La psychologue Catherine Belzung a répondu à vos questions angoissées dans le direct consacré à nos vies déconfinées.
Publié le 14 mai 2020
Angoisse, déprime ou euphorie, comment gérer ses émotions face au déconfinement ? La psychologue Catherine Belzung, professeure à l’université de Tours, a répondu à vos questions dans notre direct consacré à nos vies déconfinées. Pour la docteure en neurosciences, le déconfinement « peut générer des comportements différents selon les gens : de l’angoisse paralysante à la désinvolture irresponsable ». « Ce qui peut aider, suggère la spécialiste, est toujours de penser aux autres, d’agir pour autrui. » Et conseille aux angoissés du déconfinement de « réapprendre que le monde extérieur n’est pas dangereux ».
Avec ses bottines, lunettes et costume protecteur, Harley « le Borgne », un Carlin entraîné comme thérapeute, commence une nouvelle journée pour soulager le stress du personnel soignant d’un hôpital de Mexico, qui lutte contre le nouveau coronavirus .
Après avoir fortement augmenté durant la première semaine, le confinement semble avoir agit comme un facteur protecteur de l’anxiété en population générale en réduisant l’exposition à la maladie.
Cette baisse de prévalence de l’anxiété n’a cependant pas concerné toutes les catégories de population de la même façon.
Les personnes exposées à la maladie, vivant dans des conditions socio-économiques défavorisées et les femmes apparaissent plus à risque d’anxiété, de même que celles qui ont le sentiment d’avoir moins de prise sur les événements.
Santé Publique France reste attentive à l’évolution de l’état anxieux de la population en période de levée du confinement.
PUBLIÉ LE 13/05/2020 « Il est urgent de maîtriser nos peurs et d'aller de l’avant pour le bien des enfants. » Dans une tribune cosignée* par les responsables de sociétés de spécialités pédiatriques, le Pr Christophe Delacourt, président de la Société française de pédiatrie, regrette certaines mesures de protection excessives liées à « des craintes souvent non basées sur des faits » et plaide pour « une réouverture pragmatique » des écoles primaires et maternelles.
Crédit photo : Phanie
CONTRIBUTION - Dès le 26 avril, la Société française de pédiatrie et les différentes Sociétés de spécialités pédiatriques prenaient fermement position pour un retour des enfants dans leur établissement scolaire, y compris pour ceux ayant une maladie chronique.
Deux semaines plus tard, alors que le déconfinement progressif est lancé, il faut faire le constat des nombreuses difficultés à une réouverture pragmatique des classes, qui prenne en compte à la fois la nécessité de maintenir les mesures barrières essentielles, et la réalité de l’enfance, faite de spontanéité, de jeux, de rires et de pleurs. Ces blocages sont alimentés par des craintes souvent non basées sur des faits, et aboutissent à des organisations non réalistes, et potentiellement fortement anxiogènes pour les enfants.
Par Johanna Luyssen, correspondante à Berlin— L’expression «faim de peau», skin hunger, a été utilisée pour la première fois dans la Peau et le toucher, un premier langage, de l’anthropologue anglo-américain Ashley Montagu. Photo Brooke DiDonato. Agence VU
Faim de peau ? Un mot danois consacre ce besoin fondamental qu'est le toucher de l'autre.
Les célibataires et les personnes âgées isolées le savent bien: ce qui leur manque le plus en ces temps confinés, ce n’est pas nécessairement le sexe, mais le toucher de l’autre. Les Danois ont un mot pour décrire ce manque, le hudsult, la «faim de peau». Car le toucher développe de l’ocytocine, hormone qui réduit l’anxiété, apaise l’activité cardiaque, améliore le sommeil et la digestion.
La communauté de soignants vit et affronte de plein fouet la situation exceptionnelle engendrée par l’épidémie de COVID-19. Cette période anxiogène expose certains au risque de dépressions sévères et de pensées ou crises suicidaires.
Décompresser et se détendre, calmer son stress, oublier les moments difficiles vécus dans la journée… Face à l’épisode épidémique d’ampleur du Covid-19, le risque d’augmenter sa consommation de tabac, alcool ou autre substance psychoactive et de développer une addiction augmente.
Le grand soir est-il arrivé pour l’écologie ? Pour en parler, nous recevons Jean-Marc Jancovici, ingénieur consultant en énergie / climat, enseignant à Mines ParisTech et président du think tank The Shift Project.
Déconfinement : mise en place de piste cyclable• Crédits : PHILIPPE DESMAZES - AFP
Le gouvernement en avait fait sa priorité pour l’acte II du quinquennat, mais c’était avant les difficultés que nous connaissons aujourd’hui. Faut-il y voir une opportunité pour les paroles se concrétisent ? Comment amorcer une transition sans effondrement social dans ce contexte ? Comment accompagner et guider les entreprises dans ce moment stratégique ?
Pour en parler, nous recevonsJean-Marc Jancovici, ingénieur consultant en énergie / climat, enseignant à Mines ParisTech et président du think tank The Shift Project
Par Thibaut Sardier— Bruno Latour, chez lui, en 2017.Photo Benjamin Girette
Pour le philosophe, la pandémie est une répétition générale des bouleversements climatiques à venir. Si l’expérience est plutôt ratée, il est encore temps d’agir, en «territorialisant» nos questionnements politiques.
Puisque le virus n’a pas disparu avec le confinement, il va falloir «vivre avec». Et donc réfléchir aux liens qui nous unissent à un microbe. Drôle d’idée pour des humains qui ont déjà du mal à s’organiser entre eux, surtout que les problèmes vertigineux ne manquent pas : la «guerre» sanitaire à peine entamée, il faut déjà affronter la crise économique, tandis que les avions cloués au sol rappellent l’imminence d’une crise écologique peut-être plus désastreuse que l’actuelle. Et si la clé de ces problèmes résidait dans notre capacité à les comprendre ensemble ? C’est la question que Libération a posée à Bruno Latour. Car tout au long de sa carrière, le sociologue et philosophe des sciences s’est attaqué à plusieurs d’entre eux.
L’Inserm lance, avec l’Insee et le ministère de la Santé, une grande enquête sur les effets sanitaires et sociaux de l’épidémie. La sociologue Nathalie Bajos en détaille les contours.
Face à une diminution dramatique du nombre de psychiatres et des financements insuffisants, le secteur doit bénéficier d'une réorganisation structurelle et budgétaire en s’appuyant sur le volontarisme et la solidarité déployés pendant la crise du Covid-19.
Dans un hôpital psychiatrique, le 12 février à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
L’hécatombe n’a pas eu lieu en psychiatrie. Elle était largement redoutée au début de l’épidémie de Covid-19, dans les services hospitaliers concernés et les établissements spécialisés : « Nos patients ont souvent des facteurs de risques graves – surpoids, diabète –, et le respect des gestes barrières n’est pas très facile pour eux, alors on s’attendait à un désastre, explique Raphaël Gaillard, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, dans le 14e arrondissement de Paris. Mais ça n’a pas du tout été le cas. »
Le phénomène n’a pas été quantifié, mais la demi-douzaine de psychiatres hospitaliers interrogés par Le Monde l’ont constaté, comme le professeur Gaillard, qui a fait ses propres statistiques : « Dans un pôle comme le mien, qui reçoit 12 000 personnes par an, avec 150 hospitalisées en permanence, on a eu au pic de l’épidémie 3 % des patients qui avaient des symptômes [de Covid], contre 19 % des soignants. »
Le tabac – les patients en psychiatrie fument plus que la population générale – est une piste pour expliquer ce décalage (la nicotine pourrait avoir un effet protecteur contre le coronavirus).La chlorpromazine en est une autre. L’hôpital Sainte-Anne mène actuellement des essais cliniques sur ce vieux neuroleptique – utilisé dans le traitement des troubles bipolaires et de la schizophrénie – pour évaluer ses éventuels effets protecteurs face au Covid-19.
Une soignante intervient dans la chambre d’un patient de l’unité de réanimation Covid de l’hôpital Beaujon, à Clichy (Hauts-de-Seine), le 22 avril. Bruno Fert
Le téléphone sonne et couvre le brouhaha léger d’un Paris qui s’apprête à se déconfiner. Un chat, perché sur un piano droit, remue une oreille. C’est de son salon qu’Emmanuelle Gontier décroche son téléphone. D’une voix posée elle se présente ; à l’autre bout du fil et à plusieurs centaines de kilomètres, une femme appelle au secours : « Je dirige un Ehpad » sont ses premiers mots. Depuis deux mois, ils sont des centaines de soignants (infirmiers, médecins, pharmaciens…) à avoir cherché une oreille attentive en composant la hotline des cellules d’urgence médico-psychologique (CUMP) internes aux grands établissements de santé, de l’AP-HP, ou d’associations extérieures à l’hôpital comme Soins aux professionnels en santé (SPS).
Eux sont en première ligne de la lutte contre le nouveau coronavirus. Ce sont les médecins qui affrontent le virus et qui vivent leur propre angoisse face à une possible contamination. Nous avons recueilli le témoignage de l’un d’eux. Son nom c’est Dr Brahima Sawadogo. Il est Burkinabè et s’est rendu à Paris en décembre dernier pour un stage de spécialisation en psychiatrie, à l'établissement public de santé de Ville Evrard à Neuilly Sur Marne.
Auteur de « Je travaille à l'asile d'aliénés », « La tisane et la camisole », André Roumieux, militant de l'humanisation en psychiatrie, était aussi compagnon d'Emmaüs...
Ce village, Mayrinhac-Lentour, pour lequel André Roumieux éprouvait un attachement très profond, est évoqué avec affection, poésie et humour dans un de ses derniers livres « Les Retournaïres ». En fait, il ne l’a jamais quitté en pensée ; il y revient avec sa famille pour les vacances, avec la complicité de son épouse Marcelle qui aime bien ce coin du Causse.
Né en 1932, André aurait aimé travailler avec son père dont il admire le métier de sabotier-marchand de bois. C’est le cœur déchiré, qu’il quitte son village, ses parents et ses sœurs, Jacqueline et Paulette, pour « monter à Paris » en septembre 1951. Il entre à l’école d’Infirmiers en psychiatrie de Maison Blanche à Neuilly/Marne ; il obtient son diplôme en 1954, est affecté dans un service de Ville-Evrard où il va rester 36 ans. Tour à tour surveillant, puis surveillant chef, il joue un rôle clé dans l’humanisation des soins en psychiatrie. André Roumieux est décédé le 18 avril 2020.
Claire Verstraete Publié le mardi 12 mai 2020 BELGIQUE
Le confinement est difficile à vivre. Suicides, idées morbides, consommations de drogue et d'alcool en hausse témoignent d'un malaise grandissant. Même des personnes saines qui ne présentaient aucun symptôme psychiatrique avant le confinement se retrouvent parfois forcées d'être hospitalisées.
Frédérique Van Leuven, psychiatre et responsable du service de crise de la région du centre, partage un constat inquiétant sur le plateau de Questions en Prime :" Nous avons une augmentation de plus de 50% des mises en observation, ce qui veut dire: une hospitalisation en psychiatrie sous contrainte. Par exemple, quand nous avons des personnes qui vont très mal, qui sont potentiellement dangereuses pour elles-mêmes voire pour d'autres et qui refusent les soins. C'est une mesure très violente et qui est en pleine augmentation."