Que fait-on quand on ne fait rien ? C’est une question qui m’occupe.
Il est rare, dans les romans, que les personnages ne fassent rien. Par exemple, quand le Ravel de Jean Echenoz ne fait rien, il s’agite pas mal : «De la cuisine au salon, via la bibliothèque et le piano, un dernier petit tour dans le jardin, Ravel peut avoir fort à faire même s’il n’en fait rien, jusqu’à ce qu’il faille bien finir par aller se coucher.»
Evidemment, il y a les oisifs professionnels, les rentiers, Marcel dans la Recherche : «C’est vendredi matin, et on rentre de promenade, ou bien c’est l’heure du thé au bord de la mer.» Quand Mme Bovary ne fait rien, c’est que la bonne s’occupe du ménage, et qu’elle, Emma, a le front collé au carreau, et rêve à un homme qui vient. La tache de buée s’agrandit sous son visage, le temps passe, et sa respiration.