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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 6 mai 2014

Maurice Godelier : « L’esprit humain déborde à tout instant les limites du concret »

Le Monde.fr | 
Propos recueillis par Esther Attias
Maurice Godelier explore de nouvelles contrées. Après ses travaux sur les métamorphoses de la parenté ou sur l’héritage de Claude Levi-Strauss, l’anthropologue, spécialiste desBaruya de Papouasie - Nouvelle-Guinée, se ­penche sur les mythologies du trépas. Avec La Mort et ses au-delà, Maurice Godelier coordonne en effet une réflexion menée par quatorze spécialistes : s’agissant de la mort en Inde ou en Amazonie, il décèle des « invariants »universels, « un socle commun de représentations et de pratiques » repérable dans toutes les civilisations au-delà de leurs différences.
Pourquoi publier un ouvrage sur les différentes représentations de la mort, si loin de votre champ d’étude initial ?
Il s’agissait d’une « commande » d’amis médecins, en 2011, qui m’ont posé cette question : « Pourriez-vous nous éclairer sur les façons dont la mort est conçue et vécue dans d’autres sociétés et à d’autres époques que les nôtres ? » De plus en plus d’Européens meurent seuls dans des hôpitaux, plus souvent de maladie que de « vieillesse » ; les médecins et le personnel soignant assument désormais des fonctions qui relèvent traditionnellement des proches du mourant. C’est à partir du constat de ces transformations récentes que j’ai demandé à des collègues d’étudier les représentations de la mort dans les sociétés dont ils sont spécialistes. A partir des quatorze sociétés étudiées, j’ai dégagé des invariants.

Revaloriser la formation médicale des psychiatres

Publié le 29/04/2014

Avec une double expérience en Allemagne et au Royaume-Uni, le Professeur de médecine Cornelia Thiels rappelle l’intérêt de la formation en neurologie des futurs psychiatres, comme le propose le système universitaire allemand depuis le milieu du 19ème siècle, quand Wilhelm Griesinger insistait sur la place essentielle des considérations organiques en psychiatrie.
Certes très importante, cette place était toutefois hypertrophiée dans la conception de Griesinger, le « père de la psychiatrie biologique », puisqu’il n’hésitait pas à proclamer que « toutes les maladies mentales sont des maladies du cerveau » (Geisteskrankheiten sind Gehirnkrankheiten). Probablement excessive, cette conviction (selon laquelle toute maladie mentale résulterait d’un trouble neurologique) incite cependant à consolider la formation des psychiatres en médecine somatique, et notamment bien sûr en neurologie.

Mieux comprendre la pensée du candidat au suicide

03/05/2014

« Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ un million de personnes se suicident chaque année dans le monde » rappelle l’éditorialiste du Canadian Journal of Psychiatry, ce qui fait du suicide l’une des principales causes de mortalité (notamment chez les jeunes adultes). Dans certaines tranches d’âge, le suicide représente « la première cause de mortalité en Chine, en Suède, en Australie et en Nouvelle-Zélande ». Au Canada, on estime que plus de dix personnes se suicident chaque jour. L’épidémiologie du suicide révèle que les tentatives aboutissant réellement à la mort (suicides accomplis) sont « au moins trois fois plus fréquentes chez les hommes », comparativement aux femmes (équivalents dans l’enfance, ces taux commencent à différer dès la puberté). Et pour les deux sexes, l’apogée du nombre de suicides se situe, vers le milieu de la vie (entre 40 et 50 ans), concluant tragiquement la fameuse « crise du milieu de la vie[1]. » Si l’évolution du risque de suicide en fonction de l’âge suit globalement une courbe identique chez l’homme et chez la femme, on constate une différence, puisque les suicides vont en diminuant après 65 ans chez la femme, mais au contraire en augmentant chez l’homme, les octogénaires retrouvant un pic de mortalité par suicide identique (voire supérieur) à celui des quadragénaires. Certes, mis en perspective relativement aux diverses causes de mortalité intégrées pendant toute l’existence, le suicide semble tenir un rôle modeste : environ 2 % de tous les décès au Canada, contre 30 % pour les cancers et 32 % pour les maladies cardio-vasculaires. Mais de toutes les raisons de mourir (maladies, accidents, meurtres, conflits, catastrophes…), le suicide reste la seule cause qui pourrait être totalement évitée et la seule liée essentiellement à la volonté de l’intéressé.

Les internes appellent au respect de leur temps de travail alors que les sanctions planent

L'échéance se rapproche. Le 28 mars dernier, la Commission européenne donnait deux mois à la France pour se mettre en conformité avec la directive 2003/88/CE. Obligation lui était faite de respecter le temps de travail des internes, à savoir les 48 heures hebdomadaires maximales ainsi que les périodes minimales de repos. La législation française ne "tient pas compte de toutes les heures réellement travaillées", pointait alors la Commission. Une instructionparue fin avril sur le site des circulaires (lire ci-contre) stipule l'obligation du repos de sécurité à l'issue de chaque garde de nuit et appelle au respect des deux demi-journées de formation universitaire par semaine. Mais pour les internes, le compte n'y est toujours pas.

Les violences conjugales ont fait 146 morts en 2013

AFP


La violence conjugale, en baisse en 2013 par rapport à l’année précédente, a fait 146 morts : 121 femmes et 25 hommes, victimes de leurs compagnons ou ex-compagnons, selon une étude publiée mercredi par les ministères de l’Intérieur et des Droits des femmes. En 2012, 148 femmes et 26 hommes avaient péri, soit au total 174 victimes de la violence conjugale.

Handicap : «La prestation proposée en Belgique doit correspondre à nos exigences de qualité»

MARIE PIQUEMAL


Junior Minister in charge of Disabled People and Fight against Exclusion Segolene Neuville poses on April 9, 2014 in Paris. AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD
Depuis des années, la France sous-traite à la Belgique la prise en charge d’une partie de ses ressortissants handicapés, surtout mentaux. De l’autre côté de la frontière, s’est développé un marché juteux. Aujourd’hui près de 140 établissements accueillent exclusivement des Français. Certains d’entre eux sont des structures privées à but lucratif, n’offrant pas toujours des bonnes conditions de prises en charge. Si des établissements utilisent l’argent versé par la sécurité sociale française pour le bien être des résidents, d’autres non, comme le démontrait Libération le 25 avril dernier.

Au lendemain de la parution de l’enquête, la ministre belge Eliane Tillieux a expliqué déplorer la «marchandisation du secteur» tout en assurant être coincée juridiquement, renvoyant la France à ses responsabilités. Fraîchement nommée secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées dans le gouvernement Valls, Ségolène Neuville (photo AFP) a envoyé deux inspecteurs dans le centre les Boutons d’or, où les conditions de prises en charge constatées sont calamiteuses. Elle se rend par ailleurs en Wallonie ce mercredi, pour discuter de vive voix avec son homologue belge. Elle n’a pas accepté que nous la suivions dans ce déplacement, au nom du «devoir de réserve en veille d’élections européennes». Mais a répondu à nos questions lundi, dans son bureau au siège du ministère de la Santé.
Allez-vous visiter des centres en Belgique?
Non, ce n’est pas mon rôle. C’est celui des inspecteurs belges et depuis peu, des inspecteurs français. Je ne dis pas que je n’irai jamais dans des établissements, mais dans un premier temps, ce qui est essentiel, c’est qu’il y ait des contrôles conjoints, enfin rendus possibles depuis l’entrée en vigueur de l’accord franco-wallon (le 10 mars, ndlr).
Considérez-vous normal que des citoyens français handicapés soient forcés d’aller en Belgique, faute de solutions de prise en charge en France ?
Il n’est pas question d’éradiquer la possibilité d’aller en Belgique, cette option convient à beaucoup de Français de la région parisienne qui préfèrent que leur proche soit en Belgique que dans un établissement du sud de la France.

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lundi 5 mai 2014

Un guide européen sur les traitements de la fin de vie

05/05/2014

Le Conseil de l’Europe vient de publier un « guide sur le processus décisionnel relatif aux traitements médicaux en fin de vie », destiné à la fois aux professionnels de santé et aux familles, et qui résume en une trentaine de pages les grandes questions éthiques posées par la fin de vie. Élaboré par le Comité de Bioéthique du Conseil de l’Europe, avec l’aide de plusieurs experts dont le Pr Régis Aubry, il propose des repères pour la mise en œuvre du processus décisionnel relatif aux traitements médicaux en fin de vie, notamment dans les cas où le patient n’est plus en mesure d’exprimer un consentement éclairé. Il rappelle les grands principes éthiques et juridiques régissant cette phase de la vie, puis rassemble les références normatives et éthiques en fonction des situations rencontrées et de leurs enjeux.

La HAS lance une consultation publique sur le TDAH

05/05/2014

La Haute Autorité de santé (HAS) ouvre ce lundi 5 mai et jusqu’au 3 juin, une consultation publique sur le déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Elle soumet sur son sitewww.has-sante.fr pour commentaire une version préliminaire de ses recommandations de bonne pratique visant à améliorer la prise en charge du TDAH, en trois volets : développer le repérage d’un trouble par le médecin de premier recours, proposer un accompagnement à l’enfant et à sa famille, coordonner son suivi dans une approche multidisciplinaire.

Au Sénégal, des « mères kangourous » pour sauver les bébés prématurés

Le Monde.fr | Par 
Dans la salle aux murs crème de l'hôpital pour enfants Albert-Royer, dans le quartier de Fann, à Dakar, trois mères couvent leur nouveau-né d'à peine 2 kg. Ils reposent peau contre peau sur leur mère, bien au chaud. C'est la méthode kangourou.
"Bébé kangourou", à l'hôpital Albert-Royer de Dakar, au Sénégal, 2014.
Serrant contre elle son petit Adama, à l'intérieur d'un tee-shirt découpé pour laisser dépasser la tête de l'enfant, Comba Fall, 23 ans, est là depuis quatre jours. Elle est venue parce que son enfant, né durant le huitième mois de grossesse, perdait du poids. Il n'était déjà pas bien gros à la naissance, 1,6 kg. Mais la méthode kangourou a fait son effet : Adama regagne plusieurs dizaines de grammes par jour.

Pas d'espoir d'amélioration pour Vincent Lambert d'après les experts

Le Monde.fr | Par 
Un état de conscience « en dégradation » et une communication inexistante avec son entourage. Les professeurs Marie-Germaine Bousser, Jacques Luauté et Lionel Naccache ont rendu, lundi 5 mai, leur pré-rapport sur l'état de Vincent Lambert, commandé le 25 février par le Conseil d'Etat. Depuis un an, le cas de ce patient tétraplégique de 38 ans, victime d'un accident de la route en 2008, émeut la France et aiguise le débat sur la fin de vie. 
Appelée à se prononcer en appel après que le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait par deux fois ordonné le maintien de l'alimentation et de l'hydratation du patient sur le sort duquel sa famille se déchire, la haute juridiction administrative avait joué la carte de la prudence en sollicitant cette expertise médicale. Malgré quelques formules de précaution, les trois médecins décrivent un pronostic clinique sans réel espoir.

Une visite à Sarkozy et un tour en psychiatrie

5 MAI 2014
Il est là, se tourne sur sa chaise, lève les yeux au ciel, se demande : «Mais quand est-ce que la plaisanterie va s’arrêter ?» Puis lâche devant la juge de la cour d’appel du tribunal de grande instance de Paris :«Mais quand est-ce que je vais pouvoir voir mes enfants ? Là, cela fait un mois. J’aurais préféré aller en prison, je serais sorti depuis.» Son avocat, Renan Budet, est à ses côtés : «Plus d’un mois, ainsi, en dehors de toute vie civique.»
C’était le 21 mars. M.H., 45 ans, entend à la radio Nicolas Sarkozy dire :«Je veux que l’on me traite comme un citoyen comme un autre.» Allez savoir ce qui se passe dans sa tête, M.H fait le pari d’aller devant chez lui et de vérifier la véracité de ces propos. A peine arrivé dans l’impasse où habite l’ancien président de la République, il aurait tenu, selon la police, des propos incohérents puis serait parti. Aucune violence, aucune injure. Mais quelques minutes plus tard, à quelques centaines de mètres de là, la police l’arrête et l’envoie à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris. Une décision est alors prise de l’hospitaliser contre sa volonté, «à la demande du représentant de l’Etat». Depuis ? Il est toujours interné à l’hôpital Henri-Ey du XIIIe arrondissement de Paris.

C’est arrivé le 5 mai 1808 Mort de Cabanis

Le plus philosophe des médecins est né en Limousin, au château de Salagnac, à Cosnac, le 5 juin 1757. 

Après avoir été pensionnaire au collège de Brive-la-Gaillarde où il se révéla un élève difficile, Cabanis fut envoyé à Paris par son père, avocat de formation reconverti dans l’agriculture, pour y poursuivre ses études sous la protection de Turgot. Là, il se forge un copieux bagage philosophique en dévorant Cicéron, Platon, Saint-Augustin, Montaigne, Montesquieu, Buffon et Bossuet. Il se pique aussi de poésie et, jeune homme velléitaire, entame aussi une traduction de L’Iliade.

Après avoir accompagné comme secrétaire à Varsovie un noble polonais, Cabanis doit, rentré à Paris, se choisir, sur l’instance de son père, une vraie profession. Sur les conseils du Docteur Dubreuil, il se décide pour la médecine et, après sept ans d’études, prête serment à Reims en 1784.

ANTIDÉPRESSEURS 14 millions de prescriptions en 2013

QUEBEC

SIMON DESSUREAULT / AGENCE QMI 
05 mai 2014

Uniquement l'an dernier, 14 millions d'ordonnances pour des antidépresseurs ont été données au Québec. La difficulté de consulter un psychologue de façon gratuite pourrait notamment expliquer cette statistique alarmante, estime des médecins.

Les listes d'attentes pour avoir accès à une psychothérapie dans les CLSC sont impressionnantes, affirme la docteure Maxine Dumas-Pilon, qui pratique la médecine familiale.

«Les antidépresseurs sont beaucoup plus accessibles. Les psychothérapies en clinique coûtent cher et choisir des antidépresseurs est plus rapide pour le patient», explique Mme Dumas-Pilon.


«Dans la nature, des pères célibataires ou accoucheurs»

CATHERINE MALLAVAL

Santé urbaine, quand la ville fait mal aux hommes

ALBERT LEVY ARCHITECTE URBANISTE, CHERCHEUR
TRIBUNE La pollution atmosphérique qui revient régulièrement dans nos villes, avec ses pics alarmants, n’est pas un phénomène naturel. La priorité donnée à l’urbanisme des réseaux et des flux, à l’hégémonie de l’automobile, aux énergies fossiles dominantes, éclatement des espaces bâtis, accélération du mode de vie, ségrégation sociospatiale. Tous ces choix urbanistiques, fondés sur le primat de la mobilité motorisée, ne sont pas sans conséquences sanitaires sur la population. Ils ont produit une forme urbaine caractérisée par l’opposition centre - périphérie et surtout par la périurbanisation et l’étalement urbain. Si la ville-centre, compacte, reste la forme idéale de ville durable, elle devient vite un piège mortel pour la santé lorsqu’elle est livrée à l’automobile. La circulation induite par la périurbanisation et ses mouvements pendulaires entre centre et périphérie ainsi que la pollution industrielle sont à l’origine de graves altérations de l’environnement qui menacent la santé. Parmi lesquelles la pollution de l’air, mais aussi la perturbation du climat et enfin les nuisances sonores et leurs effets pathologiques, touchant surtout les personnes vivant à proximité des grandes infrastructures de transport et de circulation.
La première inégalité territoriale touche les habitants du périurbain qui représentent plus de la moitié de la population urbaine. Quel lien social peut se créer dans ces territoires à l’urbanisation diffuse, inaccessibles sans voiture et où se répandent des formes particulières de souffrance mentale ?
Une autre grande inégalité réside dans le mal-logement. Que l’on peut définir d’une façon générale par la mauvaise localisation, les matériaux de construction toxiques, la médiocre isolation thermique et phonique, la qualité de l’air intérieur. Mais aussi par la suroccupation, l’inadéquation des espaces qui sont à l’origine de bien des problèmes psychiques et d’échecs scolaires. Sans oublier l’impact du taux d’effort locatif sur le budget des familles modestes, au détriment des dépenses de soin.

Il y a une loi que les responsables politiques ne doivent pas ignorer : plus un pays est socio-économiquement inégalitaire, plus les problèmes de santé - et de violence - sont aigus, comme l’illustre le cas des Etats-Unis. Ces inégalités, qui se manifestent par des inégalités territoriales (quartiers défavorisés et violence urbaine), des inégalités professionnelles (différence d’espérance de vie selon les CSP) ont un coût croissant pour la santé publique.

Données publiques de santé, sortons du village gaulois

CHRISTIAN SAOUT PRÉSIDENT DE L’INITIATIVE TRANSPARENCE SANTÉ ET ETIENNE CANIARD PRÉSIDENT DE LA MUTUALITÉ FRANÇAISE

Un vaste mouvement est engagé au plan international en faveur de l’ouverture des données publiques. La France s’inscrit aussi dans cette perspective. Une mission Etalab, dédiée à l’ouverture des données publiques, a été installée auprès du Premier ministre et notre pays a signé, en juin 2013, la charte du G8 pour l’ouverture des données publiques. Nous sommes donc sur une voie de progrès.
Mais le domaine de la santé fait figure de village gaulois.
Au point que des acteurs de la société civile, réunis au sein de l’Initiative transparence santé, et des personnalités éminentes de l’épidémiologie, de l’économie de la santé ou des nouvelles technologies de l’information et de la communication, se sont émus des résistances françaises.
Cette «révolte» n’est pas un «caprice», comme certains acteurs publics de la santé peuvent le laisser entendre, mettant en doute la capacité de la société civile à tirer le meilleur parti de ce capital immatériel collectif que constituent les données de santé publique. Celles-ci appartiennent à tous les Français et non à quelques institutions publiques triées sur le volet. La société civile joue, et doit continuer à jouer, un rôle majeur dans le domaine de la santé dans notre pays.
Les derniers scandales sanitaires ont démontré qu’il importait qu’un large panel d’acteurs ait accès aux données de santé publiques dans l’intérêt des citoyens. Cela aurait permis, soit de connaître beaucoup plus tôt le mésusage de certains médicaments, soit de prévenir plus rapidement le risque encouru.

[Interview] Dr Jean-Jacques Tanquerel, médecin et formateur en information médicale "Les Dim n'ont pas les moyens de faire ce que viennent faire les sociétés externes"


Médecin Dim au CH de Saint-Malo, le Dr Jean-Jacques Tanquerel estime avoir été mis au placard pour avoir dénoncé vigoureusement l'intervention de sociétés dans le codage des actes. Une affaire qu'il a portée à l'écrit dans un essai intitulé "Le serment d'Hypocrite". Il en explique les raisons à Hospimedia.

Hospimedia : "Votre essai "Le serment d'hypocrite. Secret médical : le grand naufrage" est sorti le 24 avril dernier*. Pourquoi avoir voulu écrire ce livre?


Jean-Jacques Tanquerel : D'abord pour des raisons éthiques, car j'estime dans cette affaire, et il n'y pas que moi, que le secret médical n'est pas respecté. L'Ordre des médecins s'est positionné dans mon sens ainsi que la Cnil même si elle l'a fait plus tardivement et avec plus de difficultés. Mais aussi parce que, malgré cette affaire, le battage médiatique et la décision de la Cnil, je reçois encore des appels de mes collègues Dim qui me disent que cela continue. Enfin, parce que j'ai été placardisé. Pour l'instant j'ai vraiment  l'impression qu'il y a une volonté d'étouffer cette affaire. Ce livre, je n'en ai pas pris l'initiative. J'ai été contacté par les éditions Max Milo et au départ j'ai refusé, car je ne suis pas écrivain et raconter une histoire ce n'est pas évident. Mais comme la situation ne se débloquait pas, malgré les avis qui étaient rendus, je me suis dit que j'allais l'écrire. 

H. : Vous estimez qu'aujourd'hui, il n'y a pas eu de prise de conscience de ce sujet de l'accès aux données médicales de sociétés externes?


J.-J. T. : Je pense qu'il existe une prise de conscience de la part au moins des médecins Dim. Maintenant, il faut aller au-delà de la prise de conscience et régler le problème. Mais j'ai le sentiment que c'est plus compliqué et plus douloureux aussi. 

H. : Que faudrait-il faire pour régler le problème justement?

J.J. T. : Le discours que certains directeurs ont l'habitude de tenir est que d'un côté il y a le secret médical et l'éthique, et de l'autre, il y a les finances. Les deux sont alors opposés. Je trouve, et j'en suis persuadé, que le débat est de ce fait faussé à la base. On peut tout à fait améliorer la valorisation de l'activité des établissements de santé, tout en respectant le droit des patients. Plutôt que de faire appel à des sociétés externes, il faut simplement donner aux Dim les moyens de faire leur travail et d'effectuer leurs missions de manière correcte. Et de cela tous les Dim s'en plaignent : ils n'ont pas les moyens de faire ce que viennent faire les sociétés externes. D'autant plus que ces sociétés sont grassement payées alors qu'il suffirait d'injecter ces mêmes sommes dans les Dim pour en interne améliorer les choses, tout en restant en règle avec la déontologie et la loi. 

Les deux ne sont pas à mettre en opposition, secret médical et finances doivent être conciliés.

Dialogue social La décision du TA de Caen sur les blocages des instances de l'EPSM provoque la colère des syndicats

Le directeur de l'Établissement public de santé mentale (EPSM) de Caen (Calvados), Jean-Yves Blandel, a saisi la semaine dernière le Tribunal administratif (TA) de Caen (lire ci-contre) pour que le juge enjoigne aux syndicats Sud Santé Sociaux et au syndicat CGT de l'EPSM "de s'abstenir de faire obstacle de quelque manière que ce soit à la tenue des réunions du Comité technique de l'établissement (CTE), de la Commission médicale d'établissement (CME), du conseil de surveillance et du Comité d'hygiène et de sécurité et des conditions de travail (CHSCT)" et de laisser libre l'accès aux salles de réunion. Il a également demandé que les syndicats lèvent les consignes de blocage des instances consultatives et de diffuser de telles consignes.

Dans sa décision, le TA de Caen estime que ces instances doivent se réunir à bref délai "afin de se prononcer sur le projet de plan de modernisation destiné à rétablir la situation budgétaire et financière de l'établissement qui est manifestement dégradée". Et d'ajouter qu'il est établi au travers des pièces du dossier et de l'audience que le maintien de membres des deux syndicats cités ou d'autres personnes "empêche de fait la réunion des instances consultatives". Le juge des référés précise en outre que les personnes concernées ne se sont pas engagées à "mettre spontanément fin à leurs pratiques d'obstruction", il y a donc lieu des les assortir d'astreintes. Ainsi, le TA enjoint aux deux syndicats ainsi qu'à toute personne de leur chef "de lever les consignes de blocage des locaux de l'EPSM" et de faire obstacle de quelque manière que ce soit à l'accès aux locaux et à la tenue de réunions des instances consultatives. À l'inverse, l'EPSM pourra procéder à l'évacuation d'office des bâtiments. Par ailleurs, à défaut de la présente ordonnance, tout acte ou document contraire donnera lieu à une astreinte de 500 euros.

Un projet pilote pour aider les détenus souffrant de troubles mentaux

CANADA Publié le 01 mai 2014 
À la suite du décès en prison de la jeune Ashley Smith, en 2007, le gouvernement fédéral met en place un projet pilote visant à aider les détenues aux prises avec de graves problèmes de santé mentale.




Mme Smith était une adolescente troublée dont le long séjour dans le milieu carcéral a pris fin de façon dramatique lorsqu'elle s'est pendue dans une cellule sous le regard d'agents correctionnels. Ashley Smith avait des antécédents d'automutilation. Avant sa mort, les agents avaient reçu l'ordre de ne pas intervenir tant qu'elle respirait encore.
Une enquête du coroner s'est terminée par la présentation de plus de 100 recommandations visant à améliorer le sort des détenues ayant des troubles mentaux.
Le nouveau projet pilote touchera les détenues souffrant de graves problèmes de santé mentale. Il fera appel au Centre de santé mentale de Brockville, en Ontario, qui fait partie des Services de santé Royal Ottawa. Le centre offrira de nouvelles places pour traiter les délinquantes atteintes de troubles graves de santé mentale.
L'Institut Philippe-Pinel de Montréal et l'Hôpital East Coast Forensic à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, font aussi partie du projet.