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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 2 février 2012


Lacan, Roudinesco, et les révolutions arabes

Antonin Grégoire | Journaliste internet


Elle a été condamnée. Elisabeth Roudinesco est historienne de la psychanalyse. Elle a été attaquée en diffamation par Judith Miller, la fille de Lacan qui s'estime diffamée dans le dernier livre de Roudinesco. Derrière ce procès, il y a d'autres enjeux. Le contrôle de l'histoire, la censure, les « ayant-droits » et même la récupération des révolutions arabes par Bernard Henri Levy.
Dans « Lacan, envers et contre tout » (Seuil), Roudinesco écrit p.175 :
« Lacan mourut sous un faux nom, le 9 septembre 1981, la clinique Hartmann des suites d'un cancer du côlon qu'il n »avait jamais voulu soigner. Bien qu'il eût émis le vœux de finir ses jours en Italie, à Rome ou à Venise, et qu'il eût souhaité des funérailles catholiques, il fut enterré sans cérémonie et dans l'intimité au cimetière de Guitrancourt. »

Sans lire le livre...

Judith Miller s'estime diffamée et « fondée à agir puisque c'est notamment et principalement contre elle qu'est dirigée l'accusation d'avoir trahi les volontés d'un mort, » lit l'assignation en justice.
Une lecture libre et assez subjective de la phrase de Roudinesco où « eût souhaité » devient « trahison des volontés d'un mort ». Judith Miller admet d'ailleurs n'avoir pas lu une ligne du livre de Roudinesco, on lui a lu l'extrait au téléphone.
Roudinesco a beaucoup d'ennemis car elle n'hésite pas à monter au front lorsqu'une dérive sectaire ou idéologie totalitaire vient s'infiltrer dans le débat.
Lorsque Michel Onfray onanisant sur des fantasmes de Freud baisant ses patientes se met à vomir sur toute l'œuvre du maitre, c'est elle qui monte seule au front avec un très sérieux « Mais pourquoi tant de haine » (Seuil) où elle profite de l'occasion pour faire une belle leçon d'historiographie à l'auteur du crépuscule d'une idole.
C'est Roudinesco aussi l'une des très rares personnalités à appeler au soutien inconditionnel des révolutions arabes alors que les différents experts, analystes ou politiques continuent d'agiter le spectre islamiste.
C'est Roudinesco encore que les défenseurs des libertés sur l'internet vont retrouver bientôt en première ligne. En lisant « Mais pourquoi tant de haine », on apprend ainsi que des lobbies comportementaliste américains tentent en ce moment de faire classer internet comme Internet Addiction Disorder, une addiction à soigner aux coté de l'alcool ou de la cocaïne. Ça valait le coup de répondre à Onfray.

Peu de voix en défense

Face à Judith Miller par contre, Roudinesco est très peu défendue. Un peu parPascale Robert Diard ou Michel Rotfus sur leurs blogs ainsi que, exception notable des psychanalystes du CIFPR qui prennent position.

1er journée annuelle " Actualités et enjeux de la psychiatrie et de la santé mentale"

Le 02 Février 2012
La Fédération hospitalière de France (FHF) et sa filiale SPH Conseil souhaitent lancer une nouvelle manifestation dédiée au secteur de la psychiatrie et de la santé mentale qui a pour ambition de devenir le rendez-vous annuel du secteur en France. L’objectif cette journée est de réunir un public large autour des principales problématiques du secteur (juridiques, politiques, financières, stratégiques, organisationnelles…) afin de réaliser régulièrement une photographie du secteur, communiquer sur les points d’actualité majeurs, partager les bonnes pratiques, réaliser un bilan des réformes et appréhender les évolutions régulières.
Cette manifestation doit permettre un développement de nombreux échanges entre les différents profils d’établissements, entre les différentes professions mais aussi avec les nombreux partenaires extérieurs qui font la richesse du secteur en France. En conséquence, ce colloque est ouvert à tous les professionnels des établissements publics, privés et ESPIC y compris des établissements MCO gérant des secteurs psychiatriques.
La matinée débutera par un point d’actualité sur le plan de santé mentale et sur la Valorisation de l'activité en psychiatrie (VAP) suivie d’une table ronde sur les modalités et les impacts de la mise en œuvre de la loi du 5 juillet 2011.
L’après-midi sera consacrée en premier lieu au thème des coopérations en psychiatrie et santé mentale puis ensuite à la stratégie des ARS dans la prise en compte de la psychiatrie dans l’élaboration des SROS/PRS pour finir en clôture par la vision de usagers.

mercredi 1 février 2012


Les Livres de Philosophie



Philosophie des sciences humaines

Charles Girard, Florence Hulak (dir.)


Janvier 2011 - Vrin - Bibliothèque d’histoire de la philosophie
Les sciences humaines ont en partage des concepts. L’histoire et la géographie, la sociologie et l’anthropologie, l’économie et la linguistique, la psychologie et la psychanalyse trouvent leur unité dans l’usage divers qu’elles en font, plutôt que dans un objet commun aux contours incertains. Pour s’établir comme sciences, elles ont dû affronter les problèmes épistémologiques, ontologiques et pratiques qu’ils suscitent ou révèlent

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Des chercheurs français affûtent une nouvelle arme contre la maladie d'Alzheimer

LEMONDE.FR | 25.01.12
L'équipe du professeur Baulieu a étudié des coupes de cerveaux de patients décédés avec une démence, qui confirment une forte diminution de la protéine FKBP52 chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
L'équipe du professeur Baulieu a étudié des coupes de cerveaux de patients décédés avec une démence, qui confirment une forte diminution de la protéine FKBP52 chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.Inserm
Le Monde.fr : Qu'avez-vous découvert ?
Etienne-Emile Baulieu : Nous avons découvert ce que je considère comme une arme. C'est une protéine, appelée FKBP52, qui pourra nous servir à contrôler le fonctionnement pernicieux d'une autre protéine, dite TAU, dont les pathologies sont décisives dans les processus qui causent la démence sénile et sa forme la plus courante : la maladie d'Alzheimer.
Il y a deux ans, nous avions publié, avec ma collègue Béatrice Chambraud, des résultats d'études réalisées in vitro, sur des cellules cérébrales isolées dans un tube à essai. Aujourd'hui, avec Julien Giustiniania, nous avons obtenu des résultats chez l'homme en accord avec les précédents : nous montrons que chez des personnes décédées de la maladie d'Alzheimer ou d'autres maladies neurodégénératives liées à la protéine TAU, il y a un effondrement de 75 % de la protéine FKBP52.
Nous avions cloné FKBP52 il y a vingt ans déjà, dans le cadre d'autres recherches. En l'observant plus à fond, on voit désormais qu'elle agit, selon les circonstances, comme un modulateur, un contrôleur du fonctionnement de TAU. C'est donc celle-ci qu'il nous faut "booster" à nouveau, dans le cerveau des malades, pour traiter la maladie.
Quelle est la prochaine étape ?
Nous sommes à la recherche de molécules qui nous permettront de stimuler la relation entre les protéines TAU et FKBP52. Cette dernière peut en effet être"droguée", c'est-à-dire que nous pouvons agir avec de petites molécules capables de se fixer sur des sites d'interaction présents sur FKBP52. Nous testons, nous "tripotons" une multiplicité de molécules, pour voir si l'une d'elles peut renforcer l'activité favorable de FKBP52.
Pour cela, nous travaillons avec des physiciens (l'équipe du docteur Lippens, au CNRS de Lille), qui observent les interactions entre les deux protéines, et qui mesurent, par résonance magnétique nucléaire, les modifications que nous tentons de causer.
Nous travaillons également sur des organismes vivants : des souris transgéniques et, depuis peu, des poissons-zèbres avec le docteur Marcel Tauk. Ceux-ci ont l'avantage de se développer très vite : ils passent en trois jours seulement du stade de l'œuf à l'âge quasi-adulte. Nous entravons le développement de leur système nerveux, en empêchant le FKBP52 de seformer. Ainsi, nous tentons de faire un tri parmi les molécules qui pourraient nouspermettre d'agir comme nous le souhaitons sur FKBP52.
Des poissons-zèbres dans un laboratoire scientifique à Taïwan, en 2005.
Des poissons-zèbres dans un laboratoire scientifique à Taïwan, en 2005.AP Photo/Taiwan Academia Sinica, HO
Pensez-vous pouvoir en tirer un traitement ?
Notre but, c'est d'obtenir un médicament pour guérir la maladie d'Alzheimer et les autres pathologies liées à la protéine TAU. Cela peut aller vite : j'espère que nous pourrons proposer une, deux ou trois structures de médicaments acceptables d'ici trois à cinq ans. Il faudra ensuite évaluer leurs effets sur l'homme, ce qui peut prendre un an. C'est aussi une question de chance : nous testons quantité de molécules, mais nous ne savons pas quand nous trouverons la bonne.
Nous voulons également mettre au point un test, qui permettra de mesurer le taux de protéine FKBP52 dans la période qui précède, de vingt ou trente ans, l'apparition des signes cliniques de la maladie d'Alzheimer. C'est une hypothèse : il s'agira de savoir si un taux abaissé peut indiquer un risque accru de développerla maladie.
Louis Imbert

Les Livres de Philosophie



HUMAIN - Une enquête philosophique sur ces révolutions qui changent nos vies

Monique Atlan et Roger-Paul Droit
Janvier 2012 - Flammarion
L'impossible d'hier est-il devenu le possible d'aujourd’hui? Produire des cellules artificielles, recomposer l'ADN, transformer nos cerveaux en machines artificielles, voir directement nos pensées sur un écran, réparer notre corps à l’infini grâce aux nanotechnologies jusqu’à repousser la maladie, la vieillesse, puis la mort... s’agit-il de science ou de fiction? Comment penser ces mutations scientifiques associées ò la révolution numérique, à la mondialisation, à l’écologie triomphante, à notre responsabilité planétaire? Sommes-nous face à une prospective caricaturale ou à une étape nouvelle dans l’histoire de l'humanité?

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Évolution des dépenses de santé liées à la dépression aux USA
Publié le 11/01/2012

Analysant les données du système d’assurance-maladie américain Medicaid de Floride [1] entre 1996 et 2005, une étude américaine examine l’évolution de la qualité des soins et du coût des dépenses de santé en matière de dépression. Durant cette décennie, les dépenses de santé ont grandi de 29 %, passant en moyenne de 2 802 $ par assuré à 3 610 $. Cette augmentation s’est produite malgré une diminution moyenne des dépenses d’hospitalisation de 42 %, passant en moyenne de 641 $ par participant à 373 $. Elle s’explique principalement par une amplification des dépenses liées à la pharmacothérapie (de l’ordre de 110 %) portant surtout sur l’emploi croissant des neuroleptiques (+949 %).
Les auteurs observent que cette « augmentation considérable » des dépenses de santé imputables à la dépression s’est accompagnée en parallèle d’« améliorations minimes » dans la qualité des soins et que le recours aux neuroleptiques dans une indication antidépressive a contribué de façon significative à l’augmentation des dépenses, mais en apportant seulement une « contribution modeste » à la qualité des soins. On constate une diminution importante de la proportion des patients hospitalisés pour troubles dépressifs (passant de 9,1 % à 5,1 %) et une diminution également remarquable de la part des psychothérapies dans les traitements dispensés (56,6 % à 37,5 %). Celle des neuroleptiques augmente par contre (passant de 25,9 % à 41,9 %), de même que celle des antidépresseurs (passant de 80,6 % à 86,8 %), tandis que celle des anxiolytiques reste stable (62,7 % à 64,4 %).
Les conclusions de cette enquête sont donc « mitigées » : part des psychothérapies et fréquence des suivis en baisse, dépenses de médicaments (surtout neuroleptiques) en hausse mais, en définitive, des changements modestes dans le rapport qualité/coût.
[1] Une mise en garde liminaire du site de Florida Medicaid donne le ton de l’austérité ambiante : « Nous déplorons que des mesures de restriction budgétaires nous empêchent d’actualiser ce site et de garantir l’exactitude des informations fournies. » http://healthinsuranceinfo.net/getinsured/florida/financial-assistance/medicaid/
Dr Alain Cohen
Fullerton CA et coll. : Ten-year trends in quality of care and spending for depression ; 1996 through 2005. Arch Gen Psychiatry 2011; 68(12):1218-1226.











La fécondité des Français ne connaît pas la crise

17/01/2012

Avec 2,01 enfants par femme, le taux de fécondité est resté élevé en France en 2011. Selon le dernier bilan démographique de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), la population française a continué de croître l’année dernière, atteignant les 65,35 millions d’habitants.
EnlarAvec 2,01 enfants par femme, le taux de fécondité est resté élevé en France en 2011. Selon le dernier bilan démographique de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), la population française a continué de croître l’année dernière, atteignant les 65,35 millions d’habitants.
Avec 349 000 personnes supplémentaires, la population française a poursuivi sa croissance en 2011 au même rythme que les années précédentes (+ 0,5 % contre + 0,3 % dans l’Europe des 27). Contrairement à la majorité de ses voisins européens, c’est davantage grâce à l’excédent des naissances (827 000) sur les décès (555 000) qu’au solde migratoire (77 000) que l’Hexagone et ses départements d’outre-mer réalisent cette « performance ». Avec 65,35 millions d’habitants (63,46 en métropole et 1,89 en outre-mer), la France reste la deuxième puissance démographique d’Europe derrière l’Allemagne et ses 81,8 millions d’habitants. Malgré un léger recul, la France conserve une fécondité élevée avec 2,01 enfants par femme contre 2,03 en 2010. Dans l’Europe des 27, seule l’Irlande affiche un taux de fécondité plus important (2,07 enfants par femme depuis 2008). Hors Union européenne, la France se situe notamment derrière l’Islande (2,2 enfants par femme en 2009 et 2010). Bien qu’encore très dynamique par rapport à des pays comme l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie (autour de 1,4 enfant par femme), le taux de fécondité français reste toutefois en deçà du seuil de renouvellement des générations (2,10 enfants). Entre 2010 et 2011, la diminution du nombre de naissances en France (- 0,7 %) résulte pour un quart d’un moindre nombre de femmes en âge de procréer et pour le reste, d’un niveau de fécondité inférieur.

L’accouchement toujours plus tard.

Après avoir franchi la barre des 30 ans, l’âge moyen de l’accouchement continue de progresser. « La part des mères qui accouchent entre 30 et 34 ans est passée de 26 % en 1991 à 33 % en 2011 et celle des mères âgées de 35 ans ou plus de 13 à 22 % », précise l’INSEE. Près de 5 % des femmes qui ont accouché en 2011 avaient 40 ans et plus (contre 2,2 % en 1991). À la naissance, les Françaises peuvent espérer vivre en moyenne jusqu’à 84,8 ans (+ 1 mois en 2011) et les Français 78,2 ans (+ 2 mois). « L’écart hommes-femmes, relativement important en France par rapport à d’autres pays européens a (...) tendance à se réduire », souligne l’INSEE. Les personnes âgées de 65 ans et plus représentaient en 2011 17,1 % de la population totale (11,2 millions) contre 16,7 % en 2010 et 16 % il y a 10 ans. Avec 16 millions d’individus, la part des moins de 20 ans reste stable (24,5 %). Du fait du vieillissement de la population, le nombre de décès continue d’augmenter mais à un niveau limité au regard de la population totale.« Mais tout cela va changer car les générations du baby-boom vont vieillir dans les années à venir, ce qui va mécaniquement augmenter le nombre de décès », explique Pascale Breuil, chef de l’unité des études démographiques de l’INSEE. Après plusieurs années de stagnation entre 2005 et 2009, le taux de mortalité infantile poursuit la baisse engagée depuis 2010, atteignant en 2011 son point le plus bas à 3,5 pour 1000 (contre 4 décès pour 1 000 naissances dans l’Europe des 27).« Cette baisse concerne aussi bien la mortalité la plus précoce (enfants décédés à moins de 7 jours) que la mortalité la plus tardive », précise l’INSEE.
› DAVID BILHAUT

Montauban. Le sport au service de la psychiatrie

centre hospitalier


Une unité d'activité physique et sportive adaptée a été crée sur le centre hospitalier depuis janvier 2011. Cette unité dirigée par le Dr Denes (psychiatre), comprend aussi un cadre de santé : Mme Lopes, une infirmière : Mme Kirchstetter et un éducateur sportif Mr Alvarez. L'activité sportive participeaux soins des patients de psychiatrie adulte, au travers de l'outil de médiation qu'est le sport. Le 5 janvier un tournoi de pétanque a été organisé au boulodrome du marché gare. Plus d'une centaine de participants venue d'autres hôpitaux de la région sud ouest se sont retrouvés pour partager un moment convivial et sportif. Ces différents hôpitaux sont adhérents de l'association « sport en tête ». Chaque hôpital organise une ou plusieurs journées autour d'une activité sportive. Ces rencontres permettent de lutter contre la ségrégation et la discrimination dont sont encore victimes, trop souvent, les malades mentaux. Sur le plan social, ces manifestations démystifient l'image inquiétante de la maladie mentale et sensibilisent la population à ces pathologies méconnues. Un grand merci au comité départemental de pétanque, à la mairie de Montauban, au conseil général et aux CH d'Agen, Auch, Figeac, Lannemezan, Marmande, Mt de Marsan, Lavaur, Pau, Toulouse;

Les Français vus par leur généraliste

C’est elle-même qui le dit. Le cabinet du généraliste, comme l’école, offre un excellent point de vue sur la société. « On en perçoit tous les dysfonctionnements ». Gilda Romeo, jeune sexagénaire toute menue et un brin réservée, mais intarissable une fois en confiance, a fait quasiment toute sa carrière à Sceaux, où elle s’est installée en 1981 pour tenter de pratiquer une « médecine humaniste et globale ». Dans son cabinet avec vue sur jardin, elle prend le temps d’écouter ses patients. Une demi-heure en moyenne, la consultation. « Ils se posent. Et ils ne parlent pas que de leurs maux physiques. Ils viennent chercher de l’aide dans un lieu de neutralité et de confiance ». Qu’a-t-elle donc remarqué des évolutions de la société française au cours de ses trois décennies de pratiques ?
Gilda Romeo, médecin généraliste à Sceaux depuis 1981. © Elodie Ratsimbazafy
Gilda Romeo, médecin généraliste à Sceaux depuis 1981. © Elodie Ratsimbazafy
L’image du médecin dans la société a changé
« En 2005, je me suis fait braquer par deux jeunes, avec un pistolet, qui voulaient de l’argent. Ils ont été attrapés, ils avaient braqué d’autres médecins avant moi. Là, je me suis dit qu’il y avait une évolution dramatique. Dans l’esprit des jeunes, le médecin brasse de l’argent. Et, bien que nous dispensions des soins à tous sans discrimination, bien que nous portions assistance, nous ne sommes plus respectés. C’est la même chose avec les pompiers… Il y a quelque chose de très transgressif dans tout cela. »
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samedi 28 janvier 2012


Avec sa loi sur la précarité, le gouvernement donne des gages aux fonctionnaires

LEMONDE | 25.01.12

Nicolas Sarkozy devrait finir son quinquennat par une réforme destinée àrasséréner les fonctionnaires et à contenter globalement les syndicats. François Sauvadet, le ministre de la fonction publique, devait présenter, mercredi 25 et jeudi 26 janvier, en première lecture au Sénat, un projet de loi visant à y résorberla précarité. Le plan, massif, concerne potentiellement 150 000 agents de l'Etat, des collectivités territoriales et du secteur hospitalier : ceux qui ne bénéficient pas du statut de fonctionnaires, voire qui enchaînent les contrats à durée déterminée (CDD).

La majorité de gauche au Sénat s'apprête à voter le texte, adopté à l'unanimité en commission des lois. Rapporteure du texte, Catherine Tasca, sénatrice (PS) des Yvelines, se félicite qu'il donne une traduction législative à un accord signé entre le gouvernement et six organisations syndicales (UNSA, CGT, FO, CFDT, CGC, CFTC, pas la FSU ni Solidaires).
Nicolas Sarkozy s'était engagé à faire cette réforme, en janvier 2010. Il l'a motivée, une nouvelle fois, le 11janvier 2012, lors de ses vœux aux fonctionnaires : "Ce n'est pas normal qu'au prétexte que vous travaillez pour l'Etat on vous renouvelle pendant six ans un contrat et on vous révèle la septième année que vous êtes un précaire." Sur ce point, la fonction publique fait en effet figure de mauvais employeur. La loi Dutreil de 2005 a rendu possibles les contrats à durée indéterminée (CDI) mais n'a pas jugulé la croissance du nombre de contractuels en situation prolongée. Or, ces derniers ne bénéficient pas du statut de fonctionnaire.
Dans l'ensemble de la fonction publique, ils sont plus de 890 000 contractuels, soit 16,8 % du total. Ils sont même 20,5% dans la fonction publique territoriale.
"TONNEAU DES DANAÏDES"
Pour combler ce que des syndicalistes appellent le "tonneau des Danaïdes" de la précarité, le gouvernement se donne deux armes: son texte instaure d'abord le basculement automatique en CDI de tous les agents ayant six ans d'ancienneté au moment de l'adoption de la loi. Ce sont 100000agents qui pourraient enbénéficier.
Le projet de loi prévoit aussi que tout contractuel en CDD avec deux ans d'ancienneté au moment du vote de la loi, ou déjà en CDI, pourra prétendre àdevenir titulaire. Jusqu'en 2016, il pourra passer des concours spécifiques qui prendront en compte son expérience. Ce sont 50000agents qui pourraient ainsiêtre titularisés.

Lors des négociations menées avec le gouvernement à l'automne 2010, les représentants des collectivités territoriales n'ont guère souhaité durcir le texte, pointent les syndicats et le ministère. "En nous montrant du doigt, le gouvernement est démago, réplique Alain Rousset, président (PS) de l'Association des régions de France. L'Etat a transféré aux régions et aux départements des centaines d'agents pour l'entretien des collèges et des lycées. Il avait pour habitude de les licencier d'année en année en juin pour lesréembaucher comme précaires en septembre. Nous les avons titularisés", souligne le président de la région Aquitaine.
Les syndicats ont bataillé, en vain, pour élargir les possibilités d'accès à une titularisation. "Le projet de loi facilite davantage le passage en CDI que la titularisation, regrette Jean-Marc Canon, (CGT fonction publique). On ne peut pas ne pas voir une volonté idéologique du gouvernement d'aller vers une extinction du statut de fonctionnaire", déplore-t-il.
Dans l'enseignement supérieur, les syndicats ont dénoncé, mardi 24 janvier, des amendements que le gouvernement a prévu de déposer lors de la discussion à l'Assemblée nationale, le 7 février. Ils viseraient selon eux à "exclure des milliers d'enseignants-chercheurs, de chercheurs et d'ingénieurs de recherche de la possibilité d'obtenir un CDI ou une titularisation""Cette question a fait l'objet de l'accord signé avec les syndicats en mars2011, mais nous sommes prêts à en reparler", répond le cabinet de M. Sauvadet. Le ministère assimile le courroux des syndicats sur ce point à une "surenchère entre eux", à la veille du vote du texte.
Béatrice Jérôme et Isabelle Rey-Lefebvre