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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 25 avril 2020

Auxiliaires de vie : «On est la basse classe, celle dont on ne parle pas»

Sophie de Saint-Andrieu doit s’occuper de la toilette, des repas et des courses de Mme J., mais fait souvent plus.
Sophie de Saint-Andrieu doit s’occuper de la toilette, des repas et des courses de Mme J., mais fait souvent plus. Photo Florence Brochoire pour Libération



Malgré le coronavirus, les aides à domicile continuent d’aller chez les personnes âgées dépendantes pour un maigre salaire. Comme Sophie de Saint-Andrieu, en Seine-Maritime.

«Ne buvez pas votre café debout, c’est signe de dispute. J’ai appris ça au contact des personnes âgées», s’amuse Sophie de Saint-Andrieu. Il est 8 h 30 et l’auxiliaire de vie se prépare. Tennis sans lacets, legging, masque chirurgical, gants, gel hydroalcoolique, attestation de déplacement. «Au début du confinement, on a travaillé sans masque, puis on nous en a donné des artisanaux en tissu dans lesquels il faut glisser un mouchoir. Je partais la peur au ventre. On n’a toujours pas de blouse et je sais que le virus s’approche. Mais je ne peux pas laisser tomber les gens.»

« La voix des femmes »

Books — Wikipédia

Publié le 24 avril 2020. Par La rédaction de Books.


Faibles, soumises à leurs maris, incompétentes face aux enjeux, incapables de trancher, fondamentalement puritaines, anarchistes en puissance… Que n’a-t-on pas dit sur les femmes pour les éloigner du sommet de l’Etat ou même des urnes ? Au début du siècle dernier, de plus en plus de pays leur accordent le droit de vote. Dans Le Journal du 10 octobre 1909, l’écrivain Paul Margueritte balaye ces préjugés et explique ce que l’implication des femmes en politique a changé dans le monde, soulignant ainsi à quel point la France (qui ne rendra le droit vote vraiment universel qu’après la Seconde Guerre mondiale) est à la traîne.


Décider : la méconnaissance du risque

Books — Wikipédia

Publié dans le magazine Books n° 106, avril 2020. Par Clive Cookson.


Par ignorance, la majorité des experts sont incapables d’apprécier la réalité d’un risque. De ce fait, les médecins rendent un bien mauvais service à leurs patients. Et les banquiers à leurs clients.






















Anna Parini
Combien de personnes les terroristes du 11-Septembre ont-ils tuées ? Plus de 4 500, selon Gerd Gigerenzer. Aux près de 3 000 personnes mortes dans les tours et les avions, il faut en effet ajouter les 1 600 qui ont perdu la vie l’année suivante sur les routes américaines parce qu’elles avaient préféré prendre le volant plutôt que l’avion. Un chiffre qui ressort de l’analyse statistique de l’accroissement du trafic routier – et du nombre d’accidents mortels – en 2001-2002.
C’est l’un des exemples les plus frappants que donne Gigerenzer dans Risk Savvy pour illustrer le fait que nous prenons de mauvaises décisions parce que nous comprenons mal le risque. Ce spécialiste allemand de la communication sur les risques vise principalement les médecins, mais il épingle bien d’autres professions, dont les banquiers et les journalistes. Il est impitoyable envers ceux qui induisent en erreur leurs patients, leurs clients ou le grand public en suscitant chez eux des craintes ou des espoirs démesurés. Une part relève de la manipulation délibérée, mais Gigerenzer, fort de son expérience avec les médecins, incrimine tout autant l’ignorance des professionnels : « La ­raison principale est que les médecins sont incroyablement peu formés à l’appréciation des risques. »


« Il n’existe pas d’application capable de remplacer une politique de santé publique »

cnrs-le-journal-logo - La Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences
par  Lydia Ben Ytzhak  24.04.2020



Le sociologue Antonio A. Casilli nous livre son regard sur l’utilisation d’outils numériques par de nombreux pays pour accompagner le déconfinement.
Membre de l’Institut interdisciplinaire de l'innovation et chercheur associé à l’Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain, vous étudiez depuis 2009 les effets des plateformes et des outils numériques sur la société et la vie privée. Alors que l'on commence à préparer le déconfinement en France, quels sont les différents scénarii observés dans le monde ?

Antonio Casilli : La première possibilité est de ne suivre que les personnes infectées et d’en restreindre la circulation. C'est le cas en Corée du Sud où les itinéraires des personnes contaminées sont reconstruits grâce aux données des mobiles et des cartes bleues. Hong Kong, quant à lui, impose désormais des véritables bracelets électroniques pour assurer le respect de la quarantaine par les personnes venant de l’étranger.
 
Ensuite, il y a la possibilité de suivre tout le monde. En Chine, cela a été réalisé via les données de géolocalisation des citoyens de Wuhan, obtenues par les télécoms dÉtat. De son côté, Singapour a mis en place une application, TraceTogether, basée sur le Bluetooth. Même si elle ne géolocalise pas les usagers, elle relève toutes les personnes croisées sur une période de 14 jours. Elle a été très faiblement adoptée, par 12 % de la population. Impossible donc d’en évaluer l’efficacité contre le virus. La France, à l'instar d’autres pays européens, s’oriente vers cette même technologie, avec une application Bluetooth, StopCovid, dont l’installation serait volontaire mais qui aurait vocation à être adoptée par tout le monde, et pas seulement les personnes en quarantaine.


Système visualisant les données de géolocalisation recueillies pour lutter contre le coronavirus.


Steven Taylor : «Il est crucial de comprendre pourquoi certains ont le réflexe de fuir quand d’autres sont dans le déni»

Dessin Fanny Michaelis pour Libération

Dans son livre publié quelques mois avant l’apparition du Covid-19, le professeur en psychiatrie avait déjà établi le scénario pandémique que nous vivons aujourd’hui. Il souligne l’importance cruciale de réintégrer la psychologie dans la gestion d’urgence de crise, car ce sont les émotions, les croyances et les attentes des populations qui feront qu’une épidémie sera contenue ou non.

Covid-19 : Santé publique France sonde la détresse psychologique des Français

PAR 
COLINE GARRÉ
PUBLIÉ LE 24/04/2020

Crédit photo : PHANIE
Depuis le début du confinement, les Français témoignent d'une anxiété plus forte que d'ordinaire, selon les chiffres retrouvés par le dispositif d'enquête mis en place par Santé publique France.
Depuis le 23 mars, l'agence sanitaire prend le pouls des Français grâce à des sondages réalisés par BVA auprès de 2000 internautes de 18 ans et plus. Le dispositif vise à suivre l'évolution des comportements des Français (notamment leur adhésion aux gestes barrières) et de leur santé psychique, et à identifier les facteurs de vulnérabilité. Cinq vagues d'enquêtes sont prévues : du 23 au 25 mars, puis du 30 mars au 1er avril, et tous les 15 jours.

vendredi 24 avril 2020

Peut-on imaginer un monde sans bisous ?

24/04/2020

#ImagineDemain |Les bisous ne seront-ils bientôt plus que le souvenir du "monde d'avant" ? Pour Kant, ils révèlent notre insociable sociabilité : ce besoin insupportable d’être avec un autre que soi. Le bisou nous met directement en prise avec l'autre, de manière singulière. Alors Géraldine Mosna-Savoye se questionne : s'il disparaît, sera-t-on moins proches les uns des autres ?
Peut-on imaginer un monde sans bisous ?
Peut-on imaginer un monde sans bisous ?  Crédits : sjharmon - Getty
Bien avant les mesures de confinement, l’idée de se tenir à distance les uns des autres avait déjà bien infusé. Plus de poignées de mains, d’embrassades, de tapes amicales, mais à la place un salut de la tête, un coucou de la main et un sourire entendu…
On s’est dit que c'était là quelque chose de temporaire, l’affaire de quelques mois… Mais imaginez : et si c’était définitif ? Et si dorénavant les échanges tactiles, les accolades, les câlins : les bisous, c’était du passé, un souvenir du "monde d’avant" ? Serait-on pour autant moins proches les uns des autres ? 

L'art du bisou

Faire la bise est une spécificité française. Les étrangers sont toujours perdus : quand faut-il faire la bise ? à qui ? combien et en commençant par quelle joue ?
Ce casse-tête, même les Français le connaissent… combien de fois a-t-on demandé, arrivé dans une autre région : c’est combien chez vous ? et combien de fois a-t-on été surpris par ce collègue qui, au lieu d’un bonjour collectif, claquait son bécot à tout l’open space… 

Faire la bise est toujours déroutant : il y a très peu de fois, quand j’y pense, où je ne fais pas la bise en me disant que je fais la bise. Tout à coup, tout ce qui compte, c’est le contact de cette peau sur la mienne, parce qu’elle rassure, fait plaisir ou dégoûte, tout simplement parce qu’elle étonne.
Je suis toujours étonnée, par exemple, de redécouvrir le parfum de ma mère, de m’apercevoir qu’un ami a la peau qui colle ou qu’un autre a cette habitude d’embrasser trop près de l’oreille… 

Smartphone, habits, viande : prêts pour un nettoyage éthique ?


 Nancy Huston  24 avril 2020

« Nous sommes coupables dès que nous nous levons le matin », écrit l’écrivaine Nancy Huston. Que l’on boive un jus d’oranges — d’où viennent les fruits ? —, pianote sur notre smartphone ou enfile un T-shirt made in Bangladesh, nous sommes accrocs à des milliers de produits criminels à l’apparence innocente. Prêts pour un nettoyage éthique ?
Nancy Huston est une romancière franco-canadienne. Elle a écrit de nombreux romans dont Cantique des plaines (Actes Sud, 1993), Lignes de faille, (Actes Sud, 2009) et Rien d’autre que cette félicité (Parole, 2019).
Nancy Huston.

« Bolsonaro le militaire se saisit de la crise pour faire le nettoyage ethnique dans les favelas », écrit mon ami Jean Morisset [1], qui connaît bien le Brésil.
Et si, nous-mêmes, nous nous saisissions de la crise pour faire un peu de nettoyage éthique ?
D’ores et déjà, par exemple, nous savons que notre besoin irrépressible et impérieux de nous (passez-moi l’expression) torcher le cul avec une substance douce et agréable a entraîné des catastrophes – notamment au Brésil – car notre PQ est fait de cellulose, c’est-à-dire d’eucalyptus. Un végétal dont les plantations en monoculture ont nécessité la déforestation de grands pans de l’Amazonie, ce qui a causé le déplacement forcé des populations autochtones qui habitaient ces forêts et favorisé les terribles incendies de 2019. Ce savoir, trop abstrait apparemment, ne nous a nullement empêchés de nous précipiter massivement dans les supermarchés dès le début de la crise du coronavirus pour acheter des stocks importants de papier toilette afin de s’assurer au moins d’une chose : qu’après avoir fait caca, nous allions pouvoir nous essuyer avec une substance douce et moelleuse jusqu’à la fin des temps — jusqu’à l’Apocalypse !

Coronavirus : l'article à lire si vous comptez vous munir d'un masque "grand public"

franceinfo:  Marie-Violette Bernard   publié le 

Cette protection pourrait ainsi venir compléter l'ensemble des gestes barrières pour lutter contre la propagation du coronavirus, lorsque les restrictions de déplacement seront assouplies. Mais ces masques "barrières" sont-ils efficaces ? Et, surtout, où en trouver ? Franceinfo fait le point sur la situation.

Qu'est-ce qu'un masque "grand public" ?

Il faut distinguer les masques chirurgicaux et FFP2, réservés aux soignants, et les masques dits "grand public". Ces derniers sont des masques "anti-postillons", qui visent à freinent la propagation du virus en limitant la projection de gouttelettes. Ils doivent filtrer de 70 à 90% les particules de 3 micromètres et peuvent être notamment destinés aux professionnels en contact avec le public. Une cinquantaine d'entreprises françaises ont déjà reçu une homologation pour ce type de protection, sur la base des recommandations de l'Association française de normalisation (Afnor), qui gère les normes et les certifications en France.

"Vous les verrez bientôt, ils sont en tissu, lavables et réutilisables cinq, vingt, trente fois…", a précisé le ministre de la Santé, Olivier Véran, dimanche 19 avril. "L'écrasante majorité de ces masques 'grand public' répondront à des critères de filtration à 90%, a-t-il garanti deux jours plus tard. Ces masques ont l'intérêt d'être protecteurs, là où d'autres masques (...) n'offrent pas de garantie de protection parce qu'ils ne filtrent pas des particules suffisamment petites pour empêcher le virus de pénétrer ou de sortir."