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samedi 31 mars 2012


Santé : enquête sur les mandarins cumulards

LE MONDE | 
Le professeur Philippe Juvin a-t-il cumulé une fonction de trop ? Depuis sa nomination à la tête des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris, la polémique n'en finit plus autour de celui qui est déjà député européen, maire de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) et qui ne compte pas ses efforts dans la campagne présidentielle pour représenter l'UMP.
Le Syndicat des praticiens des hôpitaux publics devait déposer, mercredi 28 mars, une demande de suspension en référé de cette nomination. "La lourdeur d'un service aussi important (...) et la nécessité de garantir la continuité du service public, dans une situation difficile, sont totalement irréconciliables avec l'ensemble des missions et fonctions du professeur Juvin", dénonce le syndicat.
Privilège pour les uns, scandale pour d'autres, cette affaire a mis au grand jour une curieuse pratique : le cumul du mandat de parlementaire et du titrede professeur d'université-praticien hospitalier (PU-PH). Outre ce parlementaire, quatre députés - Bernard Debré (UMP, Paris), Jean-Louis Touraine (PS, Rhône), Jacques Domergue (UMP, Hérault) et Olivier Jardé (Nouveau Centre, Somme) - cumulent ces deux fonctions, et les rémunérations qui vont avec. Un autre député-médecin, Arnaud Robinet(UMP, Marne), est lui maître de conférences.
CHACUN SA MÉTHODE
Ces stakhanovistes jurent s'en sortir avec leur emploi du temps. Chacun a sa méthode : peu de sommeil, des journées à rallonge, un bon adjoint, moins de passages dans le service, un temps partiel à l'hôpital. Tous, surtout, assurent que cette pratique est légale. Pourtant, aucun n'a jamais saisi le Conseil constitutionnel pour s'en assurer. Car si le code électoral prévoit une exception pour les professeurs d'université à l'interdiction decumuler un mandat parlementaire et un poste de la fonction publique, le cas des PU-PH n'est pas explicitement abordé. "Jamais nous n'avons été saisis de la question", assure-t-on au Conseil constitutionnel. L'exception au non-cumul pour les professeurs d'université est historiquement motivée par le fait qu'ils ne sont pas soumis au pouvoir exécutif comme les autres fonctionnaires. Jusque-là, le Conseil constitutionnel a pourtant eu une vision plutôt restrictive de l'exception réservée aux professeurs d'université.
En 2008, il a ainsi interdit à plusieurs parlementaires de donner des cours comme professeurs associés dans des universités. Le cas d'Arnaud Robinet, qui n'est pas professeur d'université mais maître de conférences, paraît encore plus étonnant. "Lors de mon élection, j'ai demandé au rectorat et au ministère. On m'a assuré qu'il n'y avait aucun problème pour cumuler", affirme ce toxicologue.
Tout le monde ne voit pas les choses ainsi. "Je suis simplement praticien hospitalier. Le lendemain de mon élection, mon directeur m'a convoqué pour m'annoncer ma mise en détachement. Je ne vois pas trop comment on peut cumuler les deux fonctions", témoigne Jean-Luc Préel, députéNouveau Centre de Vendée. "Une fonction médicale à haute responsabilité et un mandat à haute responsabilité, qui oblige à être absent plusieurs jours par semaine, ne sont pas compatibles", juge Michèle Delaunay, députée PS de Gironde. Responsable d'une unité de cancérologie au CHU de Bordeaux, elle a quitté son poste après son élection.
Parmi les intéressés, certains sont un peu gênés. "J'admets qu'il s'agit d'un privilège", confie M. Domergue. "Je ne suis pas un défenseur farouche du cumul", dit M. Touraine. D'autres n'ont pas ces états d'âme : "Il suffit deregarder la productivité de mon service", défend M. Debré. "J'ai une mission, réduire le temps d'attente aux urgences, je demande à être jugé sur des indicateurs", assène M. Juvin, qui estime qu'il a fait ses preuves comme chef des urgences de l'hôpital Beaujon, à Clichy, alors qu'il était déjà député européen.
DOUBLES SALAIRES
Il faut dire que les PU-PH profitent aussi d'un statut qui n'impose aucun décompte des heures de présence à l'hôpital ou à l'université. A chacun de gérer. Tous ont d'ailleurs une bonne raison de cumuler les fonctions. "Il est très difficile pour un chirurgien de reprendre une activité après cinq ou dix ans sans opérer", avance Jacques Domergue, chirurgien au CHU de Montpellier et directeur du centre anticancer du département. "On reproche beaucoup aux élus de ne pas connaître assez les difficultés de la vie de tous les jours. Là, je reste en contact", avance M. Touraine, adjoint au maire de Lyon et chef de service à l'hôpital Edouard-Herriot.
Pour M. Robinet, "il fallait bien quelqu'un pour continuer de donner des cours"."Mon activité me permet de garder ma liberté de parole, un député doit avoir un métier, sinon il est prêt à n'importe quoi pour rester élu",défend même M. Debré, élu député pour la première fois en 1986 et qui n'a jamais cessé d'exercer à l'AP-HP.
Ce flou leur permet de percevoir de grasses rémunérations, composées de leur indemnité de parlementaire, de leur salaire de PU et de leurs émoluments de PH. Certains, cependant, se sont mis en temps partiel et ne perçoivent qu'une partie de leur rémunération hospitalière, mais continuent de recevoir la totalité de leur salaire de professeur d'université. Deux d'entre eux ont choisi de conserver la totalité de leurs revenus, MM. Debré et Juvin. Ce dernier explique cependant qu'il lui arrive de poser un jour de congés quand il est très pris par son mandat, voire de demander une courte disponibilité. Et précise qu'il n'a pas d'activité privée à l'hôpital, pas plus qu'il ne touche de rémunération complémentaire de laboratoires pharmaceutiques ou pour des expertises. Ce qui peut rapporter beaucoup à certains.
Les rémunérations de ces madarins-parlementaires vont de 10 000 à 16 000 euros. Des doubles salaires qui flirtent avec ceux des ministres. Leur situation, si elle peut apparaître choquante, n'a pourtant rien de nouveau."Bien sûr, la question du cumul d'activités se pose, mais Philippe Juvin n'est pas le premier, et ne sera vraisemblablement pas le dernier", fait remarquerLoïc Capron, président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP.
De 10 000 à 16 000 euros par mois
Sur les six parlementaires qui cumulent leur fonction avec celle de professeur d'université-praticien hospitalier (PU-PH), cinq ont accepté de détailler leur rémunération. Olivier Jardé (NC, Somme) n'a pas répondu à nos questions.
Bernard Debré cumule 8 000 euros net par mois pour son activité à l'hôpital avec ses indemnités de parlementaire UMP et de conseiller de Paris, plafonnées à 9 857,49 euros brut. Il a aussi une activité privée à l'hôpital.
Jacques Domergue En plus de ses 5 189,27 euros net d'indemnités parlementaires (UMP, Hérault), il reçoit 20 % de son indemnité de PH, qu'il exerce à temps partiel, et la totalité de son salaire de PU, soit 5 700 euros net.
Philippe Juvin En plus de son indemnité de député européen de 6 200 euros net, il touche plus de 6 000 euros comme PU-PH. S'y ajoute sa rémunération de maire UMP de La Garenne-Colombes , soit 1 500 euros.
Arnaud Robinet Son activité de médecin lui rapporte 2 600 euros net, qu'il cumule avec son indemnité de parlementaire (UMP, Marne) et 2 500 euros brut perçus en tant que conseiller général.
Jean-Louis Touraine Il continue d'exercer à deux tiers de temps, pour 7 850 euros par mois. Auxquels s'ajoutent ses rémunérations de député (PS, Rhône) et d'adjoint au maire de Lyon, plafonnées à 9 857,49 euros brut.
Une réforme des retraites très avantageuse
Fin 2011, les professeurs d'université-praticiens hospitaliers (PU-PH) ont obtenu une réforme avantageuse de leur retraite, révèle Le Livre noir des médecins stars, écrit par la journaliste Odile Plichon (Stock) et paru mercredi 28 mars. Le livre épingle les privilèges liés à un statut qui regroupe de 6 000 à 7 000 médecins. Jusqu'en 2007, les PU-PH ne cotisaient pour la retraite que sur une partie de leurs revenus. Depuis, deux accords sont intervenus pour compter l'ensemble des revenus, avec un abondement de l'hôpital qui les emploie. Résultat : leurs retraites connaîtront "jusqu'à 30 % de revalorisation", assure Odile Plichon. "Un ajustement budgétaire", se défend le Syndicat national des médecins hospitalo-universitaires. Au ministère de la santé, on assure que cette mesure vise à "donner un signal clair à la communauté hospitalière en maintenant le caractère attractif des carrières à l'hôpital"


Suicides/travail: le FSU écrit à N. Sarkozy

AFP Publié 

Schizophrène à 20 ans: «Je pensais que c’était Dieu qui me parlait»

Par Marie Nicollier. Mis à jour le 27.03.2012


Pablo Xavier raconte son combat contre la schizophrénie, une psychose qui frappe un jeune sur cent
La maladie a surpris Pablo Xavier à 20?ans. Sept années plus tard, il voit enfin le bout du tunnel.
La maladie a surpris Pablo Xavier à 20?ans. Sept années plus tard, il voit enfin le bout du tunnel.
Image: PATRICK MARTIN
La schizophrénie n’est pas une fatalité. Si ce message tient à cœur à Pablo Xavier, c’est que le jeune homme est sur la voie de la guérison. «Je veux dire aux gens: bougez-vous, on peut s’en sortir. Même si c’est un combat continu.»
L’Yverdonnois fait partie des 1% de Suisses victimes de cette maladie. Un trouble mental souvent incompris qui frappe de plein fouet les jeunes et se déclare habituellement entre 16 et 25 ans. Pour informer les étudiants, les 9es Journées de la schizophrénie investissent demain l’Université.
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La Poste: sacrifier l'humain au nom de la productivité

«Apache», la cinquantaine est cadre à la Poste. Il a dirigé plusieurs établissements. Suite aux récents suicides dans l’entreprise, il a choisi de témoigner dans Mediapart sur l’évolution des conditions de travail à la Poste, qui compte 270.000 salariés.
Sans doute tout a commencé vers 1999/2000, lors de la mise en place des trente-cinq heures à la Poste. Privée d’aide de l’Etat, la Poste a alors décidé de remettre toutes les organisations à plat. L’objectif était faire faire à tous les agents en 35 H ce qu'ils faisaient en 39 H.
C'est ainsi, que pour la 1ère fois, les services des facteurs (notamment) ont été réorganisés sur l'autel de la productivité. A cette époque, ce ne fut pas trop douloureux. Mais en douze ans les choses ont bien changé.
Vers 2002, on a vu arriver comme directeurs de groupement et direction opérationnelle territoriale courrier (DOTC) des personnes externes, des contractuels qui ne venaient de la Poste.
Ce choix managérial était clair: pas de sentiments, la Poste doit être rentable en vue d'une privatisation, voire d'un actionnariat. On fonce dans le tas. Objectif: productivité maximum.
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Jeunes retraités partageraient appartement

LE MONDE | 
Joëlle se souvient précisément du moment où elle a eu le déclic : "J'étais au soleil chez mon amie Marie quand le téléphone a sonné. Mon père de 80 ans venait de tomber chez lui." En plein mois de juillet 2008, Joëlle gère à 800 kilomètres de distance l'hospitalisation paternelle. Un placement en maison de retraite est d'emblée évoqué par le corps médical.
Le moment d'urgence passé, les deux amies discutent. "Nous sommes convenu que nous ne voulions pas faire vivre cela à nos enfants", se souvient Joëlle. "Marie a alors parlé de sa bastide, où nous étions, près d'Aix-en-Provence. Ses enfants, disait-elle, allaient partir. Nous nous sommes regardées, et avons lancé que vivre ensemble pourrait être une idée ."
Quatre ans plus tard, la conversation à bâtons rompus est devenue un projet de couples. Joëlle (52 ans désormais) et Marie (54 ans) ont entraîné dans l'aventure Léon (57 ans) et Jacques (62 ans), leur mari respectif, puis Cécile (58 ans) et Jean (62 ans). Tous ont bien l'intention de se retrouverdans la bastide. "D'ici cinq à dix ans, quand nous serons tous à la retraite,explique Joëlle, cela donne le temps de s'y préparer."
Joëlle et son mari ont d'ailleurs adoré le film Et si on vivait tous ensemble ?de Stéphane Robelin - sorti en janvier - campant une bande de septuagénaires colocataires. "Ce film nous aide à en parler autour de nous. Beaucoup de gens de notre génération sont tentés", remarque-t-elle.
Alors que s'ouvre, jeudi 29 mars, le Salon des seniors à Paris, voilà une solution spontanée et pragmatique qui jaillit un peu partout en France. Dans le Gard, en Ile-de-France, en Rhône-Alpes, dans les Pyrénées... des dizaines de colocations se sont déjà organisées. Sur le tas. Et ces exemples font gamberger les septua, sexa et même quinquagénaires.
Volonté farouche d'éviter la maison de retraite, envie de rompre la solitude, moyens financiers insuffisants pour rester seul, désir d'épargner ses enfants... "La colocation entre seniors est une sorte de réponse collective à l'individualisme ambiant", analyse Yankel Fijalkow, sociologue urbaniste, auteur de Sociologie du logement (La Découverte, 2011). "Elle s'inscrit dans le même phénomène que le co-housing (maison avec des services en commun) en Europe du Nord et aux Etats-Unis, ou l'habitat coopératif. Face à la fragilité des cellules familiales apparaît un désir de recomposer une quasi-famille." Mais, ajoute cet expert : "Il ne faut pas être idéaliste. C'est avant tout un échange marchand alors que le logement est cher. Avec la recomposition des modèles familiaux, on passe facilement d'une vie en couple à un habitat en solitaire ou en colocation. Les gens sont agiles et s'adaptent alors que le marché immobilier, par son coût, débloque."
Illustrant ce système D, plus de 5 000 personnes se sont inscrites surColocation-adulte.fr (ex-Partage-senior.net) depuis sa création en mars 2009. "Mille cinq cents membres sont réellement actifs, majoritairement des femmes entre 50 et 60 ans", explique son fondateur, Pierre Lelal. Engouement similaire sur le plus récent Coloc-senior.fr"Sans aucune publicité, 500 personnes ont déposé une annonce depuis un an", s'étonne son créateur, Jean-Michel Thomas. Même le spécialiste du marché étudiant, Appartager.com, propose, depuis janvier, un service senior et 500 offres sont en ligne. "Des personnes disposant ou cherchant un logement et dont la moyenne d'âge est de 65 ans", précise Fanny Dolo, responsable pour la France.
Les modèles européens font école. C'est en s'inspirant d'un CPAS belge(équivalent d'un centre communal d'action sociale) que l'association nantaise Colocation seniors a déjà accompagné, depuis trois ans, plusieurs dizaines de volontaires, qui sont suivis une fois la colocation installée. "Nous recevons des requêtes de toute la France pour s'inspirer de notre vécu", assure la présidente Jocya Almor. Même l'ONG Abbeyfield, qui a cinquante ans d'expérience en colocation senior au Royaume-Uni, cherche à s'implanter en France après l'avoir fait dans quatorze autres pays. "Les nouveaux occupants de nos maisons ont une période d'essai d'un mois pour voir s'ils s'intègrent bien", explique David Coe, directeur international.
Car choisir ses colocataires n'est pas aisé, comme l'a constaté la septuagénaire Christiane Baumelle, auteur du Manuel de survie des seniors en colocation (Deuxième Vie, 192 pages, 14,95 €). "Colouer entre amis est délicat, car les amitiés anciennes n'ont pas été choisies pour cela", constate cette psychosociologue, créatrice, en 2007, du forum sur la colocationCocon3s.com"Un millier de personnes se sont manifestées en ligne, estime-t-elle. Je passe mon temps à les mettre en contact mais, d'expérience, les femmes sont bien plus indécises que les hommes pour selancer."
Marie-Louise Challier (84 ans), ancienne salariée d'un cabinet d'experts-comptables à Lyon, et Bernadette Ricou (62 ans), ex-coiffeuse parisienne, en savent quelque chose. En colocation depuis deux ans à Chambéry (Savoie), après s'être rencontrées - et appréciées - sur Cocon3s, elles cherchent désespérément une troisième comparse pour diviser leurs 922 euros de loyer mensuel. "Nous avons reçu une vingtaine de candidatures. Certains enfants ont freiné. Une infirmière semblait partante, et puis non", témoigne Marie-Louise. Bernadette et elle sont bien conscientes que leur appartement, avec une seule salle de bains, peut décourager. Alors elles ont des pistes comme "ce quartier en construction à La Ravoire avec des appartements ad hoc", dit Marie-Louise. En attendant, elle est bien contente de suivre chaque semaine avec Bernadette des cours de philosophie.
Jean-Marie Jarnac, lui aussi, a pris le taureau par les cornes. Après avoirentendu à la radio parler de colocation, ce bientôt septuagénaire a déposé une petite annonce sur Leboncoin.fr, proposant avec humour un "colloque à Banca", un gîte au coeur des Pyrénées. Dix personnes ont répondu à l'appel et se sont prêtées à un jeu de rôle : "Tous ont tiré un petit papier avec un verbe : "faire les courses", "décorer, résoudre les conflits"... Chacun devait imaginer comment gérer cette action dans une colocation."
C'est à cette occasion que Jean Marie a rencontré Nicole (72 ans) et Hélène (65 ans). Tous trois étaient séparés. Neuf mois plus tard, en janvier 2011, ils aménageaient ensemble dans une maison à Lamarque-Pontacq (Hautes-Pyrénées), petit village entre Lourdes, Tarbes et Pau.
Un an après, Jean-Marie est intarissable sur l'aventure : installation d'un potager de 200 m; cours de jardinage suivis en commun ; accueil des enfants (onze, à eux trois) et petits-enfants dans les deux chambres libres et les combles... "C'est super-chouette, avoue-t-il, mais nous savons bien que ce n'est pas toujours le cas." La bande cherche même un quatrième homm , e, pour équilibrer un peu, et fait désormais du prosélytisme. Ils organisent, le 8 avril, un "colloque à Lamarque-Pontacq"entre maison et potager... pour les intéressés !


Eloge du risque... quand tout est risque


9782228906425.jpgDans son dernier ouvrage, Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste (personne n'est parfait) « ... interroge le risque dans ce qui ne permet ni son évaluation ni son élimination …  le risque cet engagement du côté de l’inconnu, du non-savoir, un pari face à ce qui ne peut se trancher. Le risque qui ouvre la possibilité de l’inespéré. »
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Des consultations psychiatriques à distance pour les expatriés

Par figaro icon damien Mascret - le 25/03/2012
Grâce à la télémédecine, il est possible de consulter un psychiatre français depuis Bangkok, Séoul ou Valparaiso.
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Femmes battues : réquisitoire contre l'indifférence aux assises du Nord

C'est une sale affaire de violence et de misère. Une de celles auxquelles on rechigne à s'intéresser parce que tout cela semble trop loin, trop moche et qu'on en a bien assez comme ça. C'est ce que l'on pensait, au début. Comme sans doute les six jurés - quatre femmes, deux hommes - tirés au sort devant la cour d'assises du Nord pour juger Alexandra Guillemin, 32 ans, qui comparaissait pour le meurtre de son mari, Marcelino.
Un soir de juin 2009, dans la cuisine de leur appartement à Douai, cette mère de quatre enfants a dit à son mari qu'elle voulait le quitter. Il a explosé de fureur, a cherché à l'étrangler, elle a saisi un couteau de cuisine. La plaie dans le cou mesurait 13,5 cm de profondeur. Il est mort sur le coup,"dans une mare de sang", dit le procès-verbal des policiers. Voilà pour les faits.
Le procès s'est ouvert mercredi 21 mars. Alexandra Guillemin comparaissait libre après dix-sept mois de détention provisoire. Elle s'est assise dans le prétoire, le visage légèrement incliné, ses longs cheveux sombres noués sur la nuque, les yeux baissés, les mains posées sur les genoux et elle n'a plus vraiment bougé. Dehors, c'était le printemps, le ciel était bleu tendre. Le soleil inondait les murs clairs de la salle d'audience. C'est là, dans cette lumière si blanche, si crue, qu'une cour et des jurés ont plongé dans la nuit d'une femme.
Alexandra avait 17 ans, elle était en première, au lycée, quand elle a rencontré Marcelino, un Gitan sédentarisé, de quatorze ans son aîné. Elle est tombée amoureuse, a claqué la porte de chez sa mère qui ne l'aimait guère et rompu avec son père qui était en colère. Quelques mois plus tard, elle s'est mariée, le premier des quatre enfants est né et Alexandra Guillemin a renoncé à passer son bac. Le reste est un long calvaire. Une épouse que l'on viole, frappe, insulte et humilie. Que l'on menace lorsqu'elle murmure des confidences à sa sœur au téléphone ou cherche à voir son père. Que l'on épie quand elle tente de se confier à l'assistante sociale. Que l'on écrase et engloutit. Au XXIe siècle, dans une ville française, une ombre dans une caverne.
Pendant trois jours, un homme ne l'a pas quittée des yeux. Luc Frémiot est avocat général. Cela fait plus de dix ans qu'il se bat contre les violences conjugales. Qu'il essaie de secouer les consciences. Qu'il tonne à l'audience, bat les estrades, s'invite dans les colloques. Qu'il donne des instructions écrites aux policiers pour transmettre systématiquement au parquet les "mains courantes" déposées par les femmes, afin de ne paslaisser échapper la moindre chance de briser le silence, d'endiguer la violence dès le premier coup porté. Pour qu'il ne soit pas suivi d'un deuxième, puis d'un troisième, qui fait plus mal, détruit plus profond.
Il l'a regardée, Alexandra Guillemin, lorsqu'à la barre elle triturait son mouchoir, en répondant d'une voix faible aux questions de la présidente,Catherine Schneider. Lorsque des larmes roulaient sur son visage à l'évocation par les voisins, par les rares amis, par les dépositions de ses enfants, de ce qu'avait été sa vie. Lorsqu'elle chassait de la main les images qui l'assaillaient, honteuse de devoir expliquer ce que son corps avait subi et qu'elle avait toujours tu. Luc Frémiot observait tout, aspirait tout. Il a dévisagé aussi ces femmes assises dans le public, dont soudain s'échappait un cri, presque un ordre : "Parle, Alexandra ! Parle !" Il a crucifié du regard cet officier de police judiciaire concédant un "dysfonctionnement"quand on lui a demandé d'expliquer comment et pourquoi son service n'avait pas jugé nécessaire de donner suite à la plainte que voulait déposer Alexandra Guillemin contre son mari. Elle avait l'œil tuméfié, on lui a conseillé une main courante et on l'a renvoyée chez elle parce que "ça ne saignait pas".
Vendredi 23 mars, l'avocat général s'est levé. Ou, plus justement dit, il s'est jeté. Les notes sur le carnet ne disent ni la voix qui enfle et se brise, ni les silences, le souffle qui emporte, les mains tendues qui escortent les paroles jusqu'aux visages concentrés des jurés, le regard suspendu de l'accusée.
"Alexandra Guillemin, nous avions rendez-vous. C'est un rendez-vous inexorable, qui guette toutes les victimes de violences conjugales. Ce procès vous dépasse parce que derrière vous, il y a toutes ces femmes qui vivent la même chose que vous. Qui guettent les ombres de la nuit, le bruit des pas qui leur fait comprendre que c'est l'heure où le danger rentre à la maison. Les enfants qui filent dans la chambre et la mère qui va dans la cuisine, qui fait comme si tout était normal et qui sait que tout à l'heure, la violence explosera.
Elles sont toutes sœurs, ces femmes que personne ne regarde, que personne n'écoute. Parce que, comme on l'a entendu tout au long de cette audience, lorsque la porte est fermée, on ne sait pas ce qui se passe derrière. Mais la vraie question, c'est de savoir si l'on a envie de savoir ce qui se passe. Si l'on a envie d'écouter le bruit des meubles que l'on renverse, des coups qui font mal, des claques qui sonnent et des enfants qui pleurent.
Ici, dans les cours d'assises, on connaît bien les auteurs des violences conjugales. De leurs victimes, on n'a le plus souvent qu'une image, celle d'un corps de femme sur une table d'autopsie. Aujourd'hui, dans cette affaire, nous sommes au pied du mur, nous allons devoir décider.
Mon devoir est de rappeler que l'on n'a pas le droit de tuer. Mais je ne peux pas parler de ce geste homicide sans évoquer ces mots des enfants : 'Papa est mort, on ne sera plus frappés'. 'Papa, il était méchant'. 'Avec nous, il se comportait mal, mais c'était rien comparé à ce qu'il faisait à maman'. On n'a pas le droit de tuer, mais on n'a pas le droit de violer non plus. D'emprisonner une femme et des enfants dans un caveau de souffrances et de douleur.
Je sais la question que vous vous posez. 'Mais pourquoi Alexandra Guillemin n'est-elle pas partie avec ses enfants sous le bras ?' Cette question est celle d'hommes et de femmes de l'extérieur, qui regardent une situation qu'ils ne comprennent pas et qui se disent: 'Mais moi, je serais parti !' En êtes-vous si sûr ? Ce que vivent ces femmes, ce qu'a vécu Alexandra Guillemin, c'est la terreur, l'angoisse, le pouvoir de quelqu'un qui vous coupe le souffle, vous enlève tout courage. C'est sortir faire les courses pendant cinq minutes, parce que celui qui vous envoie a calculé exactement le temps qu'il vous faut pour aller lui acheter ses bouteilles de bière. Et c'est à cette femme-là que l'on voudrait demander pourquoi elle est restée ? Mais c'est la guerre que vous avez vécue, madame, la guerre dans votre corps, dans votre cœur. Et vous, les jurés, vous ne pouvez pas la juger sans savoir les blessures béantes qu'elle a en elle. C'est cela être juge, c'est être capable de se mettre à la place des autres. Alexandra Guillemin, il suffit de l'écouter, de la regarder. De voir son visage ravagé. Mais un visage qui change dès qu'elle parle de ses enfants. On a beaucoup dit qu'elle était 'passive'. Mais c'est une combattante, cette femme ! Ses enfants, elle leur a tenu la tête hors de l'eau, hors du gouffre. Il n'y a pas beaucoup d'amour dans ce dossier, mais il y a le sien pour ses enfants, et ça suffit à tout transfigurer. Sephora, Josué, Saraï, Siméon ont 13, 11, 8 et 6 ans aujourd'hui, ils vous aiment, ils seront votre revanche.
Nous, la question que nous devons nous poser, c'est : 'De quoi êtes-vous responsable, Alexandra Guillemin ?' Quelle serait la crédibilité, la légitimité de l'avocat de la société qui viendrait vous demander la condamnation d'une accusée, s'il oubliait que la société n'a pas su la protéger ? Alors, je vais parler de légitime défense. Est-ce qu'au moment des faits, Alexandra Guillemin a pu penser qu'elle était en danger de mort ? Est-ce qu'en fonction de tout ce qu'elle a vécu, subi, elle a pu imaginer que ce soir-là, Marcelino allait la tuer ? Mais bien sûr ! Cela fait des années que ça dure. Alexandra a toujours été seule. Aujourd'hui, je ne veux pas la laisser seule. C'est l'avocat de la société qui vous le dit : vous n'avez rien à faire dans une cour d'assises, madame. Acquittez-la !"
Vendredi 23 mars, six jurés - responsable de paie, retraitée, techniciens, ingénieur, assistante d'achat - et trois magistrats professionnels l'ont écouté. Et d'une sale affaire de violence et de misère, si loin, si moche, ils ont fait un grand moment de justice, si proche.


"On a notre place", estime Yves, bipolaire et "pair-aidant" psychiatrique

Yves Bancelin est l'un des 30 médiateurs psychiatriques recrutés en janvier. Atteint de troubles bipolaires, il raconte que "le contact avec les malades vient beaucoup plus vite", du fait de son passé qu'il va "enfin pouvoir transformer en quelque chose de positif".
"Franchement on a notre place", résume ce jeune homme avenant de 29 ans, attablé à un café. "Les usagers abordent plus rapidement des sujets importants de leur vie avec nous, on sent qu'ils se livrent plus".
La maladie d'Yves Bancelin a été diagnostiquée à l'âge de 19 ans lors d'une cure de désintoxication. "Viré du bahut après avoir explosé une voiture dans le mur", il est hospitalisé pendant un mois, passe le bac et "vadrouille pas mal" après avoir grandi en Auvergne.
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D'anciens malades en renfort en psychiatrie: un programme qui fait débat

Embaucher d'anciens malades pour accompagner les usagers au sein des équipes de santé mentale: l'idée pouvait paraître séduisante, mais elle a soulevé un tollé chez les syndicats qui réclament l'arrêt de l'expérimentation.
Ce programme "Médiateurs de santé/pairs", inspiré de projets mis en oeuvre au Québec, en Ecosse, aux Etats-Unis et en Angleterre, a été lancé en janvier dans trois régions: Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Nord/Pas-de-Calais.
Conduit par le centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé (CCOMS) de Lille, il consiste à former 30 personnes disposant "d'un savoir issu de leur expérience personnelle" des troubles psychiques, et à les intégrer en parallèle dans des équipes soignantes pour une durée de deux ans.
Les médiateurs "sont rémunérés sur la base d'un temps plein en tant qu'adjoints administratifs 2e classe - 6e échelon, soit 1.272,73 euros nets par mois", selon la note de synthèse du CCOMS.
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Il était une fois... Zelig, de Woody Allen

Par  (Studio Ciné Live), publié le 30/03/2012 à 14:40
  • Il était une fois... Zelig, de Woody AllenImprimer
Woody Allen aux côtés de Calvin Cooldige et Herbert Hoover pour Zelig
Prod DB © Orion - Warner Bros / DR

Avec ce faux documentaire sur un homme caméléon capable de toutes les transformations, Woody Allen signe l'un de ses films les plus personnels. Où il sera question de Moby Dick, de Mia Farrow, de jazz, d'Hitler et de... psychanalyse. 
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