Le Conseil local en santé mentale vient d'être lancé par la Ville de Montpellier. Élodie Brun-Mandon, élue déléguée à la santé et à la prévention, explique à quoi va servir cet outil.
Quelles seront les priorités de ce Conseil local dédié à la santé mentale ?
La première c'est d'améliorer la lisibilité des dispositifs. Beaucoup de personnes ne savent pas où s'orienter pour identifier leur pathologie et répondre à leurs besoins. La deuxième c'est de donner les moyens aux professionnels de travailler ensemble. Les travailleurs sociaux, médecins, associations ont peu de temps pour se coordonner. La volonté est aussi d'aller vers des solutions innovantes comme l'unité mobile de prévention santé, Ma.P, commence à être connu, on en est très fiers.
Dans le sous-sol de la Chapelle, l’espace muséal du nouvel hôpital de Navarre plonge les visiteurs dans le monde inconnu de la psychiatrie reconstitué à travers quatre salles et de nombreuses archives locales.
Ex-infirmiers, Alain Deprez, Philippe Massot et Jacques Vassault proposent des visites sur rendez-vous du musée de l’établissement psychiatrique d'Evreux. #PRESS30
Car « la santé mentale est un droit et s’engager en sa faveur, c’est investir dans une vie et un avenir meilleur pour tous », le nouvel hôpital de Navarre participe chaque année aux Semaines d’information sur la santé mentale (SISM) en partenariat avec l’Unafam Eure et avec le soutien du Conseil local de santé mentale d’Évreux Portes de Normandie. La 34e édition se déroule jusqu’à ce mercredi 18 octobre sur le thème « À tous les âges de la vie, ma santé mentale est un droit » afin de changer de regard sur les personnes malades et les pratiques. Le programme a permis de découvrir l’espace muséal de l’établissement psychiatrique lors de visites qui permettent de plonger dans les méandres d’un monde méconnu voir inconnu de la psychiatrie.
A cause d'une pénurie de psychiatres, une unité de 15 lits a fermé ses portes depuis le 30 septembre, à l'hôpital de Rouffach. Comme les généralistes, il y a désormais une pénurie de médecins psychiatres. Ils préfèrent aller travailler dans le privé, avec moins de contraintes.
A l'hôpital de Rouffach, une unité de psychiatrie a fermé ses portes depuis 30 septembre. Ce sont donc 15 lits qui ont fermé depuis quelques jours, dans le pavillon 21. C'est la conséquence du départ de trois psychiatres depuis le début de l'année, dont un dernièrement, avant l'été.
Propos recueillis par Eric NunèsPublié le 19 octobre 2023
Dans un entretien au « Monde », la directrice de recherche au CNRS analyse les facteurs sociaux et éducatifs qui ont pu alimenter la rage des émeutiers de Nanterre au début de l’été.
Trois mois après les émeutes qui ont mis le feu à la ville de Nanterre, Agnès van Zanten, sociologue, directrice de recherche au CNRS et autrice de L’Ecole de la périphérie. Scolarité et ségrégation en banlieue (PUF, 442 pages, 14,99 euros), rappelle que le milieu social est le premier facteur d’inégalité dans les parcours scolaires et l’orientation. Un terreau idéal pour alimenter la colère d’une jeunesse qui s’estime lésée.
Par Cécile Ducourtieux(Londres, correspondante) Publié le 19 octobre 2023
Le ministre britannique de la justice a notamment annoncé que des milliers de personnes détenues en Angleterre et au Pays de Galles verraient leur peine raccourcie de dix-huit jours.
La prison de Wandsworth, dans le sud de Londres, le 7 septembre 2023. JUSTIN TALLIS / AFP
Les prisons britanniques sont pleines. Tellement saturées que le gouvernement de Rishi Sunak en est réduit à des mesures extrêmes. Lundi 16 octobre, le ministre de la justice, Alex Chalk, a annoncé que des milliers de personnes détenues en Angleterre et au Pays de Galles condamnées à moins de quatre ans d’incarcération allaient être libérées dix-huit jours avant la fin de leur peine. Le gouvernement va en outre proposer un projet de loi pour que des milliers de Britanniques puissent purger leur peine dans des établissements à l’étranger et il a promis d’accélérer les expulsions de binationaux condamnés.
Insécurité des soignants, manque de personnel, de lits, absence de suivi des patients psychotiques : une infirmière de l’hôpital Édouard Toulouse à Marseille dans les quartiers Nord veut faire entendre l'angoisse des soignants en psychiatrie
Pour Sabrina*, c'est trop, parce qu'il n'y a pas assez. Trop de violence au quotidien et pas assez de moyens pour faire face. Infirmière en psychiatrie depuis 10 ans à Édouard Toulouse, dans les quartiers Nord de Marseille, elle a vu la situation s'aggraver dangereusement. Dans son établissement, dans son "pavillon de psychiatrie", dans son équipe, c'est le même malaise qu'ailleurs en France dans ce secteur si particulier de la santé : pas assez de soignants, de lits, de suivi et trop d'agressions.
Et puis, la peur est là. En mai 2023, une infirmière était tuée dans une attaque au couteau au CHU de Reims, un drame venu cristalliser une crise profonde de la psychiatrie,"parent pauvre" du système de santé français.
Ça m’a prise par surprise, un jour ordinaire, lorsque mon fils était encore à la crèche. Les pieds dans les surchaussures, un parent d’un petit camarade m’a dit : « Nous, l’année prochaine, pour la maternelle, on va mettre Gudulon à Sainte-Bidulette ! L’école de secteur, je la sens pas trop, tu vois. Et puis tous ses copains font comme nous. » Oh la la, la colère. La colère dans laquelle ça m’a mise ! Une rage folle, totalement disproportionnée. J’ai rétorqué, du ton le plus froid que je pouvais : « Non, nous il ira à l’école de secteur. Ses sœurs y sont déjà, elle est géniale, les profs sont super, il y a moins de quinze enfants par classe alors qu’à Sainte-Bidulette ils sont trente-deux. » Je suis rentrée en grommelant toute seule dans la rue, avec mon inexplicable et injuste colère – injuste, car d’où me vient ce soudain magistère moral ?
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
"J’ai souvent pensé qu’en un sens j’étais un être neutre et que je n’avais presque aucune personnalité. [...] Je suis amoureuse du monde extérieur et l’écriture est une manière de transmettre ça." Silhouette de brindille coiffée d’un chapeau et regard de hibou derrière des verres qui lui mangent le visage, Joyce Carol Oates, 85 ans, a des manières de "Lady-Cup of Tea". Levée aux aurores pour écrire – à la main –, cette passeuse qui, boursière dans les sixties, s’est prise de passion pour l’université adore enseigner et déteste les vacances.
Femme de lettres qui dans ses romans, ses essais, ses pièces de théâtre ne cesse de jouer avec la langue pour la réinventer, Hélène Cixous nous accueille chez elle pour nous parler de son dernier roman, "Incendire." On est tout feu tout flamme.
Aujourd'hui notre invitée est une grande femme de lettres. À l'origine du Centre d'études féminines et d'études de genre en 1974, à l'origine de l'université de Vincennes, à l'origine de tant de fictions, d'essais, de pièces de théâtre… On pourrait d'ailleurs s'amuser à les compter, mais quel intérêt ?
Car elle continue à écrire et à parler d'écriture, dans ses livres et dans ses séminaires. Attendant peut-être d'écrire LE Livre,"le dernier des livres de sa vie", ce Livre qu'elle n'écrit pas, mais qui l'accompagne de sa présence…
Après la catastrophe, qu'emporte-t-on ?
Dans son ouvrage, Hélène Cixous évoque les incendies en Gironde lors de l'été 2022 : face à la catastrophe, se pose la question de la fuite, et de ce qu'on emporte lorsqu'on abandonne un lieu. "La question de ce que je dois sauver, qui fait écho à des passages de la Bible, est pour moi une question de survie."
Les psychédéliques suscitent un intérêt croissant en psychiatrie. Une étude récente en fait à nouveau la preuve en montrant qu’une seule prise de psilocybine (25 mg), associée à un soutien psychologique, entraine une baisse moyenne de 17,8 points du score Montgomery-Asberg en 8 jours. Ce le résultat provient d’une étude randomisée de phase 2, parue le 31 aout dans JAMA, et menée auprès de 104 participants diagnostiqués de dépression modérée à sévère lors de l’inclusion [1].
Le gain clinique est franc ; ce score moyen correspond à des symptômes de dépression légère. La différence significative (12%) comparée au groupe placebo (niacine 100 mg et soutien psychologique) se maintient jusqu’au 43e jours. La résistance au traitement a concerné 13 % des patients.
Le musée lausannois consacré à l'Art Brut propose d'entrer dans l'oeuvre artistique foisonnante de Michel Nedjar. Avec en pièces maîtresses ses fameuses poupées, cette exposition qui couvre cinquante années de création est à voir jusqu'au 29 octobre.
La première exposition monographique dédiée à l’artiste Michel Nedjar présentée par la Collection de l'Art Brut de Lausanne ne laisse pas de marbre. Elle effraie, torpille et prend par les tripes de l’âme en présentant les fameuses poupées réalisées par l'artiste dès 1976.
Des poupées qu'il a baptisées Chairdâmes faites de chiffons, de matériaux de récupération, trempés dans des bains de teinture, de boue, parfois de sang. Elles sont malaxées, triturées de telle façon qu’elles prennent un aspect terrifiant avec leurs gueules ouvertes et leur corps d'alien.
La poupée est à l'origine de tous les travaux de Michel Nedjar. Quand il était petit, dans les années 1950, on lui a fait comprendre que ce jouet n'était pas destiné aux garçons. "Moi, j'étais fasciné par les poupées de mes soeurs. Mais grâce à cette interdiction, il y a eu transgression et j'ai créé ma propre poupée", explique l'artiste interrogé par la RTS.
Nathalie Lafargue, cadre de santé au CH Henri Mondor (Aurillac) a créé un jeu de vocabulaire pour les soignants en psychiatrie. Conçu comme une aide aux transmissions ciblées, cet outil permet aussi de réviser ou d'acquérir de façon ludique des notions fondamentales dans le domaine de la santé mentale.
Les attaques de la «manosphère» envers les femmes et les personnes LGBT + explosent, alertent deux ONG dans un rapport sur les origines et l’expansion de la nébuleuse masculiniste. Une violence qui sape la santé mentale des victimes, les pousse à «l’autocensure» ou à quitter un espace virtuel «saturé de sexisme».
«Le masculinisme peut être défini comme une idéologie qui s’oppose à l’émancipation des femmes et des personnes LGBTI + et promeut la domination masculine.» (Hervé Chatel/Hans Lucas)
C’est une plongée sinistre et documentée au cœur d’une planète en pleine expansion. Dans un long rapport publié lundi 16 octobre, l’ONG Equipop et l’Institut du genre en géopolitique se livrent à une exploration de ce qu’ils nomment la «manosphère», soit la vaste et nébuleuse galaxie masculiniste en ligne. «Le masculinisme peut être défini comme une idéologie qui s’oppose à l’émancipation des femmes et des personnes LGBTI + et promeut la domination masculine», posent les auteurs.
Géants du numérique, décideurs publics, monde du jouet, ... de nombreux acteurs s'intéressent de plus en plus à la question de l'enfance, en tant qu'opportunité commerciale pour les uns ou terrain d'investissements pour les autres. Une nouvelle économie dont la légitimité est pleinement en jeu.
Face aux discriminations médicales, des associations aiguillent vers des soignants bienveillants. Une pratique potentiellement illicite, qui n'est pas du goût de tous.
Les médecins référencés positivement pourraient potentiellement être desservis par ces listes. | Bernard Hermant via Unsplash
«Le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu'il peut éprouver à leur égard. Il doit leur apporter son concours en toutes circonstances. Il ne doit jamais se départir d'une attitude correcte et attentive envers la personne examinée.»
Suffit-il d'un article du code de la santé publique pour assurer l'absence de discriminations dans le soin? Assurément non: nombreuses sont les personnes non-blanches, LGBT+, grosses, handicapées, pratiquant le travail du sexe, etc. à en avoir fait l'amère expérience avec, au bout du compte, un renforcement de leur stress minoritaire et, pour une certaine proportion, un renoncement aux soins parfois dramatique.
Dans une étude publiée en 2020, les chercheurs Joshua Rivenback et Mathieu Ichou ont montré des taux de discriminations significativement plus élevés pour les personnes appartenant à des groupes minoritaires ou défavorisés socialement: les femmes (4,7%) par rapport aux hommes (3%); les immigrés (4,8%), les personnes nées en Outre-mer (5,9%), les migrants venant d'Afrique subsaharienne (7,1%) et de Turquie (6,8%), à comparer aux personnes nées en France métropolitaine (3,6%). Ils ont également constaté que ces discriminations expliquent un tiers des non-recours au soin.
Les premières Assises de la Santé mentale et de la Psychiatrie des Alpes de Haute Provence ont eu lieu le 18 octobre dernier. Un évènement couronné de succès, avec plus de 600 personnes présentes au Palais des Congrès de Digne -Les -Bains.
Plus de 600 personnes se sont réunies le 18 octobre au Palais des Congrès de Digne -Les -Bains pour parler psychiatrie et santé mentale.
Autour de conférences et tables rondes, les acteurs du secteur se sont réunis pour repenser la prise en charge des troubles psychiques, promouvoir la santé mentale et embarquer le Centre hospitalier sur de nouvelles pratiques, davantage orientées sur le milieu ordinaire et le rétablissement psychosocial.
Manque de moyens, rupture de soins, absence de soignants... Si les patients pâtissent de la crise psychiatrique, leurs proches, souvent oubliés, ne sont pas en reste. L'Unafam tire la sonnette d'alarme dans son 4e baromètre consacré à la santé mentale.
« Pendant l'été, mon fils ne peut pas voir son psychiatre, il n'y a personne. Je dois donc m'en occuper seule quand il ne va pas bien. J'éprouve la sensation que, si le système pouvait s'en débarrasser, ça serait pas mal. » La phrase est crue mais témoigne d'un ressenti global parmi les proches de personnes en situation de handicap psychique. Comme Anne, nombreux sont les parents, en particulier, qui se sentent abandonnés et dont la charge mentale ne cesse de croître à mesure que la crise psychiatrique enfle. C'est ce qui ressort du 4ebaromètre de l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques publié le 10 octobre 2023, à l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale. D'après l'Unafam, « la responsabilité de la santé du proche retombe trop souvent sur les épaules des familles lorsque la situation se dégrade ».
Pour la première fois, les psys témoignent dans un documentaire. Six psychanalystes, d’horizons divers, nous racontent leur quotidien : leur propre analyse, les grandes étapes de leur pratique, le cadre nécessaire pour que l’analyse soit efficace, leurs expériences marquantes, leurs propres interrogations et limites... Avec cette même motivation partagée : aider les autres à mieux vivre. « Psy, de l’autre côté du divan » est à voir mercredi 18 octobre à 23.10 sur France 2.
Le meilleur moteur pour que les gens envisagent de faire une psychanalyse, c’est quand ils s’aperçoivent qu’il y a des répétitions dans leur vie dont ils se passeraient bien.
Ali Magoudi, psychanalyste à Paris
Un Français sur trois a déjà consulté un « psy ». Chaque jour, des dizaines de milliers de personnes prennent place sur un divan et se livrent sur leur vie, leurs tourments, leur intimité. À leurs côtés, les psychanalystes les écoutent plus qu’ils ne parlent. Qui sont-ils, comment travaillent-ils et quelles solutions peuvent-ils apporter ? Six psychanalystes, rencontrés dans différentes régions, témoignent de leur pratique dans ce film très pédagogique. En décortiquant chaque facette de ce métier, ils démystifient bien des préjugés sur les psys.
« Les plus gros pourvoyeurs de patients aujourd’hui, ce sont les crises d’angoisse, raconte le psychanalyste Ali Magoudi. Leur mystère alimente les milliers de divans en France parce que c’est une énigme. » La figure du psychanalyste demeure également bien mystérieuse. Que se passe-t-il dans sa tête ? Pourquoi a-t-il choisi ce métier ? Peut-il refuser un patient ? Pourquoi faut-il le payer et pourquoi est-ce parfois si long ? Comment accompagne-t-il un enfant ? Et surtout : quel engagement peut-il prendre vis-à-vis de toutes ces personnes en souffrance ou en quête de solutions qui viennent se confier à lui ? Peut-il promettre la « guérison » ? Autant de questions posées – sans jugement, loin des discours théoriques ou universitaires sur la psychanalyse – à ces six psychanalystes qui acceptent de témoigner sur l’origine de leur vocation, les étapes successives indispensables à l’analyse, le rapport à l’argent, leurs difficultés, leurs regrets et leur relation à leurs patients. Et qui racontent aussi les histoires de ceux qui les ont marqués.