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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 7 mai 2020

Sois belle et masque-toi

Par Anne Kaftal, auteure d'une thèse de doctorat sur la culture médiatique néo-féministe — 
Au Brésil, le 8 avril.
Au Brésil, le 8 avril. Photo Douglas Magno. AFP

La stratégie qui consiste à s'emparer d'une obligation sanitaire pour la transformer en un rituel de mode mobilise des arguments inspirés du féminisme pour stimuler la consommation.

Tribune. Depuis quelques semaines, les articles se multiplient autour d’un nouvel objet qui pourrait devenir, dans le monde du déconfinement, un accessoire de mode incontournable : le masque. Maintenant décliné dans une gamme variée de tissus et de motifs, réalisé par des particuliers créatifs et par un nombre grandissant d’enseignes de mode, on s’enthousiasme dans la presse que le nouveau masque «couture» pourrait permettre aux femmes de transformer une obligation sanitaire anxiogène en véritable rituel de mode. Un entrain qui dispense pourtant de se poser une question fondamentale : saisirons-nous vraiment toutes les occasions possibles pour rappeler aux femmes de se faire belles ?

COVID-19 : Mesures de prévention et contrôle des infections pour les installations et les unités de soins psychiatriques

Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) | Ileau

Question

Dans un contexte de transmission communautaire, comment devrait-on ajuster les recommandations quant aux mesures préventives, incluant l'utilisation de l’équipement de protection individuelle (ÉPI), pour les installations et les unités de soins psychiatriques (urgence, unités de soins aigus) pour tenir compte des enjeux particuliers pour cette population clinique ?


ON A TROUVÉ LES MEILLEURS MASQUES POUR FAIRE RESPECTER LE PRINCIPE DE DISTANCIATION SOCIALE

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Des masques de forme grotesque pour effrayer son entourage

L’apparence bizarre de ces masques devrait bel et bien nous aider à renforcer nos efforts de distanciation sociale, d’autant que les motifs 3D ne se limitent pas aux langues et aux bouches. La créatrice a aussi pensé à ajouter d’énormes lèvres ou encore des crochets, le tout dans des couleurs vives.

mercredi 6 mai 2020

Un appel de Vincent Lindon: «Comment ce pays si riche…»

 PAR 
Le comédien a confié à Mediapart une longue réflexion, lue face caméra chez lui, sur ce que la pandémie révèle du pays qui est le nôtre, la France, sixième puissance mondiale empêtrée dans le dénuement (sanitaire), puis le mensonge (gouvernemental) et désormais la colère (citoyenne). Un texte puissamment politique, avec un objectif: ne pas en rester là.


Covid-19 : nouvelles du front des fous

Par Eric Favereau — 
A l'hôpital psychiatrique du Clos-Bénard à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le 12 février.
A l'hôpital psychiatrique du Clos-Bénard à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le 12 février. Photo Christophe Archambault. AFP

L'hôpital psychiatrique a bien tenu le coup, en dépit de moyens dérisoires. Les malades longue durée n'ont pas craqué avec le confinement. En revanche, les urgences ont vu affluer des patients inconnus jusque-là, avec des bouffées délirantes inédites.

Violences intrafamiliales : «Les victimes ont moins d’échappatoires»

Par Chloé Pilorget-Rezzouk, envoyée spéciale à Lille — 
Au commissariat central de Lille, le 23 avril, une victime de violences conjugales attend pour une confrontation avec le mis en cause.
Au commissariat central de Lille, le 23 avril, une victime de violences conjugales attend pour une confrontation avec le mis en cause. Photo Aimée Thirion

Depuis le début du confinement, le Nord a constaté une hausse des interventions pour différends familiaux. La sûreté urbaine lilloise a mis en place une cellule chargée de recontacter 200 femmes, parfois isolées par les mesures sanitaires.

Il y a eu ce premier SMS : «Monsieur aidez-moi SVP il vient de me taper pour un courrier… un bulletin de mon fils.» Suivi d’un autre : «SVP je vais pas tenir, il va me finir.» Les messages sont arrivés sur le portable de Jacky (1), retraité de la police. Il a alerté les services de police secours, une patrouille a interpellé le conjoint violent au domicile familial. Quelques jours plus tôt, il avait contacté cette femme en instance de séparation, confinée avec son futur ex et leurs enfants. Dans le dossier, déjà plusieurs procédures pour violences conjugales. Jacky s’était enquis du déroulé du huis clos, avait laissé son numéro : «Je l’ai eue deux-trois fois au téléphone. Elle avait besoin de parler, c’était tendu.»

Dans le Loir-et-Cher, un foyer pour mineurs à l’épreuve du confinement

EN IMAGES
Une vingtaine d’adolescents, placés par l’aide sociale à l’enfance, loin de leurs parents dépassés, vivent le confinement dans une structure qui redouble d’inventivité pour assurer leur suivi.

Par   Publié le 5 mai 2020

Chaque après-midi, Hélène assure l’aide aux devoirs pendant le confinement, sans masque pour pouvoir « expliquer des phrases compliquées ».
Chaque après-midi, Hélène assure l’aide aux devoirs pendant le confinement, sans masque pour pouvoir « expliquer des phrases compliquées ». CYRIL CHIGOT / DIVERGENCE POUR LE MONDE

Ils sont dix-neuf adolescents, âgés de 13 à 18 ans, des garçons seulement. Depuis le 17 mars, ils vivent confinés au Foyer Amitié, une maison à caractère social située à Chambon-sur-Cisse (Loir-et-Cher), petit village de 700 âmes traversé par la Cisse. Ces jeunes résident ici sur décision de justice, pour les protéger de parents dépassés ou maltraitants.

Parmi eux, certains avaient l’habitude de rendre visite à leur père, leur mère, une ancienne famille d’accueil, voire les trois à la suite, chaque week-end. Depuis mi-mars, c’est terminé. « Et ce n’est pas plus mal, commente sobrement David Beck, le directeur. Parfois, ces retrouvailles se faisaient la boule au ventre. Le confinement a apporté une certaine sérénité au groupe, comme lors d’un long mois d’août. »

Les infirmiers, les professionnels les plus attentifs à l'hygiène de leurs mains

La Libre.be

Publié le 


Troubles psychiques : des ateliers à distance pour réduire l'isolement social pendant le confinement

https://positivr.fr/wp-content/uploads/2019/09/positivr-une-v2019.png




Marianne Reynaud, Romain Tabone et Floriane Todoroff, respectivement éducatrice spécialisée, psychologue et chargée de communication, travaillent dans un Centre ressource de réhabilitation psychosociale, une structure accueillant des personnes atteintes de troubles psychiques. Durant le confinement, ils proposent des ateliers d’écriture et de création pour maintenir un lien, même à distance. Marianne nous en dit un peu plus. Interview #POSIPITCH. 

Pouvez-vous nous présenter votre projet ?

Depuis le début du confinement, nous proposons chaque semaine des thématiques d’écriture et de création. L’idée : mettre à disposition des personnes concernées, proches et professionnels de la santé mentale, un espace pour témoigner, inventer et partager leurs réalisations. Nous l’avons appelé CONFiture Maison.
Nous proposons les thèmes le lundi à 14h via notre site internet et nous invitons les participants à écrire tous ensemble l’après-midi, donc dans la même temporalité, ce qui fait que nous sommes liés par un fil collectif invisible mais bien présent ! Nous attendons les textes pour la fin de journée.
Le reste de la semaine, nous invitons les personnes à déplier les mêmes thématiques autour d’une création libre et d’utiliser ce qu’elles ont sous la main (peinture, dessin, origami, gâteau, photo, chanson, etc.)

Chaque thème proposé forme un cadre dans lequel (ou hors duquel, si les participants choisissent de le transgresser) chacun s’exprime. Ici, on ne cherche pas l’efficacité littéraire ni la performance esthétique. Chacun a le droit d’exprimer ce qu’il veut, de la façon dont il le veut.

Ne jetons pas les besoins des bébés avec l’eau du bain


La crèche de l'hôpital Saint-Louis, à Paris, en 2018.
La crèche de l'hôpital Saint-Louis, à Paris, en 2018. Photo Thomas Samson. AFP

Des professionnels de la petite enfance recommandent le port d’un masque transparent dans les crèches et le maintien de la période d’«adaptation» avec les parents.

Tribune. Les propositions gouvernementales concernant l’accueil des tout-petits en crèche, dans le cadre de la pandémie de Covid-19, répondent à une urgence sanitaire et sont des préconisations de bon sens. Pourtant, nous sommes plusieurs professionnels de la petite enfance à avoir été interpellés, en particulier en ce qui concerne deux points : la systématisation du port du masque par le personnel de la crèche, et l’impossibilité pour les parents d’accompagner leur bébé dans sa section. Les inquiétudes autour de la transmission vers, ou par les bébés ne doivent pas nous faire perdre de vue l’importance de ce temps précoce de leur développement. Une réflexion devrait être menée par les professionnels de la petite enfance, structure par structure, pour trouver et créer des dispositifs permettant que les mesures mises en place ne deviennent pas préjudiciables à la construction psychologique de ces enfants.

La leçon des grands romans d’épidémie, par Orhan Pamuk

Par Orhan Pamuk, écrivain, Prix Nobel de littérature — 

Dans les rues de Hong Kong en 1894, les morts de la peste bubonique gisent au sol.
Dans les rues de Hong Kong en 1894, les morts de la peste bubonique gisent au sol. Illustrations Getty Images

Le romancier turc travaille depuis quatre ans sur un livre sur la peste noire qui ravagea l’Asie au début du XXe siècle. Déni, peur, rumeurs, les réactions sont identiques à celles d’aujourd’hui, humaines et universelles.

De tout temps, les peuples ont répondu aux crises sanitaires en propageant des rumeurs et de fausses informations. Que ce soit au XVIIe ou au XXIe siècle, la maladie est invariablement dépeinte comme un mal «étranger» infligé à la société depuis l’extérieur.
Istanbul. Cela fait maintenant quatre ans que je me consacre à l’écriture d’un roman historique dont l’action se déroule en 1901, pendant ce que l’on a coutume d’appeler la «troisième pandémie de peste», une épidémie de peste noire qui a fait des millions de morts en Asie, mais relativement peu en Europe. Or voici que depuis deux mois, mes amis, ma famille, mais aussi des éditeurs et des journalistes, toutes celles et ceux qui connaissent le sujet de mon ­nouveau livre, les Nuits de la peste, me pressent de questions sur les pandémies.
Ils me demandent avidement s’il y a des ressemblances entre l’actuelle pandémie de coronavirus et les grandes épidémies historiques de peste et de choléra. Et je leur réponds que les ressemblances sont légion. Dans l’histoire humaine et littéraire, ce ne sont pas uniquement les bactéries et les virus qui sont communs aux pandémies, mais bien le fait que nos réponses initiales ont toujours été les mêmes.
Et la réplique première face à l’apparition d’une nouvelle pandémie a invariablement été le déni. Qu’ils soient nationaux ou locaux, les gouvernements ont toujours tardé à réagir, déguisant les faits et manipulant les chiffres à leur guise, afin de nier autant que possible l’existence de la crise naissante.

mardi 5 mai 2020

"Tout est exacerbé" : comment les psys et leurs patients surmontent la crise sanitaire

LCI

Antoine Rondel  4 mai 2020

DISTANCIATION - Comment poursuivre les consultations en psychothérapie en cette période de confinement ? Malgré l'isolement et l'obligation de passer par le téléphone, des patients et des professionnels de la santé mentale ont su retrouver le fil de leurs séances. Et parfois réussi à y trouver leur compte. Enquête.


Soigner les corps sans oublier les âmes. En temps de crise sanitaire, on a vite fait d'oublier qu'au-delà de ses besoins primaires, l'être humain est aussi un animal social. Pourtant, "au-delà de la vie du corps, réduit à son fonctionnement biologique, il y a une vie faite de paroles, de rencontres, d'échanges",  éclaire Luca Torrani. Raison pour laquelle ce psychologue, qui intervient en Espace solidarité et d'insertion, une structure qui accompagne des femmes en situation de grande précarité, enceintes ou mères d'enfants mineurs, continue d'assurer ses consultations en psychothérapie auprès de ses patientes. "Dans un temps de crise, tous envahis par l'angoisse de la maladie, de la mort, nous risquons de vouloir réduire le monde à des catégories de 'purs' ou d''impurs'", selon qu'on soit contaminé par le Covid-19 ou non. Une gageure pour les patients comme leur thérapeute, qui ont dû s'adapter pour préserver le maintien de ces séances.

La thérapie sans face-à-face, une frustration à dépasser


C'est que le traitement de la santé mentale n'est plus un sujet mineur, notamment en ces temps de pandémie. L'Inserm a ainsi lancé un questionnaire en ligne évaluant le bien-être des personnes dès la première semaine du confinement. A l'heure du confinement et de la distanciation sociale, quel rôle pourraient alors remplir la psychothérapie ou la psychanalyse ? Un rendez-vous au téléphone ou par visio-conférence aurait-il le même impact chez les patients que les traditionnels entretiens en présentiel, sur le divan ou le fauteuil du cabinet ? 
Après une courte période d'expectative, Pierre a rapidement compris que la poursuite du travail serait pourtant indispensable. "Après les annonces de Macron, le 16 mars, j'ai été pris de crises de panique et j'ai pris rendez-vous pour le lendemain", nous raconte ce trentenaire. Marie a attendu un peu plus longtemps. "Spontanément, j'ai dit à ma thérapeute que ça allait, que je préférais laisser ma place à ceux qui en avaient besoin". Mais cette quadragénaire toulousaine, à la vie sociale particulièrement remplie, a été rattrapée par la dureté du confinement : "Je partais en live. [...] Au lieu de sortir, je me suis mise à beaucoup penser, et ce n'était pas bon pour moi". Illana aussi pensait qu'elle pouvait s'en passer. La nature de sa thérapie, une conversation où elle a "la parole les deux tiers du temps", rendait "capitale" la présence de sa thérapeute. Mais la difficulté à être en permanence avec son fils et son mari l'ont amenée à reprendre le fil, "un peu frustrée", mais pouvant compter sur la "relation assez construite" qu'elle a avec sa psy, qu'elle fréquente depuis deux ans. 

"Le travail psychologique ne s'arrête pas"


La frustration, c'est aussi ce que ressent Hélène Romano, psychologue spécialiste des blessés psychiques, face à la visio-conférence. Une séance en face-à-face, dit-elle, "permet de s'adapter à l'intensité du regard, de réagir à une gestuelle". Une difficulté qui se fait d'autant plus ressentir avec ses patients les plus jeunes, des enfants de parfois 4 ou 5 ans : "Avec eux, c'est quasiment impossible : ils sont dans l'interaction, ils jouent, c'est difficile de capter leur ressenti de cette façon". "La visio-conférence dans le travail psychologique est un apprentissage. Si nous, thérapeutes, nous ne sommes pas à l'aise avec cet outil, les patients vont le ressentir. 
"Au début, certains de mes patients étaient gênés, mais ils ont vite trouvé leurs marques", résume la psychothérapeute Meriem Salmi qui, pour recevoir des sportifs disséminés aux quatre coins du monde, pratique la visio-conférence depuis des années. "Pour moi ce travail suit une logique mathématique. Lorsqu'un problème m’est posé, nous cherchons ensemble des solutions, des stratégies. Les problèmes posés sont souvent complexes. Il nous faut donc accepter que cela soit parfois long et difficile". Luca Torrani, lui, a préféré suspendre les séances dans son cabinet. "Sans face-à-face, ça manque d'intérêt. Mais mes patients vont continuer à faire des lapsus, à rêver. Le travail psychologique ne s'arrête pas."

« On voit revenir les tableaux Excel » : à l'hôpital, des médecins inquiets du retour des « vieilles habitudes »


PAR 
MARTIN DUMAS PRIMBAULT - 

PUBLIÉ LE 05/05/2020

Crédit photo : CIH
Alors que l'épidémie de coronavirus entame une lente décrue et que la France se prépare au déconfinement, pour les personnels hospitaliers l'heure est au bilan. À l'occasion d'une visioconférence de presse ce mardi 5 mai, le collectif inter-hôpitaux (CIH) a commencé à tirer les leçons de la crise.
En offrant des moyens considérables aux soignants tout en recentrant la gouvernance autour d'eux, l'organisation hospitalière née de l'urgence d'agir face au virus pourrait avoir donné raison au collectif, mobilisé depuis plusieurs mois avant l'irruption du Covid-19. « On est passé de l'activité au soin », résume avec satisfaction le Dr Olivier Milleron, cardiologue à l'hôpital Bichat (AP-HP).
« Nous avons connu le meilleur comme le pire », témoigne le Dr Hélène Gros, infectiologue à l'hôpital Robert Ballanger (AP-HP). Passée une période « d'impuissance » pendant laquelle les journées des soignants étaient rythmées par « les doctrines de l'agence régionale de santé » qui balayaient « toute tentative d'organisation interne », son établissement a pu faire face au virus grâce à la mobilisation des personnels. « Jamais je n'avais vu une telle solidarité du corps soignant », raconte la praticienne. À tous les étages, « les bonnes volontés redoublaient d'ingéniosité et de dévouement » pour soutenir les services les plus en tension et gérer au mieux « l'afflux massif et brutal » de patients.
Mais ce qui a le plus étonné le Dr Hélène Gros, c'est le changement de ton des rapports entre les médecins et leur direction. « Jamais je n'ai entendu le mot impossible lors de nos réunions, toutes nos propositions étaient prises en considération », se souvient-elle. Le renforcement des équipes paramédicales, la présence de cadres partout où il en manquait, le financement de lignes de gardes supplémentaires et même l'achat de tablettes numériques pour les patients isolés… « Nous obtenions tout ce que nous demandions ». Lors des réunions avec la direction, « nous parlions des malades et jamais il n'était question de finances, d'activité ou de codage », rapporte encore la praticienne.