Filtres Instagram, hashtags pour s’éduquer, harcèlement sur Facebook… Cinq étudiants racontent à «Libération» leur relation, leur addiction ou leurs mésaventures avec les réseaux sociaux.
Docteur BB répond à Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS, critique des approches psychanalytiques dans le coin psychiatrique.
Cherchant à consulter le site du collectif des 39 à propos de la journée nationale de la psychiatrie du 22 janvier, je suis tombé par hasard sur cette tribune datant de mai 2014 qui m’a irrité au plus haut point.
La condescendance et le mépris affiché à l’égard de psychiatres engagés au quotidien dans le soin a attisé une colère certaine et m’a donné envie de réagir, en pensant que ce débat illustrerait de façon éclairante certains enjeux actuels autour de la psychiatrie. En arrière-plan, ce sont effectivement les modèles des soins psychiques qui se trouvent interrogés, à la fois dans leur dimension théorique et pratique, ainsi que par rapport aux orientations prioritaires en termes de financement public.
Certes, la tribune en question est un peu datée : écrite par Franck Ramus, elle a été publiée en mai 2014 sur le blog Mediapart de Jean-Louis Racca, à thématique très anti-psychanalytique. Mais je crois que, en dépit d’un certain anachronisme, les enjeux qui y transparaissent sont toujours d’actualité, et que ce texte polémique illustre parfaitement la teneur parfois passionnelle et décomplexée des conflits qui déchirent la psychiatrie contemporaine : place de la recherche scientifique et des exigences de preuves, prépondérance des neurosciences cognitives, influence des sciences humaines, et notamment de la psychanalyse, préoccupation éthique, ingérence administrative, rationalité des politiques sanitaires, dimension sécuritaire, instrumentalisation de la clinique, etc.
D’abord, qu’est-ce le collectif des 39 ? Il s’agit d’un mouvement qui est né face aux attaques de plus en plus récurrentes à l’égard d’une conception humaniste du soin psychique, héritée d’une longue tradition clinique et émancipatrice.
La charte de ce mouvement explicite tout à fait le positionnement du collectif, luttant pour une clinique relationnelle et respectueuse de la singularité des patients, tout en affirmant son refus des dérives stigmatisantes ou sécuritaires d’une psychiatrie instrumentalisée.
C’est justement ce texte qui permet à M. Franck Ramus de déployer une critique acerbe de la psychiatrie institutionnelle et des influences de la psychanalyse sur cette culture du soin.
Alors déjà, de quelle place s’exprime ce contradicteur ?
M. Franck Ramus est directeur de recherche au CNRS et professeur attaché à l’ENS. Il travaille au Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique, dirigeant l’équipe « développement cognitif et pathologie ». Il est également membre du conseil scientifique de l’Éducation nationale. Ses recherches portent sur le développement cognitif de l'enfant, ses troubles (dyslexie développementale, trouble spécifique du langage, autisme), ses bases cognitives et cérébrales, et ses déterminants génétiques et environnementaux. Comme il le précise lui-même sur son site, il n’est pas médecin, ni psychologue, n’a aucune expérience clinique ni pratique du soin.
Le vendredi 8 février de 21h15 à 23h et le samedi 9 février de 10h30 à 12h30 à Espace analytique 12 Rue de Bourgogne, 75007 Paris
Le symptôme parle ! Notre corps est plus intelligent que nous : il se souvient le premier, lorsque nous voulons oublier un passé qui n’est pas passé. Mais en quelle langue cause-t-il, lui qui a en poche des passeports de différents pays ? Il a celui du refoulement originaire, source des grandes phobies, plaque tournante qui rayonne en tous sens. Il a en poche aussi le passeport du refoulement secondaire - plus spécifiquement névrotique - qui fait le bonheur des lapsus et des actes manqués… et le malheur de toutes sortes de désordres corporels (paralysies, gastrites, diarrhées, etc.).
Tous les matins, Nikos Aliagas interroge les personnalités qui font actualité. Mercredi, il reçoit Docteur Sabine Mouchet-Mages, cheffe de service de psychiatrie légale à l'hôpital du Vinatier.
Après l'incendie meurtrier du XVIe arrondissement de Paris provoqué par une déséquilibrée, il faut d'urgence redonner des moyens à la psychiatrie, reconnait la députée LREM des Yvelines et porte-parole d'En Marche. Invitée du "petit déjeuner politique", Aurore Bergé a aussi évoqué la cellule "anti-RN" au sein de la majorité, la remontée d'Emmanuel Macron dans un sondage Ifop pour Sud Radio et Paris-Match. Elle se veut aussi rassurante sur la loi "anti-casseurs", et le projet d'instance contre les fausses nouvelles, qui font craindre à beaucoup une offensive contre les libertés publiques..
Dans les conclusions de sa mission "flash", l'élue La République en Marche dénonce un manque de réactivité du système de soins et envisage la possibilité de rembourser les psychothérapies réalisées par des psychologues libéraux.
"Comment est-il possible que la psychiatrie soit à ce point en difficulté en France, alors que le budget qui y est consacré est si important ?" C'est à cette question que tente de répondre ce mercredi la députée La République en Marche Martine Wonner.
Psychiatre de profession, l'élue du Bas-Rhin rend les conclusions de sa mission "flash" sur le financement de la psychiatrie, lancée en décembre 2018.
Alors qu'"un Français sur cinq souffrira de troubles mentaux et/ou sera en souffrance psychique à un moment de sa vie", Martine Wonner affirme que "les moyens dédiés à la psychiatrie et surtout la manière dont ils sont alloués ne permettent pas de répondre de façon satisfaisante aux besoins de la population".
Emplois à temps partiel, déménagements, bas salaires... De jeunes diplômés psychologues racontent les premières années post-master.
Par Alice RaybaudPublié le 31 janvier 2019
10 % des étudiants en psychologie montent une activité libérale dans les deux ou trois ans qui suivent leur diplôme. AGE / Photononstop / AGE / Photononstop
Depuis près de quatre mois, Sophie, titulaire d’un master de psychologie du travail à l’université de Grenoble-Alpes, cherche un emploi : sans succès. Son diplôme devrait pourtant lui ouvrir des débouchés variés : ressources humaines, santé au travail, insertion professionnelle, orientation ou encore ergonomie. La jeune femme de 23 ans cherche « partout » mais les offres d’emploi, peu nombreuses, sont prises d’assaut très rapidement.
« Je savais que ça ne serait pas simple, mais ça commence à me peser », confie Sophie, qui est retournée vivre chez ses parents en Haute-Savoie, puis chez sa sœur aînée dans le Nord. Elle envisage à présent de trouver un poste alimentaire, dans la logistique, la garde d’enfant ou en tant que caissière, le temps de trouver un emploi de psychologue qui lui conviendrait.
Nombreux sont les jeunes diplômés en psychologie à connaître une insertion difficile. Seuls 63 % des diplômés en master occupent un emploi stable trente mois après la sortie de l’université, selon des chiffres de 2017 du ministère de l’enseignement supérieur. Beaucoup doivent s’accommoder, malgré leur niveau bac +5, d’un statut précaire.
Le chef du service psychiatrie de l’hôpital Mondor de Créteil revient sur la prise en charge des patients, alors qu’une femme qui présente des antécédents psychiatriques est suspectée d’avoir incendié un immeuble rue Erlanger à Paris.
Antoine Pelissolo, chef du service psychiatrie de l’hôpital Mondor de Créteil (Val-de-Marne), nous avait dévoilé sa lettre ouverte à la ministre de la Santé signée par 100 professionnels pour dénoncer « une prise en charge insuffisante des patients » le 16 janvier. Il explique que les professionnels n’ont pas toujours les moyens d’assurer un suivi idéal des patients, même si le cas de la femme suspectée d’avoir incendié un immeuble à Paris (XVIe), dans la nuit de lundi à mardi, reste « exceptionnel ».
En France, qui décide de faire sortir un malade de l’hôpital ?
Patrick Waterlot a repris les rênes du Nouvel Hôpital de Navarre dans un contexte de crise : départs en cascade, polémique sur la qualité des soins... Portrait d'un homme de défis.
Patrick Waterlot a pris ses fonctions en septembre dernier. Il reprend les rênes d’un établissement longtemps dans la tourmente.
À 57 ans, Patrick Waterlot l’affirme : il se verrait bien rester à Évreux jusqu’à son départ à la retraite. Arrivé début septembre 2018, le nouveau chef de l’hôpital de Navarre n’a pas particulièrement envie de n’être qu’un courant d’air :
Il y a un beau travail à faire ici pendant les huit ou neuf ans qu’il me reste à faire.
De la stabilité : voilà qui fera sans doute pousser quelques soupirs de soulagement au sein du personnel de l’hôpital. La présidente de la Commission médicale d’établissement Sophie Le Monnier ne s’en était d’ailleurs pas cachée lors de la cérémonie des vœux de l’établissement le mois dernier : « On en est à quatre directeurs en deux ans. Restez parmi nous, M. Waterlot ! »
L’hospitalisation à domicile en psychiatrie se fait encore rare. Vingt-et-une structures recensées seulement. L’absence de reconnaissance dans les textes de loi et la faiblesse des financements peuvent expliquer la faiblesse du déploiement. Pourtant, l’efficacité de ce type de prise en charge n’est pas remise en cause, comme l’ont démontrées les interventions des professionnels lors de la conférence organisée le 30 janvier par l’Association de psychiatrie de la région Pays de la Loire et la Conférence nationale des présidents de commissions médicales d’établissements de centres hospitaliers spécialisés. Les récentes annonces d’Agnès Buzyn sur la feuille de route santé mentale pourraient favoriser les initiatives.
C'est un secteur en crise depuis des mois, et qui le fait savoir de plus en plus fort avec des grèves localement et, plus récemment, une manifestation nationale des syndicats du secteur pour «un printemps de la psychiatrie».
En préparation depuis quelques jours sur la toile, la mobilisation #nosviesdabord est officiellement lancée aujourd'hui. Au-delà de l'appel à l'accompagnement "des soignants en grève ou de ceux en gilets jaunes", les initiateurs du mouvement souhaitent "inonder les réseaux sociaux" de leurs revendications.
L'initiative vient de Christophe Prudhomme, médecin urgentiste, Loic Pen, médecin urgentiste et Sabrina Ali Benali, médecin et auteure du livre "La révolte d'une interne", tous déjà très connus pour leurs prises de position très tranchées sur le fonctionnement du système de santé.
Le mouvement est soutenu par un ensemble d'acteurs de la santé, dont les deux syndicats représentatifs des infirmiers hospitaliers, le SNPI (Syndicat national des professionnels infirmiers) et la CNI (Coordination nationale des infirmières).
"Peut-on encore accepter qu'un soignant se suicide au travail? Pouvez-vous accepter de mourir en salle d'attente des Urgences d'un délai trop long avant d'être soigné", interrogent les initiateurs de la mobilisation dans une vidéo explicative.
Les 5èmes Rencontres de la Recherche en soins en psychiatrie ont fait salle comble pour une session destinée à affirmer une philosophie de la recherche dans un contexte incertain. Les intervenants qui se sont succédés au pupitre ont répondu à l’appel de Jean-Paul Lanquetin pour que les infirmiers psy se réapproprient la clinique par la recherche.
Pour les organisateurs, la confrontation des modèles et les questionnements qui en découlent sont l’essence même d’une démarche de recherche performante en psychiatrie.
Les 31 janvier et 1er février 2019, se sont tenus à Ecully (région Lyonnaise), les 5emes Rencontres de la Recherche en soins en psychiatrie organisées par le GRSI (Groupe de Recherche en Soins Infirmiers) et le centre Hospitalier de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. Deux cent participants étaient au rendez-vous, représentants 70 structures, 54 établissements de 4 pays francophone dont le Canada. Cette manifestation est la deuxième en France qui concilie des PHRIP d’équipes débutantes, confirmées et expertes.
Une philosophie de la recherche affirmée dans un contexte incertain
La recherche en soins en psychiatrie est en expansion et tente à se développer dans un souci de se réapproprier la clinique et de réintégrer les soignants dans leur métier. L’implantation des objets de recherche sur le terrain avec ses différents outils d’appropriation reste le cœur même du dispositif. La dimension épistémologique ouvre des possibles entre des approches fondées sur des preuves et/ou celles au service de la pratique.
Alors même que la ministre a annoncé la mise en place des IPA en psychiatrie, il convient d’être en alerte sur les missions qui leur seront confiées au regard des pratiques existantes et de la diversité des lieux d’exercices. Le COPIL de recherche en soins de la DGOS, dont fait partie Jean-Paul Lanquetin, infirmier, responsable du GRSI et du comité d’organisation, pourra peut-être infléchir quelques décisions au regard des doctorats infirmiers, ancrés dans la pratique, accordés cette année.
Le Sniil (Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux) s'oppose à la modification réglementaire du référentiel de compétences des aides-soignants "décidée" par le gouvernement et en appelle à l'Ordre national des infirmiers, a fait savoir le syndicat dans deux communiqués distincts.
Pour le Sniil, la réingénierie de la profession d'aide-soignante pourrait "prendre un nouveau tournant...au détriment des infirmières et de la sécurité des patients". Cause de la grogne : une modification réglementaire qui viserait à étendre le champ d'intervention des aides-soignants en milieu ambulatoire.
Serait également envisagée la possibilité de déléguer aux aides-soignants, "des missions directement par les médecins", alors qu'actuellement "les aides-soignantes agissent sous seule délégation d'actes d'une infirmière dans le cadre de son rôle propre", précise le Sniil.
Mardi 5 février 2019, les organisations syndicales appelaient à la mobilisation l'ensemble des employés du Groupe hospitalier du Havre (Seine-Maritime). Une manifestation a été organisée devant l'hôpital Monod de Montivilliers. Parmi les revendications : le manque de moyens et d'effectifs.
INTERVIEW - La langue est au cœur des débats de société. L'agrégée de grammaire Marie-Dominique Porée, auteur de Olympe de Gouges et autres femmes «révolutionnaires» en un clin d'œil !, explique pourquoi il est nécessaire de remettre en question la règle du masculin qui l'emporte sur le féminin.
C'est un combat de tous les jours. Certains revendiquent le droit d'ajouter un «e» au mot auteur quand d'autres bataillent pour éviter une féminisation qui cacherait le mot sous le genre. Cette lutte des mots s'est cristallisée en lutte des idées que le «féminisme» a érigé en pilier. Marie-Dominique Porée, agrégée de grammaire et professeure de grec en classe préparatoire, analyse cette notion à travers des personnages historiques dans un livre éclairant intitulé Olympe de Gouges et autres femmes «révolutionnaires» en un clin d'œil! (First). Elle explique au Figaro pourquoi il est nécessaire de remettre en question la règle du masculin qui l'emporte sur le féminin.
LE FIGARO. - On comprend à la lecture de votre ouvrage que la notion de «féminisme» a évolué avec les siècles.
Marie-Dominique PORÉE. - Il faut remonter à la première utilisation du mot féminisme pour le comprendre. Le «féminisme» est né à l'aune du masculin, au XIXe siècle, sous la plume d'Alexandre Dumas fils. L'auteur l'employait dans un sens négatif, pour qualifier une pathologie qui affectait les hommes auxquels on trouvait des traits féminins.
Astrid Chevance1 & Raphaël Gaillard2 1Équipe METHODS, Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris, Hôtel-Dieu, Paris, France 2Université Paris-Descartes ; Hôpital Sainte-Anne, Paris, France