Publié le 07 janvier 2024
Une histoire sociale de la folie au XIXᵉ siècle, au plus près de ce que l’asile psychiatrique fait aux patients et à leurs familles.
« Aliénés. Une histoire sociale de la folie au XIXe siècle », d’Anatole Le Bras, CNRS Editions, 400 p.
Entre 1838, année de la loi qui imposa l’ouverture d’un asile d’aliénés par département, et 1914, le nombre d’internés connut en France une augmentation considérable, de 10 000 à 70 000. Au cours de ces décennies, un très grand nombre de personnes furent donc concernées et, autour d’elles, leurs familles, leurs proches, mais aussi des voisins connaissant leur situation et les autorités, qui durent intervenir à un moment ou un autre de la décision de placement dans ces établissements.
C’est dire combien la « folie » – du moins toute forme d’altération mentale pouvant entraîner un internement – mérite d’être étudiée dans ses formes les plus ordinaires afin de pouvoir dépeindre ce que l’historien Anatole Le Bras appelle en une jolie formule « la condition aliénée » au XIXe siècle. Non pas une histoire des cas limites, mais celle de la banalité du séjour dans un asile ; non pas celle de malades, mais d’êtres sociaux qui continuaient d’entretenir des liens avec leur environnement antérieur : tel est l’objet d’Aliénés, écrit à hauteur d’individus, ou plutôt au point de rencontre mouvant entre ces individus, leurs familles et l’institution asilaire.