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dimanche 13 mai 2012

Pour la santé, collectifs et associations espèrent un retour à des « valeurs plus humanistes »
12 mai 2012 | Par Sophie Dufau - Mediapart.fr

Du quinquennat de Nicolas Sarkozy, ils retiennent « la casse du service public hospitalier » et l'abandon d'une éthique de la médecine au service des plus faibles ou des plus vulnérables. Durant ces cinq années, ils se sont organisés en collectifs, ont rédigé desmanifestes, des pétitions ou destribunes, organisé des meetings pour le dénoncer. En dehors des syndicats de médecins, d'infirmières, de praticiens, ils ont voulu faire porter leur voix, plus haut et plus fort que les instances représentatives. À l'heure de l'alternance, nous nous sommes tournés vers André Grimaldi, professeur à la Pitié-Salpêtrière (Paris) et coauteur duManifeste pour une santé égalitaire et solidaire publié à l'automne dernier, vers Jérôme Martin, militant à Act Up, et Mathieu Bellahsen, psychiatre de secteur, membre du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, pour connaître leurs principales attentes.
Dans l'immédiat, l'urgence est de faire baisser le prix des soins et revenir à une idée plus égalitaire de la santé : avant la loi sur le financement de la sécurité sociale qui sera débattue à l'automne à l'assemblée, « il faut ouvrir au plus vite une négociation avec les mutuelles et les assurances complémentaires pour augmenter le taux de remboursement de la sécurité sociale et pérenniser notre système de santé », estime André Grimaldi. Aujourd'hui, les mutuelles « sont un lobby très puissant et elles se satisferaient naturellement d'une sécurité sociale qui ne rembourserait, en schématisant à gros traits, que les très pauvres et les très malades, leur laissant tout le reste ». D'essence complémentaires, elles en deviendraient alors nécessaires.

« Il faut abolir les franchises médicales et les taxes sur la santé,estime de son côté Jérôme Martin d'Act Up.Sur ce point, François Hollande ne s'est jamais franchement prononcé, mais les franchises peuvent s'élever à 50 euros par an et par malade pour les médicaments et 50 euros supplémentaires par an et par malade sur les forfaits hospitaliers. Outre que cela est une rupture avec le principe de solidarité de la sécurité sociale, ces franchises sous-tendent que ce sont les plus malades qui coûtent le plus cher à la sécu, qu'ils seraient les responsables du déficit. Ce qui est faux. »



Pour ne pas creuser le déficit de la sécurité sociale (estimé à 14 milliards d'euros en 2012), André Grimaldi voit trois décisions à prendre : « 1/ Diminuer les prix des médicaments et, en particulier pour les génériques, les diviser par deux. On pourrait par exemple s'aligner sur les prix pratiqués en Angleterre. Rien que cela permettrait d'économiser un milliard d'euros. 2/ Il faut taxer les producteurs de tabac. Aujourd'hui, toutes les augmentations du prix des cigarettes sont supportées par le consommateur. Il y a un gisement de 7 milliards d'euros sur ce que les producteurs encaissent, qui pourrait servir à la prévention. 3/ Profiter d'une réforme fiscale pour augmenter les recettes de la sécurité sociale en supprimant la moitié des niches sociales (là encore, il y a un gisement de 35 milliards d'euros) et faire une CSG progressive. »

Dans les propositions du candidat Hollande, il y en a une qu'ils surveilleront particulièrement : le développement de la médecine de proximité, à même de pallier l'engorgement des services d'urgence hospitaliers et la désertification médicale dans certaines parties du territoire national. Une médecine de proximité qui renouerait avec des valeurs d'égalité et de justice. Pour André Grimaldi, il faut créer « un service public de la médecine de proximité, comme il existe un service public hospitalier, même s'il a été bien abîmé. Ce service public de la médecine de proximité ferait travailler ensemble des médecins de secteur 1 (conforté et revalorisé), des infirmières, des travailleurs sociaux ».
Pour Mathieu Bellahsen, psychiatre, il faut « réaffirmer qu'en psychiatrie, l'organisation des soins, et leur déploiement sur le territoire, s'organise autour du secteur. Non pas entendu comme une entité administrative, un découpage territorial, mais comme une entité clinique : une même équipe sur un même territoire qui soigne tous les patients, sans faire de tri entre pathologies. Il n'y a qu'ainsi que l'on peut assurer un réel suivi des malades, un véritable maillage des soins ».

La fin de l'hôpital-entreprise

Marisol Touraine, à l'Assemblée nationale
Marisol Touraine, à l'Assemblée nationale© M.M.
Ceci suppose une tout autre logique gestionnaire. « Il faut admettre que les critères de rentabilité ne doivent pas être la seule manière de gérer un établissement de soins », poursuit Mathieu Bellahsen. François Hollande l'a dit : un hôpital n'est pas une entreprise, et ne peut être géré comme tel. Marisol Touraine, en charge de la santé, de la dépendance et des retraites dans l'équipe du candidat PS, et régulièrement citée parmi les ministrables, affirmait récemment dans un entretien à Mediapart qu'au pouvoir, le PS supprimerait « la convergence entre établissements publics et établissements privés, car le privé ne porte pas la responsabilité de la formation, de la recherche, ou de l’accueil de tous les publics à toute heure du jour et de la nuit ».
Une déclaration dont prennent acte André Grimaldi et Mathieu Bellahsen, qui souhaiteraient pourtant que le prochain gouvernement aille plus loin avec la suppression de la tarification à l'acte, la T2A (devenue VAP en psychiatrie, pour “valorisation à l'activité en psychiatrie”) qui aujourd'hui détermine les budgets des établissements (tout acte est codé, chiffré, et l'ensemble des actes prévus par un établissement détermine la somme qui lui est allouée). « La T2A ne permet pas d'optimiser les soins, explique André Grimaldi. Selon nous, cette technique de financement des hôpitaux n'est envisageable que pour des actes standardisés comme une dialyse par exemple. À côté, il faudrait parler en budget pour toutes les maladies chroniques et les urgences, et en prix de journée pour les soins de fin de vie où l'on manque dramatiquement de lits. Mais, au-delà, le grand danger de la T2A, c'est la primauté du management sur les soins. À Strasbourg, par exemple, un poste de technicien de soins s'est transformé en poste de codage des soins. Ce n'est pas en transformant les techniciens en codeurs qu'on améliore la qualité. »


Plus généralement, faire confiance aux professionnels et aux usagers serait déjà un changement considérable. « L'État Sarkozy nous a transformés en suspects permanents, raconte Mathieu Bellahsen. Ça ne concerne pas que la médecine d'ailleurs, cette méfiance touche aussi les enseignants, les chercheurs… Concrètement, dans l'Essonne où j'exerce, le travail avec la préfecture est devenu plus en plus difficile. Il faut par exemple des tonnes de justificatifs pour obtenir une autorisation de sortie de l'hôpital pour un patient. » Mathieu Bellahsen dont le Collectif s'est formé en décembre 2008, en réaction au discours de Nicolas Sarkozy assimilant les patients en psychiatrie à des “fous dangereux”, fait allusion à la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement, qui oblige à se tourner vers un juge des libertés pour prolonger l'hospitalisation au-delà de 15 jours et qui permet surtout de contraindre des personnes à des soins, en dehors de l'hôpital. « Cette loi est comme un miroir grossissant du pacte social que Nicolas Sarkozy nous a proposé pendant cinq ans et que la gauche ne peut plus tolérer. »

Lors d'un meeting des 39
Lors d'un meeting des 39© SD/MP
Selon lui, il faut donc engager une concertation avec les usagers, leurs familles et les professionnels, s'appuyer sur les savoirs de terrain, pour redéfinir les soins sous contraintes. « En sachant que si l'on peut hospitaliser sous contrainte, que si c'est parfois nécessaire pour protéger la personne ou les autres, ce n'est pas un soin. Ce ne sont pas nos mots, nos principes, nos valeurs. »
Partir du terrain, des initiatives qui ont fait leurs preuves pour les développer, voire légiférer, c'est ainsi qu'André Grilmadi souhaite voir travailler le nouveau gouvernement : « Il faudrait mettre en place des états généraux décentralisés, avec les acteurs concernés, les patients, la population, les élus, afin de développer la démocratie sanitaire. Il faut partir de ce qui marche pour le généraliser. Par exemple, en région parisienne, il y a des médecins généralistes qui se sont associés avec des infirmières pour soigner des malades chroniques. Il y a aussi des maisons médicales qui fonctionnent. Il faut partir de ce qui marche aussi dans le service public hospitalier, pour articuler les soins à l'hôpital et les soins en ville. »

Remettre l'accent sur la prévention

Plus généralement, et parce que la santé n'est pas qu'une question médicale mais aussi sociale, ces collectifs et associations en appellent à un retour à des valeurs plus humanistes. Ainsi, pour Jérôme Martin d'Act Up, il faut « suspendre l'interdiction des soins funéraires pour personnes contaminées au VIH imposée depuis un arrêté de 1999, appliquer la suspension de peine pour des détenus gravement malades, ouvrir l'accès à la couverture mutuelle universelle aux sans-papiers ».
Pour André Grimaldi, il faut à nouveau concentrer tous les efforts sur la prévention. « Concernant la mortalité évitable, à savoir le nombre de personnes qui meurent avant 65 ans en raison des méfaits du tabac, de l'alcool…, la France est avant-dernière dans le classement européen, juste devant la Pologne. » Et plus généralement, depuis quelques années, le taux d'espérance de vie en bonne santé recule en France, selon les chiffres de l'Insee : autrement dit, si l'on vit de plus en plus vieux, on vit moins longtemps sans incapacité. « Dans le manifeste, nous avons suggéré que le budget de la santé consacré à la prévention passe de 7 à 10 % en cinq ans. »
Notre entretien de septembre 2011 avec André Grimaldi
Reste que si la santé est une des priorités des Français, « il n'y a pas de consensus dans la profession sur les grandes réformes à engager », poursuit André Grimaldi. « Même si les dépassements d'honoraires – déclarés… – se sont élevés à 2,5 milliards d'euros cette année, il y aura toujours des médecins qui défendront le secteur 2. Il y en aura toujours pour mettre en avant le “colloque singulier” entre le médecin et son patient pour refuser de travailler en liaison avec d'autres. Il y en aura toujours qui défendront les lits privés à l'hôpital public… Mais comment justifier que, pour avoir rendez-vous avec un cancérologue ou un pédiatre, en gros lorsque l'on est face à la mort ou lorsqu'il s'agit de la santé de son enfant, il faut, pour se faire soigner plus vite, payer plus ! »
Côut de la santé, discrimination, accès égal pour tous… Autant de principes éthiques qui vont au-delà des revendications catégorielles que porteront les syndicats, mais que chacun espère faire entendre en continuant à mobiliser l'opinion publique autour d'eux.
  • Voir aussi sous l'onglet Prolonger, la vidéo extraite d'une soirée Mediapart 2012 avec le médecin André Grimaldi et Loriane Brunessaux, psychiatre et membre du Collectif des 39.
 Espace analytique
Association de Formation Psychanalytique et de Recherches Freudiennes

Samedi 26 Mai 2012 de 9h à 18h

 Salle Notre Dame des Champs
92bis Bd du Montparnasse - 75014 Paris
Entrée libre

Colloque  organisé et animé par Sylviane Giampino et Catherine Vanier :

AUTISME et PSYCHANALYSE
Claude Boukobza
Martin Carrasco
Bruno Falissard
Yannick François
Bernard Golse
Geneviève Haag
Patrick Landman
Marie-Chritine Laznick
Eduardo Prado de Oliveira
Catherine Saladin
Alain Vanier



Les Livres de Psychanalyse

De l'homme en psychanalyse
Revue Figures de la psychanalyse n° 23, 2012/1


Editions Erès

L'inscription des acquis du féminisme dans l'épaisseur du tissu social, associée aux processus de délégitimation de la post-modernité, a porté un rude coup à « l'identité masculine ». Alors quel homme ? 

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Une manifestation à Rome contre les suicides dus à la crise

Le Monde.fr avec AFP | 


Des manifestants tiennent des bougies face au Panthéon à Rome pour protester contre la politique du gouvernement italien, le 18 avril.

Un millier de personnes ont manifesté mercredi 18 avril au soir à Rome sur la place du Panthéon, sous une pluie battante, pour protester silencieusement contre les suicides entraînés par la crise économique.
Plusieurs associations d'entrepreneurs et d'artisans du Latium, la région de Rome, et les principaux syndicats italiens (CGIL, CUISL, UIL, UGL) étaient rassemblés pour une manifestation "silencieuse" sur "les victimes de la crise" et "pour qu'il n'y ait plus de suicides".
Depuis le 1er janvier, le nombre des suicides entraînés par la crise s'élève à 23, selon le CGIA, syndicat d'artisans et de petits entrepreneurs. En 2010, 192 artisans et commerçants ont mis fin à leur jours, ainsi que 144 entrepreneurs et personnes exerçant une profession libérale, selon le rapport de l'institut de recherche Eures "Le suicide en Italie en temps de crise", publié mardi. Ce phénomène frappe majoritairement les chômeurs : 362 d'entre eux se sont suicidés en 2010, dont 272 venaient de perdre leur emploi.
"UNE RÉPONSE FACE À LA DIFFICULTÉ DES PME"
Un grand écran était installé au milieu de la place pour rendre hommage aux entrepreneurs et salariés qui ont mis fin à leurs jours depuis le début de la crise, et que le chef du gouvernement Mario Monti a évoqués lui aussi mercredi matin au cours d'une conférence de presse.
"Nous demandons une réponse de l'Etat face à la difficulté des PME à remettre en marche leur activité, pour que l'économie italienne puisse se relever. Les solutions sont nombreuses pour que le crédit soit plus facile à obtenir : à travers le système bancaire, par exemple, ou la Caisse des dépôts et des prêts", a expliqué Maurizio Flamini, président de la Federlazio, association de PME du Latium, à l'origine de l'initiative.
"La crise ne doit pas peser sur les épaules des plus faibles, des travailleurs qui perdent leur poste et leur dignité, ou des retraités. Il y a des situations dramatiques et il n'y a pas d'issue", a déploré Tommaso Ausili, secrétaire général de la CISL Latium.

Psy et Geek ;-) Internet et la psychothérapie : quelques risques et quelques opportunités

J’anime avec Cyrille Le Jamtel l’atelier “Nouvelles technologies” dans le cadre des 5ièmes entretiens francophones de la psychologie. Nous travaillerons sur la manière dont les matières numériques rencontrent les pratiques cliniques du psychologue. Il y a à mon sens beaucoup de nouveaux territoires à explorer.

Voilà un peu plus de 10 ans que l’Internet a rencontré le champ clinique, amenant des psychothérapeutes a inventer de nouveaux dispositifs psychothérapeutiques. Les réseaux sociaux apportent aujourd’hui de nouvelles questions.
La pratique de la psychothérapie est basée sur une dissymétrie : le patient s’ouvre et révèle des aspects de sa vie à une personne dont il ignore pratiquement tout. La visibilité des intérêts, des déplacements, des lectures, des amis, des achats … de l’Internet d’aujourd’hui peut considérablement changer la donne dans au moins deux directions. Les clients peuvent rechercher des informations sur leurs psychothérapeutes et les psychothérapeutes peuvent rechercher des informations sur leurs patients.

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L'addiction aux jeux vidéo : mythe ou réalité ?

Simon Robic - publié le Vendredi 11 Mai 2012

Peut-on vraiment être dépendant aux jeux vidéo ? C'est la question que nous avons posée au Docteur Bruno Rocher, psychiatre spécialisé dans ce domaine. Pour ce médecin du centre de référence en la matière, la réponse est clairement oui. Et il affirme que renforcer la pédagogie pour les parents est primordial.


Peut-on, médicalement parlant, devenir dépendant aux jeux vidéo ? La possibilité qu'existe un phénomène d'addiction aux jeux divise depuis longtemps les joueurs, les médias, les politiques et même les médecins. Récemment, l'Académie de Médecine a réfuté le terme d'addiction, lui préférant celui de "pratique excessive".


Pour faire le point sur ce dossier aussi passionné que passionnant, nous avons interrogé le psychiatre Bruno Rocher, expert en addictologie et spécialiste de l'addiction aux jeux vidéo ou aux jeux d'argent, qui officie au sein du très réputé Centre de Référence sur le Jeu Excessif, au CHU de Nantes. Il s'agit, en France, du service le plus complet en la matière.


Pour le docteur Rocher, l'addiction aux jeux vidéo est une réalité. Mais "pour moi, l'addiction ce n'est pas un gros mot, une insulte ou un terme péjoratif", prévient-il.


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Psy et Geek ;-)

L’academie de medecine recommande l’utilisation de l’expression « pratiques excessives » et l’abandon de l’expression « addiction aux jeux video »
Posté par Yann Leroux 4 avril, 2012

L’académie de médecine a publié le 1er mars 2012 des recommandations sur les jeux vidéo.

Elle rappelle qu’il faut traiter différemment les cas des adultes et des enfants. S’agissant des plus jeunes elle recommande l’utilisation du terme “jeu excessif” plutôt que celui d’addiction au jeu vidéo

Il n’y a pas de consensus scientifique sur l’existence de réelles addictions aux jeux vidéo. En l’absence d’études précisant leurs critères, il est préférable d’utiliser le terme de pratiques excessives, moins stigmatisant.

Elle rappelle le “rôle primordial” des parents et encourage les familles à s’informer sur les jeux et leurs contenus afin que l’enfant soit en contact des contenus adaptés à son âge

Pour ce qui est des adultes, elle rappelle le risque de dépendance aux jeux d’argent. Il n’est pas question des autres jeux.

L'autisme, soluble dans la génétique ?
Article paru dans l'édition du 07.04.12
Tout le monde l'espère, mais le test de diagnostic de ce trouble complexe n'est pas pour demain le livre




e premier test de diagnostic de l'autisme va être lancé » : pour Bertrand Jordan, c'est ce titre d'un article paru dans Le Monde, en 2005, qui a tout déclenché. Généticien, il sait qu'il n'existe aucun marqueur biologique fiable de l'autisme, et cette annonce, émanant de la société française de biotechnologies IntegraGen, lui semble pour le moins prématurée. Et de fait : elle donnera lieu au fil des ans à diverses péripéties scientifiques, médiatiques et judiciaires - sans que le moindre test génétique soit pour autant commercialisé.
Entre science et business, ce sont les méandres de cette aventure que l'auteur, directeur de recherches émérite au CNRS, a choisi de mettre en scène, en alternance avec des chapitres faisant le point sur ce qu'on sait aujourd'hui de l'autisme et de sa prise en charge. Le résultat illustre avec brio les espoirs et les déconvenues de la « médecine génomique » : une discipline dont l'objet est de trouver le (ou les) gène(s) impliqué(s) dans telle ou telle maladie qui, dans le cas de l'autisme comme de tant d'autres, se heurte au mur de la complexité.
Non pas qu'il n'y ait aucun gène impliqué dans l'autisme. Bien au contraire : il y en a trop ! La part de l'hérédité étant depuis longtemps confirmée par la concordance très élevée de la maladie observée dans les couples de vrais jumeaux (de 60 % à 90 %), de multiples équipes ont tenté d'identifier les marqueurs moléculaires qui lui étaient associés. Les outils toujours plus pointus d'exploration du génome humain ont distingué une pléthore de « gènes candidats » susceptibles de jouer un rôle dans cette affection et donné lieu à plus de mille publications entre 2005 et 2011 - trois dans la seule revue Nature cette semaine ! Tous ces travaux, résume Bertrand Jordan, « montrent surtout la complexité des corrélats génétiques de l'autisme ». « Le » gène de l'autisme, et même les gènes « majeurs », dont la version défectueuse aurait un effet significatif sur l'incidence de la maladie, restent introuvables. Et pour cause : ils n'existent pas.


Avancée médicale illusoire

Pourquoi alors continuer dans cette voie de recherche ? Parce que mieux connaître les gènes impliqués, même s'ils sont multiples, éclairera l'étiologie de cette affection neurobiologique. Parce que ces connaissances pourraient, à terme, aider à concevoir des médicaments spécifiques. Et parce que l'autisme est un marché.
Sans marqueurs biologiques, le diagnostic de l'autisme ne peut être posé de façon certaine avant l'âge de trois ans. Or tout indique que la prise en charge est d'autant plus efficace qu'elle est menée précocement. D'où l'espoir que suscite, chez les parents comme chez les neuropédiatres, la mise au point d'un test génétique. Et d'où la tentation, pour les entreprises de biotechnologies, de travailler à sa commercialisation. Même si elles savent que ses performances resteront limitées.
Problème : faut-il mettre un tel test sur le marché ? En prenant l'exemple de la société IntegraGen - la plus avancée dans ce domaine -, dont il a longuement rencontré les responsables scientifiques et commerciaux, Bertrand Jordan montre comment la logique d'une petite start-up en biotech, alliée à la demande des parents et des médecins, peut déboucher sur une avancée médicale illusoire, ou du moins relative. Comment, s'interroge-t-il, « faire comprendre que le test proposé n'apporte qu'une petite contribution à l'identification d'enfants un peu plus vulnérables que d'autres ? » Comment évaluer les effets négatifs qu'entraînera l'annonce de ce risque légèrement plus élevé que la moyenne sur les parents, et donc sur leurs enfants ? La génétique ne peut pas tout. C'est un des mérites de ce livre, écrit par un homme de l'art, que de le rappeler.

Catherine Vincent

Les personnes âgées en psychiatrie : une perspective historique

May 8, 2012
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* Ce texte paraît aujourd’hui, sous une forme légèrement différente, dans la revue forum qui publie un numéro consacré aux Menschenrechte in der Pflege.
« Personnes âgées » et « psychiatrie » : voilà deux termes qui se croisent depuis 200 ans et qui constituent des repoussoirs l’un pour l’autre. Les personnes âgées et les responsables politiques qui développent des politiques pour ce groupe craignent le côté stigmatisant lié à l’évocation de la psychiatrie. Le vieillissement n’est pas une maladie, et surtout pas une maladie mentale, définie souvent comme persistante et inguérissable. De son côté, la psychiatrie considère les personnes âgées – pour exactement la même raison – comme une population de patients peu valorisante, surtout pendant les périodes historiques où ce champ se définit comme une approche médicale et biologique. Les difficultés thérapeutiques que posent ces patients risquent de marginaliser davantage encore une discipline qui peine à trouver sa légitimité en médecine. Les psychiatres appréhendent l’aspect chronique de ces patients qui occupent des lits, qui semblent incurables et qui sont responsables des mauvaises statistiques.
En même temps, dès sa naissance dans la première moitié du 19e siècle, la psychiatrie est confrontée à la problématique du vieillissement. Les lieux dans lesquels la psychiatrie commence à être exercée et à se construire comme profession, se caractérisent souvent par une population très hétérogène parmi laquelle les personnes âgées constituent une partie non-négligeable. À Luxembourg, l’Hospice Central d’Ettelbrück qui ouvre ses portes en 1855 et qui constitue l’ancêtre de l’actuel Centre Hospitalier Neuro-Psychiatrique, accueille et enferme à ses débuts différentes populations marginalisées.

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vendredi 11 mai 2012

M. Py est-il un bon prof de maths ?

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
En 1937, le psychologue américain Gordon Allport suggéra que notre nom de famille était un élément important dans la constitution de notre personnalité en raison de ses connotations, qu'elles soient physiques (Legrand, Legros, Petit, Roux...), psychologiques (Lebon, Ledoux) ou qu'elles donnent des indices sur l'origine géographique ou ethnique de la lignée. Même si nous sommes tous les lointains héritiers de ceux qui, les premiers, ont porté notre patronyme, les autres membres de la société se servent plus ou moins consciemment de ces indices pour se faire une idée de nous. Plusieurs études ont ainsi mis en évidence que nous activions des stéréotypes négatifs à l'évocation de noms d'origine étrangère. A l'inverse, plus un nom est fréquent, plus il bénéficie d'un a priori positif.
Chercheur en sciences du comportement à l'université de Bretagne-Sud, Nicolas Guéguen est un spécialiste du décryptage de ces détails en apparence saugrenus mais qui en disent parfois long sur la psychologie de l'être humain. Après s'être intéressé au succès des auto-stoppeuses en fonction de leur tour de poitrine ou de la couleur de leur T-shirt, et après avoir prouvé que l'on dépensait plus d'argent chez le fleuriste si des chansons d'amour y étaient diffusées, il s'est, avec son collègue Alexandre Pascual (université Bordeaux-Segalen), demandé si porter un nom lié à sa profession était un "plus".
Comme il est un peu difficile de savoir si les clients de M. Boulanger pensent que son pain est meilleur que celui de ses concurrents ou si Mme Marchand est une commerçante douée, ces deux chercheurs ont imaginé une expérience amusante. Ils ont passé plusieurs petites annonces pour des cours particuliers de mathématiques donnés par un enseignant fictif affublé, suivant les cas, du nom de Lemaître, Lebon, Legrand (pour tester une caractéristique physique), Martin (pour voir si le plus courant des patronymes avait un surplus de capital sympathie), Leray et Le Gal (pour évaluer des noms moins communs mais ayant une structure syntaxique analogue aux trois premiers). Comme le montrent les résultats parus en 2011 dans la Revue internationale de psychologie sociale, le bien-nommé M. Lemaître et, dans une moindre mesure, M. Lebon ont été les plus sollicités par les parents voulant renforcer les acquis - ou combler les lacunes - de leurs rejetons.
Dans une seconde expérience très semblable publiée la même année par la revue Names, les sieurs Guéguen et Pascual sont allés plus loin : les professeurs de mathématiques de leurs petites annonces s'appelaient Py, Rie (même consonance que le premier) et Le Gal. Qui a été plébiscité ? L'homonyme du nombre pi, bien sûr, avec près de la moitié des appels téléphoniques - 45,4 % exactement car, même imaginaire, M. Py aime les résultats précis. Les auteurs de l'étude supposent que ce "nom de famille a probablement été interprété comme une sorte de prédestination à devenir un mathématicien et sans doute un bon mathématicien".
L'élection présidentielle aurait pu nous apporter un éclairage supplémentaire. Mais nous ne saurons malheureusement pas si, avec Mme Joly à l'Elysée, la vie aurait été plus belle ou si, avec M. Poutou, tous les Français auraient eu double ration de bisous tous les jours. Bon, j'arrête là mes moqueries. Avec le nom que je porte, je risque trop de me faire massacrer.
Journaliste et blogueur
(Passeurdesciences.blog.lemonde.fr)

Anders Breivik, fou ou monstre?

Qui est le tueur norvégien? La psychiatrie ne parvient pas à le dire. Autoproclamé sain d’esprit, il tourne les experts en ridicule et réclame à ses juges la mort ou la vie en liberté.

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Breivik tente de prouver qu'il n'est pas fou

Le tueur norvégien assure avoir délibérément fait abstraction de toute émotion pour préparer ses attaques.

Déclaré psychotique par une première évaluation officielle, puis sain d'esprit par une contre-expertise, Anders Behring Breivik va maintenant tenter de départager les psychiatres. Cinq jours lui ont été accordés par le tribunal d'Oslo pour s'expliquer sur sa santé mentale. La question, pour l'auteur de l'attentat d'Oslo et de la tuerie d'Utoeya, qui ont fait 77 morts le 22 juillet dernier, est essentielle: reconnu pénalement responsable, il serait envoyé en prison ; jugé dément, ce serait l'asile psychiatrique à vie. «Pire que la mort», selon l'extrémiste, qui ne veut surtout pas voir son idéologie islamophobe décrédibilisée par un diagnostic.
«Si j'avais été un djihadiste barbu, je n'aurais pas fait l'objet d'une expertise psychiatrique du tout», a affirmé Breivik devant la cour. «Mais parce que je suis un militant nationaliste, je suis exposé à un grave racisme, a-t-il ajouté. Ils essaient de “délégitimer” tout ce en quoi je crois.»

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Italie: des psys mobilisés contre l'idée de «guérir l'homosexualité»
Dans un livre au titre volontairement provocateur, un psychiatre et deux psychothérapeutes italiens mettent à mal les théories dites «réparatrices» – très vivaces dans la péninsule – qui prétendent guérir l'homosexualité.
Guérir les homosexuels? Si le livre qui vient de sortir dans les librairies transalpines pose la question, c'est bien pour démontrer l'absurdité d'éventuels «traitements» et en dénoncer les effets destructeurs. Ecrit par Paolo Rigliano, psychiatre, Jimmy Ciliberto et Federico Ferrari, psychothérapeutes, l'ouvrage est d'autant plus pertinent que ces théories sont encore largement répandues en Italie. Combattre la «théopsychologie»
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mercredi 9 mai 2012

OLIVIER LABOURET
« La psychiatrie est utilisée comme instrument de dissuasion »

Si la psychiatrie a toujours été en partie instrumentalisée pour contrôler les comportements, la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement a aggravé cette tendance. Telle est la thèse défendue par le psychiatre Olivier Labouret, qui publie «Le nouvel ordre psychiatrique». Un ouvrage passionné dans lequel il prône une alter psychiatrie fondée sur une éthique de la subjectivité.

«Pour mettre
en œuvre
une psychiatrie
authentique
visant à rendre
aux gens une
réelle capacité à
l...] recouvrer
une part
de liberté,
il faut défendre
les droits des patients
et les libertés fondamentales»

En quoi le discours de Nicolas Sarkozy du 2 décembre 2008 constitue-t-il un tournant pour la psychiatrie?

Il avait été prononcé à la suite du meurtre commis par un jeune schizophrène échappé d’un hôpital à Grenoble, mais il s’ inscrivait aussi dans un contexte d'éclatement de la crise économique. Il y apparaissait clairement que la psychiatrie, pour le pouvoir néolibéral, devait être un instrument permettant de normaliser les comportements. Pas seulement parce que les malades seraient tous potentiellement dangereux et quÎil faudrait les empêcher de nuire. Mais, en arrière plan, se trouve l’idée qu’il faut surveiller et contrôler tout le monde pour aller vers le risque zéro. C’est ce discours qui a débouché sur la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement. Le but étant de mieux adapter les individus à une guerre économique reposant sur la compétition. C’est aussi pour cette raison que la psychiatrie tend à être instrumentalisée et transformée en une activité de prévention et de protection de la santé mentale des populations, d’inspiration comportementale et masquée par un discours scientiste.

De quelle manière la psychiatrie permet-elle de mieux contrôler les populations ?

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