Des chercheurs refusent les primes d'excellence
LE MONDE | 24.10.09 | 14h16
A bas les primes ! Le 19 octobre, Didier Chatenay, directeur de recherche en physique du CNRS, a écrit à sa direction pour refuser "a priori" la nouvelle prime d'excellence scientifique (PES), créée cette année par le gouvernement.
En tant que titulaire d'une médaille d'argent du CNRS, obtenue en 1999, il devrait bénéficier "de droit" d'une dotation de 15 000 euros annuel sur quatre ans (en échange de 42 heures de cours), mais n'en veut pas. "Je suis par principe opposé à l'existence d'un quelconque système de primes", a argué ce membre du Collectif Sauvons la recherche. Ce n'est pas à ses yeux "un mécanisme acceptable d'amélioration des rémunérations". Estimant "suffisants" ses 4 600 euros net mensuels, M. Chatenay préférerait que les fonds attribués aux primes aillent à la revalorisation des salaires des autres personnels.
Et il n'est pas le seul à plaider pour une autre répartition des fonds. Les syndicats de la recherche partagent aussi cet avis. Depuis quelques mois, de nombreuses motions ont été votées dans les instances du CNRS et d'autres organismes de recherche comme l'Inserm, l'INRA ou l'Inria... Toutes condamnent "un système qui exacerbe la compétition et l'individualisme au détriment du collectif" et qui "masque la faiblesse des rémunérations des personnels de la recherche publique".
"RÉTABLIR L'ÉQUILIBRE"
Les syndicats de l'enseignement supérieur, eux, sont beaucoup plus discrets. Et pour cause, cette nouvelle prime remplace la prime d'encadrement doctoral et de recherche (PEDR) qu'obtenaient traditionnellement chaque année 20 % des universitaires. "Pendant des années, les chercheurs se plaignaient de gagner moins que les professeurs, du fait de cette PEDR... Nous avons donc voulu rétablir l'équilibre entre les deux catégories. Si certains n'en veulent pas, c'est leur problème...", explique l'entourage de Valérie Pécresse.
Une répartition provisoire a été décidée pour 2009. "Afin de pouvoir effectuer un versement dès décembre, nous avons décidé de remettre cette PES aux chercheurs distingués par des prix nationaux ou internationaux", explique Alain Resplandy-Bernard, secrétaire général du CNRS. Les chercheurs titulaires d'une médaille de bronze du CNRS toucheront donc 6 000 euros, les titulaires d'une médaille d'argent, 15 000. Ce qui représente cette année environ 500 personnes sur 11 000 chercheurs. "Au-delà, nous avons lancé un groupe de travail pour définir les modalités d'attribution l'an prochain. Celles-ci pourront être collectives, mais rien ne nous interdit de donner individuellement cette prime à tous les membres d'une équipe de recherche. A condition qu'ils enseignent." L'objectif est en tout cas de la remettre à 20 % des chercheurs d'ici à 2011.
Cette PES n'est qu'un des éléments du plan de revalorisation des carrières, tiennent à préciser les autorités. La majeure partie des fonds va à l'augmentation des taux de promotions des universitaires et des chercheurs. "En 2004, nous avons réalisé 279 promotions au CNRS. En 2009, 431 et, l'an prochain, nous en aurons 645, détaille M. Resplandy-Bernard. Limiter le débat de la revalorisation à cette seule prime est réducteur."
Philippe Jacqué
Article paru dans l'édition du 25.10.09
LE MONDE | 24.10.09 | 14h16
A bas les primes ! Le 19 octobre, Didier Chatenay, directeur de recherche en physique du CNRS, a écrit à sa direction pour refuser "a priori" la nouvelle prime d'excellence scientifique (PES), créée cette année par le gouvernement.
En tant que titulaire d'une médaille d'argent du CNRS, obtenue en 1999, il devrait bénéficier "de droit" d'une dotation de 15 000 euros annuel sur quatre ans (en échange de 42 heures de cours), mais n'en veut pas. "Je suis par principe opposé à l'existence d'un quelconque système de primes", a argué ce membre du Collectif Sauvons la recherche. Ce n'est pas à ses yeux "un mécanisme acceptable d'amélioration des rémunérations". Estimant "suffisants" ses 4 600 euros net mensuels, M. Chatenay préférerait que les fonds attribués aux primes aillent à la revalorisation des salaires des autres personnels.
Et il n'est pas le seul à plaider pour une autre répartition des fonds. Les syndicats de la recherche partagent aussi cet avis. Depuis quelques mois, de nombreuses motions ont été votées dans les instances du CNRS et d'autres organismes de recherche comme l'Inserm, l'INRA ou l'Inria... Toutes condamnent "un système qui exacerbe la compétition et l'individualisme au détriment du collectif" et qui "masque la faiblesse des rémunérations des personnels de la recherche publique".
"RÉTABLIR L'ÉQUILIBRE"
Les syndicats de l'enseignement supérieur, eux, sont beaucoup plus discrets. Et pour cause, cette nouvelle prime remplace la prime d'encadrement doctoral et de recherche (PEDR) qu'obtenaient traditionnellement chaque année 20 % des universitaires. "Pendant des années, les chercheurs se plaignaient de gagner moins que les professeurs, du fait de cette PEDR... Nous avons donc voulu rétablir l'équilibre entre les deux catégories. Si certains n'en veulent pas, c'est leur problème...", explique l'entourage de Valérie Pécresse.
Une répartition provisoire a été décidée pour 2009. "Afin de pouvoir effectuer un versement dès décembre, nous avons décidé de remettre cette PES aux chercheurs distingués par des prix nationaux ou internationaux", explique Alain Resplandy-Bernard, secrétaire général du CNRS. Les chercheurs titulaires d'une médaille de bronze du CNRS toucheront donc 6 000 euros, les titulaires d'une médaille d'argent, 15 000. Ce qui représente cette année environ 500 personnes sur 11 000 chercheurs. "Au-delà, nous avons lancé un groupe de travail pour définir les modalités d'attribution l'an prochain. Celles-ci pourront être collectives, mais rien ne nous interdit de donner individuellement cette prime à tous les membres d'une équipe de recherche. A condition qu'ils enseignent." L'objectif est en tout cas de la remettre à 20 % des chercheurs d'ici à 2011.
Cette PES n'est qu'un des éléments du plan de revalorisation des carrières, tiennent à préciser les autorités. La majeure partie des fonds va à l'augmentation des taux de promotions des universitaires et des chercheurs. "En 2004, nous avons réalisé 279 promotions au CNRS. En 2009, 431 et, l'an prochain, nous en aurons 645, détaille M. Resplandy-Bernard. Limiter le débat de la revalorisation à cette seule prime est réducteur."
Philippe Jacqué
Article paru dans l'édition du 25.10.09