Le dernier mot de Paula Modersohn-Becker, morte à 31 ans des suites d’un accouchement, fut : « Schade » – « dommage ». Le poids de ce regret habite Marie Darrieussecq depuis qu’elle a découvert l’existence de cette Allemande née en 1876, précurseure de l’expressionnisme ; l’écrivaine n’a eu de cesse de réparer ce gâchis. En décidant de consacrer à la jeune femme un fort beau texte biographique : Etre ici est une splendeur. Et puis en se démenant pour que la France offre à celle que le journal Frankfürter Allgemeine Zeitungprésenta comme « le Picasso allemand », une exposition. Celle-ci s’est ouverte récemment au Musée d’art moderne de la Ville de Paris.
C’est là que l’on retrouve Marie Darrieussecq, portant un collier d’ambre qui rappelle ceux arborés par Paula Modersohn-Becker sur nombre d’autoportraits. Juste à côté de la portion de l’exposition consacrée à ceux-ci se trouve la toile par laquelle tout a commencé : l’impressionnante Mère allongée avec un enfant II (1906), qui a tant marqué Marie Darrieussecq lorsqu’elle l’a vue sur une invitation à un colloque de psychanalyse, en 2010.« Tout de suite, je me suis demandé qui avait peint ce tableau. »