« Depuis la rentrée scolaire, c’est infernal, j’ai entre trois et dix migraines par mois, et des céphalées de tension presque tous les jours. En fait, il n’y a que deux ou trois jours par mois où je n’ai pas mal à la tête », détaille Juliette (son prénom a été changé), 15 ans. Suivie de longue date au Centre de la migraine de l’enfant et de l’adolescent, à l’hôpital Trousseau (Paris), la jeune fille a appris à distinguer ses différents types de céphalées. Comme la plupart des enfants migraineux, elle souffre à la fois de migraines, des « gros maux de tête » qui évoluent par crises et obligent en général à arrêter toute activité ; et de céphalées de tension, des « petits maux de tête » moins invalidants et qui passent sans médicament.
Pour comprendre les causes de cette recrudescence des crises chez sa patiente, Daniel Annequin, responsable de ce centre de référence, fait redérouler à Juliette le fil de sa vie depuis la dernière consultation, il y a deux ans. Il la questionne sur l’ambiance au lycée, le climat familial, les facteurs déclenchants des maux de tête, leurs conséquences en termes d’absentéisme scolaire…
Au Centre de la migraine de l’enfant, structure unique en son genre en France, créé en 2002 par des spécialistes de la douleur en pédiatrie, les professionnels disposent d’un atout essentiel : le temps. La consultation peut durer jusqu’à une heure et demie, permettant aux médecins d’explorer à fond l’histoire médicale et les symptômes de leurs petits patients, mais aussi le contexte psychosocial, une dimension « souvent négligée mais fondamentale », insistent les membres de l’équipe.