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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 13 mai 2012


L'autisme, soluble dans la génétique ?
Article paru dans l'édition du 07.04.12
Tout le monde l'espère, mais le test de diagnostic de ce trouble complexe n'est pas pour demain le livre




e premier test de diagnostic de l'autisme va être lancé » : pour Bertrand Jordan, c'est ce titre d'un article paru dans Le Monde, en 2005, qui a tout déclenché. Généticien, il sait qu'il n'existe aucun marqueur biologique fiable de l'autisme, et cette annonce, émanant de la société française de biotechnologies IntegraGen, lui semble pour le moins prématurée. Et de fait : elle donnera lieu au fil des ans à diverses péripéties scientifiques, médiatiques et judiciaires - sans que le moindre test génétique soit pour autant commercialisé.
Entre science et business, ce sont les méandres de cette aventure que l'auteur, directeur de recherches émérite au CNRS, a choisi de mettre en scène, en alternance avec des chapitres faisant le point sur ce qu'on sait aujourd'hui de l'autisme et de sa prise en charge. Le résultat illustre avec brio les espoirs et les déconvenues de la « médecine génomique » : une discipline dont l'objet est de trouver le (ou les) gène(s) impliqué(s) dans telle ou telle maladie qui, dans le cas de l'autisme comme de tant d'autres, se heurte au mur de la complexité.
Non pas qu'il n'y ait aucun gène impliqué dans l'autisme. Bien au contraire : il y en a trop ! La part de l'hérédité étant depuis longtemps confirmée par la concordance très élevée de la maladie observée dans les couples de vrais jumeaux (de 60 % à 90 %), de multiples équipes ont tenté d'identifier les marqueurs moléculaires qui lui étaient associés. Les outils toujours plus pointus d'exploration du génome humain ont distingué une pléthore de « gènes candidats » susceptibles de jouer un rôle dans cette affection et donné lieu à plus de mille publications entre 2005 et 2011 - trois dans la seule revue Nature cette semaine ! Tous ces travaux, résume Bertrand Jordan, « montrent surtout la complexité des corrélats génétiques de l'autisme ». « Le » gène de l'autisme, et même les gènes « majeurs », dont la version défectueuse aurait un effet significatif sur l'incidence de la maladie, restent introuvables. Et pour cause : ils n'existent pas.


Avancée médicale illusoire

Pourquoi alors continuer dans cette voie de recherche ? Parce que mieux connaître les gènes impliqués, même s'ils sont multiples, éclairera l'étiologie de cette affection neurobiologique. Parce que ces connaissances pourraient, à terme, aider à concevoir des médicaments spécifiques. Et parce que l'autisme est un marché.
Sans marqueurs biologiques, le diagnostic de l'autisme ne peut être posé de façon certaine avant l'âge de trois ans. Or tout indique que la prise en charge est d'autant plus efficace qu'elle est menée précocement. D'où l'espoir que suscite, chez les parents comme chez les neuropédiatres, la mise au point d'un test génétique. Et d'où la tentation, pour les entreprises de biotechnologies, de travailler à sa commercialisation. Même si elles savent que ses performances resteront limitées.
Problème : faut-il mettre un tel test sur le marché ? En prenant l'exemple de la société IntegraGen - la plus avancée dans ce domaine -, dont il a longuement rencontré les responsables scientifiques et commerciaux, Bertrand Jordan montre comment la logique d'une petite start-up en biotech, alliée à la demande des parents et des médecins, peut déboucher sur une avancée médicale illusoire, ou du moins relative. Comment, s'interroge-t-il, « faire comprendre que le test proposé n'apporte qu'une petite contribution à l'identification d'enfants un peu plus vulnérables que d'autres ? » Comment évaluer les effets négatifs qu'entraînera l'annonce de ce risque légèrement plus élevé que la moyenne sur les parents, et donc sur leurs enfants ? La génétique ne peut pas tout. C'est un des mérites de ce livre, écrit par un homme de l'art, que de le rappeler.

Catherine Vincent

Les personnes âgées en psychiatrie : une perspective historique

May 8, 2012
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* Ce texte paraît aujourd’hui, sous une forme légèrement différente, dans la revue forum qui publie un numéro consacré aux Menschenrechte in der Pflege.
« Personnes âgées » et « psychiatrie » : voilà deux termes qui se croisent depuis 200 ans et qui constituent des repoussoirs l’un pour l’autre. Les personnes âgées et les responsables politiques qui développent des politiques pour ce groupe craignent le côté stigmatisant lié à l’évocation de la psychiatrie. Le vieillissement n’est pas une maladie, et surtout pas une maladie mentale, définie souvent comme persistante et inguérissable. De son côté, la psychiatrie considère les personnes âgées – pour exactement la même raison – comme une population de patients peu valorisante, surtout pendant les périodes historiques où ce champ se définit comme une approche médicale et biologique. Les difficultés thérapeutiques que posent ces patients risquent de marginaliser davantage encore une discipline qui peine à trouver sa légitimité en médecine. Les psychiatres appréhendent l’aspect chronique de ces patients qui occupent des lits, qui semblent incurables et qui sont responsables des mauvaises statistiques.
En même temps, dès sa naissance dans la première moitié du 19e siècle, la psychiatrie est confrontée à la problématique du vieillissement. Les lieux dans lesquels la psychiatrie commence à être exercée et à se construire comme profession, se caractérisent souvent par une population très hétérogène parmi laquelle les personnes âgées constituent une partie non-négligeable. À Luxembourg, l’Hospice Central d’Ettelbrück qui ouvre ses portes en 1855 et qui constitue l’ancêtre de l’actuel Centre Hospitalier Neuro-Psychiatrique, accueille et enferme à ses débuts différentes populations marginalisées.

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vendredi 11 mai 2012

M. Py est-il un bon prof de maths ?

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
En 1937, le psychologue américain Gordon Allport suggéra que notre nom de famille était un élément important dans la constitution de notre personnalité en raison de ses connotations, qu'elles soient physiques (Legrand, Legros, Petit, Roux...), psychologiques (Lebon, Ledoux) ou qu'elles donnent des indices sur l'origine géographique ou ethnique de la lignée. Même si nous sommes tous les lointains héritiers de ceux qui, les premiers, ont porté notre patronyme, les autres membres de la société se servent plus ou moins consciemment de ces indices pour se faire une idée de nous. Plusieurs études ont ainsi mis en évidence que nous activions des stéréotypes négatifs à l'évocation de noms d'origine étrangère. A l'inverse, plus un nom est fréquent, plus il bénéficie d'un a priori positif.
Chercheur en sciences du comportement à l'université de Bretagne-Sud, Nicolas Guéguen est un spécialiste du décryptage de ces détails en apparence saugrenus mais qui en disent parfois long sur la psychologie de l'être humain. Après s'être intéressé au succès des auto-stoppeuses en fonction de leur tour de poitrine ou de la couleur de leur T-shirt, et après avoir prouvé que l'on dépensait plus d'argent chez le fleuriste si des chansons d'amour y étaient diffusées, il s'est, avec son collègue Alexandre Pascual (université Bordeaux-Segalen), demandé si porter un nom lié à sa profession était un "plus".
Comme il est un peu difficile de savoir si les clients de M. Boulanger pensent que son pain est meilleur que celui de ses concurrents ou si Mme Marchand est une commerçante douée, ces deux chercheurs ont imaginé une expérience amusante. Ils ont passé plusieurs petites annonces pour des cours particuliers de mathématiques donnés par un enseignant fictif affublé, suivant les cas, du nom de Lemaître, Lebon, Legrand (pour tester une caractéristique physique), Martin (pour voir si le plus courant des patronymes avait un surplus de capital sympathie), Leray et Le Gal (pour évaluer des noms moins communs mais ayant une structure syntaxique analogue aux trois premiers). Comme le montrent les résultats parus en 2011 dans la Revue internationale de psychologie sociale, le bien-nommé M. Lemaître et, dans une moindre mesure, M. Lebon ont été les plus sollicités par les parents voulant renforcer les acquis - ou combler les lacunes - de leurs rejetons.
Dans une seconde expérience très semblable publiée la même année par la revue Names, les sieurs Guéguen et Pascual sont allés plus loin : les professeurs de mathématiques de leurs petites annonces s'appelaient Py, Rie (même consonance que le premier) et Le Gal. Qui a été plébiscité ? L'homonyme du nombre pi, bien sûr, avec près de la moitié des appels téléphoniques - 45,4 % exactement car, même imaginaire, M. Py aime les résultats précis. Les auteurs de l'étude supposent que ce "nom de famille a probablement été interprété comme une sorte de prédestination à devenir un mathématicien et sans doute un bon mathématicien".
L'élection présidentielle aurait pu nous apporter un éclairage supplémentaire. Mais nous ne saurons malheureusement pas si, avec Mme Joly à l'Elysée, la vie aurait été plus belle ou si, avec M. Poutou, tous les Français auraient eu double ration de bisous tous les jours. Bon, j'arrête là mes moqueries. Avec le nom que je porte, je risque trop de me faire massacrer.
Journaliste et blogueur
(Passeurdesciences.blog.lemonde.fr)

Anders Breivik, fou ou monstre?

Qui est le tueur norvégien? La psychiatrie ne parvient pas à le dire. Autoproclamé sain d’esprit, il tourne les experts en ridicule et réclame à ses juges la mort ou la vie en liberté.

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Breivik tente de prouver qu'il n'est pas fou

Le tueur norvégien assure avoir délibérément fait abstraction de toute émotion pour préparer ses attaques.

Déclaré psychotique par une première évaluation officielle, puis sain d'esprit par une contre-expertise, Anders Behring Breivik va maintenant tenter de départager les psychiatres. Cinq jours lui ont été accordés par le tribunal d'Oslo pour s'expliquer sur sa santé mentale. La question, pour l'auteur de l'attentat d'Oslo et de la tuerie d'Utoeya, qui ont fait 77 morts le 22 juillet dernier, est essentielle: reconnu pénalement responsable, il serait envoyé en prison ; jugé dément, ce serait l'asile psychiatrique à vie. «Pire que la mort», selon l'extrémiste, qui ne veut surtout pas voir son idéologie islamophobe décrédibilisée par un diagnostic.
«Si j'avais été un djihadiste barbu, je n'aurais pas fait l'objet d'une expertise psychiatrique du tout», a affirmé Breivik devant la cour. «Mais parce que je suis un militant nationaliste, je suis exposé à un grave racisme, a-t-il ajouté. Ils essaient de “délégitimer” tout ce en quoi je crois.»

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Italie: des psys mobilisés contre l'idée de «guérir l'homosexualité»
Dans un livre au titre volontairement provocateur, un psychiatre et deux psychothérapeutes italiens mettent à mal les théories dites «réparatrices» – très vivaces dans la péninsule – qui prétendent guérir l'homosexualité.
Guérir les homosexuels? Si le livre qui vient de sortir dans les librairies transalpines pose la question, c'est bien pour démontrer l'absurdité d'éventuels «traitements» et en dénoncer les effets destructeurs. Ecrit par Paolo Rigliano, psychiatre, Jimmy Ciliberto et Federico Ferrari, psychothérapeutes, l'ouvrage est d'autant plus pertinent que ces théories sont encore largement répandues en Italie. Combattre la «théopsychologie»
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mercredi 9 mai 2012

OLIVIER LABOURET
« La psychiatrie est utilisée comme instrument de dissuasion »

Si la psychiatrie a toujours été en partie instrumentalisée pour contrôler les comportements, la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement a aggravé cette tendance. Telle est la thèse défendue par le psychiatre Olivier Labouret, qui publie «Le nouvel ordre psychiatrique». Un ouvrage passionné dans lequel il prône une alter psychiatrie fondée sur une éthique de la subjectivité.

«Pour mettre
en œuvre
une psychiatrie
authentique
visant à rendre
aux gens une
réelle capacité à
l...] recouvrer
une part
de liberté,
il faut défendre
les droits des patients
et les libertés fondamentales»

En quoi le discours de Nicolas Sarkozy du 2 décembre 2008 constitue-t-il un tournant pour la psychiatrie?

Il avait été prononcé à la suite du meurtre commis par un jeune schizophrène échappé d’un hôpital à Grenoble, mais il s’ inscrivait aussi dans un contexte d'éclatement de la crise économique. Il y apparaissait clairement que la psychiatrie, pour le pouvoir néolibéral, devait être un instrument permettant de normaliser les comportements. Pas seulement parce que les malades seraient tous potentiellement dangereux et quÎil faudrait les empêcher de nuire. Mais, en arrière plan, se trouve l’idée qu’il faut surveiller et contrôler tout le monde pour aller vers le risque zéro. C’est ce discours qui a débouché sur la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement. Le but étant de mieux adapter les individus à une guerre économique reposant sur la compétition. C’est aussi pour cette raison que la psychiatrie tend à être instrumentalisée et transformée en une activité de prévention et de protection de la santé mentale des populations, d’inspiration comportementale et masquée par un discours scientiste.

De quelle manière la psychiatrie permet-elle de mieux contrôler les populations ?

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Olivier Labouret Le nouvel ordre psychiatrique

                                        Guerre économique et guerre psychologique
labouret.jpg
Olivier Labouret est médecin psychiatre en hôpital public. Il est président de l’Union syndicale de la psychiatrie, membre de la Ligue des droits de l’Homme et du conseil scientifique de l’Association pour la taxation des transactions et l’action citoyenne (ATTAC).
L’évolution actuelle de la psychiatrie sert de caution scientiste à une politique néolibérale qui ne cesse de se durcir. Ainsi la nouvelle loi sécuritaire du 5 juillet 2011 marque un tournant historique en permettant de traiter de force tout trouble du comportement individuel à domicile. À l’heure où une politique d’austérité généralisée vient répondre à l’emballement insensé du système économique, le contrôle social de la « santé mentale » des populations est ainsi assuré par la peur de la folie et de l’exclusion. Pour que la psychiatrie publique ne devienne pas le nouveau ministère de l’Intérieur psychique, ni la police des comportements, l’auteur nous invite à lutter contre ce nouvel ordre psychiatrique profondément déshumanisant.
Communiqué par Lacan Quotidien – Un nouveau décret relatif à l’usage du titre de psychothérapeute
Le Premier ministre a tenu à signer le 7 mai le décret supprimant tout réquisit imposé aux psychologues pour utiliser le titre de psychothérapeute.
Résultat : le projet Accoyer s’en trouve un peu plus dévitalisé. Les psychothérapeutes ont depuis longtemps abandonné cette dénomination; les psychanalystes ne semblent pas courir après. Un coup d’épée dans l’eau ne laisse pas de traces. Mais restons vigilants.

Laplanche, en signes de deuil

Disparition . Le psychanalyste post-lacanien, dont le nom fut associé à celui de Pontalis, est mort dimanche à Paris à l’âge de 88 ans.

Par ROBERT MAGGIORI
Il y a le Gaffiot, pour les latinistes, le Bailly pour les hellénistes, et, pour les analystes, le Laplanche & Pontalis. A savoir : le Vocabulaire de la psychanalyse (PUF), publié pour la première fois en 1967, maintes fois réédité, traduit dans le monde entier, et qui a constitué une sorte de base de données dont l’«exploitation» a servi à rendre plus solide le cadre de la conceptualité freudienne. Jean Laplanche est décédé dimanche, à l’hôpital de Beaune, des suites d’une fibrose pulmonaire. Il avait 88 ans. Son nom restera à jamais attaché au Vocabulaire, bien que son œuvre, composée d’une vingtaine d’ouvrages, ne se réduise pas à ce travail de référence.
Bon vivant. Né le 21 juin 1924, d’un père bourguignon et d’une mère champenoise, Jean Laplanche eût pu n’être que vigneron, et passer sa vie dans sa propriété du début du XIXe siècle, dans le village de Pommard (Côte-d’Or), ou de cet autre château, avec ses vignes, qu’il vendra en 2004. Mais à cet attachement natif et viscéral à la terre, qui en fera un bon vivant, s’ajoutent la passion pour les choses de l’esprit, qui l’orientera vers la philosophie, la médecine psychiatrique et la psychanalyse, et l’exigence morale, née dès l’adolescence lors de son adhésion à l’Action catholique, qui le conduira à s’engager dans la Résistance en 1943 puis à fonder, avec Cornelius Castoriadis et Claude Lefort le groupe (et la revue) Socialisme ou Barbarie en 1948.
A l’Ecole normale supérieure, Jean Laplanche a pour maîtres Gaston Bachelard, Jean Hyppolite ou Maurice Merleau-Ponty. Il est reçu à l’agrégation de philosophie en 1950. Il était déjà, alors, en analyse avec Jacques Lacan, qui le pousse à entreprendre des études médicales. Interne des Hôpitaux psychiatriques, il soutient sa thèse en médecine - «Hölderlin et la question du père» - en 1959. L’année suivante, le rapport qu’il présente avec Serge Leclaire au colloque de Bonneval, «l’Inconscient : une étude psychanalytique», aura un grand retentissement. Invité par Daniel Lagache, sous la direction duquel il publiera, avec Jean-Bertrand Pontalis, le dit Vocabulaire de la psychanalyse, il enseigne à la Sorbonne dès 1962. Deux ans plus tard, après avoir rompu avec Lacan, il contribue à la fondation de l’Association psychanalytique de France, dont il sera président. Il dirigera aussi, par la suite, le Centre de recherches en psychanalyse et psychopathologie de l’université Paris-VII, et lancera la revue Psychanalyse à l’université.
Mais le parcours de Jean Laplanche, figure centrale des développements post-lacaniens de la psychanalyse française, est surtout, si on peut dire, «intérieur», autrement dit marqué par une exigence à laquelle il n’a pas dérogé, une exigence de recherche, ou heuristique, qui, eût dit Jankélévitch, l’a fait se comporter, vis-à-vis du monde et des théories,«comme si rien n’allait de soi», comme si aucun «fait» ne devait échapper à la remise en question, ou à différentes «traductions». Aussi, critique lucide de Lacan, contestera-t-il également certains aspects de la théorie freudienne, considérés comme «biologisants», et donc fourvoyants. Emblématiques, à cet égard, sont les positions de Laplanche sur la question du «sexuel» (du sexual plutôt) ou de la «pulsion de mort», du fantasme, du travail du deuil, de la «situation» de la psychanalyse entre archéologie et histoire, de l’origine du fantasme et du fantasme de l’origine.
Messages. C’est cette question de l’originaire - quelque chose «qui transcende le temps mais qui reste en même temps lié au temps» - qui, dans Nouveaux Fondements pour la psychanalyse (1987), conduit Laplanche d’abord à délimiter l’espace propre de la psychanalyse, en la séparant des quatre domaines du biologique, du phylogénétique, du mécanique et du linguistique, puis à élaborer une «théorie de la séduction généralisée», sous le signe du primat de l’autre, et à considérer la pratique clinique à la lumière de la notion de «traduction». Sans doute celle-ci est-elle le label de toute l’œuvre de Laplanche. Non seulement parce que, au niveau effectif, celui-ci a supervisé pendant vingt ans l’entreprise gigantesque de traduction des Œuvres complètes de Freudaux PUF, mais parce que dans la théorie de la séduction généralisée est centrale la question de la traduction du «message énigmatique» adressé à l’enfant par l’autre, par l’adulte pourvu d’un inconscient - enfant qui dès lors est le seul interprète, ou «herméneute».
D’une façon plus générale, et apte à montrer l’originalité des théories de Laplanche, l’herméneute, ce n’est pas l’analyste, mais le Moi de l’être l’humain : celui-ci, dans l’enfance, se trouve donc confronté aux messages énigmatiques des adultes, qui sont pour lui des traumatismes supportables et maîtrisables à la seule condition qu’il soit capable de les interpréter ou «traduire». Si l’homme est en somme poussé par une«pulsion de traduction», il reste que toute traduction est toujours inadéquate, incomplète, et donc laisse un «legs» opaque, capable de menacer la cohésion du Moi. L’analyse est-elle capable de traduire le non-traduit, de le dé-lier ? Une grande partie de l’œuvre de Jean Laplanche tente de répondre à cette question. Question qu’il reprenait souvent, aussi, verre à la main, au cours de séminaires en plein air, le vendredi soir, au château de Pommard.

mardi 8 mai 2012

Lundi 7 mai 2012
cgt logoLe Conseil Constitutionnel vient de censurer
deux dispositions de la loi sur les soins sans consentement.

Les articles L3211-12 II et L3213-8 de la loi du 5 Juillet 2011 sur les soins sans consentement viennent d’être censurés par le Conseil Constitutionnel, suite à une question prioritaire de constitutionnalité déposée par le Cercle de réflexion et de proposition de la psychiatrie.

Ces articles qui concernent les patient-e-s faisant l’objet, soit d’une déclaration d’irresponsabilité pénale, soit sont hospitalisé-e-s dans une Unité pour Malades Difficiles (UMD) ont été abrogés. La loi doit être modifiée avant le 13 Octobre 2013.

Depuis sa mise en place, la CGT demande l’abrogation de ce texte qui a été élaboré sans aucune concertation avec les organisations syndicales et les syndicats de médecins, et sans leur consentement. Malgré une mobilisation importante contre cette loi essentiellement sécuritaire, le gouvernement est passé en force pour sa publication.

D’autres articles de cette loi, non abrogés par le Conseil Constitutionnel, énoncent aussi des dispositions essentiellement sécuritaires, bien loin des soins psychiatriques de qualité dont les patient-e-s doivent pouvoir bénéficier dans un but de réadaptation et de réinsertion, et dans le respect du droit des personnes.

En réalité, cette loi sur les soins sans consentement n’offre pas les garanties nécessaires pour les droits des personnes, ni de solution efficace pour la qualité des soins.

La Fédération Santé Action Sociale CGT demande au gouvernement de prendre en compte les véritables besoins de soins croissants en psychiatrie, pour que cette discipline puisse assurer ses responsabilités et ses missions : prise en charge de la spécificité psychiatrique, maintien de la continuité des soins dans le cadre de la politique de secteur. Il est urgent d’attribuer des moyens humains suffisants et d’assurer une formation professionnelle spécifique de qualité, éléments incontournables pour que la psychiatrie publique puisse remplir efficacement ses missions.

Un débat sur l’avenir de la psychiatrie et de sa place dans la société doit avoir lieu.

Fait Montreuil, le 3 Mai 2012

lundi 7 mai 2012

La HAS publie un guide pour éviter les erreurs et accidents médicaux à l’hôpital

lequotidiendumedecin.fr 13/04/2012

Le document proposé par la Haute autorité de santé regroupe des outils pratiques et des fiches techniques pour aider les professionnels de santé.
Erreurs avec les médicaments ou au bloc opératoire, risque d’infection : les hôpitaux disposent désormais d’un guide, conçu par la Haute autorité de santé (HAS), pour lutter contre les événements indésirables graves (EIG). La seconde enquête nationale ENEIS, enquête sur les événements indésirables associés aux soins, évoque la survenue de 275 000 à 395 000 EIG par an, soit un EIG tous les cinq jours dans un service de 30 lits, un tiers d’entre eux étant considéré comme évitable. Les EIG évitables sont ceux qui n’auraient pas eu lieu, si les soins avaient été conformes à la prise en charge considérée comme satisfaisante au moment de leur survenue, explique l’un des co-auteurs de l’étude.
La HAS précise que les enjeux sont à la fois humains, techniques et organisationnels, mais aussi juridiques et assurantiels. « Le guide propose aux équipes de mettre en place une démarche d’analyse et d’identification des risques en 5 étapes, depuis le choix de la situation à risques, jusqu’à la mise en place des solutions et au suivi des résultats », précise la HAS.

34 fiches techniques

Le guide « Gestion des risques associés aux soins en établissement de santé » regroupe les 5 étapes et présente des outils pratiques pour permettre à tous les professionnels de santé concernés, décideurs, coordonnateurs, équipes opérationnelles, d’agir de façon pérenne pour sécuriser les soins dans leur établissement de santé.
Le document aborde également selon trois fonctions, gouvernance, coordination ou équipes opérationnelles, douze axes d’actions thématiques. Il explique, par exemple, comment faire le bilan de l’existant, définir le programme institutionnel et les axes de travail ou encore mettre en place les structures pilotes. Enfin 34 fiches techniques associées permettent une déclinaison sur le terrain. « Ces fiches mettent en convergence des méthodes et des démarches existantes : analyse d’événements indésirables, revue de morbi-mortalité, audits, check-list, exigences de la procédure de certification, etc. », explique la HAS.
› C. R.

Schizophrénie : " Ils voient dans ma tête "

07/03/2012
Ce qui est terrible avec ces maladies, c'est qu'elles atteignent n'importe qui. Sans distinction. Leur fils avait 20 ans lorsque la maladie s'est insinuée chez eux. Inscrit en deuxième année de BTS « force de vente » à Poitiers, il obtenait pourtant des résultats prometteurs, son niveau s'est brutalement affaissé, il a soudain perdu la force de quitter la maison de ses parents, à Niort. « Il se renfermait dans sa chambre et sur lui-même, se souvient Philippe, son père, il laissait ses volets fermés pour rester dans le noir à longueur de journées. Il écoutait de la musique à fond, refusait le dialogue. On ne le reconnaissait plus, il semblait complètement déconnecté. »

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Une drogue de plus par semaine en Europe

LE MONDE | 


| "Le Monde"

Quasiment une nouvelle drogue par semaine : c'est à ce rythme que sont détectées les substances psychoactives en circulation au sein de l'Union européenne (UE), selon le rapport annuel conjoint de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) et d'Europol, publié jeudi 26 avril. Sur les 49 nouvelles drogues dont la présence sur le marché européen a été établie en 2011, près de la moitié - 23 précisément - sont des cannabinoïdes de synthèse.
Cette septième édition du rapport annuel de l'OEDT fait suite à la décision, en 2005, du Conseil de l'Europe, de mieux évaluer les risques et de contrôler les nouvelles substances psychoactives. D'où la mise en place d'un "système d'alerte rapide de l'Union européenne", afin de rendre compte de cette émergence très inquiétante en termes de santé publique. Grâce à ce système, l'OEDT et Europol, l'agence de coopération policière de l'UE, ont constaté que 2011 avait été une année record pour le nombre de nouvelles drogues mises sur le marché, qu'elles soient proposées par des boutiques en ligne, dans des boîtes de nuit ou directement dans la rue.
DISPONIBILITÉ EN LIGNE DES SUBSTANCES
Les substances détectées en Europe appartiennent à trois classes chimiques : les cannabinoïdes de synthèse (23 des 49 substances détectées), parents du cannabis ; les cathinones (8 substances), un dérivé du khat ; le phényléthylamine (5 substances), apparenté à l'amphétamine.
La surveillance repose sur les saisies de drogues et les produits récupérés auprès d'usagers, mais également sur les résultats des recherches actives menées officiellement en laboratoire. L'achat en ligne d'échantillons permet d'analyser la composition des produits vendus. Sans surprise, celle-ci est très variable d'un produit à l'autre. Elle comprend parfois des substances réglementées. Les mêmes substances psychoactives peuvent ainsi être vendues sous des noms différents.
L'OEDT exerce une veille sur Internet afin de suivre la disponibilité en ligne de substances qui n'ont pas encore fait l'objet de décisions de réglementation.
Ce marché lucratif attire de plus en plus d'acteurs. Le rapport indique que le nombre de boutiques de vente de drogues en ligne a presque doublé en un an, passant de 170 en janvier 2010 à 314 en janvier 2011. Et, visiblement, cette progression s'est accélérée au cours des derniers mois : l'OEDT a recensé 630 sites de vente en ligne en juillet 2011, et 690 en janvier 2012.
ACTIVITÉ IMPORTANTE DES LABORATOIRES CLANDESTINS
"Généralement, ces sites vendent plus fréquemment leurs nouvelles drogues sous des noms tels que "herbal highs" (drogues à base de plantes) ou "research chemicals" (produits chimiques de recherche), plutôt que sous le terme de "drogues légales"", indique le rapport. Même s'il est difficile d'identifier avec précision les pays d'origine des boutiques en ligne qui offrent ces substances, les deux organismes européens estiment cependant que l'augmentation du nombre de sites est principalement due à de nouveaux entrants américains.
Le plus connu des cannabinoïdes de synthèse est vendu sous le nom de "Spice", dont les effets secondaires sont une augmentation du rythme cardiaque, une hypertension artérielle, une agitation et des hallucinations. Au cours de la période 2008-2010, les cannabinoïdes de synthèse déjà répertoriés appartenaient à cinq groupes chimiques différents. Mais cinq nouveaux groupes de cette famille sont apparus sur le marché européen des drogues en 2011 et début 2012. Ce qui témoigne d'une activité importante des laboratoires clandestins.
Le rapport cite l'exemple de la méphédrone, un stimulant de la famille des cathinones, qui atteint au Royaume-Uni des niveaux de consommation équivalents à ceux de l'ecstasy (1,4 % de la population des 16 à 59 ans) ou de la cocaïne (4,4 % des 16-24ans).
En 2011, cette drogue de synthèse était toujours disponible dans des boutiques en ligne, même si celles-ci étaient moins nombreuses à le proposer et si les prix avaient grimpé. Elle semble surtout consommée par des personnes faisant également usage d'autres drogues.