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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 29 septembre 2010


Cannabis : polémique sur les tests salivaires
 
"Seul le contrôle sanguin permet de confirmer l'usage de stupéfiants", rappelle l'Académie nationale de pharmacie.

Les tests salivaires utilisés par les forces de l'ordre lors de contrôles routiers pour détecter l'usage de drogues, notamment de cannabis, sont-ils fiables ? Non, affirme l'Académie nationale de pharmacie. Oui, répond le ministère de l'intérieur.

Dans un communiqué daté de mercredi et repris par le site d'informations Slate.fr, l'Académie estime que "le seul test salivaire utilisé [depuis août 2008 par la police ou la gendarmerie] pour le dépistage du cannabis ne fournit pas les performances requises".

"Plusieurs études récentes ont montré que sa mise en œuvre est à l'origine d'un grand nombre de résultats faussement positifs ou faussement négatifs", dit encore l'Académie nationale de pharmacie, prévenant que "seul le contrôle sanguin permet de confirmer l'usage de stupéfiants".

PRISE DE SANG

Les recommandations de l'Académie font suite aux travaux d'un toxicologue du CHU de Poitiers, Patrick Mura, concluant que 10 % tests salivaires positifs au cannabis se révèlent en fait négatifs au moment de la prise de sang. Depuis août 2008, le test salivaire Rapidstat remplace ainsi sur les routes de France les tests urinaires utilisés jusqu'alors.

"Nous sommes parfaitement sur la même ligne que l'Académie nationale de pharmacie : chaque test salivaire positif est obligatoirement suivi d'une prise de sang et, sur l'ensemble de ces tests salivaires positifs, les prises de sang sont concluantes dans 90 % des cas", a répondu samedi un porte-parole du ministère de l'intérieur.

Pour les "quatre premiers mois de 2010, sur 11 105 dépistages de drogues, 37 % ont été positifs", avait déclaré début juillet, lors d'une opération de contrôle routier, Etienne Apaire, président de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt).
Héros contemporains et psychanalyse

Watchmen ou le super-héros humain ?
Par Nicolas

Watchmen est un roman graphique scénarisé par Alan Moore et dessiné par Dave Gibbons paru en 1986/1987. Une adaptation cinématographique, réalisée par Zack Snyder, est sortie au cinéma en 2009.

Nous sommes en 1985. Il est minuit moins dix sur l’horloge de la fin du monde. Une troisième guerre mondiale semble être imminente entre le bloc de l’est et le bloc de l’ouest.

En 1959 est apparu un être supérieur: le Dr Manhattan nait d’un accident. Un chercheur en physique nucléaire est désintégré. Il se restructure quelques mois après. Le Dr Manhattan semble être dans l’auto-engendrement, et l’humanité de l’ex-physicien semble disparaitre. Il est l’égal d’un Dieu: omniscient et omnipotent. Ce personnage va changer le cours de l’histoire : les États-Unis parviennent à remporter le conflit vietnamien, et Nixon est réélu sans difficulté jusqu’en 1985. Le Dr Manhattan ne semble plus ressentir les émotions et son implication dans le groupe de justicier “Watchmen” sera brève, tant le sens moral n’existe plus pour lui. Il sera rejeté par la société, l’accusant de tuer ses proches à cause des radiations qu’il dégage. Il est le seul héros à avoir des super-pouvoirs. Il a une relation avec le spectre soyeux, mais elle le quitte, apeuré par son inhumanité.

Les autres super-héros n’ont pas de pouvoirs, vieillissent et sont également rejetés par la société. Watchmen tente de montrer un visage plus humains des super-héros.

Le “comédien” décède dès le début de l’histoire. Il meurt après une altercation avec un inconnu: il est projeté à travers la fenêtre de son appartement, et chute du building. Le comédien est un personnage violent, qui ne semble pas avoir de remords: il tue une vietnamienne qu’il a mise enceinte, tente de violer la mère du spectre soyeux (nous comprendrons ensuite que le comédien est le père de cette dernière).

Le hibou est un passionné d’ornithologie. Son principal atout réside dans l’équipement qu’il a mis en place pour l’équipe des Watchmen. Il arrête ses activités de super-héros en 1977 dès l’instant où les super-héros sont interdits.  Il vit seul chez lui. Il reprend contact avec le spectre soyeux au début du récit. Elle semble redonner un sens à sa vie.

Rorschach est le fils non voulu d’une prostituée, et fut traumatisé par son passé d’enfant maltraité. Rorschach est violent et respecte les règles à la lettre. Il a une façon de parler particulière, et semble littéralement sentir la mort. C’est le seul à être rejeté de manière violente et incarcéré. Il porte en permanence un masque représentant des tâches noires symétriques (en perpétuelle mouvement), d’où son nom. Rorschach semble avoir une certaine problématique au niveau du moi-peau: il a de grande difficulté à se séparer de ses vêtements. Il décide de mener l’enquête sur le meurtre du comédien.

Le spectre soyeux est la fille de la première spectre soyeux, et du comédien. Elle a une aventure avec le Dr Manhattan, qu’elle quittera pour aller avec le Hibou. Elle est la seule femme, et constitue le lien entre tous ces hommes formant l’équipe des Watchmen. Elle a cependant une position assez passive dans l’histoire.

Enfin, Ozymandias est un homme mégalomaniaque (Son nom provient du pharaon Ramsès II). Considéré comme l’homme le plus intelligent du monde, il est le seul à donner sa véritable identité au grand public et produisit des produits dérivés à son effigie. Il a tué le comédien et décide de tuer des millions d’humains, en attribuant cette attaque à une espèce extra-terrestre afin qu’ils se regroupent tous face à un ennemi commun. Le bon groupe se constituant autour  d’un Autre inconnu.

Ce roman graphique s’articule autour du temps: une horloge est dessinée au début de chaque chapitre, s’approchant de minuit, l’heure de la fin du monde. Parmis ce panel de super-héros, des structures psychopathologiques se retrouvent, en passant d’un hibou névrosé réfléchissant au but  que sa vie prend, aux agirs psychopathiques du comédien, à la personnalité narcissique d’Ozymandias, ou encore le Docteur Manhattan et ses tendances psychotiques se détachant d’une réalité humaine.

Toutes ces personnalités relèvent la question des problèmes et des questions que peuvent se poser les supers-héros: que deviennent-ils après leur activité ? quelles limites peuvent se poser les super-héros lorsqu’on se sent tout puissant ? Quelle influence a cette notoriété sur le comportement? Est-on encore en contact avec la réalité ? Rorschach amène également la question qui est peu évoqué dans les comics : être détesté par l’autre.

Enfin, Watchmen se demande : “Who watch the Watchmen?”. La population est active et se manifeste face aux supers-héros, par contre elle semble être impuissante devant la fin du monde imminente. La fin du monde arrivera lorsqu’Ozymandias tuera des millions de personnes. De cette manière, les humains prendront en charge seuls leur destin. Cet événement  symbolise la rupture avec les super-héros.



VICHY
JUSTICE 

SAMEDI 25 SEPTEMBRE 2010

Tribunal : « Tout est dans le dosage ! »

Il s'était jeté sur une passante dans la rue et avait tenté de lui arracher sa culotte. Sans raison. De là à penser qu'il n'avait pas toute sa raison ?

Bruno n'est pas fou. Enfin pas complètement. C'est la médecine qui le dit. En des termes plus soignés. L'expert psychiatre qui l'a examiné l'a qualifié de débile léger et a conclu qu'il était responsable pénalement de ses actes. Tout en précisant que son discernement était « entravé » par ses pulsions.

Conséquence du diagnostic : il peut être jugé par un tribunal. C'est ce qui conduit Bruno à répondre de l'agression d'une passante, le 30 juillet 2009, dans une rue de Saint-Pourçain-sur-Sioule. Sans raison, il s'était approché d'elle, l'avait prise par l'épaule, avait relevé la robe et tenté d'arracher la culotte.

Bruno a répondu à la convocation. Accompagné de son frère qui est aussi son tuteur légal. Et d'un avocat. Il est présent physiquement. Mais semble ailleurs. Les yeux mi-clos, le teint livide, le regard dans le vague, la main gauche tremblante, cet homme de 44 ans en paraît au moins dix de plus.

« Vous vous souvenez ? », tente le substitut. Jusque là mutique, Bruno comprend soudain qu'on s'adresse à lui. Roule des yeux. Se retourne vers son avocat. Qui lui répète la question. « Non », répond-il après un moment d'hésitation. Le substitut n'insiste pas.

Un malaise s'installe. Le tribunal ne cache pas son embarras. Légèrement en retrait du prévenu, la victime a du mal à contenir son émotion. Elle n'a de cesse de triturer ses doigts. Ses yeux laissent deviner des larmes. On lui demande ce qu'elle réclame au titre de la partie civile. « Que cette personne ne ressorte plus de l'hôpital psychiatrique », marmonne-t-elle, timidement.

Plutôt que de se heurter à un prévenu emmuré dans sa pathologie, le président Labonne prend le temps d'expliquer à la victime les limites de la justice. « On ne contrôle pas la psychiatrie. Si le médecin considère qu'il peut vivre en dehors de l'hôpital, on n'y pourra rien. Vous pouvez seulement demander des dommages et intérêts ».

La marge de manœuvre du tribunal apparaît mince. La prison ? « Est-ce bien sa place ? », s'interroge le président. L'obligation de soins ? « Il a déjà fait tout ce qu'il fallait pour se soigner », souligne son frère. « La difficulté, relève également le juge, c'est que, dehors, c'est lui qui gère son traitement, sachant qu'il peut très bien oublier de prendre ses médicaments, sans même s'en rendre compte ».

La castration chimique ? « Ce pourrait être la solution la plus adaptée à son cas », suggère le président. « Encore faut-il que le traitement soit compatible avec son état de santé ». Et le frère d'observer : « Il a fait une occlusion intestinale il y a trois ans. Il ne supporte plus les médicaments ». « Tout le problème est dans le dosage. Quand on le baisse, ses pulsions reprennent le dessus, renchérit Me Laurent Gard. Et quand on l'augmente, on prend le risque de nuire à sa santé ».

« La justice est bien désarmée par rapport à ce genre de comportement », se désole le substitut du procureur. Il suggère une peine d'encadrement, soit un an de prison assorti d'un sursis et mise à l'épreuve et d'une obligation de soins. Le tribunal suivra ses réquisitions en fixant la période d'encadrement à trois ans. La victime a obtenu 800 ? de dommages et intérêts.

Bruno est ressorti du tribunal comme il y était entré. Mutique. Il a réintégré l'établissement psychiatrique où il est actuellement placé.

Jean-Pierre Ducros





La FIV n’altère pas le QI

Que les futurs parents d’enfants conçus par FIV se rassurent, leurs rejetons ont toutes leurs chances dans la vie. Contrairement à l’idée reçue selon laquelle ces enfants seraient moins performants que les autres, une équipe de l’Université de l’Iowa a même montré qu’ils l’étaient… davantage ! Dans cette étude dirigée par le Dr Bradley Van Voorhis, 423 enfants âgés de 8 à 17 ans et conçus par FIV ont été soumis à des tests scolaires. Leurs résultats ont été ensuite comparés à ceux de leurs camarades d’école, après appariement sur l’âge et le sexe.

Certains facteurs semblent améliorer les scores de performance cognitive, tels qu’un âge maternel élevé, un niveau d’éducation élevé pour les deux parents et un moindre taux de divorce. De plus, la méthode d’assistance médicale à la procréation ne semble pas avoir d’influence, qu’il s’agisse d’embryons congelés ou non, et quelle que soit la technique d’insémination. Pour expliquer leurs meilleurs tests, l’équipe du Dr Van Voorhis suggère que les parents d’enfants nés par FIV seraient plus âgés et auraient ainsi un niveau d’éducation supérieure à la moyenne.

Dr I. D.

« Human Reproduction », volume 25, numéro 10, 2605-2611.
Quotimed.com, le 24/09/2010

dimanche 26 septembre 2010





17 septembre 2010

Voile en tête : escale à Morgat - Crozon

Lundi, la 19ème édition de la régate Voile en tête est partie pour la première fois de Brest. En une semaine, ils vont parcourir plus de 80 milles nautiques. Cette régate est organisée par l'association sport en tête. Elle a été créée en 1964. Elle est composée de médecins, infirmiers en psychiatrie, ou personnels soignants des Esat (exemple : centre d'aide par le travail). Cette association a pour but de soigner et resociabiliser les malades. « On se sert du sport dans un but thérapeutique », nous informe Gérald Herhel. Durant l'année et grâce à cette association, les patients font du football, de la randonnée, mais aussi du ski. C'est pour la voile que cette fois ils sont réunis.
Voile en tête réunis 120 malades psychiques qui sont répartis en 19 équipages d'établissement hospitaliers français et un allemand. Les bateaux font entre 12 et 15 mètres. À bord, se trouvent 5 à 6 patients, 1à 2 infirmiers et 1 skipper. Les malades vivent en ville ou en appartement thérapeutique. Ils sont atteints de maladies mentales.
Avec leur maladie, ces personnes ont tendance à se refermer sur elles-mêmes. L'intérêt de la régate : durant une semaine, elles vivent dans un bateau? À un moment ou un autre, elles sont obligées de participer et de s'exprimer. L'idée de cette rencontre est également de « dédramatiser les idées sur la psychiatrie », nous affirme Herhel Gérald.
Mercredi soir, la régate à fait une escale au port de Morgat, ou ils ont été accueillis par le maire est ses conseillers. « Nous sommes fiers d'accueillir ici ce rassemblent fraternel » nous indiquait Daniel Moysan, le maire de Crozon. Ensuite, la remise des coupes a été effectuée. Le classement de la journée. 1er : Sisteron, 2ème : Rennes et 3ème : Cherbourg.
Ils sont repartis, jeudi matin à 11 h 30 vers Tréboul.






Société 25/09/2010
«Lorsque vous mettez un fou à l'isolement, ce n'est pas pour son bien»

interview (version longue)Roger Ferreri, psychiatre, s'exprime à l'occasion des «états généraux contre la nuit sécuritaire», à Villejuif.
Recueilli par Eric Favereau

[Ceci est la version longue de l'interview parue dans Libération du samedi 25/dimanche 26 septembre 2010.]

Roger Ferreri est une figure du milieu de la psychiatrie publique. Psychiatre, psychanalyste et chef d’un service de psychiatrie infanto-juvénile dans le département de l’Essonne, il est depuis le début un des membres actifs du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire. Et de ce fait participe au meeting, ce samedi à Villejuif contre les projets du gouvernment en matière de psychiatrie

Un débat court dans le milieu de la psychiatrie mais aussi chez les associations de malades pour souhaiter la judiciarisation dans les décisions de privation de liberté en psychiatrie, pour en finir avec les décisions actuelles relevant du préfet. Vous dites que c’est une fausse bonne idée.

Oui. Un certain nombre d’entre nous pense qu’il serait judicieux de proposer que la décision d’hospitalisation sous contrainte soit d’ordre juridique. Bien souvent une phrase résume cette position : pas de privation de liberté sans l’intervention d’un juge, car comme on dit, il est le garant à ce jour du contradictoire. D’abord, je constate que la privation de la liberté par la justice est quoi qu’on en dise toujours de l’ordre de la punition. Le malade mérite-t-il d’être inclus dans ce modèle de la punition? Est-ce cela que l’on veut ? Surveiller et punir. De plus, pour moi, la contrainte n’est pas un soin.

Oui, mais c’est toujours mieux que l’arbitraire d’une décision administrative….


C’est ce que j’entends. On pointe qu’à présent, la décision d’hospitalisation sous contrainte est prise par le préfet, que c’est donc l’Etat, et donc au final, politique. Or, quand la décision est ainsi administrative et politique, en tant que psychiatre, je peux, moi, me battre contre ce pouvoir. A l’inverse que faire par rapport une décision de justice. Le juge, comment va-t-il faire ? Il va renvoyer aux experts. Un expert dit toujours plus à partir de toujours moins. La justice passe par l’expertise. Il me semble que lorsque que l’on est psychiatre, on peut se battre contre une décision d’un préfet, en tout cas beaucoup plus que contre la vérité de l’expert ou de la justice. Avec le préfet, la divergence d’intérêts nécessaire entre l’acte de soins et la société peut s’exprimer. Avec un juge, on ne peut pas.

C’est à dire ?


Avec le juge, on va dire que c’est objectivement pour leur bien. On va dire que c’est la vérité de la Raison contrôlée par la vérité judiciaire, une affaire bien bouclée ne laissant pas beaucoup de place à la dispute. Cela m’inquiète, car nous ne sommes pas loin d’un discours de bon colonialisme. Ces gens sons fous, il faut que l’on pense et décide à leur place. Et on se va débrouiller pour les protéger. En fait, on se protège, nous, mais on ne les protège pas. La justice doit protéger des hospitalisations abusives, les textes actuellement en vigueur le permettent, ce n’est pas pour autant que les patients sont informés de leurs droits quand ils sont hospitalisés, comme cela devrait être. Je le redis, la contrainte n’est pas du soin, c’est une décision de la société. Je pense que la société a le droit de se protéger. Cela étant, lorsque vous mettez quelqu’un dans une chambre d’isolement, vous n’avez pas le droit de penser que c’est pour son bien, ou pour endiguer son morcellement psychotique. On le fait, parce que l’on ne sait pas quoi faire d’autre. Hospitaliser quelqu’un sous contrainte parce que c’est cela qu’il fallait faire n’ouvre pas du tout les mêmes possibles que de se résigner à le faire. Un même acte isolé, certes, mais qui ouvre sur deux espaces de soin tout à fait différents tant pour la relation avec le patient que pour la dynamique institutionnelle.

Mais peut-on s’en contenter?


Il faut rester dans l’inquiétude, pas une inquiétude passive, bien au contraire une inquiétude qui engage l’acte du coté de l’implication des soignants et non pas du coté de l’effectivité du droit ou d’un bien-faire préétabli. Tout acte se supporte d’un point d’arbitraire, on ne peut pas dire et agir comme si cela avait été écrit par avance. La folie représente pour nous ce que l’on ne peut pas partager. Michel Foucault disait que c’était le temps du partage «du partage lui-même» que la folie ne cessait de réinterroger et qu’il convenait de ne pas évacuer cette interrogation sous couvert des sciences de l’homme. L’homme dans son humanité ne peut pas être réduit au simple objet de lui-même sauf à promouvoir la figure du savant ivre de pouvoir qui rêve de diriger un monde où l’homme ne serait plus qu’une analogie d’humanoïde. Il est heureux que la folie s’origine dans un savoir populaire, un savoir insu que nous possédons tous et qui fait surgir en nous le terme de folie quand nous rencontrons quelqu’un qui prend en défaut les bases de notre signification. La psychiatrie n’existe qu’après ce savoir. Malheur à nous, si nous en arrivions à demander à la psychiatrie d’effacer les limites qui bornent nos échanges de sens pour construire une folie produite par la connaissance d’un homme normal. Nous quitterions le monde de la raison comme fiction politique pour entrer dans celui de la raison comme norme. Cela s’appelle la normalisation, l’histoire nous a montré que le droit n’y résiste pas, étant lui-même normalisé. Il faut nous rendre à l’évidence, la joie de voir le mur de Berlin tombé ne doit nous empêcher de prendre au sérieux qu’il est plutôt tombé du mauvais coté.

Mais les familles ont plus confiance en la justice que dans les psychiatres…

Elles n’ont pas tout a fait tort quand on voit l’état actuel de la psychiatrie et les difficultés qu’elles rencontrent pour qu’un de leurs proches soit honorablement suivi. La psychiatrie souffre d’un manque sensible de moyens, mais cela ne suffit pas pour explique la situation actuelle, elle souffre globalement aussi et surtout, aux équipes et personnes près qui continuent d’œuvrer coûte que coûte qu’il ne faut surtout pas oublier, d’un manque d’allant, d’une perte de savoir-faire, d’un désespoir reflet des angoisses de notre époque, bon nombre d’équipes se réfugient dans la plainte et le renoncement plutôt que de combattre avec protestation.

Néanmoins, pourquoi des associations de familles, d’anciens psychiatrisés enfourchent-elles la judiciarisation et la proposition de soins sous contrainte en ambulatoire ? La continuité de la contrainte hors le temps hospitalier est présentée par le gouvernement comme la continuité des soins. Régression, Illusion, Imposture avons-nous répondu au groupe des 39 contre la nuit sécuritaire. Régression parce que nous retournons au modèle d’avant la Révolution française qui avec Pinel avait pris pour parti de refuser la contention. Illusion parce que les patients essaieront de se soustraire à cette obligation et risquent fort d’augmenter les SDF. Illusion encore parce que cela ne peut que désimpliquer encore plus bon nombre de psychiatres devant les cas difficiles qui se cantonneront à prescrire et menacer pour s’en débarrasser au plus vite. Imposture qui installe une tromperie où la menace remplacerait à elle seule les moyens et l’élan à redonner aux équipes.

Cela étant dit je peux me risquer à faire une hypothèse qui témoigne de  représentation, c’est-à-dire de parler à la place d’au moins un autre. Pourquoi espérer de la judiciarisation, de la contrainte aux soins quand on représente les familles ou les psychiatrisés ? Ici cet autre ne peut qu’être représenté, au moment de sa folie, celui qui la subit n’a pas voix au chapitre ou s’il a voix au chapitre c’est qu’il est alors entendu hors sa folie. Au moment de sa folie la personne qui en souffre n’est pas usager de la folie. Nous sommes confrontés à une étrange casuistique où celui qui est touché dans sa proximité personnelle ou fraternelle propose une amélioration en vue de l’espoir de «guérison» qui deviedra disparition de la personne au nom de laquelle il s’est mobilisé. Ce que je dis n’est pas une critique
mais un simple avertissement bien moins compliqué que dans la réalité, où il nous faut mettre au travail nos utiles divergences. Eux ils ont le droit de penser comme des défroqués parce qu’ils n’ont pas choisi de quitter un statut. Les psychiatres qui se prononcent pour la contrainte aux soins en ambulatoire n’ont quant eux aucune excuse de cet ordre. Il faut toujours passer par le conflit, la tension. Le pire, c’est quand tout s’éteint. Maintenir les tensions, c’est maintenir quelque chose qui
se prête à discussion. Tenir la place du psychiatre, c’est considérer que l’on intervient dans une tension, dans un conflit où rien ne va.
Cette tension n’est pas faite pour être réglée, mais pour ouvrir des possibles.

Vous dites, aussi, que se focaliser sur ce débat de la loi est un débat écran ?


Le problème, aujourd’hui, avec ce que j’appelle le néolibéralisme, c’est l’isolement des personnes, les unes avec les autres. Le néolibéralisme éclate, isole. Le dernier résistant à l’isolement, ce sont, peut-être, les fous. C’est ce qui résiste à tout modèle. Les faire rentrer dans une norme, c’est cela la politique de Sarkozy. C’est l’effet le plus destructeur de la situation actuelle. L’important, c’est que le fou reste dans la question de la singularité, et non pas enfermé dans une cohorte. Le fou n’est pas un personnage au sens où personnage désignerait ici une offre socialement repérable qu’elle soit d’ailleurs bien ou mal. Le lien social consiste à partager ce que nous ne pouvons pas dire d’absolu et de définitif sur nos vies. Que cela disparaisse et la folie se fait jour. En un sens on peut dire que nous n’avons trouvé mieux que les fous pour incarner la folie. L’important aujourd’hui n’est pas de parfaire le modèle de la contrainte. La question, qui se pose donc n’est donc pas d’améliorer, ni de rendre plus efficace les modalités de placement sous contrainte, mais de mettre en place les conditions politiques et pratiques du dépérissement de leur utilisation en promouvant un accueil de la folie qui soit aussi, dans le rapport à chacun, une disposition pour ne pas dire un fait de civilisation.



24.09.10

L'art brut obtient enfin un espace permanent dans un musée français

La réouverture du musée de Villeneuve-d'Ascq, dénommé désormais LaM, le 26 septembre, est un événement pour la métropole lilloise. Elle est d'autant plus marquante que les travaux d'agrandissement, qui ont duré quatre ans, répondent à une décision que l'on pourrait dire historique sans exagération. Pour la première fois en France, un musée d'ampleur nationale, financé et géré par des institutions publiques, présente une collection de cet art que l'on dit "brut" depuis que Jean Dubuffet a popularisé le terme.

Aux Etats Unis, on dit plutôt "outsider art" pour désigner ces créateurs dont le seul point commun est de n'être passé par aucune école d'art. Certains étaient ou sont enfermés dans des asiles.
D'autres ont vécu dans leur ferme, un pavillon de banlieue ou un coron. Les uns dessinent, les autres sculptent, beaucoup assemblent. Tous sont mus par le besoin de s'exprimer, hors de tout système artistique. Leurs travaux sont parfois admirables et, toujours, d'une singularité inexplicable.

Le monde de l'art a commencé à s'intéresser à certains de ces outsiders - ceux des asiles, les fous selon le vocabulaire du temps - il y a un siècle. Les premières collections, ont alors été réunies par des médecins aliénistes. Des artistes (Klee, Kandinsky) et des poètes (Breton, Eluard) ont été sidérés parce qu'ils y ont découvert. Après la Seconde guerre mondiale, Dubuffet s'est saisi du sujet, a fait de cet art brut une arme contre les artistes professionnels et a constitué une immense collection. Elle est visible à Lausanne, ville à laquelle Dubuffet l'a donnée en 1971. A cette époque, aucun musée français ne la jugeait digne d'être accueillie.

Il a donc fallu attendre trente-neuf ans de plus pour qu'une autre collection, celle de L'Aracine, soit exposée de façon permanente dans un musée et dans des salles conçues pour elle. L'Aracine est une association franco-belge créée en 1982 sans grands moyens par deux amatrices, Marguerite Lommel et Claire Tellier, et un artiste, Michel Nedjar. En 1984, ce qu'ils avaient réuni s'ouvre au public dans 70 m2 à Neuilly-sur-Marne. En 1986, la Direction des musées de France s'y intéresse enfin et suggère à L'Aracine de déposer sa collection au musée de Villeneuve-d'Ascq. En 1999, L'Aracine donne à celui-ci ses 3 500 oeuvres dont environ 400 seront exposées en permanence. C'est donc pour elles que l'architecte Manuelle Gautrand a ajouté 3 200 m2 au bâtiment initial.

Cette reconnaissance muséale, si elle est tardive, est réussie. Étant donné la variété des supports, des matériaux et des dimensions, il fallait des salles assez vastes pour que l'on puisse circuler autour des vitrines qui protègent les pièces sculpturales. Il fallait un accrochage assez au large pour que des manières de peindre ou dessiner extrêmement différentes ne se cognent pas les unes contre les autres. Et, parce que l'ordre chronologique a peu de sens pour des oeuvres qui ne s'inscrivent pas dans la succession habituelle des mouvements et des avant-gardes, il importait que la circulation soit libre : que le visiteur ait le sentiment de roder et la chance de se perdre. Sur ces points, le travail de Manuelle Gaudrand, en liaison avec les conservateurs chargés de cette collection, est exemplaire. Il privilégie la fluidité, ménage des surprises et respecte la singularité de chaque créateur.

Quelques personnalités sont, depuis longtemps, des figures célèbres. C'est particulièrement le cas d'internées et internés, Aloïse Corbaz dont est présenté un rouleau dessiné aux crayons de couleur de 14 mètres de long, ou Adolf Wöffli, interné à 31 ans, mort à 66 après avoir couvert des milliers de pages de schémas et de cartes cosmiques. Pas loin de là, les statues et constructions de bois d'Auguste Forestier, enfermé pour avoir fait dérailler un train en 1914, démontrent une imagination plastique au-delà du surréalisme. On n'est pas moins pris au dépourvu par les dessins de Georgine Hu, qu'elle considérait comme des billets de banque.

La section des œuvres liées au spiritisme s'organise autour d'une suite de toiles d'Augustin Lesage, mineur devenu peintre. Possédé par les démons de la symétrie et de l'ornement, il est le virtuose absolu des diagrammes symboliques. Emile Ratier ou Theo Wiesen, hommes du bois que l'on taille, colle et cloue, ne sont pas moins imprévisibles que Pascal-Désir Maisonneuve, l'homme des coquillages, Jean Lefèvre, récupérateur de machines électriques, et André Robillard, qui fabrique obsessionnellement de faux fusils avec des débris de toutes sortes.

Des questions reviennent : comment cela a-t-il été possible ? Par quels cheminements mentaux et matériels ? En inventant quelles techniques ? La remarquable exposition temporaire, qui accompagne la réouverture, "Habiter poétiquement le monde", associe des artistes "bruts" à des plasticiens actuels. On en reparlera.

Lille métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut (LaM), 1, allée du Musée, Villeneuve- d'Ascq (Nord). Tél. : 03-20-19-68-68. De 7 € à 10 €. Sur le Web : Musee-lam.fr.

Philippe Dagen






LA PROFESSION DE PSYCHOTHÉRAPEUTE RÉGLEMENTÉE ?
23/09/2010

Voilà un décret du 20 mai 2010 qui veut organiser la profession de psychothérapeute. Cette profession n’était jusqu’à ce jour, ni réglementée, ni reconnue. Aucun diplôme spécifique n’était nécessaire pour poser sa plaque.

LE DÉCRET RELATIF À L'USAGE DU TITRE DE PSYCHOTHÉRAPEUTE


Voilà un décret (nº 2010-534 du 20 mai 2010) qui veut organiser la profession de psychothérapeute. Cette profession n’était jusqu’à ce jour, ni réglementée, ni reconnue. Aucun diplôme spécifique n’était nécessaire pour poser sa plaque.

Il existait cependant une loi adoptée en 2004 (nº 2004-806 du 9 août 2004) qui précisait que la conduite d’une psychothérapie nécessitait soit une formation théorique et pratique en psychopathologie clinique, soit une formation reconnue par les associations de psychanalystes. L’usage du titre était réservé à ceux qui se sont fait inscrire au registre national des psychothérapeutes. Mais les textes d’application ne sont jamais parus. Une nouvelle loi, en 2009, est venue préciser les choses (nº 2009-879 du 21 juillet 2009) et un décret du 20 mai 2010 vient d’être pris en application.

La loi de 2009 a repris les termes de la précédente en rajoutant des conditions de diplôme. Pour pouvoir exercer cette profession il faut avoir suivi une formation qui n’est accessible qu’avec un diplôme de niveau doctorat donnant le droit d'exercer la médecine en France ou d'un diplôme de niveau master dont la spécialité ou la mention est la psychologie ou la psychanalyse. Par ailleurs, des dispenses sont prévues pour les psychiatres et les psychologues. Enfin, la liste professionnelle est devenue départementale. Le décret est venu préciser tout cela. Malheureusement, sans doute mal rédigé, il pose plus de problèmes qu’il n’en résout.

L'inscription sur la liste départementale des psychothérapeutes est subordonnée à la validation d'une formation en psychopathologie clinique de 400 heures minimum et d'un stage pratique d'une durée minimale correspondant à cinq mois. L'accès à cette formation est réservée soit aux titulaires d'un diplôme de niveau doctorat, donnant le droit d'exercer la médecine en France soit un diplôme de niveau master dont la spécialité ou la mention est la psychologie ou la psychanalyse.

La première difficulté concerne le stage.
Celui-ci ne peut être accompli sur le lieu de travail de la personne en formation. Ce qui ne manquera pas de poser des problèmes aux stagiaires ayant déjà une activité professionnelle. Or nous savons tous qu’un bon psychothérapeute ne sort certainement pas de la faculté, mais qu’il a besoin avant tout d’une certaine expérience de vie. En outre, il devra être accompli dans un établissement de santé sans qu’il y ait comme condition qu’il porte sur une activité psychothérapeutique. Voilà un point qui va poser débat.

Autre difficulté, les formations nécessaires pour se prévaloir du titre de psychothérapeutes concernent avant tout la psychopathologie.
Et il y a manifestement une confusion dans l’esprit du rédacteur entre celle-ci et la psychothérapie. Rappelons que la seconde s’intéresse aux traitements et pratiques de soins, ce que ne fait pas la première qui étudie le psychisme humain. Il en résulte que cette formation à vocation pratique ne sera que théorique et n’apportera aucune garantie sur la maîtrise des techniques thérapeutiques dispensées. C’est pour le moins extrêmement regrettable, même si cette confusion est en partie corrigée dans le tableau des formations annexé au décret. Une meilleure rédaction aurait eu le mérite d’éviter aux juristes d’avoir à vérifier que le contenu des formations correspondra bien aux exigences de la loi.

Il faut noter que les psychiatres sont dispensés et de formation finale et de stage, que les psychologues cliniciens auront respectivement 150 heures et deux mois à faire, les médecins non-psychiatres, 200 heures et deux mois, les psychologues non cliniciens, 300 heures et cinq mois de stage, les psychanalystes, 200 heures et deux mois.
Là encore, une rédaction hâtive va poser une difficulté. Le terme de psychologue clinicien est employé sans être défini.
Or si le terme de psychologue est défini par la loi, et qu’il est attribué à tout professionnel détenant un Master 2 professionnel de psychologie, aucun texte n’indique ce qu’il faut entendre par clinicien. Peut-être a-t-on voulu faire référence aux textes réglementant l’accès des psychologues à la fonction publique hospitalière. En effet pour pouvoir être titulaire de cette fonction il faut avoir un DESS (master 2 professionnel aujourd’hui) dit de « psychologie clinique » et défini par différents textes (décret du 31 janvier 1991 et du 22 avril 1994). Malheureusement d’une part ces textes ne font pas référence à la notion de psychologue clinicien, qui n’est qu’une construction d’usage, de seconde part le décret du 20 mai 2010 ne vise pas ces textes. Au surplus cette distinction entre deux catégories de psychologues est contraire à la loi, puisque l’article 52 de la Loi n°2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique fait état seulement des personnes autorisées à faire usage du seul titre de psychologue dans les conditions définies par l'article 44 de la loi n° 85-772 du 25 juillet 1985.

Les établissements dispensant la formation finale seront agréés par l’Etat suivant un cahier des charges national et après avis d’une commission régionale spécialisée, désignée par l’Agence régionale de santé et comprenant au moins deux professeurs d’université en psychiatrie, psychologie, ou psychanalyse, les autres membres devant représenter ces trois activités.

Des dispositions transitoires, sommes toutes assez classiques sont prises pour tenir compte des situations acquises. Les professionnels justifiant d'au moins cinq ans de pratique de la psychothérapie

De même, il est surprenant de voir que les psychanalystes, dont la profession n’est pas réglementée, le titre pas protégé, avoir les mêmes privilèges que les médecins ou psychologues. Il est vrai que le décret prévoit que ne peuvent bénéficier de la dispense partielle prévue pour les psychanalystes que ceux d’entre eux qui sont enregistrés sur les annuaires de psychanalystes. Mais comme rien ne réglemente lesdits annuaires… Alors à quand une réglementation réelle pour la psychanalyse ?

En définitive, voilà une mesure voulant assainir une profession, qui pose plus de problèmes qu’elle ne va en résoudre.

DAURIAC Eric
Avocat - Limoges (87)




120 ans d'histoire de la psychiatrie

L'hôpital est le miroir de l'évolution du traitement de la maladie.








Bernard Antoniol et Marc-Louis Bourgeois,
mémoires de Charles-Perrens
PHOTO CLAUDE PET

On enfermait les fous à Château-Picon. Asile public des aliénés de Bordeaux. En 1890, il n'accueillait que des femmes, les hommes eux, étant internés à Cadillac. « On les gardait, on les nourrissait, on les protégeait du monde extérieur et… on les observait », raconte le professeur Marc-Louis Bourgeois, neuropsychiatre et docteur en psychologie. « C'était les balbutiements de la psychiatrie, une première révolution, grâce à Esquirol, médecin aliéniste qui a pensé le premier traitement moral. L'établissement devait tenir compte des théories psychiatriques. Déjà, les patients étaient protégés depuis 1800 et Philippe Pinel, qui distingua les malades mentaux des malfaiteurs, prostitués et mendiants. »

Balnéothérapie

Les traitements ? Bernard Antoniol, chef du service psychiatrie adulte, médecin à Charles-Perrens depuis 1973, se frotte le menton. « S'occuper d'eux était en soi un traitement. Il n'y avait pas de médicament avant le début des années cinquante. On essayait tout et surtout la balnéothérapie. Eau froide. Dans les années 30, la psychiatrie a connu des expérimentations, l'électrochoc, la lobotomie ou les injections d'insuline afin de provoquer des comas hypoglycémique ont été anecdotiques. Mais font partie du fantasme. La psychiatrie a toujours été une médecine complexe et fascinante. Une médecine de l'âme… »

Les gens vivaient et finissaient leur vie derrière les murs de l'asile. Conçu comme un lieu clos, fermé du monde et presque en autarcie. On cultivait les terres. Les médecins vivaient dans l'enceinte de l'hôpital, leurs enfants étaient gardés par des malades, lesquels faisaient leur cuisine ou le ménage. Les familles riches louaient une maison à l'un des leurs, atteint par une maladie psychiatrique. Ce dernier arrivait avec ses propres domestiques.

Après la guerre
« La rupture, les premiers changements sont intervenus après la dernière guerre, reprend Bernard Antoniol. Des médecins, choqués par les camps de concentration, ont réfléchi à cet enfermement et ont voulu ouvrir les portes. Cela a parfaitement coïncidé avec l'arrivée des psychotropes. Les médicaments ont été une révolution. Et on a pu commencer à envisager la sortie de certains patients. »

Dans les années 1970, l'ouverture de l'hôpital psychiatrique a été accompagnée par la sectorisation. Délocalisation de petites antennes de soins dans des secteurs géographiques. L'hôpital est allé vers le patient avec tout un dispositif.

« Pourtant à Charles-Perrens, les sœurs ont laissé la place à des médecins, mais beaucoup de gens passaient encore leur vie ici, poursuit Bernard Antoniol. J'en ai connu. Paulette, une patiente internée à l'âge de 8 ans, est sortie la première fois de l'enceinte à 38 ans. Elle ne connaissait rien du monde extérieur, il a fallu lui apprendre tout. Et Marie-Louise, internée à l'âge de 20 ans, alcoolique, elle a fait la soupe aux internes jusqu'à la fin de sa vie. Elle est morte âgée, ici. »

Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les murs, s'ils sont toujours debout - les Bâtiments de France ont interdit qu'on y touche - laissent filtrer le monde extérieur. L'air circule, les malades étaient 1 500 jusque dans les années 70, ils sont 500 aujourd'hui, et les séjours sont beaucoup moins longs.

Pour autant, Charles-Perrens fiche encore la trouille. La folie et ses représentations. « Tout le monde a peur peut-être, mais c'est très ambivalent, note Bernard Antoniol. 25 000 patients sont vus ici dans l'année. Au moins une fois. On traite en urgences les chagrins d'amour, les ruptures, les disputes, le blues. Et la cellule d'urgence médico psychologique est alertée au moindre événement un poil médiatique… »

Le Professeur Bourgeois, signale que la médecine du cerveau sera présente dans l'enceinte de l'hôpital sous peu. « Il y a du chemin à parcourir… »

samedi 25 septembre 2010




L’humour : Considérations psychanalytiques   
Issa ASGARALLY

09/23/10

L’humour dans l’oeuvre de Freud (Editions Two Cities, 160 pages) est le recueil des interventions de plusieurs psychanalystes au séminaire organisé par S.A. Shentoub à l’Institut psychanalytique de Paris.

Les participants se sont penchés avant tout sur les deux textes de Sigmund Freud qui traitent de l’humour : Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient (1905) et L’humour (1927). Nous n’examinerons ici que trois de ces interventions. A commencer par l’Introduction de S.A. Shentoub qui se demande ce qu’est vraiment l’humour pour le maître de Vienne.

Ce n’est ni une forme de phase maniaque qui succède comme défense contre la mélancolie, ni une forme de défense contre la dépression, et encore moins une sublimation au sens créateur du terme. S.A. Shentoub privilégie le point de vue économique. Pour Freud, l’humour n’est possible qu’à la condition que la coexcitation ne soit pas débordante en quantité. Cela rappelle à S.A. Shentoub une histoire qui démontre que Freud était capable de faire de l’humour aux moments les plus tragiques de sa vie. En effet, lorsqu’en 1938 Marie Bonaparte eut payé la rançon que réclamaient les Nazis, Freud fut autorisé à émigrer avec ses biens mobiliers, ses «statuettes», ses documents, etc. Avant la mainlevée, des fonctionnaires zélés et méticuleux de la Gestapo vinrent faire l’inventaire de ses possessions. Freud, après avoir lu le bordereau d’inventaire le signa, puis ajouta : «Pour la méticulosité, je ne peux que chaudement recommander la Gestapo !»

Dans l’intervention de Christian Bury, Freud et l’humour, l’accent est mis sur l’humour comme réponse au tragique, du moins dans certaines limites et on trouve cet extrait du «Mot d’esprit… » : «On peut acquérir quelque lumière sur le déplacement humoristique en le considérant sous l’angle d’un processus de défense. Les processus de défense sont les équivalents psychiques des réflexes de fuite et sont destinés à empêcher l’éclosion du déplaisir qui dérive de source interne. »

Plus loin, Christian Bury (CB) aborde l’incontournable question d’ordre économique. Pour le mot d’esprit comme pour l’humour, écrit-il, Freud soutient que le ressort dynamique de leur pouvoir réside en une économie d’énergie rendue possible par la levée momentanée d’un refoulement, d’une inhibition. «Il y a un court-circuit temporaire rendant pour un instant inutile l’effort nécessité par la défense, d’où économie au sens ‘avaricieux’ du terme : l’énergie épargnée se dépense alors librement, devenant source de plaisir.»

CB écrit que Freud nous dit dans son article sur l’humour que le bénéficiaire de ce dernier, l’auditeur, ressent un pareil effet dans deux cas distincts : lorsque l’auteur commet l’humour aux dépens d’un tiers, et lorsqu’il obtient le même effet à ses propres dépens. On sait que l’exemple qu’il cite pour illustrer ce dernier cas est celui du condamné à mort qui monte, un lundi, sur l’échafaud en disant : «Voilà une semaine qui commence bien

Selon CB, il serait peut-être plus proche, dans le fond, qu’on imagine un humoriste prêtant ce mot à un condamné à mort, plutôt qu’un condamné le faisant lui-même. Il suffi t de rappeler ce que montre l’expérience en pareils cas. Et en examinant plus précisément le mécanisme de l’humour dans cet exemple, CB souligne : «Pour qui a inventé l’histoire, cette invention en soi représente un triomphe bref et dérisoire sur l’idée de la mort : la pensée qu’un homme – notre semblable, à qui l’on s’identifie – puisse avoir ce détachement dans l’instant suprême, est en soi une victoire de notre toute-puissance imaginaire, infantile, sur notre destin. Pour l’auditeur, l’effet est le même par identification du ‘héros’, dans lequel nous retrouvons notre Moi en position infantile avec les yeux que nous avons pris, pour un instant, au Surmoi : on peut penser ou on a pu penser triompher de la mort !»

L’intervention de Jean Fanchette (JF), Passerelles sur l’humour ou l’emboîtement des instances, sous la forme d’un post-scriptum, se voudrait réseau de pistes de réflexion. Il se demande pourquoi Freud s’est tant intéressé à des histoires de marieurs. Il en cite une : Un prétendant fort désagréablement surpris de la fiancée qu’on lui présente, prend le marieur à part et se plaint à son oreille : «Pourquoi m’avoir amené ici, lui dit-il sur un ton de reproche, elle est laide, vieille, elle louche, a de vilaines dents et les yeux chassieux…» «Vous pouvez parler à haute voix, interrompt le marieur, elle est de plus sourde.» Pour JF, ces histoires renvoient peut-être au marieur en Freud lui-même ! Il rappelle que Freud avait fantasmé sur l’idée d’un mariage avec la fille de Charcot, le Père, le découvreur idéalisé, et qu’il avait songé à donner en mariage une de ses filles à Ferenczi, un de ses disciples favoris. Freud marieur, voilà un intéressant sujet d’étude, ajoute JF ! La lumineuse conclusion de l’ouvrage, on la doit également à Jean Fanchette : «Mais l’humour qui est le rire désespéré de la lucidité (lucidité = «la blessure la plus proche du soleil», pour René Char) agit comme le curseur d’un potentiel de lutte d’un individu pour assurer sa maîtrise sur les aléas du destin et les espaces de manoeuvre que laisse l’existence au quotidien.»

Visible d’abord comme le signe d’un triomphe de l’esprit, dit-il, l’humour est, on le voit, plus complexe et ses vibrations résonnent encore, longtemps après que le mot d’esprit a lancé et épuisé ses salves, car sa nature essentielle est d’être ambigu, fait d’opacité et de transparence.

Par Issa ASGARALLY

23 septembre 2010

La lobotomie utilisée par des psychiatres danois sur des handicapés mentaux jusqu’en 1983

De nombreux Danois handicapés mentaux, y compris des enfants, ont été lobotomisés entre 1939 et 1983, et plusieurs sont morts lors de cette opération, raconte jeudi dans la presse Jesper Vaczy Kragh, historien de la médecine danoise qui s'apprête à publier un livre « L’incision blanche » à ce sujet.

La lobotomie est une opération chirurgicale du cerveau qui consiste en une section ou une altération de la substance blanche d’un lobe cérébral. Elle est désormais interdite dans de nombreux pays. La lobotomie fut pratiquée en psychochirurgie dès les années 1930 dans le but de traiter les maladies mentales telles que la schizophrénie, l’épilepsie et même les maux de tête chroniques.

Le Danemark, royaume de la lobotomie


Au total, entre 1939 et 1983, date à laquelle la lobotomie a été interdite au Danemark, ce sont environ 4.500 Danois qui ont subi cette opération, selon les chiffres officiels. Ce qui fait du Danemark le pays ayant pratiqué le plus de lobotomies par rapport à sa population et au nombre de patients internés. Mais on ignorait jusqu'à présent que les handicapés mentaux en faisaient partie. « Ce qui s'est passé dans le milieu des handicapés mentaux était en fait pire que dans la psychiatrie », souligne-t-il, faisant référence « aux nombreuses opérations sur les enfants dès l'âge de 6 ans », même si leur cerveau « n'était pas complètement développé ».

Les femmes étaient plus souvent lobotomisées que les hommes. Et il était courant que ces opérations tournent mal, laissant les patients lobotomisés pour morts, épileptiques ou revenus à l’état d’enfant, frappés d’apathie et repliés sur eux-mêmes. « On ne comptait pas pouvoir les guérir complètement, mais les pacifier (...) voire améliorer leur état », souligne Jesper Vaczy Kragh dans le quotidien chrétien Kristelig Dagbladet.

Malgré l’avènement, au milieu des années 50, des premiers neuroleptiques, premiers médicaments efficaces en psychiatrie, et l’usage croissant des électrochocs, la lobotomie continua d’être pratiquée jusqu’à son interdiction complète en 1983.

Le ministre de la Santé Bertel Haarder a jugé essentiel de mettre en lumière ce chapitre inconnu de l'histoire. « Il s'agit de gens (médecins) hautement éduqués qui portaient atteinte à des personnes sans défense sans être certains d'obtenir le moindre résultat positif », dénonce-t-elle dans le journal.

E.J.






Inauguration de l’emblématique Institut du cerveau


L’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), qui ouvrira à la mi-novembre, a été inauguré ce vendredi, dans l’enceinte de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, en présence de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot et de la secrétaire d’État chargée des Aînés Nora Berra. À terme, 600 chercheurs, français et internationaux, ingénieurs et techniciens, travailleront dans ses 22 000 m2 de laboratoires et de services techniques.

« C’est un pari qui va réussir », disent les scientifiques qui portent le projet, les Prs Gérard Saillant, Yves Agid et Olivier Lyon-Caen. L’ICM est une fondation privée reconnue d’utilité publique le 13 septembre 2006 et bénéficie donc d’un double financement. Ce qui devrait, selon ses fondateurs, insuffler à la recherche plus de souplesse et de réactivité et faire souffler l’esprit« entrepreunarial ».

Côté public, l’AP-HP, qui a donné le terrain, la région Île-de-France, qui a mis des fonds importants, des ministères, la ville de Paris, l’INSERM, l’université Pierre-et-Marie-Curie. Côté privé, les dotations sont fédérées par Lindsay Owen-Jones, président de L’Oréal, et David de Rothschild. Ils ont récupéré à ce jour quelque 30 millions d’euros et 10 millions d’euros d’engagements. Le monde du sport fait partie des donateurs, notamment la Fédération internationale de l’automobile et le pilote Michael Schumacher. Pour l’appel aux dons, Luc Besson a produit un petit film où joue Jean Reno.

« Cet institut est un exemple emblématique de ce que doit être la recherche française pour le président de la République », a souligné la ministre de la Santé. Soulignant le hiatus qui existe encore trop souvent, selon elle, entre les résultats d’une recherche et son application au malade, elle a annoncé qu’elle avait décidé « d’orienter encore plus résolument les recherches financées par le ministère de la Santé vers la comparaison des stratégies diagnostiques et thérapeutiques, au plus près des patients, dans des conditions de pratique courante, au moindre coût, ce que les Américains appellent la "comparative effectiveness research" ».

› RENÉE CARTON


Quotimed.com, le 24/09/2010






LES FRANÇAIS ET LEUR SYSTÈME DE SANTÉ

Explosion du renoncement aux soins


Le « Baromètre Cercle Santé-Europ Assistance » met en évidence un boom du renoncement aux soins en France ou près d’un quart de la population affirme avoir en 2010 au moins une fois abandonné ou remis à plus tard la possibilité de se soigner. Pour des motifs économiques.

EN GUISE d’introduction à leur seconde « Convention on Health Analysis ans Management » (CHAM 2010), réunie le week-end prochain à Chamonix, le Cercle Santé et Société, que préside le Pr Guy Vallancien, et le groupe Europ Assistance publient l’édition 2010 de leur « Baromètre ». Les pratiques et les attentes en matière de santé des ressortissants des États-Unis et de sept pays européens (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Suède, Pologne et Autriche) y sont décortiquées – au total, 3 600 personnes de 18 ans et plus ont été sondés dans ces huit pays par l’Institut CSA, entre le 1er juin et le 9 juillet.

L’exercice ouvre la porte à toutes les comparaisons internationales et, à la seule échelle française, s’avère une mine d’informations. La plus spectaculaire concerne le renoncement aux soins (voir diagramme). À la question de savoir si la crise économique les a conduits à renoncer ou à reporter des soins (qu’il s’agisse de consultations médicales, d’examens, d’interventions chirurgicales, de soins dentaires ou d’achats de médicaments), 23 % des Français ont répondu « oui ». Sur ce point, dans l’échantillon du CSA, seuls les Polonais (25 %) et les Américains (24 %) font « mieux ». Surtout, la tendance du renoncement aux soins est en très forte hausse en France, où elle a pris 12 points en un an (11 % des Français admettaient avoir abandonné ou reporté des soins en 2009). Dans un registre proche, 49 % des Français pensent que leur système de santé ne garantit pas l’égalité d’accès aux soins (48 % affirment le contraire) – voir diagramme.

Pour autant, l’offre de soins de la France continue – les indices sont quasiment stables sur les 4 dernières années – de jouir d’une bonne appréciation chez ses concitoyens : 3 % jugent « excellente » l’organisation du système de soins, 12 % la disent « très bonne » et 46 % « bonne » (32 % l’estiment « moyenne » et 6 % « mauvaise »). Dans le détail, le regard sur la qualité des soins en consultation qui s’était légèrement dégradé entre 2006 et 2009 retrouve son niveau d’il y a quatre ans – même chose pour la qualité des soins lors d’une hospitalisation.

La pénurie de généralistes : menace n° 1.


Invités à classer les « menaces » qui pourraient peser au cours des prochaines années sur leur système de soins, les Français citent comme « très importantes » la « pénurie de médecins généralistes » (63 % des personnes interrogées citent cet écueil), devant le « manque de financement public » et les « inégalités d’accès aux soins » (58 % dans les deux cas), puis l’« augmentation du financement personnel » (53 %), les « délais d’attente avant d’être soigné » (52 %) et l’« augmentation des prix des actes médicaux » (48 %).

Pour écarter ces menaces et financer une dépense de santé en hausse constante, les Français sont très partagés : 32 % sont favorables à une hausse des impôts ou des cotisations obligatoires, 23 % penchent pour le recours aux assurances privées et aux mutuelles, 28 % préfèrent l’option des franchises pour chaque acte médical (17 % n’ont pas d’opinion).

› K. P.

Le Quotidien du Médecin du : 23/09/2010







La FIV n’altère pas le QI

Que les futurs parents d’enfants conçus par FIV se rassurent, leurs rejetons ont toutes leurs chances dans la vie. Contrairement à l’idée reçue selon laquelle ces enfants seraient moins performants que les autres, une équipe de l’Université de l’Iowa a même montré qu’ils l’étaient… davantage ! Dans cette étude dirigée par le Dr Bradley Van Voorhis, 423 enfants âgés de 8 à 17 ans et conçus par FIV ont été soumis à des tests scolaires. Leurs résultats ont été ensuite comparés à ceux de leurs camarades d’école, après appariement sur l’âge et le sexe.

Certains facteurs semblent améliorer les scores de performance cognitive, tels qu’un âge maternel élevé, un niveau d’éducation élevé pour les deux parents et un moindre taux de divorce. De plus, la méthode d’assistance médicale à la procréation ne semble pas avoir d’influence, qu’il s’agisse d’embryons congelés ou non, et quelle que soit la technique d’insémination. Pour expliquer leurs meilleurs tests, l’équipe du Dr Van Voorhis suggère que les parents d’enfants nés par FIV seraient plus âgés et auraient ainsi un niveau d’éducation supérieure à la moyenne.

› Dr I. D.

« Human Reproduction », volume 25, numéro 10, 2605-2611.

Quotimed.com, le 24/09/2010




Des élus locaux demandent l’expérimentation des salles de shoot

Des élus locaux regroupés dans l’association Élus, santé publique et territoires (ESPT) appellent l’État à adopter des mesures permettant l’expérimentation des centres de consommation de drogues à moindres risques. L’ESPT, qui compte parmi ses membres des représentants de municipalités de droite et de gauche, a organisé, à l’Hôtel de ville de Paris, une journée de restitution des travaux qu’elle a menés pendant un an. Une vingtaine d’experts ont été auditionnés et les élus se sont rendus à Bilbao (Espagne) et à Genève (Suisse), où des salles de consommation de drogue existent déjà.

Selon leurs conclusions, un tel dispositif constitue « un outil d’amélioration de l’état sanitaire et social des usagers les plus désocialisés et les plus précaires qui, souvent, n’accèdent pas aux soins (baisse des contaminations, des infections et des overdoses, accès aux soins somatiques et psychiques et accroissement du nombre de sevrages) » mais les centres doivent « obligatoirement être intégrés dans une palette complète de prise en charge de la toxicomanie, au côté des autres dispositifs de réduction de risque ».

Les élus vont proposer plusieurs recommandations sur le sujet, en particulier l’établissement d’une cartographie des consommations incontrôlées de drogues sur la voie publique qui devra être connue et partagé par l’ensemble des acteurs.

« Nous espérons maintenant que la mission parlementaire qui est en train de s’installer va s’appuyer sur nos conclusions », a souligné le Dr Laurent El Ghozi, président de l’ESPT. L’élu de Nanterre rappelle que « la toxicomanie est une maladie et on n’interdit pas une maladie ». C’est, poursuit-il, « au ministre de la Santé de définir la politique de santé et non à la MILDT ».

› Dr L. A.


Quotimed.com, le 24/09/2010



VICHY
JUSTICE 

SAMEDI 25 SEPTEMBRE 2010

Tribunal : « Tout est dans le dosage ! »

Il s'était jeté sur une passante dans la rue et avait tenté de lui arracher sa culotte. Sans raison. De là à penser qu'il n'avait pas toute sa raison ?

Bruno n'est pas fou. Enfin pas complètement. C'est la médecine qui le dit. En des termes plus soignés. L'expert psychiatre qui l'a examiné l'a qualifié de débile léger et a conclu qu'il était responsable pénalement de ses actes. Tout en précisant que son discernement était « entravé » par ses pulsions.

Conséquence du diagnostic : il peut être jugé par un tribunal. C'est ce qui conduit Bruno à répondre de l'agression d'une passante, le 30 juillet 2009, dans une rue de Saint-Pourçain-sur-Sioule. Sans raison, il s'était approché d'elle, l'avait prise par l'épaule, avait relevé la robe et tenté d'arracher la culotte.

Bruno a répondu à la convocation. Accompagné de son frère qui est aussi son tuteur légal. Et d'un avocat. Il est présent physiquement. Mais semble ailleurs. Les yeux mi-clos, le teint livide, le regard dans le vague, la main gauche tremblante, cet homme de 44 ans en paraît au moins dix de plus.

« Vous vous souvenez ? », tente le substitut. Jusque là mutique, Bruno comprend soudain qu'on s'adresse à lui. Roule des yeux. Se retourne vers son avocat. Qui lui répète la question. « Non », répond-il après un moment d'hésitation. Le substitut n'insiste pas.

Un malaise s'installe. Le tribunal ne cache pas son embarras. Légèrement en retrait du prévenu, la victime a du mal à contenir son émotion. Elle n'a de cesse de triturer ses doigts. Ses yeux laissent deviner des larmes. On lui demande ce qu'elle réclame au titre de la partie civile. « Que cette personne ne ressorte plus de l'hôpital psychiatrique », marmonne-t-elle, timidement.

Plutôt que de se heurter à un prévenu emmuré dans sa pathologie, le président Labonne prend le temps d'expliquer à la victime les limites de la justice. « On ne contrôle pas la psychiatrie. Si le médecin considère qu'il peut vivre en dehors de l'hôpital, on n'y pourra rien. Vous pouvez seulement demander des dommages et intérêts ».

La marge de manoeuvre du tribunal apparaît mince. La prison ? « Est-ce bien sa place ? », s'interroge le président. L'obligation de soins ? « Il a déjà fait tout ce qu'il fallait pour se soigner », souligne son frère. « La difficulté, relève également le juge, c'est que, dehors, c'est lui qui gère son traitement, sachant qu'il peut très bien oublier de prendre ses médicaments, sans même s'en rendre compte ».

La castration chimique ? « Ce pourrait être la solution la plus adaptée à son cas », suggère le président. « Encore faut-il que le traitement soit compatible avec son état de santé ». Et le frère d'observer : « Il a fait une occlusion intestinale il y a trois ans. Il ne supporte plus les médicaments ». « Tout le problème est dans le dosage. Quand on le baisse, ses pulsions reprennent le dessus, renchérit Me Laurent Gard. Et quand on l'augmente, on prend le risque de nuire à sa santé ».

« La justice est bien désarmée par rapport à ce genre de comportement », se désole le substitut du procureur. Il suggère une peine d'encadrement, soit un an de prison assorti d'un sursis et mise à l'épreuve et d'une obligation de soins. Le tribunal suivra ses réquisitions en fixant la période d'encadrement à trois ans. La victime a obtenu 800 ? de dommages et intérêts.

Bruno est ressorti du tribunal comme il y était entré. Mutique. Il a réintégré l'établissement psychiatrique où il est actuellement placé.

Jean-Pierre Ducros




Sans queue ni tête : quand la psychanalyse rencontre la prostitution

Rien que pour voir Isabelle Huppert interpréter une prostituée libre et indépendante, « Sans queue ni tête » vaut le déplacement! Malgré quelques incompréhensions scénaristiques, le film tient ses promesses : une comédie légère sur un sujet qui l’est beaucoup moins.

Si postulat de départ il devait y avoir, il pourrait ressembler à ce qui suit : un homme, psychanalyste, rencontre une femme, prostituée. Chacun à leur façon  soignent les maux (ou les mots?) et la solitude de l’âme. La réalisatrice Jeanne Labrune n’en fait pas des tonnes, mais insinue avec beaucoup de délicatesse que les deux professions ont plus de ressemblances que l’on imagine. Alice (Isabelle Huppert) et Xavier (Bouli Lanners) font connaissance à un tournant de leur vie : elle est fatiguée par ses clients et pense à changer de vie ; lui en a marre de ses patients et vient de se faire quitter par sa femme. La relation qui s’établit entre ces deux êtres est aussi étrange que profonde. Ils semblent ne jamais se comprendre vraiment, ne se parlent pas beaucoup et pourtant, une sorte d’électricité passe entre eux. Le peu de scènes qu’ils ont en commun suffit à installer la relation dans un ailleurs bien meilleur.

Ce qui par contre est dommageable, c’est l’arrivée d’un tiers en cours de récit. Pierre Cassagne (Richard Debuisne), un psychiatre bien intentionné, se substituera aux manques et aux absences de Xavier. Par le biais d’une sculpture représentant un ange il y aura passation de relais, de Xavier à Alice, puis d’Alice à Pierre : juste retour des choses, puisqu’au départ c’est Pierre qui avait acquis cette oeuvre d’art aux enchères. La boucle est bouclée mais n’en révélons pas trop! Pierre est donc un passeur, présence indispensable? En tous les cas elle se justifie dans le scénario et dans la mise en scène… au détriment de la relation entre Alice et Xavier. Même si le brouillard rend tout merveilleux, il n’aurait pas été du luxe d’en savoir un peu plus. Ce couple qui n’en est pas un (disons qu’il s’agit d’une sorte de duo de « confort ») aurait mérité d’être plus exploré. Car chacun a changé la vie de l’autre. Ce qui, toute proportion gardée, n’est quand même pas rien.

Sans queue ni tête est une comédie. Plutôt satirique mais jamais méchante. Le film ne se moque pas de la solitude humaine, il prend en dérision les situations absurdes engendrées par cette solitude. Entre les hommes et les femmes tout semble étrange et compliqué : le mieux finalement est de s’en amuser. La nature humaine est bien faible et même s’il est difficile de savoir à qui se fier, psy ou prostituée, chacun a son petit plus à apporter.

mercredi 22 septembre 2010


Le silence qui parle

Le projet de loi réformant les soins en psychiatrie: une insulte à la culture / Michaël et Jacqueline Guyader
Publié 6 septembre 2010 dans Agora

Il faut être bête comme l’homme l’est si souvent pour dire des choses aussi bêtes que bête comme ses pieds, gai comme un pinson
Le pinson n’est pas gai, il est juste gai quand il est gai, triste quand il est triste ou ni triste ni gai /
Jacques Prévert

Lorsque s’imposera le bilan de l’action présidentielle de Nicolas Sarkozy, on ne manquera pas de constater la déflagration qu’il aura initiée entre l’Etat et les avancées civilisatrices, les acquis culturels de notre pays. Et l’on pourra dresser un sinistre catalogue : discours à l’université de Dakar sur l’homme Africain “pas assez entré dans l’histoire”, loi organisant les soins psychiatriques sous contraintes en ambulatoire, centres de rétentions administratives à perpétuité, démantèlement de “camps” de Roms, de gens du voyage, création d’une inégalité des citoyens devant la loi, plaisanteries de mauvais goût devant les tombes des résistants des Glières, réponses insultantes à des citoyens en colère, mépris pour les lecteurs de la Princesse de Clèves, et bien sûr j’en passe.

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Gaillac : rencontres Cinépsy les 24 au 26 septembre 2010

Au Imagin’cinéma de Gaillac aura lieu la 3ème édition des Rencontres internationales Cinépsy. Culture(s) et familles.  Débats et échanges autour de 7 films du 24 au 26 septembre 2010.

Tous les 2 ans, Cinépsy aborde des thèmes de psychanalyse familiale autour d’un même support, le cinéma. Ces rencontres internationales de psychanalyse familiale ont pour thème cette année la question de la culture et des cultures en lien avec la famille.

Chaque film ou documentaire est l’occasion de réflexions autour de l’exil, la tradition, les conflits culturels, les rites, la transmission, l’identité… Des professionnels, psychiatres, psychanalystes ou psychologues échangeront leurs travaux avec des personnalités du monde du cinéma, enseignants, critiques, cinéastes. Ces rencontres internationales réunissent des professionnels français, italiens, belges, suisses, colombiens.

Ces journées qui s’inscrivent pour certains dans un cursus de formation sont ouvertes à tout public. Et si l’atmosphère est au travail, le contexte y est chaleureux et convivial.

Rendez-vous à l’Imagin’cinéma de Gaillac le vendredi 24 septembre à partir de 13h30 pour aborder la question de la culture et de la famille autour de tables rondes et de débats avec les films : “La boîte de pandore” de Yesim Ustaoglu, “Les 7 jours” de Ronit Elkabetz, “Mirage de la vie” de Douglas Sirk, “Depuis qu’Otar est parti” de Julie Bertucelli, “Le mas des alouettes” de Paolo et de Vittorio Taviani, “Il y aura tout le monde” de Maria Isabel Ospina de los Rios, “L’âme des guerriers” de Lee Tamahori…

Cette troisième édition de Cinépsy est issue d’un travail en partenariat avec l’équipe d’Imagin’cinéma, les collectivités territoriales locales, les sociétés de thérapie familiale psychanalytique et les associations gaillacoises.
Nouvelles psychanalytiqueshttp://nouvelles-psychanalytiques.blogspot.com/

Se servir de l’institution


La prochaine après-midi des rendez-vous cliniques organisée par l’hôpital de jour de « l’Ile verte » se tiendra le 22 octobre 201

“ Alors que la psychiatrie de l’enfant connaît un remaniement qui passe par une reconfiguration de la séméiologie réduite à un catalogue de troubles avec pour conséquence le handicap qui en résulte, donner toute sa noblesse et sa place à l’institution revient à ne pas cesser de mettre au poste de commande une clinique qui accueille ce que l’enfant a de plus particulier et qui ne se range dans aucune classification.

L’institution peut être l’instrument dont les professionnels vont se servir pour offrir abri et accueil à ce qui se présente pour la plupart des enfants que nous recevons, comme radicalement étranger, voire insupportable, sous les modalités du rejet de l’autre ou de sa destruction.

Nous partirons de l’expérience de l’hôpital de jour « l’Ile verte ». Si groupes et ateliers scandent la vie de l’institution, nous ferons valoir comment cet appareillage institutionnel trouve son fondement dans une approche clinique. Pas de programme, pas de protocole, pas d’institution pré-établie, chacun se dispose pour être « à l’heure du sujet ». Dès lors, l’enfant peut produire ses points d’ancrage, ses constructions avec le trait de l’invention qui lui est propre.

Lors de cette après-midi, à plusieurs, psychiatre, psychologue, infirmiers, nous témoignerons de la façon dont un enfant se sert de l’institution pour trouver un rapport plus pacifié à l’autre. Dans un contexte où la psychanalyse est toujours accusée d’influencer l’offre de soins et souvent soupçonnée de culpabiliser les parents, nous ferons valoir comment l’institution permet d’établir des espaces de conversation avec les parents.

Nous aurons la chance d’entendre Dominique Holvoet, directeur thérapeutique au Courtil, institution fondatrice du RI3, réseau qui favorise les liens de travail et d’échanges entre les professionnels orientés par la psychanalyse d’orientation lacanienne. Les travaux du RI3, dont nous avons eu un écho à Bordeaux lors des journées de Janvier 2010 sur le thème « Cas d’urgence », donnent des points d’appui précis pour la prise en charge des enfants psychotiques et autistes en institution. Cette après-midi sera l’occasion de poursuivre les échanges et d’avancer dans les questions relatives à la pratique en institution. La création d’un Atelier clinique du RI3 dans notre région sera la suite logique de nos travaux. “
Docteur Maryse ROY

Source : http://ampblog2006.blogspot.com/




« Bienvenue chez les psys » détrône le film de Dany Boon...

« Si Armentières était un fruit ? Un film ?... » Voici le genre de questions farfelues ... auxquelles on pouvait répondre, ce week-end, aux infirmiers de l'ANPU, agence nationale de la psychanalyse urbaine. Ces drôles de blouses blanches ont débarqué pour les journées du patrimoine et tentaient d'établir un diagnostic sur les maladies dont pourraient souffrir Armentières. Du second degré ? Pas tant que cela. Selon Laurent Petit, auteur et comédien, à l'initiative du projet, l'initiative a déjà permis de déceler des villes orphelines, des villes mortes nées, des villes prématurées. « On a même examiné des villes au rapport fille-mère très conflictuel, comme Villeurbanne et Lyon », plaisante t-il.

Hier, en fin d'après-midi, Laurent Petit s'est livré à une restitution des réponses aux 100 questionnaires recueillis sur la grand-place durant ces deux jours. En préambule, quelques cartes postales anciennes ont fait resurgir des éléphants ou une course au ballon amusante. Le ton décalé était donné.
Rebondissant sur l'architecte Cordonnier qui a donné son trio monumental à Armentières, il lui a vite associé la bière (Motte-Cordonnier)... « Bienvenue chez les psy » a logiquement détrôné le film de Dany Boon, l'espace d'un instant. Cette psychanalyse de la ville n'en est qu'à ses débuts. On risque fort de revoir Laurent Petit à Armentières, une ville qu'il aime bien, trouve « chaleureuse » et « singulière ».

ANPU - Le bal de l'inconscient

L'ANPU - l'agence nationale de Psychanalyse Urbaine - s'est fixée pour mission de coucher les villes sur le divan.

Laurent Petit et les architectes d'Exyzt observent la ville, détectent ses caractéristiques (paradoxes, non-dits, traumatismes, complexes…), pour déceler les névroses urbaines et proposer des solutions thérapeutiques adéquates.


Outil de démocratisation des projets urbains et architecturaux, cette approche psychique de la ville ville croise l’intérêt de professionnels urbains qui y voient l'opportunité de débloquer en souplesse certains «verrous» inscrits dans «l'inconscient urbain».

Première phase: Le Diagnostic
Seconde phase : Le Traitement
Le Bal de l'inconscient au Point Zéro
Un diagnostic urbain inédit
Les formes de restitutions de l'analyse
Extraits des huit commandements de la psychanalyse urbaine
Laurent Petit
Collectif d’architectes EXYZT
www.anpu.fr