blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 1 février 2015

J'ai réussi là où le paranoïaque échoue Théorie et transfert(s) Chawki AZOURI




Cliquez pour voir l'image dans sa taille originale

Préface de Élisabeth Roudinesco

« Partant d’une lettre de 1910 adressée par Sigmund Freud à Sándor Ferenczi à propos de son rapport transférentiel à Wilhelm Fliess, Chawki Azouri met celle-ci en relation avec l’élaboration à la même date du cas de Daniel Paul Schreber. Il se demande pourquoi Freud a privilégié la question de l’homosexualité dans la genèse de la folie du juriste plutôt que d’en trouver la cause principale, comme le fera Jacques Lacan, dans les effrayantes théories éducatives du père de celui-ci. Et il en déduit que cette affaire était au cœur d’une relation conflictuelle entre Jung, Jones et Ferenczi à propos de la fin de l’analyse.


Écoute, ô bébé, la voix de ta mère La pulsion invocante




Cliquez pour voir l'image dans sa taille originale

Que se passe-t-il dans les premiers moments où la voix de la mère et celle du bébé forment un duo, où l’appel de l'un à l'autre est prosodiquement musical ? Cette question intéresse des musiciens, des psychanalystes et des chercheurs engagés dans l’étude de la voix.

La voix nous habite et en même temps nous dénature, au sens où elle nous amène de la nature à la culture, de l'animalité à l'humanité. Sa clinique concerne tout être parlant mais plus particulièrement ceux qui n'ont pas accès à la parole comme les bébés et les autistes.


Psychanalyse et travail social, un certain cousinagePréface de Joseph Rouzel Les travailleurs sociaux sont largement mobilisés pour faire vivre des dispositifs complexes d’aides sociales devant lesquels ils sont souvent désemparés, sans pouvoir se représenter la place qu’ils y occupent. Souvent aveuglés par les images que la société leur renvoie d’eux-mêmes, ils mesurent mal leur efficacité. Leur désarroi n’est pas accidentel et ne révèle aucune défaillance chronique dans le savoir-faire. Ils savent – mais souvent à leur insu – qu’ils sont porteurs d’une angoisse historique que la Cité ne peut prendre en compte. Alors qu’ils sont au cœur du monde, et avant même d’y proposer des solutions, ils pressentent un exil. Cette extra-territorialité, les travailleurs sociaux la partagent avec les psychanalystes.




Cliquez pour voir l'image dans sa taille originale

Préface de Joseph Rouzel

Les travailleurs sociaux sont largement mobilisés pour faire vivre des dispositifs complexes d’aides sociales devant lesquels ils sont souvent désemparés, sans pouvoir se représenter la place qu’ils y occupent. Souvent aveuglés par les images que la société leur renvoie d’eux-mêmes, ils mesurent mal leur efficacité.

Leur désarroi n’est pas accidentel et ne révèle aucune défaillance chronique dans le savoir-faire. Ils savent – mais souvent à leur insu – qu’ils sont porteurs d’une angoisse historique que la Cité ne peut prendre en compte. Alors qu’ils sont au cœur du monde, et avant même d’y proposer des solutions, ils pressentent un exil. Cette extra-territorialité, les travailleurs sociaux la partagent avec les psychanalystes.


Folies du désir Numéro 25 - Revue semestrielle




Cliquez pour voir l'image dans sa taille originale
On n’a pas attendu Freud pour s’interroger sur les paradoxes que montre le désir humain, voire ses impasses insurmontables. Mais Freud, le premier, en a révélé la cause au moment même où il découvrait la force indestructible d’un désir inconscient qui taraude le sujet à son insu et bien souvent à contre-courant de ce qu’il semble vouloir. Le désir surgit de la perte irréductible de l’objet qui le cause dans un mouvement de retrouvailles désormais aussi impossible qu’infini, car gouverné par le fantasme. D’où cette recherche incessante qui affole le sujet sitôt qu’il croit approcher de son objet, au point de préférer s’empêtrer dans des stratégies d’évitement, à l’exemple de l’insatisfaction hystérique ou de l’annulation obsessionnelle.



Fethi Benslama À propos du roman Soumission de Michel Houellbecq : "On ne peut mieux faire pour en appeler à l’avènement du pire" (L’Obs, 8 janvier 2015)

Dans L’Obs du 8 janvier 2015, Fethi Benslama, auteur notamment de Déclaration d’insoumission : A l’usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas (Flammarion) et plus récemment de La Guerre des subjectivités en islam (Lignes) est invité à donner son interprétation du roman Insoumission de Michel Houellbecq. Reconnaissant la qualité de symptôme de cette "morne littérature", il note : "On ne peut mieux faire pour en appeler à l’avènement du pire".
Nouvel Observateur du 8/1/15
Entretien avec FETHI BENSLAMA
« Houellebecq est un morne jihadiste »
Psychanalyste, Fethi Benslama est professeur de psychopathologie à l’université Paris VII-Diderot, où il dirige l’UFR d’Études psychanalytiques. Auteur de nombreux essais remarqués, dont « La Psychanalyse à l’épreuve de l’islam » (Flammarion, 2002), il a récemment publié « La Guerre des subjectivités en islam » (Lignes, 2014).
Avec « Soumission », Michel Houellebecq s’attaque aux grands fantasmes qui travaillent la conscience occidentale et met en scène l’accès au pouvoir d’un parti musulman en France. Faut-il voir ce scénario comme une nouvelle provocation du romancier ?
FETHI BENSLAMA L’islam étant devenu, à cause de l’islamisme, la serpillère avec laquelle les détraqués et les pauvres types de tous pays essuient leurs débordements fantasmatiques et leurs passages à l’acte mortifères, Houellebecq s’en saisit à son tour, à sa manière. C’est un livre qui va assurément faire du bruit et qu’on peut voir comme une provocation, mais c’est sans intérêt de le considérer ainsi et de s’installer dans une énième dénonciation. A mon sens, il faut prendre ce livre comme le roman d’un symptôme de l’époque. La littérature est suffisamment « irresponsable », disait Georges Bataille, pour accueillir l’expression de toutes les folies. Cette suspension du jugement moral est d’ailleurs un ressort fondamental de la psychanalyse.
Quel est ce symptôme ?
F. BENSLAMA Il est celui de la soumission qui donne le titre à l’ouvrage, et le passage à une soumission plus radicale encore, à savoir la soumission à l’islam. Car cette conversion imaginaire des élites et du régime politique à l’islam ne serait que le terme d’un asservissement préalable à l’ordre ultra libéral de l’occident, ce mélange entre capitalisme déchainé, consumérisme et techno-scientisme, dont Houellebecq s’est fait le dénonciateur ambigu dans ses romans. La soumission à l’islam n’est finalement que la soumission ultime de ceux qui sont déjà soumis, résignés et avachis. Il en fait une fiction qui comporte tous les ingrédients que l’on connaît de « la morne littérature » qu’il produit, à laquelle il ajoute une extension islamiste. « Morne » est un mot qui revient souvent sous sa plume. C’est son style, c’est-à-dire l’homme lui-même, et le but de son adresse : la représentation d’un monde occidental crépusculaire, décadent, déliquescent, voué au désastre.

Qu'est-ce que la psychanalyse bionienne ?

Science & santé 30.01.2015

La psychanalyse avec Wilfred R. Bion

L'écriture des psychanalystes français qui publient étant déjà difficile d'accès, où trouver le temps d’accéder en plus à un autre vocabulaire, celui d’une pensée psychanalytique anglo-saxonne? Et puis surtout, pour quoi faire? Dans Lacan il y a déjà tant… tant et presque tout, non?
Non.
L’homme crée à partir du manque, la psychanalyse nous l’enseigne avec beaucoup de gravité. Alors laissez votre Lacan, ou laissez votre maître, quel qu’il soit, prenez ensuite un livre qui vous parlera d'un autre courant, par exemple le courant bionien avec le livre de François Lévy.

Voyez l'effet produit.
«Bion n'a jamais rien ‘prescrit’ en matière de formation -sinon une «dé-formation» qui offre des possibilités de retrouver ses propres mouvements de pensée»

Alain Mercuel, un psychiatre pas tout seul face à la rue

Clermont-Ferrand


« On reconstruit ensemble ».? - Photo Rémi dugne
« On reconstruit ensemble ».? - Photo Rémi Dugne
Le Dr Alain Mercuel, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, parle d’une voix posée d’un sujet qu’il connaît sur le bout des doigts : la « souffrance psychique des sans-abri ».
La population d'Ile-de-France sans toit, fréquentant les services d'aide, était estimée à 21.176 personnes, d'après l'enquête Samenta (Santé mentale et addictions) de 2010. Un tiers de cette population souffrait de troubles psychiatriques sévères. Expert d'un sujet qu'il affronte chaque jour depuis des années en tant que chef du service Santé mentale et exclusion sociale et directeur d'une Équipe mobile psychiatrie-précarité, le Dr Alain Mercuel était, jeudi matin, l'un des invités de l'Itsra (Institut du travail social de la région Auvergne), à Clermont-Ferrand. 

Régis Pierret, sociologue, directeur scientifique du pôle ressources-recherche, responsable du laboratoire interdisciplinaire, l'a accueilli dans le cadre d'une journée d'étude régionale sur la précarité. « Faire attention à ne pas généraliser » fut le fil conducteur du propos du médecin. Quelques chiffres.Les moyens affectés en France à la psychiatrie sont de 144 soignants (équivalents temps plein) pour 100.000 habitants. Les personnes à la rue sont environ 300.000 en France (soit le nombre d'habitants de l'agglomération clermontoise au sens strict). 
Prendre soin. « La rue est un lieu ouvert 24 heures sur 24.





samedi 31 janvier 2015

Le Vinatier : la CGT veut la réouverture d’unités

Par Christelle Monteagudo et Thomas Coudert
 30/01/2015

Jean-Pierre Le Coultre, secrétaire départemental adjoint de la CGT, est l’invité de L’Autre Direct, ce vendredi 30 janvier. Ce mercredi, un infirmier a été blessé par un patient à l’hôpital du Vinatier. En 2002, c’est dans cette même unité qu’un autre infirmier avait perdu la vie. Le syndicat réclame davantage de moyens.

Hôpital Vinatier ()
©streetviewing


Miguel Benasayag Clinique du mal-être. La «psy» face aux nouvelles souffrances psychiques

MAISON DE L'AMERIQUE LATINE

VENDREDI 13 FÉVRIER

02-13 M Benasayag 2
À 19H00

SCIENCES HUMAINES

Rencontre à l’occasion de la parution du nouveau livre de Miguel Benasayag Clinique du mal-être. La «psy» face aux nouvelles souffrances psychiques (La Découverte), rencontre avec l’auteur, François Gèze, éditeur, Angélique del Rey et Jean-Michel Besnier, philosophes.

A quelles thérapies recourir pour soulager les nouvelles souffrances psychiques qui se multiplient dans les sociétés contemporaines ? Telle est la question à laquelle le psychanalyste et philosophe Miguel Benasayag tente de répondre dans cet essai nourri de sa longue expérience clinique.


Un infirmier agressé par un patient au Vinatier

Par Jérémy Jeantet 28/01/2015




Hôpital Vinatier ()
©streetviewing

Ce mercredi, aux alentours de 9h30, un infirmier du centre hospitalier du Vinatier a été gravement blessé à l'arme blanche par un patient mineur. L'incident s'est produit dans l'unité d'hospitalisation pour adolescents Hubert-Flavigny. L'infirmier, âgé d'une trentaine d'années, a été blessé de 6 coups de couteaux. Si la direction s'est dit rassurée par son état de santé, les syndicats font part de leur colère.

Rappelant un incident similaire en 2002 qui avait coûté la vie à un infirmier, la CGT du Vinatier juge "insupportable de voir les personnels des urgences psychiatriques travailler dans des conditions ignobles pour eux, mais aussi pour les patients".

Déjà avant cette agression, ils avaient tiré la sonnette d'alarme, parlant, dès mardi, d'un "danger grave et imminent" au service des urgences psychiatriques. 


vendredi 30 janvier 2015

Pourquoi certaines équipes sont-elles plus intelligentes que les autres ?

Par  le 23/01/15


Anita Wooley, spécialiste de l’étude des comportements de groupes, Thomas Malone, directeur du Centre pour l’intelligence collective du MIT et le psychologue Christopher Chabris, nous expliquent dans une tribune pour le New York Times ce qui fait la qualité d’un groupe sur un autre.
Pour cela, ils convoquent une étude de 2010 menée par Alex Pentland du MIT (cf. “Big Data : vers l’ingénierie sociale ?”) qui montrait que certaines équipes réussissaient mieux que d’autres, même si elles n’étaient pas spécialistes des sujets qu’elles devaient traiter. La qualité d’une équipe ne repose donc pas tant sur l’intelligence de chacun de ses membres que sur sa capacité à faire équipe (enfin, pour autant que la tâche à réaliser nécessite une collaboration profonde pas seulement de résoudre un problème précis : si vous demandez à un groupe de résoudre un calcul différentiel, il vaudrait mieux qu’il y a ait des mathématiciens autour de la table !).

Dans les jeux vidéo, « l’habitude est de concevoir des héros masculins »

Le Monde.fr PIXELS   
Héroïnes de jeux vidéo.

Très peu de jeux vidéo proposent un personnage principal féminin. « Life is strange », qui paraît vendredi, fait exception.

« On ne s'est jamais dit “il faut qu'on ait une fille pour notre histoire” », écarte d'emblée Michel Koch, coréalisateur de Life is strange. « On s'est demandé quel personnage conviendrait aux émotions que nous voulions transmettre et nous en sommes arrivés à celui-ci. C'est dommage qu'on en vienne à dire “oh regardez c'est un personnage féminin” ! Non, c'est un bon personnage ou c'en est un mauvais, c'est tout. »

Max, le personnage central de « Life is strange ».
Max, le personnage central de « Life is strange ». | DontNod

Téléchargeable à partir du vendredi 30 janvier sur PC et consoles Xbox et PlayStation, Life is strange raconte l'histoire de Max, une jeune étudiante américaine en photographie qui se découvre le pouvoir de rembobiner le temps. Un pouvoir qui lui permettra, au bout des cinq épisodes, de sauver la vie de Chloé, son amie d'enfance.


DÉMOGRAPHIE: L'ÉTRANGE DESTIN DE LA BOMBE "P"

SCIENCES Par Sylvestre Huet Journaliste à Libération 28 JANVIER 2015

Qu’est devenue la «bombe P»? Au milieu des années 70, racontent les démographes Yves Charbit et Maryse Gaimard dans leur livre (1), la bombe P, pour «population», faisait courir démographes, diplomates et organisations onusiennes. En 1974, à la première conférence mondiale sur la population, organisée à Bucarest, il n’y a guère de doute sur son explosion prochaine.
A l’époque, l’espèce Homo sapiens compte quatre milliards d’individus vivants, contre trois milliards en 1960, deux en 1927 et un seul en 1803. L’accélération semble non seulement fulgurante, mais surtout grosse d’une menace, pour l’essentiel vécue comme venant d’un«Tiers-monde», selon le vocabulaire de l’époque, puisque les pays industrialisés ont à l’époque effectué leur «transition démographique», offrant la perspective d’une stabilisation à long terme de leurs populations.
Si le constat est partagé, on s’affronte sur la réaction. Certains réclament des politiques de planning familial et l’usage massif de la contraception. D’autres rétorquent que le développement économique est le meilleur des contraceptifs. Les deux auteurs racontent la passionnante histoire qui suivit. Car, si nous avons dépassé le septième milliard en 2012, c’est à un rythme d’un milliard tous les treize ans, quasi identique à celui de 1974. La bombe P n’a donc pas explosé, pourraient penser certains.

Plus près de toi, mon pieu

BLOG 30 JANVIER 2015

Qu’il soit nommé «pieu» ou «épine», «gourdin» ou «asticot», «anguille» ou «nouille», le pénis met toujours les lexicographes en joie. En témoigne un livre répertoriant plusieurs centaines de citations et de mots d’esprit : «Les Mots qui font mâle», aux éditions Hoebecke. Florilège…
Dans un ouvrage tout entier consacré aux «Mots qui font mâle», Jean Feixas et Emmanuel Pierrat répertorient les manières les plus inventives de défendre son cas. Il y a ceux qui vantent la taille de leurs attributs. Certains désignent leur sexe en usant d’unités de mesures équivalentes à 25 centimètres : le chibre, par exemple, serait – à l’origine – l’équivalent d’un empan, c’est-à-dire la distance séparant l’extrémité du pouce et celle du petit doigt. Vantardise
1-CHIBRE.png
Le lexique recensé dans l’ouvrage des «Mots qui font mâle» rassemble par ordre alphabétique environ 200 mots pour désigner les organes génitaux masculins, d’aiguille à zob en passant par les plus étonnantes métaphores. «Doigt sans ongle», «merveilleuse fontaine», «tringle à frissons», «orage», «plût-à-dieu», «Salvum me fac» («Ce qui fait mon salut»)… Chaque mot est illustré de citations empruntées à des poèmes anciens ou des textes licencieux parfois Très Bien Tournés. Les verges mettent en verve et ça fait… des saillies.
La vantardise bien sûr est de mise parmi les auteurs de textes écrits à la gloire du «glaive» : nombreuses sont les métaphores conquérantes assimilant le sexe à une arme de destruction massive. «Fléau», «gourdin», «mandrin» ou «mitrailleuse»… Pour faire céder leur proie, les beaux parleurs affirment toujours posséder des «arguments» massue.
2-argument.png

Extension des domaines de nos doutes...

BLOG 30 JANVIER 2015

Craquelures
Émilien s’est affaissé, au bord du chemin, sur les cailloux d’une étroite partie dégagée dans ce maquis dense. J’ôte mon sac à dos et m’assois près de lui. Même assis, il semble tituber. On surplombe un vallon ventilé par un fort mistral d’hiver ; la tranchée naturelle remonte en se divisant plusieurs fois vers un petit col, un passage escarpé à mi-altitude au flanc de notre montagne. Nous nous apprêtions à descendre à travers le maquis pour reprendre la piste à fond de vallon vers l’aire de parking. Ce n’est pas la raideur de la descente qui a pu impressionner mon grand fils. Il n’est pas dans un état normal et en le prenant par l’épaule pour tenter de contrarier son oscillation je me demande qui pourrait déterminer ce qu’est un état normal pour un autiste atypique. Le vent a soufflé froid et fort dans la montée, mais ce n’est pas lié à cela non plus; ni la grimpette, un peu longue, soit, mais aux dimensions d’un jeune adulte de 23 ans. Il tangue, physiquement et mentalement. Je sais ce qu’il en est, et je tourne autour du pot. Comment en sommes-nous là ?


Je me serre un peu contre lui, ému et décontenancé par sa faiblesse, et j’entends les chiens. Que je percevais dans leur chasse depuis un moment, sans y prêter attention. Et puis dans une des failles en contrebas, un, deux coups de feu. Et les chiens qui s’excitent, et deux hommes que je distingue maintenant, courant vers le fond, s’interpellant et rechargeant, puis encore quatre coups de feu avec des nuages de terre soulevés par les décharges de plomb ; «Ils tirent à bout portant une bête que je n’entends même pas subir, que je ne vois même pas fuir.» Ces deux-là ne sont pas«Charlie», c’est sûr, nous sommes le 11 janvier 2015 et le vent s’est levé. Je vois maintenant plus d’une dizaine de petits chiens hystériques qui courent en tous sens et en meute grouillante sur les parties dégagées des contreforts du vallon, «ces connards-là l’ont même loupé…» Je pensais que cette face sud était épargnée, plus peuplée, plus touristique, plus habitée ; contrairement à ces grands espaces de forêt du Nord qui sont de plus en plus sous le contrôle des sociétés de chasse, dissuadant l’hiver les promeneurs, randonneurs et sportifs de toute incursion. En coupe réglée…

On s’arrêtait souvent ces derniers temps autour d’une flaque pour comprendre les diverses traces, sanglier, chevreuil. Puis accroupi, je les imaginais naïvement déambuler sur nos sentiers la nuit, et se terrer au gîte la journée, sous la protection de la végétation dense de ces combes-là, et j’essayais comme toujours de partager cela avec mon fils. Les chiens tournent toujours. «C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal», cette pensée d’Hannah Arendt croisée sur un tweet me revient, lancinante et je la répète à voix haute ; Émilien devrait rire, là, mais Émilien ne m’entend pas, ne voit plus rien, il flotte dans un cloaque neuroleptique. Car là est la cause de son hypotonie, je veux bien l’admettre maintenant, en assumer la responsabilité.
 
Je compatis avec la bête traquée et désormais blessée, je sais pourquoi, et Émilien se lève, titubant comme un vieillard usé à la recherche de son tonus oublié. Et il remonte sans mot dire, à rebrousse-chemin vers la crête que l’on venait de passer. Je m’équipe à nouveau, tout en maudissant de tous les termes qui me viennent à l’esprit l’agitation du fond du vallon et les deux branques armés. Je rejoins mon fils qui préfère affronter le mistral glaçant à nouveau et prendre le chemin le plus court pour rejoindre notre véhicule. Stoïque et déterminé. Je l’interprète ainsi et je n’ai pas envie de lutter. Et pourquoi lutter ? Je nous sais désormais acculés dans une impasse où l’on doit se retourner et affronter l’imparable. Et accepter sa sédation quand on a tout fait depuis 22 ans pour lui interdire les couloirs neuro-hantés des horizons psychiatriques…
Le ciel est d’un bleu limpide et quelques nuages fuient la colère du vent. Les chiens tournent encore, le gibier les a semés.


Jacques Testart : L'humanitude au pouvoir ; comment les citoyens peuvent décider du bien commun





« Humanitude » ? C'est ainsi que Testart dénomme l'étonnante capacité des simples citoyens à réfléchir, à délibérer et à prendre des décisions au nom de l'intérêt commun de l'humanité. Cet état transitoire se manifeste chez les personnes invitées à constituer les conventions de citoyens consultées pour proposer une solution à un problème d'intérêt général. Il s'agit là d'une réalité anthropologique désormais vérifiée dans les nombreux pays qui ont multiplié ce type de conventions. Le livre s'attache à comprendre dans quelles conditions précises une assemblée de citoyens peut produire ce résultat.

Grève du service de psychiatrie au centre pénitentiaire en Martinique

 |  PAR VICTOR LINA

Sortir du marasme dans un service de soin en prison, un souhait…

Une décision immotivée ?
Qui ? Qui a décidé, sans consulter le personnel du service, les acteurs du terrain, le transfert du SMPR (Service médico-psychologique Régional) et en même temps son saccage, (ce service rétrograde en devenant Unité Sanitaire et en perdant sa dénomination SMPR c’est-à-dire la mise en avant de sa fonction hospitalière de jour et à son lien à la psychiatrie de secteur) en le rattachant de force au CHUM (Centre Hospitalier Universitaire de la Martinique) ? 
L’ARS ? l’EPDSM ? Le CHUM ?

Un choix singulier et arbitraire
Toujours est-il que le personnel, s’y trouvant déjà, a été placé devant le fait accompli d’une mise à disposition d’office. La direction de l’ex-hôpital Colson aujourd’hui Despinoy se chargea de nous informer de cette décision, après coup, à la fin de l’année 2013.
Ce choix arbitraire (censé avoir pris effet en juillet 2014) fut arrêté sous prétexte de régler les problèmes de désertification médicale du SMPR.

L’échec d’une politique menée sans concertation et sans anticipation
Six mois après cette annonce de mise à disposition la convention entre l’établissement EPDSM Colson/Despinoy et le CHU de Martinique tarde à être signée, le personnel assiste à une dégradation des conditions de travail qui n’étaient déjà pas très acceptables. Les moyens en personnel et en matériel, qui étaient insuffisants avant ce transfert d’activité, sont réduits au niveau le plus bas en raison de départs de personnels et du non remplacement de ces derniers.

Une mission de service publique qui ne peut être remplie
Le service accuse des retards de plusieurs semaines, concernant  les entretiens d’entrée obligatoires pour les détenus récemment écroués (guide méthodologique relatif à la prise en charge des personnes en prison). Ces entretiens ayant pour objectif de repérer les idées suicidaires, les fragilités psychologiques et les nécessités de soins des patients psychotiques suivis ou non suivis.

Ce retard institutionnel dans la fonction de dépistage, faute d’un nombre satisfaisant de personnel infirmier, constitue une carence grave de l’offre de soin. Il est à déplorer que les missions premières de prévention ne soit plus menées car seules les URGENCES sont traitées (agressivités physiques et verbales, rupture de traitement, risques suicidaires…).