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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 7 décembre 2020

La zone du cerveau qui nous permet de comprendre les mots que nous lisons

Par Anouk Tomas le 08.12.2020

Le gyrus fusiforme médian, région cérébrale du lobe temporal, servirait de dictionnaire visuel au cerveau : grâce à lui, les mots lus sont reconnus et compris. Ce traitement sera plus ou moins long selon la fréquence du mot en question dans le langage courant. 



La façon dont sont organisées nos sociétés modernes repose sur la capacité qu’ont les humains à comprendre rapidement le langage écrit. Pourtant, d’un point de vue cérébral, cette faculté de lecture, un processus qui implique de nombreuses composantes de la voie visuelle ventrale, est encore loin d’être intégralement comprise. 


Une équipe de l'Université du Texas Health Science Center à Houston (UTHealth, États-Unis), s'est penchée sur la façon dont le cerveau tire du sens des mots qu’il lit. Leurs résultats, publiés dans la revue Nature Human Behavior, mettent en évidence une région du lobe temporal, le gyrus fusiforme médian, qui servirait de dictionnaire visuel cérébral et nous permettrait de distinguer les mots qui existent (comme “chien”) des mots qui n’existent pas (comme “hniec”).


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La lecture est un élément fondamental des civilisations modernes, mais les mécanismes par lesquels le cerveau humain convertit les données orthographiques en concepts lexicaux et sémantiques sont mal compris


HÉLÈNE DELPRAT TIRE SES RÉFÉRENCES

Par Elisabeth Franck-Dumas  7 décembre 2020 







Foisonnantes et drôles, les toiles de l’artiste accumulent les emprunts avec un sens aigu de l’autodérision et un goût prononcé pour les détails.

Si l’on ne connaissait pas déjà Hélène Delprat, si d’aventure on n’avait jamais vu ses toiles, l’on serait conquise rien qu’en feuilletant I Hate My Paintings («je déteste mes peintures»), publié à l’occasion de l’expo du même nom à la galerie Christophe Gaillard, à Paris (IIIe). L’on y trouve par exemple ceci : «Mais il faut bien le dire, on ne s’amuse pas beaucoup avec la peinture !!! C’est l’Art de l’Ennui» - et sans être complètement d’accord avec elle, on note que l’artiste utilise trois points d’exclamation, ce qui est un peu osé. Ou encore cela : «Comment Magritte a-t-il pu assumer sa Période Vache.

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dimanche 6 décembre 2020

«L'hôpital public reste dans la logique folle de gestion commerciale»

Par Eric Favereau — 5 décembre 2020

Des soignants protestent contre l'agonie de l'hôpital public, devant l'hôpital Robert-Debré, à Paris, le 4 juin 2020.

Des soignants protestent contre l'agonie de l'hôpital public, devant l'hôpital Robert-Debré, à Paris, le 4 juin 2020. Photo Philippe Lopez. AFP

En dépit du Ségur de la santé censé améliorer la situation des hôpitaux, le professeur André Grimaldi, ancien chef de service de diabétologie à la Pitié-Salpêtrière, dresse un état des lieux sévère des conséquences de la logique comptable qui prévaut toujours dans la gestion des établissements de soin.

Sur l’état de santé des hôpitaux publics, le professeur André Grimaldi, ancien chef de service de diabétologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, est devenu un baromètre. Depuis plus de dix ans, il anime des débats et mène combat pour sortir l’hôpital public du modèle entrepreneurial et de la logique de communication vers lesquels il est conduit. Bien que très respecté, certains lui reprochent une vue trop hospitalo-centrée de la santé, d’autres de rester cantonné à des schémas passés, évoquant en réponse «l’hôpital de demain». Il rétorque : «La santé, ce n’est pas une affaire de management.» En cette fin 2020, rarement il ne s’est montré aussi inquiet.

Après deux vagues épidémiques et un Ségur, comment va l’hôpital public ?

L’hôpital va moins bien qu’il n’allait avant la première vague, et à l'époque, il allait déjà très mal. Ce n’est pas un message d’optimisme. Certes, le Ségur a permis d’augmenter les salaires – non pas suffisamment mais significativement. Sur le fond, le Ségur n’a néanmoins  rien changé à ce qu’était la maladie chronique de l’hôpital public. Nous restons dans la même logique folle de contrainte budgétaire et de gestion commerciale.

« QUOI QU’IL EN COÛTE » ? LES PRATICIENS HOSPITALIERS PIÉGÉS ENCORE UNE FOIS PAR LE SÉGUR DE LA SANTÉ

 

04/12/2020


Communiqué commun APH & JM

Un décret portant création de 3 nouveaux échelons de fin de carrière pour les praticiens hospitaliers est sur le point d’être publié. Il a été présenté en séance plénière du Conseil Supérieur des Professions Médicales (CSPM), et ne recueille pas le plein vote des organisations syndicales signataires des accords du Ségur, ni celui d’Action Praticiens Hôpital et Jeunes Médecins, non signataires, représentants majoritaires des praticiens hospitaliers. Pourtant, aucune virgule de ce décret ne sera modifiée suite aux écueils soulevés par les praticiens hospitaliers : « il y a urgence à respecter le calendrier » ! 


Après le Ségur de la santé, vers un "Matignon de la psychiatrie" ?

Par Sylvie Riou-Milliot le 03.12.2020 

professionnels de la santé mentale appellent à des actions urgentes pour réformer la psychiatrie, discipline en souffrance, déjà parente pauvre de la médecine bien avant la pandémie de Covid-19.

Mi-novembre 2020, le ministre de la Santé, Olivier Vérandéclarait "vouloir éviter la 3e vague de la santé mentale"Trop tard, elle est arrivée. Services débordés, consultations pleines, délais d’attente déjà longs de plusieurs mois dans le secteur public… "Tous les symptômes sont déjà là", plaide le Dr Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste (Paris), l'un des cinq* professionnels de la santé mentale avec les Drs Rachel Bocher, Marion Leboyer, Serge Hefez et Marie-Rose Moro, mais aussi la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, à l'origine d'un appel lancé ce jour lors d'une visioconférence de presse. 

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Thouars. Covid-19 : infirmière en psychiatrie, Aurore aborde son métier autrement

Fabien GOUAULT  Publié le 

Aurore Gillard, infirmière en psychiatre, exerce depuis neuf ans au sein de l’unité de l’Hôpital nord Deux-Sèvres, à Thouars. À 32 ans, elle doit comme ses collègues s’adapter aux nouvelles conditions d’exercice de son métier : port du masque, désinfection accrue et distanciation sont devenus le lot du quotidien.

« On compense en prenant du temps, individuellement »

«C’est frustrant, car on n’accomplit pas forcément le travail tel qu’on voudrait le faire. Nous ne prenons plus part aux repas thérapeutiques, par exemple. C’est un moment où on parle de tout, un temps d’échanges utile pour gagner la confiance du patient et lui démontrer que nous sommes avant tout une personne, qu’on ne le juge pas. On perd cette relation avec eux. Mais on compense en prenant du temps, individuellement. »


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La psychiatrie française pourra-t-elle faire face à la troisième vague ?

 


Paris, le samedi 5 décembre 2020 – Des équipes médicales, désarmées, qui doivent choisir entre deux patients lequel pourra recevoir les meilleurs soins. Des médecins ou des infirmiers qui s’épuisent à essayer de trouver dans un service proche une place pour accueillir leur malade.

Des familles qui s’indignent. Ces scènes qui ne peuvent que profondément heurter l’opinion et les soignants sont le spectre que l’on a fait planer au-dessus des Français pour expliquer la nécessité des mesures de limitation des déplacements et des rassemblements face à l’épidémie de Covid-19. Ces dilemmes qui bouleversent les fondements éthiques du soin sont pourtant le quotidien de milliers de professionnels de santé depuis des années en France : les psychiatres du secteur public et plus encore les pédopsychiatres.

« Qui soigner quand il n’y a pas la possibilité de le faire pour tout le monde ? La question est brûlante et rendue visible par la situation sanitaire actuelle, avec des services de réanimation qui pourraient avoir à faire le tri et « choisir » des patients en cas de surcharge des lits (…). En tant que responsable d’un centre médico-psychologique (CMP) pour enfants et adolescents dans le nord des Hauts-de-Seine, il s’agit d’une question quotidienne, tant les listes d’attente pour être reçu par des professionnels de santé mentale se sont allongées ces dernières années (souvent plus de six mois après une première demande). Les plages de consultation sont saturées. (…) La mission première d’un CMP est d’accueillir toute personne en état de souffrance psychique. Et la question est alors de déterminer qui soigner en priorité, quand on ne peut pas recevoir tout le monde. Avec mon équipe, nous étudions la liste d’attente… Où tracer la ligne de partage entre ceux qu’il faut soigner d’abord et ceux qui peuvent encore attendre ? Qui choisir ? C’est alors le domaine de l’éthique qui s’impose. En effet, les choix à faire sont tous des dilemmes pénibles et relèvent plus de l’éthique que de la connaissance médicale ou psychologique. Ce terme, employé à tort et à travers, apparaît le plus souvent vidé de son sens. Mais, dans notre travail quotidien, il s’agit d’un mot « chaud », dans le sens qu’il implique de résoudre des équations insolubles, car leur cause première est le manque d’argent… Il s’agit ici de la délibération insupportable avant de choisir quels patients (en l’occurrence, ici, quels enfants et leurs familles) accueillir en priorité. Nous retournons alors dans tous les sens les choix possibles et tentons d’établir des critères, dont nous prenons tout de suite conscience des aberrations » raconte dans une tribune publiée dans Le Monde, Oriane Bentata-Wiener, psychiatre, responsable du centre médico-psychologique (CMP) de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine).

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Femmes victimes de violences : il faut surtout accueillir leur parole

Par Virginie Ballet — 4 décembre 2020 

A Bordeaux, le 25 novembre.

A Bordeaux, le 25 novembre.Philippe Lopez. AFP


Dans son interview à Brut, Emmanuel Macron a exhorté les femmes victimes de violences à «sortir de l'autocensure» et «dire ce qu'elles vivent». Or, le problème n'est pas tant la libération de cette parole, mais la réponse que les pouvoirs publics lui apportent.

A l’entendre, la première des choses, c’est «d’abord de le dire». De «faire en sorte, qu’au sein du foyer, la parole se libère». D’en finir avec «l’autocensure» et la «normalisation»… Dans son interview accordée ce vendredi au média en ligne Brut, le président de la République, Emmanuel Macron, a tenté de s’exprimer sur les violences conjugales… mais encore à côté de la plaque. Le 25 novembre dernier déjà, dans une vidéo diffusée sur son compte Twitter à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Emmanuel Macron estimait que «la première chose à faire, c’est alerter, dénoncer». Passons sur le fait que les quelque 220 000 Françaises victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire auraient sans doute mérité mieux ce jour-là qu’un message de deux minutes relayé sur le réseau social, alors que l’égalité entre les femmes et les hommes est censée être «la grande cause» de ce quinquennat… Le Président semble surtout se tromper de cible : ce qu’associations et professionnels de terrain attendent de lui, c’est davantage de s’assurer que la parole de ces femmes soit correctement accueillie, entendue, que des suites, notamment judiciaires, lui soient données, et que des moyens financiers soient déployés.

samedi 5 décembre 2020

Vendredi noir : vertus de la consommation et consommation vertueuse avec Pierre Singaravélou et Daniel Cohen

LE 04/12/2020

À retrouver dans l'émission

L'INVITÉ(E) DES MATINS

par Guillaume Erner

Raillé par les uns, espéré par les autres : c’est aujourd'hui le black friday. Que racontent les circuits de mondialisation des objets de notre histoire ? D’où viennent les objets du quotidien ? La consommation peut-elle nous sauver de la crise économique ? 

Passants observant les vitrines des grands magasins parisiens
Passants observant les vitrines des grands magasins parisiens Crédits :  GEOFFROY VAN DER HASSELT - AFP

Alors que le gouvernement a demandé le décalage d'une semaine du "vendredi noir" français pour rouvrir les commerces en évitant la cohue, une question se pose : la consommation peut-elle nous éviter une crise économique ? Du XVIIIè siècle à aujourd'hui, comment ont évolué les systèmes marchands ? Que racontent nos objets du quotidien de l’histoire globale ? 

Pierre Singaravélou, “British Academy Global Professor” au King’s College de Londres, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est auteur de Le Magasin du Monde. La mondialisation par les objets du XVIIIe siècle à nos jours (avec S. Venayre), Fayard, 2020. Il sera rejoint en seconde partie par Daniel Cohen, économiste, il dirige  le département d’économie de l’École normale supérieure (ENS),  directeur du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP). Il est auteur de “Il faut dire que les temps ont changé, chronique (fiévreuse) d’une mutation qui inquiète”, Éditions Albin Michel.

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La Réunion : «Le rhum réveille le diable en eux»

Par Laurent Decloitre, Correspondant à la Réunion Photos Thierry HOARAU  

Face aux ravages de l’alcoolisme, médecins et militants demandent au gouvernement une meilleure régulation de la boisson locale, bien moins taxée qu’en métropole.

Une vitre fendillée témoigne de la dernière «incivilité» : les urgentistes du CHU de Saint-Denis, l’hôpital du chef-lieu de la Réunion, reçoivent«quotidiennement» des personnes ivres, qui «mettent le chantier». «Elles insultent les autres patients et les soignants, on doit se mettre à plusieurs pour les attacher» , raconte Guy Henrion, responsable du service. La plupart du temps, les ivrognes décuvent sur leur lit d’hôpital et repartent à 6 heures du matin. Pour autant, l’urgentiste soupire : «On ne les met pas dans un coin ; l’alcoolisme n’implique pas de délit de sale gueule. Ils peuvent avoir subi un traumatisme crânien ou suffoquer dans leur vomi.»

Ce témoignage illustre une triste réalité, pointée par Santé publique France dans un rapport publié en janvier dernier : à la Réunion, 7,3 % des passages aux urgences des hommes sont en lien direct avec une consommation d’alcool, contre 2 % au niveau national. Et le taux de mortalité des principales pathologies causées par l’alcool chez les hommes y est de près de 40 % supérieur à celui de la métropole. Cirrhoses, cancers du pancréas, troubles neurologiques… La Réunion compte également le plus grand nombre de cas de syndrome d’alcoolisation fœtale : cinq fois plus qu’en métropole, selon les derniers chiffres de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies.

Julien d’Huy : «L’étude des mythes permet de comprendre d’où nous venons et qui nous sommes»

Par Nicolas Celnik, Recueilli par  4 décembre 2020

Dans son livre, l’historien retrace l’évolution des mythes à travers le monde et le temps, depuis la naissance de l’homme moderne jusqu’à nos jours, et éclaire, par leurs prismes, les convictions ou certitudes qui nous habitent encore aujourd’hui.

Juliend'Huy

C’est peut-être l’épisode le plus connu de l’Odyssée :Ulysse, capturé par le cyclope Polyphème, lui crève un œil à l’aide d’un pieu dont la pointe a été durcie par les flammes, avant de s’enfuir caché sous un mouton. Ce qu’on sait moins, c’est qu’on retrouve des versions légèrement différentes de ce même épisode à travers le monde. Des Amérindiens racontent que des petits malins se sont dissimulés, attachés sous des bisons, pour échapper à un corbeau qui les gardait prisonniers, avant de ligoter l’oiseau au-dessus d’un feu - ce qui explique pourquoi le corbeau est noir. Cet air de famille ne doit rien au hasard : grâce à un travail minutieux de mythologie comparée, le docteur en histoire Julien d’Huy a retracé l’évolution des mythes dans le temps et à travers la planète. Utilisant une méthode phylogénétique - la même que celle qui sert à comparer des génomes -, il montre comment les mythes ont évolué au gré des migrations, aboutissant à ce que des populations, qui n’ont jamais eu de contact entre elles, racontent une même histoire. Mieux encore : en reconstruisant ces récits et leur évolution, il devient possible de connaître les «proto-récits» dont ils dérivent, ceux qui étaient racontés par l’homme avant sa sortie d’Afrique. La fresque que synthétise Julien d’Huy dans Cosmogonies, la préhistoire des mythes (éd. la Découverte) est vertigineuse : tous ces récits, apparemment disjoints, se rejoignent pour former un tronc commun d’une familière étrangeté. En contemplant cette toile, on se rappelle les mots de William Shakespeare : «Nous sommes de l’étoffe dont sont faits nos rêves.»

Hérédité, ce qui est à pois est à moi

LE 03/12/2020

À retrouver dans l'émission

LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE

par Nicolas Martin

Qu’est ce que l’hérédité dans les sciences du vivant ? Comment s’opère la transmission des caractères d’une génération à l’autre ? Comment a été comprise et développée la notion d’hérédité depuis le 19ème siècle ? Quel apport de Mendel et ses lois ? De la génétique, de la biologie moléculaire ? 

L'hérédité, c’est la transmission, au sein d’une espèce ou d’une lignée de cellules, de caractéristiques d’une génération à la suivante.
L'hérédité, c’est la transmission, au sein d’une espèce ou d’une lignée de cellules, de caractéristiques d’une génération à la suivante. Crédits :  Jasmin Merdan - Getty

[...] Et pour dérouler cette émission, qui s’adresse autant à nos jeunes camarades auditrices et auditeurs qu’au plus aguerris en quête de revoir ces notions historiques fondamentales de l’histoire des sciences, nous avons le plaisir de recevoir Michel Morange, professeur émérite de biologie à l’Institut d'histoire et de philosophie des sciences et des techniques, rattaché à l’université Paris I et Giacomo Cavalli, directeur de recherches CNRS de l’équipe “Chromatine et Biologie cellulaire” à l’Institut de génétique humaine de l’université de Montpellier.

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Insolite : des lettres d'amour datant de la Seconde Guerre mondiale retrouvées

 franceinfo:

L.Nahon, A.Nicolas, M.Nadal, C.Grivet, M.SemerjianFrance 3
publié le 

Ces parents qui refusent de faire croire au Père Noël à leurs enfants

 PSYCHOLOGIES

Par Julie Martory  05 décembre 2020

Ces parents anti-Père Noël

Faire croire au Père Noël à ses enfants : une évidence ? Pas tant que cela ! Pour des raisons morales, des croyances religieuses ou des considérations matérielles, certains parents décident de ne pas jouer le jeu du Père Noël. Décryptage de leurs motivations avec Dominique Tourrès-Gobert, psychiatre et psychanalyste, auteur de  Il était une fois le bon dieu, le père Noël et les fées

Au-delà du personnage et des cadeaux, le Père Noël, c’est aussi l’un de ces petits rites qui ponctuent l’enfance et aident à grandir. Ne plus croire au Père Noël, c’est « constater qu’on ne peut plus prendre ses désirs pour des réalités, que tous nos souhaits ne peuvent pas être exaucés » explique la psychiatre Dominique Tourrès-Gobert. D’ailleurs, ne dit-on pas « croire encore au Père Noël » ? Cette étape de la désillusion, ou cette « expérience de la réalité » comme l’avait nommée Freud, fait partie intégrante de ce rite qui, par nature, est voué à disparaître en grandissant. Pourtant, certains parents "privent" leur enfant de ce rite. Pourquoi ? Est-ce néfaste pour l'enfant ? Eléments de réponse. 

Le Père Noël, cet énorme mensonge

« Je ne tenais pas à raconter un mensonge aussi énorme à ma fille, que je respecte profondément. Pour moi c’était incompatible avec un autre discours qui me tenait à cœur : celui de ne pas mentir », explique Sylvie. La volonté de ne pas mentir à son enfant : tel est le principal leitmotiv de ces parents qui décident de ne pas adhérer au mythe du Père Noël. Un mensonge le Père Noël ? Effectivement, c’en est un, et à double titre, comme le précise la psychiatre. « Ce qui est particulier dans le rite du Père Noël, c’est que ce sont les plus âgés qui vont initier les plus jeunes. Ils initient non seulement à la croyance, mais aussi à sa chute. » Une double trahison en somme, que certains parents considèrent comme un véritable abus de la naïveté, de la candeur de leur enfant. « Pourquoi commencer dès petit à mentir aux enfants et à enjoliver la réalité ? » renchérit Nadia. « Avec le Père Noël, il est question du merveilleux, du magique », nuance la psychiatre. Oui, le Père Noël est un mensonge, mais un joli, gentil mensonge - à la différence d’un lourd secret de famille, destructeur. Le Père Noël, c’est la magie, la fête, le mystère ; mais aussi le don, la générosité, la beauté gratuite d’offrir. « Si le Père Noël n’est pas vrai ‘pour de vrai’, l’amour qu’il incarne, lui, l’est », répondait la psychanalyste Claude Halmos à une lettre d’une lectrice s’inquiétant d’annoncer la non-existence du Père Noël à sa fille.

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