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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 6 mai 2020

Troubles psychiques : des ateliers à distance pour réduire l'isolement social pendant le confinement

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Marianne Reynaud, Romain Tabone et Floriane Todoroff, respectivement éducatrice spécialisée, psychologue et chargée de communication, travaillent dans un Centre ressource de réhabilitation psychosociale, une structure accueillant des personnes atteintes de troubles psychiques. Durant le confinement, ils proposent des ateliers d’écriture et de création pour maintenir un lien, même à distance. Marianne nous en dit un peu plus. Interview #POSIPITCH. 

Pouvez-vous nous présenter votre projet ?

Depuis le début du confinement, nous proposons chaque semaine des thématiques d’écriture et de création. L’idée : mettre à disposition des personnes concernées, proches et professionnels de la santé mentale, un espace pour témoigner, inventer et partager leurs réalisations. Nous l’avons appelé CONFiture Maison.
Nous proposons les thèmes le lundi à 14h via notre site internet et nous invitons les participants à écrire tous ensemble l’après-midi, donc dans la même temporalité, ce qui fait que nous sommes liés par un fil collectif invisible mais bien présent ! Nous attendons les textes pour la fin de journée.
Le reste de la semaine, nous invitons les personnes à déplier les mêmes thématiques autour d’une création libre et d’utiliser ce qu’elles ont sous la main (peinture, dessin, origami, gâteau, photo, chanson, etc.)

Chaque thème proposé forme un cadre dans lequel (ou hors duquel, si les participants choisissent de le transgresser) chacun s’exprime. Ici, on ne cherche pas l’efficacité littéraire ni la performance esthétique. Chacun a le droit d’exprimer ce qu’il veut, de la façon dont il le veut.

Ne jetons pas les besoins des bébés avec l’eau du bain


La crèche de l'hôpital Saint-Louis, à Paris, en 2018.
La crèche de l'hôpital Saint-Louis, à Paris, en 2018. Photo Thomas Samson. AFP

Des professionnels de la petite enfance recommandent le port d’un masque transparent dans les crèches et le maintien de la période d’«adaptation» avec les parents.

Tribune. Les propositions gouvernementales concernant l’accueil des tout-petits en crèche, dans le cadre de la pandémie de Covid-19, répondent à une urgence sanitaire et sont des préconisations de bon sens. Pourtant, nous sommes plusieurs professionnels de la petite enfance à avoir été interpellés, en particulier en ce qui concerne deux points : la systématisation du port du masque par le personnel de la crèche, et l’impossibilité pour les parents d’accompagner leur bébé dans sa section. Les inquiétudes autour de la transmission vers, ou par les bébés ne doivent pas nous faire perdre de vue l’importance de ce temps précoce de leur développement. Une réflexion devrait être menée par les professionnels de la petite enfance, structure par structure, pour trouver et créer des dispositifs permettant que les mesures mises en place ne deviennent pas préjudiciables à la construction psychologique de ces enfants.

La leçon des grands romans d’épidémie, par Orhan Pamuk

Par Orhan Pamuk, écrivain, Prix Nobel de littérature — 

Dans les rues de Hong Kong en 1894, les morts de la peste bubonique gisent au sol.
Dans les rues de Hong Kong en 1894, les morts de la peste bubonique gisent au sol. Illustrations Getty Images

Le romancier turc travaille depuis quatre ans sur un livre sur la peste noire qui ravagea l’Asie au début du XXe siècle. Déni, peur, rumeurs, les réactions sont identiques à celles d’aujourd’hui, humaines et universelles.

De tout temps, les peuples ont répondu aux crises sanitaires en propageant des rumeurs et de fausses informations. Que ce soit au XVIIe ou au XXIe siècle, la maladie est invariablement dépeinte comme un mal «étranger» infligé à la société depuis l’extérieur.
Istanbul. Cela fait maintenant quatre ans que je me consacre à l’écriture d’un roman historique dont l’action se déroule en 1901, pendant ce que l’on a coutume d’appeler la «troisième pandémie de peste», une épidémie de peste noire qui a fait des millions de morts en Asie, mais relativement peu en Europe. Or voici que depuis deux mois, mes amis, ma famille, mais aussi des éditeurs et des journalistes, toutes celles et ceux qui connaissent le sujet de mon ­nouveau livre, les Nuits de la peste, me pressent de questions sur les pandémies.
Ils me demandent avidement s’il y a des ressemblances entre l’actuelle pandémie de coronavirus et les grandes épidémies historiques de peste et de choléra. Et je leur réponds que les ressemblances sont légion. Dans l’histoire humaine et littéraire, ce ne sont pas uniquement les bactéries et les virus qui sont communs aux pandémies, mais bien le fait que nos réponses initiales ont toujours été les mêmes.
Et la réplique première face à l’apparition d’une nouvelle pandémie a invariablement été le déni. Qu’ils soient nationaux ou locaux, les gouvernements ont toujours tardé à réagir, déguisant les faits et manipulant les chiffres à leur guise, afin de nier autant que possible l’existence de la crise naissante.

mardi 5 mai 2020

"Tout est exacerbé" : comment les psys et leurs patients surmontent la crise sanitaire

LCI

Antoine Rondel  4 mai 2020

DISTANCIATION - Comment poursuivre les consultations en psychothérapie en cette période de confinement ? Malgré l'isolement et l'obligation de passer par le téléphone, des patients et des professionnels de la santé mentale ont su retrouver le fil de leurs séances. Et parfois réussi à y trouver leur compte. Enquête.


Soigner les corps sans oublier les âmes. En temps de crise sanitaire, on a vite fait d'oublier qu'au-delà de ses besoins primaires, l'être humain est aussi un animal social. Pourtant, "au-delà de la vie du corps, réduit à son fonctionnement biologique, il y a une vie faite de paroles, de rencontres, d'échanges",  éclaire Luca Torrani. Raison pour laquelle ce psychologue, qui intervient en Espace solidarité et d'insertion, une structure qui accompagne des femmes en situation de grande précarité, enceintes ou mères d'enfants mineurs, continue d'assurer ses consultations en psychothérapie auprès de ses patientes. "Dans un temps de crise, tous envahis par l'angoisse de la maladie, de la mort, nous risquons de vouloir réduire le monde à des catégories de 'purs' ou d''impurs'", selon qu'on soit contaminé par le Covid-19 ou non. Une gageure pour les patients comme leur thérapeute, qui ont dû s'adapter pour préserver le maintien de ces séances.

La thérapie sans face-à-face, une frustration à dépasser


C'est que le traitement de la santé mentale n'est plus un sujet mineur, notamment en ces temps de pandémie. L'Inserm a ainsi lancé un questionnaire en ligne évaluant le bien-être des personnes dès la première semaine du confinement. A l'heure du confinement et de la distanciation sociale, quel rôle pourraient alors remplir la psychothérapie ou la psychanalyse ? Un rendez-vous au téléphone ou par visio-conférence aurait-il le même impact chez les patients que les traditionnels entretiens en présentiel, sur le divan ou le fauteuil du cabinet ? 
Après une courte période d'expectative, Pierre a rapidement compris que la poursuite du travail serait pourtant indispensable. "Après les annonces de Macron, le 16 mars, j'ai été pris de crises de panique et j'ai pris rendez-vous pour le lendemain", nous raconte ce trentenaire. Marie a attendu un peu plus longtemps. "Spontanément, j'ai dit à ma thérapeute que ça allait, que je préférais laisser ma place à ceux qui en avaient besoin". Mais cette quadragénaire toulousaine, à la vie sociale particulièrement remplie, a été rattrapée par la dureté du confinement : "Je partais en live. [...] Au lieu de sortir, je me suis mise à beaucoup penser, et ce n'était pas bon pour moi". Illana aussi pensait qu'elle pouvait s'en passer. La nature de sa thérapie, une conversation où elle a "la parole les deux tiers du temps", rendait "capitale" la présence de sa thérapeute. Mais la difficulté à être en permanence avec son fils et son mari l'ont amenée à reprendre le fil, "un peu frustrée", mais pouvant compter sur la "relation assez construite" qu'elle a avec sa psy, qu'elle fréquente depuis deux ans. 

"Le travail psychologique ne s'arrête pas"


La frustration, c'est aussi ce que ressent Hélène Romano, psychologue spécialiste des blessés psychiques, face à la visio-conférence. Une séance en face-à-face, dit-elle, "permet de s'adapter à l'intensité du regard, de réagir à une gestuelle". Une difficulté qui se fait d'autant plus ressentir avec ses patients les plus jeunes, des enfants de parfois 4 ou 5 ans : "Avec eux, c'est quasiment impossible : ils sont dans l'interaction, ils jouent, c'est difficile de capter leur ressenti de cette façon". "La visio-conférence dans le travail psychologique est un apprentissage. Si nous, thérapeutes, nous ne sommes pas à l'aise avec cet outil, les patients vont le ressentir. 
"Au début, certains de mes patients étaient gênés, mais ils ont vite trouvé leurs marques", résume la psychothérapeute Meriem Salmi qui, pour recevoir des sportifs disséminés aux quatre coins du monde, pratique la visio-conférence depuis des années. "Pour moi ce travail suit une logique mathématique. Lorsqu'un problème m’est posé, nous cherchons ensemble des solutions, des stratégies. Les problèmes posés sont souvent complexes. Il nous faut donc accepter que cela soit parfois long et difficile". Luca Torrani, lui, a préféré suspendre les séances dans son cabinet. "Sans face-à-face, ça manque d'intérêt. Mais mes patients vont continuer à faire des lapsus, à rêver. Le travail psychologique ne s'arrête pas."

« On voit revenir les tableaux Excel » : à l'hôpital, des médecins inquiets du retour des « vieilles habitudes »


PAR 
MARTIN DUMAS PRIMBAULT - 

PUBLIÉ LE 05/05/2020

Crédit photo : CIH
Alors que l'épidémie de coronavirus entame une lente décrue et que la France se prépare au déconfinement, pour les personnels hospitaliers l'heure est au bilan. À l'occasion d'une visioconférence de presse ce mardi 5 mai, le collectif inter-hôpitaux (CIH) a commencé à tirer les leçons de la crise.
En offrant des moyens considérables aux soignants tout en recentrant la gouvernance autour d'eux, l'organisation hospitalière née de l'urgence d'agir face au virus pourrait avoir donné raison au collectif, mobilisé depuis plusieurs mois avant l'irruption du Covid-19. « On est passé de l'activité au soin », résume avec satisfaction le Dr Olivier Milleron, cardiologue à l'hôpital Bichat (AP-HP).
« Nous avons connu le meilleur comme le pire », témoigne le Dr Hélène Gros, infectiologue à l'hôpital Robert Ballanger (AP-HP). Passée une période « d'impuissance » pendant laquelle les journées des soignants étaient rythmées par « les doctrines de l'agence régionale de santé » qui balayaient « toute tentative d'organisation interne », son établissement a pu faire face au virus grâce à la mobilisation des personnels. « Jamais je n'avais vu une telle solidarité du corps soignant », raconte la praticienne. À tous les étages, « les bonnes volontés redoublaient d'ingéniosité et de dévouement » pour soutenir les services les plus en tension et gérer au mieux « l'afflux massif et brutal » de patients.
Mais ce qui a le plus étonné le Dr Hélène Gros, c'est le changement de ton des rapports entre les médecins et leur direction. « Jamais je n'ai entendu le mot impossible lors de nos réunions, toutes nos propositions étaient prises en considération », se souvient-elle. Le renforcement des équipes paramédicales, la présence de cadres partout où il en manquait, le financement de lignes de gardes supplémentaires et même l'achat de tablettes numériques pour les patients isolés… « Nous obtenions tout ce que nous demandions ». Lors des réunions avec la direction, « nous parlions des malades et jamais il n'était question de finances, d'activité ou de codage », rapporte encore la praticienne.

Coronavirus : « Je suis inquiet de la persistance d’un stress chronique chez les enfants »

Pour le pédopsychiatre Richard Delorme, les enfants sont les grands oubliés de la crise sanitaire causée par le Covid-19. Leur santé, selon lui, n’a pas été suffisamment prise en compte.
Propos recueillis par  Publié le 5 mai 2020
Le pédopsychiatre Richard Delorme dans une salle d'IRM à l'hôpital Robert-Debré, à Paris, en juin 2018.
Le pédopsychiatre Richard Delorme dans une salle d'IRM à l'hôpital Robert-Debré, à Paris, en juin 2018. Ed Alcock/M.Y.O.P. pour "Le Monde"
Le professeur Richard Delorme, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Robert-Debré (AP-HP) et coordonnateur du Centre d’excellence pour les troubles du neuro-développement (InovAND), s’inquiète des conséquences de la crise sanitaire actuelle sur la santé mentale des enfants. Entretien.

Voilà sept semaines que les Français sont confinés. Quelles conséquences avez-vous observées chez les enfants ?

Les quinze premiers jours, il y a eu une sidération dans la population, et dans notre service comme dans tous ceux qui ne prenaient pas en charge de malades du Covid-19, l’activité s’est effondrée. Plus de 90 % de nos patients ne venaient plus, et les contacts étaient surtout téléphoniques. Certaines familles nous ont décrit des enfants plutôt heureux de moins subir la pression du quotidien. Bien des parents ont cependant fait face à des situations difficiles, en particulier ceux ayant un enfant avec handicap sévère. Ils nous appelaient, mais étaient terrorisés à l’idée de venir à l’hôpital et d’être infectés par le coronavirus. Au début du confinement, les urgences de Robert-Debré sont passées de 300-400 passages quotidiens à 70 , avec tout de même des urgences de pédopsychiatrie : agitation, tentatives de suicide et maltraitances.
Depuis deux semaines, l’activité a repris, nous voyons des patients avec des troubles anxieux, alimentaires ou dépressifs, voire des automutilations. Dans beaucoup de cas, ces symptômes surviennent chez des enfants et adolescents sans antécédents psychiatriques. Dans la situation actuelle, le risque suicidaire chez les jeunes n’est pas négligeable.

Byung-Chul Han et le retour de l’ennemi

Le philosophe allemand Byung-Chul Han, qui avait annoncé l’avènement d’une société transparente et sans véritable adversaire extérieur, reconnaît que le Covid-19 marque au contraire le retour de la guerre et de l’ennemi, sous la forme d’une négativité intérieure à chacun. Il pointe également le risque que la société ne devienne un espace de quarantaine généralisé où le télétravail deviendrait l’équivalent libéral du “camp de travail” des sociétés totalitaires. Une thèse provocante ? Oui, mais qui mérite d’être discutée.

La panique suscitée par l’épidémie de Covid-19 est excessive. Comment l’expliquer ? Pourquoi le monde réagit-il de manière aussi angoissée face à un virus ? Tout le monde parle de “guerre” et d’“ennemi invisible” qu’il nous faudrait vaincre. Avons-nous affaire à un retour de l’« ennemi » ? La grippe espagnole a surgi au cours de la Première Guerre mondiale. Chacun était alors encerclé par l’ennemi. Personne n’aurait pensé à faire de l’épidémie une question de guerre et d’ennemi. Nous vivons cependant, de nos jours, dans une société bien différente.

“La société organisée sur un modèle immunologique est marquée par les frontières. La mondialisation a déconstruit ces barrières immunitaires pour laisser la voie libre au capital”

Byung-Chul Han

Nous avons, à vrai dire, vécu pendant très longtemps sans ennemi. La guerre froide est terminée depuis trois décennies. Jusqu’à récemment, le terrorisme islamique était relégué au loin. Il y a dix ans exactement, je soutenais dans mon essai La Société de la fatigue la thèse que le paradigme immunologique, qui repose sur la négativité de l’ennemi, n’était plus pertinent pour parler des sociétés dans lesquelles nous vivions. La société organisée sur un modèle immunologique, comme du temps de la guerre froide, est marquée par les frontières, les clôtures – lesquelles entravent la circulation des marchandises et du capital. La mondialisation a déconstruit ces barrières immunitaires pour laisser la voie libre au capital.

Joan Tronto : "Organiser la vie autour du soin plutôt que du travail dans l'économie changerait tout"

05/05/2020

Coronavirus, une conversation mondiale |Depuis les États-Unis, Joan Tronto, professeure de science politique et féministe américaine, pose frontalement la question : quel autre choix avons-nous que de faire face à la crise du soin en cours ? Elle esquisse ici plusieurs pistes pour y répondre politiquement, économiquement et moralement.
Sortir le chien d'une personne dépendante, c'est aussi cela les tâches du care.
Sortir le chien d'une personne dépendante, c'est aussi cela les tâches du care. Crédits : Boston Globe Getty
Face à la pandémie de coronavirus, Le Temps du Débat avait prévu une série d’émissions spéciales « Coronavirus : une conversation mondiale » pour réfléchir aux enjeux de cette épidémie, en convoquant les savoirs et les créations des intellectuels, artistes et écrivains du monde entier. Cette série a dû prendre fin malheureusement après le premier épisode : « Qu'est-ce-que nous fait l'enfermement ? »
Nous avons donc décidé de continuer cette conversation mondiale en ligne en vous proposant chaque jour sur le site de France Culture le regard inédit d’un intellectuel étranger sur la crise que nous traversons.
Depuis le 24 avril, Le temps du débat est de retour à l'antenne, mais la conversation se poursuit, aussi, ici.
Aujourd'hui, Joan Tronto, politiste féministe américaine spécialiste de l'éthique du care, analyse le manque structurel de ressources et de reconnaissance sociale des travailleurs du soin et propose une reconsidération morale et économique des tâches du care
Parfois, les crises permettent d’affiner notre vision du monde. Bien que de nombreux dirigeants aient virilisé la qualification de la pandémie de Covid-19 en la comparant à l’image de la « guerre », cette pandémie est, en fait, l’expression d'une explosion de la crise des soins qui se poursuit, s'approfondit et se perpétue dans le monde moderne. 

Décisions en situation d'incertitude, peur et catastrophes

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par Olivier Chanel , Graciela Chichilnisky et Aurore Basiuk
Mis à jour le 29.04.2020

Cet article est issu de la revue Dialogues économiques éditée par AMSE.
Si le Covid-19 a déclenché une situation catastrophique, c’est en partie à cause de choix pris en amont de la pandémie. Qu’ils soient bons ou non, ces choix ont été pris : comment les catastrophes influencent-elles la prise de décision en situation d’incertitude ? Si des théories décrivent très bien nos choix quand on a toutes les cartes en mains, elles sont moins pertinentes devant des situations exceptionnelles comme les catastrophes, dont les conséquences sont désastreuses mais le risque de survenir extrêmement faible.  
Tous les jours nous faisons des choix. Certains sont simples, comme celui de lire un article de vulgarisation, d’autres sont incertains, comme parier sur l’évolution des marchés financiers, et certains sont difficiles d’un point de vue éthique comme ceux des médecins en Italie par exemple, parfois contraints de choisir quels patients sauver à cause de la saturation des services de réanimation1. Comment choisissons-nous en situation d’incertitude ? Cette question est étudiée en économie depuis des siècles, et formalisée depuis les années quarante.
En 1944, John von Neumann et Oskar Morgenstern proposent la théorie de l’utilité espérée. Sans cesse amendée depuis, cette théorie fait néanmoins toujours référence dans le domaine de la décision en incertitude2. D’après elle, face à un choix, nous étudions les différentes possibilités, ainsi que le niveau de bien-être (appelé utilité en économie) et les probabilités qui leurs sont associées. Nous choisissons alors l’option qui a le plus de chance de maximiser notre bien-être (en économie, les individus sont vus comme des êtres rationnels cherchant toujours à maximiser l’utilité sous diverses contraintes, de temps ou d’argent par exemple). 
Dessin de virus

De drôles de masques pour se protéger du virus

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19/04/2020



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Coronavirus : une Toulousaine planche sur un masque transparent pour aider les sourds

Par Julie Rimbert Le 3 mai 2020

Atteinte d’une surdité moyenne bilatérale, Anissa a récolté près de 14 000 euros pour mener à bien son projet de masque permettant de voir la bouche de son porteur.

 Destiné prioritairement aux proches des sourds et malentendants, le masque transparent d’Anissa pourrait aussi séduire un public plus large qui souhaite garder de la convivialité dans ses échanges.
Destiné prioritairement aux proches des sourds et malentendants, le masque transparent d’Anissa pourrait aussi séduire un public plus large qui souhaite garder de la convivialité dans ses échanges. AFP/Lionel Bonaventure

Alors que le port du masque se généralise en France, Anissa, une Toulousaine âgée de 30 ans, planche depuis le 24 mars sur le « masque inclusif », doté d'une partie transparente pour voir la bouche de celui qui le porte. Après avoir consulté les préconisations de l'Afnor, elle crée un premier prototype de ce masque transparent.

Atteinte d'une surdité moyenne bilatérale, cette créatrice de maroquinerie indépendante a été confrontée à la difficile communication avec une personne masquée, quand on ne peut plus lire sur ses lèvres.
« J'étais à la pharmacie début avril et je ne pouvais pas comprendre les employés qui portaient un masque, raconte-t-elle, encore sonnée par cette mauvaise expérience. Ils ont fait l'effort de parler fort… Comme j'avais déjà vu des masques transparents aux Etats-Unis il y a quelques années, je me suis dit qu'il y avait vraiment un besoin pour faciliter la vie des personnes sourdes et malentendantes en France ».

Coronavirus : pour les sourds, des masques transparents pour lire sur les lèvres, une fausse bonne idée ?

France 3 Pays de la Loire : programme TV France 3 Pays de la Loire ...
Par Sandrine Gadet et Murielle Dreux  Publié le 23/04/2020

Comme moi, vous les avez sûrement vu passer sur les réseaux sociaux, ce type de post facebook qui présente un masque transparent adapté à la lecture labiale, la lecture sur les lèvres.

Pour ma part, j'en ai reçu une bonne dizaine.
Pas étonnant.
J’ai crée il y a 3 ans, [Tout-Info/Tout en Signes], une émission d’informations traduites en langue des signes, pour permettre aux sourds d’accéder à l’information régionale du réseau France 3.

Pour élaborer cette émission, je travaille en étroite collaboration avec Sophie Hougard, elle est sourde. Nous discutons et adaptons les reportages en langue des signes, c’est notre langue commune.

Ma langue des signes est assez basique, correcte et suffisante pour me faire comprendre et échanger avec Sophie, pour que nous traduisions ensemble les reportages, afin qu’elle les présente et les signe à l’antenne.

Parfois, quand je ne comprends pas un signe ou une expression sourde, Sophie prononce lentement en français le mot ou l’expression, afin que je lise sur ses lèvres.
J’ai alors, comme elle, l’image sans le son.

L’inverse est valable. Il m’arrive aussi de recourir à l’oralisation (je parle alors très doucement en détachant bien les syllabes, afin qu’elle me comprenne). Quand cela ne suffit pas nous passons par l’écrit.

Pour Sophie, comme pour moi, cette manière d’échanger n’est qu’un outil, un pis-aller. Elle demande surtout beaucoup d’effort de part et d’autre. Le français est une langue formidable, mais piégeuse, composée de diphtongues, et de faux-amis !

Faites l’essai. Prononcez, mais sans le son, ne serait-ce que le mot pain !…quoi ? qu’avez-vous dit ? Main ? Bain ? ah… Pain !

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