PLAIDOYER POUR LA CREATION D’UN ORDRE INFIRMIER AU SENEGAL
Mardi 27 Décembre 2011
Pourquoi soutenir la création d'un ordre infirmier
Le secteur de la santé est en évolution perpétuelle, confronté qu’il est à des impératifs techniques, démographiques et épidémiologiques. Le financement des soins de santé est soumis à des contraintes budgétaires. Régulièrement, les problèmes de sécurité des patients et de qualité des soins s’invitent sur le devant de la scène médiatique. Les pénuries d’infirmières s’aggravent en même temps que les frontières deviennent plus poreuses et que la mobilité des travailleurs s’accroît. Les consommateurs exigent davantage de transparence dans la manière dont les soins sont délivrés et dans la régulation des professionnels de la santé.
Selon Humphris et Masterson (2000), la sécurité des soins de santé est favorisée par les facteurs suivants :
• La responsabilisation accrue des employeurs en matière de protection des patients.
• La responsabilisation des employeurs vis-à-vis des compétences de leurs employés.
• L’implication des associations de consommateurs dans les soins de santé.
• Certains changements dans la manière de préserver la qualité de la formation professionnelle.
En effet, on s’aperçoit que les modes d’exercice de la profession se diversifient (exercice libéral). C’est ainsi que le statut de salarié sous la responsabilité d’un employeur tend à se réduire.
Ces mutations ont des implications sur la régulation des professions de santé, le profil des qualifications des infirmiers exerçant dans des contextes différents, la définition des rôles infirmiers, la formation des infirmiers et leur capacité à dispenser des soins dans un contexte en perpétuel mutation.
L’objet de la réglementation est aussi de protéger les usagers. L’une des manières d’atteindre cet objectif est de faire en sorte que les professionnels de la santé soumis à la réglementation disposent de toutes les compétences nécessaires pour pratiquer leur art. Les employeurs et les responsables des services de santé doivent faire en sorte que les professionnels qu’ils emploient disposent des compétences nécessaires à la fourniture de soins de santé, compétences conformes aux normes acceptables par le public bénéficiaire de ces soins. La définition des rôles des professionnels de santé est un processus évolutif qui doit s’adapter et s’accompagner les progrès techniques et scientifiques. Ceux-ci, à leur tour, suscitent l’apparition de nouveaux rôles de soins de santé. Dans ce contexte, toute modification au profil des qualifications doit être soigneusement négociée. Il est important que les compétences attachées aux rôles des infirmières soient intégrées dans le système éducatif et réglementaire. C’est à cette condition que les infirmières pourront dispenser des soins sûrs et de qualité.
Cependant, vu le rythme des changements dans les systèmes de santé et dans la société en général, le défi, pour les employeurs, les éducateurs, les régulateurs et la profession infirmière elle-même, est de réagir à ces changements d’une manière opportune et réfléchie.
A ce titre, nous sommes convaincus que les associations professionnelles sont les mieux placées pour proposer aux pouvoirs publics les normes professionnelles, les exigences de formation et les domaines de pratique (Gragnola et Stone 1997). Il est essentiel que la formation des infirmiers soit basée sur des programmes axés sur les aptitudes ou les compétences nécessaires à la pratique professionnelle. Ceci est particulièrement vrai dans notre contexte actuel fait de mutations très rapides.
Le problème de l’acquisition des compétences ne se limite d’autre part pas au stade de l’entrée dans la vie professionnelle, puisqu’il faut encore assurer l’entretien des compétences des infirmiers. Cette dernière exigence peut être aisément assurée par un organe de régulation. Pour toutes ces raisons, il est souhaitable d’impliquer tous les acteurs dans le développement des programmes d’éducation et de formation continue en soins infirmiers.
POURQUOI SOUTENIR LA REGLEMENTATION DE LA PROFESSION INFIRMIERE AU SENEGAL
Au Sénégal le personnel infirmier occupe une place charnière dans le système de santé. Pivot incontournable dans l’exécution des politiques de santé et de soins, le personnel infirmier se trouve aux différents niveaux du système. La majorité de la population a recourt à l’infirmier pour la prise en charge de sa santé.
Malgré cette position centrale la profession infirmière ne dispose pas d’un cadre juridique, adapté aux missions qui lui sont dévolues dans notre pays pour encadrer son exercice.
En effet, outre les rares textes désuets et inadaptés hérités de l’époque coloniale, seule l’Arrêté ministériel n°2651 MSP-DHPS-DCCMP en date du 25 février 1989 fixant la nomenclature des actes professionnels aux auxiliaires médicaux existe comme texte en ‘’vigueur‘’. Il faut ajouter à cela la loi n° 61.33 du 15 juin 1961 relative au statut général des fonctionnaires, le code du travail et le décret n° 77.887 du 12 octobre 1977 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la santé et de l’action sociale qui dans leur principe ne règlent pas ces questions de pratique professionnelle.
Si l’on reconnaît cette place à la profession infirmière et que l’on envisage la réglementation, au sens large, comme un point de départ, la sécurité et la compétence des soins comme un but à atteindre ainsi que tous les autres éléments ( éducation des infirmiers/ères, formation initiale et entretien des compétences, responsabilités des employeurs, définition des rôles et profil des compétences ) doivent être mis en œuvre pour atteindre ce but. Il est indéniable que les organisations professionnelles de soins infirmiers ont un rôle à jouer à chacune des étapes de ce processus.
C’est pourquoi l’ANIIDES s’engage dans cette réflexion en se référant aux principes de sa politique de promotion de la profession infirmière et de protection des usagers. Aussi, nous nous inscrivons dans l’objectif et le processus de l’organisation ouest africaine de la santé (OOAS) visant la création d’ordres pour les professions infirmière et sage femme dans les pays membres qui n’en disposent pas. A ce titre l’objectif de notre association est de jeter les bases du cheminement qui nous mènera à terme à l’instauration d’une réglementation infirmière au Sénégal. Pour cela l’’ANIIDES, s’adossant sur son leadership national dans le domaine des soins infirmiers, estime que le moment est venu de délimiter des compétences et un champ d’exercice pour les professionnel(le)s infirmiers/ères du Sénégal. La profession infirmière sénégalaise veut que ces compétences là soient utilisées pour clarifier son rôle.
Par ailleurs, notre avis est que la mise au point de normes de formation initiale et continue à l'intention des praticiens infirmiers est aussi un impératif à réaliser pour garantir la qualité. Ainsi ces normes permettront aux infirmiers de participer activement au modelage leur propre carrière.
Aussi pensons-nous que cette réglementation que nous appelons de nos vœux doit cibler les points suivants :
• La nécessité de maintenir la confiance du public dans le système.
• La nécessité de maintenir des normes en vue de la maîtrise des coûts.
• La nécessité d’encadrer la délégation de compétences
• La nécessité de faire évoluer et de fusionner les rôles.
• L'obligation redditionnelle des praticiens et des organes régulateurs.
• La nécessité d'assurer la continuité des soins.
Pour nous engager dans cette voie nous avons besoins de l’écoute et du soutien des décideurs à tous les niveaux mais aussi de l’opinion publique sénégalaise.
Aussi, nous vous engageons à porter ce projet pour l’intérêt du public qui est le principal bénéficiaire de la régulation des professions plus particulièrement de la profession infirmière, mais aussi pour ne pas être en marge des pays de la CEDEAO car le processus OOAS continue son bonhomme de chemin. Enfin, il y a que la profession est importante et tout le monde en a besoin aujourd’hui et tout le monde en aura besoin demain…davantage.
Abdou GUEYE, IDE
Président de l’ANIIDES
Selon Humphris et Masterson (2000), la sécurité des soins de santé est favorisée par les facteurs suivants :
• La responsabilisation accrue des employeurs en matière de protection des patients.
• La responsabilisation des employeurs vis-à-vis des compétences de leurs employés.
• L’implication des associations de consommateurs dans les soins de santé.
• Certains changements dans la manière de préserver la qualité de la formation professionnelle.
En effet, on s’aperçoit que les modes d’exercice de la profession se diversifient (exercice libéral). C’est ainsi que le statut de salarié sous la responsabilité d’un employeur tend à se réduire.
Ces mutations ont des implications sur la régulation des professions de santé, le profil des qualifications des infirmiers exerçant dans des contextes différents, la définition des rôles infirmiers, la formation des infirmiers et leur capacité à dispenser des soins dans un contexte en perpétuel mutation.
L’objet de la réglementation est aussi de protéger les usagers. L’une des manières d’atteindre cet objectif est de faire en sorte que les professionnels de la santé soumis à la réglementation disposent de toutes les compétences nécessaires pour pratiquer leur art. Les employeurs et les responsables des services de santé doivent faire en sorte que les professionnels qu’ils emploient disposent des compétences nécessaires à la fourniture de soins de santé, compétences conformes aux normes acceptables par le public bénéficiaire de ces soins. La définition des rôles des professionnels de santé est un processus évolutif qui doit s’adapter et s’accompagner les progrès techniques et scientifiques. Ceux-ci, à leur tour, suscitent l’apparition de nouveaux rôles de soins de santé. Dans ce contexte, toute modification au profil des qualifications doit être soigneusement négociée. Il est important que les compétences attachées aux rôles des infirmières soient intégrées dans le système éducatif et réglementaire. C’est à cette condition que les infirmières pourront dispenser des soins sûrs et de qualité.
Cependant, vu le rythme des changements dans les systèmes de santé et dans la société en général, le défi, pour les employeurs, les éducateurs, les régulateurs et la profession infirmière elle-même, est de réagir à ces changements d’une manière opportune et réfléchie.
A ce titre, nous sommes convaincus que les associations professionnelles sont les mieux placées pour proposer aux pouvoirs publics les normes professionnelles, les exigences de formation et les domaines de pratique (Gragnola et Stone 1997). Il est essentiel que la formation des infirmiers soit basée sur des programmes axés sur les aptitudes ou les compétences nécessaires à la pratique professionnelle. Ceci est particulièrement vrai dans notre contexte actuel fait de mutations très rapides.
Le problème de l’acquisition des compétences ne se limite d’autre part pas au stade de l’entrée dans la vie professionnelle, puisqu’il faut encore assurer l’entretien des compétences des infirmiers. Cette dernière exigence peut être aisément assurée par un organe de régulation. Pour toutes ces raisons, il est souhaitable d’impliquer tous les acteurs dans le développement des programmes d’éducation et de formation continue en soins infirmiers.
POURQUOI SOUTENIR LA REGLEMENTATION DE LA PROFESSION INFIRMIERE AU SENEGAL
Au Sénégal le personnel infirmier occupe une place charnière dans le système de santé. Pivot incontournable dans l’exécution des politiques de santé et de soins, le personnel infirmier se trouve aux différents niveaux du système. La majorité de la population a recourt à l’infirmier pour la prise en charge de sa santé.
Malgré cette position centrale la profession infirmière ne dispose pas d’un cadre juridique, adapté aux missions qui lui sont dévolues dans notre pays pour encadrer son exercice.
En effet, outre les rares textes désuets et inadaptés hérités de l’époque coloniale, seule l’Arrêté ministériel n°2651 MSP-DHPS-DCCMP en date du 25 février 1989 fixant la nomenclature des actes professionnels aux auxiliaires médicaux existe comme texte en ‘’vigueur‘’. Il faut ajouter à cela la loi n° 61.33 du 15 juin 1961 relative au statut général des fonctionnaires, le code du travail et le décret n° 77.887 du 12 octobre 1977 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la santé et de l’action sociale qui dans leur principe ne règlent pas ces questions de pratique professionnelle.
Si l’on reconnaît cette place à la profession infirmière et que l’on envisage la réglementation, au sens large, comme un point de départ, la sécurité et la compétence des soins comme un but à atteindre ainsi que tous les autres éléments ( éducation des infirmiers/ères, formation initiale et entretien des compétences, responsabilités des employeurs, définition des rôles et profil des compétences ) doivent être mis en œuvre pour atteindre ce but. Il est indéniable que les organisations professionnelles de soins infirmiers ont un rôle à jouer à chacune des étapes de ce processus.
C’est pourquoi l’ANIIDES s’engage dans cette réflexion en se référant aux principes de sa politique de promotion de la profession infirmière et de protection des usagers. Aussi, nous nous inscrivons dans l’objectif et le processus de l’organisation ouest africaine de la santé (OOAS) visant la création d’ordres pour les professions infirmière et sage femme dans les pays membres qui n’en disposent pas. A ce titre l’objectif de notre association est de jeter les bases du cheminement qui nous mènera à terme à l’instauration d’une réglementation infirmière au Sénégal. Pour cela l’’ANIIDES, s’adossant sur son leadership national dans le domaine des soins infirmiers, estime que le moment est venu de délimiter des compétences et un champ d’exercice pour les professionnel(le)s infirmiers/ères du Sénégal. La profession infirmière sénégalaise veut que ces compétences là soient utilisées pour clarifier son rôle.
Par ailleurs, notre avis est que la mise au point de normes de formation initiale et continue à l'intention des praticiens infirmiers est aussi un impératif à réaliser pour garantir la qualité. Ainsi ces normes permettront aux infirmiers de participer activement au modelage leur propre carrière.
Aussi pensons-nous que cette réglementation que nous appelons de nos vœux doit cibler les points suivants :
• La nécessité de maintenir la confiance du public dans le système.
• La nécessité de maintenir des normes en vue de la maîtrise des coûts.
• La nécessité d’encadrer la délégation de compétences
• La nécessité de faire évoluer et de fusionner les rôles.
• L'obligation redditionnelle des praticiens et des organes régulateurs.
• La nécessité d'assurer la continuité des soins.
Pour nous engager dans cette voie nous avons besoins de l’écoute et du soutien des décideurs à tous les niveaux mais aussi de l’opinion publique sénégalaise.
Aussi, nous vous engageons à porter ce projet pour l’intérêt du public qui est le principal bénéficiaire de la régulation des professions plus particulièrement de la profession infirmière, mais aussi pour ne pas être en marge des pays de la CEDEAO car le processus OOAS continue son bonhomme de chemin. Enfin, il y a que la profession est importante et tout le monde en a besoin aujourd’hui et tout le monde en aura besoin demain…davantage.
Abdou GUEYE, IDE
Président de l’ANIIDES