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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 21 avril 2020

Coronavirus : les praticiens étrangers « font le boulot dont les médecins français ne veulent pas »

Ils sont entre 4 000 et 5 000 à faire tourner les services des urgences ou de réanimation des hôpitaux publics, mais avec des salaires très inférieurs à ceux de leurs homologues diplômés en France.
Par  Publié le 16 avril 2020
« Sans ces médecins-là, non seulement nous ne pourrions pas faire face à la vague de Covid-19, mais mon service serait fermé. » Mathias Wargon dirige les urgences de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Ces « médecins-là » sont tunisiens, algériens, syriens, libanais, congolais… Sur les dix-huit praticiens du service du docteur Wargon, quinze sont ce que l’administration française appelle des praticiens hospitaliers à diplôme étranger hors Union européenne (Padhue).
Ils sont entre 4 000 et 5 000 en France, majoritairement originaires du Maghreb, et surtout répartis dans les établissements publics. Ce sont ces internes ou praticiens dits associés, qui enchaînent les gardes la nuit et le week-end, font tourner les urgences mais aussi les services de réanimation, de radiologie ou de psychiatrie. Bref, des rouages essentiels dans le système de soins français.
« Ils sont en première ligne dans tous les services où il y a une énorme pénibilité du travail », résume Hocine Saal, vice-président du syndicat (Snpadhue) qui les représente. « En gros, ils font le boulot que les médecins français ne veulent pas faire, mais sans la reconnaissance ni la rémunération, dit plus crûment Mathias Wargon. Tous les soirs, on donne la claque pour remercier les soignants, on parle de revaloriser leurs salaires, de primes [jusqu’à 1 500 euros, a annoncé le gouvernement mercredi 15 avril], de Légion d’honneur, mais, ces gens-là, on les oublie. »
Pas certain, en effet, que le chef de l’Etat pensait à ce bataillon de médecins étrangers, lorsqu’il assurait, lundi 13 avril, lors de son intervention télévisée : « il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ».

lundi 20 avril 2020

Carte blanche à Joseph Mornet Directeur de collection, auteur et membre du collectif de lecture de Champ social éditions

Champ Social (Editions)

Amazon.fr - Le collectif (French Edition) by Jean Oury(1905-06-27 ...

Le Collectif

Le Séminaire de Sainte-Anne

Jean Oury

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Dialogue de sourds : les psychoses et les institutions

Champ Social (Editions)


Cet ouvrage n’est pas un livre de plus sur la théorie psychanalytique des psychoses.



Ce travail tente de rendre compte de ce qui peut se passer dans l'être du psychotique et de la façon dont il répond (ou non) aux sollicitations du monde extérieur, à partir de sa logique propre et bien souvent désespérée. La plupart du temps dans le travail institutionnel, usagers psychotiques et professionnels ne se comprennent pas parce qu'ils ne parlent pas la même langue, l'un et l'autre n'ont pas les mêmes objectifs, ce qui pousse les psychotiques à déployer des stratégies qui visent à neutraliser celle des accompagnants, et vice-versa. Cet état de fait organise d’entrée un rapport de force dans lequel il semble que personne n'ait rien à gagner.


"C'est extrêmement dur pour eux" : les malades psychiatriques face à la crise du coronavirus

 le 19 avril 2020

Alors que la France est confinée depuis plus d'un mois face à la crise sanitaire du coronavirus, les malades psychiatriques souffrent, eux, plus encore de cette situation. Faute de pouvoir faire des activités et recevoir un suivi adapté et nécessaire, ils sont de plus en plus enfermés, au risque de voir leurs pathologies s'aggraver.
Il est une population durement frappée par le coronavirus dont on parle peu : les malades psychiatriques. Pourtant, les 420.000 personnes hospitalisées en France à l'année et les 2 millions de suivies à distance souffrent du confinement car elles ne peuvent être accompagnées comme il faudrait, explique des professionnels de ce secteur.

Le confinement inquiète des acteurs de la santé mentale : "Il faut que les gens en détresse nous appellent !"



Denis Vanderbrugge   Publié le jeudi 16 avril 2020 

BELGIQUE

Le docteur Virginie Roobaert coordonne les équipes mobiles du CRP "Les Marronniers" à Tournai.
Le docteur Virginie Roobaert coordonne les équipes mobiles du CRP "Les Marronniers" 
à Tournai. - © RTBF

Le confinement est donc officiellement prolongé jusqu’au 3 mai. Une prolongation de deux semaines qui n’est pas sans inquiéter certains professionnels de la santé mentale.

A Tournai, par exemple, les équipes mobiles du centre psychiatrique "Les Marronniers" reçoivent paradoxalement moins d’appels que d’ordinaire. 

"On imagine que les personnes ont cru qu’avec le confinement nos services n’étaient plus actifs. Ça veut dire que des gens en difficulté n’osent plus faire appel à nous", déplore le Docteur Virginie Roobaert qui assure la coordination des équipes mobiles dans le Tournaisis.

Un silence inquiétant

Ce silence ne rassure pas en pleine période de confinement où de nombreuses personnes se retrouvent seules avec leurs problèmes.

Covid-19 et santé mentale : un site et une appli pour prévenir le mal-être

INSERM

17.04.2020

Dans la situation inédite que nous vivons, il est normal de se sentir stressé, déboussolé ou dépassé par les événements. Pour aider à faire face à ces sentiments, l’équipe Inserm à l’origine de StopBlues, un dispositif numérique conçu pour agir sur le mal-être psychologique, l’a enrichi d’une rubrique "Covid-19".
Développé en 2018 par l’équipe Epidémiologie clinique et évaluation économique appliquées aux populations vulnérables* dirigée par Karine Chevreul, le dispositif StopBlues, a pour objectif de prévenir la souffrance psychique et ses conséquences : un site web et une application aident ses utilisateurs à identifier les signes de leur mal-être, à rechercher des causes possibles et à trouver des solutions concrètes pour y faire face et aller mieux.

Masques pour tous, juste un principe de précaution

Publié le 16/04/2020




Dans un avis publié le 6 avril 2020, l’OMS se positionnait contre le port du masque dans la population générale. Elle appelait à réserver les masques pour les professionnels de santé et les personnes présentant des symptômes évocateurs de Covid-19.

Le port du masque dans la population générale est un sujet très débattu au cours de cette pandémie. Force est de constater que les éléments manquent pour se forger une opinion « basée sur des preuves ». Le British Medical Journal publie une analyse résumant les données disponibles et met la lumière sur un réel manque de données incontestables et transposables à l’actuelle épidémie.

Déconfinement : le conseil scientifique ébauche un tableau de bord




Paris, le mercredi 8 avril 2020 – La complexité du déconfinement concerne jusqu’au moment de commencer à l’évoquer. Alors que le Premier ministre a abordé cette question lors de ses différentes interventions la semaine dernière, certains ont estimé prématurées de telles prises de parole, alors que la priorité devrait être de rappeler l’importance de continuer à respecter strictement le confinement, tandis qu’un possible relâchement a parfois pu être déploré. Néanmoins, non seulement pour offrir aux Français des perspectives plus encourageantes, mais surtout pour assurer la préparation la mieux adaptée possible de cette étape, le déconfinement doit commencer à être discuté.

«Sortir du confinement dans le désordre serait catastrophique»

Par Anaïs Moran — 
Rue du 4 septembre, à Paris, le 23 mars.
Rue du 4 septembre, à Paris, le 23 mars. Photo Frédéric Stucin

Pour le professeur Philippe Sansonetti, le déconfinement ne peut être envisagé que si les mesures d’hygiène et de distanciation sociale sont strictement appliquées et associées à un dépistage massif de la population.

Philippe Sansonetti est professeur émérite à l’Institut Pasteur et titulaire de la chaire microbiologie et maladies infectieuses au Collège de France. Le 16 mars, quelques heures avant l’annonce du confinement, il y a tenu une visioconférence intitulée «Chronique d’une émergence annoncée». Il y regrettait notamment l’absence d’anticipation : «C’est la troisième émergence d’un coronavirus en moins de vingt ans. Il y a eu le Sras en 2003, le Mers en 2012, et maintenant le Covid-19. A chacun de ces épisodes, on s’est inquiété, puis rassuré, et pas grand-chose n’est arrivé ensuite pour prévoir et anticiper.» Autant de manquements qu’il serait catastrophique de réitérer dans la procédure de déconfinement, dit Philippe Sansonetti dans un entretien accordé à Libération.
Le président de la République a esquissé le début du déconfinement, et annoncé la date du 11 mai. Votre avis ?

Il est clair que le confinement ne peut être maintenu éternellement. S’il dure trop longtemps, les conséquences psychologiques, sociales et économiques vont se dégrader à un point tellement intolérable que son maintien va s’effilocher, la population va recommencer à sortir et on ne va tout de même pas établir en France un régime policier pour le maintenir. Cette sortie dans le désordre serait d’ailleurs une catastrophe sanitaire. La date fixée au 11 mai doit apporter la certitude que toutes les conditions seront réunies par nos dirigeants et les autorités compétentes. A partir du «jour d’après», la population doit être en mesure de reprendre progressivement ses activités avec la certitude que le maximum a été fait pour maîtriser la circulation du virus. Sur la base de cette confiance, on obtiendra l’adhésion à des exigences qui demeureront contraignantes. La situation est épouvantablement complexe et je pense qu’un mois entier ne sera pas de trop pour organiser ce déconfinement.

dimanche 19 avril 2020

Journal d’une confinée, par Cynthia Fleury

Cynthia Fleury née en 1974, est une philosophe et une psychanalyste française. Elle est professeur titulaire de la Chaire "Humanités et Santé" au Conservatoire national des arts et métiers et professeur associé à l'École nationale supérieure des mines de Paris (Mines-ParisTech), et dirige également la chaire de philosophie à l'hôpital Sainte-Anne du GHU Paris psychiatrie et neurosciences.



Edgar Morin : « Cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins masqués dans les aliénations du quotidien »

Dans un entretien au « Monde », le sociologue et philosophe estime que la course à la rentabilité comme les carences dans notre mode de pensée sont responsables d’innombrables désastres humains causés par la pandémie de Covid-19.
Propos recueillis par Nicolas Truong Publié le 19 avril 2020
Edgar Morin, sociologue et philosophe, à Montpellier (Hérault), en janvier 2019.
Edgar Morin, sociologue et philosophe, à Montpellier (Hérault), en janvier 2019. OLIVIER METZGER POUR « LE MONDE »
Né en 1921, ancien résistant, sociologue et philosophe, penseur transdisciplinaire et indiscipliné, docteur honoris causa de trente-quatre universités à travers le monde, Edgar Morin est, depuis le 17 mars, confiné dans son appartement montpelliérain en compagnie de sa femme, la sociologue Sabah Abouessalam.
C’est depuis la rue Jean-Jacques Rousseau, où il réside, que l’auteur de La Voie (2011) et de Terre-Patrie (1993), qui a récemment publié Les souvenirs viennent à ma rencontre (Fayard, 2019), ouvrage de plus de 700 pages au sein duquel l’intellectuel se remémore avec profondeur les histoires, rencontres et « aimantations » les plus fortes de son existence, redéfinit un nouveau contrat social, se livre à quelques confessions et analyse une crise globale qui le « stimule énormément ».

La pandémie due à cette forme de coronavirus était-elle prévisible ?

Toutes les futurologies du XXe siècle qui prédisaient l’avenir en transportant sur le futur les courants traversant le présent se sont effondrées. Pourtant, on continue à prédire 2025 et 2050 alors qu’on est incapable de comprendre 2020. L’expérience des irruptions de l’imprévu dans l’histoire n’a guère pénétré les consciences. Or, l’arrivée d’un imprévisible était prévisible, mais pas sa nature. D’où ma maxime permanente : « Attends-toi à l’inattendu. »
De plus, j’étais de cette minorité qui prévoyait des catastrophes en chaîne provoquées par le débridement incontrôlé de la mondialisation techno-économique, dont celles issues de la dégradation de la biosphère et de la dégradation des sociétés. Mais je n’avais nullement prévu la catastrophe virale.
Il y eut pourtant un prophète de cette catastrophe : Bill Gates, dans une conférence d’avril 2012, annonçant que le péril immédiat pour l’humanité n’était pas nucléaire, mais sanitaire. Il avait vu dans l’épidémie d’Ebola, qui avait pu être maîtrisée assez rapidement par chance, l’annonce du danger mondial d’un possible virus à fort pouvoir de contamination, il exposait les mesures de prévention nécessaires, dont un équipement hospitalier adéquat. Mais, en dépit de cet avertissement public, rien ne fut fait aux Etats-Unis ni ailleurs. Car le confort intellectuel et l’habitude ont horreur des messages qui les dérangent.

Yves Citton et Jacopo Rasmi : «Un jour, les mots "croissance" et "chômage" sembleront aussi bizarres qu’"anges" ou "immaculée conception"»

Par Catherine Calvet et Nicolas Celnik — 

Dessin Benjamin Adam


Dans leur ouvrage, les chercheurs prennent à rebours les théories de collapsologie qui prolifèrent. Ils appellent à s’enthousiasmer et à ne pas subir la crise que nous traversons comme un effondrement, mais plutôt comme l’occasion de revoir nos croyances et nos systèmes de valeurs.