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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 21 avril 2012


Les Blouses Blanches, photographies

Une exposition d’Hélène Mauri
Publié le mercredi 18 avril 2012
Je suis devenue infirmière au Service Infirmier de Compensation et de Suppléance (SICS) du CHU de Rouen alors que j’avais vingt et un ans. Mon travail consistait à remplacer les infirmières malades ou absentes sur une période de une à trois semaines. Il fallait être polyvalente, s’adapter.
Les conditions de travail sont souvent difficiles. Dans les services, les soignants sont de moins en moins nombreux. La charge de travail, de plus en plus importante, contraint à moins de temps auprès du patient. Malgré tout, chacun et chacune continue en gardant le sourire. A travers un travail d’équipe, nous donnons des soins, une écoute et notre temps. Lors de mes quarts de travail, j’espérais souvent que quelqu’un témoigne de notre quotidien.

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Ados-adultes : le grand malentendu

LE MONDE | 
Il existe un grand malentendu entre les adultes et les adolescents. Si 85 % de ces derniers considèrent qu'ils ont besoin des premiers, près des trois quarts des adultes sont persuadés que les jeunes n'ont pas besoin d'eux. Tels sont les enseignements d'un sondage Ipsos Santé effectué auprès de 807 ados de 15 à 18 ans, interrogés en ligne du 12 au 19 mars et auprès de 822 adultes de 25 ans et plus (échantillon représentatif selon la méthode des quotas).
Plus de la moitié des jeunes souhaiteraient nourrir plus d'échanges avec les adultes. Et dans leur entourage proche, 92 % des jeunes comptent prioritairement sur leur mère pour les aider à devenir adultes, devant leur père (74 %) et enfin leurs amis (58 %), alors que les trois quarts des adultes pensent que les adolescents comptent d'abord sur l'aide de leurs amis. La place du père semble contribuer au bien-être des ados : 83 % des jeunes qui se sentent bien citent leur père comme modèle contre 57 % des jeunes éprouvant un mal-être.
Cette question du malentendu entre jeunes et moins jeunes est au centre du 8Forum Adolescences de la Fondation Pfizer pour la santé de l'enfant et de l'adolescent, qui se tient mercredi 4 avril à Paris. Les adultes ont tendance à être plus pessimistes sur le moral des adolescents qu'ils ne le sont eux-mêmes. Près des trois quarts pensent que les jeunes sont souvent mal dans leur peau contre 25 % des intéressés ! Et seulement le tiers des adultes pensent qu'ils se sentent bien à l'école contre 71 % des ados. En d'autres termes, les ados vont plutôt bien, mais les adultes, pessimistes, l'ignorent.
Comment l'expliquer ? "Les parents utilisent leur grille d'analyse, explique Caroline Thompson, thérapeute familiale. Ils voient leurs ados en retrait, en butte à des revendications à leur endroit. Mais ce sont des moments particuliers d'autonomisation, somme toute assez normaux." De là à en déduire qu'ils sont mal dans leur peau, il y a un pas, trop vite franchi. Les jeunes testent les limites, tentent de trouver les nouvelles lignes de démarcation de leur autonomie.
Ils demandent plus de liberté, mais sont désemparés si on la leur donne. "Si vous dites à votre enfant, c'est toi qui décides, vous l'insécurisez, poursuit Caroline Thompson. Les adolescents ne sont pas des individus qui ont 15 ans, ils ont à la fois 8 ans et 25 ans. Ils ont besoin, à la fois, de l'affection donné à un enfant et de la liberté d'un adulte." Face à ces fluctuations affectives et d'humeur, l'adulte se doit de rester stable et de tenir un cap.
Pour Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste, le pessimisme des parents vient d'une grande inquiétude face à l'avenir de leur enfant : ils veulent lesvoir heureux, épanouis. "Alors que les enfants sont devenus le projet le plus important des adultes, commente-t-il, les adultes ont conscience que, pour la première fois, le niveau de vie de leurs enfants va être inférieur à celui de leur génération." Et alors que leurs enfants ont besoin de modèles, les parents ne savent plus vraiment quoi leur transmettre. Plus du quart des jeunes (27 %) estiment ne pas avoir de modèles dans la vie. "Leurs parents doivent transmettre à leurs enfants la confiance en l'avenir en leur montrant qu'ils ne sont pas les victimes de la société dans laquelle ils vivent. Ils ont besoin d'échanger avec leurs parents", poursuit Serge Hefez.
Selon le sondage, respect des valeurs, honnêteté et confiance en soi sont des valeurs que les jeunes d'aujourd'hui souhaiteraient se voir transmettre par leur entourage adulte. Mais très peu d'adolescents évoquent la confiance en soi parmi les valeurs apportées par leurs aînés. "Celle-ci semble au contraire sapée par les angoisses de leurs parents", considèreCaroline Thompson.
Enfin, autre malentendu qui pollue les relations des adultes avec leurs ados : les nouveaux médias. Les jeunes déclarent être connectés en moyenne cinq heures trente chaque jour. Ils contactent en moyenne quinze amis par jour sur les réseaux sociaux comme FacebookTwitter ou MSN. Mais, contrairement aux idées reçues, l'utilisation des nouveaux médias ne se fait pas au détriment d'échanges en face à face pour 84 % d'entre eux. Ils rencontrent physiquement deux fois plus d'amis par jour que les adultes (onze contre cinq) et consacrent deux heures trente en moyenne par jour àparler de visu avec eux, soit deux fois plus que sur les réseaux sociaux (une heure quinze en moyenne).
Pour le professeur Philippe Jeammet, président de la Fondation Pfizer et psychiatre, "une bonne partie des adultes qui sont acteurs de leur vie ont le sentiment ne plus avoir de pouvoir, que l'avenir leur échappe. Pourcontrebalancer cette sensation, les adultes vont avoir tendance, paradoxalement, à prendre une position négative et à renvoyer ce miroir défaitiste aux adolescents". Adultes, il est temps d'inverser la tendance !

vendredi 20 avril 2012


Remèdes traditionnels chinois : des composants très inattendus

lequotidiendumedecin.fr 13/04/2012

Des chercheurs ont passé au crible l’ADN contenu dans 15 remèdes traditionnels chinois. Stupeur, certains contiennent des plantes toxiques et des traces d’espèces animales protégées (ours noir d’Asie, antilope saïga).
Méfiance vis-à-vis des remèdes traditionnels chinois. Des chercheurs australiens de laMurdoch University ont révélé qu’ils contenaient bien d’autres choses que ce qu’annoncé, des plantes toxiques en particulier, mais aussi desallergènes (noix, soja) et des traces d’animaux protégés. À l’aide d’une technique de séquençage ADN à haut débit, l’équipe du Dr MichaelBunce a passé au crible une quinzaine de remèdes chinois, sous forme de poudre, de comprimés, de capsules, de paillettes et de tisanes.
« Au total, nous avons trouvé près de 68 espèces de plantes différentes, explique le Dr BunceCertains remèdes contiennent des herbes du genre Ephedra et Asarum, dont certains éléments chimiques sont potentiellement toxiques en cas de surdosage. Or aucun ne mentionne les concentrations sur l’emballage. »

Des effets secondaires dangereux

De la même façon, quatre familles d’animaux ont été identifiées, dont des espèces en danger et protégées comme l’ours noir d’Asie et l’antilope saïga. De l’ADN de bovidés, de cervidés et d’amphibiens(bufonidae) a été détecté également, ce qui était rarement notifié sur l’emballage. « Un produit labellisé 100 % pur antilope saïga contenait en réalité des quantités importantes d’ADN de chèvre et de mouton », explique le Dr Bunce.
Les remèdes d’importation chinoise posent ainsi de nombreux problèmes de législation, d’efficacité et de tolérance. Alors que de nombreux effets secondaires ont été rapportés, comme dans les années 1990 une centaine de cas d’insuffisance rénale avec cancer urinaire à distance chez des femmes ayant pris une herbe amaigrissante contenant de l’Aristolochia, les remèdes traditionnels chinois ne sont soumis à aucune réglementation. Des études chromatographiquesavaient pourtant détecté la présence de métaux lourds (mercure, plomb, arsenic) et de toxines végétales pour certains d’entre eux. Des techniques plus performantes sont nécessaires pour analyser les produits de médecines alternatives. Le criblage à haut débit, en tant qu’outil fiable et pratique aux douanes, est un premier pas dans le contrôle des produits médicinaux importés.
› Dr IRÈNE DROGOU
PLoS Genetics, publié en ligne le 12 avril 2012.

Les symptômes psychotiques tels qu'entendre des voix sont relativement fréquents

Les symptômes psychotiques tels qu'entendre des voix seraient beaucoup plus fréquents chez les enfants et les adolescents que ce qui est actuellement considéré, selon une étude publiée dans le British Journal of Psychiatry. Des études ont déjà montré que de tels symptômes seraient vécus par jusqu'à 17% de la population adulte.
Mary Cannon et Ian Kelleher du département de psychiatrie du Royal College of Surgeons (Dublin, Irlande) ont mené cette étude avec 2666 enfants âgés de 11 à 16 ans dans 4 études séparées.
21% à 23% des 11-13 ans et 7% des 14-16 ans rapportaient avoir vécu ces symptômes. Les hallucinations peuvent varier, consistant à entendre une phrase isolée à l'occasion, jusqu'à entendre des conversations entre 2 ou plus de personnes pendant plusieurs minutes.
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mercredi 18 avril 2012


Le communautarisme antipsychiatrique

16 Avril 2012 Par Richard Horowitz
Les mots changent de sens : quand on parlait d’antipsychiatrie, on évoquait jadis de fortes expériences, plus ou moins achevées, mais alliant généreusement patients et soignants dans un vaste mouvement libératoire de désaliénation et de lutte contre l’enfermement. La destruction de l’asile de Trieste en était le symbole, la loi italienne de fermeture des hôpitaux psychiatriques l’achèvement.
De même le terme de psychiatrie communautaire renvoyait à un mouvement anglais, antérieur, prônant la prise en charge des malades psychiatriques au sein de petites communautés rurales, plutôt que dans les mégalopoles asilaires nées au XIX eme siécle.
 Aujourd’hui nous vivons sous l’emprise d’un tout autre « communautarisme antipsychiatrique ». Il s’est constitué autour d’une myriade de petits groupes de patients et de leurs proches, étroitement regroupés pour contester l’organisation officielle des soins.
 C’est le règne proclamé de l’ « expertise profane », ou comme on peut souvent le lire sur certains blogs : « nul autre ne sait mieux ce qui est bon pour un malade, qu’un autre malade ou ses parents… »
 De plus l’implosion des grandes catégories psychiatriques, venue des USA il y a plus de vingt ans, a largement favorisé ce mouvement. Comme nous avions les Weight Watchers ou les Alcooliques Anonymes nous avons ainsi vu naitre les associations les plus variées : parents d’élèves dyslexiques, dysgraphiques ou dysorthographiques, hyperactifs, groupes de soutien aux porteurs de TOC, clubs de surdoué, et bien sûr, les parents d’autistes qui défraient la chronique régulièrement. A chaque pathologie son ou ses groupes d’influence.
 Soyons justes : le phénomène a toujours existé, porté par le droit d’association et le compréhensible besoin de partager douleur morale et difficulté matérielle. Qu’on songe à l’œuvre accomplie par l’UNAFAM (Union des amis et familles de malades psychiques) les associations de Croix Marines et tant d’autres.
Le monde associatif, et principalement ses bénévoles, a ainsi largement épaulé l’effort de professionnels souvent démunis, ou s’est substitué efficacement à un Etat pas encore providence pour tous.
  La grande majorité de ces groupes établissent petit à petit des relations de coopération harmonieuse avec les spécialistes : nombre d’associations de parents d’autistes s’impliquent dans la promotion de projets novateurs ou la gestion d’établissement, les incompréhensions entre pédo psychiatres, neuro pédiatres et parents d’enfants présentant des troubles spécifiques du langage, j’en suis témoin, s’estompent ou s’estomperont.
 Reste la frange la plus extrême des associations de parents d’autistes.
Le très décrié Bruno Bettelheim parlait de forteresse vide. L’image ne vaut plus, au moins au plan sociétal : peu nombreux mais efficacement organisés, arrimés à leurs convictions, murés dans leurs certitudes, ces groupes renforcent constamment leur radicalité et leur isolement.
Mus par une curieuse tentation identitaire certains parents en sont arrivés à tenter, parfois avec succès, de se faire diagnostiquer eux même d’une pathologie proche de celle de leur enfant (en général syndrome d’Asperger, syndrome autistique à haut niveau intellectuel, catégorie incertaine et contestée dans les classifications internationales)… manière de partager un peu plus avec leurs enfant ou suggestion d’une incidence génétique pour le moins hypothétique ?
Toujours est il qu’ainsi retranchés, ils usent, au service de leur cause, de tous les moyens : lobbying, communication effrénée, requête juridiques incessantes, pressions et attaques personnelles.
Ici, point de soutien aux professionnels ou de complémentarité avec l’Etat :
Les premiers demeurent sous suspicion permanente d’incompétence ou d’intérêts peu avouables, les pouvoirs publics sont éternellement soupçonnés de gabegie et d’incurie dans la répartition des crédits.
Car il s’agit bien de cela : réorienter l’intégralité des subsides vers une seule et unique approche, de type éducative, alors que tous les soignants savent d’expérience que chaque enfant demande tout un ensemble de soins adaptés : éducatifs certes mais aussi cognitifs, psychologiques et médicaux alliés à un mode de scolarisation et de socialisation ad hoc.

Les derniers épisodes (diffusion puis interdiction du film « le mur », amendement du député Fasquelle, mise en cause du Pr Delion etc...) ont bien illustré le militantisme mais aussi l’inquiétant dogmatisme de ces groupes.
Vouloir utiliser le droit de choix de chaque parent, dans le cadre des pratiques préconisées et validées, est une chose.
Prétendre interdire aux praticiens telle ou telle pratique ou exercer, à partir d’une légitimité contestable et des moyens aussi peu orthodoxes, une  pression sur les choix de la collectivité semble plus discutable.
Encadrer et restreindre la créativité  des cliniciens et des chercheurs en mettant à l’index telle ou telle conception théorique n’est guère tolérable.
 Là est la dérive auquel concourt le repli de ces groupes : animés par leur réel souci de leurs enfants, leur logique clanique distord complètement leurs rapports avec l’extérieur, toujours invalidé et vécu comme hostile ou insensible à leur détresse.
 L’équilibre tripartite antérieur unissant usagers, professionnels et pouvoir publics trouve ainsi ses limites et le dialogue indispensable sur des sujets aussi sensibles n’existe plus, faute de l’indispensable sérénité.  
Au contraire du but recherché on s’enlise ainsi dans de vaines polémiques au détriment des jeunes et de leurs familles…
Dr Richard Horowitz
Pedo psychiatre
Président de la fédération des CMPP

Joyce-Lacan, rencontre sur les planches

Photographie : © Hervé Bellamy
Photographie : © Hervé Bellamy

« Joyce était-il fou ? Par quoi ses écrits lui ont-ils été inspirés ? » Ces questions posées par le psychanalyste Jacques Lacan, admiratif de l'écrivain irlandais, Antoine Caubet leur donne vie aujourd'hui avec brio sur le plateau du Théâtre de l'Aquarium.
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Lunettes Google : réalité augmentée ou saturée ?

« Mon oeil, qu'il soit perçant ou faible, ne voit pas au-delà d'un certain espace, et dans cet espace je vis et j'agis, cette ligne d'horizon est mon plus proche destin, grand ou petit, auquel je ne peux échapper »,constate Nietzsche dans Aurore (1881).
Le géant d'Internet Google pourrait bien avoir dans l'idée de repousser les limites de cet horizon avec son projet de lunettes connectées, présenté le jeudi 5 avril. Dans une vidéo publiée par l'entreprise, un utilisateur boit un café tout en faisant défiler son emploi du temps, se promène en suivant l'itinéraire proposé par les lunettes, et achète directement des billets pour un concert dont il vient de voir l'affiche…
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Les "Jim"nastes du cortex ...



L’épaisseur du cortex varie au cours de l’évolution de la schizophrénie
Publié le 04/04/2012


Quels changements significatifs viennent affecter l’épaisseur du cortex dans la schizophrénie, et quelles sont les parts respectives de la maladie, du vieillissement normal ou pathologique, voire du traitement ? Fruit d’une collaboration entre une équipe d’Utrecht (Pays-Bas) et de Montréal (Canada), une étude longitudinale (sur 5 ans) a comparé des données d’imagerie par résonance magnétique chez 96 patients schizophrènes (70 hommes et 26 femmes) et 113 sujets-contrôles de 16 à 56 ans.
Au terme de cette recherche, plusieurs constats apparaissent : au départ, les schizophrènes ont souvent, par comparaison aux sujets-témoins, un amincissement du cortex plus marqué sur les régions « orbito-frontale gauche, para-hippocampale droite et temporale supérieure » contrastant avec un « épaississement du lobule pariétal supérieur et du pôle occipital. » En revanche, l’épaisseur moyenne du cortex (mean cortical thickness) ne diffère pas entre les deux groupes. Au fil du temps, un amincissement marqué intéresse de vastes zones (widespread areas) du manteau cortical, « plus prononcé pour le cortex temporal (bilatéral) et la région frontale gauche », et une évolution défavorable de la maladie se révèle « associée à une plus grande amplitude de cet amincissement cortical. »
Une autre observation intéressante concerne la part possible du traitement dans le déterminisme de cet amincissement : dans la mesure où, comparativement à la prise de neuroleptiques typiques (molécules plus anciennes), le recours aux neuroleptiques atypiques (antipsychotiques de deuxième génération) est « associé à un amincissement cortical moins prononcé », ce constat contribue ainsi à renforcer l’intérêt pour ces « nouvelles » molécules, puisqu’il suggère leur moindre interférence iatrogène avec les mécanismes physiopathologiques à l’œuvre dans la schizophrénie. L’existence de cet amincissement cortical confirme surtout l’implication de processus organiques dans le mécanisme de la schizophrénie, « plus marqués dans les régions frontales et temporales », et évoluant progressivement de façon péjorative au fil de la maladie.       
Dr Alain Cohen
Neeltje E et coll. : Changes in cortical thickness during the course of illness in schizophrenia. Arch Gen Psychiatr,y 2011 : 871-880.


L’hémodynamique cérébrale peut-elle concourir au diagnostic de pédophilie ?

La médecine peut-elle fournir à la justice un examen complémentaire, susceptible de déceler la propension d’un individu à la pédophilie ? Si certains ont proposé le test phallométrique [1], son principe « intrusif », voire « dégradant » et sa « fiabilité limitée » incitent à rechercher une alternative moins controversée.

Réalisée sur 24 « participants pédophiles » et 32 sujets-contrôles « en bonne santé » (hommes), une étude allemande vise à évaluer l’intérêt éventuel d’une « analyse automatisée » des données en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle pour aider au diagnostic « d’orientation sexuelle paraphilique. » L’idée générale est d’établir un profil des « réponses hémodynamiques du cerveau à des stimuli sexuels » (visuels, en l’occurrence la comparaison des réactions à des photographies d’adultes et d’enfants nus).

Appréciées en termes d’oxygénation sanguine liée à l’intensité des réactions neuropsychologiques aux stimuli présentés, ces réponses pourraient traduire l’existence de penchants pédophiles, susceptibles d’être ainsi révélés (ou du moins confirmés) par la pratique de ce type d’exploration présumée non intrusive et non dégradante, contrairement aux évaluations phallométriques, généralement très décriées [2]. Les chercheurs affirment que ce nouveau mode d’investigation serait assez fiable pour « identifier les sujets pédophiles avec une grande précision. » On peut toutefois émettre quelques réserves devant la faible taille de la population étudiée, ce qui est somme toute une bonne nouvelle, vu la nature des délits imputables à ces individus ! Et rappeler surtout, comme les auteurs le disent eux-mêmes, que si le déterminisme de la pédophilie est certes « mal compris », il ne se cantonne sûrement pas à cette seule dimension organique, mais combine sans doute divers facteurs « d’ordre neuro-développemental, social » ou autre.

Néanmoins, devant les difficultés pratiques auxquelles sont confrontés notamment les experts mandatés par les magistrats pour définir les risques de récidive, on ne peut qu’encourager la quête d’une meilleure objectivité en la matière, même si la relative simplicité de cette approche la rend probablement en partie illusoire.

Dr Alain Cohen
Ponseti J et coll.: Assessment of pedophilia using hemodynamic brain response to sexual stimuli. Arch Gen Psychiatry, 2012 ; 69 : 187-194.


Ce que pourrait apporter la génomique à la psychiatrie

Dans le projet de séquençage du génome humain, l’un des enjeux majeurs consiste à identifier des gènes de susceptibilité à des maladies, pour faciliter « le processus de diagnostic » et orienter vers de « nouvelles et meilleures stratégies thérapeutiques. » Mais si diverses affections somatiques commencent à être concernées, on constate que les progrès de la génomique ont « moins d’impact sur les pathologies mentales » et qu’ils n’ont débouché jusqu’à présent sur « aucun nouveau traitement utilisable en psychiatrie. »

Depuis 1995 environ, l’hypothèse « common disease-common variant » [1] suggère que la composante génétique de certaines maladies pourrait s’expliquer par « des variants communs de plusieurs gènes, avec un impact plus ou moins significatif de chaque variant. » Ce modèle s’est révélé fructueux pour plusieurs affections somatiques (diabète, maladie de Crohn, dégénérescence maculaire) où l’effet cumulé des variants « de 3 à 100 gènes » expliquerait « une part notable des cas héréditaires. » Mais une contribution analogue de la génétique à la psychiatrie semble « plus difficile. »

Dans les études d’association génétique, les maladies mentales sont liées à un « plus grand nombre de gènes » n’apportant chacun qu’une « très faible contribution » à la susceptibilité (génétique) globale. Par exemple, bien que les influences génétiques comptent pour « plus de 80 % du risque de schizophrénie », une étude récente[2] suggère que la plus grande part de ce risque s’expliquerait par « des variants communs de plusieurs milliers de gènes », dotés chacun d’une portée « extrêmement modeste » puisque la part d’accroissement du risque la plus significative représente à peine « 1 à 2 % » du risque global.

Dans une autre approche, le concept de « rares variants multiples » (multiple rare variant model)[3], les contributions génétiques à une maladie dépendraient de variants rares où un variant moyen aurait une incidence plus grande. Mais l’implication de tels variants est difficile à démontrer, puisqu’ils sont rares, par définition. Et dans le modèle CNV (copy number variants, variabilité du nombre de copies d’un gène)[4], une anomalie quantitative modifierait (à la hausse ou à la baisse) le nombre d’exemplaires d’un gène, donc la synthèse d’une protéine, avec in fine une incidence clinique plus ou moins marquée. Une CNV semble ainsi impliquée dans les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité où une majoration du risque serait liée à des anomalies sur le site q13.3 du chromosome 15)[5]. Comme l’auteur précise que ces anomalies touchent notamment des gènes « déjà connus pour leur implication potentielle dans la schizophrénie ou dans l’autisme », on peut se demander si ces apports croissants de la génomique à la psychiatrie ne vont pas révéler un possible continuum entre diverses entités nosologiques où l’unité des perturbations génétiques pourrait transcender en fait l’apparente disparité clinique.  


Dr Alain Cohen
Ross RG : Advances in the genetics of ADHD. Am J Psychiatry, 2012; 169-2: 115–117.
Qui va financer la recherche sur le cerveau ?

Le 5 septembre 2011, le "European College of Neuropsychopharmacology" (ECNP) lançait un appel aux gouvernements européens à financer davantage la recherche sur les maladies psychiatriques et neurologiques. Cet appel, à lui seul, montre l’urgence de la situation : plus d’un tiers de la population européenne souffrant de troubles neurologiques d’un côté et, de l’autre, un désengagement de plusieurs grands laboratoires pharmaceutiques de la recherche en neurosciences dont, le plus récemment, AstraZeneca. Se pose aujourd’hui la question cruciale de savoir qui, désormais, va financer la recherche sur le cerveau.

Un enjeu majeur de santé publique pour l'Europe du 21ème siècle

Selon une étude du "European Brain Council" publiée en octobre 2011 et menée en 2010 dans 30 pays européens, 38,2% de cette population, soit 164,8 millions d'individus, jeunes et personnes âgées, souffrent d'une maladie mentale chaque année. Les maladies les plus fréquentes sont les troubles anxieux (14%), l'insomnie (7%) et la dépression majeure (6,9%), mais les quatre pathologies isolées les plus invalidantes (exprimées en DALYs, c'est à dire en années de vie perdues pondérées par l’invalidité) seraient la dépression, les démences, l’abus d’alcool etl’ictus apoplectique.
Ce sont ainsi les maladies du cerveau qui apportent la contribution la plus lourde à la charge de morbidité totale dans ces pays (elles atteignent 26,6 % de la morbidité totale). Les sociétés occidentales payent au prix fort la prise en charge de cespathologies. Entre 2005 et aujourd'hui, le coût des troubles neurologiques a doublé, pour atteindre en 2011 le montant de 800 milliards d'euros au total (contre 150 à 250 milliards pour le cancer). Une véritable bombe à retardement pour les gouvernements européens, qui menace à la fois l'économie et la société, d'autant que les progrès dans la connaissance des mécanismes des pathologies neuropsychiatriques n’ont pas encore abouti à la découverte de traitements pharmacologiques efficaces à 100%.
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