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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 21 avril 2012


Faut-il brûler la psychanalyse ?

Créé le 18-04-2012 
Autisme, dépression, troubles bipolaires... les réponses de la psychanalyse sont remises en cause. Elisabeth Roudinesco et Alain Badiou lancent un cri d'alarme.
Feu sur la psychanalyse (Illustration de Serge Bloch pour "le Nouvel Observateur")










Feu sur la psychanalyse (Illustration de Serge Bloch pour "le Nouvel Observateur")
Après les premières charges des intellectuels, avec le "Livre noir sur la Psychanalyse" et le brulot anti-Freud de Michel Onfray, les usagers, parents d'autistes en tête montent au créneau. Le 8 mars, sous leur pression, la Haute Autorité de Santé (HAS) a désavoué les approches psychanalytiques de l'autisme. En cause : des pratiques figées dans leur dogmatisme. 

Faut-il brûler la psychanalyse ?

Jacqueline de Linares, journaliste et coauteur avec Eric Aeschimann du dossier que publie le "Nouvel Obs" ce jeudi 19 avril, explique, dans la vidéo ci-dessous, pourquoi ce nouveau feu sur la psychanalyse.

Faut-il brûler la psychanalyse ?

Jacqueline de Linares, journaliste et coauteur avec Eric Aeschimann du dossier que publie le "Nouvel Obs" ce jeudi 19 avril, explique, dans la vidéo ci-dessous, pourquoi ce nouveau feu sur la psychanalyse.

Appel aux psychanalystes d'Elisabeth Roudinesco et Alain Badiou

La psychanalyste et le philosophe, coauteurs de "Jacques Lacan, passé présent" (Seuil), sonnent l’alarme : la psychanalyse s’est coupée de la société. Mais, plus que jamais, il faut défendre sa dimension libératrice.
A la fin de l'un ouvrage que vous avez écrit ensemble, vous lancez un appel pour sauver la psychanalyse. Que se passe-t-il de si grave ?
Alain Badiou. La psychanalyse est, avec le darwinisme et le marxisme, l’une des révolutions majeures de notre temps. Dans les trois cas, il ne s’agit ni de sciences exactes, ni de croyances philosophiques ou religieuses, mais de "pensées" : matérialistes, liées à des pratiques, elles ont changé notre vision du monde et subissent le même type de critiques. Les attaques contre la psychanalyse doivent être donc comprises dans le cadre d’une crise globale de l’intellectualité. Une crise qui, si l’on veut la résumer, se caractérise par la tentative de remplacer le "sujet" par l’individu. Qu’est-ce que le "sujet" ? C’est l’être humain compris comme un réseau de capacités qui lui permettent de penser, créer, partager, agir collectivement, aller au-delà de ses singularités, ce qui est la condition de la liberté. Bien sûr, le sujet est porté par l’individu et ses singularités – un corps, une identité, une position sociale, des pulsions – mais ne s’y réduit pas. Etre sujet, c’est circuler entre la singularité et l’universalité, et c’est sur cet écart que la psychanalyse fonde son action : elle aide l’individu à devenir pleinement un sujet. En cela, c’est une discipline émancipatrice avant d’être thérapeutique.

Cette dimension est-elle vraiment menacée ?
A. Badiou. Aujourd’hui, on nous dit qu’être un individu suffit largement. C’est le discours du libéralisme soi-disant démocratique et libéral, mais qui produit des individus malléables, soumis, enfermés, incapables d’actions communes : des individus privés de la capacité d’être sujet. Car le capitalisme n’a que faire des sujets : seul l’intéresse l’appétit animal des individus. Mais c’est aussi le discours de la neurologie, qui veut réduire l’individu à sa dimension neuronale. Se moquant des savants qui, au XIXe siècle, croyaient pouvoir déduire les caractères d’un individu de la forme du crâne, Hegel disait que, pour eux, "l’esprit est un os". Aujourd’hui, la neurologie dit : "L’homme est un gros sac de neurones." Ce n’est pas mieux ! Nous avons affaire à un nouveau scientisme, asservi cette fois au déploiement du capital. Dans le champ du psychisme, seule la psychanalyse, je crois, est en mesure de nous en préserver. Mais – c’est là le deuxième volet de notre appel – je n’ai pas le sentiment que les psychanalystes, pris dans leurs querelles intestines, fassent ce qu’il faut pour se défendre. Ils doivent trouver le moyen de satisfaire la nouvelle demande qui leur est adressée sans céder à ce néo-positivisme. Ils sont immobiles, à eux de faire un pas en avant.
Elisabeth Roudinesco, vous qui défendez la psychanalyse depuis longtemps, comment en est-on arrivé là ?
Elisabeth Roudinesco. D’abord, la psychanalyse, comme formation de psychopathologie, est enseignée dans les départements de psychologie, laquelle n’est pas prête à prendre en charge l’inconscient et n’a pas la culture liée à sa compréhension. Dominée par les sciences médicales, la psychologie obéit à des évaluations qui n’ont rien à voir avec les sciences humaines. Autrefois, pour devenir psychanalyste, il fallait une formation clinique et une solide culture philosophique, historique et littéraire. En inscrivant la psychanalyse dans une logique de professionnalisation, on a détruit sa transmission comme pensée. Par ailleurs, il y a trente ans, l’essentiel des psychanalystes étaient psychiatres, et donc cliniciens de l’âme ; aujourd’hui, ils sont psychologues. La psychiatrie s’est ralliée aux thérapies cognitivistes et comportementalistes (TCC) qui renvoient à une conception de l’homme réduit à ses neurones. Bien sûr, les pathologies peuvent avoir une dimension organique. Mais, même là, le médicament ne suffit pas : il faut aussi prendre en compte la part subjective du patient.

Quelle est la part de responsabilité des psychanalystes eux-mêmes ?
E. Roudinesco. Ils ne produisent plus d’œuvre théorique. Leurs sociétés fonctionnent comme des corporations professionnelles. Condamner l’homoparentalité, la procréation assistée ou la toute-puissance des mères contre la fonction paternelle, c’est grave : les psychanalystes n’ont pas à s’instaurer en gendarmes de la bonne conduite au nom du complexe d’Œdipe. Ils font des diagnostics en direct dans les médias et ont abandonné la question politique : majoritairement, ils sont des esthètes sceptiques désengagés de la société. Surtout, ils prétendent soigner les souffrances sur un modèle ancien. Or, les pathologies ont changé. La psychanalyse est née de la névrose et de l’hystérie, deux symptômes propres aux sociétés marquées par la frustration sexuelle. Aujourd’hui, ce qui fait souffrir, c’est la relation à soi : on le voit avec l’importance accordée au narcissisme et aux perversions. Au temps de Freud, les patients étaient de grands bourgeois, qui avaient le temps et l’argent, ce que n’a pas le nouveau public, moins élitiste.
Comment s’adapter, alors ?
E. Roudinesco. Le "pas en avant" dont parle Alain Badiou serait de se mettre à l’écoute de cette nouvelle demande. Je crois possible, dans le cadre de la psychanalyse, de mener des thérapies courtes avec des séances longues, comme le faisait Freud, et où l’on parle aux gens avec empathie. L’analyse classique serait réservée à ceux qui le veulent. Tout le monde n’a pas envie d’explorer le tréfonds de son inconscient. Nous ne sommes plus en 1900, la psychanalyse est passée dans la culture et les gens savent qu’ils ont un inconscient. Leur demande n’est plus de le découvrir, mais souvent de résoudre une situation concrète. La nouvelle génération de praticiens devra le faire, faute de quoi elle n’aura plus de patients. C’est à elle que nous nous adressons. [...]
Propos recueillis par Eric Aeschimann



Retrouvez le dossier "Feu sur la psychanalyse" et l'intégralité de l'interview d'Alain Badiou et d'Elisabeth Roudinesco dans "le Nouvel Observateur", en kiosque le 19 avril. 
Téléchargez le magazine :  

Pierre-Henri Castel explore nos conflit intérieurs

Par Alain Rubens (Lire), publié le 20/04/2012

De l'Antiquité au XXe siècle, une étude du combat que mène l'humain, écartelé entre ses devoirs envers la société et ses désirs, par un historien des sciences humaines et psychanalyste. 
Dans l'enfer du devoir! Se laver les mains sans fin, s'assurer qu'on a bien fermé le gaz, s'affoler à l'idée d'un pet lâché en public ou d'une impulsion suicidaire, sans compter les rituels en tout genre. De l'embarras de l'action au projet entravé, de la contrainte psychique aux pensées intrusives souvent sexuelles: toute cette affaire portée à incandescence peut tourner au gâchis de toute une vie. La psychiatrie contemporaine a consacré le couple "compulsion/obsession", le fameux TOC (trouble obsessionnel compulsif) imputé à un cerveau défaillant que les thérapies cognitives peuvent réduire. En son temps, Freud inventa la névrose obsessionnelle (Zwangsneurose), cette fameuse névrose de contraintedans laquelle il repère le fardeau psychique qui rive le névrosé à sa condition: se sentir obligé de faire ou de penser ce qu'on ne veut pas. La névrose, cette folie sur le mode mineur... 
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Plan psychiatrie et santé mentale 2011-2015


Elaboré en concertation avec les acteurs intervenant dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale (représentants des usagers, de professionnels sanitaires et sociaux, d’universitaires et de chercheurs), ce plan est issu du Ministère du travail, de l'emploi et de la Santé.

Les Agences Régionales de Santé ainsi que les professionnels sont amenés à suivre les objectifs de ce Plan Psychiatrie et Santé Mentale 2011-2015.

Faisant suite à un premier plan datant de 2005, ce nouveau plan prône une série d'objectifs répartis en 4 axes, permettant une meilleure prise en charge de la personne.

En 2016 aura lieu une première évaluation de ce plan et des conséquences de son application par les différents acteurs.

Plus d'informations sur www.sante.gouv.fr.

Document accessible ici






La psychanalyse dans la révolution citoyenne, en France

Jeudi 19 Avril 2012

Un texte que Bernard Doray met en discussion

La psychanalyse dans la révolution citoyenne, en France

Manifeste

En France, la psychanalyse, science révolutionnaire, a été principalement fondée à droite, et même à l’extrême droite raciste et fascisante. Elle a mis quelques temps à s’en remettre. Ainsi la pensée sur la psychanalyse du communiste Georges Politzer, fut prise en considération dans l’après-guerre et jusque dans la fin des années 1960, mais par la suite elle fut évincée et n’intéressa plus guère que les spécialistes. Dans les années 1970 – 1990 qui marquèrent l’apogée d’une psychiatrie militante souvent d’obédience communiste et qui s’appliqua à nettoyer les écuries d’Augias des asiles psychiatriques, la psychanalyse académique ne joua pratiquement aucun rôle.

Cette situation contraste avec celle de l’Amérique Latine comme en témoignent nos moteurs de recherche. Et c’est là-bas que nous avons trouvé l’énergie pour imaginer une autre pratique de la psychanalyse, moins bourgeoise et individualisante, et plus tournée vers les souffrances sociales et les névroses de la marchandisation.
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La Bibliothèque d'Osons Penser et Agir



Séminaire de psychothérapie institutionnelle CHU Tours. De la pathoplastie

Séminaire n°6 Lundi 16 avril 2012
De la pathoplastie

C’est en écoutant Jean Oury que j’ai découvert le mot « pathoplastie » que je ne connaissais pas pour désigner une « composante réactionnelle» dans les manifestations de certains troubles d’ordre psychique. L’expression la plus utilisée en médecine étant plutôt la pathogénie, définie comme l'étude des mécanismes entraînant le déclenchement ou le développement (évolution) d'une maladie.
L’adjectif réactionnel est apparu dans le vocabulaire français en 1869.
Dans le domaine médical, la réaction à quelque chose est un rapport entre un événement qualifié de traumatique et la souffrance dont il se trouve être à l’origine.
Du point de vue de l’étiologie psychiatrique, la souffrance psychique, le trouble psychique réactionnel vient prendre place au côté des formes pathologiques endogènes pour lesquelles un facteur constitutionnel est incriminé.
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Évolution de la pratique de la “psychothérapie psychanalytique”
AuteurThierry Bokanowski


Premières lignes
Historique Rappeler l’histoire du développement de la pratique des psychothérapies dérivées de la psychanalyse, et plus particulièrement des psychothérapies, s’inscrit dans l’histoire même du développement de la psychanalyse, dans la mesure où dès son origine (dans la dernière décennie du XIX siècle)...
PLAN DE L'ARTICLE
  • Historique
  • La “psychothérapie psychanalytique” en France
  • La situation de la “psychothérapie psychanalytique”: les débats qu’elle soulève dans la communauté internationale et plus spécifiquement en France, aujourd’hui
  • A la recherche d’une définition de la “psychothérapie psychanalytique”
  • Le “flou” qu’entraîne au sein de la communauté psychanalytique la question du statut de la “psychothérapie psychanalytique” au regard de la psychanalyse
  • Processus psychothérapique et/ou processus psychanalytique?
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La danse donne du rythme aux soins psychiatriques

Grâce à un partenariat entre le Pôle santé sud et l'Espal, où elle s'est produite en spectacle, Agathe Pfauwadel intervient auprès de personnes soignées dans un service de psychiatrie.
Grâce à un partenariat entre le Pôle santé sud et l'Espal, où elle s'est produite en spectacle, Agathe Pfauwadel intervient auprès de personnes soignées dans un service de psychiatrie.
Au Pôle santé sud, une danseuse anime des ateliers pour des patients du service de psychiatrie. Une façon tonique de réconcilier le corps et la tête.
La séance débute par un vigoureux massage dans le dos. Et un franc sourire. 14 h, vendredi. Dans une salle du Pôle santé sud, Agathe Pfauwadel entame son atelier danse avec une dizaine de patients hospitalisés en psychiatrie. Régulièrement, cette danseuse professionnelle intervient auprès de personnes dépressives, schizophrènes ou souffrant de troubles bipolaires.
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Les 31èmes journées de la Société de l’Information Psychiatrique  
Mais, que fait la psychiatrie ?

Ces 31èmes journées se dérouleront du 3 au 6 octobre 2012 à LYON, au Cité-Centre des Congrès , sur le thème « Mais que fait la psychiatrie ? ». Autour de ce sujet qui nous interpelle tous, il nous paraît important d’ouvrir le débat à l’ensemble des professionnels et acteurs de la santé mentale : psychiatres, infirmiers, psychologues, travailleurs sociaux, du 
médico-social, etc. Organisées sous forme de conférences plénières, tables rondes, regards croisés, ateliers de communication, sessions de formation thématiques et sessions de DPC, ces journées scientifiques sont conformes aux exigences de la formation professionnelle permanente. 
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Justice: satisfecit du Conseil de l'Europe à la France malgré certaines préoccupations

Publié le 19.04.2012
L'organe de lutte contre la torture du Conseil de l'Europe a délivré un satisfecit aux autorités françaises concernant ses réformes législatives tout en déplorant dans un rapport rendu public jeudi n'avoir trouvé qu'un "écho partiel" à certaines de ses préoccupations.
"Des réformes législatives avaient été adoptées ou étaient engagées dans plusieurs domaines intéressant de près le Comité (garde à vue, questions pénitentiaires et soins psychiatriques notamment)", explique le Comité pour la prévention de la torture (CPT) à l'issue d'une visite effectuée du 28 novembre au 10 décembre 2010. 

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La mission Hôpital public corrobore les propositions "santé" de François Hollande
Les coordinateurs de la mission Hôpital public, Frédéric Boiron et Francis Fellinger, ont remis hier 18 avril leur rapport sur la mission Hôpital public. Commandé en juin dernier par le ministre de la Santé Xavier Bertrand, ce rapport, au terme d’une tournée en France étalée entre septembre 2011 et janvier 2012, formule une série de 10 recommandations, dont une grande partie corrobore les propositions du candidat PS à la présidentielle François Hollande.
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L’annonce d’un nouveau projet de territoire pour la psychiatrie inquiète l’ensemble du personnel du secteur qui souffre déjà de conditions de travail difficiles.

Le Havre – Le Schéma Régional d’Organisation Sanitaire (SROS) 2012 prévoit un redécoupage des secteurs de psychiatrie sur le territoire de Seine-Maritime. Concrètement, ceci implique le transfert d’un certain nombre d’agents de la pédopsychiatrie, une soixantaine, du centre hospitalier de Lillebonne vers celui du Havre (une cinquantaine d’agents concernés) et du Rouvray (Sotteville-les-Rouen). 
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DÉPRESSION chez l’ADO: On teste un test sanguin
Il s’agit d’un test sanguin comportant 11 marqueurs génétiques spécifiques aux troubles dépressifs majeurs (TDM), testé ici sur 28 adolescents. Cet essai publié dans l’édition du 17 avril de Transational Psychiatrie suggère que ce test pourrait, dans n premier temps, permettre d’orienter vers un diagnostic précis de la dépression sur la base de critères diagnostiques validés. Mais il reste encore de larges études à mener avant de pouvoir utiliser ce test sanguin pour diagnostiquer la dépression chez les adolescents en pratique clinique de routine.
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Société Martinique 
Vent de grogne dans la psychiatrie
Par KBC - Publier en Martinique le 12/4/2012 11:11:30 AM : mis à jour le 12/04/2012,
Depuis le début de la semaine, les syndicats du Centre hospitalier de Colson ne décolèrent pas.


Au coeur de la grogne : le Schéma régional d'Organisation de la Santé pour les 5 ans à venir. Les syndicats reprochent à l'Agence régionale de santé d'avoir publié ce document sur Internet, sans concertation préalable avec les professionnels. Les soignants peuvent émettre leurs critiques directement en ligne mais les organisations représentatives jugent la méthode « méprisante ». Des syndicats qui ont également interpelé sur les conditions de travail de plus en plus pénibles à Colson en raison du manque de lits et d'effectifs. Ils pourraient mettre à exécution un préavis de grève illimitée déposé début janvier.

Un manifeste pour les enfants malades

LE MONDE | 
Les enfants malades seraient-ils les grands oubliés de la campagne présidentielle ? Plus de 500 associations ont décidé de s'unir pour faire entendre leur voix devant les politiques. Elles ont rédigé et signé le manifeste des droits des enfants malades, accessible en ligne. Adressé il y a plusieurs semaines à l'ensemble des candidats à l'élection présidentielle, il n'a, à ce jour, reçu de réponses que de deux candidats, Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République). "Il y a urgence à prendre en considération la santé des enfants et adolescents", estiment ces centaines d'associations, petites ou grandes. Ce manifeste est également soutenu par la Société française de pédiatrie (SFP).
"La pédiatrie est la grande oubliée, explique Hélène Gaillard, présidente de l'Association des maladies du foie chez l'enfant (AMFE). Certes, la situation s'est améliorée depuis une vingtaine d'années, mais elle est bloquée. Les soignants, infirmières, médecins, psychologues, associations, sont de grande qualité, mais on commence à avoir une pénurie d'infirmières en pédiatrie, la situation des enfants malades est en danger."
L'annonce du diagnostic d'un enfant malade est un coup de tonnerre insupportable. Une injustice et une incompréhension pour les familles. Cette annonce et l'hospitalisation, parfois loin du domicile, entraînent un bouleversement sur le plan familial, professionnel, social... "Les parents doivent pouvoir rester auprès de leur enfant", tel est l'un des points de ce manifeste. Mais 30 % des hôpitaux facturent la nuit aux parents, selon l'association Sparadrap, qui accompagne les enfants hospitalisés.
Autre point, "la majorité des familles rencontrent des problèmes financiers liés à la maladie grave ou chronique de leur enfant, et risquent de basculer dans la précarité", constate Hélène Gaillard. Les démarches administratives sont souvent lourdes. Les aides arrivent parfois après le décès de l'enfant, s'indignent les associations. Elles demandent une réforme de l'allocation journalière de présence parentale (AJPP), jugée trop faible.
"Les conditions d'hospitalisation se dégradent depuis une dizaine d'années, depuis que l'on considère l'hôpital comme une entreprise. On ne peut tolérer que l'Etat ne s'y intéresse pas et que l'administration soit toute-puissante", lance le docteur Sylvie Rosenberg-Reiner, présidente de l'Association pour l'amélioration des conditions d'hospitalisation des enfants (Apache).
Le manifeste demande aussi une remise en cause de la tarification à l'activité (T2A), mode de financement des établissements hospitaliers visant à responsabiliser les acteurs de santé sur les coûts. Cette réforme permettrait une meilleure prise en compte des actes qui demandent du temps sans pour autant être tarifés : traitement de la douleur, soins palliatifs pédiatriques...
L'importance de la prise en charge psychologique de l'enfant est fondamentale quand il est hospitalisé, il doit pouvoir suivre des activités, continuer sa scolarité. Mais l'école n'est pas possible dans tous les services hospitaliers, psychologues et éducateurs n'étant pas en nombre suffisant, selon ce manifeste.
Par ailleurs, regrette le docteur Rosenberg-Reiner, "l'hospitalisation des enfants et des adolescents se fait encore trop souvent en services d'adultes". Le nombre de services spécifiques pour adolescents est jugé nettement insuffisant. Il faut aussi favoriser les visites, les horaires étant trop stricts, même pour les parents.
Ces associations demandent la mise en place d'une mission interministérielle "santé de l'enfant", qui devra veiller, notamment, à la bonne application de la charte européenne de l'enfant hospitalisé et des recommandations publiées fin 2011 par la Haute Autorité de santé sur la prise en charge de l'enfant et de l'adolescent en milieu hospitalier.
Lemanifestedesdroitsdesenfantsmalades.wordpress.com
Sur le Web


SOCIÉTÉ 

En France, on vit moins longtemps en bonne santé

Cet admirable grand-père fait mentir l'étude de l'Ined.
Cet admirable grand-père fait mentir l'étude de l'Ined. (Photo Régis Duvignau. Reuters)
En France, les femmes ont une bonne espérance de vie, plus élevée qu’ailleurs en Europe. Mais, vivent en moins bonne santé… Depuis quelques années, la France connaît en effet un recul de ce qu’on appelle «l’espérance de vie sans incapacité», révèle ce jeudi une étude de l’Institut national des études démographiques (Ined), qui compare les données des 27 pays de l'Union européenne.
DOCUMENT : l'étude en pdf

L'indicateur : l’EVSI

EVSI pour «Espérance de vie sans incapacité». C’est un indicateur important des politiques européennes qui sert à «apprécier la qualité de la vie et l’état de santé fonctionnel des Européens». Cet indicateur est obtenu en décomposant l’espérance de vie en deux espérances de santé, avec et sans incapacité.
L’incapacité est mesurée dans une enquête annuelle, coordonnée par Eurostat au travers des réponses à une question générale : dans quelle mesure avez‐vous été limité(e) depuis au moins 6 mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ?

L’EVSI en baisse en France depuis 2006

La France, qui affiche l’espérance de vie la plus longue pour les femmes en 2010 (85,3 ans), connaît un léger recul de l’espérance de vie en bonne santé depuis quelques années. Elle occupe la 10e place dans le classement européen.
La tendance française rejoint celle d’autres pays européens qui ont comme elle des espérances de vie élevées, note l’Ined. «Dans les pays où l’espérance de vie est déjà élevée, les gains d’années de vie se font aux âges les plus élevés, donc lorsqu’on est en moins bonne santé», commente l’auteur de l’étude, Jean-Marie Robine, pour expliquer cette dichotomie.

Le grand écart entre les femmes et les hommes

Elément intéressant : «Alors que l’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes atteint près de six années dans l’Union européenne, l’écart d’espérance de vie sans incapacité atteint à peine une demi‐année. Si bien que la proportion des années vécues sans incapacité est inférieure de 5 points (– 4.9) chez les femmes en comparaison avec les hommes (75 % versus 80 %).»
Si l’on se concentre sur le cas de la France, on observe qu'en 2010, les hommes pouvaient espérer vivre en bonne santé 79,1% de leur espérance de vie totale (78,2 ans) contre 80,6% en 2008. Les femmes peuvent espérer vivre en bonne santé 74,4% de leur existence (76,1% en 2008). Dit autrement, l’espérance de vie sans incapacité des hommes est de 61,9 ans en 2010, et de 63,5 ans pour les femmes.

La Suède en haut du classement européen

C’est en Suède que l’EVSI est la plus longue d’Europe : 71,7 ans pour les hommes tandis que la République slovaque a la plus courte (52,3 ans). Chez les femmes, ce sont les Maltaises qui ont les meilleures perspectives de vie en bonne santé : 71,6 ans tandis que, comme pour les hommes, c’est la République slovaque qui a l’EVSI la plus courte : 52,1 ans.
(Cliquez sur le tableau pour l’afficher en grand - pdf)
Mais pour les deux sexes, si l’on prend en compte la période récente (2008-2010), les écarts se réduisent entre les pays. Ainsi, pour les hommes, la Lituanie voit son EVSI augmenter le plus, de près de trois ans (à 57,7 ans), alors que les Pays-Bas affichent la plus forte baisse (-1,3 an, à 61,1 ans).
Et chez les femmes, c’est toujours la Lituanie qui voit son espérance de vie sans incapacité (EVSI) augmenter le plus (2,4 ans, à 62,3 ans), alors que c’est la Finlande qui cette fois affiche la plus forte baisse (-1,7 année, à 57,8 ans). «Il y a donc des tendances à la convergence des espérances de santé en Europe» pour les hommes comme pour les femmes, en conclut l’Ined.
A LIRE AUSSI : en octobre, une étude de l’Insee montrait que les cadres avaient une espérance de vie sans incapacité plus élevée que les ouvriers.