des fabrications de chaussures dans certains établissements pour le personnel pénitentiaire ; on a là des vapeurs de traitement du cuir pas très saines, à mon avis. Personne n'a jamais regardé ça de près.
Et le travail est rare ?
Le travail est un bien rare, et il y a compétition pour s'arracher le peu qui existe. L'administration comme les opérateurs privés sont libres de leur choix. Et quand quelqu'un se comporte mal ou ne produit pas ce qu'on attend de lui, il est déclassé d'un trait de plume. Le déclassement peut être une mesure disciplinaire, il y a des cas où il ne l'est pas, et cela induit un comportement de soumission.
Un jour, parce qu'on était là, ordre avait été donné aux auxiliaires de nettoyer les murs. Je leur dis : "Vous faites ça, d'habitude ?" Ils ont rigolé, ils m'ont dit : "Non, ce n'est pas prévu dans notre engagement de travail", ce petit papier qu'a accordé la loi pénitentiaire. Mais si on le dit, on se fait virer immédiatement. D'une certaine manière, il y a des relents de XIXe siècle dans l'administration pénitentiaire.
Quel est le niveau de salaire ?
La loi pénitentiaire de 2009 a institué une sorte de salaire minimum, le SMR, salaire minimum de référence, variable selon les tâches, et fixé entre 20 % et 45 % du smic. Ces planchers de salaire sont en réalité des plafonds. Tout l'enjeu du travail des détenus, c'est péniblement d'y parvenir. Il y a d'ailleurs un jeu un peu trouble de l'administration pénitentiaire qui, tous les ans, détermine le montant du SMR en fonction de l'évolution du smic. Elle a fait une petite erreur de calcul au départ, et en 2011, au lieu de payer 4,05 euros de l'heure, elle a trouvé 4,03. Deux centimes... Mais quand vous gagnez 70 euros par mois, ce n'est pas insignifiant.
Ensuite, les détenus sont rémunérés à la pièce, à un prix en général assez dérisoire. Il faut ensuite transformer ce montant de productivité à la pièce en salaire horaire. Les gens n'y comprennent rien. Le lien entre le nombre de pièces produites et le montant horaire n'est pas explicité. Il y a encore les gens qui sont au-dessous de la production requise, et globalement, beaucoup sont très en deçà du SMR.
Dans un centre de détention, sur 340 détenus au travail, plutôt dans des ateliers assez qualifiés donc tirant plutôt les salaires vers le haut, 38 % étaient en dessous du SMR. Dans une maison d'arrêt, sur 218 personnes au travail, il n'y en avait que 11 au-dessus du salaire minimum. De surcroît, dans les maisons d'arrêt, il y a des gens qui bougent, et donc qui ne travaillent qu'une partie du mois.
Les sommes effectivement perçues sont faibles ?
Quand on regarde les bulletins de salaire, on est absolument saisi. Vous avez des gens avec 4,52 euros dans le mois, d'autres 7 ou 15 euros. Même chez ceux qui travaillent au maximum souhaitable, il y a des variations qu'ils ne se comprennent pas bien d'un mois sur l'autre. Le salaire d'un auxiliaire tourne autour de 180 euros, ça tombe à peu près régulièrement, mais pour un travailleur de production, ça peut être entre zéro et 450 euros. Les très, très hauts salaires, rarissimes, sont de 800 euros.
Il résulte de tout cela une espèce d'aléa dans la perception des revenus : vous ne pouvez rien prévoir, parce que vous ne savez pas à l'avance ce que vous allez gagner. Même quand vous avez décroché la timbale du travail, vous êtes dans un état d'incertitude rare. Les conséquences sont multiples. Le travail est un enjeu, il crée des rivalités et on sait très bien que, dans certains ateliers, certains empochent la production d'autrui. Se greffent sur le travail tous les rapports de force de la détention.
Au fond, lorsqu'on parle de travail en prison, on se trompe. Il faudrait inventer un autre mot. Le travail pénitentiaire n'a pas les attributs habituels du travail. C'est autre chose. C'est de l'occupation, disent des détenus. Le mot travail crée, en tout cas, de la confusion.
Propos recueillis par Franck Johannès

Élections 2012
"Génération HPST" en appelle aux présidentiables pour "sauver" l'hôpital public

23.02.12 - 10:58 - HOSPIMEDIA 
Dans un appel* lancé ce 22 février, Jacques Touzard, directeur d'hôpital, et le Dr Gérard Kierzek, médecin-urgentiste, convient au nom de la "génération HPST" les candidats à l'élection présidentielle à se presser, au nom de la préservation du "made in France", au chevet de l'hôpital public pour enrayer "le mouvement de privatisation (…) et la bureaucratisation croissante" qui le menacent. S'ils savent gré à la loi HPST d'avoir eu "le courage de reposer le débat" de la planification sanitaire en France et aux ARS de donner "une ligne directrice" au système de soins, les deux signataires estiment toutefois qu'"il y a urgence à repenser l'hôpital".
La gouvernance hospitalière est ainsi dans leur collimateur, déplorant qu'elle soit passée "de l'autorégulation mandarinale dont notre génération n'hérite que de la dette, à une autocratie managériale insupportable et souvent contre-productive". De fait, il importe, à leurs yeux, de "réinsuffler la pensée médicale et humaniste dans le management hospitalier". Par ailleurs, le directeur et le praticien réaffirment leur opposition à tout partage des missions de service public avec le secteur lucratif comme à la convergence tarifaire publique-privée.
T.Q.
* Le texte de l'appel en ligne sur le site Nouvelobs.com

Suite aux (très) nombreuses demandes d'informations reçues ces dernières semaines par RESILIENCE, au sujet du processus de désinscription à l'ordre infirmier, nous vous informons que :

cette demande de désinscription doit être adressée directement à votre cdoi (celui où vous êtes inscrit actuellement si changement entre temps), en lettre recommandée avec accusé de réception, sur papier libre, en indiquant votre numéro d'ordre afin de faciliter les formalités à un ordre toujours plus cafouilleux,

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DÉMOCRATIE SANITAIRE – L’espérance de vie au fil de la ligne du RER B

Le site Rue89 a interrogé le professeur en aménagement sanitaire Emmanuel Vigneron qui a réalisé une carte plutôt saisissante. Intitulée "La ville, la vie, la mort dans Paris et ses banlieues au long du RER B", elle présente les différents indices comparatifs de mortalité* selon que vous habitiez à Saint-Rémy-les-Chevreuse, Port Royal, La Plaine-Saint-Denis et autant de stations de la ligne B du RER.
Et surprise, l'espérance de vie peut varier du simple au double alors que la ligne ne parcourt que 70 km. Ainsi, explique l'auteur de la carte, "en moins d'un quart d'heure de trajet, le risque de mourir une année donnée augmente ainsi de 82 % entre les arrondissements les plus aisés de Paris et le quartier du Stade de France".
"C'est l'effet ZUS", explique le chercheur à Rue89. "Il a été démontré que le simple fait d'habiter dans une zone urbaine sensible – une fois qu'on a neutralisé les effets d'âge, de sexe et de classe sociale – a des effets pathogènes. Ils sont liés à mille choses : au cadre de vie, au stress, à la pollution éventuelle, au fait qu'il n'y a pas d'offre de santé suffisante dans ces zones-là".
Parallèlement, M. Vigneron a mis en évidence le nombre de médecins libéraux installés dans les villes jalonnant la ligne B du RER. Si le quartier du Luxembourg à Paris compte 20,3 médecins généralistes pour 10 000 habitants, ils ne sont plus que 5,9, toujours pour 10 000 habitants à La Courneuve et Aubervilliers. La différence est encore plus forte concernant les médecins spécialistes. Ils sont 68,5 pour 10 000 dans la "commune de station" du Luxembourg contre 1,6 pour La Courneuve et Aubervilliers. Et le chercheur d'appeler de ses vœux une "démocratie sanitaire"...
Pour avoir une illustration concrète des difficultés que rencontrent les personnels soignants comme les habitants de la Courneuve, vous pouvez lire le dernier post du blog Urbains sensibles, intitulé "Au centre de santé, on soigne selon les besoins, pas les moyens".
* L'indice comparatif de mortalité est le rapport entre le nombre de décès observés dans le département et le nombre de décès attendus. Ce dernier chiffre est calculé en appliquant à la population du département les taux de mortalité nationaux par âge et sexe.