REPORTAGE
A Halluin, dans le Nord, le café Aux accordéonistes abrite une «caisse de bistrot». Un moyen pour les travailleurs d’économiser pour leurs vacances.
On dirait des boîtes aux lettres miniatures. Ces petits casiers en bois, derrière le comptoir du bar Aux accordéonistes, à Halluin, près de Lille, sont des «caisses d’épargne» de bistrot. Une vieille tradition du Nord ouvrier. Autrefois, elles servaient à mettre de l’argent de côté pour se chauffer en période hivernale. Un peu comme les fourmis qui engrangent pour les jours difficiles. Aujourd’hui, les dernières boîtes qui subsistent servent à payer une partie des vacances. Des drôles de tirelires, réservées aux clients, pour faire des économies quand ils vont boire un coup. Dans ce bistrot, ils sont 90, baptisés les Milliardaires réunis, à cotiser. Toute l’année, à dates fixes, ils viennent glisser un billet, un chèque ou des pièces, dans la fente qui porte leur nom. Ils boivent un coup au passage. Il y a des règles. On donne 20 euros par mois, minimum. On cotise jusqu’en juin et on récupère sa mise juste avant les vacances. Le 23 juin, c’était la dernière levée, et l’argent de l’année a été réparti dans les jours qui ont suivi, à une date toujours secrète, après la fermeture. Chacun récupère ce qu’il a cotisé. Bien sûr, ça ne paie pas toutes les vacances. En général, juste le péage, l’essence ou le gîte, ou l’argent de poche sur place.