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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 20 avril 2022

Comment interpréter les sourires ?

DIFFUSÉ LE 19/04/2022

À retrouver dans l'émission

SANS OSER LE DEMANDER

par Matthieu Garrigou-Lagrange

Sourire à quelqu'un, c'est déjà commencer à le rencontrer. S'il est franc, un sourire aidera à abolir la distance entre deux personnes, tandis qu'au contraire un sourire faux peut être une manière de la creuser… Aujourd'hui, nous tentons de lever un coin du voile sur le sourire et son énigme.

Deux femmes à la fenêtre, vers 1655-1660
Deux femmes à la fenêtre, vers 1655-1660 Crédits :  Bartolomé Esteban Murillo

Contrairement au rire qui surgit par l'éclat et avec impétuosité, le sourire n'interrompt pas : il est du domaine de l'affleurement, il accompagne les situations qui le provoquent. Du demi-sourire à peine perceptible à la béatitude la plus complète, le sourire se décline ainsi en nuances et transcrit sur notre visage nos mouvements de l'âme. Il est donc affaire de circulations : circulation entre un état du monde et un individu qui, enregistrant cet état, le restitue visuellement par son expression, mais aussi circulation entre les êtres humain, puisque le sourire est un outil essentiel de la communication entre les êtres humains, que celui-ci soit doux, narquois, confus, ou simplement requis par les conventions sociales...

[...] 

L'invité :

  • David Le Breton est anthropologue et sociologue, professeur à l'Université de Strasbourg et membre de l'Institut Universitaire de France

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Romain Dupuy, interné après un double meurtre et condamné à la folie


 



Par  Publié le 20 avril 2022

Cet homme de 39 ans, schizophrène, est interné depuis 2005 dans un centre de soins psychiatriques de Gironde, pour le meurtre de deux femmes à Pau en 2004. Selon le corps médical, il pourrait être transféré dans un service plus souple, mais la préfecture s’y oppose. « Le Monde » l’a rencontré.

Sous les pluies d’hiver, l’avenue Caussil invite sans ambiguïté le promeneur à presser le pas : un poste de gendarmerie, de hauts murs coiffés de barbelés et un cimetière abritant des « mutilés du cerveau » de la Grande Guerre… On ne s’attarde pas sans raison dans ce quartier de Cadillac, à une quarantaine kilomètres au sud-est de Bordeaux. Le porche de l’Unité pour malades difficiles, un centre de soins psychiatriques, se cache dans un renfoncement de l’avenue, surveillé par une guérite aux vitres-miroirs. Sur la porte d’entrée, alignées à la verticale, trois lettres noires : UMD. L’établissement, composé de cinq pavillons, est si bien gardé que la plupart des pensionnaires ont renoncé à l’idée de s’évader. Les quatre-vingts personnes accueillies ici, uniquement des hommes, sont trop agitées pour les services de psychiatrie conventionnels : patients violents sans antécédents judiciaires, détenus dont la santé mentale s’est dégradée en prison ou criminels et délinquants déclarés pénalement irresponsables.

Manque de soignants: sauver l’hôpital public, «ça commence par une revalorisation du travail de nuit»

par Nathalie Raulin  publié le 19 avril 2022 

Rassemblés ce mardi devant l’hôpital Saint-Louis à Paris, soignants et anciens patients du service d’immunopathologie clinique alertent sur le risque de fermeture dès le 1er juin, faute d’infirmiers de nuit.

Aucun des deux derniers candidats à la présidentielle n’est venu. Invités par courrier à venir ce mardi «présenter leurs propositions»aux soignants inquiets face au risque de fermeture «à court terme»du service d‘immunopathologie clinique de l’hôpital Saint-Louis (10e arrondissement) à Paris, ni Emmanuel Macron ni Marine Le Pen n’ont donné suite. Pas de quoi néanmoins décourager la mobilisation.

Sexisme à l’hôpital : «La hiérarchie a une grande part de responsabilité»


 


par Jade Le Deley   publié le 19 avril 2022

Durant leur parcours professionnel, 85% des femmes médecins se sont senties discriminées du fait de leur sexe. Entre remarques sexistes, stéréotypes de genre et comportements déplacés, trois femmes témoignent.

«Ah t’es enceinte. Tu comptes le garder ? Et ta carrière alors ?» Cette remarque misogyne, de nombreuses femmes médecins l’ont déjà entendue. Selon le dernier baromètre annuel Ipsos pour Janssen France et l’association Donner des ELLES à la santé (1), collectif de professionnels de la santé, fondée en 2020, dont la mission est de promouvoir l’égalité entre femmes et hommes dans le secteur médical, publié le 6 avril, le sexisme ordinaire et les comportements discriminatoires envers les femmes à l’hôpital sont omniprésents. Malgré une forte féminisation du secteur – près d’un médecin sur deux est une femme et elles représentent 65% des praticiens de moins de 39 ans –, 85% des femmes médecins se sont senties discriminées du fait de leur genre durant leur parcours professionnel et parmi elles, 42% estiment l’avoir été «beaucoup».

L’antivaccinisme, un phénomène pas si contemporain

Stéphanie Lavaud  13 avril 2022

France ― A l’occasion du 15ème congrès de Médecine Générale organisé par le Collège de Médecine Générale[1], l’historien des sciences Laurent-Henri Vignaud, co-auteur avec Françoise Salvadori de l’ouvrage ANTIVAX, la résistance aux vaccins du XVIIIe siècle à nos jours – paru très opportunément en janvier 2019, mais rédigé bien avant la pandémie de Covid-19 – a rappelé, exemples à l’appui que l’antivaccinisme qui est apparu au grand jour pendant l’épidémie de Covid n’est pas un phénomène récent, ni même spécifiquement français. Détour par l’histoire.

Si l’on veut replacer l’antivaccinisme qui a émergé pendant l’épisode Covid dans un contexte historique, il faut savoir que les arguments critiques vis-à-vis de la vaccination n’ont rien de très nouveau, et « qu’il y a eu un discours anti-vaccin dès qu’il y a eu des vaccins », a résumé l’orateur. Dans l’ouvrage co-écrit avec Françoise Salvadoridocteure en immunologie et en virologie mais aussi maître de conférence à l'université de Bourgogne, les chercheurs ont établi quatre types d’arguments antivax : religieux, naturaliste, politique et alterscientifique, dont voici des exemples.

" Il y a eu un discours anti-vaccin dès qu’il y a eu des vaccins "   Laurent-Henri Vignaud

Risque de « minautorisation »

« Ce sont généralement chez les adeptes d’une religion que l’on retrouve l’antivaccinisme le plus total, avec certaines personnes refusant toute sorte de vaccins, mais cela reste souvent ultra-minoritaire, note Laurent-Henri Vignaud. Au XVIIIème au moment du débat sur l’inoculation variolique, certains théologiens se sont opposés à cette pratique au nom de la providence divine et du fait que l’on ne pouvait pas aller à l’encontre du dessin voulu par Dieu.

Le 8 juillet 1722, Edmund Massey, pasteur du Sussex, dénonce ainsi dans son sermon « une opération diabolique, qui usurpe une autorité, qui n’est fondée ni sur les lois de la nature ni sur celles de la religion, une augmentation du vice et de l’immoralité ». A cette même époque, les médecins sont, quant à eux, partagés sur la question de l’inoculation.

Publiée en 1802, la caricature de James Gillray « The cox pock », littéralement « la pustule de vache », illustre parfaitement cette peur d’une « vachisation jennérienne ».

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mardi 19 avril 2022

Dans l’intimité de quatre fumeurs de cannabis : « Ce système à la Uber, ça a changé ma vie. En tant que meuf, tu n’as pas peur de faire une mauvaise rencontre »

Par  Publié le 23 avril 2022

Plus de 1 million de Français fument régulièrement du cannabis. Un plaisir certes interdit, mais de moins en moins perçu comme transgressif.

La France est le pays où la consommation de cette plante récréative est la plus élevée en Europe. Quatre fumeurs, forcément anonymes, expliquent comment ils se procurent facilement de la résine ou de l’herbe, une habitude souvent contractée dès l’adolescence.

Chronique «Aux petits soins» A l’hôpital de Chinon, tout va bien en psychiatrie... et ce n’est pas normal

par Eric Favereau  publié le 19 avril 2022

Lors d’une visite surprise à l’hôpital de Chinon, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté a, pour la première fois, découvert un service de psychiatrie ouvert et apaisé. Mais une réforme est en cours pour le remettre en cause. 

Mais qu’est-il donc arrivé à Dominique Simonnot, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) ? D’ordinaire, quand l’instance contrôle un lieu – en particulier un hôpital psychiatrique –, et qu’elle rend publiques ses conclusions, le ton est souvent grave : non-respect des libertés, contention banalisée, pratiques d’isolement qui se multiplient. De manière inédite, c’est le contraire qui se produit. «Le CGLPL a visité le pôle de psychiatrie du centre hospitalier de Chinon (Indre-et-Loire) du 28 février au 4 mars 2022. Les contrôleurs ont relevé une prise en charge des patients de grande qualité et particulièrement respectueuse de leurs droits fondamentaux : maintien d’une liberté d’aller et venir maximale, forte implication des soignants, nombreuses activités, architecture des locaux parfaitement adaptée, etc. Il n’y a jamais de contention et les placements à l’isolement y sont exceptionnels.» Mieux encore : «Cet établissement est l’un des seuls contrôlés par le CGLPL qui parvient à concilier l’ouverture des unités, l’absence de contention et un recours à l’isolement aussi faible», lit-on dans ce rapport du 12 avril.

Témoignages Sexisme à l’hôpital : «La hiérarchie a une grande part de responsabilité»

par Jade Le Deley  publié le 19 avril 2022

Durant leur parcours professionnel, 85% des femmes médecins se sont senties discriminées du fait de leur sexe. Entre remarques sexistes, stéréotypes de genre et comportements déplacés, trois femmes témoignent.

«Ah t’es enceinte. Tu comptes le garder ? Et ta carrière alors ?» Cette remarque misogyne, de nombreuses femmes médecins l’ont déjà entendue. Selon le dernier baromètre annuel Ipsos pour Janssen France et l’association Donner des ELLES à la santé (1), collectif de professionnels de la santé, fondée en 2020, dont la mission est de promouvoir l’égalité entre femmes et hommes dans le secteur médical, publié le 6 avril, le sexisme ordinaire et les comportements discriminatoires envers les femmes à l’hôpital sont omniprésents. Malgré une forte féminisation du secteur – près d’un médecin sur deux est une femme et elles représentent 65% des praticiens de moins de 39 ans –, 85% des femmes médecins se sont senties discriminées du fait de leur genre durant leur parcours professionnel et parmi elles, 42% estiment l’avoir été «beaucoup».

Est-ce Marine Le Pen ou Michel Onfray qui a changé ?

par Simon Blin  publié le 19 avril 2022

Vingt ans après le lancement de son Université populaire pour «lutter contre les idées du FN», suite à l’accession au second tour de Jean-Marie Le Pen, le philosophe a estimé sur RMC que la candidate du RN n’était «pas d’extrême droite».

«Ça me paraît évident que Marine Le Pen n’est pas d’extrême droite.»Après l’historien et philosophe Marcel Gauchet, c’est au tour de Michel Onfray de banaliser la candidature de la leader du Rassemblement national (RN), à cinq jours du second tour et à la veille du débat de l’entre-deux-tours. «Je trouve ça étonnant qu’on puisse faire porter les péchés du père sur la filleTous les partis ont changé, a déclaré le philosophe et polémiste sur l’antenne de RMC[…] Je lis les programmes, j’écoute ce que les gens disent et je regarde ce qu’ils font […] Faisons de l’histoire, pas de la propagande.»

lundi 18 avril 2022

Contre la "maladie du suicide", le combat de l'Euroise Diane Wattrelos


 




Par  France Bleu Normandie (Seine-Maritime - Eure)

Lundi 18 avril 2022

Une souffrance extrême, plusieurs fois par jour : c'est le quotidien de l'Euroise Diane Wattrelos, atteinte d'algie vasculaire de la face - ou "la maladie du suicide". Son histoire, qu'elle raconte dans un livre, elle l'a aussi évoquée sur France bleu Normandie, ce lundi 18 avril.

Diane Wattrelos raconte son histoire dans un livre.
Diane Wattrelos raconte son histoire dans un livre. - Compte instagram @les_maux_en_couleurs

"C'était une horreur, j'ai vraiment eu l'impression que j'allais mourir ce jour-là", se souvient Diane Wattrelos, ce lundi 18 avril, sur France bleu Normandie. Elle se souvient de cette nuit de septembre 2013, le jour où sa maladie rare, l'algie vasculaire de la face, a fait basculer sa vie dans un quotidien de souffrance. 

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Harcèlement moral des internes : un phénomène tabou mais endémique (vidéo)

Publié le 16/04/2022

Interview du Dr Marie Brunel, médecin généraliste remplaçante, Bordeaux

Malgré des alertes répétées ces dernières années et de ses conséquences négatives sur ses victimes et sur la qualité des soins le harcèlement moral dans le milieu médical demeure peu évoqué dans la littérature.

Le Dr Marie Brunel, médecin généraliste remplaçante, s’est penchée sur le sujet pour sa thèse qui a fait l’objet d’une communication au dernier congrès du Collège de la médecine générale.


Cette application vous paie pour chaque jour passé sans boire d'alcool

 Capital

Par Jérémy Docteur  Publié le 

Pour encourager et accompagner les personnes en situation de dépendance, jusqu'à cinq dollars par jour peuvent leur être versés si elles restent sobres.

L'addiction à quelque substance que ce soit, drogue, tabac ou alcool, est un fléau qui cause la mort de milliers de personnes chaque année. Alors la start-up américaine, DynamiCare Health a décidé de créer une application pour tenter de lutter contre ces dangers, rapporte The Boston Globe. Celle-ci a été pensée par David Gastfriend, psychiatre spécialiste de la toxicomanie, et son fils Éric alors qu'ils étaient confrontés à une addiction dans leur entourage. Le principe est simple : ne pas boire peut rapporter de l'argent. C'est une méthode originale, mais il a été scientifiquement prouvé que récompenser ou gratifier une personne en situation d'addiction fonctionne. Vulgairement, la carotte pour ne pas boire aide, donc. La personne peut "gagner" jusqu'à cinq dollars par jour. DynamiCare a cherché à trouver des moyens pour aider les personnes en situation de dépendance à s'en sortir, décrit le site Futurism.


Psychotiques en Ehpad: «Des fois, ils ne s’adaptent jamais, et certains vont jusqu’à se laisser couler»

par Lucie Beaugé  publié le 17 avril 2022

A cause de la réduction du nombre de lits dans les hôpitaux psychiatriques, les malades de plus de 60 ans sont pris en charge dans des Ehpad. Dans ces établissements, le personnel, non formé à la pathologie, manque de temps et de moyens pour s’occuper d’eux.

«Sa psychopathie a éclaté le quatrième jour. Elle est descendue en furie. Elle s’est jetée sur une résidente en fauteuil et lui a arraché la bouche avec ses dents. On était quatre autour d’elle pour qu’elle desserre la mâchoire. Les pompiers sont venus la chercher et l’ont placée en psychiatrie.» Jean Arcelin, ancien directeur d’Ehpad, n’oubliera jamais les détails de cette scène sanglante survenue un samedi matin de 2017 dans le salon de son établissement. «C’est l’un des derniers événements indésirables graves qui ont fait que je suis parti», affirme-t-il auprès de Libération. Cet épisode dramatique, l’ancien du groupe Korian le raconte d’ailleurs dans son livre Tu verras maman, tu seras bien, paru en 2019.

La pair-aidance en psychiatrie : l'accompagnement efficace des anciens patients

Accueil 

le 21/04/2022

La Clinique des Quatre-Saisons (Ramsay Santé), située à Marseille, a mis en place depuis quelques mois un dispositif novateur de pair-aidance, afin d’améliorer la prise en charge et la réhabilitation des patients suivis en psychiatrie.

La Clinique des Quatre-Saisons (Ramsay Santé), située à Marseille, a mis en place depuis quelques mois un dispositif novateur de pair-aidance, afin d’améliorer la prise en charge et la réhabilitation des patients suivis en psychiatrie.

« La pair-aidance, c’est avant tout un message d’espoir. Cela permet de montrer à des patients touchés par des pathologies sérieuses qu’il n’y a pas de fatalité, que l’on peut espérer en sortir, mener une vie sereine et épanouie. C’est la preuve par l’exemple. » Alexandre El-Omeiri, psychiatre et coordinateur du dispositif de pair-aidance au sein de la Clinique des Quatre-Saisons, met ainsi en avant un des nombreux atouts de ce projet, lancé en 2021 au sein de l’établissement marseillais.


À l'hôpital de Chinon, la "pépite" de la psychiatrie française menacée par des suppressions de postes



Écrit par Thomas Hermans et Romane Sabathier  Publié le 

Les soignants en psychiatrie de l'hôpital de Chinon ont manifesté le 7 avril contre un projet de la direction, motivé par l'important déficit budgétaire de l'établissement. Un comble pour l'un des rares établissements psy à respecter au mieux les libertés individuelles de patients.

"Ça fait cinq ans que je suis au contrôle général, j'ai vu un grand nombre d'établissements, et je n'avais jamais vu ça." Quand il est arrivé à l'hôpital de Chinon, en Indre-et-Loire, Luc Chouchkaieff a eu une immense surprise. Et une bonne.

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A Tours, l’hospitalisation psychiatrique est trop contrainte

Mag'Centre


Dans un dossier récent nous avions titré : « La psychiatrie publique française est malade ». Le conflit entre un collectif de soignants de psychiatrie du CHU de Tours en est une affligeante illustration. 

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Suicide : le dispositif de prévention VigilanS déployé en Essonne et en Seine-et-Marne

Publié le 

Un dispositif de suivi des personnes ayant fait une tentative de suicide vient d'être mis en place en Essonne et en Seine-et-Marne, porté par l'EPS Barthélemy Durand à Étampes.

Depuis le 7 mars 2022, un nouveau suivi personnalisé pour les patients ayant fait une tentative de suicide est mis en place pour les départements de l‘Essonne et de la Seine-et-Marne.


Les Arts incohérents, un mouvement «Incos» risible au XIXe siècle

par Guillaume Gendron et Emmanuel Fansten

publié le 15 avril 2022

La bande de vrais faux artistes rassemblés autour de Jules Lévy fit sensation à la fin du XIXe siècle avec ses œuvres ironiques et potaches avant de tomber dans les oubliettes de l’histoire de l’art. 

Dans ces années-là, celles d’une Troisième République éprise de polémique, le souvenir de la Commune encore vif, on savait s’amuser à Paris. Du quartier latin à Montmartre, des bandes oisives et fêtardes aux noms géniaux – les Fumistes, Zutistes et autres Hirsutes – rivalisent de créativité dans des salons parodiques, où l’on s’érige contre le naturalisme à la Zola et le bon goût bourgeois. Parmi eux, un certain Jules Lévy, 25 ans, courtier chez Flammarion et membre fondateur des Hydropathes. Durant l’été 1882, lui vient l’idée d’une nouvelle blague : une exposition «de gens qui ne savent pas dessiner». C’est ainsi que naissent les Arts incohérents.

«Art monochroïdal»

Après un coup d’essai lors d’une kermesse, Lévy invite ses amis journalistes, caricaturistes et poètes à exposer dans son minuscule studio. Le début d’une décennie de vernissages happenings, où se presse alors le Tout-Paris – y compris Manet, Renoir et même Richard Wagner. On y «admire» un pied malodorant sculpté dans un morceau de gruyère, un buste en plâtre couvert d’étiquettes d’eau minérale (La Vénus de mille eaux) et des centaines de calembours visuels. L’humoriste Alphonse Allais en tire une sorte de compilation, l’Album primo-avrilesque, inventant ironiquement «l’art monochroïdal». Le livre deviendra culte, des dadas à Yves Klein.

Dans la bande à Lévy, qui jure «ne pas faire d’art, chose entendue, et n’avoir jamais voulu en faire», on trouve aussi le «monologuiste» Paul Bilhaud, auteur du fameux monochrome noir, et Emile Cohl, futur inventeur du dessin animé. Et même, pour un court passage, Toulouse-Lautrec. La promo est assurée par la célèbre revue du Chat noir (que Lévy édite un temps) et surtout les bals déguisés donnés par le groupe, dont même Marcel Proust se fait l’écho, terrifié à l’idée de voir sa dulcinée frayer avec ces débauchés. Le dernier bal a lieu à l’Olympia, en 1893, actant la fin d’un mouvement qui ne s’était jamais défini comme tel.

Reléguer dadas et surréalistes

Les Arts incohérents sont rapidement oubliés, leurs œuvres jamais collectionnées ni exposées – les historiens estiment que la plupart étaient détruites au lendemain des agapes. Redécouverts dans les années 60 par les amateurs de «pataphysique», les «Incos» restent une niche jusqu’à la fin du XXe siècle. Plusieurs chercheurs, Daniel Grojnowski, Denys Riout ou encore Catherine Charpin, se penchent alors sur ce «maillon oublié de l’histoire de l’art», sans pour autant trancher sur le cas Levy : prophète de l’art moderne ou plaisantin épate bourgeois ?

Un intérêt qui culmine avec une exposition à Orsay en 1992, avant que les Incohérents ne retournent à l’obscurité, jusqu’à la découverte de la «malle magique». Une nouvelle blague d’outre-tombe, qui pourrait réécrire l’histoire de l’avant-garde, et reléguer dadas et surréalistes au rang de suiveurs ? Après tout, la légende veut que Marcel Duchamp soit mort, littéralement de rire, un livre d’Allais à la main.