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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 30 mars 2011

Soins et privation de liberté sont-ils compatibles ?
Point de vue
30.03.11

L
es débats en France autour du projet de réforme de la loi du 27 juin 1990 qui envisage des "soins contraignants hors hôpital" en plus de l'hospitalisation sans consentement en psychiatrie ne suggèrent-ils pas la réflexion suivante ? Entendu qu'à l'exception d'un délit, toute privation de liberté est inacceptable, y aurait-il néanmoins des cas particuliers qui autoriseraient à ne pas respecter inconditionnellement la liberté d'autrui ?

Rappelons qu'en Belgique, l'article second de la "loi relative à la protection de la personne du malade mental" (26 juin 1990) stipule que "les mesures de protection ne peuvent être prises, à défaut de tout autre traitement approprié, à l'égard d'un malade mental, que si son état le requiert, soit qu'il mette gravement en péril sa santé et sa sécurité, soit qu'il constitue une menace grave pour la vie ou l'intégrité d'autrui". Ainsi, par exemple, l'anorexique ne constitue pas un danger grave pour autrui. Elle ne nuit gravement qu'à elle-même. A la différence de certains "malades mentaux" qui, en plus de nuire éventuellement à eux-mêmes, peuvent aussi nuire à autrui. Sur ces deux thèmes – nuire à soi-même ou à autrui – écoutons le philosophe John Stuart Mill (1806-1873).


Dans son Essay on Liberty (1859), John Stuart Mill pose un principe destiné à régler les rapports de la société et de l'individu dans tout ce qui est "contrainte ou contrôle". Ce principe veut que "les hommes ne soient autorisés, individuellement ou collectivement, à entraver la liberté d'action de quiconque que pour assurer leur propre protection". La "seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de la force contre un de ses membres est de l'empêcher de nuire aux autres". Ainsi, "contraindre quiconque pour son propre bien, physique ou moral, ne constitue pas une justification suffisante". John Stuart Mill concède que les actes de cet homme sont certes de "bonnes raisons pour lui faire des remontrances, le raisonner, le persuader ou le supplier, mais non pour le contraindre ou lui causer du tort s'il agit autrement". Le seul aspect de la conduite d'un individu qui soit du ressort de la "société""concerne les autres".
est donc celui qui

Quant à "ce qui ne concerne que lui, son indépendance est, de droit, absolue. Sur lui-même, sur son corps et son esprit, l'individu est souverain". Selon l'éthique "minimaliste" de Mill, comme le résume Ruwen Ogien, le rapport de soi à soi est donc moralement indifférent. Et le fait de juste nuire à soi-même ne peut pas amener de privation de liberté à des fins de soins tant que, condition sine qua non
pour John Stuart Mill, cet agissement individuel ne nuit pas aux intérêts des autres. Dans le cas contraire, John Stuart Mill était aussi clair : nuire à autrui peut autoriser une privation de liberté.

LE DOGME DE LA NORME


Mais il reste qu'à la différence de John Stuart Mill – que certains taxent d'indifférence égoïste –, une éthique paternaliste verra au contraire dans la seule auto-nuisance d'un individu isolé un "état de nécessité". Et elle ne tiendra pas compte du consentement du sujet aux soins. Un proche, la famille ou le médecin traitent dès lors autrui – le sujet malade – conformément à ce qu'eux-mêmes estiment être le bien d'autrui. A cette condition, soins et privation de liberté s'avèrent, ponctuellement et temporairement, compatibles à l'égard d'un individu isolé. Des soins qui doivent, bien entendu, se révéler, au final, bénéfiques. Ce qui justifie a posteriori le choix de l'option paternaliste.


Certains feront toutefois remarquer à ces paternalistes (bienveillants) que, dans le cas d'agissements "marginaux" aux conséquences purement individuelles, leur intervention peut aussi s'apparenter à une "morale de commissariat". Les paternalistes répondront qu'il y a parfois de réels "états de nécessité" suite aux agissements "marginaux" du seul individu concerné. C'est, de fait, la redoutable question du consentement d'un sujet autonome à un "tort" auto-infligé sans conséquence pour autrui. Faut-il y répondre par l'éthique "minimaliste" de Mill (raisonner, persuader, supplier mais non contraindre) ou par un interventionnisme paternaliste bienfaisant ?


On demeurera en tout cas très vigilant face à l'injonction, qui semble de plus en plus présente, selon laquelle nous aurions tous un même devoir impératif de santé et de normalité. Sans tomber dans l'indifférence égoïste, ni dans la valorisation de la maladie (mentale), la liberté chère à l'éthique de Mill ne peut accepter le dogme de la norme qui, de nos jours, vise, peut-on craindre, à s'étendre au-delà du seul domaine de la psychiatrie. Comme le soutenait dès 1943 Georges Canguilhem, "le normal n'a pas la rigidité d'un fait de contrainte collective mais la souplesse d'une norme qui se transforme dans sa relation à des conditions individuelles".

Pierre-Frédéric Daled, philosophe, chaire d'éthique de l'Université libre de Bruxelles et membre du comité consultatif belge de bioéthique



Comité de Liaison Français de convergencia

Folie de l’institution
Création de la folie



Rebond du colloque du « Normativité, création, transmission dans la psychanalyse », nous vous proposons un cycle de films et de débats qui viennent donner corps à la question de la normalité, de la folie, et de la normativité. Là où les institutions, asphyxiées de gestionnaire et de sécuritaire, viennent engrillager la folie, des lieux d’accueil de la folie peuvent la rendre créatrice. La folie lieu de mort, mais aussi la folie lieu de vie, antidote à la mort psychique, à condition que …

SAMEDI 2 AVRIL de 14 à 18h
Faculté des Sciences Paris Jussieu, Amphi 45A –Tour 45
4 place Jussieu 75005 Paris
Inscription sur place: 10€

1ere séance
l’Atelier du Non-Faire
avec "La tête dans les toiles"
film de 52’ de Patrice Rolet
Présenté par Danièle Epstein
Suivi de débats, et de témoignages
Modérateur : Paolo Lollo


Avec Patrice Rolet (Réalisateur), Christian Sabas (peintre et musicien Fondateur de l’Atelier du Non-Faire), Ismaïl Konate (peintre et directeur général de l’Atelier du Non-Faire), Xavier Amar (peintre, musicien, comédien, écrivain de l’Atelier du Non-Faire), Fabienne Ankaoua, Guy Dana, Barbara Didier, Françoise Fabre, Nabile Fares, Caroline Gillier, Dominique Le Vaguerèse, (psychanalystes)


Une visite de l’Atelier du Non-Faire sera organisée,
sur inscription, Samedi 30 Avril 2011

"Comment d’un lieu de création peut-on faire un intermédiaire,
une porte ouverte sur l’extérieur, sur l’intérieur,
et un vivre “avec” notre folie?"
Christian Sabas

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La profession infirmière aux abois appelée à manifester

28.03.11

Les dernières réformes appliquées aux professionnels mais aussi aux étudiants infirmiers, qu'elles concernent la formation ou les retraites et les reclassements dans la Fonction publique hospitalière (FPH) suscitent diverses controverses.

La Coordination nationale infirmière (CNI) appelle ainsi le 31 mars les infirmiers à manifester leur mécontentement à Paris devant le Sénat contre la réforme des retraites et la transformation dans la FPH de la catégorie active en catégorie sédentaire. Cette dernière ne prend plus en compte la notion de pénibilité, déplore à Hospimedia, Nathalie Depoire, présidente de la CNI. La date choisie pour protester est symbolique, puisqu'elle marque la fin du droit d'option infirmier imposant aux professionnels de la FPH de choisir sans droit au remord, entre un passage à la catégorie A et un maintien en B. Les professionnels qui ne se seront pas décidés à cette date, seront maintenus en catégorie B. L'outil de simulation des retraites n'étant disponible que depuis le mois de février dernier, les infirmiers n'ont pas eu le temps de réflexion annoncé pour faire leur choix au regard de tous les éléments d'information nécessaires, estime Nathalie Depoire (lire aussi notre brève du 22/02/2011). "La revalorisation salariale consentie pour accompagner ce passage en catégorie A est aussi dérisoire qu'irrespectueuse au regard de notre niveau de compétence et de responsabilité", lit-on dans le tract du syndicat.

Par ailleurs, la réforme LMD de la formation des infirmières et en particulier les conditions de la mise en place du nouveau système sont épinglées par la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) qui appelle dans un communiqué les étudiants à dénoncer cette situation, le 12 mai prochain sur le parvis de la gare Montparnasse à Paris. La FNESI fustige en particulier les manques de moyens humains et financiers "nécessaires à la mise en place d'enseignement de qualité". Pour elle, cette réforme est "bâclée". "Le bilan de la deuxième année de mise en place s'annonce encore plus chaotique que la première", déclare la fédération qui relève peu d'évolution sur des points sensibles comme la formation des tuteurs, la qualité des enseignements universitaires et leurs évaluations, la reconnaissance du statut d'étudiant universitaire ou encore les conditions sociales étudiantes.
L.W.
Vous êtes fous ?!!!

Dimanche dernier, la 1ère partie de l’émission « 3d » de Stéphane Paoli (sur France Inter à midi), portait sur « La psychiatrie », sujet ô combien passionnant et, plus précisément, sur le « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», qui a été adopté au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.
Le Dr Baillon, premier de ses invités est psychiatre des hôpitaux, il travaille en équipe de secteur dans le 93 entre l’Hôpital de Ville-Evrard et le secteur de Bondy. Il est également le cofondateur de l’Association "Accueils", membre du collectif des 39 - Contre la Nuit Sécuritaire
Jean-Marie Delarue, deuxième invité, est contrôleur général des lieux de privation de liberté
Le Dr Baillon rappelait une des données relevées par Jean-Claude Ameisen (cf. son émission « sur les épaules de Darwin » le samedi matin à 11h…) : les gênes ne sont pas tout, tout ce que nous vivons laisse des traces qui vont être constamment utilisée par la suite…
Jean-Marie Delarue, relevait, lui, que la maladie mentale est assimilée à la dangerosité or c’est d’abord une détresse pour la personne.
Marc Crépon, 3ème invité, est philosophe, directeur de recherches au CNRS, il a écrit des ouvrages sur la culture de la peur.
Et se pose la question : « comment dépasser la peur pour ne pas refuser l’autre ? »
La question de l’enfermement, au cœur de cette émission, est de deux ordres :

- Il n’y a pas de sécurité sans dignité, il faut donc la sauvegarder ; c’est elle qui fait de nous des êtres humains ;

- C’est assez facile d’enfermer les gens, la difficulté c’est de sortir des lieux de privation de liberté…

Il y a des malades « comme vous et moi » qui sont hospitalisés librement et décident eux-mêmes de leur sortie.

Et il y a ceux qui sont enfermés par décision administrative sur certificat médical de deux médecins avec signature du préfet derrière.
Et il y a l’hospitalisation d’office avec décision de police.

Le problème de la sortie : c’est le préfet qui la décide… ses motivations, c’est de savoir si le malade est toujours menaçant ou pas. Et comme on a tous envie de s’abriter derrière quelque chose et que le préfet n’est pas plus fort que les autres…


La réalité fondatrice du soin est qu’il y a eu basculement de l’identité.


Quand on est dans la peur, on est à l’extérieur de la pensée de cette personne.


La loi sécuritaire au nom de la supposée sécurité de tous fabrique de l’insécurité (par l’oubli de l’humanité et du droit des malades).

Le malade est une cible, comme on en a eu successivement un certain nombre. Quand un gouvernement en place est incapable d’assurer la sécurité de la vie, il fabrique des cibles de substitution et il désigne des cibles d’insécurité et ces cibles vont être elles-mêmes dans l’insécurité.

L’esclavage, c’est le foyer de nos peurs qui tisse une toile qui finit par nous enfermer.

Le propre de la démocratie doit être de ne pas développer la culture de la peur, or quand la frontière est proche, la démocratie est fragilisée.

Par ailleurs, le rôle d’amplification des médias est important : ils ont un rôle terrible dans une société qui est une démocratie car ils sont en principe porteurs de liberté or là ils deviennent un outil d’un système qui prend pour cible des situations et instrumentalise la peur…


La culture de la peur est une culture de l’incapacité : ne pas savoir comment affronter certaines difficultés.


L’insécurité existe dans plein de domaines de la vie, mais si on choisit une cible, on exclut les autres. Chaque gouvernement se construit sa propre définition de la sécurité.


Il ne s’agit pas de diaboliser la peur, mais il faut donner aux individus l’habilitation à prendre en charge individuellement ses propres peurs. Il faut une éducation dans tous les domaines pour pouvoir mettre un peu à distance ce qui fait peur.


Il y a une contradiction entre la logique du soin et la logique sécuritaire de l’enfermement.

Avec l’enfermement quasi systématique maintenant c’est un déni d‘humanité et ça relève d’un consentement meurtrier (cf. Camus)

Pour réécouter l’émission allez sur la page France Inter et podcastez ensuite (si vous pouvez !)

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/3D-journal/

voir le site du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire et cette page qui présente la réforme et une pétition :

http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=1392

Guy Baillon : « Psychiatrie : quel accueil pour la folie » Cet ouvrage prend part au débat national sur la place faite à la psychiatrie dans le champ de l'action sociale. Il questionne la position de l'Etat, et les conséquences d'une loi sur les usagers et leur famille. Éditeur : Champ social - parution : février 2011
Guy Baillon « Les usagers au secours de la psychiatrie : la parole retrouvée » Réflexion d'un psychiatre sur la loi du 11 février 2005 accordant un nouveau statut à la parole des usagers en psychiatrie et évoquant pour la première fois la notion de "personne en situation de handicap psychique". Cette reconnaissance du handicap psychique ouvre la voie à une simplification de l'accès aux soins et à une collaboration nouvelle de la psychiatrie et de l'action sociale. Éditeur : Erès, parution : 2009

Marc Crépon "La culture de la peur – Volume 1, Démocratie, identité, sécurité" (Galilée, 2008), et "La culture de la peur – Volume 2, La guerre des civilisations" (Galilée, 2010)

L'invocation de la peur fut le privilège des régimes de terreur. Face à une exigence de plus en plus grande en matière de protection et de sécurité, la question est posée concernant la part du besoin de sécurité humaine et celle de la sécurité de l'État

Un enfant sur dix se dit victime de violences à l'école


N
euf enfants sur dix se sentent bien à l'école, mais environ un sur dix (11,7 %) se dit harcelé, victime de violences physiques et verbales répétées, selon une étude de l'Observatoire international de la violence à l'école pour l'Unicef, publiée mardi. De fin 2009 à fin 2010, 12 326 élèves de CE2, CM1 et CM2 de 8 à 12 ans issus de 157 écoles de huit académies ont été interrogés sur le climat scolaire, la qualité des relations entre élèves et avec les enseignants, et sur leur sentiment de sécurité.

Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, doit installer mardi un "conseil scientifique contre les discriminations à l'école", chargé en particulier de la lutte contre le harcèlement scolaire, a annoncé le ministère. Il sera présidé par François Heran, un démographe, ancien directeur de l'Institut national des études démographiques.


D'après l'étude, le phénomène de "victimation" reste plutôt limité puisqu'en moyenne près de neuf élèves sur dix (88,9 %) déclarent se sentir "tout à fait bien" ou "plutôt bien" à l'école, et plus de 7 sur 10 ne sont "jamais" victimes de violences ou "très occasionnellement". Mais pour une minorité d'élèves, la violence se fait sentir souvent par de petites agressions répétées, allant du vol de goûters aux insultes et menaces mais aussi aux coups, racket ou violences sexuelles.


Le taux d'élèves victimes de harcèlement physique est estimé à 10,1 %, 71,8 % des élèves interrogés n'étant pas victimes de violences et 18 % l'étant occasionnellement. Dans le détail, 17 % des élèves disent avoir été souvent frappés par d'autres, et les violences à connotation sexuelle (voyeurisme, déshabillage ou baiser forcé) sont rapportées par 18 % des interrogés.


67 % des agressions physiques sont le fait de garçons, contre 20 % qui sont le fait des filles (groupes mixtes pour 12 %). Pour les violences verbales, près de deux tiers des élèves (65 %) se disent pas ou très peu concernés comme victimes, tandis que 14,4 % le sont modérément ou fréquemment. Par exemple, 16 % des enfants ont répondu avoir été affublés d'un surnom méchant, 25 % avoir été injuriés, et le racisme fréquent est rapporté par 7 % des élèves. Au total, 11,7 % des élèves interrogés sont victimes de violences répétées à la fois physiques et verbales.


L'étude met également en garde contre les conséquences scolaires (décrochage, absentéisme) mais aussi psychologiques à long terme. Une faible estime de soi et des tendances dépressives sont beaucoup plus fortes pour les adultes ayant été harcelés enfants, selon l'enquête.

La psychiatrie publique à l'épreuve des zones urbaines sensibles : contextes, enjeux et moyens, le 21 Septembre 2011

Le CH Alpes-Isère, celui du Vinatier et l'Institut d'études politique (IEP) de Grenoble organisent le 21 septembre prochain à Grenoble* une journée d'étude centrée sur la psychiatrie publique à l'épreuve des Zones urbaines sensibles (ZUS).

L'occasion pour les intervenants de s'interroger sur les particularismes éventuels de ces territoires urbains, notamment concernant la pratique des équipes soignantes en psychiatrie. Une épidémiologie particulière des quartiers vulnérables ? Des tableaux cliniques récurrents ? Des modalités particulières de prises en charge des patients psychiatriques et de leurs familles ? Etc. De fait, face à ces constats, la psychiatrie mobilise-t-elle des moyens adaptés en ressources humaines, en crédits financiers, dans l'organisation de son offre de soins et la formation de son personnel ?

Ci-joint, le programme détaillé et les modalités d'inscription.

Évaluation du dispositif d'injonction de soins, L'IGAS et l'IGSJ préconisent la création d'indicateurs
21.03.11

Dans le rapport sur l'évaluation du dispositif de l'injonction de soins co-signé par l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l'Inspection générale des services judiciaires (IGSJ), ses auteurs* préconisent que soient définis un certain nombre d'indicateurs de besoins, d'activités, de risques et de résultats. "Confrontée à la pauvreté des statistiques, la mission n'a pu mener qu'un audit de processus", relèvent-ils.

Cela ne les a pas toutefois empêché de présenter en première partie de cette étude le dispositif d'injonction de soins sous ses différentes facettes et de souligner son développement. "Un recensement effectué directement par la mission auprès des tribunaux de grande instance permet de conclure que le nombre d'injonctions de soins en cours d'exécution est d'environ 3 800, et que 10% d'entre elles sont relatives à des infractions autres que sexuelles." Si globalement le dispositif de santé mentale pour les personnes détenues n'est pas toujours adapté, les auteurs indiquent que le ministère de la Santé a toutefois, pour la prise en charge des auteurs d'infractions sexuelles, dégagé de nouveaux financements qui atteignent 18,5 millions d'euros depuis 2008.

Il est ensuite question des grandes étapes de l'injonction de soins, du prononcé de la décision, à la fin de la mesure en passant par sa mise en place. Il est indiqué, au passage, que l'offre de soins (dans le cadre des injonctions) repose sur le secteur public et demanderait à être spécialisé. "Les centres médico-psychologiques constituent le premier lieu de traitement des auteurs de violence sexuelle mais y accéder n'est pas toujours facile", déplorent les auteurs.

Au total, ce sont finalement 61 recommandations qui sont détaillées pour l'amélioration du dispositif d'injonction de soins.
L.W.

* Les auteurs du rapport sont : pour l'IGAS, Brigitte Joseph-Jeanneney et Gilles Lecoq; pour l'IGSJ, Patrick Beau et Philippe Gallier.

C’est la future unité psy pour détenus franciliens

Soixante prisonniers souffrant de problèmes psychiatriques seront soignés à l’horizon 2013 dans ce service unique en Ile-de-France.
CHRISTINE MATEUS
Publié le 29.03.2011
Ce soir, les responsables de l’hôpital Paul-Guiraud et de l’administration pénitentiaire, ainsi que l’architecte du futur bâtiment, répondront aux questions des riverains sur cette prochaine unité hospitalière réservée aux détenus des prisons de la région.
Ce soir, les responsables de l’hôpital Paul-Guiraud et de l’administration pénitentiaire, ainsi que l’architecte du futur bâtiment, répondront aux questions des riverains sur cette prochaine unité hospitalière réservée aux détenus des prisons de la région. | (DR.)

Si la structure est souvent qualifiée d’« hôpital prison », Henri Poinsignon, directeur de l’hôpital psychiatrique Paul-Guiraud, refuse l’expression pour désigner le futur équipement qui occupera une partie du site de Villejuif. Ce soir, à l’école des Hautes-Bruyères, il fera partie des intervenants — au même titre que l’administration pénitentiaire ou l’architecte du projet — chargés de présenter aux riverains (1300 foyers concernés) la venue d’une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) à l’horizon mi-2013. Une première structure en Ile-de-France de 60 lits permettant l’hospitalisation de détenus en psychiatrie.

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"Je croyais que les hôpitaux psychiatriques devaient s'ouvrir sur la ville"...

C’était débat, hier soir, à l’école des Bruyères de Villejuif, près de Paris. Un débat peu banal autour de la présentation de la nouvelle Unité d’Hospitalisation Spécialement Aménagée (UHSA), à l’hôpital Paul Guiraud, un des trois plus grands hôpitaux psychiatriques de France, qui sera opérationnelle dans un an et demi.


L’UHSA, ce n’est pas n’importe quoi : c’est la dernière nouveauté dans les rapports compliqués entre prison et hôpital. Comme l’a voulu la loi, c’est une unité d’hospitalisation de psychiatrie, uniquement dédiée aux détenus. La loi en prévoit à court terme 6. L’une a été ouverte à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, près de Lyon, il y a six mois. Et la seconde le sera, donc, à Villejuif. En plein retour de l’enfermement en psychiatrie, - symbolisé par la nouvelle loi en cours d’adoption sur l’hospitalisation en santé mentale-, ce débat public, se disait-on, pouvait avoir quelque chose de révélateur. Y aurait-il un peu de monde? Les psychiatres allaient-ils se montrer rebelles à ce projet pour le moins ambigu? Ou bien non, juste allait-on assister un débat comme si de rien n’était ? Extraits.

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L'Église reconnaît officiellement un miracle à Lourdes

Serge François souffrait depuis des années d'une hernie discale, d'une paralysie presque totale de la jambe gauche et de douleurs vives. Le 12 avril 2002, il s'est rendu à la grotte de Massabielle à Lourdes. Depuis, il est guéri.
L'Église reconnaît officiellement un miracle à Lourdes La grotte de Lourdes est connue pour ses guérisons miraculeuses... ©
Eric Cabanis
/ AFP

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L'Église catholique a reconnu, dimanche, la guérison inexpliquée d'un malade venu prier à Lourdes comme "remarquable" et pouvant représenter un don divin fait à cet homme par l'intercession de la Vierge, ont annoncé les Sanctuaires de la cité mariale. Serge François, un artisan angevin aujourd'hui à la retraite, souffrait depuis des années d'une hernie discale opérée deux fois, d'une paralysie presque totale de la jambe gauche et de douleurs vives quand, le 12 avril 2002, il s'est rendu à la grotte de Massabielle à Lourdes.

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Le Télégramme.comFinistère

Télémédecine. Quinze villes connectées jeudi
28 mars 2011

Une consultation de psychiatrie en visioconférence ? Cela existe déjà à Saint-Avé, dans le Morbihan! Il en sera question, jeudi, lors de Télésanté2011, dans 15 villes dont Brest, Rennes et Vannes.

U
ne consultation psychiatrique par visioconférence. Ce n'est pas de la science-fiction, cela existe déjà à l'hôpital spécialisé de Saint-Avé, dans le Morbihan, pour des patients isolés demeurant, par exemple, à Belle-Ile-en-Mer.

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Le sexe et la norme

Bruno Py et Nathalie Deffains


Le sexe et la norme,
Presses Universitaires de Nancy, 2011.

« Jouissons sans entrave ! »
Cette formule revendique en tant que réalisation de la libération sexuelle la disparition de la norme dans le domaine du sexe. La révolution attendue a-t-elle eu lieu ?

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Éloge des hasards de la vie sexuelle

Monique David-Menard


Éloge des hasards de la vie sexuelle,
Editions Hermann, 2011.


La vie sexuelle est faite de rencontres, mais toutes ne font pas événement. Lorsque l’une d’entre elles est décisive, elle comporte une part d’imprévisible qui constitue le ressort même de sa puissance : pouvoir transformer une vie n’est pas donné à toute rencontre.
Le bouleversement qu’apporte le désir d’une personne qui semble détenir le pouvoir de nous faire exister en nous faisant jouir, est un processus complexe : ou bien on déclare qu’il est irrationnel car immaîtrisable, ou bien on s’efforce de le penser en s’intéressant aux conditions de la vie amoureuse – importance disproportionnée accordée à certains détails, dissymétrie des attentes des partenaires, non-congruence du désir sexuel et de l’amour.

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samedi 26 mars 2011

La loi sur la psychiatrie est l'indice d'un État qui préfère punir que guérir
Daniel Zagury, psychiatre, médecin-chef au Centre psychiatrique du Bois-de-Bondy (Seine-Saint-Denis), expert auprès des tribunaux
21.03.11

Le projet de loi relatif aux "droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques" provoque à juste titre la colère et l'indignation des associations professionnelles. On dénonce la création d'un casier judiciaire psychiatrique ou d'une garde à vue psychiatrique. On pointe la dimension exclusivement sécuritaire du projet de loi, dont le vocabulaire et la logique relèvent plus du ministère de l'intérieur que de celui de la santé. Ce n'est pas tout à fait vrai. C'est pire : il est sanitaire pour les entrées et sécuritaire pour les sorties, ce qui rendra un peu plus infernale la situation sur le terrain, en engorgeant les unités d'hospitalisation temps plein et en entravant la réalisation des soins urgents, notamment pour les malades susceptibles de commettre un acte violent.

On critique l'absence de moyens qui rend ce projet irréalisable et la mauvaise foi de ceux qui feignent de l'ignorer. Tout cela est exact mais ces objections sont singulièrement naïves : comme si le projet du législateur était d'adopter une loi effective ! Il y a belle lurette que les lois ne sont plus faites pour être appliquées ou pour améliorer la situation de ceux qui auront à en subir les effets, mais pour afficher la force de l'Etat-gendarme.

En un mot, pour comprendre le contexte de ce projet de loi, il faut surmonter l'indignation, prendre la mesure d'un certain nombre de bouleversements et de changements de paradigme. On se donne alors une chance de saisir ce qu'il peut y avoir de commun entre des phénomènes apparemment aussi divers que la souffrance au travail, avec son lot de suicides, la plainte diffuse de corps professionnels comme les policiers, les enseignants, les chercheurs, les magistrats, les médecins hospitaliers... ou la recherche systématique de boucs émissaires.

Il est d'usage d'opposer l'Etat-providence à l'Etat-gendarme et de reléguer le premier à un passé révolu. Mais l'on n'a pas suffisamment pris la mesure des effets psychiques qui ont accompagné la façon dont s'est opérée cette mutation dans notre pays : c'est une chose de ne plus se sentir protégé par une instance bienveillante ; c'en est une autre de vivre dans toute leur cruauté les attaques de ce qui exerçait autrefois une fonction tutélaire. C'est ce retournement malveillant qui est au coeur d'un grand nombre de souffrances diffuses : le sujet ne se sent plus seulement "lâché", mais se sent attaqué violemment par l'Etat, qui se défausse sur lui. Pourquoi ?

C'est que les politiques doivent résoudre une équation singulièrement complexe : concilier le maintien, voire l'accroissement des attentes, la pression des lobbies associatifs et la diminution des moyens, sans déclencher la colère populaire avec ses conséquences électorales.

Force est de constater qu'il y a également des solutions perverses. Elles ne sont pas réductibles au mensonge. Elles reposent sur les mêmes mécanismes que ceux que l'on décrit dans la clinique des perversions et de la perversité : le déni ; le clivage ; la projection (on chasse le lampiste et on choisit le bouc émissaire, généralement parmi les plus vulnérables) ; le défi (on fustige tout argument critique) ; l'inversion des valeurs (les plus démunis deviennent les plus dangereux) ; la fuite en avant (tel un vulgaire escroc empêtré dans la course folle de sa cavalerie, l'Etat vole de loi inappliquée en loi inapplicable)....

En bout de course, ce sont les acteurs de terrain qui se voient désignés comme étant à l'origine du mal et qui en portent le poids. Qui dira la douleur de ceux qui ont choisi de donner un sens collectif à leur engagement et qui se voient, au coup par coup, au petit malheur la malchance, designés à la foule comme fauteurs de troubles à l'ordre public ; de ceux qui se débattent pour sauver ce qui peut l'être ? Policiers, magistrats, fonctionnaires de justice, enseignants, chercheurs, médecins hospitaliers... ils se reconnaîtront.

Mais là encore, pour bien saisir ces changements, il faut prendre la mesure de deux bouleversements de nos représentations. C'est sur eux que s'appuie la solution politique perverse : aujourd'hui, la question n'est plus "Que faire ?" mais "A qui imputer ?". Il ne s'agit plus tant de construire ensemble que de savoir qui est responsable des dysfonctionnements.

La bureaucratie managériale en est l'agent. Elle s'infiltre partout et nous commande ce qui doit être et comment faire plus avec moins. On réglemente. On établit des procédures. On impute. On communique. Mais il n'est pas certain que l'on construise ensemble l'avenir du pays.

Le second bouleversement est la désuétude de l'éthique de la responsabilité, qu'il ne faut surtout pas confondre avec la recherche permanente d'un responsable. Cette dernière relève d'une logique d'adjudant en quête de bidasse chargé de corvée. Comme Michel Foucault l'avait clairement pressenti, on a glissé du paradigme du sujet responsable (ou irresponsable s'il est malade) à celui de l'individu dangereux porteur de risques. Malade ou non, il est la nouvelle figure de la peur.

Le vrai responsable, celui à qui il convient d'imputer l'origine du crime, ce n'est donc plus celui qui l'a commis, mais le juge qui l'a libéré, le psychiatre qui a décidé de sa sortie de l'hôpital, ou l'agent de probation qui ne l'a pas suffisamment surveillé... Il suffit de réfléchir quelques secondes pour mesurer combien ce nouveau regard qui déresponsabilise l'auteur pour surresponsabiliser celui qui l'encadre est lourd de conséquences, puisque l'homme criminel n'est plus sujet de ses actes, transférant sur les acteurs du champ social l'opprobre de son geste.

On reconnaît la rhétorique habituelle de notre président : il n'y a pas de fatalisme ; il y a bien un responsable ; il faudra payer ; c'est la règle... Après le musulman, le Rom, c'est le tour du fou dangereux. C'est à lui d'incarner cette peur dont l'Etat sécuritaire a besoin pour s'auto-affirmer. Tous les pervers le savent : c'est aux plus faibles qu'il convient de s'attaquer si l'on veut être certain du résultat.

Dès lors, on comprendra que tous les arguments sensés, tous les développements sur notre histoire prestigieuse, nos valeurs de civilisation, soient de peu de poids. Au contraire, ils renforcent la détermination de ceux auxquels ces critiques s'adressent. Cette loi en discussion, si elle est votée, ne sera que le dernier avatar, affligeant, misérable, d'un système original qui avait fait ses preuves pendant près de deux siècles.

Elle sera appelée à être abrogée, pour ouvrir la voie à une judiciarisation des hospitalisations, comme dans tous les pays de développement comparable au nôtre. Les historiens se demanderont à quoi avait bien pu servir cet intermède législatif imposé contre le consentement de la profession. A des facteurs exclusivement conjoncturels. A pas grand-chose au regard des enjeux fondamentaux que sont, pour toute société, la façon dont elle traite les plus démunis de ses citoyens et l'équilibre fragile et délicat entre la nécessité de soins et le respect des libertés individuelles. C'est ce "pas grand-chose" qui semble caractériser la période que nous traversons.

La "philosophie" qui sous-tend l'ensemble de ce projet de loi est nauséabonde. Il faut le refuser.

20 Minutes

Psychiatrie : La peur gouverne

L'Assemblée a voté hier le projet de loi réformant la pratique des soins en psychiatrie. Encore une lubie sarkozyste, encore l’UMP au garde-à-vous, et encore la logique de l’exclusion.

De quoi parle cette loi ? 9782070765072.jpg
Ce projet de loi comporte deux volets. Il y avait d’abord les grands discours de folie de Sarko sur la société à protéger contre les monstres. La réponse est un volet sécuritaire, reléguant au second plan la réalité de la souffrance psychique et les compétences des soignants. C’est l'invention du « soin sans consentement ». Pétage de plombs total !

Là-dessus, est arrivée la décision du Conseil constitutionnel demandant l’intervention du juge pour les renouvellements des hospitalisations d’office, décidées par le préfet, et des hospitalisations sur demande d’un tiers, soit à l’initiative de la famille ou des proches. Ce volet est plus technique, et il en profite pour recadrer les psychiatres.

Fallait-il une loi ?
Sur le second volet, oui, car la décision du Conseil constitutionnel l’imposait.

Pour le premier volet, non car le droit fournit des outils suffisants. Il n’existe aucune problématique qui bloque parce que les outils juridiques manquent.

En quoi ce projet est-il mauvais ?
L’excès de lois fragilise le corps social, en validant l’idée d’une vulnérabilité sociale à un niveau tel que les acteurs de la psychiatrie et les professionnels du droit se trouvent en échec. Rien dans ce qui est vécu n’accrédite cette réalité et donc ces choix.

Quelles modalités sécuritaires ?
Le projet comporte maints aspects négatifs, qui s’organisent selon une philosophie simple : le renforcement des contraintes et le recul des thérapeutes. Les idées de compétences et de responsabilités passent au second plan derrière un mythique devoir social d’assurer la sécurité, comme si le trouble et l’angoisse étaient décrétés hors champ social par nature.
S’agissant spécifiquement de l’hospitalisation sous contrainte, le choix est clair : l’entrée rendue plus facile et la sortie plus difficile. Le psychiatre est encadré, et son avis se dissipe dans des commissions administratives, qui deviennent décisionnaires. Copie-2-de-ATTENTION-3724.jpg
Nourrie par les peurs sociales montées en épingle, la loi invite à raisonner de manière binaire : médecin ou malade, bon ou mauvais, légal ou illégal. C’est exactement affreux.
La loi va s’appliquer…
C’est la loi qui perdra, car les principes sont les plus forts. De ce point de vue, cette loi est peut-être un mauvais moment à passer pour pouvoir enfin purger une série d’idées tordues qui polluent le débat par les recours qui suivront.  
Qu’est ce que le soin sans consentement ?
Cette idée plait à ceux qui veulent voir leur pouvoir conforté, et qui ont plaisir à s’arrêter de penser de temps à autres. La loi décide pour vous, c’est un monde merveilleux. La loi dénie la complexité et installe, au cœur de pratiques, un terrain médical, naturellement bon et bienveillant. Cette loi abolit la réflexion : la décision médicale est bénie de la loi républicaine, et le refus du patient est une illégalité, qu’on ne supporte pas longtemps.
C’est donc la relation de soin qui est atteinte ?
La relation de soin, en psychiatrie sans doute plus qu’ailleurs, est asymétrique. Le projet de loi accroit cette asymétrie, et marginalise les interrogations. Il ne s’agit plus de construire une relation, qui laisse toujours une place pour le patient, mais de faire avaler la décision médicale, garantie légalement pure et bonne. politique_peur.jpg

L’idée qu’il puisse y avoir, par le fait de la loi, un soin sans consentement, accrédite la décision médicale comme ce qui doit être fait. Le consentement n’est plus une relation, mais le chemin à faire par le patient pour accepter la décision médicale. Et si le patient n’accepte pas, la loi lui impose.

Ainsi, le présupposé de la loi est que la décision médicale est ce qu’il faut faire. Vu qu’elle est juste, on la rend légale. C’est donc une destruction de la relation. Le consentement n’est plus une rencontre, mais une acceptation unilatérale qui dénie l’altérité. La loi heurte les principes les plus fondamentaux du droit, pour lesquels le consentement n’est qu’une conséquence directe du principe constitutionnel de dignité.

Mais pourtant on admet  l’hospitalisation sous contrainte ?
Cela n'a rien à voir.

D’abord, l’hospitalisation est une exception au principe, et donc tout le monde s’y retrouve. Avec le projet de loi, tout change, car l’exception ruine le principe, dès lors que le consentement peut être imposé !  

Par ailleurs, l’hospitalisation sous contrainte remet en cause la liberté d’aller et venir, et les équipes recréent les conditions d’une relation. Le cadre contraignant est limité à la liberté d’aller et venir, ce qui est beaucoup, mais ne remet pas en cause l’autonomie de la personne. Les soignants doivent créer une relation.

Enfin, l’hospitalisation est décidée par un tiers, sous le contrôle d’un juge, alors que le soin sans consentement est imposé par le médecin lui-même, et sans contrôle du juge, car aucun juge n’acceptera de discuter d’un traitement. 

Que faire devant un refus de soins avéré mais non raisonnable ?
Ce que les professionnels de la psy ont toujours fait : après analyse de tous les facteurs, et en équipe, le praticien prend les décisions qui lui semblent juste, en fonction de sa compétence et en assumant la responsabilité.

Qui décide dans le soin sans consentement ? Flichiatrie.jpg
C’est toute la question. Le patient ne participe plus à la décision que s’il l’accepte, donc il n’y a pas de participation réelle. Ce que réalise la loi, c’est un processus qui permet de décider à la place d’un autre. Le malade n’est plus sujet mais objet des soins. 

Le médecin gagne en confort et en pouvoir à court terme, mais il solde sa compétence et sa responsabilité.

Alors pourquoi cette loi ?
Il ne s’agit pas de répondre aux besoins de la psy, mais de créer du consensus social en présentant comme dangereux les plus vulnérables. Les patients psy et les Roms sont traités sur le même mode.

C’est le rouleau compresseur de l’ordre social. La résistance du patient, sa liberté d’être, est bousculée par la loi au nom de la peur. Le malade perd la reconnaissance de sa complexité, la seule option étant de fuir ou de se rendre sur le terrain, juste et bon, du médecin.

C’est le refus d’admettre la différence ?
Le gouvernement parle d’identité pour nous faire avaler la pilule du conformisme. Le conflit est naturel, et la question est moins la recherche valeurs communes, captées à travers des concepts si vastes qu’ils ne veulent plus rien dire, mais de reconnaitre les différences, d’accepter les conflits et de trouver les moyens de les réguler.

Le mot de la fin ?
La multiplication des lois tend à créer un canevas étroit de ce qu’il faut faire et ne pas faire, et parce que le respect du à la loi, s’instaure pas à pas une véritable école sociale de l’obéissance. La loi n’est plus le cadre qui trace des limites pour garantir l’exercice des libertés. Elle dit ce qu’il faut faire. C’est une loi contre l’intelligence.
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Hospitalisation à la demande d'un tiers : les infirmiers d'urgence en première ligne

24.03.2011 
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Près de 8% des demandes d'hospitalisation à la demande d'un tiers ont été signées par un infirmier aux urgences psychiatriques, selon une étude menée au Centre psychiatrique d'orientation et d'accueil (CPOA) à Paris.

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Budget de l'Hôpital : « On va dans le mur ! »
25 mars 2011
Budget de l'Hôpital : « On va dans le mur ! »

Les présidents des commissions médicales des établissements de CHU sont en colère. Pourquoi ?
Depuis quatre ou cinq ans, les hôpitaux sont engagés dans une démarche de performance avec des finances équilibrées puis stabilisées. Les CHU ont répondu globalement à ces enjeux : au niveau des aménagements techniques et du fonctionnement de nos équipes. L'activité a augmenté, ce qui a permis de parvenir à l'équilibre. Mais maintenant, l'Etat nous annonce une baisse des tarifs à l'acte de l'ordre de 3 %. Par ailleurs, les budgets des missions d'intérêt général vont être diminués comme ceux des gardes. Aussi, les établissements devront régler 50 % des salaires des internes. Avec tout ça, comment va-t-on maintenir un service de santé de qualité ? On nous conduit dans le mur. Le malaise est présent dans toutes les équipes hospitalières. Nous tirons le signal d'alarme.


Un malaise ancien dans des services en souffrance, 'non rentables' comme la gériatrie ou la psychiatrie. C'est d'ailleurs le cas au CHU de Nîmes avec des mouvements sociaux liés aux conditions de travail. N'était-ce pas des signes avant-coureurs ?
Dire que l'on va rendre l'argent public plus efficient, ce n'est pas rédhibitoire. Il a fallu apprendre à travailler différemment, se réorganiser. Pour la psychiatrie, il n'y a jamais eu de problème de budget et quant à la gériatrie elle va être réorganisée à Nîmes... En même temps, je comprends le questionnement de certains personnels soignants et aide soignants. Les alertes, on les avait en gériatrie, en psy, aux urgences, mais 20 autres services allaient bien. On pouvait espérer équilibrer tous les services d'ici trois ans. Avec ces nouveaux financements, on ne va pas y arriver.

Qu'allez-vous faire ?
Une motion a été adoptée par tous les présidents de CME de France. Mercredi, nous avons fait une conférence de presse à Paris. Nous irons bientôt au ministère. Il faut qu'on avance, l'enjeu est trop important.
Recueilli par RICHARD BOUDES
Photo STÉPHANE BARBIER


Emma la Clown et Catherine Dolto - La Conférence - spectacle



Une drôle de psychanalyse…L’une est clown, l’autre est thérapeute... Mais qui est quoi ? Si Emma, sortie de sous le divan, se risque à la psychanalyse, l’haptothérapeute Catherine Dolto prend le clown pour sujet d’étude. Entre actes manquants et lapsus répétés "ad libido" ce duo aussi scientifique que jubilatoire risque de vous en boucher un coin !Abordant les questions de la place des clowns dans la société, la naissance, l’haptonomie.... et des sujets aussi divers que variés, cette conférence déjantée est avant tout un grand moment de complicité entre deux personnalités qui vous fera prendre conscience de la force du rire collectif.
Le lundi 23 mai 2011 de 20:30 à 22:30
Plus d’information sur l’adresse de l’événement :L'Européen

Comment les métaphores programment notre esprit
LEMONDE.FR | 25.03.11 | 


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ncore un coup dur porté à l’idée de l’homme “animal rationnel” et une brique de plus à l’édifice de l’économie comportementale. Notre vision du monde – et par conséquent nos décisions – seraient en grande partie modelées par notre système de métaphores, lesquelles n’appartiennent décidément pas qu’aux poètes. C’est ce qui ressort de l’expérience menée par Paul Thibodeau et Lera Boroditsky, à l’université de Stanford, relatée par un article de Discover magazine.

Ces deux chercheurs ont proposé à leurs sujets deux rapports sur le crime dans la ville d’Addison, chacun des cobayes n’en lisant bien sûr qu’un seul. Dans le premier texte, le crime était décrit comme une bête sauvage, un dangereux prédateur. Résultat, 75 % des lecteurs de ce rapport ont préconisé des mesures punitives, comme la construction de nouvelles prisons, par exemple. Seulement 25 % ont suggéré la mise en œuvre de mesures économiques, sociales, éducatives ou sanitaires.

L'ILLUSION DE L'OBJECTIVITÉ

La seconde version reprenait exactement les mêmes éléments que la première, statistiques comprises. A ceci près que le crime y était montré comme un virus infectant la ville et contaminant son environnement. Cette fois, les lecteurs n’étaient plus que 56 % à se prononcer pour le renforcement des sanctions et des moyens d’action de la police ; 44 % d’entre eux suggéraient des réformes sociales.

En bref, lorsque la criminalité est considérée comme une "maladie", on est plus disposé à chercher à "soigner" plutôt qu’à "combattre" et "punir".

Interrogés sur leurs choix, seulement 3 % des sujets semblent avoir eu conscience de l’influence de la rhétorique sur leurs recommandations. La plupart étaient persuadés que ces dernières étaient dictées par les statistiques du rapport. En clair, ils se croyaient "objectifs".

Poursuivant plus avant leurs expériences, les chercheurs ont également pu faire d’autres observations intéressantes. Ainsi, inutile de “filer la métaphore” en poursuivant la comparaison de manière trop pesante. Mentionner une seule fois la notion de “bête sauvage” ou de “virus” sans insister plus avant suffit à modifier les résultats. En revanche, placer la métaphore à la fin du rapport, et donc ne pas la laisser imprégner le contexte, tend à annuler son effet.

Évidemment, il faut aussi prendre en compte les opinions préétablies des sujets. On sait qu’aux Etats-Unis les Républicains sont plus prompts à réclamer des sanctions plus sévères, tandis que les Démocrates sont plus favorables aux mesures sociales ou que les femmes sont en général plus compatissantes que les hommes. Mais, surprise encore, les différences d’opinions générées par ces critères ne semblent jouer que dans 9 % des cas, alors que les métaphores seraient responsables de 18 à 22 % de l’élaboration des opinions.

Dans ces travaux, les chercheurs se sont probablement inspirés des travaux de George Lakoff (dont ils citent d’ailleurs les textes dès l’introduction de leur article). Selon ce linguiste cognitif, l’ensemble de la pensée est basé sur la métaphore. Lakoff est devenu pendant un temps le “gourou” des Démocrates. Dans son livre Don’t think of an elephant (Ne pensez pas à un éléphant, cet animal étant le symbole du parti Républicain) il a conseillé à ces derniers de mettre au point un système cohérent de métaphores, art dans lequel, selon lui, les Républicains excellent, au lieu de se contenter de “listes de blanchisserie”, c’est-à-dire de séries de mesures individuellement attractives, mais sans assise métaphorique, sans storytelling, pour employer un mot à la mode.

DE L’IMPORTANCE DU "STORYTELLING"

Il cite ainsi un questionnaire
datant de l’époque où Arnold Schwarzenegger s’opposait à Gray Davis pour le poste de gouverneur de Californie. La plupart du temps les personnes interrogées marquaient leur préférence pour les mesures annoncées par le candidat Démocrate. Mais lorsqu’on leur demandait finalement pour qui ils allaient voter, bien trop souvent, et en contradiction avec leurs propres réponses, il répondaient : “Arnold Schwarzenegger”.

Pour Lakoff, toute notre pensée est basée sur des métaphores, y compris pour ses formes les plus abstraites, comme les mathématiques. Ed Yong, l’auteur de l’article de Discover va lui aussi dans le sens de Lakoff, en mentionnant le rôle important de la métaphore en science, ne manquant pas de signaler par exemple le fait bien connu qu’une comparaison trop simple entre le cerveau et l’ordinateurtravail universitaire (.pdf) qui montre comment le fait d’envisager les réseaux électriques comme des systèmes de plomberie ou des foules en mouvement peut influencer la compréhension d’étudiants en ingénierie.
peut bloquer la réflexion. Yong mentionne également un

Le dernier élément intéressant de cette étude ne porte pas sur son contenu, mais sur sa forme. En effet, si certaines expériences ont été menées de manière “classique” sur des étudiants, d’autres ont fait appel à des sujets recrutés via le service du “turc mécanique” d’Amazon. Il s’agit donc d’une étude en psychologie en partie “crowdsourcée”. Mais savoir si de telles méthodes révolutionneront les recherches psychologiques ou seront critiquées pour leur manque de fiabilité… c’est une autre question.
Rémi Sussan

Association de Risperdal(R) Consta(R) à un risque d'hospitalisation plus faible chez les patients atteints de schizophrénie, en comparaison avec les traitements utilisant d'autres antipsychotiques
25 Mars 2011 

BEERSE, Belgique

Les nouveaux résultats d'une étude prospective indépendante, présentés la semaine dernière lors du 19ème Congrès européen de psychiatrie (EPA 2011), montrent que le traitement à base de Risperdal(R) Consta(R) (injection à action prolongée de rispéridone (IAPR)) est associé à un risque d'hospitalisation plus faible chez les patients atteints de schizophrénie, en comparaison avec les traitements utilisant d'autres antipsychotiques, durant une période de 12 mois. Ces résultats ont été obtenus dans le cadre de la Cohorte française pour l'étude générale de la schizophrénie (CGS), qui visait à évaluer l'impact de médicaments antipsychotiques injectables à action prolongée sur le risque d'hospitalisation en situation réelle, en comparaison avec d'autres médicaments antipsychotiques.

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Bilan positif d'une structure de HAD en psychiatrie dans le Tarn-et-Garonne
25.03.2011


Elle regroupe médecin, infirmiers, cadre, psychologue, secrétaire et assistant socio-éducatif. Elle accueille des patients d'accord pour être suivis et soignés à leur domicile ou sur leur lieu de vie.

La structure d'hospitalisation à domicile (HAD) en psychiatrie du centre hospitalier de Montauban a présenté un bilan positif après deux ans de fonctionnement, selon une étude exposée au neuvième congrès de l'Association de recherche et de soutien de soins en psychiatrie générale (ARSPG - Paris, du 22 au 25 mars 2011).

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