Par Benoît Hopquin Publié le 14 mai 2021
REPORTAGE Tramadol, oxycodone et autres fentanyl sont devenus leur drogue. Alors que les confinements ont accru les conduites addictives et que la crise des opioïdes aux Etats-Unis fait des ravages, ces Françaises et ces Français racontent le même engrenage : une intense souffrance physique, soulagée par de puissants antidouleurs, dont ils n’ont bientôt plus pu se passer.
Dans la cuisine de Véronique Roche, une énorme horloge est fixée au mur. Ses aiguilles ont longtemps gouverné la vie de la propriétaire. « Ma journée était réglée comme ça. A 8 heures, ma morphine. A 11 heures, ma morphine. A 14 heures, ma morphine. A 18 heures, ma morphine. A 20 heures, ma morphine. Parfois, je me relevais la nuit pour ma morphine. »Même sans regarder l’heure, cette femme de 52 ans avait dans son corps, et plus encore dans son cerveau, le tic-tac du temps qui passe et l’attente stressante du rendez-vous avec son médicament. « Il ne fallait pas que je dépasse d’une minute », se souvient-elle.