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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 14 mai 2024

La consommation de drogues chez les adolescents est en baisse

Serge Cannasse   8 févr. 2024

L’Enquête nationale en collèges et lycées chez les adolescents sur la santé et les substances (EnCLASS) a été réalisée entre mars et juin 2022 auprès de 9 566 élèves du secondaire au moyen d’un questionnaire en ligne. Conduit régulièrement depuis 2010, ce type d’enquête permet de suivre l’évolution de leurs consommations de drogues licites ou illicites (principalement alcool, tabac, cannabis). Les résultats de 2022 ont été publiés.

Une évolution encourageante des usages

Pour la plupart, ils sont encourageants. Depuis 2010, on observe une baisse continue des usages de drogues à l’adolescence (moins d’expérimentations, moins d’usages réguliers) et un recul important des âges d’initiation. Cette baisse ne signifie pas la disparition de ces usages. 

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Arrêts de travail : le mic-mac de la mise sous accord préalable

Jacques Cofard   15 avr. 2024

Après une pause durant la pandémie de Covid-19, l'Assurance maladie avait décidé de reprendre les contrôles des prescriptions d'indemnités journalières (IJ) par des médecins, constatant une inflation de ces arrêts de travail sur la période 2022-2023.

Pour ce faire, l'Assurance maladie dispose de deux outils : la mise sous accord préalable (MSAP) et la mise sous objectif (MSPO).

La MSAP oblige les médecins sous contrôle à demander l'autorisation de l'Assurance maladie avant la prescription d'un arrêt de travail, tandis que la MSO fixe un seuil limite de prescriptions d'IJ sur une période donnée, pour le médecin qui y est astreint.

Depuis janvier 2024, un peu de moins de 500 médecins sont placés sous la procédure MSAP, et 400 MSO sont en cours. La cellule juridique du syndicat Fédérations des médecins de France (FMF) suit de très près les médecins mis sous MSO/MSAP et vient de publier un rapport circonstancié des errements de la procédure MSAP.

Bugs informatiques

Ainsi la FMF note une série de bugs informatiques et d'incohérences administratives qui peuvent déboucher sur une issue dramatique pour le médecin sous contrôle, comme le paiement d'une pénalité de plus de 7 000 euros...

Les médecins sous MSAP doivent fournir à leur caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) un justificatif de prescription d'arrêt de travail. Ce justificatif doit être adressé de manière dématérialisée sous format word. Premier bug : le logiciel de transmission (EMS améli pro) des documents vers l’assurance maladie refuse le format Word... Conséquence de ce blocage : « La non-réception de ce justificatif par la CPAM peut être considérée comme un “blocage au contrôle” avec sanction à la clé. »

Ainsi, pour pallier ce bug, de nombreux médecins écrivent leur justificatif dans le corps du message adressé à la CPAM, « mais ils sont alors limités par la place dédiée », s'offusque la FMF. Qui note : « C’est du bricolage, non seulement les généralistes sont harcelés sur ce sujet mais la CNAM n’a pas mis à leur disposition les outils adaptés. »

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Les contes : et ils éduquèrent beaucoup d'enfants...

Lundi 22 avril 2024

Provenant du podcast

Être et savoir

Illustration de Gustave Doré pour "Le Petit chaperon rouge" de Charles Perrault (1862, planche) ©Getty - Gustave Doré

Que nous apprennent les contes aujourd'hui, qu'on soit un jeune ou un "vieux" lecteur ?

Avec

Jennifer Tamas Professeure à Rutgers University (New Jersey), spécialiste de la littérature française de l’Ancien Régime et essayiste

Pierre-Emmanuel Moog Chargé de recherche à la Bibliothèque nationale de France, spécialiste du conte comme genre littéraire

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Harcèlement sexiste et sexuel : « le seul changement, c'est que maintenant, quand on en a assez de se faire harceler, on fuit l'hôpital »

18 avril 2024

Jacques Cofard

Depuis la parution ce mercredi d'un entretien dans Paris Match de la Pre Karine Lacombe, cheffe de service hospitalier des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (Paris) qui accuse le Dr Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins des urgentistes, de « harcèlement sexuel et moral » — lequel dénonce une calomnie et se défend en évoquant de la « grivoiserie » —, les langues se délient sur les réseaux sociaux quant au harcèlement sexuel à l’hôpital. Rappelons que Medscape France y avait consacré une enquête dès 2019, dans laquelle plus de 1000 praticiens exerçant en France, avaient apporté leur témoignage (voir Enquête : harcèlement sexuel dans le milieu médical en France).

Sur X, sous le hastag combiné #Metoo #Hopital, de nombreux témoignages de victimes voient le jour, comme celui, choquant, d'Éloïse Nguyen-Van Bajou : « J’ai été agressée par un collègue avec qui je bossais aux urgences, un soir de fête de service. Les violeurs ne sont malheureusement pas des monstres. Ce sont nos collègues, nos meilleurs potes, nos frères. Éduquez vos garçons.  ».

Le syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) a lancé un appel à témoignage pour lancer des procédures. Tout comme le syndicat Sud santé sociaux. La Fédération hospitalière de France a salué pour sa part la libération de la parole des femmes, et le ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux, réunira la semaine prochaine les associations, syndicats, directeurs d'hôpital, pour prendre des mesures afin de lutter contre ce mal endémique que sont les violences sexistes et sexuelles. La Dre Anna Boctor, membre du syndicat Jeunes médecins, avait dénoncé la discrimination de genre en 2019, pour en avoir elle-même été victime. Depuis c'est une militante active contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). Nous l’avons interviewé sur la persistance de comportements sexistes totalement inappropriés et inacceptables dans le contexte hospitalier.

Medscape édition française : Avez-vous été étonnée par cette vague MeToo à l'hôpital, à la suite de la dénonciation des agissements du Dr Patrick Pelloux par la Pre Karine Lacombe ? 

Dre Anna Boctor : Le Dr Pelloux avait une réputation dans le milieu.

Ce qui veut dire qu'une réelle omerta existe dans le milieu hospitalier ? 

Dre Boctor : oui c'est ça. Le fait que l'on discrimine les femmes dans l'avancement de leur carrière et le fait qu'on les harcèle sexuellement, cela se rejoint, cela fait sens. Ce sont des violences sexuelles et sexistes. Tous les ingrédients sont réunis pour favoriser ce type de comportements. Traditionnellement, il n'y avait pas de femmes en médecine. Avec le temps, les femmes ont investi les études de médecine mais malgré cela, ça n'a pas inversé la tendance pour les postes de pouvoir, qui restent aux mains de la gente masculine. C'est un problème complexe, qui combine plusieurs facteurs : le plafond de verre imposé aux femmes, souvent déterminé au moment de la grossesse, le maintien d'une caste au sommet du pouvoir médical qui cultive un entre-soi et parmi lesquels on compte nombre de harceleurs qui pratiquent l'abus de pouvoir. Si une victime dépose plainte contre l’un des membres de cette caste, elle risque de voir sa carrière brisée.

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Chronique «Aux petits soins» L’Icrepse, un institut de recherche citoyen pour mieux comprendre les rapports environnement-santé

par Eric Favereau   publié le 23 avril 2024

A l’occasion de la diffusion du documentaire «Contrepoisons, un combat citoyen», retour sur l’histoire de l’Institut citoyen de recherche et de prévention en santé environnementale, né du combat de parents d’enfants atteints de cancers inexpliqués dans la Loire-Atlantique.

Marie Thibault a tout lieu de sourire, en cette matinée de printemps 2024. Son fils va bien, il est pleinement guéri de son cancer. Et elle a trouvé «la perle rare», Solenn Le Bruchec, pour diriger l’Institut citoyen de recherche et de prévention en santé environnementale (Icrepse), ce lieu de recherche absolument inédit en France, né de son combat autour du collectif qu’elle a créé «Stop aux cancers de nos enfants». L’Institut existe. Il va vivre, a de l’argent pour trois ans minimum et vient de s’installer dans les bureaux de l’ancienne mairie de Saint-Même-le-Tenu en Loire-Atlantique. Enfin, ce jeudi, est diffusé sur France 3 un documentaire sur cette ouverture et cette mobilisation peu commune (1) qui a abouti à cette naissance. Bref, la météo est, enfin, clémente.

Toulouse : Un spectacle de super-héros joué par les patients et soignants de l’hôpital Gérard Marchand

Publié le 

Le collectif "Sonner dans les roches" monte un spectacle de super-héros/héroïnes. Particularité, la représentation est assurée par des soignants et des patients de l’hôpital Gérard Marchand. Deux dates sont prévues, dont une ce mardi.

Le spectacle, intitulé "Super H" interroge la figure populaire du super-héros, ses représentations dans la culture et explore également l’histoire de ces héros. Un résumé du spectacle, garantit sans spoilers : Nous sommes en 2035 et il fait chaud, très chaud. En cause, le réchauffement climatique. L’agence spatiale fictive Naso a lancé sa mission la plus importante. Éloigner le soleil de notre planète, pour diminuer la température sur terre afin de sauver l’humanité. Il suffirait d’éloigner notre étoile de quelques kilomètres, vingt-deux kilomètres pour sauver le monde.

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Saint-Alban, soigner sans contrainte

Chantiers de culture 

Aux éditions du Seuil, Camille Robcis publie Désaliénation, politique de la psychiatrie. De l’hôpital de Saint-Alban à la clinique de La Borde, la chercheuse décrit les premiers pas de la psychothérapie dite « institutionnelle » : l’autre façon de traiter ceux qui sont considérés comme fous. Paru dans le mensuel Sciences Humaines (N°367, avril 2024), un article de Frédéric Manzini.

Tout a commencé à l’hôpital de Saint-Alban, dans un petit village isolé de Lozère, pendant la Seconde Guerre mondiale. François Tosquelles, psychiatre catalan réfugié en France après la guerre civile espagnole, nourrit le projet d’expérimenter une autre façon de traiter ceux qui sont considérés comme des fous. Ce sera le premier pas de la psychothérapie dite « institutionnelle », dont Camille Robcis, directrice du département des « French Studies » à l’université Columbia de New York, retrace ici l’histoire dans Désaliénation, politique de la psychiatrie, tout en se refusant à porter un jugement de valeur d’un point de vue clinique. Désaliéner, c’est traiter autrement la psychose : refuser toute autorité, toute discipline et même toute hiérarchie entre soignants et patients, placer le lien au centre du soin, lier étroitement la théorie et la pratique, s’appuyer sur des outils issus de l’anthropologie, de la sociologie, de l’art et de la psychanalyse.

De fait, l’initiative suscite rapidement l’intérêt de médecins comme Jean Oury, mais aussi d’artistes comme Paul Éluard et Jean Dubuffet et de penseurs comme Frantz Fanon, Félix Guattari et Michel Foucault. D’hôpital à visée thérapeutique, Saint-Alban est devenu un « laboratoire d’invention politique » qui entend lier l’émancipation psychique à l’émancipation sociale et politique.

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lundi 13 mai 2024

Soins psychiatriques des personnes vulnérables, en situation de précarité : Signature d’une charte de bonnes pratiques et de collaboration entre les acteurs des secteurs de la psychiatrique et du social du Rhône (69)

 

24 avril 2024

Ce mercredi 24 avril, sous l’égide de la Préfète secrétaire générale de la préfecture du Rhône, de la Directrice adjointe de la délégation du Rhône et de la Métropole de Lyon de l’ARS et de la représentante du Projet territorial de santé mentale du Rhône, signature d’une charte de bonnes pratiques et de collaboration entre les acteurs des secteurs de la psychiatrique et du social du Rhône.

Après plus de deux ans de travail, les trois hôpitaux psychiatriques du département du Rhône (les centres hospitaliers Le Vinatier, Saint-Jean-de-Dieu et Saint-Cyr-au-Mont d’Or) ainsi que plus de 20 acteurs associatifs du secteur de l’hébergement des personnes en situation de précarité et des demandeurs d’asile, ont été réunis ce mercredi 24 avril sous l’égide de Mme Vanina NICOLI, Préfète secrétaire générale de la préfecture du Rhône, Préfète déléguée pour l'égalité des chances ; de Mme Marielle SCHMITT, Directrice adjointe de la délégation du Rhône et de la Métropole de Lyon de l’Agence régionale de santé et de Céline DESCAMPS, Représentante du Projet territorial de santé mentale du Rhône, pour signer la charte de bonnes pratiques de collaboration psychiatrie/social. Il s’agit d’une étape inédite dans le partenariat et le décloisonnement des pratiques au bénéfice de l’accès aux soins et du rétablissement des personnes.

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"Je suis désemparée par le nombre de patients qui ne trouvent pas de psychiatre" (Dr M. Carlens)

Le Spécialiste 


BELGIQUE

Je suis psychiatre au Service de Santé Mentale de Verviers. J'aurai 65 ans dans trois mois et je suis désemparée par le nombre d'appels quotidiens de patients qui ne trouvent pas de psychiatre. Il y a un an d'attente pour obtenir un rendez-vous. Sur le terrain, il me semble que les passages à l'acte sont en hausse.

La situation s'est aggravée d'année en année. Il n'y a pas eu de réel répit après la pandémie, malgré les aides momentanées du gouvernement et malgré les réformes de la santé mentale. Je constate que de nombreuses institutions cherchent des psychiatres. Les offres d'emploi affluent par mail et par les réseaux sociaux.

Manque de médecins

Pour trouver un suivi psychiatrique, il y a au minimum un an d'attente, que ce soit dans la région verviétoise ou à Liège. Je ne comprends pas que le ministre de la santé ne s'inquiète pas de ce problème crucial ! Le ministre Franck Vandenbroucke a travaillé sur la revalorisation de la prise en charge de première ligne par des psychologues, mais je m'étonne que, comme représentant du ministère de la Santé, il ne se penche pas de manière plus radicale sur le manque de médecins ! Même si une libération de nouveaux numéros INAMI est prévue ou en cours, il y aura, et il demeurera, un temps intermédiaire avec une absence de réponse aux demandes psychiatriques urgentes, avec les risques que cela entraîne.

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Hôpital : la lutte des temps, par François Crémieux

François Crémieux publié le  

Directeur général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, François Crémieuxlivre ici une réflexion sur les différentes temporalités qui structurent l’activité des soignants comme les attentes des patients… et qui entrent en friction !

Dans nos hôpitaux qui fonctionnent 24 heures sur 24 et chaque jour de l’annéele temps est un enjeu de la qualité des soins, de l’organisation des équipes ou de la satisfaction au travail des professionnels. Il est aussi au cœur d’enjeux économiques, puisque de sa bonne gestion dépend l’utilisation optimale de ressources hospitalières onéreuses, qu’il s’agisse des compétences des professionnels formés pendant de nombreuses années, des moyens diagnostiques et thérapeutiques de haute technicité, comme les blocs opératoires ou les équipements d’imagerie ou de biologie, ou encore des bâtiments dont les coûts de construction et de maintenance sont des plus élevés.

La difficulté vient qu’il n’existe pas « un temps » mais que l’hôpital est un lieu de « rapports de force » entre des temps multiples, parfois complémentaires, parfois opposés, individuels ou collectifs. Dans une période où notre rapport au temps s’est globalement tendu, que ce soient l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, le temps du travail et du loisir, celui de la formation ou de la retraite, l’hôpital apparaît également confronté à la nécessité de s’adapter.

dimanche 12 mai 2024

Entre corps et psychisme



avril 2024

La question du corps et des liens corps/psyché est au cœur de l’enjeu de la santé mentale, des théories et des pratiques soignantes en psychiatrie et de la recherche sur les souffrances des êtres humains quels que soit leur âge et leurs pathologies.

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Impliquée dans un projet de tuerie de masse, une adolescente normande arrêtée et internée en psychiatrie

Écrit par Boris Letondeur

Publié le Image d'ilustration.

Une jeune fille de 17 ans a été placée en garde à vue, puis internée d'office en hôpital psychiatrique à Cherbourg-en-Cotentin. Elle semblait partager des intentions meurtrières avec un adolescent de 16 ans qui projetait une tuerie de masse à Antibes.

Une adolescente manchoise a-t-elle participé à l'élaboration d'un projet de tuerie de masse ? C'est ce que les enquêteurs de la police judiciaire de Nice ont découvert en fouillant le domicile d'un jeune garçon de 16 ans et demi, qui projetait un attentat dans un lycée d'Antibes.

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La solitude dans l’enfance, un facteur de risque de psychose

Dr Dominique-Jean Bouilliez


La solitude est définie comme le sentiment subjectif de détresse associé à un manque de relations significatives, quelle que soit la quantité de contacts sociaux, tandis que l'isolement social est défini comme le manque objectif de contact social ou de soutien. Des études observationnelles et génétiques ont suggéré une relation bidirectionnelle entre solitude et psychose. 


Guerre en Ukraine : quelles conséquences sur la santé mentale des enfants ?

Dr Dominique-Jean Bouilliez 

Une étude menée par des chercheurs de l'Institut de psychiatrie légale du ministère ukrainien de la Santé a mis en exergue l'impact dévastateur du conflit ukrainien sur les enfants, démontrant une augmentation de 50 % du trouble dépressif et une multiplication par un facteur supérieur à 2 du syndrome de stress post-traumatique (SSPT) chez les jeunes interrogés.

Le récent rapport ‘The State of the World’s Children 2021’ de l'UNICEF, avait considéré la pandémie de Covid comme la partie émergée de l'iceberg de la santé mentale des jeunes du monde entier. Mais la guerre en Ukraine a également exercé un fort impact psychologique sur les enfants à travers l'Europe. Au-delà de ceux qui se trouvent directement dans la zone de conflit, la couverture médiatique constante répand en effet la peur et l'anxiété, ce qui pèse lourdement sur les enfants déjà accablés par les effets persistants de la pandémie de Covid-19. 


samedi 11 mai 2024

Contre la phobie scolaire, Nantes privilégie la manière douce

Par  Elsa GambinPublié le 26 avril 2024

Dans la ville de Loire-Atlantique, le dispositif Preo accueille des adolescents trop angoissés pour se rendre au collège. Un sas de quelques semaines, qui leur permet de retrouver rythme et envie.

L’éducatrice Lola Rabiller  lors d’une séance de jeu avec des collégiens. Le 15 avril 2024, à Nantes.

Il est 9 heures ce lundi matin quand sept adolescents franchissent la porte d’une grande maison de quartier, dans l’est de Nantes. Gustave, Romane, Camille et les autres entament leur huitième semaine au Preo (Passerelle pour le retour dans l’établissement d’origine), un dispositif d’intervention sur le refus scolaire anxieux. « Je suis content d’être là, même si je suis fatigué », annonce Victor lors du rituel de la météo des émotions. « Moi j’ai mis un nuage et un soleil car c’est votre dernière semaine avec nous, mais aussi, cet après-midi, l’arrivée d’un nouveau groupe de jeunes », explique Lola Rabiller, l’éducatrice spécialisée du dispositif. Autour de la table, des visages sereins surplombent le combo jean-sweat-baskets. L’ambiance est apaisée. Aujourd’hui, c’est aux jeunes de choisir une activité. La petite troupe commence alors tranquillement une partie de loup-garou. « Le village s’endort. Cupidon se réveille et désigne deux amoureux. »

Des nuages, un croissant de lune : la météo (l’humeur) du jour.

Des nuages, un croissant de lune : la météo (l’humeur) du jour.  Photo Sebastien Salom-Gomis pour Télérama

Les jeunes réunis ici ont tous été déscolarisés pendant des semaines, voire des mois, après des absences perlées. Ce ne sont pas ce qu’on appelle communément des « décrocheurs », car ils n’ont souvent pas de difficultés scolaires. « Après la rentrée de 5e, j’ai commencé à avoir mal au ventre, à faire des crises d’angoisse, se souvient Bastien, 12 ans. Et puis je ne suis plus arrivé à aller au collège, pour une raison que je ne connais pas. Je n’arrivais même plus à aller à la boulangerie à 20 mètres de chez moi. » Rapidement, Bastien parvient à passer quarante-cinq minutes dans les transports en commun pour venir au Preo. Une victoire en soi. Lui qui s’ennuyait chez lui sans collège – « je dessinais, jouais avec mon chien, faisais du skate » –, trouve au sein du dispositif un groupe bienveillant et des activités agréables.

Astrid Chevance, psychiatre : « Impliquer les patients dans la recherche sur la dépression n’est pas un impératif éthique, c’est un atout scientifique »

Propos recueillis par    Publié le 27 avril 2024

A l’occasion du début de deux études sur une cohorte de personnes avec une dépression, l’une portant sur l’annonce du diagnostic, l’autre sur le handicap lié à cette maladie, la psychiatre Astrid Chevance explique les enjeux de ces recherches originales, où les témoignages des patients ont un rôle majeur.

Astrid Chevance, à Paris, en septembre 2023.

Tristesse quasi permanente, perte d’intérêt et de plaisir pour les activités de la vie quotidienne, fatigue, angoisses, voire idées de mort… La dépression, trouble psychiatrique parmi les plus fréquents, touche une personne sur cinq au cours de sa vie. En France, la prévalence des épisodes dépressifs est en augmentation depuis les années 2010, avec « une accélération sans précédent entre 2017 et 2021, en particulier chez les jeunes adultes », estimait le baromètre santé de 2021, publié en 2023.

Vous aimez Freud, vous aimerez Vienne

Par    Publié le 28 avril 2024

Le célèbre neurologue et fondateur de la psychanalyse a vécu un demi-siècle dans la capitale autrichienne. Marcher sur ses traces permet de découvrir cette ville au très riche patrimoine historique et artistique.

Circulation des tramways sur la Ringstrasse de Vienne. 

On se rend au 19, Berggasse comme en pèlerinage. Ici vécut Sigmund Freud pendant près d’un demi-siècle avant de fuir à Londres, en 1938, menacé par les nazis. Ici est née la psychanalyse, et furent reçus en analyse les premiers patients, souvent des membres de la bonne société viennoise qui gravissaient une volée de marches avant de sonner à la porte de droite, d’enlever leur manteau et de patienter dans l’antichambre. C’est un immeuble bourgeois, massif et sculpté, comme il en existe dans ce quartier au nord du Ring – le boulevard circulaire –, alors peuplé de médecins, de fonctionnaires et d’aristocrates. Transformé en musée en 1971, rénové et agrandi en 2020, l’appartement de Freud reçoit 130 000 visiteurs par an, « de plus en plus souvent des jeunes », assure la directrice, Monika Pessler.

L’Anap propose des outils autodiagnostics de l’activité en psychiatrie

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L’Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap) propose aux établissement de psychiatrie trois outils d’autodiagnostics de leur activité. De plus, trois outils de datavisualisation permettent d’analyser de façon approfondie le positionnement territorial. Communiqué.

Face à la demande croissante de soins en psychiatrie et aux évolutions réglementaires, les établissements autorisés en psychiatrie doivent adapter leur offre et optimiser leur organisation. Hôpitaux de jour (HDJ), Centre médico-psychologiques (CMP) et séjours longs : l’Agence nationale d’appui à la performance santitaire et médico-sociale (Anap) diffuse trois autodiagnostics pour analyser son activité. Cette offre est complétée par trois outils de datavisualisation pour analyser de façon approfondie son positionnement territorial.

« L’Anap accompagne les établissements de psychiatrie avec de nouveaux outils pour évaluer et optimiser leur fonctionnement. L’analyse des résultats des autodiagnostics permettra aux établissements d’organiser leurs filières de soins de façon graduée et ainsi adapter leur offre aux besoins de la population du territoire » affirme Valentin Simon, directeur du pôle Performance des prises en charge et parcours sanitaires de l’Anap. Des outils sont proposés en téléchargement pour mener un diagnostic à partir de données quantitatives et qualitatives : typologie des patients, file active, ressources humaines, stratégie, parcours de prise en charge, organisation du suivi et de la sortie.

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Le Conseil national de refondation en santé mentale s’ouvrira en juin

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A l’occasion d’un bref « point d’étape » de la Feuille de route santé mentale et psychiatrie, Frédéric Valletoux, ministre en charge de la Santé et de la Prévention, a annoncé la tenue en juin-juillet d’un Conseil national de refondation (CNR) en santé mentale. Communiqué (ci-dessous).

Frédéric Valletoux, ministre chargé de la Santé et de la Prévention, a réuni le vendredi 26 avril 2024 l’ensemble des acteurs engagés dans le déploiement de la Feuille de route Santé mentale et psychiatrie.

Lancée en juin 2018, cette Feuille de route a contribué de façon décisive à installer la santé mentale dans le débat public et à lever certains tabous. Comportant initialement 37 mesures, celle-ci a été enrichie de nouvelles mesures à l’issue des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie en 2021 et en compte désormais 50. Il s’agit donc d’un document évolutif (voir le bilan 2023).

Des moyens substantiels ont été mobilisés et continueront de l’être pour accompagner son déploiement. Au-delà, la mobilisation durable et collective de tous les acteurs porteurs de cette stratégie est déterminante pour atteindre les objectifs fixés en matière de prévention des troubles psychiques, d’accompagnement des personnes qui en souffrent et de leurs proches, et de changement de regard sur ces troubles.

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« En cours de médecine, on peut poser au patient des questions qu’on ne peut pas poser dans une chambre d’hôpital »

Propos recueillis par    Publié le 02 mai 2024

Olivia Gross, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation et de la formation, défend, dans un entretien au « Monde », l’importance d’intégrer des usagers dans les parcours de formation des étudiants en médecine, et notamment en psychiatrie.

Olivia Gross est directrice adjointe du Laboratoire éducations et promotion de la santé et titulaire de la chaire de recherche sur l’engagement des patients, à l’université Sorbonne Paris-Nord. Elle défend les vertus de la démocratie en santé et l’importance d’intégrer des usagers dans les parcours de formation des étudiants en médecine, notamment dans le domaine de la psychiatrie.

En quoi l’engagement des patients peut-il améliorer l’attractivité d’une spécialité à la fois mal-aimée et stigmatisée comme la psychiatrie ?

Il existe de nombreuses études là-dessus : on sait que le fait d’avoir vu des patients dans le cadre de sa formation – donc en dehors des stages à l’hôpital – transforme complètement les représentations et conceptions que pouvaient avoir les étudiants. Or, il existe un « curriculum caché » en médecine, véhiculé au-delà du savoir officiel, sur lequel on n’a pas de prise.