6 Français sur 10 estiment qu’il ne leur manque rien, du moins rien de matériel, pour être heureux. Un signe de sagesse ? Dans le vieux duel qui oppose, depuis l’époque de Socrate, les gourmands idolâtres de l’“avoir” aux explorateurs passionnés de l’“être”, les seconds seraient-ils sur le point de l’emporter ? On peut l’espérer… Mais ce chiffre sorti de notre sondage exclusif nous renseigne aussi sur une mutation plus profonde. Si les héros du roman de Perec, “Les Choses”, incarnaient l’esprit des Trente Glorieuses en cherchant passionnément à s’acheter des meubles, aujourd’hui c’est moins la possession de biens manufacturés que l’accès à des usages passagers et à des expériences uniques qui est vécu comme un idéal, brouillant ainsi les anciennes frontières entre “être” et “avoir”. Serions-nous entrés dans l’âge du faire ?
Les très nombreuses illustrations - dessins et peintures - sont à proprement parlées hallucinantes et fascinantes. Qu'attendre d'autre d'un ouvrage collectif et d'une exposition issus des travaux menés à l'hôpital Sainte-Anne de Paris dans les années 1960? L'intrigant ouvrage Psilocybine. Quand la psychiatrie observe la création nous entraîne dans les coulisses de la recherche neuropsychiatrique (comment un cerveau qui agit sous substances psychotropes fonctionne-t-il) et de la création artistique (comment un cerveau créatif et «habité» d'artiste peintre est-il affecté par de telles substances).
Voici révélée une face cachée (mais pas secrète) de la recherche en neuropsychiatrie, réunissant artistes et patients atteints de dysfonctionnements de la perception de la réalité. Testant leurs capacités et leurs réactions sur des substances psychotropes, du haschich à l'ergot de seigle (LSD) - qui aurait eu une influence sur Jeanne d'Arc - en passant par l'opium ou la coca, et précisément aux hallucinogènes des champignons sud-américains, peyotl, mescaline ou psilocybine (aussi appelée «chair des dieux»).