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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 31 mars 2020

Les usagers confinés des établissements médico-sociaux témoignent de leur engagement

Publié le 30/03/20 

Confinés, des usagers et parents d'enfants en situation de handicap témoignent sur la toile et dans la presse. Un jeune garçon fait un don à un Ehpad... La rédaction d'Hospimedia a sélectionné des événements marquants de la semaine écoulée.
[Médiathèque] France 3 Grand-Est se fait l'écho de la mise en ligne d'un clip musical Confinés sur l'air de Libérée, délivrée de La Reine des neiges, réalisé avec les résidents d'une maison d'accueil spécialisée (Mas) de Cormontreuil (Marne) gérée par l'association d'aide aux infirmes moteurs cérébraux du Nord et de l'Est. "Ce clip, on en a eu l'idée car on a une équipe d’animation avec une salariée qui anime une chorale. Une aide-soignante [...] qui chante très bien [...]. Cela a resserré les liens, certains pleuraient, des familles nous ont dit que c'était super", raconte Fabienne Ducerf, chef de service socio-éducatif. Dans cet établissement, les résidents sont 44 en temps normal. En ce moment, ils sont 31, âgés de 18 à 80 ans.

Coronavirus : le confinement aurait sauvé 2 500 vies en France selon une étude

Camille Roux
| 31.03.2020
Le confinement et d'autres mesures prises pour freiner l'avancée de l'épidémie de Covid-19 auraient déjà porté leurs fruits, selon des chercheurs britanniques. « Nous estimons que les mesures actuelles en place jusqu'à, au moins, la fin mars, auront évité la mort de 59 000 personnes dans 11 pays jusqu'au 31 mars », affirment des chercheurs de l'Imperial College de Londres dans une étude mise en ligne ce lundi. Ces universitaires spécialistes en épidémiologie et en mathématique ont modélisé la dynamique de l'épidémie en Europe et estimé le freinage de la contagion par SARS-CoV-2, à la suite des différentes dispositions prises dans les pays étudiés à des dates différentes les uns des autres.

Covid-19 : 1 200 professionnels de l'AP-HP contaminés, dont 40 % de médecins

PAR 
ANNE BAYLE-INIGUEZ -  
PUBLIÉ LE 31/03/2020

Crédit photo : AFP
L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a réuni les membres de son conseil de surveillance pour faire un point complet sur l'organisation du CHU francilien face à la pandémie. En sont ressortis de nouveaux chiffres rendus publics ce lundi 30 mars.
Sous la présidence d’Anne Hidalgo et en visio-conférence, le DG Martin Hirsch a rappelé que 1 400 patients positifs au Covid-19 étaient hospitalisés à l'AP-HP ce même vendredi, dont 650 en réanimation. Le directeur général de l'établissement a évoqué une « montée en charge importante depuis quatre jours avec 150 patients de plus chaque jour hospitalisés en réanimation », lit-on dans le compte rendu du conseil de surveillance.
Autre chiffre préoccupant : le nombre de professionnels de l’AP-HP contaminés depuis le début de l’épidémie s’élève à 1 200 personnes « avec une proportion importante de médecins, proche de 40 % ».

COVID-19 : premières leçons internationales

Univadis

Serge Cannasse   26 mars 2020

Vis-à-vis de la lutte contre l’épidémie de COVID-19, le recul est à présent suffisant pour commencer à savoir ce qui marche ou pas et plus généralement, pour identifier les forces et les faiblesses des systèmes de santé, voire des systèmes sociaux.
1) CE QUI MARCHE
1-1) La meilleure stratégie est de tester tôt, souvent et largement.
C’est la première et la plus importante leçon que tirent Max Fisher et Amanda Taub, journalistes au New-York Times, de leur revue internationale. Tôt, cela signifie tester dès que la maladie apparaît quelque part. Le petit nombre apparent de personnes symptomatiques cache le grand nombre des porteurs et, du fait de la latence d’apparition de la maladie, l’augmentation extrêmement rapide des cas.
L’exemple de la Corée du Sud prouve amplement ce point. Les autorités de santé ont pu identifier et isoler rapidement non seulement les individus infectés mais aussi les groupes populationnels particulièrement touchés. Cela a également permis de suivre la progression épidémique avec un maximum de précision. De même, les autorités taïwanaises « ont repéré et confiné très rapidement les personnes ayant voyagé dans des zones à risque et celles ayant un risque élevé face au virus », explique Angèle Malâtre-Lansac, Directrice déléguée à la santé de l’Institut Montaigne.

Covid-19 : encore incertaine, la durée d'immunisation post infection pourrait être de quelques mois

PAR 
DAMIEN COULOMB -  
PUBLIÉ LE 31/03/2020

L'un des espoirs qui justifie les mesures mises en place contre l'épidémie de Covid-19 par les différents pays est de voir se développer au sein des populations une immunité de groupe. Au cœur de cette stratégie, réside toutefois une incertitude majeure : combien de temps dure l'immunité induite par une infection par le SARS-CoV-2 ?
Compte tenu du manque de recul sur ce virus particulier, les meilleures sources d'information restent les données accumulées sur d'autres coronavirus, comme le souligne le Dr Seth Berkley, président-directeur général de l'alliance GAVI pour l'immunisation et les vaccins : « C'est le troisième coronavirus à aller dans la population humaine en 20 ans, et il ne semble pas avoir provoqué d'immunité à vie chaque fois, ni même d'immunité à long terme », explique-t-il.

lundi 30 mars 2020

La policière, l'attestation, et «les gens comme ça»

Par Sopheara Lum, psychiatre à Rennes — 
Une opération de contrôle des attestations de sortie par la police, à Marseille le 17 mars.
Une opération de contrôle des attestations de sortie par la police, à Marseille le 17 mars. Photo Patrick Gherdoussi pour Libération

En venant consulter sa psychiatre, un patient au RSA écope d'une amende de 135 euros pour avoir «mal rempli» son attestation de sortie. Témoignage circonstancié du médecin qui dénonce une police autoritaire.

Comment l’épidémiologie tente de cerner l’épidémie due au nouveau coronavirus

Propagation, mortalité, impact du confinement... Si « tous les modèles sont faux, certains sont utiles », disent les statisticiens, qui disposent d’outils pour anticiper la suite de la pandémie.
Par  Publié le 30 mars 2020
Un homme passe devant un écran géant pendant l’épidémie de Coronavirus, à Brasilia (Brésil), le 24 mars.
Un homme passe devant un écran géant pendant l’épidémie de Coronavirus, à Brasilia (Brésil), le 24 mars. UESLEI MARCELINO / REUTERS
Combien de morts du Covid-19 ? Combien d’hospitalisés en réanimation ? Combien de temps le confinement durera-t-il ? Autant de questions brûlantes auxquelles s’attaque la science de la modélisation… avec difficulté.
Le 12 mars, face aux prédictions d’une submersion du système hospitalier avancées par une équipe anglaise de l’Imperial College (Londres), la France s’est engagée dans une stratégie de confinement poussé. « Les modèles sont un signal parmi d’autres. La situation italienne, mais aussi toutes les connaissances accumulées sur des épidémies précédentes allaient dans le sens de cette décision pour soulager le système de santé », relativise Simon Cauchemez, chercheur à l’Institut Pasteur, spécialiste en modélisation et membre du conseil scientifique Covid-19 mis en place par le gouvernement.
Il n’y avait en effet pas besoin du modèle anglais pour être inquiet. Un « vieux » modèle des années 1930 et les premières données chinoises sur le nouveau coronavirus fournissent assez vite aux spécialistes des estimations d’au moins 50 % de personnes infectées au pic de l’épidémie, et donc plus de 300 000 morts en France avec une hypothèse de seulement 1 % de létalité due au virus.

Coronavirus : la "nouvelle" diplomatie mondiale du masque, du médecin et de l'infirmier



BELGIQUE

Olivier Arendt.  le 31 mars 2020

Cette photo prise et publiée le 30 mars 2020 par l'unité française de communication et de production audiovisuelle de défense (ECPAD) montre le personnel de l'aéroport déchargeant une cargaison d'un avion Antonov 124 de la compagnie russe de services d'affrètement aérien Volga-Dnepr Airlines, après son atterrissage en transportant 10 millions de masques commandés par la France à la Chine, à l'aéroport de Paris-Vatry à Bussy-Lettree, dans l'est de la France, lors d'un verrouillage strict en France visant à freiner la propagation du COVID-19 (nouveau coronavirus). Première livraison de masques par un ANTONOV 124 en provenance de Chine.
Cette photo prise et publiée le 30 mars 2020 par l'unité française de communication et de production audiovisuelle de défense (ECPAD) montre le personnel de l'aéroport déchargeant une cargaison d'un avion Antonov 124 de la compagnie russe de services d'affrètement aérien Volga-Dnepr Airlines, après son atterrissage en transportant 10 millions de masques commandés par la France à la Chine, à l'aéroport de Paris-Vatry à Bussy-Lettree, dans l'est de la France, lors d'un verrouillage strict en France visant à freiner la propagation du COVID-19 (nouveau coronavirus). Première livraison de masques par un ANTONOV 124 en provenance de Chine. - © THOMAS PAUDELEUX - AFP

Cette pandémie va certainement changer notre monde demain et ce à plus d’un titre, sur le plan économique, sur l’organisation de la santé et sur le suivi de ces "nouvelles solidarités" qui apparaissent chaque jour dans un monde, de plus en plus, replié sur lui-même.

Preuve que même en temps de crise mondiale, la géopolitique et la "réal politique" ne sont jamais très loin dans les pensées des dirigeants mondiaux.
Prenons ici quelques exemples, avec des pays comme la Chine, la Russie, Cuba, ou l’Albanie pour ne citer qu’eux. Des pays qui veulent transformer cette crise en "opportunité" pour redorer leur image, ou même pour gagner de l’argent.

Une diplomatie chinoise qui veut redorer son image internationale

La Chine, qui produit actuellement 116 millions de masques par jour, a par exemple annoncé une donation de 500.000 masques à l’Espagne et l’envoi de 2 millions de masques vers l’Italie ainsi que l’acheminement d’appareils respiratoires commandés par les Italiens. Luigi di Maio, le ministre italien des Affaires étrangères, déclarait la semaine dernière que son pays "se souviendrait de ceux qui étaient avec nous dans les moments difficiles". Xi Jiping, le Secrétaire général du Parti communiste chinois a expliqué qu’il voulait contribuer à une "Route de la soie de la santé", en référence au vaste programme chinois d’investissement à l’étranger.
Certains responsables européens ne cachent plus leur irritation face à cette superpuissance chinoise accusée d’avancer ses pions géopolitiques sous couvert de générosité et de diplomatie sanitaire dans la crise du Covid-19, tout en cherchant à réécrire l’histoire de la pandémie sur son sol.


La psychiatrie face à l’épidémie de coronavirus : les inquiétudes des soignants de Cadillac en Gironde


Par Marie-Pierre D'Abrigeon & C. Le Hesran  Publié le 30/03/2020
Vivre avec la maladie mentale, pas facile dans un univers encore plus confiné que d’habitude en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus. Les soignants sont inquiets comme à Cadillac, en Gironde. C'est le plus grand hôpital psychiatrique de la région
L'hôpital psychiatrique de Cadillac en Gironde, situé à 30 kilomètres de Bordeaux, n’échappe pas aux nouvelles contraintes imposées par la crise du coronavirus.

Depuis le 19 mars, l’établissement de santé a mis en place une organisation dont l’objectif est « Zéro Covid-19 ». 
Pour Daniel Habold, directeur de la santé publique à l’Agence régionale de santé, " C’est un peu comme dans les EPHAD, un seul mot d’ordre : le confinement. Ne pas desserer le confinement, c’est la seule façon de s’en sortir. Nous avons renforcé les dispositifs de visio-conférence pour le suivi des malades avec les psychiatres".

À Cadillac, les visites et sorties sont interdites jusqu’à nouvel ordre. Deux unités spéciales sont prêtes à accueillir des patients contaminés. Jusqu’à présent, aucun cas de Covid-19 n’a été signalé.

Daniel Habold, directeur de santé publique à l’Agence régionale de santé, compare les mesures mise en place dans les hôpitaux psychiatriques et dans les EHPAD, ce sont les mêmes. Mais le personnel soignant s’inquiète. Car la pression est particulièrement forte. La situation reste tendue.

Mercredi 25 mars, la CGT a organisé une manifestation devant l’établissement de santé pour dénoncer le manque de moyens de protection et réclamer une participation plus active du personnel soignant lors des réunions de crise organisées à l’hôpital. « On est là pour soigner, pas pour contaminer » : voilà ce que l’on pouvait lire sur les banderoles déployées devant l’hôpital.

Jocelyne Goût est infirmière au centre hospitalier de Cadillac, elle est aussi déléguée syndicale CGT. Elle témoingne de l'inquiétude.

Nous tirons la sonnette d’alarme, car jusqu’à la semaine dernière nous manquions de masques de protection.  Certes, nous en avons reçus vendredi mais, si la crise continue, cela pourrait se compliquer. Il y a donc beaucoup d’anxiété face au manque de matériel.  Les hôpitaux psychiatriques sont les grands oubliés de la distribution de matériel de protection !
 

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Coronavirus : le centre hospitalier Sainte-Marie s'adapte


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lundi, 30 mars 2020





Afin de répondre à la situation de crise sanitaire actuelle et à une potentielle augmentation des besoins de soins en psychiatrie, le Centre Hospitalier Sainte-Marie de Haute-Loire a modifié son organisation pour renforcer ses capacités de réponse sur l’ensemble du département.

Dans ce cadre, le Centre Hospitaliser Sainte-Marie a mis en place une organisation médicale spécifique, afin de limiter les risques de contamination.

Confinement des SDF : plus de 5 000 hébergements et 1 300 places médicalisées, annonce le gouvernement

PAR 
ELSA BELLANGER - 
PUBLIÉ LE 30/03/2020

Crédit photo : Phanie
La mise à l’abri et en confinement des personnes à la rue se concrétise progressivement. Après l’ouverture, la semaine dernière, de 2 000 places dans des hôtels et de trois centres de confinement pour les sans-abri, le ministère du Logement a annoncé hier la mise à disposition d’hébergements supplémentaires pour atteindre 5 467 places. « Cette mobilisation s’ajoute aux 157 000 places d’hébergement déjà existantes avant la crise sanitaire », souligne le Ministère.

Coronavirus : « En 2007, la France avait su mettre au point un dispositif de protection très ambitieux contre des pandémies »

Claude Le Pen, spécialiste de l’économie de la santé, décrit la chaîne de décisions qui ont conduit à la fin d’un dispositif efficace mis en place après la grippe aviaire.

Publié le 30 mars 2020

Tribune. La pandémie de coronavirus, d’ampleur totalement inédite, a pris de court la plupart des pays. Peu d’entre eux étaient prêts à encaisser une vague épidémique majeure. Il en existe pourtant au moins un qui avait su mettre au point un dispositif de protection très ambitieux contre des pandémies de cette ampleur. Et ce pays c’est… la France de 2007 ! Malheureusement, ce dispositif a été progressivement désarmé pour diverses raisons. Retour sur un épisode et une institution peu connue de notre histoire récente, l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus).

Confinement : un défi pour la psychiatrie




Paris, le lundi 30 mars 2020 – Le confinement instauré depuis quinze jours en France met la psychiatrie à rude épreuve.

En ambulatoire, la grande majorité des structures et en premier lieu, les CMP et les hôpitaux de jour ont dû fermer leur porte et assurent désormais des consultations téléphoniques ou des téléconsultations.

« Une des spécificités de notre métier, c’est la rencontre en présentiel. Notre présence apporte quelque chose au patient. Là, on ne peut plus le faire. Cela enlève de l’efficacité et de la richesse à la relation. On marche sur une jambe » déplore ainsi le Dr Nicolas Lacoste, psychiatre à l’hôpital de jour de la MGEN à Bordeaux cité par la Gazette Santé Sociale.

D’autant que le confinement, y compris chez les patients suivis en ville, peut être une source d’angoisse voire de décompensation.

De nombreux psychiatres signalent ainsi une recrudescence des délires de persécution chez des patients auparavant stabilisés.


L’immunité collective peut-elle avoir raison de l’épidémie ?

Mis en ligne le 30/03/2020

© Sébastien Bozon/AFP
Personnel médical du centre gospitalier Émile-Muller de Mulhouse transportant un patient en attente d’être évacué vers un autre hôpital, le 17 mars 2020. © Sébastien Bozon/AFP

Depuis que le Premier Ministre britannique Boris Johnson en a parlé pour justifier la politique initiale de laisser-faire de son pays face au Covid-19, la notion d’“immunité collective” est au cœur du débat. S’agit-il de sacrifier les plus faibles pour préserver le plus grand nombre dans une optique néodarwinienne ? Nous avons interrogé épidémiologistes et philosophes qui y voient plutôt un outil pour protéger l’ensemble de la société.


Confinement, comment minimiser l’impact psychologique sur les populations ?

Univadis

Par Agnès Lara  28 mars 2020

À retenir
  • Les données de la littérature font ressortir que, lors des épidémies, les périodes de confinement ont nécessairement un impact psychologique négatif considérable qui peut parfois être ressenti des mois, voire des années plus tard.
  • Ce constat incite à prendre des mesures immédiates pour en minimiser les conséquences.
  • Les personnes ayant des antécédents psychiatriques et les personnels de santé exposés puis confinés sont plus à risque de troubles psychologiques ultérieurs et justifient la mise en place d’interventions de soutien précoces.
  • Les différents facteurs de stress ont d’autant plus d’impact qu’ils sont vécus sur une plus longue durée. Celle-ci doit donc être limitée au strict minimum.

Edouard, on n'est pas dans «1984» et tu n'es pas au Ministère de la Vérité

Par Christian Lehmann, médecin et écrivain — 
Edouard Philippe après le Conseil des ministres vendredi.
Edouard Philippe après le Conseil des ministres vendredi. Photo Christophe Ena.Pool. Reuters


Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour «Libération», il tient la chronique quotidienne d'une société sous cloche à l'heure du coronavirus.

Vous êtes confinés. Le temps s’écoule avec une infinie lenteur. Les soignants courent. Ceux qui affrontent la vague, comme ceux qui ont eu la chance de pouvoir se préparer, en structurant une ligne de défense avec les moyens du bord. On est sur le pont tout le temps, même quand on ne voit pas de malades. On s’informe de la progression de l’épidémie, on reçoit les messages des copains en fonction du taux de remplissage des urgences, des lits, des réa. De temps en temps, on est saisi par le tweet ou le message retransmis d’une infirmière de nuit bossant avec 39°C dans un service submergé, dans l’incapacité de s’arrêter parce que les effectifs tombent comme des mouches. On prend le temps de relire, on visualise un moment la situation sur place puis on revient à sa propre organisation locale, on empile d’autres sacs de sable.

Des masques pour la psychiatrie !

Parent pauvre de la médecine et enfant terrible des sciences sociales, la psychiatrie se trouve, une fois de plus, à la ramasse. En période de crise, comme durant l'actuelle pandémie de Covid-19, le manque de moyens y est d'autant plus criant.
Le masque chirurgical, un moyen peu onéreux de se protéger, ne serait-ce que partiellement, en période de pandémie. © AlexChirkin / Wikimedia Commons / CC0 1.0Le masque chirurgical, un moyen peu onéreux de se protéger, ne serait-ce que partiellement, en période de pandémie. © AlexChirkin / Wikimedia Commons / CC0 1.0
 (Jean-Marc Claus) – En psychiatrie, qu’avons nous pour, en période de pandémie, protéger tant l’humain soigné que l’humain soignant ? Même pas suffisamment de masques en… papier ! Comme s’en indignait le directeur de l’EPSAN, dans un article des Dernières Nouvelles d’Alsace publié le 22 mars 2020  , les livraisons de masques ne sont plus assurées depuis trois semaines et cela, en dépit des relances faites à l’Agence Régionale de Santé dont dépend l’établissement. Une entreprise a fait un don de 1000 modèles FFP2 (périmés), ce qui permet de tenir… une journée. Actuellement, toujours selon les dires de Daniel Karol rapportées par les DNA, l’EPSAN compte plus de membres du personnel touchés que de patients. Bien sûr, il ne s’agit là que des individus ayant été testés. Or, les tests n’étant pas plus, ici qu’ailleurs sur le territoire, pratiqués à grande échelle, ces informations demeurent bien relatives.
Plusieurs personnels hospitaliers, interviewés par France 3 Centre Val de Loire, avaient précédemment tiré la sonnette d’alarme. Oui, il va y avoir des morts en psychiatrie, et même beaucoup de morts. Mais qui s’en soucie ? Ces patients et les soignants qui les accompagnent, durant de nombreuses années pour certains, sont-ils des Unterbürger ? Je m’interdis d’employer un autre mot commençant aussi par Unter, vocable qui a fait florès en Allemagne, dans les années 1930, mais il me brûle les lèvres. En psychiatrie, qu’il y ait administration de traitements psychotropes ou non, l’outil de travail c’est l’humain, essentiellement l’humain. Point de plateaux techniques ultra-sophistiqués, point d’outils diagnostics hyper-modernes : l’humain, rien que l’humain. Et qu’avons nous pour, en période de pandémie, protéger tant l’humain soigné que l’humain soignant ? Même pas suffisamment de masques en… papier ! Cela n’est pas le fait d’une administration localement incompétente et imprévoyante, comme on l’entend de ci, de là. L’incompétence et l’imprévoyance sont à rechercher au sommet du système, non à sa base.

Saccage de l’hôpital public : le personnel soignant coûte un pognon de dingue

Charlie Hebdo.fr

YANN DIENER · 
La crise extraordinaire que nous vivons avec le coronavirus met au grand jour la crise ordinaire de l’hôpital public. Après la vente de l'hôpital Hôtel-Dieu au privé, Yann Diener nous parle aujourd'hui du mépris des gouvernements successifs pour les personnels soignants, qu'ils cherchent à évincer à tout prix.

L’hôpital public a vu son budget baisser d’année en année. Au mépris des besoins du terrain, des établissements sont vendus au privé, des services d’urgence et des maternités sont fermés. Le plus gros poste budgétaire étant ce qu’on appelle la masse salariale, on gèle les salaires, et les départs à la retraite ne sont pas remplacés. Résultat : rien qu’à Paris, en 2019, 900 lits d’hôpitaux sont fermés faute de personnel pour y accueillir des patients. Et pour les salariés qu’on ne peut pas faire partir à la retraite, on fait tout pour les dégoûter, on applique le lean management, le dégraissage, qui a fait ses preuves chez Toyota : on les humilie, on change les infirmières de service tous les deux jours, on monte les personnels les uns contre les autres, on jette de l’huile sur le feu des rivalités de carrière, autant de moyens pour pousser les médecins comme les aides-soignants vers la sortie, par la porte ou par la fenêtre.