L'expo DarwinLa prochaine fois que vous allez à la Cité des sciences de la Villette, avec vos gamins, faites le aussi pour vous. Et rendez vous à la nouvelle exposition temporaire «Darwin, l’original».
Ce n’est pas que cette exposition n’ait rien à proposer aux minots. Ils pourront s’amuser avec des pinsons aux becs aimantés. Trier des jeux de cartes virtuelles pour autant de quizz culturels et historiques sur le 19ème siècle. Jouer à sélectionner des pigeons virtuels. Voir des films particulièrement réussis. Pourront «singer» des expressions animales et de se faire prendre en photo, pour l’amusement de tous et des visiteurs suivants. Et trouveront même des écrans devant lesquels on peut jouer à se prendre pour Tom Cruise dans Minority report en agitant les bras pour le commander avec de grands gestes. Et ainsi lancer des jeux sur les traits anatomiques ou comportementaux que l’homme partage avec d’autres animaux. Mais l’expo vise aussi, voire plutôt, un public de lycéens et d’adultes (et de scolaires mais accompagnés). Mission ? Comprendre vraiment la pensée de Darwin.
Ouch ! La pensée de Darwin ? Ce truc dense, complexe, déformé à grands coups d’idéologies dès sa formulation avec l’Origine des espèces en 1859 ? Oui. Car nous avons besoin de «cette histoire culturelle des sciences», explique le concepteur de l’exposition, Eric Lapie. Elle prend d’ailleurs place dans un cycle pluriannuel sur les grands «penseurs» des sciences, démarré avec Léonard de Vinci. Il se poursuivra avec Louis Pasteur, début 2018. Lapie rêvant d’en faire une sur Ada Lovelace, la comtesse Augusta Ada King (1815-1852), la première et donc la plus innovante des informaticiennes dont on se demande vraiment pourquoi elle ne fait pas plus d’émules aujourd’hui dans la gent féminine à l'instar de Grace Hopper, à qui l'on doit l'invention du compilateur, ou de Margaret Hamilton, l'ingénieure en chef de l'informatique du programme Apollo. Ce serait là une excellente idée au vu des promotions mono-genre d'informatique à l'université.
CROIRE À L’ÉVOLUTION OU LA COMPRENDRE
Diffuser la pensée de Darwin est un besoin que Lapie justifie sans prendre de gants: «il y a un enjeu politique, lié au contexte actuel, de la compréhension de Darwin et du darwinisme. Quand j’entends des discours qui prétendent s’appuyer sur lui... dans le cadre d’un plan de licenciements dans une entreprise et où on nous ressort l’antienne des «plus aptes», de «la lutte pour la vie», ou de la «sélection naturelle»... je me dit qu’il est plus que temps de déconstruire ces discours trompeurs».