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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 11 janvier 2024

Féminicides : Qui sont ces hommes qui tuent des femmes?

watson 

Alyssa Garcia   

07.01.2024,

SUISSE

En 2023, plusieurs féminicides ont fait la une des médias, en Suisse notamment, et choqué l'opinion publique. Depuis plus de 10 ans, le psychiatre Dr. Dominique Marcot suit en prison ceux qui commettent l'irréparable. Il nous éclaire sur leur profil.

En novembre 2023, Giulia, une jeune diplômée de 22 ans, mourrait à Padoue, en Italie, après avoir été poignardée à 26 reprises par son ancien petit-ami âgé lui aussi de 22 ans.

En décembre, un Valaisan de 36 ans a tiré sur une femme de 34 ans, avant d'abattre le directeur de son ancien lieu de travail et de blesser la secrétaire de ce dernier. Le Collectif Femmes Valais, qui s'est exprimé dans le Femina, ainsi que différents médias comme Le Nouvelliste, qualifiaient le crime de féminicide. Le meurtrier était obsédé par sa victime – qui avait lancé des procédures judiciaires à son encontre – et avait harcelé d'autres femmes. Le Ministère public valaisan a ouvert une enquête pour assassinat, subsidiairement meurtre.

Qui sont ces hommes qui commettent l'irréparable? Le psychiatre Dr. Dominique Marcot, médecin chef de la filiale légale du Centre Neuchâtelois de Psychiatrie (CNP), suit depuis 2011 des auteurs de féminicides dans les prisons suisses. Voici ce qu'il a pu observer.

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« Aliénés », d’Anatole Le Bras : à hauteur d’internés

Par  (Historien et collaborateur du « Monde des livres »)

Publié le 07 janvier 2024

Une histoire sociale de la folie au XIXᵉ siècle, au plus près de ce que l’asile psychiatrique fait aux patients et à leurs familles.

Un malade mental. Gravure extraite de « La Nature et l’homme », de Rengade (1881). 

« Aliénés. Une histoire sociale de la folie au XIXe siècle », d’Anatole Le Bras, CNRS Editions, 400 p.

Entre 1838, année de la loi qui imposa l’ouverture d’un asile d’aliénés par département, et 1914, le nombre d’internés connut en France une augmentation considérable, de 10 000 à 70 000. Au cours de ces décennies, un très grand nombre de ­personnes furent donc concernées et, autour d’elles, leurs familles, leurs proches, mais aussi des voisins connaissant leur situation et les autorités, qui durent intervenir à un moment ou un autre de la décision de placement dans ces ­établissements.

C’est dire combien la « folie » – du moins toute forme d’altération mentale pouvant entraîner un internement – mérite d’être étudiée dans ses formes les plus ordinaires afin de pouvoir dépeindre ce que l’historien Anatole Le Bras appelle en une jolie formule « la condition aliénée » au XIXe siècle. Non pas une histoire des cas limites, mais celle de la banalité du séjour dans un asile ; non pas celle de malades, mais d’êtres sociaux qui continuaient d’entretenir des liens avec leur environnement antérieur : tel est l’objet d’Aliénés, écrit à hauteur d’individus, ou plutôt au point de rencontre mouvant entre ces individus, leurs familles et l’institution asilaire.

Casé « en enfer » à l’hôpital psychiatrique

Publié le 16 déc. 2023

CAROLINE TOUZIN

À l’unité 44 de l’hôpital Rivière-des-Prairies où il vit depuis près de deux ans, Jonathan se sent « en enfer ». Les autres patients ne parlent pas. Ils hurlent. Lui, c’est un enfant de 10 ans dans un corps d’homme au comportement explosif. Or, l’État n’a rien de mieux à lui offrir. Seule lueur dans ce sombre récit : le soutien indéfectible d’avocats de l’aide juridique.

Au bout du fil, des cris de détresse enterrent la voix de Jonathan*.

Comme chaque jour, Véronique Fortin prend de ses nouvelles. 

Aujourd’hui, l’avocate de l’aide juridique a de la difficulté à l’entendre tellement les hurlements d’un autre patient de l’unité 44 sont puissants. 

Si elle appelle Jonathan, ce n’est pas pour lui parler de sa cause. C’est qu’elle a peur qu’il se tue ou qu’il s’en prenne à quelqu’un. 

L’avocate l’encourage à tenir bon. À appliquer ses trucs pour gérer ses émotions. 

Avec trois de ses collègues de l’aide juridique, ils se sont juré de tout faire en leur pouvoir pour améliorer son triste sort. 

Jonathan est un « enfant de la DPJ » devenu un adulte inapte à s’occuper de lui-même. Le jeune homme de 31 ans, qui vit avec une déficience intellectuelle, est sous curatelle publique. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas l’identifier dans ce reportage. 

Il est un enfant de 10 ans dans un corps d’homme, selon une psychiatre qui l’a évalué. 

Ses parents, qui ont aussi une déficience, n’ont jamais été capables de s’occuper de lui. Il a un grave trouble de comportement, en plus d’un trouble d’attachement. 

Depuis près de deux ans, Jonathan vit à l’unité 44 de l’hôpital Rivière-des-Prairies, faute de mieux. Cela devait être une solution temporaire. Il y est toujours. 

Ici, il est le seul des huit résidants de l’unité à être capable de parler. Impossible de créer des liens avec les autres, des cas plus lourds.

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Un modèle français des soins d’accompagnement de fin de vie


 


Serge Cannasse   28 déc. 2023

En mai 2023 a été mise en place une instance de réflexion stratégique chargée d’élaborer la stratégie décennale « soins palliatifs, prise en charge de la douleur et accompagnement de la fin de vie », annoncée par le Président de la République en avril. Le rapport définitif de cette instance a été remis en novembre 2023 et publié le 11 décembre. Pour Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée en charge de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, cette « stratégie ambitieuse n’est pas une petite évolution, c’est une petite révolution. » Elle vise à proposer à tous les patients qui en ont besoin « une prise en charge globale et compréhensive dès les stades initiaux de leur maladie ». Cette prise en charge mobilisera « l’ensemble des acteurs nationaux et territoriaux concernés par les soins d’accompagnement, y compris la société civile et en particulier la jeunesse, dans un cadre non contraignant ». Pour les membres de l’instance de réflexion, « la stratégie décennale doit être consacrée dans la loi ». Celle-ci « doit instituer l’obligation pour le Gouvernement d’élaborer et de transmettre au Parlement une stratégie de développement des soins d’accompagnement tous les 10 ans ». Elle doit être soutenue par « un effort financier conséquent ».

Plan personnalisé de soins

Le rapport décline quinze mesures à prendre. L’une d’elles est la création d’un plan personnalisé de soins d’accompagnement pour les personnes ayant une pathologie « à haut degré de prévisibilité » ou dont les chances de rémission sont élevées. Ce plan tiendra compte notamment de leurs préférences en termes de soins psychologiques, sociaux et médico-sociaux et contre la douleur.

Le rapport prévoit la création d’organisations territoriales, s’appuyant sur les filières sanitaires de soins palliatifs, et destinées à structurer des parcours de santé territorialisés, gradués et adaptés. Elles formaliseront leurs objectifs, le rôle de chacun de leurs membres et leurs modalités de gouvernance dans une convention, déclinaison territoriale d’une Charte nationale, qui sera fixée par arrêté ministériel.

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Des propositions pour la santé des professionnels de santé

Serge Cannasse   22 oct. 2023

La mission lancée en mars 2023 sur la santé des professionnels de santé a remis son rapport à Agnès Firmin le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé. Ce travail s’est appuyé sur de nombreux entretiens et visites de terrain, ainsi que sur les résultats de la consultation lancée par la ministre déléguée sur le sujet et ayant recueilli près de 50.000 contributions de professionnels.

Dans l’enquête, les libéraux sont à l’origine de 34% des contributions alors qu’en France, ils forment seulement 15% des professionnels de santé. De même, les médecins y sont sur-représentés : ils sont à l’origine de 24% des contributions alors qu’ils représentent 11% des professionnels.

Un état des lieux préoccupant

L’état des lieux est préoccupant. Deux tiers des professionnels (64%) se sentent fatigués, plus des trois quarts (77%) estiment qu’ils ne dorment pas suffisamment et un sur cinq (22%) jugent leur état de santé mauvais ou très mauvais. Plus de six participants à la consultation sur dix exerçant comme infirmier (61%), aide-soignant (61%) ou médecin (62%) rapportent des épisodes d’épuisement, quel que soit leur mode d’exercice.

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Aide médicale d'État : un nouveau rapport


 



Jean-Bernard Gervais   12 déc. 2023

Alors qu’il a été examiné ce 11 décembre le projet de loi, adopté par le Sénat, « pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration », la Première ministre a reçu ce 4 décembre un rapport sur l'aide médicale d'État (AME). Ce rapport, rédigé par Claude Évin et Patrick Stefanini, était attendu pour janvier 2024 mais, eu égard à l'examen actuel du projet de loi immigration, il a été rendu avec un mois d'avance. C'est que l'AME est l'une des pierres d'achoppement de ce texte législatif : transformée par le Sénat en aide médicale urgente, l'AME a été rétablie par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. Pour prendre une position argumentée sur le sujet, Élisabeth Borne avait donc besoin de ce rapport complet sur la question. 

Augmentation du nombre de bénéficiaires

Premier constat : le nombre de bénéficiaires de l'AME augmente, du fait de l'augmentation du nombre de migrants. « L’accélération de l’accroissement du nombre de bénéficiaires de l’AME sur les dernières années est donc une réalité. Comme ce nombre est directement la conséquence de l’augmentation du nombre d’étrangers en situation irrégulière, tout laisse à penser qu’elle va se poursuivre en 2024 », établissent les rapporteurs. Fin 2023, 466.000 étrangers bénéficient de l'AME. En termes de tranches d'âge, les premiers bénéficiaires de l'AME sont les étrangers âgés entre 18 et 59 ans (280.233 personnes en 2023), suivis par les moins de 18 ans (87.007) et les plus de 60 ans (24.876). Toutefois entre 2015 et 2023, la croissance du nombre de mineurs a été de +65%, celle des personnes âgées de +75% contre +23% pour les 18-59 ans. Les femmes sont minoritaires (44%), quelle que soit la tranche d'âge considérée. 

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Manque de médecins et de lits : la psychiatrie à Calais en état d’urgence

Par Ariane Delepierre. 

Publié: 3 Janvier 2024

En France, le secteur de la psychiatrie est en crise. Calais, avec son unité de santé mentale et addictologie, n’est pas épargné et souffre d’un manque de praticiens et de lits.

L’unité de santé mentale et addictologie est rattachée à l’hôpital de Calais. Comme ailleurs en France, elle souffre d’un manque de praticiens et de lits.

Psychiatres : la moitié des postes vacants

La pénurie de psychiatres, c’est un grand sujet de préoccupation pour le docteur Sébastien Dambry, chef de l’unité de santé mentale, directement rattachée au centre hospitalier de Calais. Ce dernier, qui a succédé au docteur Alexandre Klein, décédé l’an dernier dans l’effondrement d’immeubles à Lille, dresse un constat alarmant mais qui, malheureusement, ne date pas d’hier. Et le Calaisis, qui regroupe un bassin de population de l’ordre de 160 000 habitants (adultes et enfants), n’est pas épargné par cette désertification médicale. « La moitié des postes de psychiatres qualifiés du Conseil de l’ordre n’est pas pourvue », déplore le responsable.


Violences scolaires Ecole : «Il faut une équipe éducative soudée pour réduire les agressions»

par Cécile Bourgneuf  publié le 8 janvier 2024 

Pour le chercheur Eric Debarbieux, même si les violences graves sont assez rares, elles peuvent causer un sentiment d’insécurité dans une communauté éducative en crise.

Alors que des agressions envers les enseignants semblent s’être multipliées ces dernières semaines dans les établissements scolaires, Eric Debarbieux, professeur émérite à l’université Paris-Est-Créteil et ancien délégué ministériel à la prévention de la violence en milieu scolaire, assure que celles-ci sont plutôt stables.

Faut-il s’inquiéter de ce climat décrit comme agressif envers les enseignants ?

Il n’y a pas d’augmentation des actes de violences : depuis les années 2000, les enquêtes de victimation montrent que ces derniers sont stables et se réduisent même pour les plus graves. La succession des faits très lourds remontés ces dernières semaines peut être liée à l’effet de copycat – les élèves reproduisent ce dont ils ont entendu parler. Sans compter que nous ne sommes pas dans un contexte national et international sain. Est-ce que vous pensez sérieusement que les discours d’exclusion qui ont pignon sur rue dans le discours politique ou dans certaines émissions n’ont pas un impact dans les cours de récré ? Les faits les plus graves restent rares mais peuvent causer chez les enseignants un sentiment d’insécurité et d’inquiétude qui ne correspond pas forcément à la réalité. Ce sont essentiellement des petites violences, qui n’aboutissent généralement pas à des dépôts de plainte, mais dont les faits d’accumulation créent un sentiment de découragement, de perte d’autorité et de sens chez les professeurs.

Reportage Quartiers populaires : contre les inégalités, la lecture partagée

par Elsa Maudet   publié le 3 janvier

Pour aider des enfants éloignés des livres, l’association Afev leur propose un mentorat après l’école. Une démarche utile, le lien positif à la littérature jouant sur les résultats scolaires à long terme.

Aidés par la bibliothécaire, Meta Mballo et Ayoub parcourent les bacs de livres pour enfants de la médiathèque Persépolis, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Objectif : en dégoter un que le petit garçon de 6 ans serait capable de lire, sur un thème qui lui donne envie. Pas question d’y aller au forceps, sauf à vouloir tout faire capoter. «S’il ne veut pas faire un truc, ce n’est pas la peine», glisse Meta Mballo, sa mentor, investie de la mission de lui faire découvrir et aimer la littérature. L’heureux élu sera Dans le secret des galeries, de Cécile Jacoud. Un livre pop-up avec des illustrations tunnels, c’est-à-dire en plusieurs épaisseurs, qui permet de se plonger dans les galeries où vivent hirondelles de rivage, lombrics et autres chouettes chevêches.

«Tu veux que je lise ou c’est toi ?» lance Meta Mballo. «C’est toi»,répond sans hésiter le bonhomme, crevé en ce vendredi après-midi qui sonne la fin de l’école et le début des vacances de Noël. Meta Mballo, longue femme de 26 ans étudiante en première année de master Ingénierie des affaires, démarre puis passe le relais, l’air de rien, à Ayoub. «Ça, c’est quoi ?» Le petit garçon déchiffre : «Le mulot de…» «S’il y a un “s” à la fin, ça veut dire que c’est “des”», le reprend sa mentor. «Là, tu vois quoi ?» Sur la page consacrée aux lombrics, Ayoub pense identifier des serpents. Meta Mballo entreprend alors de lui expliquer ce que sont des vers de terre, dont le garçon assure n’avoir jamais croisé la route.

« Ton héritage, ce sera tes études » : dans les familles aisées, l’appel de l’international après le bac

Par  (envoyée spéciale à Londres)  Publié le 9 janvier 2024

Tous les mardis soir, à partir de 19 h 30, le beer garden du Café del Marsh, à Londres, est saturé de fumée de cigarettes et de discussions en français. La French Society du King’s College – ou tout simplement la « French », pour les intimes –, association des étudiants français du prestigieux établissement britannique, y organise ses apéritifs.

En ce début décembre 2023, on fête la fin du semestre en remettant des médailles aux étudiants les plus sérieux pour ce qui est de fréquenter les soirées. On boit des bières ou du whisky, et on débat passionnément au sujet du système éducatif français. « On en parle tout le temps et ça amuse les Anglais. Car il y a deux choses qu’ils ne comprendront jamais : la prépa et la laïcité », s’amuse Clémence Rebora, inscrite en deuxième année d’histoire au King’s College et présidente de la French.

L’étudiante de 18 ans prépare son projet londonien depuis le collège. Elle rentre alors de trois années en Côte d’Ivoire, où son père, expatrié, travaille comme juriste en droit maritime. Plutôt que de postuler dans les grands lycées parisiens, elle préfère rejoindre la section britannique de celui de Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines : « Je me disais déjà que je serais plus épanouie à Londres qu’en prépa, où on nous forme à devenir des machines de guerre de travail. »

Le bac en poche, Clémence Rebora préfère le King’s à Sciences Po, où elle est admise en bachelor, malgré la sidération de quelques proches : « Ici, assure-t-elle, on s’épanouit académiquement, mais pas que. On évolue dans un cadre international, on apprend à vivre seuls, on investit les associations étudiantes. » Avec le réseau de la French, cette passionnée de journalisme a ainsi organisé, début décembre, une conférence avec Louis Dreyfus, président du directoire du Groupe Le Monde. Au semestre prochain, elle souhaite inviter Sophie Pedder, directrice du bureau parisien de The Economist, l’ancien entraîneur de football Arsène Wenger ou encore l’économiste Jacques Attali, toujours en passant par le réseau de la French du King’s College.

Inceste, pédocriminalité : le déni ? Détecter et entendre

Samedi 6 janvier 2024

Provenant du podcast

Sous les radars

L'écoute de la parole des enfants victimes de violences sexuelles a une importance majeure dans la détection de ces crimes. ©Getty - Natalia Lebedinskaia

Chaque année en France, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles. Des crimes souvent passés sous silence. Les pouvoirs publics prennent-ils la mesure de cette urgence, alors que la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants est en crise ?

Avec

Arnaud Gallais activiste des droits de l’enfant, cofondateur du collectif Prévenir et Protéger et de Mouv’Enfants, ancien membre de la Ciivise

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Un « pacemaker » pour grands dépressifs

Marie-Claude Malboeuf  le 8 janvier 2024

QUEBEC

« C’est parce que j’ai visité le Parc jurassique… » Camille Heyen-Dubé répond parfois ainsi quand ses petits patients l’interrogent au sujet de la marque rouge sur son cou.

Aucun enfant ne pourrait deviner que son intrigante cicatrice ne résulte pas de griffures de dinosaures, mais plutôt d’une opération aussi fascinante que rarissime. Qu’à peine une quarantaine de Québécois ont subi pour ne pas retomber dans les abîmes de la dépression. 

Depuis un an et demi, le corps de l’infirmière montréalaise abrite deux électrodes connectées à un mince générateur d’électricité semblable à celui qu’on implante aux cardiaques. Sauf qu’au lieu d’être branché au cœur, son dispositif stimule le nerf vague. Un très long faisceau de fibres qui innervent les organes et remontent par le cou, pour relayer d’incalculables informations au cerveau. 

Quand des gens apprennent que je porte un implant, certains n’en reviennent pas ! On m’a déjà dit : "Oh, mon Dieu, prends de la vitamine D et ça sera réglé…"

 Camille Heyen-Dubé

PHOTO FOURNIE PAR LE CENTRE HOSPITALIER DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

Un exemple de générateur à pile servant à stimuler le nerf vague de patients souffrant de dépression hyperréfractaire. 

Toutes les cinq minutes, son générateur émet du courant. Pendant 30 secondes, il paralyse un peu la corde vocale située près des électrodes. « Ma voix devient alors plus basse et feutrée, et je suis un peu essoufflée si je monte l’escalier. Au début, j’éprouvais comme un serrement désagréable. Mais maintenant, je ne le sens plus, à moins d’être très fatiguée. » Au besoin, la jeune femme peut désactiver son stimulateur en utilisant un aimant.

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Une quarantaine de patients bénéficient d’un nouveau traitement pour la dépression à Alma

Publié le 4 janvier 2024

QUEBEC

L’hôpital d’Alma a traité une quarantaine de patients atteints de dépression majeure ou de troubles obsessionnels compulsifs depuis l’acquisition d’un appareil de stimulation magnétique transcrânienne, il y a deux ans. Un autre appareil est également disponible à Saguenay.


Quiz : méditation pleine conscience, les applications thérapeutiques

Dr Stephen Soreff  8 décembre 2023

Les approches thérapeutiques fondées sur la méditation pleine conscienceconsistent à prêter une attention particulière aux sensations physiques, à contrôler la respiration, à méditer et à atteindre un niveau de conscience plus élevé.

[...] Mais l’impact thérapeutique du recours à la pleine conscience est-il étayé par des preuves cliniques ? Testez vos connaissances sur le sujet, en 5 questions.


Interview Endométriose : un test salivaire prometteur pour réduire «l’errance des patientes»

par Marie Greco   publié le 8 janvier 2024

Dans un avis rendu ce lundi 8 janvier, la Haute Autorité de santé ouvre la porte à une commercialisation d’un test pour diagnostiquer l’endométriose. Un soulagement pour Priscilla Saracco, directrice générale de l’association Endomind, qui juge toutefois cette décision tardive.

Cela fait plus d’un an que l’Endotest est commercialisé dans une dizaine de pays d’Europe et du Moyen-Orient. Développé par la biotech lyonnaise Ziwig, le potentiel de ce test salivaire a été reconnu ce lundi 8 janvier par la Haute Autorité de santé (HAS). Elle le juge «prometteur» pour diagnostiquer l’endométriose, maladie chronique frappant environ une femme sur dix. L’autorité attend cependant de nouvelles études avant de le commercialiser et de permettre sa prise en charge en France. Priscilla Saracco, directrice générale de l’association de lutte contre l’endométriose Endomind, déplore la lenteur du processus alors qu’un retard d’en moyenne dix ans persiste entre la première apparition des symptômes de la maladie et son diagnostic officiel.

Chronique «Aux petits soins» Liens entre professionnels de santé et industriels : une hypocrisie à la française

par Eric Favereau   publié le 6 janvier 2024

En ce début d’année, tout professionnel de santé doit déclarer ses liens financiers avec les industriels, y compris les ministres. Mais manifestement cette transparence ne suffit pas pour rendre plus sain les rapports.

Début janvier, c’est l’heure des factures et des déclarations. Bernard Bégaud, pharmacologue, ancien président de l’université de Bordeaux, vient de recevoir, comme tous ses confrères, une piqûre de rappel de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). «Nous vous confirmons votre inscription au sein de l’instance experts ponctuels. Pour rappel, une déclaration d’intérêts (DPI) doit être mise à jour a minima annuellement même sans modification. A l’issue de la date anniversaire de la déclaration, il convient d’actualiser obligatoirement votre déclaration même en l’absence de nouveau lien d’intérêts. Par ailleurs, dès qu’une modification intervient ou que de nouveaux liens sont noués, vous devez actualiser votre déclaration d’intérêts […]. Pour information, une fois contrôlée et validée votre DPI est publiée sur le site Internet de l’ANSM. Cordialement». Signé l’Agence.

Interview «Des enfants à la rue qui commettent des délits sont des enfants en danger»

par Rachid Laïreche   publié le 6 janvier 2024

Avec son association Hors la rue, qui accompagne les mineurs isolés, Guillaume Lardanchet s’est constitué partie civile au procès de six hommes accusés d’avoir drogué des jeunes marocains pour les utiliser comme voleurs. Pour lui, il est essentiel de considérer enfin ces enfants comme des victimes plutôt que comme des délinquants. 

Guillaume Lardanchet est directeur de Hors la rue, une association qui repère et accompagne les mineurs étrangers en danger. Il charbonne dans le milieu depuis une quinzaine d’années. Nous l’avons croisé à plusieurs reprises pour évoquer le procès qui s’ouvre ce mardi : six ressortissants algériens comparaissent à Paris pour «traite d’êtres humains aggravée». Ils sont accusés d’avoir filé des psychotropes à des mineurs isolés marocains pour les contraindre à commettre des délits au Trocadéro. Hors la rue a décidé de se constituer partie civile. Une première pour l’association. Guillaume Lardanchet, 42 ans, connaît les mineurs marocains. Hors la rue a tenté de les faire sortir de l’errance lorsqu’ils traînaient dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Aujourd’hui, l’association les accompagne juridiquement. Après un moment d’hésitation, «pour ne pas se mettre en avant», Guillaume Lardanchet a accepté de parler longuement du procès qui arrive mais aussi du phénomène au sens large : des mineurs isolés à la rue en danger face à des organisations criminelles sans pitié. Ils poussent des gamins, en fragilités maximales, à surconsommer de la drogue pour commettre des infractions aux genres multiples.

Interview Troubles mentaux chez les enfants défavorisés : «Il n’y a pas de déterminisme, l’accès aux soins doit être mieux adapté»

par Apolline Le Romanser   publié le 9 janvier 2024

Les données publiées ce mardi 9 janvier par Santé publique France montrent que les enfants défavorisés sont davantage susceptibles de développer des troubles du comportement et psychiatriques. Maria Melchior, épidémiologiste à l’Inserm, revient sur les facteurs sociaux de ces troubles et les solutions envisageables.

En matière de santé mentale aussi, les inégalités sociales sont nombreuses. Et elles débutent dès l’enfance«De nombreuses pathologies sont plus fréquentes en présence d’un désavantage social (surtout financier), notamment les troubles mentaux», assène une étude de Santé publique France publiée ce mardi 9 janvier. Qu’il s’agisse de troubles du spectre autistique, du comportement, émotionnels, les enfants des milieux défavorisés apparaissent les plus touchés.

Les scientifiques s’appuient sur les données recueillies auprès de 13 millions de personnes de moins de 18 ans, dont ils ont évalué le niveau social selon un indice de défaveur sociale et leur couverture par la complémentaire santé solidaire.

Si ce type de données est relativement nouveau en France, d’autres pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni le documentent depuis plusieurs années. Et leurs recherches vont dans le même sens : les causes expliquant ces troubles sont multifactorielles, mais l’environnement social des enfants peut jouer un rôle important. Maria Melchior, épidémiologiste à l’Inserm et spécialiste des déterminants sociaux de la santé mentale, revient pour Libération sur ces facteurs de risque et les solutions pour améliorer la situation.

La contraception masculine entre dans une nouvelle ère


 




Par    Publié le 09 janvier 2024

De nombreux nouveaux produits sont aujourd’hui en développement, que l’on espère efficaces, sûrs, pratiques et réversibles. Dans cette course, le gel hormonal NES /T paraît avoir plusieurs longueurs d’avance sur ses concurrents.

Le contraceptif masculin NES/T est un gel hormonal, composé d’un progestatif, la Nestorone, et d’un dérivé de testostérone. 

Kelly Hall se considère comme une vieille routière de la contraception. A 34 ans, cette ingénieure, employée de la ville de Seattle (Washington) et mère de trois enfants, pense avoir « à peu près tout essayé ». La pilule, bien sûr, ou plutôt les pilules. « En dehors des désagréments, j’étais surtout incapable d’y penser chaque jour. J’oubliais, et il fallait attendre le cycle suivant. » L’injection hormonale, censée bloquer l’ovulation pendant douze semaines : « Je n’ai pas eu de règles pendant neuf mois. » Elle a alors tenté l’implant, posé sous la peau du bras, pour une durée de trois ans : « J’ai saigné pendant neuf semaines. Le médecin l’a retiré. » Elle s’est rabattue sur l’anneau vaginal. Mais il tombait. Comme est tombé le premier stérilet qui lui a été installé. « Le deuxième, il a perforé mon utérus et s’est retrouvé dans l’intestin. Il a fallu m’opérer en urgence. Disons que je n’ai pas eu beaucoup de chance avec les contraceptifs féminins. »