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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 4 mai 2016

Psychiatrie. Bistouri et matière grise

LE MONDE DES LIVRES | Par Elisabeth Roudinesco
Ami et élève de Claude Olievenstein (1933-2008), avec lequel il a travaillé pendant des années à l’hôpital Marmottan, à Paris, Carlos Parada, psychiatre engagé, spécialiste des toxicomanies, raconte, dans le fort intéressant Toucher le cerveau, changer l’esprit, les déboires et les errances de la psychochirurgie, qui visait à éradiquer les psychoses, les dépressions et l’homosexualité par des opérations barbares sur le cerveau : leucotomie, lobotomie, topectomie, thalamotomie. Quelle que soit la variété des techniques, il s’agissait toujours de prélever une substance cérébrale dans le but d’altérer un trouble psychique ou mental.
Toucher le cerveau, changer l’esprit, de Carlos Parada, PUF, « Science histoire & société », 204 p.
Mise au point en 1935 par le médecin portugais Egas Moniz (1874-1955), qui reçut le prix Nobel en 1949 pour ses recherches, cette pratique reposait sur la conviction qu’il existerait une ­continuité absolue entre le cerveau et l’esprit. Comme si enlever un lobe à l’aide d’un bistouri suffisait à changer la condition humaine. Ces interventions n’eurent aucune efficacité et ne firent qu’ajouter une anomalie, liée à l’amputation, à un déséquilibre psychique. Certains cas sont restés célèbres aux Etats-Unis, celui, notamment, de Carl Liebman (1900-1969), ancien patient ­psychotique de Freud qui finira ses jours dans un hôpital psychiatrique, et celui de Rosemary Kennedy (1918-2005), opérée en 1941 dans le plus grand secret à la demande de son père, Joseph Kennedy, ­patriarche du clan. Elle ne s’en remettra ­jamais. Quant à Moniz, il sera agressé par un patient schizophrène. Contraint de cir­culer dans un fauteuil roulant, il poursuivra ses expériences jusqu’à sa mort.
Le choix entre deux voies
Si Carlos Parada n’évoque pas ces cas, il montre néanmoins comment s’est développé ce rêve de « changer l’esprit en touchant le cerveau » et il indique que la psychiatrie biologique de la seconde moitié du XXe siècle avait le choix entre deux voies : l’intervention chirurgicale d’un côté, la généralisation des psychotropes de l’autre. En France, de nombreux psychiatres, parmi les plus humanistes et les plus ouverts à la psychanalyse et donc au traitement psychique – Georges Daumezon, Henri Ey, Serge Lebovici –, acceptèrent en partie cette pratique, en invoquant la suppression de la souffrance chez les patients agités, angoissés, délirants. Seul Henri Baruk (1897-1999), anti-freudien avéré, refusa de s’engager dans un débat sur la notion même d’efficacité. Aussi s’opposa-t-il, par principe et au nom d’une morale religieuse, à ces interventions aujourd’hui interdites dans de nombreux pays. Il considérait qu’il y avait peu de différence entre les malades mentaux et les hommes ordinaires, et que le médecin devait supporter les violences et la folie du malade.
Dans cette optique, Carlos Parada soutient que la psychiatrie biologique ­contemporaine a hérité, d’un côté, de l’aspect « disciplinaire » de la psychochirurgie, quand les substances chimiques sont ­administrées par le psychiatre du haut de son autorité et, de l’autre, de son caractère transgressif, quand le patient se drogue au point de s’autodétruire. Dans cette nouvelle configuration, le psychiatre n’a plus le pouvoir d’imposer un traitement barbare au patient sans son consentement tandis que celui-ci peut décider lui-même de consommer de la drogue. Pouvoir disciplinaire et transgression de la norme sont donc les deux facettes d’un savoir psychiatrique en quête d’identité.

Improviser en psychanalys(t)e

Improviser en psychanalys(t)e 

Numéro 93 - Revue semestrielle
Partant du jazz, ce numéro de la revue pose la question de l’improvisation de la manière suivante : en quoi consiste le fait d’improviser en psychanalys(t)e ? L’écriture de la parenthèse témoigne d’une ouverture. Pour certains auteurs, l’improvisation ne serait pas sans concerner le psychanalyste et la conception qu’il se fait de l’acte et de l’interprétation. D’autres contributeurs n’hésitent pas à supposer une certaine part d’improvisation dans la tache analysante : l’association dite libre. Enfin, une tierce position consisterait à se demander en quoi l’improvisation peut être présente dans les registres du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel.

Les cauchemars Ces sombres messagers de la nuit

Les cauchemars 
Dans la collection : 


Les songes, ces visiteurs nocturnes, vont du rêve le plus banal, bien que toujours obscur, au cauchemar le plus troublant. Le sommeil est riche de ces fantômes de la nuit, que le dormeur s’en souvienne ou non.
La frontière entre rêve et cauchemar paraît parfois floue et peut être facilement franchie. Le rêveur glisse alors de l’un à l’autre dans des affects partagés entre plaisir fugace et douleur nostalgique. Mais alors, y a-t-il une spécificité du cauchemar ? Est-il simplement un rêve comme un autre qui, bien que de mauvaise compagnie, répondrait aux mêmes règles ? Ou bien est-il un cas limite de rêves qui n’aurait pas les mêmes causes et ne viserait pas les mêmes objectifs ?

Destins de la sublimation

En 1967, dans son séminaire La logique du fantasme, Lacan estime encore que la sublimation est « restée dans la théorie analytique dans un certain suspens » et qu’autour d’elle « se sont accumulés le plus de nuages et le plus de faux-semblants». Quels sont ces nuages et ces faux-semblants ? Signalent-ils la difficulté de distinguer la sublimation de l’idéalisation ? Ou s’agit-il du fait de rapprocher la sublimation du sublime et de ne pas s’interroger sur la signification de la « désexualisation » qui lui est rattachée ? Par ailleurs, magnifier la valeur culturelle des œuvres qui accompagnent  la sublimation et contribuent à la faire reconnaître ne fait-il pas écran à sa véritable fonction ?

L'inconscient, c'est le social - Désir et jouissance chez nos contemporains








L'inconscient, c'est le social 
En s’appuyant sur l’aphorisme de Lacan : « L’insconscient, c’est le social », Marisa Fiumanò explore les difficultés et le dérives de la jouissance dans nos sociétés démocratiques et libérales, égalitaires et individualistes, sexuellement désinhibées mais apathiques, et interroge la place de la psychanalyse. A travers son enquête sur le mal-être d’une époque, elle montre que le gouvernail social est pointé vers une direction – jouir à tout prix – insoutenable  pour l’économie psychique.

La compétence des familles Temps, chaos, processus




La compétence des familles 

Guy AUSLOOS


« Faire de la thérapie n’est pas résoudre des problèmes ou corriger des erreurs mais se plonger dans le mystère des familles et de leur rencontre. Ceci implique de passer d’une thérapie où le thérapeute observe à une thérapie où le thérapeute s’observe pour reflèter à la famille compétente cette perception qui permet de laisser émerger “l’autosolution”.»

Ainsi dans ce livre qui reflète sa carrière déjà longue de praticien et de théoricien systémique, Guy Ausloos exhorte le lecteur à se laisser pénétrer par le mystère de la famille compétente plutôt qu’à rechercher des recettes pour traiter la famille dysfonctionnelle. Les difficultés et les mutations des statuts parentaux, la perte des valeurs traditionnelles, la violence sociale, l’incertitude quant à l’avenir devant le chômage et la maladie, l’évolution des modèles professionnels, etc., déstabilisent les familles qui ont aujourd’hui besoin d’être confortées dans leur parentalité pour accompagner leurs enfants vers l’âge adulte.


Linda Naeff a créé 7000 œuvres à partir de 61 ans, à sa mort


03-05-16 Par Muriel Grand


ExpositionLe Musée de Carouge présente le travail d’une artiste hors normes.


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Image: Aurélien Bergot
Elle a commencé à créer à 61 ans, mais a bien rattrapé le temps perdu en dessinant et sculptant frénétiquement, chaque jour. A sa mort en 2014, à l’âge de 88 ans, Linda Naeff a laissé une œuvre de 4000 tableaux et 3000 sculptures. Après la rétrospective que lui a consacrée la Galerie de la Ferme de la Chapelle il y a deux ans, le Musée de Carouge lui rend à son tour hommage.
«En 2011, je lui ai proposé de monter une exposition, mais elle a refusé, raconte Philippe Lüscher, directeur du musée de Carouge. Elle n’était pas intéressée par ce type de démarche.» Un détachement qui rapproche Linda Naeff de l’art brut, même si elle possédait une certaine culture visuelle. De même que son besoin compulsif de créer. «C’était absolument vital pour elle», rapporte le directeur.
Car il s’agissait d’exorciser les nombreux drames qui avaient émaillé son existence entre la Suisse et la France. Un père autoritaire, une mère dépressive qui simule des suicides et oblige ses filles à la supplier d’y renoncer. Un viol par son professeur de musique dans son adolescence. Quatre fausses couches, à un stade avancé. La mort de son petit-fils. Des traumatismes dont elle n’a jamais vraiment pu parler.
Des objets de récupération
Pour tenter d’expulser toute cette souffrance accumulée, elle commence par prendre la plume. Ces écrits ont pratiquement tous été perdus. Elle suit ensuite des cours d’expression libre à l’Ecole des arts décoratifs de Genève, puis de sculpture et de modelage au collège de Saussure. Mais l’univers artistique qui en est issu ne ressemble à aucun autre.