L’addictologue Amine Benyamina plaide pour plus de recherche sur les cannabinoïdes en France et une évolution de la réglementation.
Un peu plus d’un an après son autorisation de mise sur le marché, le 8 janvier 2014, le Sativex, premier médicament à base de cannabis approuvé en France, devrait être disponible en pharmacie avant l’été. Déjà autorisé dans une vingtaine de pays, ce produit fabriqué par le laboratoire britannique GW Pharmaceuticals, sera commercialisé en France par une autre firme, Almirall. Spray associant deux cannabinoïdes, il ne pourra être prescrit que dans des conditions très strictes, et uniquement chez des patients souffrant de contractures liées à une sclérose en plaques (SEP).
Parallèlement, le Sénat a examiné, en séance publique le 4 février, une proposition de loi de la sénatrice écologiste Esther Benbassa visant à permettre un usage contrôlé, y compris non thérapeutique, du cannabis. L’ouverture de la France au cannabis thérapeutique va-t-elle rester limitée à ce cadre étroit ou s’étendre à d’autres indications médicales, déjà reconnues dans certains pays ? Où en sont ces recherches ? Le point avec le professeur Amine Benyamina, psychiatre et addictologue, responsable du centre d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse (Villejuif), et administrateur de la Fondation Action Addictions.
Vous êtes, en France, l’un des médecins qui défendent publiquement l’usage médical du cannabis. L’arrivée du Sativex, après des années d’interdit, marque-t-elle le début d’une nouvelle ère ?
Je suis effectivement favorable à un débat sur le cannabis thérapeutique, et même plus largement à une évolution du cadre réglementaire sur ce stupéfiant. Mais aujourd’hui, il n’y a pas de volonté politique ; nombre de politiciens ont une opinion tranchée, parfois polluée par des opinions domestiques, et ils ne veulent pas entendre le discours scientifique.