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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 26 mars 2011

Comment les métaphores programment notre esprit
LEMONDE.FR | 25.03.11 | 


E
ncore un coup dur porté à l’idée de l’homme “animal rationnel” et une brique de plus à l’édifice de l’économie comportementale. Notre vision du monde – et par conséquent nos décisions – seraient en grande partie modelées par notre système de métaphores, lesquelles n’appartiennent décidément pas qu’aux poètes. C’est ce qui ressort de l’expérience menée par Paul Thibodeau et Lera Boroditsky, à l’université de Stanford, relatée par un article de Discover magazine.

Ces deux chercheurs ont proposé à leurs sujets deux rapports sur le crime dans la ville d’Addison, chacun des cobayes n’en lisant bien sûr qu’un seul. Dans le premier texte, le crime était décrit comme une bête sauvage, un dangereux prédateur. Résultat, 75 % des lecteurs de ce rapport ont préconisé des mesures punitives, comme la construction de nouvelles prisons, par exemple. Seulement 25 % ont suggéré la mise en œuvre de mesures économiques, sociales, éducatives ou sanitaires.

L'ILLUSION DE L'OBJECTIVITÉ

La seconde version reprenait exactement les mêmes éléments que la première, statistiques comprises. A ceci près que le crime y était montré comme un virus infectant la ville et contaminant son environnement. Cette fois, les lecteurs n’étaient plus que 56 % à se prononcer pour le renforcement des sanctions et des moyens d’action de la police ; 44 % d’entre eux suggéraient des réformes sociales.

En bref, lorsque la criminalité est considérée comme une "maladie", on est plus disposé à chercher à "soigner" plutôt qu’à "combattre" et "punir".

Interrogés sur leurs choix, seulement 3 % des sujets semblent avoir eu conscience de l’influence de la rhétorique sur leurs recommandations. La plupart étaient persuadés que ces dernières étaient dictées par les statistiques du rapport. En clair, ils se croyaient "objectifs".

Poursuivant plus avant leurs expériences, les chercheurs ont également pu faire d’autres observations intéressantes. Ainsi, inutile de “filer la métaphore” en poursuivant la comparaison de manière trop pesante. Mentionner une seule fois la notion de “bête sauvage” ou de “virus” sans insister plus avant suffit à modifier les résultats. En revanche, placer la métaphore à la fin du rapport, et donc ne pas la laisser imprégner le contexte, tend à annuler son effet.

Évidemment, il faut aussi prendre en compte les opinions préétablies des sujets. On sait qu’aux Etats-Unis les Républicains sont plus prompts à réclamer des sanctions plus sévères, tandis que les Démocrates sont plus favorables aux mesures sociales ou que les femmes sont en général plus compatissantes que les hommes. Mais, surprise encore, les différences d’opinions générées par ces critères ne semblent jouer que dans 9 % des cas, alors que les métaphores seraient responsables de 18 à 22 % de l’élaboration des opinions.

Dans ces travaux, les chercheurs se sont probablement inspirés des travaux de George Lakoff (dont ils citent d’ailleurs les textes dès l’introduction de leur article). Selon ce linguiste cognitif, l’ensemble de la pensée est basé sur la métaphore. Lakoff est devenu pendant un temps le “gourou” des Démocrates. Dans son livre Don’t think of an elephant (Ne pensez pas à un éléphant, cet animal étant le symbole du parti Républicain) il a conseillé à ces derniers de mettre au point un système cohérent de métaphores, art dans lequel, selon lui, les Républicains excellent, au lieu de se contenter de “listes de blanchisserie”, c’est-à-dire de séries de mesures individuellement attractives, mais sans assise métaphorique, sans storytelling, pour employer un mot à la mode.

DE L’IMPORTANCE DU "STORYTELLING"

Il cite ainsi un questionnaire
datant de l’époque où Arnold Schwarzenegger s’opposait à Gray Davis pour le poste de gouverneur de Californie. La plupart du temps les personnes interrogées marquaient leur préférence pour les mesures annoncées par le candidat Démocrate. Mais lorsqu’on leur demandait finalement pour qui ils allaient voter, bien trop souvent, et en contradiction avec leurs propres réponses, il répondaient : “Arnold Schwarzenegger”.

Pour Lakoff, toute notre pensée est basée sur des métaphores, y compris pour ses formes les plus abstraites, comme les mathématiques. Ed Yong, l’auteur de l’article de Discover va lui aussi dans le sens de Lakoff, en mentionnant le rôle important de la métaphore en science, ne manquant pas de signaler par exemple le fait bien connu qu’une comparaison trop simple entre le cerveau et l’ordinateurtravail universitaire (.pdf) qui montre comment le fait d’envisager les réseaux électriques comme des systèmes de plomberie ou des foules en mouvement peut influencer la compréhension d’étudiants en ingénierie.
peut bloquer la réflexion. Yong mentionne également un

Le dernier élément intéressant de cette étude ne porte pas sur son contenu, mais sur sa forme. En effet, si certaines expériences ont été menées de manière “classique” sur des étudiants, d’autres ont fait appel à des sujets recrutés via le service du “turc mécanique” d’Amazon. Il s’agit donc d’une étude en psychologie en partie “crowdsourcée”. Mais savoir si de telles méthodes révolutionneront les recherches psychologiques ou seront critiquées pour leur manque de fiabilité… c’est une autre question.
Rémi Sussan

Association de Risperdal(R) Consta(R) à un risque d'hospitalisation plus faible chez les patients atteints de schizophrénie, en comparaison avec les traitements utilisant d'autres antipsychotiques
25 Mars 2011 

BEERSE, Belgique

Les nouveaux résultats d'une étude prospective indépendante, présentés la semaine dernière lors du 19ème Congrès européen de psychiatrie (EPA 2011), montrent que le traitement à base de Risperdal(R) Consta(R) (injection à action prolongée de rispéridone (IAPR)) est associé à un risque d'hospitalisation plus faible chez les patients atteints de schizophrénie, en comparaison avec les traitements utilisant d'autres antipsychotiques, durant une période de 12 mois. Ces résultats ont été obtenus dans le cadre de la Cohorte française pour l'étude générale de la schizophrénie (CGS), qui visait à évaluer l'impact de médicaments antipsychotiques injectables à action prolongée sur le risque d'hospitalisation en situation réelle, en comparaison avec d'autres médicaments antipsychotiques.

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Bilan positif d'une structure de HAD en psychiatrie dans le Tarn-et-Garonne
25.03.2011


Elle regroupe médecin, infirmiers, cadre, psychologue, secrétaire et assistant socio-éducatif. Elle accueille des patients d'accord pour être suivis et soignés à leur domicile ou sur leur lieu de vie.

La structure d'hospitalisation à domicile (HAD) en psychiatrie du centre hospitalier de Montauban a présenté un bilan positif après deux ans de fonctionnement, selon une étude exposée au neuvième congrès de l'Association de recherche et de soutien de soins en psychiatrie générale (ARSPG - Paris, du 22 au 25 mars 2011).

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Troubles mentaux, entre changement individuel, problèmes de société et mutations politiques

Sociologie

Appel à contribution
Samedi 30 avril 2011

Résumé
Dans le cadre d'un numéro spécial intitulé « troubles mentaux, entre changement individuel, problèmes de société et mutations politiques », la revue Lien social et politiques lance un appel à contribution autour de trois thématiques: 1) troubles mentaux et perturbations sociales ; 2) politiques et dispositifs de régulation de la maladie mentale et des troubles du comportement ; 3) portée politique des principes d'intervention en santé mentale. Les déclarations d'intention d'une page doivent parvenir avant le 30 avril 2011 à Roch Hurtubise (roch.hurtubise(at)usherbrooke.ca) et à Livia Velpry (livia.velpry(at)univ-paris8.fr).
Annonce
No 67 Printemps 2012 – Troubles mentaux, entre changement individuel, problèmes de société et mutations politiques

Argumentaire

En matière de santé mentale, les gouvernements se sont dotés en France (Plan psychiatrie et santé mentale 2005-2008), au Québec (Plan d’action en santé mentale 2005-2010) et dans d’autres sociétés de politiques publiques de réorganisation des services. Ils reposent sur plusieurs principes : 1) la concertation des acteurs au travers de dispositifs d’intersectorialité visant la mise en œuvre d’actions à plusieurs niveaux et en continuité 2) la volonté affichée de mettre la personne et sa souffrance au centre des dispositifs 3) la promotion, plus ou moins formalisée, de « nouvelles » approches d’intervention telles que, par exemple, le rétablissement qui consiste à favoriser le bien-être de la personne par la reconstruction d’une identité positive et d’une vie sociale qui reconnaît ses limites (plutôt que de les masquer). Dans ces deux sociétés la prévalence des problèmes de santé mentale estimée est supérieure à la moyenne observée dans des pays comparables. De plus, au-delà de l’énoncé d’une politique, on a observé depuis dix ans un développement de pratiques et de services qui visaient à transformer la manière de penser l’action en santé mentale. Le rôle du politique y est revu et tend à faire de la prise en charge des personnes une responsabilité partagée par plusieurs acteurs plutôt que la seule responsabilité de l’État (comme dans les systèmes asilaires ou hospitalocentrés). Parallèlement, des dispositifs à visée plus sécuritaire sont mis en place, dans lesquels la dangerosité des personnes ayant des troubles mentaux, la nécessité du maintien de l’ordre public et la protection de la société occupent une place prépondérante.

L’appel à propositions comprend trois thématiques principales :

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Victimes. Une psychologue au commissariat de Brest
25 mars 2011

À l'écoute des victimes au commissariat de police de Brest, Marine Le Gallo, psychologue, a aussi pour mission l'amélioration de leur accueil et prise en charge.

S
es études auraient pu la conduire à mener des investigations policières mais Marine Le Gallo a choisi en second cursus la psychologie. Depuis un an, elle est la psychologue chargée des victimes au commissariat de police de Brest. Une soixantaine de commissariats en France ont désormais un psychologue, dont deux en Bretagne (Rennes et donc Brest).

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Palestine, rêves et identité d'un peuple opprimé

Raed Andoni face à son psychothérapeute.
Légende: Raed Andoni face à son psychothérapeute. (unifrance.com)
Par Stefania Summermatter

Dans son premier long métrage, le réalisateur palestinien Raed Andoni s’attaque au sujet délicat de l'identité à travers...sa propre psychothérapie. Présenté au Festival international de films de Fribourg, «Fix Me» raconte une quête intime et pourtant profondément collective.


Tout a commencé par une banale migraine. Une douleur à la fois réelle et symbolique. Depuis des années, en effet, Raed Andoni vit avec cette blessure métaphorique d'un peuple opprimé et d'un passé difficile à accepter.

Armé d'une bonne dose d’ironie et d’humour, le réalisateur palestinien décide d'affronter son mal par la psychanalyse et de partager ce cheminement avec le public. «Fix Me», coproduction française, suisse et palestinienne, se présente donc comme un assemblage de séances avec son médecin en alternance avec des scènes de la vie quotidienne.

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École de la Cause freudienne

Psychanalyse lacanienne et psychothérapie
Par Fabian Fajnwaks

Fabian Fajnwaks, membre de l'ECF

A écouter ici

mercredi 23 mars 2011

Vote de la réforme contestée des soins sous contrainte en psychiatrie
23 Mars 2011

La réforme des soins psychiatriques non consentis par le patient a été votée à l'Assemblée Nationale le 22 mars, malgré les contestations des professionnels de la psychiatrie, mais aussi d'acteurs de la société civile. Cette réforme crée de nouvelles conditions d'hospitalisation et de soins sous contrainte, ce qui concerne une minorité de patients et ne résout pas les nombreuses difficultés actuelles de la psychiatrie. Cependant la secrétaire d'Etat à la santé, Nora Berra, a promis lors des débats un "plan santé mentale" à l'automne qui pourrait compléter ce texte.

Des débats houleux jusqu'au vote
Une manifestation de professionnels de santé, en particulier du collectif des 39 "contre la nuit sécuritaire", a eu lieu le 16 mars, lors du début des discussions sur cette réforme contestée (voir notre reportage devant l'Assemblée).

Puis les orateurs se sont succédés au Parlement, les uns défendant une approche équilibrée d'un texte à la fois protecteur et offrant de nouvelles possibilités, comme l'administration de soins sous contraintes à domicile, les autres contestant une approche qualifiée de sécuritaire, à l'instar de l'ensemble des syndicats de psychiatres publics et privés (voir notre article : Réforme de la psychiatrie à l'Assemblée : les professionnels s'indignent). Le 22 mars, plusieurs amendements ont été proposés aux députés, émanant de l'UMP comme de l'opposition.

Les soins à domicile sous contrainte et l'hospitalisation pour "péril imminent" entérinés

La possibilité de soins sous contrainte à domicile, et non à l'hôpital, a été maintenue dans le texte de loi, ce qui créé donc une nouvelle possibilité thérapeutique. Cependant en pratique il n'est pas évident d'imaginer comment ces soins vont être administrés, et si cette mesure va compenser le manque de structures d'accueil ouvertes, qui représentent pourtant une solution intéressante de suivi des patients non internés (certains risquent de nier leur maladie et donc de cesser leur prise en charge thérapeutique, un suivi ouvert peut donc les aider à maintenir le contact).

Autre nouveauté, la création d'une possibilité d'hospitalisation sans consentement pour "péril imminent". Jusqu'à présent, l'hospitalisation forcée était possible à la demande d'un tiers (proche, famille) ou en cas de danger pour autrui (hospitalisation d'office). Cette nouvelle notion donne donc la possibilité aux médecins de faire interner un patient qu'ils estiment en danger pour lui-même, mais non dangereux pour les autres, que sa famille ne souhaite pas hospitaliser et qui ne souhaite pas lui-même être hospitalisé.

Le "droit à l'oubli" conservé

La notion de "droit à l'oubli", ajoutée en commission des affaires sociales afin d'éviter d'accoler à vie les pathologies psychiatriques au dossier d'un patient, a été maintenue malgré les velléités de suppression de plusieurs députés. Mr Jean-Paul Garraud, magistrat et député UMP, a pourtant soutenu que "les personnes déclarées pénalement irresponsables ou hospitalisées en unités pour malades difficiles peuvent rester dangereuses" et qu'il était donc important de pouvoir les suivre.

Il souhaitait donc, au titre de cette dangerosité potentielle, un maintien du suivi (une sorte de fichier psychiatrique) sans limitation de durée, négligeant de fait les possibilités de guérison (ou de vie normale avec la pathologie) qui heureusement existent, comme pour de nombreuses maladies non psychiatriques. Son amendement a été repoussé.

L'intervention du juge maintenue pour les renouvellements d'hospitalisation forcée

Le Conseil Constitutionnel a décidé en novembre 2010 d'instaurer l'intervention d'un juge dans les 15 jours pour les renouvellements des hospitalisations sous contrainte, ce qui évitera que ce soit uniquement le préfet qui décide, en particulier si les médecins ne sont pas de cet avis.

En effet, comme l'a souligné le député et médecin socialiste Serge Blisko, "depuis la publication d'une circulaire en janvier 2010, nous sommes confrontés à une situation aberrante : des personnes considérées comme aptes à sortir, à condition de bénéficier d'un suivi, encombrent les lits, pourtant rares en hospitalisation complète, parce que le préfet n'a pas daigné répondre à la demande que lui ont adressée les psychiatres de l'hôpital".

Suite à cette décision du Conseil Constitutionnel, la Commission des Affaires sociales a introduit un amendement permettant cette intervention du juge dans les 15 jours, ce qui pourrait être utile en cas de désaccord entre le psychiatre (qui veut autoriser la sortie du patient) et le préfet (qui souhaite le maintien de son enfermement). Les amendements de limitation de cette disposition, également proposés par Jean-Paul Garraud, ont été repoussés.

Une majorité en faveur de cette réforme

Le texte de loi a été voté par 266 voix (députés UMP et Nouveau Centre) contre 147, en première lecture le 22 mars. Deux ans après le drame de Grenoble et le souhait présidentiel de renforcer la sécurisation de la psychiatrie, de nouvelles possibilités de soins sous contrainte pour les pathologies psychiatriques les plus lourdes sont donc créées, sous réserve de vote similaire des Sénateurs bien sûr. Les amendements votés en Commission des Affaires Sociales et confirmés lors des discussions à l'Assemblée ont permis de corriger les aspects les plus unidirectionnels de ce texte, avec en particulier une limitation du rôle des préfets et des possibilités de "fichage".

Par ailleurs il est permis de s'interroger, comme l'a fait le député du Nouveau Centre Jean-Luc Préel lors du vote de cette loi, sur la possibilité de mettre en œuvre cette réforme qui "multiplie le nombre de certificats requis alors que la démographie des psychiatres est problématique" et que les juges des libertés sont déjà débordés...

Un plan santé mentale annoncé pour l'automne 2011

Cet aspect soulevé par Mr Préel a été évoqué par plusieurs intervenants lors des discussions sur ce texte, qui ne concerne que les soins sous contrainte (13 % des cas seulement) : quid d'une véritable nouvelle loi sur la santé mentale, alors que la France manque en particulier de psychiatres, de pédopsychiatres, de lits en psychiatrie ? A cause de cette situation, de nombreux patients, bien qu'en crise, ne peuvent être soignés avant "plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour les adolescents", comme l'a rappelé Serge Blisko.

Le secteur psychiatrique a été exclu de la dernière grande réforme de la santé (la loi HPST), malgré les engagements initiaux de Madame Roselyne Bachelot. Mais Nora Berra, devant les demandes et interrogations répétées des députés, a promis le 16 mars à l'Assemblée nationale un "plan santé mentale pour l'automne prochain".

L'occasion de faire un premier bilan de la réforme votée le 22 mars, de mettre à plat tous les problèmes, actuels et à venir, de la psychiatrie en France et de proposer de nouvelles solutions afin de répondre aux enjeux et besoins majeurs soulevés depuis des années par les professionnels de cette spécialité médicale.
Jean-Philippe Rivière

Sources :
"Droits et protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques", compte-rendu intégral des différentes sessions, accessibles sur le site de l'Assemblée Nationale : 1ère séance, 2ème séance et vote solennel

Photos:

- (illustration) Déplacement d'un patient dans les couloirs du service Psychiatrie du Centre hospitalier Belair, Charleville-Mezieres, 2005, © MULLER FREDDY/SIPA
- Jean-Paul Garraud, 2010, © OBARD/SIPA
- Serge Blisko, 2006, © IBO/SIPA

Police  et cetera

23 mars 2011
Les policiers sont parfois appelés pour maîtriser un individu qui a visiblement perdu la raison. C’est une opération délicate, l’une des rares, d’ailleurs, où l’utilisation du Taser peut se justifier. Mais une fois cette mission menée à bien, les questions surgissent. Que faut-il faire de l’individu arrêté ? Garde à vue ? Procédure ? Ou au contraire, la mission de police administrative doit-elle prendre le pas sur la mission de police judiciaire…
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Hier, l’assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi sur les soins psychiatriques. Cette réforme, voulue par le Président à la suite d’un meurtre commis par un schizophrène en cavale, est fortement contestée dans le monde médical et même chez les magistrats. Certains parlent d’une dérive sécuritaire, tandis que d’autres, plus terre-à-terre, notent qu’il s’agit d’un artifice pour masquer « la misère » des services psychiatriques (deux fois moins de lits qu’il y a vingt ans).

Mais le projet de loi prévoit également d’apporter des modifications à l’hospitalisation d’office – autrement dit l’internement sans consentement.  On parle de 70 000 personnes retenues ainsi contre leur gré. Dans le même temps, dans un avis publié au JO du 20 mars , Jean-Marie Delarue, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, tire la sonnette d’alarme. Il s’inquiète de l’accroissement préoccupant dans les hôpitaux de personnes dont la maladie n’exige plus qu’elles soient privées de liberté. Et il dénonce aussi (et surtout) les modalités de l’internement d’office lorsque la décision est prise par les préfets.

Quelles sont aujourd’hui les conditions requises pour procéder à un internement d’office ? Tout est dans le Code de la santé publique, lequel a fait l’objet d’un sérieux relookage dans les années 2000 (art. L3212 et suivants).

Le plus fréquemment, il s’agit d’une décision qui fait suite à la demande d’un tiers, souvent un parent. Cette demande doit être manuscrite et signée par la personne qui la formule. Elle est accompagnée de deux certificats médicaux datant de moins de quinze jours.

Dans les autres cas, lorsqu’il s’agit de malades dangereux ou susceptibles de troubler gravement l’ordre public (environ 15 000 par an), c’est le préfet (à Paris, le préfet de police) qui prononce un arrêté pour décider de l’hospitalisation d’office. Et, le directeur de l’établissement doit lui transmettre dans les 24 heures un certificat médical établi par le psychiatre maison. Tous ces mouvements, (entrée, sortie, etc.) sont inscrits sur un registre (que certains nomment “fichier des fous”). Le préfet a ensuite trois jours pour transmettre les informations concernant sa décision au procureur de la République. Au bout de deux semaines, le psychiatre doit établir un nouveau certificat médical pour faire le point sur l’évolution de la maladie. Au vu de ce document, l’hospitalisation peut être maintenue pour une durée d’un mois, renouvelable ad vitam aeternam selon les mêmes modalités. Pour ressortir, le patient doit obtenir le feu vert du psychiatre et une décision positive du préfet. Avec le principe de précaution, c’est pas gagné…

C’est donc dans ce genre de situation que le policier ou le gendarme intervient, puisque le comportement dangereux se manifeste le plus souvent dans un endroit public. Il s’agit donc bien d’un acte de police administrative effectué sous l’autorité du préfet.

Sauf à Paris, où le commissaire de police possède, en cas d’urgence, le même pouvoir qu’un maire. C’est-à-dire celui de faire procéder à l’internement d’office, à charge d’en référer au préfet de police dans les 24 heures. Pouvoir personnel du commissaire d’arrondissement, dont se fait l’écho le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, dans un rapport où il accable la séculaire « infirmerie psychiatrique de la préfecture de police ». Et de s’interroger pour savoir si cette organisation parisienne « qui tire son origine de la compétence donnée au préfet de police en 1800 » présente des garanties suffisantes…

Depuis la nuit des temps, le sort des malades souffrant de troubles mentaux a toujours été lié au sort de ceux qui peuvent être victimes de leur comportement. Avec des controverses sans fin. Et le plus souvent, à défaut de pouvoir les soigner, on a choisi de les écarter de la société. Ce qui a conduit parfois, sous prétexte de bienséance, à des internements arbitraires. Car, dans les faits, on donne au médecin et au préfet le pouvoir du juge : priver quelqu’un de sa liberté.

Il n’y a pas de solution miracle, mais en liant le juge et le médecin, on pourrait peut-être se rapprocher du « moins mal ». En tout cas, le renforcement des pouvoirs du préfet pour placer ou maintenir quelqu’un dans un milieu fermé peut difficilement passer la porte d’une démocratie. Dans ce domaine, le représentant de l’État n’est légitime que pour gérer l’urgence. Ensuite, il doit passer la main.

Une grève pour dire les maux de la psychiatrie à La Couronne

Les grévistes entendaient dénoncer des conditions de travail de plus en plus difficiles. Photo Quentin Petit
Les grévistes entendaient dénoncer
des conditions de travail de plus en plus
difficiles.
Photo Quentin Petit

"Des maux pour le dire": tel était le thème de la grève d'hier, à l'appel de la CGT, au centre hospitalier spécialisé (CHS) Camille-Claudel à La Couronne. L'objectif était de permettre aux salariés de dire ce qu'ils vivent au quotidien. «Je suis frustré dans mon travail face aux patients. Parce que je n'ai pas assez de temps», explique l'infirmier Joël Estival, le responsable de la CGT du CHS.

Les grévistes ont saisi l'occasion pour lancer une enquête afin d'évaluer le degré de satisfaction ou d'insatisfaction au travail des personnels. «Et puis les patients sont de plus en plus considérés comme des délinquants. On a remis des grillages, des caméras de surveillance, depuis l'an dernier», proteste un collègue.

En vrac, les salariés dénoncent «l'hôpital géré comme une entreprise», les moyens qui diminuent quand les missions se multiplient, les économies qui se font toujours sur la masse salariale, avec un recours de plus en plus important aux emplois précaires: ils représentent un quart des effectifs de l'hôpital.

«30% des psychologues sont employés en CDD de trois ou quatre mois,
cite l'une d'eux. Si on s'engage dans une thérapie longue, le patient va devoir changer de personne en cours de route.» Elle redoute une autre dérive: «On va nous obliger à faire des thérapies brèves pour être plus rentables.»«avec des salaires de misère, qui sont qualifiés et sans qui l'hôpital ne pourrait pas tourner».
Autres précaires, les contrats aidés,

La grève n'a concerné hier qu'une poignée de salariés, sur les 790 équivalents temps plein qui travaillent sur l'une ou l'autre des antennes de Camille-Claudel dans le département.
Les députés votent un texte controversé sur la psychiatrie
Publié le 22/03/2011

PARIS (Reuters) - Les députés français ont adopté mardi en première lecture le projet de loi sur les droits et la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques, un texte critiqué par les professionnels.

Ce texte, qui a été approuvé majorité contre opposition, devrait être examiné par le Sénat en mai ou en juin.

"C'est un texte d'affichage. C'est un leurre. C'est un texte contreproductif et dangereux", a dit la communiste Jacqueline Fraysse alors que son collègue UMP André Flajolet estimait qu'il s'agissait d'une réponse "attendue depuis longtemps".

Ce texte, qui modifie la loi de 1990 sur l'hospitalisation sans consentement, fait suite à un discours de Nicolas Sarkozy en décembre 2008 quelques jours après le meurtre à Grenoble d'un étudiant par un schizophrène en fuite.

Il prend en compte une décision du Conseil constitutionnel qui exige la présence d'un juge lorsque l'hospitalisation dure plus de deux semaines.

Le projet de loi propose notamment l'instauration de soins à domicile et institue une période d'observation d'une durée de 72H quand le malade est hospitalisé sans son consentement.

A l'appel d'un collectif qui a lancé une pétition ayant recueilli environ 21.000 signatures, quelque 200 personnes avaient manifesté contre la réforme la semaine dernière aux abords de l'Assemblée nationale.

La quasi-totalité des syndicats de psychiatres publics et privés, soutenus par des syndicats de magistrats et la Ligue des droits de l'homme, dénoncent ce projet de loi qu'ils qualifient "d'inadapté et d'inapplicable". Ils affirment que ce texte "assimile trouble mental à délinquance".

Emile Picy
, édité par Yves Clarisse

La loi sur la psychiatrie est l'indice d'un Etat qui préfère punir que guérir


L
e projet de loi relatif aux "droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques" provoque à juste titre la colère et l'indignation des associations professionnelles. On dénonce la création d'un casier judiciaire psychiatrique ou d'une garde à vue psychiatrique. On pointe la dimension exclusivement sécuritaire du projet de loi, dont le vocabulaire et la logique relèvent plus du ministère de l'intérieur que de celui de la santé. Ce n'est pas tout à fait vrai. C'est pire : il est sanitaire pour les entrées et sécuritaire pour les sorties, ce qui rendra un peu plus infernale la situation sur le terrain, en engorgeant les unités d'hospitalisation temps plein et en entravant la réalisation des soins urgents, notamment pour les malades susceptibles de commettre un acte violent.

On critique l'absence de moyens qui rend ce projet irréalisable et la mauvaise foi de ceux qui feignent de l'ignorer. Tout cela est exact mais ces objections sont singulièrement naïves : comme si le projet du législateur était d'adopter une loi effective ! Il y a belle lurette que les lois ne sont plus faites pour être appliquées ou pour améliorer la situation de ceux qui auront à en subir les effets, mais pour afficher la force de l'Etat-gendarme.

En un mot, pour comprendre le contexte de ce projet de loi, il faut surmonter l'indignation, prendre la mesure d'un certain nombre de bouleversements et de changements de paradigme. On se donne alors une chance de saisir ce qu'il peut y avoir de commun entre des phénomènes apparemment aussi divers que la souffrance au travail, avec son lot de suicides, la plainte diffuse de corps professionnels comme les policiers, les enseignants, les chercheurs, les magistrats, les médecins hospitaliers... ou la recherche systématique de boucs émissaires.

Il est d'usage d'opposer l'Etat-providence à l'Etat-gendarme et de reléguer le premier à un passé révolu. Mais l'on n'a pas suffisamment pris la mesure des effets psychiques qui ont accompagné la façon dont s'est opérée cette mutation dans notre pays : c'est une chose de ne plus se sentir protégé par une instance bienveillante ; c'en est une autre de vivre dans toute leur cruauté les attaques de ce qui exerçait autrefois une fonction tutélaire. C'est ce retournement malveillant qui est au coeur d'un grand nombre de souffrances diffuses : le sujet ne se sent plus seulement "lâché", mais se sent attaqué violemment par l'Etat, qui se défausse sur lui. Pourquoi ?

C'est que les politiques doivent résoudre une équation singulièrement complexe : concilier le maintien, voire l'accroissement des attentes, la pression des lobbies associatifs et la diminution des moyens, sans déclencher la colère populaire avec ses conséquences électorales.

Force est de constater qu'il y a également des solutions perverses. Elles ne sont pas réductibles au mensonge. Elles reposent sur les mêmes mécanismes que ceux que l'on décrit dans la clinique des perversions et de la perversité : le déni ; le clivage ; la projection (on chasse le lampiste et on choisit le bouc émissaire, généralement parmi les plus vulnérables) ; le défi (on fustige tout argument critique) ; l'inversion des valeurs (les plus démunis deviennent les plus dangereux) ; la fuite en avant (tel un vulgaire escroc empêtré dans la course folle de sa cavalerie, l'Etat vole de loi inappliquée en loi inapplicable)....

En bout de course, ce sont les acteurs de terrain qui se voient désignés comme étant à l'origine du mal et qui en portent le poids. Qui dira la douleur de ceux qui ont choisi de donner un sens collectif à leur engagement et qui se voient, au coup par coup, au petit malheur la malchance, designés à la foule comme fauteurs de troubles à l'ordre public ; de ceux qui se débattent pour sauver ce qui peut l'être ? Policiers, magistrats, fonctionnaires de justice, enseignants, chercheurs, médecins hospitaliers... ils se reconnaîtront.

Mais là encore, pour bien saisir ces changements, il faut prendre la mesure de deux bouleversements de nos représentations. C'est sur eux que s'appuie la solution politique perverse : aujourd'hui, la question n'est plus "Que faire ?" mais "A qui imputer ?". Il ne s'agit plus tant de construire ensemble que de savoir qui est responsable des dysfonctionnements.

La bureaucratie managériale en est l'agent. Elle s'infiltre partout et nous commande ce qui doit être et comment faire plus avec moins. On réglemente. On établit des procédures. On impute. On communique. Mais il n'est pas certain que l'on construise ensemble l'avenir du pays.

Le second bouleversement est la désuétude de l'éthique de la responsabilité, qu'il ne faut surtout pas confondre avec la recherche permanente d'un responsable. Cette dernière relève d'une logique d'adjudant en quête de bidasse chargé de corvée. Comme Michel Foucault l'avait clairement pressenti, on a glissé du paradigme du sujet responsable (ou irresponsable s'il est malade) à celui de l'individu dangereux porteur de risques. Malade ou non, il est la nouvelle figure de la peur.

Le vrai responsable, celui à qui il convient d'imputer l'origine du crime, ce n'est donc plus celui qui l'a commis, mais le juge qui l'a libéré, le psychiatre qui a décidé de sa sortie de l'hôpital, ou l'agent de probation qui ne l'a pas suffisamment surveillé... Il suffit de réfléchir quelques secondes pour mesurer combien ce nouveau regard qui déresponsabilise l'auteur pour surresponsabiliser celui qui l'encadre est lourd de conséquences, puisque l'homme criminel n'est plus sujet de ses actes, transférant sur les acteurs du champ social l'opprobre de son geste.

On reconnaît la rhétorique habituelle de notre président : il n'y a pas de fatalisme ; il y a bien un responsable ; il faudra payer ; c'est la règle... Après le musulman, le Rom, c'est le tour du fou dangereux. C'est à lui d'incarner cette peur dont l'Etat sécuritaire a besoin pour s'auto-affirmer. Tous les pervers le savent : c'est aux plus faibles qu'il convient de s'attaquer si l'on veut être certain du résultat.

Dès lors, on comprendra que tous les arguments sensés, tous les développements sur notre histoire prestigieuse, nos valeurs de civilisation, soient de peu de poids. Au contraire, ils renforcent la détermination de ceux auxquels ces critiques s'adressent. Cette loi en discussion, si elle est votée, ne sera que le dernier avatar, affligeant, misérable, d'un système original qui avait fait ses preuves pendant près de deux siècles.

Elle sera appelée à être abrogée, pour ouvrir la voie à une judiciarisation des hospitalisations, comme dans tous les pays de développement comparable au nôtre. Les historiens se demanderont à quoi avait bien pu servir cet intermède législatif imposé contre le consentement de la profession. A des facteurs exclusivement conjoncturels. A pas grand-chose au regard des enjeux fondamentaux que sont, pour toute société, la façon dont elle traite les plus démunis de ses citoyens et l'équilibre fragile et délicat entre la nécessité de soins et le respect des libertés individuelles. C'est ce "pas grand-chose" qui semble caractériser la période que nous traversons.

La "philosophie" qui sous-tend l'ensemble de ce projet de loi est nauséabonde. Il faut le refuser.
 
Daniel Zagury, psychiatre, médecin-chef au Centre psychiatrique du Bois-de-Bondy (Seine-Saint-Denis), expert auprès des tribunaux
Plus de personnel pour offrir des services en santé mentale
20/03/2011

(Agence QMI)
Josianne Desjardins
 


MONTRÉAL - Six ans après la mise en œuvre d’un plan de transformation des services en santé mentale, des organisations syndicales déplorent le manque d’effectifs médicaux dans les équipes de travail et demandent au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) de déposer son bilan, prévu déjà depuis janvier.
Plusieurs personnes aux prises avec un problème psychiatrique sont «laissées à elles-mêmes», selon la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ), parce qu’elles doivent absolument avoir un médecin de famille pour consulter un psychiatre.


Michèle Boisclair, vice-présidente de la FIQ, a dressé un «sombre bilan» concernant les postes laissés vacants que devraient combler notamment les médecins de famille et les psychiatres.


Selon cette dernière, toutes les équipes des 12 centres de santé et des services sociaux (CSSS) du territoire montréalais sont incomplètes, à l’exception du CSSS Ahuntsic/Montréal-Nord, qui compte 48 intervenants.


À titre d’exemple, la FIQ révèle que le CSSS du Sud-Ouest/Verdun serait le plus mal en point, étant donné que seulement 50% des postes en santé mentale seraient comblés.


Selon le bilan, «les heures de disponibilité des spécialistes varient entre 1 à 14 heures par semaine» d’un CSSS à l’autre pour ceux qui ont besoin d’avoir accès à des services psychiatriques.


Cette situation a donc pour conséquence que «les délais d’attente sont vraiment plus longs», allant même jusqu’à un an avant d’obtenir un premier rendez-vous en psychiatrie. «Les personnes concernées se retrouvent donc plus souvent aux urgences ou dans les services de détention», a soutenu Mme Boisclair.


«La pénurie de médecins est là. Si vous n’en avez pas, ce n’est pas possible de faire un suivi par la suite», a-t-elle ajouté.


Contactée à ce sujet, Nathalie Lévesque, porte-parole du MSSS, a affirmé que l’équipe de direction en santé mentale fait actuellement le tour des régions pour rédiger le rapport, qui devrait être rendu public prochainement.
 
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Les psychiatres de la Réunion en grève
Publié : mardi 15 mars 2011


Le syndicat des psychiatres des hôpitaux appelle tous les psychiatres à participer ce mardi 15 mars aux différentes actions de protestation programmées et à se déclarer grévistes au moins pour une heure. Les représentants syndicaux donnent rendez-vous aux praticiens à 11 heures à l’Etablissement publique de santé mentale, pour une assemblée générale.
 
Le Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH) de l’Établissement Public de Santé Mentale de la Réunion appelle le personnel à cesser le travail ce mardi 15 mars. Au cœur des revendications : la création d’une "loi psychiatrie et santé mentale" pour une politique de soins cohérente et le refus d’un service psychiatrique uniquement basé sur l’aspect sécuritaire. Une assemblée générale aura lieu à 11h mardi matin devant l’EPSMR et un point presse sur le site de Cambaie. Tous les membres du personnel de la psychiatrie sont appelés à débrayer durant une heure au moins.
 
Les praticiens de l’île réclament la mise en place d’une loi qui permettrait une psychiatrie ouverte et moderne et "pas uniquement une réforme des hospitalisations sous contrainte" comme le prévoit la loi de 90. L’application de ce dispositif permettra de :
 
- mettre en place une politique sanitaire cohérente en envisageant globalement l’organisation des soins publics et libéraux sur le territoire, la législation des soins sans consentement, le management hospitalier pour la psychiatrie, l’articulation santé/ justice et sanitaire/ médico-social ;
 
- définir des objectifs sociétaux au système de soins psychiatriques, l’accès aux soins, le soulagement de la souffrance psychique, l’intégration, la citoyenneté, la déstigmatisation, le droit aux compensations du "handicap psychique".
 
Les psychiatres de la Réunion s’insurgent par ailleurs contre la psychiatrie "exclusivement sécuritaire". Ils veulent également réitérer son attachement à une loi purement sanitaire qui viendrait enfin délimiter le champ d’intervention des psychiatres et structurer leurs pratiques , dans le respect de leur éthique soignante ;
 
Le syndicat des psychiatres dénonce enfin le "casier psychiatrique", qui implique la prise en compte des "antécédents" de la personne dans les modalités de sortie.

Législation psychiatrie

18.08.2009
Mise à jour le 30.03.2010

Code de santé publique

Version consolidée au 27 juin 2009

Livre II : lutte contre les maladies mentales

Sommaire détaillé :

TITRE Ier : Modalités d’hospitalisation

  • Chapitre Ier : Droits des personnes hospitalisées (art L3211 et suivants)
  • Chapitre II : Hospitalisation sur demande d'un tiers (art L3212 et suivants)
  • Chapitre III : Hospitalisation d’office (art L 3213 et suivants)
  • Chapitre IV : Hospitalisation des personnes détenues atteintes de troubles mentaux (art L3214 et suivants)
  • Chapitre V : Dispositions pénales. (art 3215 et suivants)

    TITRE II : Organisation

    • Chapitre 1er : Sectorisation psychiatrique (art L3221 et suivant)
    • Section 1 : Définition et organisation technique des secteurs (art r3221 et suivant)
    • Chapitre II : Établissements de santé (art L3222 et suivant)
    • Chapitre III : Commission départementale des hospitalisations psychiatriques (art L3223 et suivant)

      Consulter la suite ici


Lune gibbeuse ou pleine, brune ou rousse, blanche ou noire, elle intrigue !
19 mars 2011



Vous l’avez vu tous les jours depuis une semaine, l’astre de nuit était présent durant la journée d’ailleurs cette photo a été prise à 14H le 16 MARS à Saint Martin. Cela s’explique du fait de la distance particulièrement ‘courte’ entre la terre et la lune dont la  position est au plus près de la Terre : périgée à 356 530 km

Ce soir, la lune sera non seulement pleine, mais apparaîtra aussi plus grosse de 14 % et plus brillante de 30 % que normalement.

La NASA rapporte la date de  1993 pour trouver une pleine lune aussi près de la Terre !

La légende de la lune :

On peut s’interroger sur le fait que l’association entre loup-garou et la Lune (symbole de chasse et du mystère) ne soit pas plus ancienne. Mais, au XVIIe siècle, lorsque l’on prétendait que les loups-garous envahissaient l’Europe, on préféra certainement croire qu’ils étaient les signataires de pactes avec Satan et le fruit d’obscures incantations de magie noire plutôt que les victimes involontaires de cycle lunaire.

Aujourd’hui, les loups-garous ont bien entendu rejoint le peuple des lutins dans les contes et légendes mais il faut croire que le mythe est tenace dans l’inconscient collectif puisque l’on croit encore que la pleine Lune modifie le comportement humain.

Cette conviction s’est révélée suffisamment forte pour pousser certains chercheurs à tenter de trouver une corrélation entre les cycles lunaires et les suicides, les meurtres ou les dépressions nerveuses. Certains intellectuels fantastiques ont même été jusqu’à nommer ce phénomène “l’effet Transylvanie”.

Du psychologique au physique

Mais les résultats de ces études, certes passionnantes, ont été jusqu’à présent peu convaincants. En 1978, un article paru dans The Journal of Clinical Psychiatry (Le Journal de la Psychiatrie clinique) intitulé Agressivité chez l’homme et cycle lunaire synodique a provoqué une volée de réactions en affirmant que “Statistiquement, il y a une augmentation des cas d’homicides et d’agressions au moment de la pleine Lune… On soupçonne l’existence d’un rythme biologique de l’agressivité humaine en résonance avec le cycle lunaire”.

Pour les scientifiques américains James Rotton, Roger Culver et Ivan Kelly, une simple “méta-analyse” de la littérature parue sur le sujet les a amenés à démentir cette idée toute faite. En 1996, ils ont publié un article dans la revue canadienne Skeptical Inquirer, titré The Moon Was Full and Nothing Happened (La Lune était pleine et il ne s’est rien passé). Selon les auteurs : “Les phases de la Lune ne représenteraient pas plus de trois centièmes de 1 % de la variabilité des comportements qualifiés de “folie”, un chiffre trop minime pour être d’une valeur ou d’une signification réelles. “

Une réserve confirmée par le spécialiste français en chronobiologie (science de l’étude des rythmes biologiques touchant les processus vitaux d’un organisme vivant), Marc Schwob. Pour l’auteur de l’ouvrage Être au top à chaque heure (Éditions Hachette, 1998), aucune enquête n’a pu clairement confirmer un effet de la Lune et les recherches les plus sérieuses rendent des résultats contradictoires. Il rapporte ainsi les résultats d’une étude américaine paris en 1967 : le suivi des maternités de New York entre 1948 et 1957 a démontré une recrudescence des naissances dans les jours précédents et suivants la pleine Lune. Uns seconde étude menée par le même auteur sur autant de nouveau-nées entre 1961 et 1963 montra une diminution des naissances durant la période de pleine Lune ! Bref, rien de bien concluant.

Concernant le nombre de crimes et le taux de suicides imputables à la pleine Lune, “il y a, selon Marc Schwob, une évidente contradiction entre les statistiques et ce qui est constaté chaque mois à cette période par les professionnels, notamment les policiers et les infirmières d’asiles psychiatriques”.

Mais si les nuits de pleines Lune sont redoutées dans les urgences et chez les personnels en charge de psychotiques, comment peut-on expliquer un décalage entre l’observation empirique et les données statistiques officielles ?

Pour la plupart des médecins, les statistiques sont menées sur des périodes trop courtes et sur des éventails de populations insuffisants. Ils assurent qu’il est inconcevable qu’un astre si proche ayant une incidence directe sur les marées ne puisse pas avoir d’influence sur la physiologie de l’être humain.

Quoi qu’il en soit, depuis des temps immémoriaux, en admirant cette splendeur d’argent par une nuit sans nuages, le cartésien même le plus ardent devra reconnaître que la Lune semble nourrir de sombres mystères qui ne se dissiperont peut-être pas au grand jour.

Profitons d’elle car la Lune réclame son indépendance. Des mesures effectuées au laser sur la distance Terre-Lune révèlent que le satellite s’éloigne progressivement de notre planète à raison de 3,8cm par an (soit un éloignement de 10 % de sa distance actuelle au bout d’un milliard d’années). Se sentirait-elle mal-aimée de la Terre ? Certainement pas puisque des milliers d’yeux se sont tournés vers elle lorsque, le 11 août 1999, elle s’est placée dans l’alignement du Soleil pour l’éclipser.

dimanche 20 mars 2011

Psychiatrie: le rapport qui accuse
18/03/2011
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté dénonce, dans un avis que s’est procuré «Libération», l’hospitalisation sous contrainte.
Par ERIC FAVEREAU

«Nous disons que tout cela est insupportable.» Les mots sont durs. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, est pourtant un homme posé, conseiller d’Etat de formation. Il va faire paraître au Journal officiel un avis sur l’hospitalisation d’office en psychiatrie (télécharger ici le document au format PDF), et une recommandation sur l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (télécharger ici le document au format PDF et lire cet article), deux textes que Libération a pu se procurer.

Constat terrible. Leur parution intervient au moment même où le Parlement débat d’un projet de loi qui vise à étendre encore les mesures de contrainte pour les malades mentaux. «Nous ne parlons pas dans le vide, argumente Jean-Marie Delarue. Depuis deux ans, nous avons visité plus d’une vingtaine de lieux d’hospitalisation psychiatrique. Ce ne sont pas de simples visites. Nous arrivons à l’improviste, nous restons, nous regardons tout.» Le contrôleur général des lieux de privation de liberté lâche : «Au regard des droits de l’homme, la situation est inquiétante et elle s’aggrave.» Avec, en arrière-fond, un mal typiquement français : le législateur fait des lois, mais les droits qu’elles sont censées garantir ne sont pas accessibles.


C’est sur la question centrale de l’hospitalisation d’office qu’a planché le contrôleur. En vertu de la loi de 1990, les préfets peuvent, sur le fondement d’un certificat médical, faire admettre à l’hôpital des personnes, contre leur gré, «atteintes de troubles mentaux et qui compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public». Cette mesure, supposée exceptionnelle, est appelée «hospitalisation d’office» (HO). Elle peut être renouvelée, sans limite de temps. «Le malade en sort lorsque le médecin psychiatre, qui estime la sortie possible, la propose au préfet, lequel décide ou non la mainlevée de l’hospitalisation d’office», note Jean-Marie Delarue.


Droits formels.
Le législateur avait donc recherché un équilibre, entre le médical et l’administratif.
Mais «aujourd’hui, quatre éléments mettent en cause gravement cet équilibre». D’abord, note l’avis, dans de très nombreux cas, les droits formels du patient ne sont pas respectés. Exemple : «On interdit la plupart du temps au malade d’avoir recours à un avocat. On lui dit, certes, qu’il peut saisir un juge, mais sans lui donner l’adresse, ni le lieu. Les formulaires qui lui sont fournis sont illisibles. L’accès à ses possibilités de recours n’est pas possible», s’étonne le contrôleur.


Deuxième point qui noircit le paysage de la psychiatrie : «C’est le grand retour de l’enfermement qui caractérise désormais ces lieux de soins.» Cela n’est pas sans aberration : dans un même service de psychiatrie, les patients en hospitalisation libre sont contraints de vivre comme les autres, c’est-à-dire reclus, «en totale contradiction avec leur situation», note Jean-Marie Delarue. «Les portes d’un nombre croissant d’unités hospitalières psychiatriques sont en effet fermées à clef. Les patients, qui sont là librement, ne peuvent sortir, même pour se promener dans un parc, ni pour se rendre dans une cafétéria, ou participer à un office religieux.» Et de préciser : «Ces restrictions ne sont pas sans incidence sur la vie des malades et sur les relations avec leurs proches.» En d’autres termes, la logique de l’enfermement tire tout le monde vers le bas.


Troisième point : les sorties d’essai. Depuis des années, c’était une pratique essentielle pour permettre à un patient en HO de commencer à se réhabituer à la vie hors les murs. Le médecin responsable signait alors un certificat, qui était ensuite, la plupart du temps, validé par le préfet autorisant la sortie. Depuis le meurtre à Grenoble en novembre 2008 d’un étudiant par un patient en fugue, les préfets ont peur. Une crainte renforcée par une circulaire de 2010, signée par les ministres de la Santé et de l’Intérieur, rappelant leur responsabilité directe. «Aujourd’hui, devant ces demandes de sortie d’essai, le préfet hésite, diligente une enquête de police. Les sorties d’essai se sont réduites comme peau de chagrin. Des malades, habitués à sortir régulièrement, en sont interdits.»


Attaché. Dans le même ordre d’idée, les levées de HO, décidées par le préfet, sur demande du médecin, sont de plus en plus difficiles. «Aujourd’hui, le préfet hésite, demande une expertise, mais il n’a pas d’argent pour la faire. Au final, cela traîne des mois, voire des années»,lâche Jean-Marie Delarue. Des patients sont ainsi retenus, sans aucune justification médicale. «Le préfet fait ce qu’il veut au nom d’arguties juridiques qui ne sont pas opératoires.»

Quatrième point : la situation des détenus qui bénéficient de l’article D 398, permettant à l’autorité préfectorale de placer un détenu en hôpital psychiatrique. Voilà des personnes incarcérées qui sont en crise. Le médecin de la prison demande qu’ils soient hospitalisés, et le préfet peut transformer leur incarcération en hospitalisation d’office. Mais là encore, c’est d’abord le parapluie que l’on ouvre. «Le préfet craint, par-dessus tout, l’évasion. Il traîne. Alors qu’il y a urgence, cela peut prendre jusqu’à deux semaines, alors que la personne est en crise aiguë.» Pendant cette crise, le détenu reste en cellule. Quand il arrive enfin à l’hôpital, il est mis systématiquement en chambre d’isolement, durant tout son séjour. Parfois, il est même attaché, sans discontinuer, pendant deux semaines. Résultat ? «On ne leur donne pas les soins appropriés à leur état, cela est absolument inadmissible. Nombreux sont ceux qui préfèrent retourner en prison, car en prison au moins ils peuvent avoir des visites, ou bénéficier de promenades.»


De fait, c’est tout un monde caché que fait entrevoir le contrôleur général, un monde où les droits élémentaires des personnes ne sont pas respectés. Et dans ce monde-là, «ce n’est pas tant la loi, quelle qu’elle soit qui est en cause, mais la réalité des pratiques», conclut Jean-Marie Delarue.

La préfecture de police dans le collimateur

Jean-Marie Delarue demande la fermeture de l’infirmerie psychiatrique rattaché au préfet.
Par ERIC FAVEREAU

C’est un immeuble banal. Quatre étages, une façade qui aurait besoin d’être rénovée. Sur un côté, un panneau indique : «Accès pour le public.» Mais il n’y a jamais de public. Dans le quartier, il y a peu de mouvement. Au bout de la rue vivait Georges Brassens.


Nous sommes devant le numéro 3 de la rue Cabanis à Paris. Accolée à l’hôpital Sainte-Anne, trône l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police (IPPP). Fermée à tous visiteurs. L’équipe du contrôleur général des lieux de privation de libertés est allée la visiter. Longtemps. Et pour la première fois dans l’histoire de ce lieu, ce représentant officiel, totalement indépendant, demande la fermeture de l’IPPP et son transfert dans une structure classique de soins. Une mesure hautement symbolique, car toucher à l’IPPP, c’est toucher à la sacro-sainte préfecture de police de Paris.


[Télécharger ici au format PDF l'avis du contrôleur général des lieux de privation de liberté et sa recommandation sur l'IPPP]


Agités.
Créé en 1872, l’IPPP est devenu un lieu mythique, sous la tutelle de la préfecture. C’est là que, via les commissariats de quartier, sont amenées des personnes interpellées dans la rue, pour leurs comportements agités ou violents. C’est le seul lieu de ce type en France : dans toutes les grandes villes, la personne arrêtée est soit incarcérée, soit transférée dans un hôpital pour décider d’une éventuelle hospitalisation d’office.


Chaque année, près de 3 000 personnes sont enfermées pour quarante-huit heures à l’IPPP. Sans la moindre présence d’un tiers. Elles sont examinées, traitées pour certaines, et parfois hospitalisées d’office. Dans sa recommandation, le contrôleur pointe l’extrême ambiguïté du lieu : «Sans remettre en cause la qualité intrinsèque avec laquelle les personnels de l’établissement exercent leurs fonctions, les contrôleurs ont vivement regretté la confusion des rôles résultant d’une tenue uniforme entre personnel de surveillance et personnel soignant.» Un peu plus loin :«Le dispositif entretient le doute sur la distance entre considérations d’ordre public et considérations médicales.» Enfin, surgit cette interrogation de bon sens : «Mais pourquoi l’appréciation compétente d’une situation pathologique a-t-elle des liens avec une institution de police ?»


Hospitalisation.
Dans ses réponses, la préfecture se défend, notant qu’elle prend en charge des patients violents. «Mais en tout état de cause, seuls 41% des patients sont placés après leur séjour dans l’établissement en hospitalisation d’office : par conséquent, tous ne sont pas violents», répond le contrôleur. Qui ajoute : «Les centres hospitaliers de droit commun assurent des prises en charge de même nature. A Paris, les hôpitaux accueillent un nombre bien supérieur d’urgences psychiatriques que l’IPPP.»


D’où cette conclusion : «Il est recommandé au gouvernement de mettre dès qu’il sera possible le transfert des moyens de l’IPPP au dispositif hospitalier de droit commun.»