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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 20 novembre 2011


"Les véritables fraudeurs ne sont pas les bénéficiaires des prestations sociales"

Point de vue | LEMONDE.FR | 16.11.11

Nous sommes ballottés depuis plusieurs semaines dans le torrent d'informations que charrie la crise financière, pour laquelle nous sommes totalement impuissants. On arrive à comprendre que cela se joue sur des centaines de milliards d'euros. On sait cependant que la dette publique de la France était déjà en 2003 de 1 000 milliards d'euros et que ce n'était pas, alors, un drame. On a bien compris que des spéculateurs ont intérêt à ce que le remboursement de la dette nous coûte le plus pour que cela leur rapporte davantage (même sans dégradation, ne riez pas, du "AAA").

Il n'est pas nécessaire d'être un observateur patenté pour constater que ceux qui se gargarisent de la "faillite" n'ont rien fait pour l'enrayer : au contraire ils ont accru, ces dernières années, les réductions d'impôts pour une minorité de favorisés. Des économistes commentateurs font du catastrophisme et n'hésitent pas à stigmatiser sans vergogne un pays (la Grèce) dont la dette est cinq fois inférieure à la nôtre (et ils s'épanchent sans retenue sur les frasques de ces Grecs dont ils savent tout mais dont ils n'avaient jamais parlé).
Tout ce déferlement se fait à partir de chiffres incontrôlables, invérifiables : déjà, Papandréou avait découvert en 2009, douze jours après son arrivée au pouvoir, que les chiffres du précédent gouvernement étaient truqués et que le déficit atteignait en réalité 12,5 % du PIB (qui garantit que d'autres pays ne manipulent pas leurs statistiques ?). Ces derniers jours, on apprenait que la dette allemande s'était, suite à une erreur de calcul, allégée d'un coup de 55,5 milliards d'euros, et qu'Olympus, grande société japonaise, trichait sur ses comptes depuis vingt ans. Et ne parlons pas des jongleries de traders qui peuvent jouer, en quelques jours, sur 50 milliards d'euros, faire perdre 5 milliards à leur banque, sans que celle-ci ne s'en trouve affectée plus que ça. On sait que les capitaux circulent désormais à la vitesse de la lumière… et les profits aussi.
C'est le moment que choisissent des hommes politiques, soucieux du bien public, pour lancer la chasse à la fraude. Le président de la République veutlutter contre les fraudeurs aux prestations sociales. Avant lui, un de ses ministres, chargé de lancer des ballons-sondes, avait cru judicieux de s'en prendre aux bénéficiaires du RSA (il faut les contraindre à travailler un peu) et plus récemment d'exclure du logement social ceux qui n'ont pas d'emploi. Au stade où nous en sommes, il ne reste plus qu'à annoncer la suppression de la CMU. Encore un effort M. Wauquiez.
Que des gens démunis s'arrangent parfois avec la législation, personne ne peut le nier. Des dispositifs existent pour réduire autant que possible ces dérapages (dont le nombre est très faible : autour de 1 %), dans l'intérêt des finances publiques mais aussi pour que, justement, les mesures sociales ne donnent pas prises à critique. Par ailleurs, il existe de véritables fraudes : dans ce cas, cela n'a rien à voir avec les bénéficiaires de prestations sociales, mais concerne de véritables truands ou mafieux, et cela relève du grand banditisme. Cela n'autorise pas le chef de l'Etat et ses affidés à jeter ainsi le discrédit sur toute une population et sur tout un système de protection sociale. Nicolas Sarkozy a été élu en 2007 sur le mot d'ordre "non à l'assistance". Il compte sans doute renouvelerl'exploit.
J'estime qu'il est honteux pour la France de s'engager dans une telle tromperie de l'opinion publique, de tenter de caresser des classes dites moyennes dans le sens du poil (beaucoup sont sensibles, il faut bien le reconnaître, au discours contre l'assistanat) et d'afficher un tel mépris à l'égard de ceux qui souffrent d'une situation économique qu'ils n'ont pas créée et sur laquelle ils n'ont aucune prise. Peut-on imaginer que, dans les allées du pouvoir, il n'y a aucun homme, aucune femme fondamentalement en désaccord avec cette absence d'humanisme et cette tentative peu honorable de faire diversion face à l'ampleur des inégalités et des problèmes de la finance ?


L'encadrement militaire des mineurs délinquants adopté par les députés

LEMONDE.FR avec AFP | 16.11.11

Après son rejet par le Sénat, désormais à majorité de gauche, la proposition de loi du député UMP Eric Ciotti visant à instaurer un encadrement de type militaire des mineurs délinquants, a été adoptée mercredi 16 novembre par les députés lors d'une nouvelle lecture.

Cette proposition de loi va maintenant repartir en examen au Sénat, et en cas fort probable de nouveau rejet, elle reviendra une ultime, et troisième, fois à l'Assemblée qui aura le dernier mot sur ce texte comme le prévoit la Constitution.
Ce texte du député Eric Ciotti, monsieur sécurité de l'UMP, prévoit que des mineurs délinquants de plus de 16 ans puissent se voir proposer un service"citoyen", d'une durée de 6 à 12 mois au sein d'un Etablissement public d'insertion de la défense (Epide). Cette initiative a rencontré des réticences dans les milieux proches des militaires comme en a témoigné son rejet par la commission de la défense de l'Assemblée, mouvement d'humeur inédit depuis dix ans.
>> Lire sur le blog du sociologue Laurent Mucchielli "Un débat trop court sur l'encadrement des mineurs délinquants"
Au cours d'un bref débat mercredi, où ont été rebattus les mêmes arguments à droite et dans l'opposition, le ministre de la justice, Michel Mercier a redit que trois premiers Epide accueilleront des mineurs délinquants début 2012. Pour le député PS Dominique Raimbourg il s'agit d'un "texte d'affichage". A l'UMP, Jacques-Alain Bénisti (UMP) a fustigé l'"irresponsabilité des sénateurs" qui ont rejeté le texte et conduit à l'échec de la commission mixte paritaire (CMP).



YAYOI KUSAMA

EXPOSITIONS AU CENTRE
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10 octobre 2011 - 9 janvier 2012
11h00 - 21h00
Galerie sudPlan d'accès





YAYOI KUSAMA DANS YELLOW TREE FURNITURE (2002), À LA TRIENNALE D'AICHI, 2010, COURTESY YAYOI KUSAMA STUDIO, TOKYO
YAYOI KUSAMA DANS YELLOW TREE FURNITURE (2002), À LA TRIENNALE D'AICHI, 2010, COURTESY YAYOI KUSAMA STUDIO, TOKYO
© HAL REIFF



Le Centre Pompidou présente la première rétrospective française consacrée à Yayoi Kusama. À travers un choix de cent cinquante oeuvres réalisées entre 1949 et 2010, un hommage est ainsi rendu à une artiste atypique.

UN POIS, C'EST TOUT

Par Chantal Béret, Conservatrice au musée national d'art moderne.
Texte publié dans le magazine programme Code Couleur

Un souvenir d'enfance fonde la légende de Yayoi Kusama et associe le commencement de sa vie d'artiste à une hallucination, une inquiétante étrangeté qui s'est manifestée autour de la table familiale : les fleurs rouges de la nappe se multiplient sur le plafond, les murs, le sol, sur elle-même. Âme sans corps, l'artiste fait de son insupportable auto-anéantissement (Self-Obliteration) le défi et la quête même d'une oeuvre radicale et atypique : inscrire son corps, s'inventer un corps à corps selon des procédures formelles toujours réinventées.

L'exil à New York en 1958 libérera Kusama, peintre, sculpteure, performeuse, écrivaine et chanteuse. En traversant les frontières, elle se défait de tout lien, sauf de la mémoire d'une immense culture. Chacune des séquences de son oeuvre protéiforme en est profondément marquée et leur force radicale rythme l'exposition. S'engageant d'abord dans l'expérience du monochrome, Kusama entreprend de grands formats. D'un blanc trouble, puis colorés, les Infinity Nets n'ont ni haut, ni bas, ni droite, ni gauche, ni commencement, ni fin, ni sens ni centre illusoire, mais ils sont écrits, à la manière d'une calligraphie inconsciente et obsessionnelle. À l'illusion du vide succède la provocation du plein : elle s'approprie des objets trouvés sur les trottoirs de Manhattan, qu'elle hérisse de phallus en tissu. Ces Accumulations, souvent associées à la domesticité féminine, Kusama les métamorphose en « surréalisme pop ». Le traitement par masses et agrégats de ces sculptures arrondit les angles et engendre des formes spongieuses, amorphes et molles. 1966 est une année charnière. Kusama conçoit ses premiers environnements où elle introduit le miroir, inaugurant un travail sur la réflexion constamment présent depuis. Kusama's Peep Show (1966) et les Mirror Rooms (1965) sont les lieux matriciels où se disséminent les premiers Dots [points] et la mise en abyme de sa propre image, puis Phalli's Field (1965) où s'improvisent les premiers happenings.

Libération sexuelle, critique violente de la société de consommation et politisation de l'art deviennent l'enjeu majeur de ses performances. Cette rébellion des corps représente l'un des apports les plus singuliers de Kusama. Par cette émancipation, elle participe à la quête d'une autonomie à la fois physique, sexuelle et intellectuelle, associant féminisme et performance. Le retour à Tokyo en 1973 se fait dans la souffrance. À la suite d'une succession d'événements douloureux, elle choisit de vivre dans une institution psychiatrique, et y poursuit depuis lors son oeuvre avec acharnement.Si, depuis 1980, Kusama persévère à concevoir d'imposants environnements (Dots Obsession, 1998) et sculptures, elle a entrepris récemment une nouvelle série de peintures. Sur des formats souvent carrés et posés horizontalement, elle compose quotidiennement avec un certain automatisme d'étonnants « rébus ». Une prolifération proprement hallucinatoire de formes mouvantes et flottantes, toujours simplifiées, engendre un interminable surgissement, emporté avec l'élan du pinceau à la vitesse du chaos. Mouvement des images images en mouvement, ainsi grouillent les méandres de sa psyché.

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Autisme: des psychanalystes attaquent en justice une documentariste

Par Estelle Saget, publié le 18/11/2011

Une bataille judiciaire s'engage autour du film Le mur, ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme qui conclut à l'échec de la psychanalyse chez les enfants autistes. 

La bataille judiciaire autour du documentaire Le mur, ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme est engagée. Une première audience s'est tenue le 15 novembre devant le tribunal de grande instance de Lille. Trois des psychanalystes interviewés dans ce film, disponible sur Internet depuis deux mois, demandent que celui-ci soit interdit d'exploitation. Ils réclament à la documentariste et productrice indépendante, Sophie Robert, la somme de 290 000 euros, pour l'essentiel des dommages et intérêts. 
Ce documentaire de 52 minutes est présenté, sur le site de l'association Autistes sans frontières, comme une "véritable démonstration par l'absurde de l'inefficacité de l'approche psychanalytique de l'autisme." Les plaignants, Eric Laurent, Esthela Solano et Alexandre Stevens, membres de l'Ecole de la cause freudienne fondée par Jacques Lacan, estiment avoir été "piégés". Le projet, qui leur a été présenté sous le titre Voyage dans l'inconscient, s'est révélé, selon eux, une "entreprise polémique destinée à ridiculiser la psychanalyse". Dans leur requête, ils écrivent: "On a dénaturé la pensée et les propos des intervenants en les réduisant ou en déformant leur sens par des commentaires." 
"Les propos ne sont pas sortis de leur contexte"
Cette affaire survient alors que la plupart des associations représentant les autistes et leurs familles dénoncent l'approche psychanalytique du traitement de la maladie en France. Elles réclament en vain, depuis des années, l'accès à des thérapies dites "éducatives" largement développées à l'étranger. Citée par Rue 89, la déléguée générale d'Autistes sans frontières, Delphine Piloquet souligne la rudesse de leur combat: "On a l'impression qu'on attaque une religion d'Etat, c'est une fatwa qui s'abat sur ce film." Un site parodique de la pensée des Lacaniens reprend d'ailleurs, avec humour, l'essentiel de la polémique sous un titre explicite, Sang sur le Mur!  
Les juges doivent rendre, le 29 novembre, une première décision concernant la demande de saisie des rushes, c'est-à-dire les séquences brutes du tournage. Interrogé par L'Express, l'avocat des plaignants, Me Christian Charrière-Bournazel, justifie cette demande en expliquant que "ses clients veulent pouvoir visionner les rushes afin de voir le montage qui en a été fait." De fait, l'affaire a commencé quand la documentariste, Sophie Robert, a découvert un post-it collé sur sa boîte aux lettres, dans l'immeuble du vieux Lille qu'elle habite - sa société, Océan invisible production, y est également domiciliée. Le papier indiquait qu'elle devait rappeler un huissier dont le numéro était mentionné. 
L'huissier, qu'elle a reçu le 25 octobre, l'a informée de la procédure en cours et lui a demandé les rushes. Sophie Robert a refusé, considérant que cette demande était "attentatoire au secret des sources des journalistes." Hormis les 3 plaignants, 24 autres personnes ont en effet été interviewées pour ce documentaire. Par la suite, elle a communiqué à l'huissier les transcriptions écrites des séquences dont sont tirés les propos des trois plaignants. "Je n'ai rien à cacher, affirme-t-elle. Les propos tenus par les intéressés ne sont pas sortis de leur contexte, ils sont d'ailleurs conformes aux thèses psychanalytiques connues et mises en oeuvre de longue date." 
Les psychanalistes dans l'impasse face à l'autisme
Le fond de l'affaire, avec la question de l'interdiction d'exploitation, sera abordé lors d'une seconde audience, fixée au 8 décembre. L'avocat de la documentariste, Me Benoît Titran, alerte sur l'importance des débats. "On n'est pas dans la diffamation mais dans la question du droit à l'image, analyse-t-il. Les plaignants ont livré de l'information en connaissance de cause. Ils se sont rendu compte après-coup de la portée de leurs propos, ne les assument plus et voudraient pouvoir revenir sur les autorisations qu'ils ont données. Si le tribunal accédait à leur demande, ce serait la base même du travail journalistique qui serait sapée." 
Au-delà du sort de ce documentaire, c'est la question du traitement des enfants autistes qui est posée, une nouvelle fois, dans ce procès. Leur pathologie est aujourd'hui considérée par la majorité de la communauté scientifique comme un trouble neurologique, sans doute d'origine génétique. Des associations de parents se battent pour que des programmes destinées à pallier ce handicap, comme ABA ou Pecs, soient développés en France. Mais pour les psychanalystes, l'autisme s'explique toujours par une mauvaise relation avec la mère, qui serait soit trop fusionnelle, soit trop distante. 
Dès lors, que peuvent attendre les autistes de la psychanalyse? Les thérapeutes renommés interrogés dans le film donnent, avec une sincérité confondante, le sentiment d'être dans l'impasse. "Le plaisir de s'intéresser à une bulle de savon, répond l'un d'eux après un long silence. Je ne peux pas vous répondre autre chose." Un autre explique: "Avec un enfant autiste, j'en fais très peu. Très peu, ça veut dire quoi? Que je pose mes fesses, que je me mets à côté de lui et j'attends qu'il se passe quelque chose." Un troisième: "J'essaie d'apprivoiser l'enfant, je me tiens en retrait." Aucun ne cite la méthode du packing, pourtant basée sur des fondements psychanalytiques, mais sans doute trop décriée pour être mentionnée. Celle-ci consiste à envelopper l'enfant dans des couvertures froides et humides avec l'objectif de l'apaiser, un traitement considéré comme "barbare" par plusieurs associations. 
En demandant l'interdiction du documentaire litigieux, les trois psychanalystes ont pris un risque. Celui d'attirer l'attention générale sur un film dont l'audience est restée confinée, jusqu'ici, aux militants de la cause des enfants autistes. 










Bras de fer juridique autour d'un film sur psychanalyse et autisme
mercredi 16.11.2011, 05:25La Voix du Nord

|  CONTROVERSE |

La démarche est trop rare pour passer inaperçue. ...
D'un côté, Sophie Robert, une Lilloise se décrivant elle-même comme une « anthropologue de la psychanalyse ». De l'autre, des psychanalystes réputés, reconnus par leurs pairs, y compris sur le plan international. Au centre, un documentaire consacré au traitement de l'autisme par la psychanalyse.
Sur la jaquette du DVD, on peut lire : « Sophie Robert a réalisé une longue enquête auprès d'une trentaine de pédopsychiatres-psychanalystes, dont quelques-uns parmi les plus grands spécialistes français de l'autisme, afin de démontrer par l'absurde - de la bouche même des psychanalystes - de l'inefficacité de la prise en charge psychanalytique de l'autisme. » « En France, les psychanalystes ont quarante ans de retard sur le traitement de l'autisme, précise la documentariste dont c'est le premier film.
Ils s'opposent à des méthodes éducatives et comportementales. » Insistant : « Je les ai filmés en train d'exprimer leur opinion. C'est choquant. Ça nuit à leur image. » S'estimant piégés, trois des experts interviewés réclament l'interdiction du film. Un juge lillois leur a déjà accordé l'autorisation de disposer des rushes. Contre-attaque, hier, de Sophie Robert et de Benoît Titran, son avocat. En référé, ils réclament l'annulation de cette décision « non contradictoire ». But, entre autres, « la protection des sources, argumente Me Titran. Certaines des personnes interrogées pour ce qui sera une série de documents ont réclamé l'anonymat. Elles ne veulent pas être reconnues. »

« Travail de sabotage »

« Il n'a jamais été question de récupérer toutes les images, rétorque Me Charrière-Bournazel, l'avocat des psychanalystes. L'une a été interrogée pendant trois heures, un autre durant deux heures et le troisième, une heure. Leurs propos ont été rendus incompréhensibles. Des questions ont été plaquées après coup sur les déclarations de mes clients. » Il veut donc comparer ces six heures de matériel brut avec le documentaire de 52 minutes déjà diffusé la semaine dernière au cinéma l'Univers de Lille. La question du secret des sources ne tient donc pas pour ce que l'avocat qualifie de « travail de sabotage destiné à une oeuvre polémique ». « On a le droit de penser que la psychanalyse est une absurdité, assène-t-il. Là, on veut juste tourner mes clients en ridicule. » Décision le 29 novembre. Une autre action a été lancée pour faire interdire le film. •
LAKHDAR BELAÏD



Polémique: trois psychanalystes contre un documentaire sur l'autisme


Ces tenants de l’école freudienne dénoncent un “sabotage” destiné à “ridiculiser” la psychanalyse.
Une documentariste lilloise vient d’être assignée par trois psychanalystes. En cause, le film “Le Mur”, qui traite de l’autisme. Ce documentaire est déjà diffusé sur Internet et projeté dans quelques salles de cinéma. “Sophie Robert est assignée en interdiction de diffusion du film. L’affaire sera jugée sur le fond par le tribunal de grande instance de Lille le 8 décembre”, a indiqué Maître Benoît Titran.
Les trois psychanalystes – Esthela Solano-Suarez, Eric Laurent et Alexandre Stevens – appartiennent à l’École freudienne. Ils estiment, selon leurs défenseurs, que le documentaire soutenu par l’association Autistes sans frontières constitue un “sabotage” qui a pour objectif de “ridiculiser” la psychanalyse.
Dans ce documentaire, des psychanalystes expliquent que l’autisme pourrait être la conséquence d’une dépression maternelle, d’une mauvaise relation avec l’enfant, voire d’un refus de l’apport masculin pour la conception. Certains parlent de mère “psychogène”, de “stade de folie transitoire” de la mère, voire de “désir incestueux”. Cette vision est présentée par le film en opposition à des méthodes éducatives et comportementales, appliquées par certaines familles.
Le tribunal devra trancher la question de savoir si Sophie Robert est sortie des autorisations de tournage” signées par les trois psychanalystes préalablement à leur interview, comme ils l’affirment, a expliqué Me Titran. Ces autorisations, consultées par l’AFP, décrivent la réalisation d’un documentaire en trois volets sur la psychanalyse, dont l’un serait consacré à l’approche psychanalytique de l’autisme.
Par ailleurs, les trois psychanalystes demandent à être considérés comme auteurs et doivent donc pouvoir empêcher la diffusion de leurs propos, ce que conteste également Me Titran.
Le tribunal des référés de Lille statuera d’abord le 29 novembre sur la demande de saisie de l’intégralité des rushes de Mme Robert pour sa série de documentaires, celle-ci ayant jusqu’ici uniquement transmis la copie des entretiens incriminés.
TéléObs avec AFP



IVG : des couples en mâle de soutien

Partenaires . Une campagne a été lancée pour davantage impliquer les compagnons des femmes ayant décidé d’avorter.


Par VIRGINIE BALLET


«Si 220 000 IVG sont pratiquées en France tous les ans, 220 000 hommes sont concernés aussi.» Les interpeller, les impliquer, les soutenir, c’est ce que propose une plaquette d’information sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Une initiative inédite, présentée fin octobre à Paris lors du dernier congrès de l’Association nationale des centres d’IVG et de contraception (Ancic). Cette brochure, qui annonce d’entrée de jeu que l’IVG est «une histoire d’hommes aussi», s’appuie sur une enquête détaillée quant à leur expérience de l’IVG. Entre février et octobre 2010, 150 hommes ont été interrogés, âgés de 29 ans en moyenne, célibataires et sans enfant pour la plupart. «On veut faire changer le regard des hommes sur l’IVG »,explique le Dr Laurence Danjou, membre de l’Ancic. «Avec cette plaquette, l’Ancic veut aussi mettre fin au discours qui culpabilise les femmes qui ont recours à l’IVG. C’est agaçant d’entendre encore qu’elles seraient responsables, parce qu’elles auraient mal géré leur contraceptionpar négligence», peste Laurence Danjou. Un regret que partage le DElisabeth Fourrier, responsable du centre de planification familiale à l’hôpital Corentin-Celton d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). «Les hommes n’ont pas été assez impliqués dans la contraception. Peut-être que c’est dû à certains manquements lors de la libéralisation sexuelle des femmes.»
«Affaire d’hommes». Déjà en 2006, la sociologue Geneviève Cresson notait dans une étude (1) que, parce que «les femmes supportent directement les risques de la conception […], elles sont considérées comme les premières responsables de la contraception et de ses échecs éventuels».Le genre de constat auquel l’Ancic tordrait bien le cou. Aux yeux de la loi, il revient à la femme de disposer de son corps. N’empêche.«L’IVG est aussi une affaire d’hommes, un moment de vie qui les concerne», insiste le DrDanjou,«d’ailleurs 20% des femmes qui demandent une IVG viennent accompagnées de leur partenaire». Et, dans huit cas sur dix, la décision est commune. Le rapport de l’Ancic s’attache aussi à comprendre ce qui motive la décision d’avorter, côté garçon. De manière générale, c’est le «désir d’accueillir un enfant dans les meilleures conditions», c’est-à-dire pas dans un couple instable (36%), qui n’a pas de réel projet d’enfant ou qui fait face à des problèmes financiers (38%).
Pour la moitié d’entre eux, l’expérience s’est avérée douloureuse, à des degrés divers. Seuls 4% se disent «indifférents». Les autres évoquent leur joie, leur peur, leur inquiétude pour l’avenir, voire leur panique à l’annonce de la grossesse. L’acte «est rarement vécu comme anodin». Il laisse des cicatrices. «Une IVG peut engendrer de l’incompréhension, des malentendus, voire une rupture dans le couple», constate le Dr Danjou. Mais, même si l’expérience peut être traumatisante, les hommes ne semblent pas éprouver le besoin de mettre des mots dessus : «Dans la moitié des cas, l’événement n’est évoqué avec personne, provoquant une situation d’isolement.» Avec personne, pas même avec les chercheurs. Ceux qui se sont penchés sur le sujet sont unanimes : les hommes ne sont pas loquaces sur l’avortement. Sur les 800 questionnaires initialement transmis par l’Ancic, seuls 20% ont été remplis, alors que 4 hommes sur 10 se disent «en demande d’écoute».
La sociologue Geneviève Cresson souligne elle aussi, dans son étude, que«les tentatives de contact se sont révélées très difficiles». En cause ? L’image que la société a des hommes, «qui rend délicat, pour beaucoup d’entre eux, de parler spontanément de leurs affects et de leur intimité», selon l’Ancic. D’autant qu’aucun espace n’est réellement prévu pour cela.«Les personnels ne savent pas toujours très bien comment gérer leur présence», avance le Dr Danjou. Un tiers des hommes qui accompagnent leur épouse dans un centre d’IVG se disent d’ailleurs insatisfaits de l’accueil qui leur est réservé. Ils sont un peu des «personnages secondaires, des troisièmes larrons», comme l’écrit Geneviève Cresson.
«Clichés». Résultat : beaucoup choisissent de se livrer anonymement, sur la Toile. Ce qui ne surprend pas le Dr Fourrier, du centre de planification familiale : «Leur vision de la virilité ne leur donne pas le droit de s’épancher.» Sur un forum, «Leoli» confesse en «avoir énormément souffert». «Evilo33» parle de son «désarroi et de sa douleur». «Stf» confie se sentir «responsable», quand «Jeff228» clame son désir de voir «la place des hommes enfin reconnue, car un homme se retrouve souvent tellement exclu, impuissant et frustré face à ces épreuves, son chagrin, sa sensibilité… mais aussi cette société et ses clichés ! Et là… il y a du travail». Un travail de longue haleine que l’Ancic entend poursuivre, y compris en amont de l’IVG, jusqu’à ce que la contraception soit aussi une préoccupation de mec. 
(1) Geneviève Cresson, «Les hommes et l’IVG», Sociétés contemporaines n°61, 2006, p. 65-8