par Gurvan Kristanadjaja publié le 27 novembre 2021
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C’est un lopin de terre où la misère prend aux tripes. Depuis maintenant deux mois, les consommateurs de crack de la capitale ont investi le square Forceval, à l’extrême bordure du XIXe arrondissement. C’est à deux pas d’ici, entre Porte de la Villette et Pantin, commune de Seine-Saint-Denis limitrophe, qu’un mur en briques a été érigé fin septembre pour empêcher les usagers de ce dérivé de cocaïne de traîner du côté des immeubles. L’endroit, plus éloigné des habitations, a été choisi après les plaintes répétées de riverains un peu plus haut sur l’avenue. Un sparadrap sur une plaie béante : sur les trottoirs, on croise les mêmes silhouettes abîmées qui répètent en boucle : «Aidez-moi.» Ces moments d’errance, en pleine descente, sont les seuls où ils se mélangent à la population. Le reste du temps, ils errent toute la journée dans cet ancien «parc familial» avec vue sur la bretelle du périphérique et sur lequel quelques machines de musculation ont été installées par la mairie. Elles ne servent plus à rien, si ce n’est à s’asseoir pour consommer sa dose, seul ou en groupe. Toute forme de vie disparaît peu à peu : l’herbe autrefois verdoyante laisse place à une terre dure et froide.