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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 22 décembre 2011


Les femmes et la discrimination : Dépression, religion, société

Saïda Douki Dedieu, célèbre psychiatre tunisienne, professeur émérite de psychiatrie à la faculté de médecine de Tunis, professeur associée à la faculté de médecine de Lyon, est l’auteure de nombreuses publications. Parmi ses thèmes favoris de recherche on trouve le travail et la santé mentale des femmes.
Il y a encore tant à faire
Le livre, découpé en deux grandes parties, traite de la santé mentale des femmes et de l’impact des facteurs sociaux et religieux qui y sont liés. L’auteure tente de dresser un tableau complet de la condition de la femme à travers le monde et plus précisément celle des femmes musulmanes, fondé sur des études, enquêtes, statistiques et publications internationale, menées dans différents pays. Il apparaît que malgré l’évolution des sociétés sur des dizaines d’année, la condition féminine ne s’est guère améliorée voire pas du tout. À partir de situations sociales très précises, l’analyse démontre le lien entre le statut des femmes et leur santé mentale : dépression et anxiété jusqu’au suicide parfois. De nombreux thèmes sont explorés : le travail, la famille, le mariage, la liberté sexuelle, la virginité, les grossesses hors mariage, la mixité, l’éducation, le travail, la fidélité, la fécondité et l’infertilité, le divorce (forme moderne de répudiation), la ménopause, la situation des femmes atteintes de maladies mentales, la situation des femmes en prison... et enfin les violences contre les femmes (conjugales et domestiques, les mutilations génitales, le crime d’honneur, les femmes kamikazes). Les conclusions sont extrêmement inquiétantes et mettent en évidence de fortes régressions dans certains pays. 

Des valeurs traditionnelles refuges
À la lecture de cet ouvrage, l’émancipation des femmes est un mirage pour un grand nombre d’entre elles tant perdurent les résistances au changement. Question sous-jacente : “comment des sociétés du XXIè siècle tolèrent-elles les discriminations, les atteintes à la dignité et à la liberté des femmes ?”. Pour étayer ses propos, Saïda Douki Dedieu puise dans les écrits et la pensée de philosophes et chercheurs d’opinions diverses qui corroborent pourtant tous la rupture, mentale mais aussi physique. Elle énonce « Un décalage entre une législation émancipatrice et une réalité sociale imprégnée de valeurs traditionnelles » qui maintient les femmes dans un état de sujétion. Les violences sont commises sous l’alibi religieux justificatif. Cet alibi est démonté au travers de citations du Coran et du Prophète et l’auteur souligne que ces violences prennent leur source dans des coutumes culturelles ou traditionnelles. 

Mère, exclusivement
La dernière partie explore les responsabilités des hommes et des femmes, éducatrices quasi exclusives des enfants, sans place pour le père. Quel que soit le pays analysé, l’auteur démontre que la maternité est au cœur du destin féminin. La femme est “faite pour” être mère, pour s’occuper de ses enfants. En font la preuve de récents courants montants qui enferment les femmes dans ce rôle de mère, leur interdisant du même coup toute intégration dans la société professionnelle et donc l’accès à une certaine forme de liberté d’action. 

Quand l’élément féminin est séparé du masculin (absence de mixité), naître fille n’est pas une chance, voire une malédiction. Des injonctions lourdes sont portées par les filles : virginité, chasteté, honneur du clan... très pesant. L’objectif pour les parents est de réduire tout signe de féminité et de marier leur fille au plus vite. L’ensemble de ces contraintes et de ce poid culturel entraînent confusion mentale et perte de repères. À ces contraintes « avouées » s’ajoutent trop souvent inceste et violences sexuelles par des proches alors qu'elle n'est encore qu'une petite fille. L'impact de ces mauvais traitements est inquiétant pour la santé mentale des filles. Elles refusent de raconter, perclues de honte et de réfugient dans des dérives comportementales. Elles fuient dans les drogues et l’alcool, jusqu’au suicide. Les sociétés les plus archaïques continuent à tuer les fœtus filles et les très jeunes enfants de sexe féminin connaissent une mortalité très élevée par manque de soins.

L’occident loin de l’égalité
Même si elles ont pris conscience et subi les assauts des mouvements féministes, les sociétés occidentales ne sont pas exemplaires. Dans le monde du travail, le burn out est mieux reconnu mais hélas très féminin. Ses causes très fréquentes sont le manque de reconnaissance, la surcharge de travail, l’injustice salariale et d’évolution de carrière, le manque de soutien dans l’entreprise comme des proches, des perspectives réduites. Ces dysfonctionnements conduisent à des arrêts de travail de longue durée, des renoncements. La femme revient sur son désir d’autonomie et se« replie » sur sa maladie ou sur un faux choix maternel. L’auteur met également à plat et en cause les théories anglosaxones « maternalistes », les « bonding », les « co-sleeping ». Elle souligne, tout comme Élizabeth Badinter, Sylvia Agacinski ou Martine Storti, à quel point l’émancipation de la femme est en grand danger face à ces théories.

L’angoisse se décline au féminin. Les facteurs de stress aux effets pathogènes sont très nombreux. La dépression est deux fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes et devrait encore progresser dans les vingt prochaines années et est d’après l’OMS le plus lourd fardeau pathologique. Au cours de son exposé, le Professeur Saïda Douki Dedieu ne cesse de démontrer la corrélation entre le statut des femmes et leur santé mentale. Par conséquent, en faisant évoluer l’un, le second s’améliorera.
 
LES FEMMES ET LA DISCRIMINATION
Dépression, religion, société
Pr Saïda Douki Dedieu
Prix : 21,90 €
Ed : Odile Jacob, octobre 2011

Les médecins incités à retarder leur départ à la retraite


Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a indiqué jeudi que, parallèlement au relèvement du numerus clausus pour augmenter le nombre de médecins, il proposerait des mesures pour "inciter les médecins sur le point de partir à la retraite à continuer leur activité".
Le ministre fera "des propositions en accord avec les syndicats", a-t-il dit, en marge de la visite à Vorey-sur Arzon (Haute-Loire) de l'entreprise de matériel électronique Interplex-Microtech.
Bertrand a précisé qu'il envisageait notamment un "allègement des charges en fonction des revenus réels et non de façon forfaitaire".
Il a par ailleurs assuré que la prolongation d'activité des médecins se ferait sans "aucune complication administrative".
L'été prochain, 8.000 étudiants seront admis en deuxième année de médecine à la suite du relèvement du numerus clausus, qui était bloqué depuis trois ans, ont annoncé, dans Le Quotidien du Médecin daté de jeudi, Xavier Bertrand et le ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez.
Ces mesures ont pour but de remédier à la pénurie de médecins dans certains territoires.
(AFP)

Les Idées claires de Caroline Eliacheff

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Les idées claires de Caroline Eliacheff

21.12.2011 - 07:38

Suicide à l'hôpital: l'Enfant-Jésus et un psychiatre poursuivis


Dans son action, le demandeur reproche au psychiatre... (Photothèque Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve)
Dans son action, le demandeur reproche au psychiatre d'avoir «commis une erreur majeure dans l'évaluation du risque suicidaire» de sa conjointe. Quant au personnel de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus, il allègue qu'il a fait preuve de négligence dans le suivi du protocole de sécurité malgré les menaces de suicide.
PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, JEAN-MARIE VILLENEUVE
(Québec) À la suite du suicide de sa conjointe au département de psychiatrie de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus, en décembre 2008, un résidant de Québec intente une poursuite contre l'établissement et le psychiatre traitant de la femme.
Comme elle était le principal soutien de sa famille, le demandeur réclame 1,6 million $ pour la perte de soutien financier et 105 000 $ pour les douleurs que la perte a occasionnées à son garçon de 11 ans et à lui-même.
En mai 2008, la conjointe de Gino Boutin durant 22 ans, une agente correctionnelle et chef d'unité au Centre de détention de Québec, avait été placée en arrêt de travail pour traiter une dépression. En septembre, lorsque sa condition s'est aggravée, elle a été admise au département de psychiatrie de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus.
Après une semaine, elle a reçu son congé avec la recommandation de suivre une thérapie de jour. Le matin de son premier rendez-vous, elle a toutefois fait une première tentative de suicide en s'infligeant une blessure à l'abdomen à l'aide d'un couteau.
À la suite de sa deuxième tentative, en novembre, elle a de nouveau été admise au département de psychiatrie de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus, sous les soins du second défendeur, le Dr Alain Dion. Le psychiatre a alors diagnostiqué une dépression avec idées délirantes et suicidaires, indique le demandeur dans sa déclaration déposée en Cour supérieure. Une surveillance étroite de la dame a alors été mise en place. Elle prévoyait que tous ses effets personnels seraient gardés sous clé.
Les choses ont été loin de s'améliorer puisqu'en décembre, relate M. Boutin, les propos de sa conjointe sont devenus de plus en plus délirants. Il appert que le personnel infirmier lui répondait de ne pas s'inquiéter, car la patiente se trouvait entre bonnes mains, dans un milieu sûr. À Noël, le demandeur a remis en cadeau à sa conjointe une robe de chambre. Elle a tout de même tenu d'autres propos suicidaires au cours de la journée.
De nouveau alerté par le mari, le personnel infirmier lui a répété que l'hôpital assurait la sécurité de la patiente. Dès le lendemain, toutefois, la défunte a fait sa troisième tentative de suicide, à l'aide du cordon de la robe de chambre. Durant les jours suivants, mentionne
M. Boutin, sa conjointe a répété ses propos suicidaires et le personnel a continué à se montrer rassurant. Le dernier jour de l'année, elle lui téléphone pour l'aviser de son «projet de trouver une solution» afin de mettre fin à ses jours. Le demandeur transmet ces menaces au personnel.
En fin de journée, de narrer M. Boutin, le Dr Dion l'appelle pour lui annoncer que sa conjointe se trouve entre la vie et la mort. À l'arrivée à l'hôpital du conjoint, on l'informe de son décès. M. Boutin a appris qu'elle avait mis fin à ses jours en utilisant le cordon de sa robe de chambre.
Dans son action, le demandeur reproche au psychiatre d'avoir «commis une erreur majeure dans l'évaluation du risque suicidaire» de sa conjointe. Quant au personnel de l'hôpital, il allègue qu'il a fait preuve de négligence dans le suivi du protocole de sécurité malgré les menaces de suicide.

Étudiants étrangers: la mobilisation ne faiblit pas

LEMONDE | 20.12.11

La mobilisation contre la circulaire Guéant qui restreint les possibilités, pour les étudiants étrangers ayant fini leurs études en France, d'y rester pour travailler, ne faiblit pas, au contraire. Estimant la circulaire "moralement inadmissible, politiquement dangereuse et économiquement absurde", une soixantaine d'intellectuels, universitaires, réalisateurs, avocats et médecins ont lancé, le 10 décembre, une pétition réclamant son abrogation et intitulée "Notre matière grise est de toutes les couleurs".

Sur les 2,3 millions d'étudiants en France, 278 000, soit 12%, sont étrangers, ce qui fait de l'Hexagone le troisième pays d'accueil, derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni. La circulaire du 31 mai signée des ministères de l'intérieur et du travail vient préciser une loi du 24 juillet 2006. Celle-ci offre notamment à un étudiant étranger, la possibilité de rester en France à l'issue de son cursus, poureffectuer sa première expérience professionnelle. Ce sont les conditions pourpasser de ce statut d'étudiant à celui de salarié qui sont aujourd'hui restreintes par la circulaire, menaçant potentiellement plusieurs milliers d'étudiants étrangers de reconduite à la frontière.
Les signataires de la pétition, dont Patrice Brun, président de l'université de Bordeaux 3, Anne Lauvergeon, ex-patronne d'Areva, Albert Fert, prix Nobel de physique ou Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, s'engagent à"parrainer" les diplômés étrangers dans leurs démarches et à les "protéger". Pour le cinéaste Romain Goupil, signataire de la pétition, la circulaire Guéant est "le pas de plus, le pas de trop pour désigner l'étranger comme l'ennemi".
De nombreux signataires constatent les effets dévastateurs de la nouvelle orientation du gouvernement. L'économiste Thomas Piketty, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, confie qu'il a déjà "le plus grand mal à faire venir des professeurs de l'étranger, même à titre temporaire". Il raconte ainsi les énormes difficultés rencontrées pour accueillir la spécialiste américaine de l'économie de l'éducation, Caroline Hoxby, qui a dû se contenterd'un visa de tourisme.
Le président de l'université Paris-V-René-Descartes, Axel Kahn, renchérit: "La circulaire Guéant bafoue les traditions de la France et va tout simplement contre les intérêts de notre pays, car ces diplômés parmi les mieux formés au monde contribuent à notre compétitivité intellectuelle et économique." Depuis la publication de cette circulaire, le 31 mai, Axel Kahn a dû intercéder pour une quinzaine de cas, comme celui d'une étudiante marocaine, une des mieux classées de la faculté de pharmacie, qui avait obtenu un CDI dans un laboratoire français et a dû y renoncer.
"SUICIDAIRE"
Dès novembre, la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs, la Conférence des grandes écoles et celle des présidents d'universités avaient saisi le premier ministre. François Fillon leur promettait, dans une lettre du 22 novembre, de réexaminer la situation des étudiants étrangers ayant essuyé un refus. Car au sein de la majorité et du gouvernement, la circulaire Guéant ne fait pas l'unanimité. Laurent Hénart, député UMP de Meurthe-et-Moselle, demande"l'adaptation d'une circulaire susceptible de porter atteinte à l'attractivité de nos universités et au rayonnement des entreprises françaises à l'international". Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, a tenté de rectifier le tir, le 23 novembre, en s'engageant à réexaminer 500 cas litigieux présentés par le collectif du 31 mai, promettant et de les régler d'ici la fin de l'année.
Le collectif du 31 mai, qui défend les étudiants étrangers dont les demandes de permis de séjour ont été rejetées, constate pourtant qu'arrivent chaque jour de nouveaux cas: "Ils sont aujourd'hui 940, dont 300 ont obtenu un accord, les autres sont en attente ou refusés, indique Meriem Kadari, porte-parole de ce collectif. Le traitement au cas par cas ne suffit pas." Le président de la Conférence des grandes écoles, Pierre Tapie, constate des changements trop lents dans la politique du gouvernement. "Si la mise en œuvre des consignes de François Fillon n'est pas assez rapide, cela risque d'anéantir huit ans d'efforts pour reconquérir l'élite des étudiants étrangers", plaide-t-il.
Même si on les entend peu, les chefs d'entreprises s'inquiètent eux aussi. Au Medef, Laurence Parisot affirme suivre "de très près" ce dossier, "le message envoyé à l'international n'étant pas valorisant pour nos entreprises". Lors d'une réunion du syndicat professionnel Syntec Informatique, les entreprises du secteur se sont alarmées du problème de pénurie d'ingénieurs : "Nous recrutons 4000 personnes chaque année, dont 60% de jeunes diplômés", indique Jacques Adoue, directeur des ressources humaines de Capgemini France. "Les dossiers de plus d'une centaine de jeunes ingénieurs que nous souhaitons recruter sont bloqués et ils ont été obligés de repartir chez eux", déplorait-il.
Pour l'économiste Olivier Pastré, l'un des signataires de la pétition "Notre matière grise est de toutes les couleurs", "la France a besoin d'immigration et dissuaderune immigration qualifiée est totalement suicidaire". Le 18 janvier, le Sénat examinera une proposition de résolution de la socialiste Bariza Khiari qui appelle le gouvernement à mieux "prendre en compte dans sa politique migratoire, les nécessités du rayonnement international de la France".
Nathalie Brafman et Isabelle Rey-Lefebvre

C'est loin, la nouvelle Terre ?

Décodage | LEMONDE | 03.12.10

Les parents conducteurs connaissent bien cette excitation des derniers kilomètres. Quand l'approche de la fin du voyage accélère le rythme auquel est posée la question venue de la banquette arrière : "Quand est-ce qu'on arrive ?"Ces derniers mois, les astronomes spécialisés dans la détection des exoplanètes, et les journalistes qui rendent compte de leurs découvertes, semblent parfois saisis de la même agitation.

Le périple a pourtant été l'un des plus rapides de l'histoire des sciences : il a seulement fallu quinze années pour que le nombre de détections de ces mondes lointains, en orbite autour d'autres étoiles que notre Soleil, franchisse, fin novembre, la barre symbolique des 500. Mais ce succès fulgurant n'empêche pas la toute jeune discipline de trembler d'impatience à l'approche de ce qui pourrait déjà ressembler à son but : la découverte, parfois annoncée comme imminente, d'un astre dont les caractéristiques se rapprocheraient de celles de notre Terre et permettraient, qui sait, le développement d'une forme de vie.
Course aux résultats et erreurs. L'engouement du public et la passion des médias pour cette hypothèse, à haute teneur philosophique, n'incite pas forcément à la prudence. La course aux résultats, entre équipes désireuses designer des "premières", peut même pousser au dérapage. Ainsi, en octobre, des astronomes américains ont-ils annoncé, en des termes très peu nuancés, la découverte de Gliese 581 g. Celle-ci présentait beaucoup d'avantages : de proportions assez similaires à notre Terre, elle semblait située au beau milieu de la zone d'habitabilité de son système, c'est-à-dire à une distance de son étoile laissant espérer des conditions favorables à la vie.
Gliese 581 g n'a en fait qu'un gros défaut : elle n'existe sans doute pas. Les astronomes de l'Observatoire de Genève, qui utilisent l'instrument actuel le plus précis pour la détection des planètes extrasolaires, ne la voient pas dans leurs données. Ses découvreurs ont eu beau maintenir leurs calculs, l'exoplanète est passée en quelques jours du statut d'astre de toutes les promesses à celui de fausse nouvelle.
Jeu sur les mots et confusion. Un peu plus tôt, cet été, quelques phrases avaient connu un retentissement mondial assez proche de l'annonce de la découverte de Gliese 581 g. Dimitar Sasselov, membre de l'équipe étudiant le satellite Kepler, lancé en 2009, avait annoncé, au cours une conférence, que l'engin américain avait repéré 140 exoplanètes semblables à la Terre. Le creux du mois d'août avait servi de caisse de résonance à ces affirmations avant que leur auteur, dépassé par leur écho, ne leur donne une tout autre sonorité en les corrigeant radicalement.
M. Sasselov a reconnu avoir eu tort de parler d'exoplanètes là où il ne pouvait encore être question que de candidats à ce statut. Surtout, il a regretté d'avoirutilisé les termes "semblable à la Terre" (Earthlike) là où il aurait dû dire "de taille similaire à celle de la Terre" (Earth-sized). Ce qui n'est pas du tout la même chose : une planète peut être de proportions proches de la nôtre et, pour une série de raisons (distance avec son étoile, absence d'atmosphère, faiblesse ou excès de l'effet de serre, par exemple), ne pas présenter, comme Vénus ou Mars, les couleurs bleue et verte associées à la prolifération de la vie.
"Ce jeu sur les mots, cette référence permanente à notre planète crée une grande confusion dans le public", constate Franck Selsis, du Laboratoire d'astrophysique de Bordeaux (CNRS), qui déplore que le terme de "Super-Terre" ait été adopté pour décrire les exoplanètes jusqu'à dix fois plus massives que notre monde, faites de matière solide et non de gaz comme la géante Jupiter. Une équipe américaine a ainsi annoncé, jeudi 2 décembre dans Nature, qu'elle avait réussi, pour la première fois, à obtenir des informations sur l'atmosphère d'un de ces astres, GJ 1214b, qui n'excluaient pas la présence de vapeur d'eau.
La prouesse technique, grâce au Very Large Telescope de l'Observatoire européen austral (ESO), est considérable. Mais le terme de "Super-Terre" dit mal à quel point GJ 1214b, 2,6 fois plus grande et 6,5 fois plus massive que notre planète, peut en être dissemblable. "Il y a un "trou" dans le système solaire,explique Franck Selsis. Il n'y figure aucun astre entre la masse de la Terre et celle, 14 fois supérieure, de Neptune. Du coup, nous avons beaucoup de mal àimaginer combien ces exoplanètes, nombreuses ailleurs, peuvent êtreradicalement différentes de la nôtre."
Une discipline qui explose. Cela n'inquiète pas Didier Quéloz, codécouvreur, en 1995, de la première exoplanète officiellement considérée comme telle. Pour l'astronome suisse de l'Observatoire de Genève, ces erreurs et ces approximations "font partie de la vie de la science". La curiosité du public pour les mondes lointains leur vaut simplement un retentissement plus fort que dans d'autres secteurs. "Notre discipline a explosé depuis dix ans, dit-il. Les observations sont si difficiles, on se situe tellement aux limites de la connaissance et des instruments, qu'il y aura encore beaucoup de tâtonnements et de querelles d'interprétation."
Pour repérer dans le lointain la présence d'exoplanètes noyées dans la lumière de leur étoile, les astronomes sont obligés, la plupart du temps, d'avoir recours à des modes de détection indirects. Les découvertes ne représentent parfois qu'un point sur une sinusoïde, à partir duquel nombre de déductions contradictoires sont possibles. "Je vous parie que le jour où l'on trouvera vraiment une autre Terre habitable, on ne s'en rendra pas compte sur le moment, ajoute Didier Quéloz. Auparavant, on en aura annoncé une centaine qui ne le seront pas."
2011 promet des révélations. Le jour de la découverte de la première planète "de taille similaire à la Terre" approche en tout cas. Le satellite Kepler, qui a pris le relais du Français Corot, est en mesure d'en révéler plusieurs cas dès 2011. Les statistiques jouent en faveur des astronomes : des études ont montré que les exoplanètes cousines de la Terre seraient majoritaires dans notre galaxie, où elles se compteraient par milliards.
Ces astres une fois identifiés, comment s'assurer que la vie est possible sur l'un d'eux ? "Il faudrait des mesures très précises de la composition de leur atmosphère, dit Jean Schneider, de l'Observatoire de Paris-Meudon (CNRS).Cela ne sera possible qu'avec une nouvelle génération d'engins spatiaux, ou peut-être d'énormes télescopes terrestres."
Pour l'heure, ces instruments, au-delà de nos capacités techniques actuelles, n'existent que sous la forme de projets. Ils seront difficilement opérationnels avant une quinzaine d'années. D'ici là, seront lancés plusieurs engins voués àaccroître le nombre de découvertes, qui pourrait plafonner aux alentours des 2 000 exoplanètes en 2020. Le passage du quantitatif au qualitatif, et à la démonstration de la réalité d'une vie extraterrestre, n'aura pas lieu avant cette date.
Tant pis pour les impatients : la route sera encore longue.
Jérôme Fenoglio

Schizophrénie : les clés de la mauvaise compréhension des intentions d’autrui

20/12/2011
      
 
© PHANIE
Pourquoi les patients schizophrènes ont-ils du mal à comprendre les intentions des autres ? Des Français montrent que c’est parce qu’ils utilisent de façon inappropriée leur expérience passée.
L’exemple est parlant : lorsque quelqu’un se lève de son siège dans le métro, ce peut être parce qu’il veut sortir au prochain arrêt ou parce qu’il veut céder sa place. Reconnaître les intentions d’autrui est une habileté fondamentale pour vivre en communauté.
Pour y parvenir, comme l’ont déjà proposé les chercheurs toulousains et lyonnais, il faut disposer de deux types d’information : d’une part, l’information visuelle (observation des mouvements d’autrui) et, d’autre part, des « informations a priori », issues de nos connaissances et expériences passées et emmagasinées par notre cerveau.
Les chercheurs (CNRS, Toulouse et Lyon) ont fait l’hypothèse que ces deux types d’informations sont mal utilisées chez les patients schizophrènes, ce qui expliquerait pourquoi ils ont du mal à reconnaître les intentions d’autrui. Ils l’ont testée sur des patients présentant divers symptômes de la schizophrénie : négatifs (perte d’intérêt, retrait social), positifs (hallucinations, délires) ou de désorganisation (discours incohérent, phénomène du coq à l’âne).
Les patients visionnaient d’abord des vidéos montrant des acteurs manipulant des objets avec diverses intentions. Certaines étaient montrées plus fréquemment afin de manipuler l’information a priori. Ensuite, les patients visionnaient à nouveau les séquences, mais cette fois ces séquences étaient tronquées. Les patients devaient deviner les intentions des acteurs.
Il est alors apparu que les patients schizophrènes présentent une mauvaise utilisation des informations a priori. Les patients aux symptômes négatifs sous-utilisent ces données issues de l’expérience, comme s’ils n’avaient aucune expectative sur les intentions d’autrui. À l’inverse, ceux présentant des symptômes positifs ou désorganisés sur-utilisent les informations a priori au détriment de l’information visuelle. Dans tous les cas, un déséquilibre dans l’interaction entre l’information visuelle et l’information a priori conduit à des erreurs d’interprétation sur les intentions d’autrui.
« Ces résultats pourraient être à la base de nouvelles stratégies de thérapie cognitive permettant au patient d’améliorer son aptitude à utiliser son expérience et de diminuer ses difficultés à reconnaître les intentions d’autrui, symptôme sur lequel les traitements pharmacologiques n’agissent pas. De plus, ce paradigme pourrait être aussi valable pour l’autisme, maladie ayant de fortes similarités avec les symptômes négatifs de la schizophrénie », concluent les auteurs.
› Dr EMMANUEL DE VIEL
Chambon V. et coll. Brain en ligne, 28 novembre 2011.

Baromètre Groupe Pasteur Mutualité : 88% des Français font confiance aux professionnels de santé


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Écrit par Groupe Pasteur Mutualité   
07-12-2011

Selon la deuxième édition du baromètre Groupe Pasteur Mutualité sur  « La cote de confiance des Français à l’égard des professionnels de santé » :

88% des Français leur font confiance et 75% estiment qu’ils sont disponibles et à l’écoute de leurs patients

Alors que les Français manifestent des inquiétudes croissantes quant à la pérennité et la qualité de leur système de santé (déficit de la Sécurité sociale, réforme de l’hôpital public, accès aux soins, etc.), comment les professionnels du secteur sont‐ils perçus ? Les Français font‐ils toujours autant confiance aux médecins, infirmiers, pharmaciens, chirurgiens‐dentistes et autres professions médicales ou paramédicales ?


Les Français font toujours autant confiance aux professionnels de santé mais s’inquiètent de plus en plus de leur manque de disponibilité : 88% des Français leur font confiance et 75% estiment qu’ils sont disponibles et à l’écoute de leurs patients


Groupe Pasteur Mutualité, groupe mutualiste d’assurances de premier plan au service des professionnels de santé, présente la seconde vague de son baromètre sur « la cote de confiance des Français à l’égard des professionnels de santé », une étude réalisée avec l’institut de sondage ViaVoice[1].

Alors que les Français manifestent des inquiétudes croissantes quant à la pérennité et la qualité de leur système de santé (déficit de la Sécurité sociale, réforme de l’hôpital public, accès aux soins, etc.), comment les professionnels du secteur sont-ils perçus ? Les Français font-ils toujours autant confiance aux médecins, infirmiers, pharmaciens, chirurgiens-dentistes et autres professions médicales ou paramédicales ?

Une confiance toujours forte pour l’ensemble des professionnels de santé
Malgré une baisse de 2% par rapport à la 1ère vague du baromètre réalisée en avril 2010, cette étude révèle que la confiance des Français à l’égard des professionnels de santé reste très forte : en moyenne 88% de la population leur fait confiance (« tout à fait confiance » ou « plutôt confiance ») ! Cet indice élevé dissimule malgré tout quelques disparités entre les 9 professions étudiées.


La cote de confiance moyenne accordée aux pharmaciens a ainsi baissé, de manière non significative, de 5% et celle des chirurgiens-dentistes de 3% (86% des Français déclarent faire « tout à fait ou plutôt confiance » à ces deux professions). Le déremboursement de certains médicaments et l’image dégradée de certains laboratoires ont peut-être contribué à légèrement modifier la perception des Français à l’égard des pharmaciens.



Quelle que soit la profession de santé concernée, le niveau de confiance enregistré est toujours supérieur à 80%, sauf pour les vétérinaires auxquels seule une partie de la population a recours.