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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 6 septembre 2011


Moins d'effectifs, plus de sédatifs



Publié initialement dans le

Blog région Midi-Pyrénées de l'Appel européen contre la dictature financière


Les personnels des urgences psychiatriques des hôpitaux publics de la Haute-Garonne (CHU Rangueil et Purpan) sont en grève depuis le 12 Juillet.
La psychiatrie est dans tout ces états parce que le monde de la finance non seulement ne veut en savoir que ce qui l'intéresse (au sens monétaire) mais qu'en plus il considère que certaines bouches ne valent pas que l'on distrait de précieuses devises pour elles. Au trou les gueules cassées et les esprits égarés dans le délire et la souffrance. L'histoire nous a même montré jusqu'à quelles extrémités peut conduire ce goût immodéré pour les économies.
La psychiatrie coute cher, parait-il. Baliverne. Elle coute ce qu'elle doit couter et surtout ce que l'on accepte d'y mettre pour améliorer la vie psychique des populations, de nos fils et nos filles que la vie n'a pas favorisé du côté du mental, de nos parents séniles et de nous même qui ne sommes pas à l'abri de quelque défaillance tant la vie devient compliquée. Ces histoires de coût de la santé sont à vomir, à force, elles deviennent intolérables. C'est ça la dictature de la phynance, et ça n'est pas nouveau. Un gros truc (genre Ubu Roi, j'aime Jarry) qui pense à sa panse, à bien la gaver surtout, même si et surtout (pure jouissance) c'est au détriment de tout les autres hommes. Elle dit : "Toi tu coutes cher à ma phynance, ma panse en souffre... zou, que je te décapite, au trou !" C'est tout, c'est simple, et marre qu'on nous fasse de tout cela une bouillie dont il paraît que le péquin moyen il peut rien y comprendre. Certains se gavent, ils sont au pouvoir, rien ne semble pouvoir s'opposer à leur tyrannie, ils en profiteront autant qu'il est possible d'en profiter. C'est simple !
Les urgences psychiatriques sont en grève depuis le 12 Juillet.
Les collègues infirmiers gueulent : «Moins d'effectifs, plus de sédatifs». Il faut bien comprendre que moins il y a de soignants dans un service de psychiatrie plus les psychiatres (des gens bien payés qui ont fait beaucoup d'études) se trouvent acculés à prescrire (c'est leur job) des neuroleptiques, des tranquillisants, des sédatifs, pour que les fous restent calmes. Le truc dingue c'est que ça coute la peau du cul tout ces médicaments. On nous fait croire à nous, les infirmiers psy (j'en suis !) que c'est nous, le matériel humain, le médicament bipédique, le tranquillisant barbu et qui sent parfois la transpiration, qui coute cher. On nous fait croire que toutes ces structures qui ne sont pas des lieux d'hospitalisation (CMP, CPC, Hopitaux de jours et autres) ça coute cher. C'est des murs, c'est sûr, les terrains et les murs, y'a bon pour la spéculation, on connait bien ça à Toulouse, ville des bureaux éternellement à louer.
Bien sur que tout cela c'est des sous, on est pas crétins au point de croire que ça ne coute rien, mais quoi, ça coute rien les médicaments psychotropes et les psychiatres pour les prescrire ? Un choix, c'est un choix ! Choisir entre le pouvoir des soignants de créer des conditions de soins humaines ou choisir d'assouvir l'insatiable fringale de la pompe à phynance. Car oui, c'est cela le choix. L'industrie pharmaceutique est aujourd'hui florissante et engrange des milliards sur le dos de notre santé et de la santé des peuples de toute la Terre. Elle produit sans cesse des nouvelles (parait-il) molécules censées nous guérir de tout les maux mystérieux qui nous empoisonnent l'existence.
Les actionnaires de l'industrie pharmaceutiques ont usés leurs culottes sur le banc de la même école que Sarkozy et consorts, ils sont du même monde, de la même confrérie très rubiconde du côté du portefeuille, du côté de l'avoir et très inhumaine du côté de l'être. Ils sont du même monde et du même côté du manche que ceux qui mettent la Grèce à genou (j'espère qu'ils n'arriveront pas à mettre le peuple grec à genou). «Équilibre phynancier de notre panse», gueulent-ils, ceux-là, tout en bouffant des petits-fours et en sabrant le champagne. Ils réduiront en cendre tout les services publics pour cela, il ne faut pas en douter.
C'est leur porte-feuille qui gueule, alors que chez nos frères et sœurs infirmiers c'est la conscience professionnelle qui gueule et même la conscience tout court, la conscience d'hommes et de femmes qui veulent faire bien leur boulot.
Les urgences psychiatriques sont en grève depuis le 12 Juillet.
Le soi-disant équilibre de la phynance fait disparaître des postes de soignants, de la base jusqu'au sommet, il fait disparaître des structures de soins, il réduit le temps de consultation chez le généraliste, en bref, il rétrécit l'offre de soin alors que la demande ne cesse d'augmenter sous le cout de boutoir du libéralisme. Ce libéralisme ultra qui aggrave la souffrance au travail, qui détruit des familles et sépare les gens, qui laisse les vieux à l'abandon, qui débilite la raison humaine et endort les consciences.
Il y a quelques années des gens intelligents, des spécialistes, des experts disaient : "gaffe, en augmentant l'offre de soins vous allez faire augmenter la demande de soin !". On augmentait l'offre parce que la demande augmentait. Les mêmes experts ont du se dire qu'en diminuant l'offre de soins on allait diminuer aussi la demande. Ça ne marche pas dans ce sens et toute cette demande de soin afflue aux urgences en général et aux urgences psy en particulier. C'est que peut-être la santé ne répond pas à la même logique marchande que le soja (ah ben, j'y pense d'un coup !).
Mais les luttes se multiplient et d'autres établissements de soins, à Toulouse et ailleurs dans la région, sont des lieux ou les poings se lèvent fasse à l'incurie des tutelles régionales et locales devant ces problèmes aujourd'hui majeurs. Ce sont des choix qu'il faut faire : choisir le soignant plutôt que la molécule. Messieurs Dames les psychiatres, nous savons que vous êtes aussi en difficultés, rejoignez ces luttes, elles sont aussi les vôtres, et privilégiés le soignant à la molécule (même si celle-ci a sa place.)

Clartés de tout
de Lacan à Marx, d'Aristote à Mao

Jean-claude Milner
Ed. Verdier

Dans Clartés de tout, Fabian Fajnwaks et Juan Pablo Lucchelli, deux psychanalystes, interrogent Jean-Claude Milner sur son parcours et sur la place que Jacques Lacan y a tenue.

En répondant à leurs questions, Jean-Claude Milner a été amené à réexaminer ses propres positions sur la linguistique et sur la science moderne, sur sa théorie des noms et en particulier du nom juif, sur la transformation des relations entre capitalisme et bourgeoisie, sur la Révolution et sur la politique.

Il est apparu que le nom de Lacan était mentionné à chaque étape. Jean-Claude Milner a eu ainsi l'occasion de mieux préciser sa dette : Lacan, selon lui, doit fonctionner comme un opérateur de clarté, non d'obscurité.

Le projet de livre surgit en cours de route. Pour qu'il soit mené à bien, les questions et les réponses devaient être ajustées et ajointées. Clartés de tout est le résultat de ce travail.

SUD-OUEST

Bègles

Le psychanalyste urbain bouillonne

Le père fondateur de la psychanalyse des villes présentait, jeudi, sa réinterprétation du réel avec une rigueur parascientifique.

 L'humouriste-conférencier Laurent Petit, jeudi dernier.  photo Tassadit Ould-Ameziane

L'humouriste-conférencier Laurent Petit, jeudi dernier.
photo Tassadit Ould-Ameziane

Après l'opération Divan du samedi 14 mai, les Béglais et Béglaises qui s'étaient prêtés au jeu du questionnaire chinois sur la place du 14-Juillet ont pu, après plus d'un mois d'enquête de l'ANPU (Agence nationale de psychanalyse urbaine), assister, jeudi 16 juin, aux conférences de Laurent Petit.

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Hôpital Sud Francilien : le directeur s’en va
01/09/2011
       
Le directeur du centre hospitalier Sud Francilien, à Évry, a annoncé au personnel qu’il fait valoir ses droits à la retraite plus tôt que prévu. Le chef d’établissement explique son départ par des divergences de vue avec la tutelle – l’agence régionale de santé » et le groupe privé Eiffage, chargé de la réalisation et de l’entretien du nouvel hôpital.

L’hôpital Sud Francilien est engagé dans le plus important partenariat public privé hospitalier de France. Les deux projets de budget présentés ces derniers mois par Alain Verret, le directeur, ont été rejetés par l’ARS d’Ile-de-France. Une troisième version, validée par la tutelle, implique des « efforts supplémentaires » que refuse Alain Verret.

Les syndicats n’ont pas tardé à réagir. Pour Sud, « le directeur de l’ARS impose un régime de rigueur », citant « l’arrêt de tous les recrutements jusqu’au déménagement sur le nouvel hôpital [reporté à début 2012, NDLR], la remise en cause du plan de titularisation des contractuels et le non-renouvellement des CDD ». L’hôpital verse un loyer annuel de 42 millions d’euros au groupe Eiffage. Les élus locaux de l’opposition expriment également leur inquiétude. Ainsi Manuel Valls, député-maire socialiste d’Evry, qui évoque « un scandale d’État », et pour qui le directeur d’hôpital est « sacrifié sur l’autel des intérêts du groupe Eiffage ».
› D. CH.



Présentation  de  l’article

Quelques  points  méconnus d’histoire  et  d’épistémologie  des thérapies  comportementales et  cognitives
P.-H.  Castel


Avertissement :  ami lecteur,  ce  billet  consacré  à  l’explication  de  P.-H.  Castel  sur  le  cognitivo-comportementalisme,  est  rébarbatif,  et  en  maintes occasion,  se  révèlera  déprimant. Il  use,  en  outre, d’un  vocabulaire  tristement  spécialisé (soit technique). C’est  qu’avec  les  neurosciences, on  pénètre  dans  le  monde  du futur,  un  monde  où  la  poésie  a  disparu,  ou  l’esprit  a  cessé  de  souffler.  Ici  règne  la  mécanique  neuronale de  l’organisme  et  de  l’espèce,  et  la novlangue  scientifique  qui  va  avec.  La  Science of  Happiness  a viré  au  cauchemar  naturaliste.

J’ai  repris  le déroulement  de  l’article  de  P.-H.  Castel,  en excluant  le  problème  de  la  demande  des associations  de  malades  psychiques en  France  (demande  sociétale à  prendre  en  compte  si  la  santé  et  ses  professionnels veulent  évoluer  dans  le  bon  sens,  précisément  démocratique).  C’est  une question  cruciale  et  l’un  des  enjeux  de  la  résistance  de  la  psychanalyse,  face  à l’expansion  des  neurosciences.  J’aborderai  ce  point  traité  par  P.-H.Castel  dans  son  article, dans  un  autre billet.  Pour  plus  de  détails sur  les  concepts  abordés,  lire l’article  in extenso  de  P.-H.  Castel (1’).

Présentation

La  revue  de psychanalyse,  la  célibataire,  a  publié  cet  été  un  numéro   intitulé  Lecognitivo-comportementalisme en  question. On  y  trouve  un  article  de  P.-H.  Castel(1)  qui  rend compte  de  son  intervention  aux  journées  organisées par  l’AlI  (Association  Lacanienne  Internationale)  les  12  et  13  juin  2010  à la  Pitié-Salpêtrière,  études  théoriques  et cliniques  ducognitivo-comportementalisme.

Son  article,  Quelques points  méconnus  d’histoire  et d’épistémologie des  thérapies  comportementales  et  cognitives,  apporte  dans  un  premier  temps  des  éclaircissements  utiles  et circonstanciés  sur  l’histoire  américaine du cognitivo-comportementalisme ainsi  que  son  articulation progressive  aux  neurosciences. Son  approche  est également épistémologique.  Epistémologie : discipline  qui  prend  la  science  ou  les sciences  pour  objet.  Dans  son  article, P.-H.  Castel  examine les  principes  des  TTC  et  neurosciences,  en  vue  d’en  déterminer  la  valeur  et  leurs prolongements  en  termes  d’application dans  la  société et  les Institutions  (parmi  elles,  la  Santé  Mentale). Il  fait également  l’histoire  de  leurs élaborations successives  et  pointe  un  certain  nombre  de problèmes,  ou  paradoxes,  qui leur sont  liés.

Dans  un  deuxième temps,  il  montre  que  si  la  France n’est  pas  totalement  acquise  à  cette  dérive scientiste  du  soin  psychique, c’est  du  fait  de  son  ancrage  idéologique dans  une  conception  de l’humain  qui  privilégie  l’individu  en  tant  que « sujet » (être  individuel  dont  l’irréductible singularité  est  interdépendante  des   idéaux de  la  société,  marquée historiquement  par  les  droits  de  l’homme  et  du  citoyen  et  la  res  publica),  à l’opposé  de  la  notion  anglo-saxonne de  « self », ou  « moi  autonome »,  fondement  institutionnel de  la  société  anglo-saxonne, « communauté autogouvernée  par  se s membres ». Il pose  ainsi  que  la  spécificité  des  contextes culturels  entre  pour  beaucoup  dans  le  succès  et  l’implantation  durable  du  modèle  cognitivo-comportementaliste  des  neurosciences. Enfin,  il  met  au  jour  que  la  crise  concernant  les approches thérapeutiques  des  maladies  mentales est  moins  un  problème strictement scientifique  qu’une  donnée anthropologique  et  historique:  il  s’agit « d’une  reconfiguration  de  l’idée  de  l’homme ».

L’article  détaille  les principales  étapes  qui ont  marqué l’évolution  des  TCC  (Thérapies Cognitivistes  et Comportementalistes) et  leurs  applications  pratiques, tout  en  décortiquant   leurs soubassements scientifiques, idéologiques, culturels,  et  politiques. Il  montre  également que  l’expansion  des  TCC  est  un  mode  de  gestion  du  malaise  socio-économique  actuel,  marqué  par  la  culture  et  l’époque.Il  se  conclut sur  une  note  optimiste : la  psychanalyse  a encore  un  avenir  en  France  à la  condition  qu’elle  accepte  le  principe  de  réalité  qui  consiste  à  faire  face  aux  évolutions  de  la  demande  sociétale, tant  du  côté  institutionnel (évaluation scientifique) que  du  côté  des citoyens  (demande  de  participation démocratique  à  la  santé). A  la  condition,  enfin, qu’elle  connaisse  et  (reconnaisse)  son  ennemi,  dans  toute  sa  complexité.A  ce  titre,  il  met  en  garde  les  chercheurs et  « psychistes »  français,  trop peu nombreux  à  s’intéresser,   de près  et  en  détail,  à  la  nébuleuse neuroscientiste,  dont  les contours  scientifiques apparaissent  flous,  parce  qu’ils sont  méconnus.

Les  principales  étapes  du développement  du  cognitivo-comportementalisme

P.-H.  Castel  contextualise et  périodise  (sur 5 décennies)  les  étapes scientifiques  etinstitutionnelles  du  développement  des  TTC.Il  montre  la  préséance du  comportementalisme  sur  le cognitivisme,  puis  leur  articulation difficile  et  complexe,  enfin  leur   intégration   aux  neurosciences.

Le  comportementalisme

Tout  commence  dans  le  contexte  de  la  guerre  froide  avec  Hans  Eysenck  (chercheur  à l’Institut  psychiatrique  du  Kings Collège  àLondres)  qui,  en  1952,  publie  un  article contre  les  psychothérapies.  En  bonne logique  popperienne  (2),  Eysenck veut  formaliser  le  mode opératoire  de  Freud et  Skinner, pour  tester  empiriquement  leurs hypothèses  et  vérifier  l’efficacité  de  leurs  pratiques thérapeutiques.  Skinner,  auxEtats-Unis,  a théorisé  le  « conditionnement positif «  (ou  par  la  récompense),  d’où  l’idée d’ Eysenck de  tester  son  mode opératoire,  par  l’introduction  de  stimuli aversifs  pour  mesurer  la réaction  des  patients.

A  la  suite,  les  travaux  de B. Wampold soutiennent  qu’il  n’y  a  aucun  moyen  de  démontrer  qu’un  mode  opératoire  particulier (psychodynamique  ou  de  l’ordre  du conditionnement) serait plus  efficace  qu’un  autre.  Toutes  les  approches thérapeutiques  concernant  les  troubles psychiques  sont efficaces.  Point  méconnu  en  France : il  établit  également l’efficacité  des psychothérapies  longues  d’inspiration  psychanalytique.

Eysenck,  Wolpe  et  Lazarus , défenseurs  de  la  théorie  comportementale  importent et diffusent leurs  concepts  aux  Etats-Unis  dans  un  contexte  où  le déconditionnement  des  soldats  de  retour  des  camps communistes  est  à l’ordre  du  jour. Ils  proposent, contre  Skinner,  plutôt  de  gauche,  prônant  les  idéaux  démocratiques  et humanistes  de  la  Bahaviour Thérapy,  une  science  de  la psychothérapie  falsifiable,  expérimentale et  quantifiable. La  Behaviour  Thérapy  ou  Science of  Happiness préconisait  une  transformation  sociale  des  états  mentaux.  Dans  le  même  temps, autre  paradoxe  apparent,  les comportementalistes  Anglais s’opposent  à  l’industrie  pharmaceutique, pour  la  raison  que  les  tranquillisants  facilitent  le  travail  des  psychanalystes auprès  des  malades  psychiatriques. De là,  un  glissement,  qui  aura  un  écho certain  auprès  des associations  de malades,  l’institution psychanalytique  est complice  des  labos  pharmaceutiques. P.-H.  Castel  note  que  c’est exactement  l’inverse  aujourd’hui en  France :  les psychanalystes reprochent  aux  TCC  de  favoriser  les traitements  psychotropes.Ce  qui  est  vrai,contrairement  aux  Etats-Unis,  où  les  comportementalistes  sont  opposés aux  traitements  médicamenteux.  Particularité  française dans  ce  domaine :  la  banalisation des  TCC  s’accompagne  d’une  augmentation des  soins  neuroleptiques.

Des  années  60  aux  années  70,  le  courant  comportementalisme anglais  s’oppose au  behaviorisme  américain  et  finit  par l’emporter.  H.  Mowrer,  théoricien  de  l’apprentissage, crée  la  base  épistémologique des  thérapies  du  comportement. Il  articule  tout  symptôme  mental  à 2  conditionnements, un conditionnement pavlovien,  en  réponse  à une angoisse,  premier dans  l’ordre  processuel, et  un  deuxième, opératoire ,  qui  en  renforçant  le  1er,  bloque  en  définitive  la situation,  laquelle  devient  symptôme.  La  thérapie  doit  agir  sur  le  second  conditionnement,  par  exposition au  stimulus  désagréable, et ainsi  peut  débloquer la  situation  (éteindre  l’affect  d’angoisse)  et  lever  le  symptôme  (cas  de  la  phobie). Avec  un  tel  dispositif, l’explication  causale  des  névroses est  abandonnée.  Ce qui  est épinglé comme symptôme,  est,  en  réalité, un de  ses  troubles.  On  soigne  la  partie pour  le  tout,  et  le  tour  est  joué.

Le cognitivisme

Le  cognitivisme,  qui  va  à son  tour  se  développer et  se  diffuser, part  de  la  RationalEmotive  therapy d’Albert  Ellis.  C’est  un  courant  psychologique  opposé dans  ses  principes  au comportementalisme. Ellis défend  l’idée  de  la constitution subjective  du  symptôme  sur  la  base  de  4  étapes : ABCD.  A pour  Adversity (événement désagréable) ; B  pour  Belief  (croyance  négative) ; C  pour  Consequences in  Behaviour  (effets  sur  le  comportement) ; D  pour  Dispute (examen  des  croyances  du  malade  et  début  de  la  thérapie).  Sa  théorie  donne  un  rôle  causal  aux croyances,  déplaçant  ainsi  la psychogénèse  vers  la  « mentalité »,  notion  psychologique :  ensemble des  habitudes  d'esprit et  de  croyances,  revu  et  corrigé dans  le  sens  de l’individu,  plus  que  du  groupe.Cette  théorie  s’institutionnalise  peu  à peu  aux  Etats-Unis.

A  partir  de  ce  nouveau  modèle, se constitue  deux  courants :  l’un,  néopositiviste, importé  d’Angleterre,  l’autre,  pragmatique et  behavioriste,  opposé  à  Ellis.  Désormais,  la  notion  de  « self »  comme  « constitution du  soi »  (qui  vaut, comme  support  de  la subjectivité,  tirée  du  côté  du  moi  et  des  croyances) s’impose.  Cette  option implique  la  subjectivité  dans  la  construction  cognitive. Le  trouble  et  la guérison  du  trouble  passent par  cette  construction,  prémisse de  la  théorisation  future  impliquant  l’idée  d’un schéma  cognitif.

La  conjonction  des  thérapies comportementales  et  cognitives  se  fera  aux  Etats-Unis, sur  la  base  de  la  notion  de  self, - notion fondamentale (anthropologique).  Le  self  est  porteur  des  valeurs  de  la  société  américaine :  self-reliance  (confiance en  soi),  self-goverment (autonomie),  ou  self-help  (se prendre  en  charge  soi-même), sont  les  bases  des institutions  américaines  (fédéralisme, droit, etc.). La  notion  américaine  de démocratie  de  ce  point  de  vue,  diffère  de  la  notion française.  La  société  américaine  repose  sur  un  ensemble  de moi  autonomes  (« atomisés ») regroupés  autour  de  valeurs  et de  traits  communs pour  faire  valoir  leurs  droits.  De  là,  aux  USA,  la force  des associations  de  malades  et  le  fait  que l’idéal  thérapeutique  des  cognitivistes correspond  à  l’idéal  social  et politique,  et  répond  à  la  demande  démocratique des associations.

Dans  ce  contexte, Aaron  Beck, ancien psychanalyste, inscrit dans la  mouvance de  l’Ego  psychology, crée  l’expression« thérapies cognitives »  et  invente  l’échelle psychométrique  dite  de Beck, permettant de  mesurer  leurs effets. Elle  figure  parmi  les  nombreux  outils  des  TCC. « Quand  vous  vendez  de  la  technique,  souligne  P.-H. Castel,  plus l’instrument  qui  vous  permet  d’en mesurer  l’effet,  alors  vous pouvez  vraiment  lancer  un mouvement  d e  conquête. »

A partir  des  années  70,  la  montée  du  cognitivisme  fragilise le  comportementalisme  pur,  autour  notamment du  traitement  de  la dépression,  laquelle  contrairement  à  la  phobie, résiste  aux  techniques comportementalistes. Les premières  thérapies  cognitivistes  sont encore  des  thérapies  sociales. Leurs critères  sont cognitifs  et  sociologiques,  mais  non psychologiques. Elles  ciblent  la prise  en  charge  des  relations à  autrui.  « Cognitif »  est  employé comme  adjectif  et  utilisé par  les  sociologues  de l’époque. Ce  terme  renvoie  aux « raisons » et  aux  « croyances » (3)  de  la  personnalité(self  comme construction subjective,  impliquée  dans  le  groupe  et  la  collectivité)  dans  ses interactions  avec autrui .

Un   basculement  de  la  notion  se  fait  quand  les  neurosciences se  fédèrent  autour  du traitement  de l’information,  et  suite  à la polémique Chomsky/Piaget.  Le  mot cognitif  s’inscrit  dans le  mentalisme :  le  comportement  via  la  notion  de croyance  est  impliqué dans  le  fonctionnement  neuronal(4).  « Le symptôme  (devient)intrinsèquement mental » versus  le symptôme,  comme  réponse ( comportement)Ce  basculement  génère  un  conflit  entre anti-mentalistes  et  mentalistes,  -soit entre comportementalistes  et  cognitivistes-,  autour  des théories  des  uns  et  des  autres,  et  de  l’efficacité  de  leurs applications  thérapeutiques.  Selon  les  1ers,  c’est  le conditionnement  des  comportements  qui  agit  sur  le symptôme mental,  en termes de  rationalisations, selon les  seconds,  c’est l’action  sur  les  schémas cognitifs  qui  modifient  les comportements pathologiques,  dans  le  cas  de  pathologies  purement mentales comme  la  dépression.  Bien  plus,  le  cognitivisme ajoute à  la  confusion,  en  mettant  en  continuité  thérapies  cognitivo-comportementalistes  et  psychanalyse, autour  de  l’équivalence :  ce  que  les  « cognitions  négatives »  sont  à l’« imagerie mentale »,  les  « associations libres »  le  sont  aux  «  représentations  mentales »   pré-conscientes. L’action  thérapeutique  dans  un  cas (« remédiation  cognitive »),  comme  dans l’autre (« interprétation  du  refoulé »),  s’exerce  sur  les  perceptions  faussées au  profit  de  la cognition,  entendue  comme  représentation opératoire de  la  réalité,  base  du  raisonnement  et des  actions(de ce que la philosophie appelait, jadis, « l’aperception »).

Le  second  behaviorisme

Après  avoir  brouillé les  cartes,  les  TCC,  devenues plus  cognitivistes que comportementalistes, remportent  aux  Etats-Unis  la bataille institutionnelle,  dans  les  années  80,au  moment  de  la révolution conservatrice,  et  de l’institution  du  DSM  III.  Ce  second behaviorisme,  revu  et  corrigé  par  le cognitivisme, correspond  au  retour  du paradigme individualiste  en  santé  mentale  et  au  discrédit de  l’action  sociale  en  santé mentale. Dans  le  même  temps  (1984),  une  1ère  validation  clinique  (EBM,  Evidence  Base d Medecine) se  met  en  place,  et  avec  elle  la  norme  dite  de  « restructuration  cognitive »,  sorte  de maïeutique  consistant  à combattre  les  « cognitions  négatives »  ou  « irrationalités de  la  pensée».

Problème :  les  deux modèles  (cognitiviste  et  comportementaliste) sont  incompatibles.  Pour  le cognitivisme, le symptôme,  comme  fonctionnalité  défaillante,  est  une  production  de l’individu  (les  schémas  dans  le  cerveau  résultent de  l’individuation  de  l’espèce humaine),  et  donc  modifiable par  le  dedans  (par l’organisme).  Pour les  comportementalistes,  le   symptôme est  construit  par  le  dehors  et  donc modifiable  par  le  dehors (5). Si l’on  prend  le  problème des  apprentissages,  ils  ne  seront   pas traités  de  la  même   façon  selon  qu’on  l’aborde  par  la  causalité interne (organique), ou  externe.  La  conjonction  des  2  paradigmes  paraît improbable  jusqu’au  moment  où  on  s’avise (toujours  du  point  de  vue  de l’efficacité  thérapeutique)  que  la combinaison  des  deux  techniques obtient  de  meilleurs  résultats que  lorsqu’elles  sont  séparées. On s’aperçoit  alors que  le  cognitif  a  le  pouvoir  de  « médier »  le  comportemental. Désormais,  les  deux  techniques  vont pouvoir  s’articuler.

Le paradigme  biologique  (évolutionnaire), retour du naturalisme

Une  transition  vers  le  sens neurospychologique  actuel  précède  l’intégration  définitive des  TCC  aux  neurosciences. C’est,  précise  P.-H. Castel, quand  on  a  commencé  à travailler  sur  les  modes  d’inférences des agents.  Et  qu’on  a  été  capables  d’informatiser en  termes de problemsilving,  en  intelligence  artificielle (IA),  ces  inférences.  Et  c’est  pa r l à que  la  notion  purement  sociologique de  cognition  est  devenue le problème  de s neurosciencescognitives.  La cognition  passe  de  l’acception selon  laquelle   « le  langage  et  le  sens  ont  une  consistance  propre, autonome,  dans  l’explication  de l’action  sociale »  à  celle  d’ « état  informationnel »,  régulateur  des actions  et  sélectionné,  du point  de  vue  de  l’espèce, - pas  de  l’individu. »

Cette  dernière étape  marque  l’entrée  du cognitif  dans  le  biologique  « qui  devient  un  schéma  de  représentation, de  comment  les  organismes régulent  leurs actions  dans  le  milieu  dans  lequel  ils  vivent  avec  leurs congénères. S’impose alors  l’idée, -je cite -,  d’une  testabilité  scientifique  du  modèle  TCC,  en  essayant  de les  faire  correspondre,  dans  une  relation,  un  à  un ,  avec  les  circuits  cérébraux.

L’explication  neuro-biologique,  après  les  approches  psychologique  et sociologique,  re-naturalise  les  fonctionnements psychiques,  implantés dans  l’organisme  et  l’espèce, en  termes  d’évolution et  d’adaptation  au  milieu.  Cette  théorie naturaliste  de  l’esprit  (Fodor)  s’inscrit  dans  des  considérations  darwiniennes.   La théorie neurobiologique  sur  les  états cérébraux  se  disjoint  des pratiques  cognitives  plus  pragmatiques. Les  TCC  continuent  de combattre  les  perceptions  négatives (croyances corrigeables),  non par  la  parole,  mai sen  rectifiant  le  schéma cognitif  par  une  action  sur  les  pensées.

Les  neurosciences  ne  distinguent plus  biologique,  psychologique  et  social,  puisqu’elles sont  reconnues comme  des  normes neurobiologiques, (des  lois fonctionnelles de la neurobiologie).(6) « Ce  qui  me  paraît  inadmissible,  explique  J .-P. Castel, c’est  que  l e traitement  des  croyances et  des  raisons,  des   « états  mentaux  sont  traités comme  de  « choses », est  (…) revendiqué  comm e «étant  la   grande avancée  que  l’on  devrait  à  la  philosophie, qui  sert  de  toile  de  fond  à  la  science  cognitive contemporaine,  et  qui  est  le naturalisme. »

Pour  les  neurosciences sociales,  paradigme intégratif  des  sciences  humaines et  sociales  d’autrefoisle  cerveau  a remplacé  le  langage (7). Ce  nouveau  paradigme permet d’homogénéiser  les  TCC,  les neurosciences  et  la  neuropsychiatrie, à  la  suite  les explications causales cliniques, les  traitements  et  leurs techniques.  On  cherchera  ainsi  à  corriger  le  schéma cognitif des  patients  inadaptés  après avoir fait  un  bilan  fonctionnel, par  des  contraintes  mécaniques sur  les  agents pathogènes.

Tautologie :  les  perceptions négatives  ou  croyances  faussées ne  sont rien  qu’un épiphénomène  du  dysfonctionnement neuronal. La  pensée résulte  d’activations neuronales et  quand  il  y  a dysfonctionnement  dans  le cerveau,  ceux-ci produisent  des  désordres  mentaux. La  causalité  des  troubles mentaux est raccordée  à  une  biologie cérébrale perturbée.  La thérapeutique  consiste alors  à rectifier  par deshabituation  les  cognitions  négatives.  On reste dans  la logique du conditionnement/déconditionnement, mais avec d’autres  instruments.

Le  passage  de l’explication  scientifique  à son application pragmatique,  a créé  des  tensions  dans le  champ  des TCC, lesquelles  se  sont  organisées en  2  orientations. L’une, détachée  de la psychopathologie,  s’est  spécialisée dans  l e domaine  du  bien-être  et du coaching,  l’autre implantée dans  les  institutions  de  la  Santé  et  prenant  en  charge  les  troubles,  psychiatriques ou non (prise en  charge  anti-douleur,  par exemple),  s’est  mise  au  service  de  la  gestion  économique  globale  de  la  société,  -rajoutons,  et sécuritaire.

Cette  second  série, plus  technique, s’incorpore aux  neurosciences  cognitives.  Dans le traitement des pathologies psychiatriques  comme  la  schizophrénie (8), la  technique s’appuie  sur le  concept  théorique d’ endophénotype (en.wikipedia.org/wiki/Endophenotype -)  Il  sert  à modéliser  les  fonctions neuronales  pour  comprendre le  comportement  via  la construction  d’un  état  intermédiaire entre  le  niveau  moléculaire et  le  niveau  comportemental  des cognitions  et  des précognitions.  Et  ce,  au  niveau  de  la  mécanique  non  consciente. Les  précognitions  renvoient  aux apprentissages pré-sociaux  et  deviennent  une  cible  thérapeutique.  De  là,  la  notion  de  « remédiation  cognitive » : « traduction  pratique,  précise J.-H.  Castel,  de l  possibilité  d’agir dans  les pathologies psychiatriques  lourdes  au  niveau  de cette  structure  intermédiaire  qui  est  présociale,  prérelationnelle, préconsciente,  et  cetera.  En  améliorant  le  traitement de  ces  routines,  qui sont des  routines  de  base  du  fonctionnement  cognitif,  on  peut  améliorer  le  sort  de s schizophrènes,  par  exemple. »  Cible,  - je cite - : les  symptômes  négatifs,  non pas  au  niveau  molaire (apragmatisme),  mais  au niveau  moléculaire  (routines),  ces  petits  gestes  qui  dérangent  le  quotidien.  Le  traitement s’attaque,  non  plus  à  la  partie  (le  trouble)  pour  le  tout  (symptôme),  mais  à  la  plus petite  partie  (particule)  du symptôme  (9).  L’émiettement  du symptôme,  favorisé  également  par  le  DSM III,   puis IV,  est  parvenu  à  son  terme !

Bien  plus,  J.-H. Castel  attire  notre  attention sur  une  ultime  transformation du  paradigme  cognitif,  à  la  suite,  sur  la  mutation  corrélative de  la  santé  mentale. L’orientation  actuelle  des  neurosciences devrait  aboutir  de  façon  imminente à  la  figure  thérapeutique, appelée  par  A.  Ehrenberg, le  « cognithérapeute »  voire  le « neurothérapeute ».  Ce  thérapeute  d’avant-garde «  intégrera  neurosciences,  TCC  des  ca s psychiatriques lourds,  remédiation  cognitive,  amélioration quantifiable  du  bilan  fonctionnel des  individus,  et  certainement demandera  la   création  de  nouvelles institutions  de  soin. »  L’article  prévoit  également que  les  TCC  vont évoluer,  l’une  vers  l’intervention psychosociale, l’autre,  vers  des  traitements issus  des neurosciences,  plus  cognitifs  que jamais.  L’effet en  sera  idéologique. Le  malade  sera  malade  de  son cerveau,  et  non  plus  du  milieu(famille/société),  pas  plus  qu’il  ne  saurait  avoir  aucune responsabilité  dans  l’affaire,  en  termes  de  subjectivité propre,  comme  de  desiderata  ou  revendications personnelles.  J’ajoute  à  l’analyse  de  P.-H.  Castel,  qu’au fond,  le  symptôme  comme défense  et  construction singulière,  perd  de  sa créativité réparatrice.  Il  devient  une « chose  purement  mentale »  (une  entité strictement  neuronale  et  fonctionnelle ). On est  loin  de  la  cosa  mentale ,  où  Léonard  de  Vinci  voyait  le  signe  de  la  création et  de  la connaissance. Le  signe  d’un  désir  irréductiblement humain.

Notes

1- P.-H  Castel  est  psychanalyste,  docteur  en  philosophie  et  en  psychologie,  historien des  sciences,  directeur  de recherche  au  CNRS  et directeur  de  recherches  au  CERME3  (Centre  de  Recherche  Médecine,  Sciences, Santé,  Santé  Mentale  et Société).

Le  cognitivo-comportementalisme  en  questionla célibataire, revue  de  psychanalyse,  (clinique, logique,  politique),  n° 22,  été 2011,  Ed.  EDK.

2- Falsiabilité, néologisme  créé  par K.  R.  Popper,  en  1934. « Dans  les  sciences  empiriques, dont  fait  partie  la psychologie expérimentale,  caractère  d’une  théorie  de  pouvoir  être soumise   à  un  test  empirique  négatif, confronté  à une  expérience  susceptible  de l’infirmer.  La  falsiabilité  établit une  démarcation  entre  la  science  et   des conceptions  qu’aucune  expérience  ne  peut  démentir  comme  le  marxisme  et  la psychanalyse. » Nouveau Vocabulaire  de  la  philosophie et  des  science s humaines,  L.-M . Morfaux  et  J.  Lefranc,  Ed.Armand Colin.

3-  Cet  emploi  du  terme « cognitif » ne  renvoie-t-il  pas  au  fond à  la  notion  de  « mentalité »   issue  de l’ethnologie, discipline née  à  la  même époque  que  la  sociologie (voir  Lévy-bruhl  et  Durchkeim) ? La  mentalité,  ensemble de  croyances  archaïques  (en  termes psychologiques,  fausses  ou  négatives) se  distinguant  de  la rationalité  (en  termes psychologiques, de  raisonnements, adaptés  à la réalité).

4- En  sorte,  « le fonctionnement  neuronal  est  le psychique lui-même  et  son  essentielle réalité »versus,  « L’inconscient  est  le  psychique  lui-même et  son  essentielle  réalité » ,  Freud.

5- On  remarque dans  la  pensée  scientiste et   son  discours  le  recours  fréquent  aux truismes  (évidences),  -symptomatique  d’une  certaine impuissance  à raisonner  dialectiquement.

6- En  re-naturalisant le  psychisme  (langage  et  sens,  plus actions),  la  science achève  de déshumaniser  l’homme, puisqu’elle  l’ampute  de  ce  qui fait sa spécificité humaine propre. On  peut craindre  que  le  pouvoir  ne  s’appuie sur  ce retour ontologique  à  la  nature,  et  vire  ainsi,  si  c’était  le cas,  à  un  néo-totalitarisme qui  emprunterait  au  naturalisme ses  mots  d’ordre  et  valeurs.

7- La  psychanalyse  et  la  linguistique n’ont  plus  qu’à faire profil  bas. Et  tant  qu’on  y est,  supprimons  les poètes !

8-Voir  wikipédia,  à l’article « Endophénotype » (mal  traduit de  l’anglais),  et  plus précisément,  ceci  concernant  la  schizophrénie :

« Dans  le cas de  la  schizophrénie,le symptôme manifeste pourrait être une psychose , mais les phénotypessous-jacents sont, par exemple, un manque de filtrage sensoriel et un déclin de la mémoire de travail. Ces deux traitsont une composante génétique claire et peut donc être appelé endophénotypes. [2] Un candidat pour la schizophrénieest endophénotype préimpulsion l'inhibition , la capacitéd'inhiber la réaction aux stimuli surprenants.

Les gènes distincts qui pourraient caractériser certains traits endophenotypic dans la schizophrénie comprennent:

Concepts

-Behaviorisme (de  l’anglais  behaviour,  conduite,  comportement) : méthode  de  psychologie  expérimentale appliquée à  l’homme  (Watson)  et  à  l’animal  (Pavlov), se  bornant  à l’étude  des  comportements  (ensemble des  réactions  de  l’organisme) comme  réponses  à un  stimulus  externe, sans  faire référence à la conscience.

Néo-behaviorisme : au  couple stimulus-réponse est ajouté  l’importance  de l’organisme  en  situation (Tolman). Prolongement philosophique : continuité de la  vie  animale  à  la  vie  humaine,  le passage  de  l’une  à  l’autre  s’opère  par  le  fai t de l’évolution.  La conscience  et la  vie  intérieure  sont considérées comme  des  entités  génétiques, potentiellement mutatives,  du  fait  des changements  du  milieu  extérieur  avec lequel  l’homme  se trouve  en  rapport  (voir  évolutionnisme  ou transformisme :  Lamarck  et  Darwin).

Toute  réponse (langage  et  pensée  compris)  à  un  stimuli  a  une signification  nécessairement   adaptative. De  là,  on  glisse de l’étude  des comportements,  à ses applications : méthodes  de  conditionnement  ayant  pour  but  de  faire  acquérir  un  comportement plus adapté,  du dressage  de l’animal aux  techniques  thérapeutiques psychiatriques, (guérison de la phobie, cures de désintoxication, etc.) et éducatives,  en  passant  par  la  propagande  et  la publicité...
La Dépêche de TAHITI



“Intellectuellement, ce n’est pas un phénix”

Publié le vendredi 26 août 2011 à 10H41
Trois ans de prison ferme pour avoir tenté de violer une touriste
Freddy T., 29 ans, a été condamné, hier, à trois ans de prison ferme pour avoir tenté de violer une touriste, en octobre 2010, à Rurutu.
Proche de la débilité, le prévenu a un lourd passé, marqué par les violences familiales et l’isolement social.
Bien que son cas relèverait de la psychiatrie, il a été incarcéré en raison de sa “dangerosité”.
Pour avoir tenté de violer une touriste belge en octobre dernier, Freddy T. a été condamné, hier, à trois ans de prison. (Photo d’archives)
Barbe finement tressée, débardeur et “nouilles” aux pieds, Freddy T., 29 ans, se présente tout sourire à la barre du tribunal correctionnel. Cet homme simplet est accusé d’avoir tenté de violer une touriste belge, à Rurutu, en octobre 2010. “J’étais sur la plage pour ramasser des coquillages (…) Il m’a attrapée par les poignets puis il a mis son bras autour demon cou pour m’étrangler (…) Il m’a baissée mon pyjama et a essayé de me pénétrer debout mais il n’a pas réussi”, relate la victime, une femme de 58 ans, dans sa déposition devant les gendarmes. Le prévenu, qui ne parle pas un mot de français et “ne sait pas écrire son nom”, ne cherche pas à nier les faits. D’ailleurs, il n’est pas sûr, au vu de son parcours et de son profil, qu’il mesure la gravité de son geste.
L’homme a grandi dans une famille où les coups pleuvaient à tel point que, régulièrement, il s’enfuyait dans la montagne pour y vivre “comme un ermite”. Coupé de la société, il n’a jamais entretenu de liens avec les femmes, et s’en était déjà pris, par le passé, à une enfant. “Son seul moyen d’avoir des relations sexuelles c’est soit de sauter sur des fillettes, soit sur des touristes”, commente l’un des assesseurs du tribunal avant de tempérer : “Bref, ce tableau à la Zola peut expliquer, en partie, le caractère un peu frustre de l’intéressé. Intellectuellement, ce n’est pas un phénix”.
“Où est sa place ?”

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Ghana - Changer les mentalités vis-à-vis des malades mentaux
Etre atteint d’une maladie mentale au Ghana relève le plus souvent de la double peine. Outre la souffrance, le malade doit faire face à un rejet de sa propre famille —qui le plus souvent le chasse— et de sa communauté, comme de la société. À tel point qu’il devient extrêment difficile de s'y faire soigner, expliquait le 22 août 2011 un article d’Irin, le site d’information des Nations unies.
Pour lutter contre cette stigmatisation, le Parlement ghanéen est en train de voter un projet de loi visant à faire connaître, puis accepter ces maladies. Une manière aussi d’améliorer les soins prodigués:
«Il y a très peu de prestige à être psychiatre ou à travailler avec des personnes atteintes d'une maladie mentale [au Ghana], explique Peter Yaro, directeur de programme de l’ONGBasicNeeds qui s’occupe de ce fléau dans le pays et ailleurs en Afrique. La stigmatisation est le principal enjeu affectant le niveau de soins et de services».
De nombreuses croyances entourent les personnes atteintes de maladies psychiatriques, imaginant une possible sanction divine ou une vie surnaturelle. Autant d’idées préconçues qui limitent les vocations en psychiatrie.
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Banlieues

Pointe avancée de la clinique contemporaine
Louis Sciara
Editions Erès
par Anne Djamdjian
05.07.11

Cachez ces banlieues que nous ne saurions voir. Etranges, opaques, assommantes. Un sentiment de malaise, un nouvel unheimlich nous envahit lorsque nous pénétrons entre ses murs. Même si jusqu’à preuve du contraire la banlieue n’est pas encore l’équivalent du ghetto de Varsovie, les médias, les ouï-dire et les ouï-lire nous accompagnent. Et justement la psychanalyse dont on nous dit qu’elle n’intéresse plus personne ne disposerait-t-elle pas des outils les plus à même de dresser une carte de cette terra incognita ? C’est le pari de ce livre.

Aujourd'hui certains de ses praticiens s’installent en ces lieux ce qui n’est pas sans panache ni sans audace. Puisqu’à côté de cette inquiétante étrangeté sociale dont les médias se font l’écho depuis des lustres s’en dévoile une autre, psychique, clinique. C’est d’abord le sujet de cet essai qui le rend intéressant, forcément, vu le nombre de « spécialistes » qui en ont fait le tour sans y pénétrer comme les lieux dont il est question.

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