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samedi 14 avril 2012


Tarifs médicaux : enquête sur les dépassements d'honoraires

LE MONDE | 


A Paris des dépassements plus élevés et plus fréquents
A Paris des dépassements plus élevés et plus fréquents | Infographie Le Monde

Près de 15 euros de plus à débourser de sa poche à Paris pour voir un médecin, par rapport à la base de remboursement de la Sécurité sociale. Pour la première fois, Le Monde a quantifié la moyenne des dépassements d'honoraires pour les consultations dans les dix plus grandes villes deFrance. En s'appuyant sur les données, publiques, d'Ameli-direct, le site de l'assurance-maladie, nous avons mesuré le tarif demandé en moyenne aux patients, médecins généralistes et spécialistes confondus. Un exercice qui nous a aussi permis de relever la répartition des praticiens selon les prix demandés (deux fois, trois fois, etc., le tarif de la "Sécu").
Au total, 66 médecins, dont 63 à Paris, facturent plus de cinq fois le tarif conventionnel. L'immense majorité sont des médecins hospitaliers qui ont une activité privée à l'hôpital, tels ce professeur de l'hôpital Tenon dont la consultation s'élève de 200 à 220 euros, remboursée sur la base de 23 euros, ou ce psychiatre de Sainte-Anne qui demande 200 euros pour une consultation dont la base de prise en charge est de 34 euros.
Certes, payer cher est pour certains patients un choix. Mais cela suffit-il àjustifier l'emballement du système ? Selon des données de l'assurance-maladie que Le Monde a par ailleurs pu se procurer, sur les 5,7 milliards d'euros qui sont restés à la charge des Français ou de leurs mutuelles en 2011, 2,3 milliards étaient imputables aux seuls dépassements. Un chiffre àcomparer avec les 3 milliards des tickets modérateurs et les 300millions des forfaits.

  • Un phénomène très parisien
Notre comparaison montre que la capitale est la ville où les dépassements sont les plus élevés en moyenne, et les montants très supérieurs au tarif de base de la Sécurité sociale les plus courants. Ainsi, 6,7 % des praticiens s'inscrivent entre trois et quatre fois ce tarif. A Lyon, dans cette catégorie, on en trouve 1,5 %, et à Nice 1,1 %. A Lille, moins de 1% et aucun à Bordeaux. Tous généralistes et spécialistes confondus, la consultation s'élève dans la capitale à 15 euros au-dessus des tarifs de la Sécurité sociale. L'écart monte à 20 euros pour l'ensemble des spécialistes, et même à près de 30 euros pour les seuls spécialistes à honoraires libres.
Dans les autres villes, l'impact des dépassements est moins élevé - mais quand même mesurable : de 1,5 euro à Toulouse à 8 euros à Lyon. Il fautdire que 45 % des médecins parisiens pratiquent des dépassements, contre seulement 20 % des strasbourgeois ou 12 % des marseillais. Il existe de fait une grande diversité d'un département à l'autre. En moyenne, les taux de dépassements des spécialistes varient de 11 % au-dessus du tarif de la Sécu dans le Cantal ou le Lot à... 114 % à Paris, selon les derniers calculs que l'assurance-maladie nous a fournis (voir la carte au début de l'article).

Infographie Le Monde

  • Des raisons multiples
Selon la localisation que nous avons effectuée pour Paris, les médecins qui pratiquent plus de deux fois les tarifs de base se situent surtout dans les quartiers chics de l'ouest et du centre, où la clientèle est plus solvable. Le phénomène est connu: les médecins qui s'installent en zone surdotée en professionnels, comme l'est Paris, ont tendance à pratiquer des tarifs plus élevés, comme l'avait montré une étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques en 2011. Ce qui permet d'avoirmoins de patients, tout en gagnant autant, voire plus. Alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que la concurrence fasse baisser les prix, c'est l'inverse qui se produit, les médecins ayant tendance au mimétisme dans la fixation de leurs tarifs.
Surtout, les dépassements les plus élevés se situent dans les hôpitaux, ce qui explique leur concentration à Paris. Ainsi, sur les 66 médecins qui pratiquent plus de cinq fois le tarif de la Sécu, 55 sont des hospitaliers, dont 52 parisiens. Mise en cause il y a peu par 60 millions de consommateurs, l'activité privée à l'hôpital permet notamment d'obtenir plus vite un rendez-vous. Dans ce cadre, les tarifs de consultation peuvent être très élevés, et encore plus les actes techniques, comme le relevait le magazine, qui donnait pour exemple la pose d'une prothèse de hanche: pour une base de remboursement de 459,80 euros, le prix pouvait grimper jusqu'à 4250 euros.
Consciente de ce phénomène de tarifs plus élevés dans la capitale, l'assurance-maladie a mené une réflexion, il y a deux ans, pour mieux yrembourser les frais de santé. Mais l'idée a été abandonnée. Trop complexe, car il aurait fallu élargir la mesure à certaines zones, comme les Hauts-de-Seine. Trop risqué aussi, car cela aurait pu avoir pour impact derendre les autres zones encore moins attractives pour les médecins.
Cependant, la situation doit être relativisée. Les Parisiens, contrairement aux habitants d'autres villes, ont (encore) la possibilité de contourner le problème, s'ils s'arment de patience. Comme les médecins sont nombreux à Paris, il en reste beaucoup en secteur 1. Il est aussi possible de setourner vers les centres de santé ou les hôpitaux, où le tarif opposable est appliqué. "La vraie question est de savoir pendant combien de temps l'exception va perdurerestime Magali Leo, chargée de mission au Collectif interassociatif sur la santé (CISS). Vu la moyenne d'âge de la profession, il y a de quoi s'inquiéter puisque les nouveaux médecins préfèrent le secteur 2."

  • Une absence de sanctions
Les honoraires libres se sont généralisés, mais le système reste opaque. Une seule règle régit les dépassements: appliquer ses tarifs avec "tact et mesure", comme l'indique le code de déontologie. Le médecin peutpratiquer des honoraires plus élevés selon sa notoriété, mais il doit lesmoduler selon la situation de chaque patient. "Une notion surannée", selon Mme Leo, et responsable du fait que le système ne fonctionne plus.
En 2008, l'assurance-maladie a lancé une première opération de contrôle des tarifs des médecins hospitaliers. Elle s'est soldée par une dizaine de convocations de pontes parisiens par le conseil de l'ordre. Le tout a été discrètement réglé, et aucune sanction n'a été appliquée. Les médecins ont dû s'engager sur l'honneur à baisser leurs tarifs. Tous l'ont fait, et certains de façon conséquente (ils partaient de haut). Quelques-uns ont tendance aujourd'hui à les relever.

Une nouvelle campagne est en cours: 28 hospitaliers et 250 libéraux sont cette fois dans le viseur. L'assurance-maladie a fixé un seuil, qui se situe entre trois et quatre fois le tarif de la Sécu, et cible ceux qui sont au-dessus. Avant un éventuel signalement à l'ordre des médecins, elle va analyserleurs arguments. Dans les premiers courriers reçus, les médecins mettent en avant de nouvelles formations ou techniques, le coût du matériel ou des locaux...
Les noms restent confidentiels, les sanctions ne sont pas vraiment à l'ordre du jour. L'assurance-maladie et l'ordre des médecins se renvoient la responsabilité du manque de suivi des abus. Mais c'est aussi une absence de volonté politique sur la question qu'il faut pointer. Les choses vont-elles changer? L'ordre promet pour mai une réflexion sur "le tact et la mesure", et donc sur ce qui constitue un excès. Ce qui pourrait aboutir "à la fixation d'un plafond", affirme Michel Legmann, son président, qui constate que les politiques se font de plus en plus pressants.
Dimanche 8 avril, le CISS a publié un sondage réalisé par Viavoice pour la campagne présidentielle. 52 % des sondés disent qu'il faut encadrer les dépassements, 32 % carrément les interdire.

Deux secteurs de tarification
  • Secteur 1
Les médecins conventionnés dans ce secteur appliquent les tarifs de la Sécurité sociale, sauf exigence particulière du malade. La base de remboursement de la "Sécu" est de 23 euros (le tarif conventionnel) pour les généralistes inscrits dans ce secteur, et le remboursement de 15,10 euros. Pour les spécialistes, elle est de 25 euros, et le remboursement de 15,10 euros. La différence peut être prise en charge par une complémentaire de santé.
  • Secteur 2 (et secteur 1 avec autorisation de dépassement)
Les médecins pratiquent des honoraires libres. La base de remboursement est de 23 euros pour les rares généralistes qui y figurent encore (ils n'ont plus le droit de s'y inscrire), comme pour les spécialistes. Le remboursement de la Sécurité sociale s'élève à 15,10 euros. Selon les contrats, les complémentaires de santé prennent plus ou moins en charge les surcoûts liés aux dépassements.


AUTISME : LES ENJEUX D’UNE CAMPAGNE

Après la maladie d’Alzheimer (avec les résultats pitoyables que l’on connaît), c’est en 2012 que l’autisme est déclaré « grande cause nationale ».
Roselyne Bachelot vient de présenter en conseil des ministres « un plan autisme 2012-2015 ».
Celui-ci relève avant tout de l’effet d’annonce à quelques semaines des élections, alors qu’il n’y a même plus de Parlement pour en débattre.

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Jérôme Pélisse, Caroline Protais, Keltoume Larchet, Emmanuel Charrier (dir.), Des chiffres, des maux et des lettres. Les experts judiciaires en économie, en psychiatrie et en traduction

Marion Grosini

Des chiffres, des maux et des lettres
Jérôme PélisseCaroline ProtaisKeltoume LarchetEmmanuel Charrier(dir.)Des chiffres, des maux et des lettres. Les experts judiciaires en économie, en psychiatrie et en traduction, Paris, Armand Colin, coll. « Recherches », 2012.

TEXTE INTÉGRAL


  • 1  Définition de Fritsch, P (1985) : « situation d’expertise et système expert » in CRESAL,Situation (...)
  • 2  Traités respectivement par Caroline Protais, Keltoume Larchet et Emmanuel Charrier dans les chapit (...)
1Pour reprendre une expression présente dans l’ouvrage, « l’expertise est à la mode ». Définie comme « la rencontre d’une conjoncture problématique et d’un savoir spécialisé 1», l’expertise et en l’occurrence son développement actuel posent deux questions principales : celle du rapport entre savoir et politique tout d’abord et celle de la pratique de l’expertise elle-même. Pensée comme exemple parfait du modèle décisionniste à la française qui distingue expert technicien et juge décideur, l’expertise judiciaire questionne en fait la légitimité des savoirs institués dans la pratique quotidienne du droit. Dans cet ouvrage, Pelisse et al. se proposent d’interroger ce phénomène au travers de l’éventualité d’un processus de professionnalisation des experts de justice en psychiatrie, traduction et économie2 – le tout dans une perspective de sociologie des professions. Cette perspective est d’autant plus intéressante que le modèle d’expertise français se pose d’emblée contre toute professionnalisation des experts (les taux de rémunération sont d’ailleurs très bas) et que le sujet de l’expertise judiciaire reste peu étudié en sociologie. En ce sens, l’apport majeur des auteurs réside dans la diversité des terrains étudiés - psychiatrie, économie et traduction – et l’attention portée aux pratiques et activités concrètes des experts.  
Texte intégral ici



INFOS : FESTIVAL 2012

INFOS : FESTIVAL 2012

Après une année 2011 d’absence, l’année 2012 voit le retour du festival de Lorquin sur son site historique.
Les documents d’inscriptions sont disponibles dès aujourd’hui.
Rendez-vous les 12, 13 et 14 juin 2012 à Lorquin pour le 35ème Festival Psy de Lorquin !

NORVEGE. Dans la tête d'Anders Breivik

Créé le 10-04-2012

Faut-il punir ou déclarer irresponsable l'auteur du massacre d'Utøya? La question hante la Norvège qui se demande comment elle a pu engendrer un tel monstre.

Dans les conversations, aujourd'hui, on l'appelle "gjerningsmannen" (le "criminel") ou bien "terroristen" (le "terroriste"). Comme si le simple fait de le nommer pourrait laisser penser qu'il fait encore partie du monde des hommes. Anders Behring Breivik, 33 ans, est-il un criminel ou un fou ?
C'est la question qui déchire le pays et permet de comprendre pourquoi on a spécialement aménagé à son intention des locaux hybrides, mi-prison, mi-asile, dans le pénitencier de haute sécurité d'Ila, près d'Oslo. Jamais personne en Norvège n'a été détenu dans de pareilles conditions. Mais jamais non plus un tel crime n'avait été commis. Huit morts dans un attentat à la bombe au cœur de la capitale. Soixante-neuf jeunes abattus de sang-froid par un homme déguisé en policier sur l'île d'Utøya où se tenait l'université d'été des jeunes travaillistes. C'était le 22 juillet dernier. La Norvège, révulsée par la sauvagerie du tueur, découvrait alors le visage de ce grand blond aux yeux bleus, capable de fixer l'objectif des photographes d'un sourire de glace.

Deux expertises contradictoires

A Ila, Breivik a passé ses journées dans une ancienne salle de conférence de 60 mètres carrés, sous l'observation constante d'une équipe médicale. Dix employés de l'hôpital psychiatrique de Dikemark se relayaient à ses côtés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, consignant ses moindres faits et gestes. Leur tâche : assister les deux médecins, chargés par le tribunal d'Oslo d'évaluer pour la seconde fois son état de santé mentale.
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Norvège : Anders Behring Breivik reconnu pénalement responsable

Le Monde.fr avec AFP | 

Une contre-expertise psychiatrique a conclu que l'auteur des attaques en Norvège ne souffrait pas de "schizophrénie paranoïde".
Une contre-expertise psychiatrique a conclu que l'auteur des attaques en Norvège ne souffrait pas de "schizophrénie paranoïde". | AFP/DANIEL SANNUM LAUTEN

Une contre-expertise psychiatrique d'Anders Behring Breivik, rendue publique mardi 10 avril, contredit les résultats d'une première expertise officielle qui avait estimé l'an dernier que Breivik souffrait de "schizophrénie paranoïde", ce qui plaidait pour son internement psychiatrique plutôt qu'une peine de prison. Il est donc considéré par la justice norvégienne comme pénalement responsable.
"Il y a un risque élevé de récidive", ont précisé Agnar Aspaas et Terje Toerrisen, les deux experts psychiatres auteurs de la contre-expertise, estimant avoir disposé "d'autant, voire plus de matériels" que leurs confrères pour évaluer la santé mentale de Breivik. Ils assurent que Breivik"n'était pas psychotique au moment des faits". Leur rapport s'appuie sur 11 entretiens avec l'accusé, trois semaines d'observation permanente et lesprocès-verbaux des auditions par la police.
L'extrémiste s'est dit "content", par la voix de son avocat, du résultat de la contre-expertise psychiatrique. Lors de son procès qui s'ouvre lundi, "il va non seulement défendre [son geste] mais aussi déplorer, je crois, de ne pas être allé plus loin", a annoncé mardi son avocat. "Cela sera extrêmement difficile, un énorme défi d'écouter ses explications", a ajouté Geir Lippestadlors d'un point de presse.
OUVERTURE DU PROCÈS DANS SIX JOURS
Commandé après le tollé soulevé par la première expertise et publié six jours seulement avant l'ouverture du procès de l'extrémiste, la nouvelle expertise est, comme la première, provisoire et n'a qu'une valeur consultative. En dernier ressort, il reviendra aux juges du tribunal d'Oslo, dans leur verdict attendu en juillet, de trancher l'épineuse question de la responsabilité pénale du tueur.
Lire Le carnet de bord du terroriste norvégien1ere partie et 2e partie
Le 22 juillet 2011, Anders Behring Breivik avait d'abord tué huit personnes en faisant exploser une bombe au pied de la tour qui abrite le siège du premier ministre, absent à ce moment-là. Puis, déguisé en policier, il avait froidement mitraillé pendant plus d'une heure des jeunes travaillistes réunis en camp d'été sur l'île d'Utoeya, près d'Oslo. La fusillade avait fait 69 autres victimes, essentiellement des adolescents pris au piège d'un lac aux eaux glaciales.
Anders Behring Breivik risque 21 ans de prison s'il est reconnu pénalement responsable de ses actes. En droit norvégien, cette peine peut être prolongée indéfiniment si un risque de récidive est avéré.

vendredi 13 avril 2012


La Scientologie derrière l’exposition anti-psychiatrie

Par Sophie Simon


La commission organisatrice de l'exposition, qui se déroule actuellement à l'hôtel Warwick, était sous haute surveillance au Tessin, contrairement à Genève.

L’exposition «Psychiatrie, la vérité sur ses abus», est organisée par la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH) à l’hôtel Warwick depuis mercredi. Ce que ne dit pas l’affiche, c’est que derrière la CCDH se cache en fait une branche de la Scientologie.
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Sécurité des soins : La HAS publie un guide de bonnes pratiques en réponse à l’inquiétude des infirmières

Après la parution, hier, à l'initiative de l'Ordre National des Infirmiers, d’une enquête faisant état de l’inquiétude de la profession concernant la qualité et la sécurité des soins, la Haute Autorité de Santé (HAS) publie aujourd’hui un guide de bonnes pratiques, en 5 étapes, afin d’améliorer la sécurité des soins en établissement hospitalier. Loin d’être une réponse aux questions et aux angoisses d’une catégorie socio-professionnelle épuisée, le rapport propose la mise en place d’une méthodologie précise et cadrée…

L’enquête nationale, auprès de 21 000 infirmières et infirmiers, dévoilée hier par l’Ordre National des Infirmiers, montre qu’un infirmier sur deux estime qu’il ne peut actuellement assurer une sécurité des soins optimale à ses patients. Les causes de cette situation sont multiples. Qu’ils soient salariés du secteur public ou du secteur privé, tous sont unanimes : surcharge de travail, stress, épuisement, manque de matériel et moyens inadaptés sont les principaux facteurs responsables de cet état de fait.
N’ayant pas eu accès à cette dernière étude, la HAS s’est appuyé, sur les données de la précédente Enquête Nationale sur les Evénements Indésirables liés aux Soins (ENEIS) datant de 2009, pour mettre au point une méthodologie qui a pour objectif de sécuriser les soins en secteur hospitalier. En effet, sur les 275 000 à 395 000 événements indésirables graves recensés par an, plus d’un tiers seraient évitables. «Il était donc nécessaire », estime la HAS, « d'élaborer certaines règles pour mieux appréhender et mieux analyser les situations à risques afin de limiter leur effets sur les patients. » 
La plupart des outils de méthodologie proposés par la HAS ont déjà été testés sur le terrain. Ils ont servi de catalyseur et ont permis aux équipes hospitalières de mettre en place leur propre système de prévention des événements indésirables, adapté à leur établissement. 
Au final, le guide a été composé de 24 fiches techniques permettant au personnel hospitalier de gérer au mieux les risques au sein de l'établissement.
Dans le contexte actuel des élections présidentielles, particulièrement tendu, où une large part des infirmiers est loin d’être satisfaite des réformes réalisées, le souhait de la plupart d’entre eux est de participer à l’évolution de leur métier, plutôt que suivre un certain nombre de directives. Le souci d’améliorer les conditions de soins reste central pour ces professionnels de la santé.

Les artistes se mobilisent pour les Bluets


La chanteuse Catherine Ringer milite pour la naissance libre.
L’ex Rita Mitsouko Catherine Ringer, le réalisateur Cédric Klapisch ou encore le slameur Grand Corps Malade ont participé, mercredi 11 avril, à une soirée débats-concerts pour le maintien de cette maternité de l’est parisien.  

‭A l’approche du premier tour de l’élection présidentielle, la mobilisation pour le maintien de la maternité des Bluets ne faiblit pas. L‭'‬association‭ «‬ Touche pas aux Bluets »‬ organisait,‭ ‬dans la soirée du mercredi‭ 11‭ avril,‭ ‬un débat-concert à l'espace Reuilly‭ (‬Paris‭) ‬mêlant professionnels de santé,‭ ‬élus,‭ ‬représentants syndicaux et artistes. Tous engagés dans la lutte pour la survie de cette maternité de l’est parisien, dont les importants déficits pourraient entraîner la fermeture.
Malgré une forte attractivité‭ ‬due à la qualité de l'accompagnement des naissances,‭ ‬la maternité des Bluets affirme en effet vivre depuis quelques temps une descente aux enfers, provoquée par les règles de la convergence tarifaire imposée par l'ARS. C'est sur scène,‭ ‬en échos aux tables rondes où les nombreux intervenants se sont exprimés sur les effets dévastateurs de la financiarisation‭ qui pousserait les professionnels à faire « de l'abattage des naissances ‭»‬,‭ ‬que‭  ‬des‭  ‬artistes, comme le réalisateur Cédric Klapisch,‭ la chanteuse ‬Catherine Ringer,‭ le baryton ‬Vincent le Texier ou l'auteur Grand Corps Malade, sont venus apporter leur soutien.

« On passe à côté de la vie »
‭«‬ On avait un bon système de santé, qu'on est entrain de détruire pour des questions économiques et financières, mais pas seulement », ‬affirme Catherine Ringer.‭ Avec la chanson Nos maternités, l'artiste s'est engagée sur la naissance libre pour, dit-elle, « montrer que, bien au-delà des contraintes financières, il faut s'interroger sur l'essence même de la naissance. On est aussi dans une logique où la technologie doit prendre le pas sur tout. Déclencher les naissances,‭ ‬programmer une césarienne lorsque ce n'est pas nécessaire nous fait rater des moments importants,‭ ‬on passe à côté de la vie. »
Une idée partagée par le barython Vinçent Le Texier qui, à travers son combat pour les Bluets, défend un certain idéal de société. ‭« Je tiens à exprimer mon opposition face à la politique de ce gouvernement. J'en mesure les conséquences sur le système de la santé, mais pas seulement. J'ai de la chance de faire un métier que j'adore,‭ ‬mais je ne suis pas heureux car je constate que tout se dégrade autour de moi.‭ ‬Un pays qui commence à rentabiliser les naissances, cela devient dangereux car cela veut dire que tout le monde ne pourra pas accoucher dans les mêmes conditions. Le choix de la naissance libre, ce n'est pas juste une question de société, c'est aussi une question de civilisation. Il faut sortir de ces logiques terribles. »

Manifestation à Paris samedi
Arrivé tardivement dans la soirée,‭ ‬Grand Corps Malade ne peut s'empêcher, dans un slam, de faire le parallèle entre l'enseignement et la santé en France. ‭«‬ Les institutions publiques sont malmenées en France,‭ ‬je suis là pour défendre les métiers de prof ou d'infirmier, qui sont d'une grande noblesse et ne sont pas considérés à leur juste valeur. »
Les professionnels de la santé espèrent que la voix des artistes sera entendue par l'opinion publique, appelée à descendre dans la rue pour manifester et demander aux prétendants à Élysée de prendre position, notamment sur la question des maternités de proximité. Un rassemblement régional est prévu ce samedi 14‭ avril, place Gambetta, à Paris.

Texte et photo: Elisabeth Cosimi


Des propositions pour réduire les inégalités d'accès aux soins

Plusieurs études et rapports relèvent le développement des inégalités sociales dans l'accès et l'utilisation des services de santé. Le renoncement aux soins pour raisons financières et la progression des déserts médicaux dans nombre de zones rurales et dans certains quartiers déshérités étant deux déterminants essentiels. Pour contrer cette progression, des think tanks proposent des pistes de réflexion attribuant à l'Etat et au secteur privé le coût des soins et la couverture sanitaire de façon plus ou moins importante.

Ainsi, Agnès Verdier-Molinié et Philippe François (Fondation Ifrap), et Angèle Malâtre (Institut Montaigne) se rejoignent lorsqu'ils proposent de faire participer davantage les assurés, les mutuelles ou les complémentaires santé dans la prise en charge des dépenses. La Fondation Ifrap souhaitant casser le "monopole" de l'assurance-maladie et l'Institut Montaigne proposant la mise en place d'un plafonnement des restes à charge (autrement dit "franchise" ou "bouclier sanitaire"), avec une prise en charge à 100 % par l'assurance-maladie au-delà du plafond (déterminé en fonction des revenus). Alors que Willy Pelletier (Fondation Copernic) prône la transformation des cliniques privées en hôpitaux publics ou encore le remboursement à 100 % des dépenses de santé, et que Daniel Benamouzig (Terra Nova) insiste, notamment, sur la limitation des dépassements d'honoraires.

Pour contrer la désertification médicale, plusieurs think tanks proposent la création de maisons de santé, comme la plupart des candidats à l'élection présidentielle. Mais là encore, les divergences apparaissent. La rémunération des médecins dans ces centres de santé doit-elle être mixte (Institut Montaigne et Terra Nova) ? Faut-il inciter les jeunes médecins à s'installer dans des zones sous-dotées, voire les y obliger (Fondation Copernic) ? D'autres pays comme l'Allemagne ont expérimenté un tel système, avec des effets mitigés, répond l'Institut Montaigne.

Plusieurs questions sont ainsi soulevées qui exigent "une volonté et une action d'envergure" (Terra Nova) et auxquelles le futur président de la République devra apporter des solutions après "un large débat" (Institut Montaigne), sans oublier de développer la prévention (Fondation Copernic) et en ouvrant la problématique à toutes les inégalités sociales de santé (Terra Nova).


Le blues du Rased

Qui se souvient encore des Rased ? C’était en 2008 : les maîtres spécialisés et les psychologues regroupés derrière cet acronyme (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) avaient bruyamment battu le pavé pour s’opposer aux velléités ministérielles de tailler dans leurs effectifs et de les remplacer par une "aide personnalisée" (effectuée par en dehors du temps scolaire par les instituteurs). Quatre ans plus tard, la réforme a fait son œuvre : au nombre de 15 000 en 2008 sur l’ensemble du territoire, les Rased ne devraient plus être que 10 000 à la rentrée 2012, d’après le Snuipp-FSU, le principal syndicat du premier degré.
Dans le département de l’Indre-et-Loire, 15 postes seront supprimés en septembre, dont deux à Saint-Pierre-des-Corps. Lionel Laboudigue fait partie des "victimes". Et le moins qu’on puisse dire est qu’il le vit mal. Très mal.
Lionel Laboudigue dans la salle adaptée d'une école de Saint-Pierre-des-Corps.©Helene Jayet
Lionel Laboudigue dans la salle adaptée d'une école de Saint-Pierre-des-Corps.©Helene Jayet
Lionel Laboudigue a 40 ans, dont quinze années de carrière en tant que professeur des écoles. Il a bourlingué aux quatre coins du département (La Ville-aux-Dames, Neuillé-le-Lierre, Château-Renault, Bléré, Amboise…), s’est frotté à pratiquement tous les niveaux existants dans le primaire avant de décider, il y a un an, de devenir "maître G", nom donné aux enseignants spécialisés dans l’aide éducative. A l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Tours, il était seul en formation l’an dernier. Diplôme en poche, il a ensuite été nommé dans plusieurs écoles de Tours et des environs, notamment à Saint-Pierre-des-Corps. C’était sa première affectation. Ce sera sa dernière.
Quand l’Inspection académique lui a signifié, il y a un mois, que son poste ne serait pas reconduit, les sentiments se sont bousculés. "Etonnamment, je n’ai pas été surpris, raconte-t-il. Révolté oui. Très en colère également. Mais pas surpris car cela était dans l’air depuis le début de l’année scolaire. En faisant cette formation de maître G, je savais également que la perspective de rester longtemps en poste était hasardeuse. Mais je m’étais lancé là-dedans à la manière d’un acte militant."
La lettre de l'inspection académique confirmant la suppression du poste de Lionel Laboudigue.©Helene Jayet
La lettre de l'inspection académique confirmant la suppression du poste de Lionel Laboudigue.©Helene Jayet
La désillusion est d’autant plus grande que Lionel Laboudigue a – ou plutôt "avait" - le sentiment d’avoir "trouvé sa voie". Redonner confiance à des élèves perdus dans le champ des savoirs, utiliser des jeux et des voies détournées pour y parvenir, travailler les ressources affectives comme on malaxe une pâte, faire le lien avec les familles… Lui qui, lorsqu’il était "simple" instituteur, se sentait démuni face à des élèves en difficulté n’aura eu qu’une petite année pour vérifier de lui-même l’utilité du système Rased.
Quand on lui demande si des enfants ont progressé lors des séances hebdomadaires d’une heure maximum qu’il effectue dans une salle de classe adaptée, il répond "oui"sans ciller. "On est la soupape qui fait diminuer la pression entre ces enfants et leurs appréhensions face à l’école. Sans cette soupape, le risque d’imploser devient énorme. Que deviendront-ils si on arrête de les aider ? On peut imaginer qu’ils seront éjectés du système scolaire à un moment ou un autre." 
©Helene Jayet
©Helene Jayet
A sa déception personnelle d’arrêter si tôt son nouveau métier se mêle une sensation plus sournoise, indicible, "comme l’impression d’avoir été un peu lâché", dit cet ancien "désobéisseur". A Saint-Pierre-des-Corps, une mobilisation locale avait pourtant pris forme dès l’apparition des premières menaces sur les deux postes. Enseignants, parents d’élèves, élus avaient lancé des pétitions, quémandé des rendez-vous en haut-lieu, accroché des banderoles aux grilles des écoles, distribué des tracts au marché, alerté les médias… Et puis les vacances de février sont passées par là. Le soufflet est retombé.
Etonnamment, la perspective de l’élection présidentielle a également joué un rôle dans le découragement ambiant. Comme l’expliquait une de ses collègues il y encore un mois, "la campagne ne nous aide pas. Les gens se disent : 'pourquoi continuer à manifester alors que tout peut changer en fonction du vote ?' C’est un peu paradoxal, mais c’est comme ça."
Contraint de revenir à son premier job, Lionel Laboudigue formule actuellement ses vœux en vue d’un poste d’instituteur pour la rentrée de septembre. Retourner à l’ordinaire d’une salle de classe a tout d’"un renoncement", confie le maître spécialisé, inconsolable d’avoir pratiqué trop peu de temps un "métier qui disparaît".