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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 30 janvier 2023

Cinq façons de sortir du « Dry January »... et de changer son rapport à l’alcool

CHRONIQUE

Ophélie Neiman

Trente et un jours sans alcool. Plus d’un Français sur trois envisageait, au début du mois de janvier, de relever ce défi bénéfique pour la santé. Alors que février approche, comment prolonger l’effort, ou renouer en toute modération avec le ballon ou le demi ?

Le mois de janvier s’achève et, avec lui, le Dry January, ou « janvier sec ». L’initiative, apparue au Royaume-Uni il y a dix ans, a essaimé par la force des réseaux sociaux et l’ardent soutien des associations anticancer et antialcool. Le site officiel, qui promeut le #ledéfidejanvier, annonce que, selon un sondage BVA, 35 % des Français interrogés pensaient y participer. Que vous ayez fait partie de ceux-là ou non, comment aborder le mois de février sous les meilleurs auspices ?

À quoi sert le silence en psychothérapie ?

Interview de Serge Hefez







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LES INTERSTICES

FRÉDÉRIC STUCIN

  • EXPOSITION

20.01 - 15.04.2023

  • STRASBOURG



    ENTRÉE LIBRE

    DU MERCREDI AU SAMEDI

    14H – 18H30

    DOSSIER DE PRESSE

    L’exposition et le livre de photographies de Frédéric Stucin, Les Interstices, accompagnés d’un texte d’Ondine Millot, ont pu voir le jour grâce au dispositif Capsule du ministère de la Culture.

    Projet soutenu par la DRAC Nouvelle-Aquitaine, l’Agence Régionale de Santé de la Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l’appel à projet Culture et Santé, le Centre hospitalier de Niort, l’association PEPPSY (Prêts et Externalisation pour la PSYchiatrie), la Radio Pinpon et Stimultania Pôle de photographie.

    Projet initié et piloté par la Villa Pérochon avec l’étroit partenariat et la co-construction du service psychiatrique de l’hôpital de Niort : La P’tite Cafète.

    Pendant un an, le photographe Frédéric Stucin s’est installé dans la cafétéria accolée au service psychiatrique de l’hôpital de Niort pour y observer les « interstices », photographiant patients et soignants : en résulte un doux ensemble de quatre-vingt-deux photographies sur ces lieux de soin souvent stigmatisés.


dimanche 29 janvier 2023

Je pars sans moi & Isabelle Lafon, folle à relier [Gill Sgambato]

 





Je pars sans moi


 TTT   Très Bien










La Colline - Théâtre national
15 rue Malte-Brun, 75020 Paris
Du 17/01/2023 au 12/02/2023

Isabelle Lafon et Johanna Korthals Altes ne travaillent pas sur la folie. Elles font de la folie un état, une vérité, une réalité, qu’il leur revient de traverser, sur une scène de théâtre où seule une porte blanche, posée là dans l’espace nu, indique que (peut-être) un sas séparerait normalité et anormalité. Les deux actrices s’échangent les mots comme on se repasse les symptômes. Hallucinations, confusions identitaires, trouble des personnalités : les dérèglements de la raison circulent de l’une à l’autre ; les récits surgissent pour s’évanouir dans des suspens, des clairs-obscurs. Le texte se découd à mesure qu’il se coud. Si des réflexions de psychiatres (Gaëtan de Clérambault et Fernand Deligny) inspirent le spectacle, celui-ci doit sa cohérence à la présence affirmative de ces deux corps féminins qui forment une entité : le théâtre. Un bien curieux phénomène dont on sait la joyeuse duplicité et la capacité à frapper son public de palinopsie.


Sceneweb

Isabelle Lafon, folle à relier

Dans Je pars sans moi, Isabelle Lafon emmène avec elle sa complice Johanna Korthals Altes aux frontières d’un monde à la fois proche et inconnu, peuplé de dangers : celui de la folie. À partir des mots d’une femme internée à la fin du XIXème siècle à Sainte-Anne, elles se fraient un chemin passionnant, délicat vers leurs propres vertiges.



La ferme à Gégé

 


film1

De : De Florent Verdet

Synopsis

Gérard Coutances, dit «Gégé» vit depuis 3 générations en fermage dans le bocage normand. Dans les années 90, endetté, il transforme son exploitation en un lieu unique d’accueil pour enfants.




Exclu : regardez “Fils de Garches”, le troublant récit d’enfants handicapés meurtris par l’hôpital

François Ekchajzer   Publié le 27/01/23

Rémi Gendarme-Cerquetti est retourné à l’hôpital de Garches où, dans les années 1990, on tentait de “remettre droit” les enfants atteints, comme lui, d’amyotrophie spinale. Un souvenir cauchemardesque qu’il a mis en scène dans “Fils de Garches”, à voir en exclusivité sur “Télérama”.

De l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) où il alla souvent, enfant, pour y subir des soins orthopédiques censés remettre droit son corps tordu par une amyotrophie spinale, Rémi Gendarme-Cerquetti garde un souvenir cauchemardesque. Celui d’un lieu menaçant, dont les grands bâtiments vétustes évoquaient à ses yeux le cinéma d’horreur. Prisonnier de corsets qui le faisaient inutilement souffrir, il alla jusqu’à se rêver « millionnaire, pour acheter l’hôpital et y tourner des films ». Puis décida plus raisonnablement d’en réaliser un, qui exposerait ce qu’il a enduré comme d’autres jeunes handicapés des années 1990, et qu’ignorent les valides. Diffusé sur telerama.fr du 27 janvier au 3 février, Fils de Garches offre une incursion inattendue dans ce monde d’une inquiétante étrangeté, décrit avec une grande maîtrise par ce cinéaste tout aussi accompli qu’inconnu.

Radio Pinpon permet aux patients en psychiatrie de s’exprimer

Publié 




Éric Lotterie est infirmier en psychiatrie à l’hôpital de Niort. Afin de mieux accompagner ses patients, il anime Radio Pinpon, un lieu d’expression qui leur est dédié. Entre lecture de textes ou jeu de sketchs, Brut a passé une journée dans leur studio.

Concevoir le soin de manière différente, je trouve que ça met un peu d’espoir dans des perspectives qui ne sont pas toujours très gaies, je parle du soin. Pour les patients, pour beaucoup d’entre eux je vois une facilité d’expression qui se met en place et un rapport de confiance.” Dans le service psychiatrie de l’hôpital de Niort, Éric Lotterie, infirmier, anime Radio Pinpon. Cette radio est réservée exclusivement aux patients du service. Dessus, ils peuvent s’exprimer grâce aux différents programmes, et parler de ce qui leur tient à cœur. 

C’est le but de Radio Pinpon”, explique Éric Lotterie. “C’est d’étayer les gens. Et puis écrire son histoire comme ça sans l’adresser à quelqu’un, ça serait dommage. Et je trouve que, justement, cette idée de l’adresse, on s’adresse à quelqu’un, c’est ce qui constitue la relation à l’autre quoi.

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Sexisme : le Haut Conseil à l’égalité décrypte le vécu « terrible » des femmes


 



Par   Publié le 23 janvier 2023

Le Haut Conseil à l’égalité a publié lundi 23 janvier son deuxième baromètre annuel sur le sexisme. Si 37 % des femmes déclarent avoir vécu une situation de non-consentement sexuel, seuls 12 % des hommes reconnaissent avoir insisté pour une relation sexuelle. L’instance révèle des comportements de sexisme très ancrés, en particulier chez les jeunes hommes.

Lors d’une manifestation pour la Journée internationale des droits des femmes, à Paris, le 8 mars 2021.

Trente-trois pour cent des femmes françaises affirment avoir eu un rapport sexuel alors qu’elles n’en ressentaient pas l’envie, évoquant l’insistance de leur partenaire. Et plus d’un tiers d’entre elles (37 %) témoignent avoir déjà vécu une situation de non-consentement au plan sexuel. En face, seuls 12 % des hommes reconnaissent avoir insisté pour une relation sexuelle alors qu’ils savaient que leur partenaire n’en avait pas envie. Ce sont quelques-uns des chiffres marquants du deuxième baromètre annuel sur le sexisme rendu public, lundi 23 janvier, par le Haut Conseil à l’égalité (HCE) entre les femmes et les hommes.

Cache-sexes Un jeu d'artiste

Disponible :

Du 15/01/2023 au 20/02/2023








L’histoire de l’art vue à travers la feuille de vigne et ses avatars. De l’Antiquité à nos jours, un inventaire malicieux et érudit du puritanisme appliqué aux beaux-arts et des ruses pour le contourner.  

Dans la statuaire grecque, les organes génitaux apparaissent encore sous la forme édulcorée d'un pénis enfantin pour l'homme et d'un pubis glabre pour la femme. Les artistes de l’époque antique, à qui l’on doit l’invention du nu, entendaient représenter un homme civilisé, capable de dominer ses pulsions. Sous l’ère chrétienne, une vague de cache-sexes déferle. Liées à la représentation de la Genèse, les classiques feuilles de vigne cèdent le pas à une infinité de végétaux, pagnes virevoltants, serpents suggestifs ou robinets potaches. Parfois, le paravent frise le ridicule, comme ce baudrier peint par David qui pendouille incommodément entre les jambes du guerrier Tatius. Mais le plus souvent, dans un excitant jeu de cache-cache avec la bienséance, les artistes débordent d'inventivité pour dissimuler – ou feindre de le faire afin de mieux montrer – le corps du délit. La chevelure bouillonnante de la Vénus de Botticelli, opportunément glissée entre les cuisses de la déesse, illustre ainsi la force du désir.

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Monsieur l'Abbé Blandine Lenoir

Festivals : Les films du festival du court métrage de Clermont-Ferrand






Résumé


Des hommes et des femmes dans les années trente et quarante. Ils auraient pu être nos grands-parents. Comment s’aimer sans faire huit enfants ? Comment concilier morale catholique et amour conjugal ? Pourquoi le plaisir est-il coupable ? L’Abbé Viollet, peut-être, saura répondre à toutes ces questions. La mince affaire.


L'avis de tënk


Monsieur l'Abbé est adapté de L'Amour en toutes lettres, Questions à l'Abbé Viollet sur la sexualité – plus de cent lettres de catholiques réunies par l'historienne Martine Sevegrand. En mettant en scène, en chair, en paroles et en costumes d'époque, ces messages adressés à un "spécialiste de la morale conjugale", Blandine Lenoir nous plonge dans les tourments intimes de ces croyants qui s'interrogent sur leurs devoirs et leurs interdits. Et c'est passionnant. La confiance avec laquelle ils se livrent est confondante : la plus grande intimité s'y expose, et la honte, et la peur.


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Mutilations Quand le réchauffement climatique conduit à une hausse des excisions

par Aurore Coulaud  publié le 28 janvier 2023

Dans les zones d’Afrique les plus touchées par la hausse des températures, les femmes font les frais d’une conséquence méconnue et dévastatrice du réchauffement climatique : face à la précarité alimentaire des familles, les mariages d’enfants augmentent, avec comme corollaire les mutilations génitales féminines.

C’est un fait : le changement climatique est un multiplicateur de menaces, même les plus inattendues. D’après l’Organisation des Nations unies (ONU), les mutilations génitales féminines (MGF), ou excisions, ont augmenté de presque 30 % dans les zones d’Afrique les plus touchées par la hausse des températures. L’association de solidarité internationale Vision du Monde, qui vient en aide «aux enfants les plus vulnérables», tient à alerter «sur ces pratiques dangereuses qui violent les droits des filles, et sont très préjudiciables pour leur avenir», alors que se tient le 6 février la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines. L’ONU espère éliminer complètement cette pratique d’ici à 2030.

samedi 28 janvier 2023

La psychanalyse et les traditions au Maghreb

 



PAR Khalid LYAMLAHY

26 janvier 2023

Des djinns à la psychanalyse. Nouvelle approche des pratiques traditionnelles et contemporaines

Jalil Bennani

2022


Les presses du réel

168 pages

Un essai documenté sur les dynamiques qui fondent la rencontre entre la psychanalyse et les pratiques traditionnelles au Maghreb, enrichi d’un travail de synthèse historique, théorique et clinique.

Quelle place tiennent les traditions et les pratiques populaires dans la psychanalyse au Maghreb et dans le reste du continent africain ? Comment penser la souffrance psychique en tenant compte de la transmission des croyances et des dialogues culturels ? Dans quelle mesure peut-on renouveler la pratique clinique en conciliant théorie scientifique et interprétation de la pratique magico-religieuse ?

Pour répondre à ces questions toujours d’actualité, le psychiatre et psychanalyste marocain reconnu Jalil Bennani propose un ouvrage dense et passionnant, à la fois ancré dans l’histoire (post-)coloniale du Maghreb (et plus particulièrement du Maroc) et ouvert sur des analyses à l’échelle régionale (notamment africaine et arabe) et universelle. L’ouvrage vient s'ajouter à d’autres travaux ayant traité de la rencontre entre la psychanalyse et les traditions culturelles et religieuses en contexte postcolonial, dont le très remarqué The Arabic Freud : Psychoanalysis and Islam in Modern Egypt (2017) d’Omnia El Shakry.

Dans son introduction, Bennani s’appuie sur son expérience professionnelle pour dire d’emblée que « la rationalité existe aussi bien dans les pratiques traditionnelles » comme la magie et la transe « que dans les pratiques modernes ». Dans un pays comme le Maroc, « guérisseurs, magiciens, saints, hommes de religion s’opposent ou cohabitent avec les psychiatres,  psychologues et psychanalystes ». Partant de ce constat, le but de l’ouvrage est de « proposer des pistes de réflexion pour articuler le discours des croyances au discours de la science et au langage ». Reprenant le concept de « double critique » du penseur marocain Abdelkébir Khatibi (soit la critique à la fois de l’héritage occidental et du patrimoine théologique), Bennani se donne pour objectif de réaliser « une double déconstruction : celle du passé colonial avec ses traditions médicales» et « celle de la tradition médico-religieuse, encore présente aujourd’hui au Maghreb ».

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« C'était comme une implosion à l'intérieur de moi »

PAR 

PUBLIÉ LE 27/01/2023

Crise suicidaire, dépression ou burn-out… A la clinique Mon repos, un hôpital de jour spécialisé en psychiatrie situé à Ecully, dans la banlieue lyonnaise, une filière spécifique accueille depuis 2019 les soignants en souffrance.

Clinique Mon Repos (Lyon) séance de relaxation

«Un jour, j'ai reçu le mail d'une soignante que je devais recevoir», nous raconte Magali Briane, psychiatre-addictologue et médecin coordinateur de l’hôpital de jour de la clinique Mon Repos (Ecully). «Cette patiente me demandait de ne pas l'appeler par son prénom, elle expliquait qu'elle porterait un masque, un chapeau, des lunettes... Ce mail dit la peur de la population pour les soins en santé mentale», explique la psychiatre. Cette crainte participe aussi d'une prise en charge tardive des soignants. Les professionnels de santé qui arrivent à la clinique Mon Repos se trouvent souvent dans des situations de grande détresse émotionnelle. «Il y a la peur de me rencontrer, la peur du jugement, la peur de croiser, parfois, un collègue, un patient», poursuit Magali Briane. C'est l'une des raisons pour lesquelles l'équipe a pris soin «d'externaliser la prise en charge» des soignants, qui sont reçus dans une unité dédiée. «Nous sommes aussi vigilants à ne jamais mettre dans les mêmes groupes thérapeutiques des gens susceptibles de se connaître», souligne Magali Briane.

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Crise de l’attractivité en psychiatrie : Frank Bellivier dresse un état des lieux et ouvre des perspectives

Publié le 

S’exprimant au Congrès de l’Encéphale le 20 janvier, le délégué ministériel à la Santé mentale et à la psychiatrie, Frank Bellivier, a dressé un état des lieux de la démographie des psychiatres, dans le contexte de « crise profonde d’attractivité » de la discipline et évoqué des pistes pour préparer l’avenir pour préparer une nouvelle génération de psychiatres, tout en répondant aux « urgences » du moment. 

Etat des lieux

Sur le plan de la démographie, le Pr Bellivier communique des chiffres qui peuvent paraître « rassurants ». Ainsi, « la France n’est pas le plus mal placée parmi les pays développés en nombre de psychiatres par habitant  » et la densités de psychiatres est « parmi les plus élevées d’Europe (20 psychiatres pour 100 000 habitants, dont 10 en exercice libéral ou mixte), ce qui la situe à la 4e place des 27 États de l’Union européenne », observe-t-il. En 2021, l’Observatoire nationale des professions de santé (ONDPS) comptabilise 15 500 psychiatres, dont 4500 libéraux exclusifs. Par ailleurs, le nombre total de psychiatres en France « n’a cessé de croître depuis les années 1980 » et diminue depuis 2016, la fin de cette décrue devant être effective en 2023.

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Au CHU de Nantes, la psychiatrie souffre la nuit : "la situation n'est plus tenable, elle empire"

Par Farah Sadallah   Publié le 

En psychiatrie, le personnel de nuit du CHU de Nantes (Loire-Atlantique) est en grève depuis le dimanche 22 janvier 2023. Des infirmiers racontent l'insécurité de leur quotidien.

L'ensemble du service en psychiatrie est en grève depuis le dimanche 22 janvier 2023 à l'hôpital Saint-Jacques à Nantes. Ils dénoncent leurs conditions de travail

Les professionnels de nuit de psychiatrie sont en grève depuis le dimanche 22 janvier 2023 à l’hôpital Saint-Jacques, à Nantes. Ils dénoncent leurs conditions de travail « inacceptables ». (©Farah Sadallah / actu Nantes)

« Un jour, il va se passer quelque chose de très grave », lâche Martin, infirmier de nuit en unité fermée, à l’hôpital Saint-Jacques, à Nantes (Loire-Atlantique). Ce vendredi 27 janvier 2023, ils sont 12 à s’être réunis pour témoigner de leurs conditions de travail en service de psychiatrie qui empirent de jour en jour, selon eux. 


Newsletter L Comment défendre l’avortement face à ses opposants ?

par Cécile Daumas   publié le 27 janvier 2023

Le 1er février, le Sénat doit se prononcer sur l’inscription de ce droit dans la Constitution. En 1971, la philosophe américaine Judith Jarvis Thomson écrivait un argumentaire philosophique inédit en faveur de l’IVG. Saisissant et toujours d’actualité.

Cet article est issu de L, la newsletter féminisme et sexualités publiée le samedi. Pour recevoir L, inscrivez-vous ici !

L’ultime moyen de combattre un opposant politique, puissant et organisé, est d’entrer dans sa tête et retourner ses arguments. C’est la démarche entreprise en 1971 par la philosophe américaine Judith Jarvis Thomson dans un article devenu célèbre, Une défense de l’avortement. Pour la première fois, un raisonnement philosophique démontait l’idée-force la plus connue des anti-IVG : le droit à la vie. Ce petit livre de philosophie analytique allait connaître un succès considérable. Il alimente depuis plus de cinquante ans le débat entre pro-choice et pro-life aux Etats-Unis. Les éditions Payot & Rivage sortent opportunément en livre, dans une traduction française inédite (1), cet argumentaire aussi limpide que percutant. Le Sénat va-t-il, ce 1er février, sanctuariser dans la Constitution française ce droit essentiel des femmes ? Fin novembre, l’Assemblée nationale a entériné le principe à une large majorité. Dans une pétition publiée dans le JDD, de nombreuses personnalités (Annie Ernaux, Laure Calamy ou Michelle Perrot) ont demandé instamment aux sénateurs de «protéger» ce droit fondamental «gravement menacé à travers le monde». Mercredi 25 janvier, la majorité sénatoriale de droite a rejeté le texte en commission, trois jours après l’organisation d’une manifestation «pour la vie» à Paris.

Zone d'expression prioritaire Moi JEune : «Je passe ma vie entre l’hôpital et le lycée»




par ZEP Zone d'expression prioritaire  publié le 27 janvier 2023Parcours de soins lourds, scolarité difficile à suivre, regard des autres… Quatre jeunes racontent leur expérience de la maladie et de l’hôpital et comment ils ont réussi à surmonter cette épreuve.

En publiant ces témoignages, Libération poursuit son aventure éditoriale avec la Zone d’expression prioritaire, média participatif qui donne à entendre la parole des jeunes dans toute leur diversité et sur tous les sujets qui les concernent. Ces récits, à découvrir aussi sur Zep.media, dressent un panorama inédit des jeunes en France. Retrouvez les précédentes publications.

«Mon cancer m’a fait développer un optimisme à toute épreuve»

Mounir, 23 ans, étudiant, Mantes-la-Jolie (Yvelines)

«T’as 15 piges, tu te sens au sommet de ta gloire et un mercredi matin tout s’arrête. On t’annonce que t’as un cancer, un synovialosarcome plus précisément. On te dit que les douze prochains mois, tu vas les passer sur un lit d’hôpital à te faire shooter à ta nouvelle cure de jouvence, la chimio.

«J’avais une boule sur le bras gauche, un kyste. Rien de grave selon mon médecin. Pour des raisons de gêne et d’esthétique, je suis passé sur le billard. L’opération s’est passée sans encombre. C’était bon, j’avais retiré cette boule et j’étais de nouveau moi. Un mois après, un mercredi matin, alors que je m’apprêtais à aller en cours, le téléphone a sonné. C’était le service de radio de l’hôpital de Mantes. Ils voulaient me voir parce que dans la biopsie de mon kyste, ils avaient trouvé des cellules malignes. Le merdier a commencé ! Mes parents, en panique totale, ne comprenaient strictement rien. On m’a annoncé que j’allais devoir repasser sur le billard dans les jours suivants pour une seconde opération qui allait me retirer 60% de mon biceps gauche. Putain, 60% de mon biceps, c’est juste dingue !

Interview Lionel Shriver : «Vieillir, c’est comme se vandaliser soi-même»

par Thomas Stélandre   publié le 27 janvier 2023

Dans son dernier roman «A prendre ou à laisser», l’autrice américaine explore de manière fantasque les univers alternatifs d’un couple d’octogénaires britanniques qui ont passé un pacte de suicide.

Ironie du sort pour une autrice réputée frondeuse, son passage à Paris coïncide avec une grève. L’Américaine basée à Londres a sans doute un avis tranché sur la réforme des retraites en France mais, conseil de son éditrice, ne la branchez pas sur le sujet. Mieux vaut aussi éviter le prince Harry, autre marotte du moment. Le Brexit en revanche, toile de fond du roman pour lequel on la rencontre, on n’y coupera pas. Sa position, elle le sait, «n’était pas très populaire ici» : elle était pour et n’en a pas fait mystère  pas le genre. La polémiste n’a pas retourné sa veste depuis, même si elle entendait les arguments des deux camps. «Or, je ne vois pas toujours les deux côtés de la médaille. Je ne suis pas comme ça.» Et d’ajouter, sourire en coin : «Je ne suis pas quelqu’un de compréhensif.»

Née en 1957 en Caroline du Nord, Lionel Shriver aime les sujets qui fâchent, fustige les périls de la «cancel culture» et la «mode passagère» du «concept d’appropriation culturelle». Parangon de la liberté d’expression pour certains, spécimen réac pour d’autres, on aurait toutefois tort de la limiter à ses punchlines. Shriver, c’est une quinzaine de romans. Le succès est arrivé sur le tard, en 2003, avec le huitième, We Need to Talk About Kevin (Il faut qu’on parle de Kevin, Belfond, 2006), adapté au cinéma par Lynne Ramsay en 2011 avec Tilda Swinton. Inspiré par la tuerie de Columbine, il suivait la relation épistolaire entre une mère et son fils psychopathe, coupable d’une fusillade dans un lycée. N’attendez d’elle ni personnages aimables ni doux sujets. A prendre ou à laisser lit-on ici en fronton, façon pacte de lecture. Voici celui que noue le couple Kay et Cyril, la cinquantaine sonnante : à 80 ans, pour éviter d’être un poids l’un pour l’autre et pour la société, la décision est prise, ils se suicideront. A la fin du premier chapitre, c’est le jour J. Dans les douze suivants, selon le principe des réalités parallèles, rien ne se passe jamais comme prévu et les cartes sont sans cesse rebattues.

Puisque Shriver reste Shriver, l’autrice étrille dans ses dialogues ping-pong le business de la fin de vie, la dégradation des services publics et l’absurdité de la course à l’éternelle jeunesse. Ce qui est peut-être plus nouveau, c’est comment l’amour, le vrai, le beau, constitue un fil reliant les différents scénarios (du burlesque à l’anticipation). Car dans ce jeu de variations et de répétitions, certaines phrases reviennent. Et notamment cet éclatant baiser entre nos deux seniors, «vibration» faisant résonner à plusieurs reprises «toute une vie passée à deux» telle «une cymbale dont ils venaient de frapper le bord avec brio». Même lorsque la partition est romantique, elle se joue avec des percussions.