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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 5 novembre 2023

Interview En immersion dans une entreprise de pompes funèbres : «Je n’avais pas peur de la mort, j’avais peur de voir des morts et qu’ils restent en moi»

par Sabrina Champenois  publié le 1er novembre 2023

Dans «Demain dès l’aube», la journaliste et romancière Caroline de Bodinat raconte les dix mois qu’elle a passés à travailler au côté des croque-morts. Une démarche très personnelle, parfois éprouvante mais aussi apaisante.

Caroline de Bodinat est journaliste indépendante et romancière. Elle est particulièrement adepte du portrait, pour Libération notamment. Ses sujets sont souvent des artistes, des gens sous les feux des projecteurs, synonymes de glamour. Sa plume piquante le pimente. Quand soudain, elle opère une plongée dans l’ombre. Son troisième roman, Demain dès l’aube, est le récit d’une immersion de dix mois parmi les croque-morts. Entre mars à décembre 2021, elle a été stagiaire au sein de l’entreprise de pompes funèbres Caton, dans le Loiret et en Loir-et-Cher où elle a grandi et où elle a enterré les siens. Elle n’a pas que recueilli des paroles, elle a participé, travaillé avec ces professionnels de la mort.

Son livre n’est pas une enquête, et surtout pas à charge, pas un Fossoyeurs. Il rend hommage à des professions qu’on évite comme le chat noir, en restituant leur complexité et en rappelant leur nécessité. Il les sort de l’ombre et les humanise, leur donne des visages et des vies alors qu’on ne voudrait jamais les voir et encore moins en devenir familier.

Mort cérébrale : le clap de fin ?

Mardi 31 octobre 2023

Provenant du podcast

La Science, CQFD

 La mort est définie comme la disparition permanente et irréversible de la capacité de conscience et de toutes les fonctions du tronc cérébral, d'après l'OMS. ©Getty - Mark Garlick

Des ondes cérébrales de type gamma, qui sont normalement le signe d’une grande activité cérébrale, ont été observées chez deux patients en état de mort cérébrale. Comment l’état des connaissances scientifiques en neurophysiologie influence-t-il notre façon de définir la mort ? 


Avec

  • Stéphane Charpier Professeur de neurosciences à Sorbonne Université et directeur de l'équipe "Excitabilité cellulaire et dynamiques des réseaux neuronaux" à l'Institut du Cerveau (ICM).


Pour Halloween, on reste dans le thème, et on vous parle de mort, mais de mort cérébral. La frontière entre la vie et la mort n'est finalement pas si évidente...

"Un lien s’établissait dans mon esprit entre les propriétés électriques des neurones et un mythe impérissable, silencieux dans l’activité quotidienne d’un physiologiste, mais tapi dans son imaginaire : atteindre les limites de la physiologie en questionnant l’insaisissable passage entre l’état vivant et l’état mort, voire sa réversibilité." La science de la résurrection, Stéphane Charpier.

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Enquête Gifles, enfermements, violences : dans l’Eure, une maison d’enfants placés se rebelle contre sa directrice

par Ludovic Séré   publié le 4 novembre 2023 

Plusieurs salariés de la maison d’enfants à caractère social de Thibouville dénoncent les «violences psychologiques et physiques» de Marie-France L. envers eux et les mineurs. Une enquête a été ouverte par le parquet d’Evreux.

«Nous faisons de la protection de l’enfance, il est donc hors de question de mettre les coups.» De tous âges et toutes professions, ils sont neuf à se présenter à nous, autour d’une table d’un restaurant du centre du Neubourg, petite ville de 4 000 habitants dans l’Eure. Légèrement désorganisés mais extrêmement motivés, tous ont requis l’anonymat le plus complet. Leur point commun se nomme Vincent de Paul. Pas le saint, l’association. Ces femmes et ces hommes travaillent dans la maison d’enfants à caractère social (Mecs) de Thibouville, à dix minutes en voiture de notre point de rendez-vous.

L’INTERSUBJECTIVITÉ

PSYCHANALYSE

EN   EXTENSION

23 novembre - 24 novembre


Argument

Comment un mot inventé par Husserl et entré dans le langage courant en 1931 a pu faire florès au point d’être utilisé comme si sa signification était évidente pour tous ?
Que nous soyons inquiet de l’Autre, le langage en porte le témoignage puisque dès que nous parlons en première personne du singulier, je, nous supposons qu’un tu, qu’un Autre nous écoute, au point que dans le soliloque nous le faisons intervenir : « Mais, que veux-tu dire ? nous disons-nous dans notre for intérieur », ne s’ensuit pas que nous rencontrons vraiment l’Autre auquel nous nous adressons, car nous comprend-t-il vraiment, comme l’imagine naïvement Jakobson avec son schéma de la communication ?

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DU DÉSIR À L’EXTASE

PSYCHANALYSE

EN  EXTENSION

18 novembre - 19 novembre


Argument


« Qui triomphe ici, c’est l’Himéros rayonnant, le désir né du regard de la jeune promise » (Sophocle) -himéros, le désir vibrant suscité par l’éclat, charis, de l’objet. Quel est ce réel qui nous convoque et nous captive puis nous transporte, expérience de jouissance au-delà de toute norme où nous accédons à la félicité, non seulement érotique à l’exemple de L’Amant de Lady Chatterley, de Belle du Seigneur ou de Je, tu, il, elle (Chantal Akerman) mais esthétique à l’exemple de ce que suscite, au-delà de ce qui est perçu, la vision de paysages, de tableaux, de sculptures, l’écoute de poèmes, de bruits, de musiques, le toucher de peaux, le parfum d’odeurs, etc., extases où l’existence s’amplifie d’elle-même sans en appeler au moindre recours.

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Journées d’études : Le cadre, symptôme ou nécessité ?

[...] 

Présentation et programme 

À la fois nécessité pour l’analyste et l’analysant, sans doute symptôme des institutions psychanalytiques, voire de la société, le cadre ne cesse d’interroger ce qui nous a été transmis, nos pratiques, nos théories, leurs évolutions et leurs butées inévitables.

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LES JEUDIS DE L’A.P.M.

" Séminaire Trajets "

Rencontres et trajets de vie.
Non " bilan" mais regard d’un instant sur quelques éléments qui ont impulsé, créé, dans le plaisir ou la douleur, les découvertes et changements d’orientation, détachements et libérations, …
Au-delà des récits polis et conformes, quelques moments d’échange et de vérité.
 
Réunion en présence dans les locaux de l'École Normale Supérieure, 45 rue d'Ulm, 75006 Paris (salle Samuel Beckett, couloir A, rez de chaussée).

Pour les personnes ne pouvant pas être présentes (éloignement, santé, etc...) , la réunion est diffusée par zoom : S'INSCRIRE ICI


14 décembre 2023

Elisabeth Roudinesco

Universitaire, psychanalyste, historienne de la psychanalyse, Auteure de très nombreux ouvrages, parmi lesquels : Histoire de la psychanalyse en France, deux volumes (1982, 1986, 1994, 2009), Jacques Lacan. Esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée (1993, 2009), Dictionnaire de la psychanalyse, avec Michel Plon, (1997, 2000), Pourquoi la psychanalyse ? (1999, 2001), La Famille en désordre (2002) et La Part obscure de nous-mêmes. Une histoire des pervers (2007). Ses ouvrages sont traduits en 30 langues.

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Devenir soi avec d’autres. Éco-psychanalyse des interactions sociales

Joël Clerget

2 décembre 2023 14 h 30 min – 17 h 00 min

Cette intervention-échange se fera à partir de son dernier livre « Devenir soi avec d’autres ». Eco-psychanalyse des interactions sociales, erès, paru en septembre 2023. 

A partir de la clinique psychanalytique et haptonomique confrontée aux données des sciences actuelles et aux apports littéraires et philosophiques, l’auteur propose une réflexion concernant la manière dont l’être humain se construit en interaction avec les autres dans son milieu de vie. 

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À quoi tient que la psychanalyse puisse sortir de l’impasse ?

 

Jacques Nassif

14 octobre 2023 14 h 30 min – 17 h 00 min

Aux portes de la Cité une clameur se fait entendre : celle des femmes. Ce n’est pas encore l’armée des Amazones ; elles ne parlent pas toutes d’une seule voix, mais dans chaque foyer et même au cœur de l’État, chaque fois qu’une injustice est faite à un corps à cause de son assignation à un sexe, le cri se fait plus audible pour dire que quelque chose ne va plus au sein de cette volonté de faire couple par laquelle le désir pouvait se faire admettre.

Être en couple, se dire en couple ne va plus de soi, à moins en tout cas de tenir compte et de nouvelles identités et du refus de l’inégalité entre les sexes, au point de changer la loi, prétendument immuable, de ce qui se voulait être une nature humaine. Un événement probablement aussi fort que la Mort du Roi en Occident et la fin de l’inégalité induite par la seule naissance, qu’elle concerne cette fois les sexes, après avoir touché les sujets, est en train d’imprimer sa marque dans la civilisation.

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Royaume-Uni : restreindre l’usage des tentes par les SDF, le projet controversé de Suella Braverman

04/11/2023 

Face à un nombre croissant de sans-abri en Grande-Bretagne Suella Braverman veut réglementer l’utilisation des tentes et restreindre l’action des associations.

La ministre britannique de l’Intérieur, Suella Braverman,  veut restreindre l’usage des tentes par les sans-abri. Photo d’illustration prise le 4 octobre 2022.
PAUL ELLIS / AFP
La ministre britannique de l’Intérieur, Suella Braverman, veut restreindre l’usage des tentes par les sans-abri. Photo d’illustration prise le 4 octobre 2022.

INTERNATIONAL - Plus de tentes dans les rues des grandes villes d’Angleterre et du pays de Galles. C’est l’objectif de la ministre de l’Intérieur britannique, Suella Braverman, qui déplore un nombre croissant de sans-abri au Royaume-Uni. « Si nous n’intervenons pas maintenant (...), les villes britanniques suivront le chemin de villes américaines comme San Francisco et Los Angeles, où la faiblesse des politiques a conduit à une explosion de la criminalité, de la toxicomanie et de la misère », a-t-elle ainsi estimé sur X (ex-Twitter) ce samedi 4 novembre.

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Généalogie de deux familles néolithiques françaises

Samedi 28 octobre 2023

Provenant du podcast

Carbone 14, le magazine de l'archéologie

Interprétation artistique du plus grand arbre généalogique de Gurgy, avec des portraits - © Elena Plain, reproduit avec la permission de l’Université de Bordeaux / PACEA


La paléogénomique d’une nécropole néolithique de l’Yonne permet de reconstruire les arbres généalogiques de deux familles dont l’organisation sociale est exogame, patrilinéaire et patrilocale.


Avec

  • Maïté Rivollat Paléogénéticienne à l’Université de Gand (Belgique), rattachée au laboratoire CNRS PACEA de l’Université de Bordeaux. 

L’archéologie est une ethnologie du passé, mais les communautés sur lesquelles travaillent les archéologues ont disparu depuis fort longtemps, et il leur est donc fort difficile d’évoquer l’organisation sociale de ces groupes humains. On a ainsi cru voir dans les sociétés néolithiques, tout à la fois des communautés égalitaires ou tout au contraire, l’émergence d’inégalités et de chefferies.

Individu (GLN237A) enterré dans l’une des deux plus grandes tombes de la nécropole, et fils de l’ancêtre principal du grand arbre de Gurgy.

Individu (GLN237A) enterré dans l’une des deux plus grandes tombes de la nécropole, et fils de l’ancêtre principal du grand arbre de Gurgy.  - © Stéphane Rottier

Maïté Rivollat "Il s'agit du site néolithique 'Les Noisats' à Gurgy. C'est une nécropole composée de 128 tombes qui appartiennent à la culture Cerny, qui date à peu près du début du cinquième millénaire avant notre ère, et il se trouve dans la vallée de l'Yonne, dans le sud du Bassin parisien."

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Aidez-les à monter un « coup de théâtre en psychiatrie » depuis le sud des Deux-Sèvres

Publié le 

Stéphane Keruel, Frédérique Martineau et Laurent Baudouin, trois des cinq porteurs de ce projet artistique.

Ils sont cinq à avoir relancé, en cet automne 2023 dans les Deux-Sèvres, un projet d’adaptation théâtrale d’un récit dans une clinique psychiatrique du Loir-et-Cher : après un premier échec, ils passent par une campagne de financement participatif.

L’idée a germé il y a près de trente ans, ce projet de création théâtrale va entrer dans sa dernière ligne droite : entourée par quatre comédiens parfois metteurs en scène aussi, Frédérique Martineau ambitionne d’adapter le récit Dieu gît dans les détails, de l’écrivaine, enseignante et psychanalyste Marie Depussé, sur le quotidien dans la clinique psychiatrique de La Borde, dans le Loir-et-Cher.

Après une première tentative qui s’était « essoufflée faute de moyens », un financement participatif a été lancé, à la mi-octobre 2023 et pour un mois, sur la plateforme internet Ulule : l’objectif est d’atteindre au moins 8.000 €, plus de la moitié de cette somme ayant d’ores et déjà été promise.

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Accompagner un proche dans les soins

Audrey Vaugrente

Audrey Vaugrente

Rédactrice

Publié le 30 octobre 2023

Alzheimer Accompagner un proche dans les soins

Pour faire face à cette maladie, diverses approches non médicamenteuses sont utiles. Musique, exercice, détente, partage : si ces activités ne guérissent pas, elles s’inscrivent à part entière dans le traitement.

Un peu plus d’un million de personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer – ou d’un trouble apparenté – en France. Souvent résumée à une perte progressive de la mémoire, elle affecte en réalité bien d’autres fonctions essentielles : pouvoir s’exprimer, évoluer dans son environnement habituel, conserver son autonomie, etc. Pour contrer les symptômes, ou ralentir leur progression, la recherche scientifique s’échine à développer un médicament. Pour le moment, sans succès. Les médicaments de première génération (donépézil, galantamine, mémantine, rivastigmine) ont été déremboursés du fait de leur très faible efficacité en regard de leurs effets indésirables. Quant aux « nouveaux » médicaments (lécanémab et autres), pas encore autorisés en Europe, leur intérêt est incertain. Et même s’ils étaient autorisés, ils s’adresseraient à des formes très débutantes de la maladie.

samedi 4 novembre 2023

Ce que Lacan nous enseigne

HULAK Fabienne

L’ouvrage collectif "Ce que Lacan nous enseigne" fait état d’un nouveau moment de la recherche du laboratoire EA 4007 « La Section clinique » de l’Université Paris 8, Vincennes-Saint-Denis. Il fait suite à l’ouvrage Lire Lacan au XXIe siècle. La thématique générale s’oriente principalement autour du programme de recherche du laboratoire. Comment lire Lacan aujourd’hui ? Ce que Lacan nous enseigne sous l’éclairage apporté par l’enseignement de Jacques-Alain Miller... 


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Gynécologie et sexe des anges

Bien que le JIM risque de s’attirer une des plus virulentes polémiques de son histoire, ayons ici l’audace de révéler les dernières minutes du film qui a été la vedette des salles cet été : Barbie. Dans les derniers instants, on voit Barbie aussi impatiente qu’émue se présenter dans une salle d’attente et indiquer avec joie qu’elle a rendez-vous avec un « gynécologue ». Générique de fin.

Like a Barbie girl…

Mais que peut bien vouloir dire cette fin, se sont interrogés certains critiques ? Qu’être une femme (puisque le cheminement du film conduit la poupée en plastique à devenir une femme en chair et en os) c’est aller voir le gynécologue et/ou qu’être une femme c’est avoir des organes génitaux féminins (dont la prise en charge est assurée par un gynécologue) ? A la première question (même si sur un site d’information médicale, il conviendrait d’éviter tout message contraire aux recommandations de santé publique) on se doit de répondre : non être une femme ce n’est pas « aller voir un gynécologue ».

Terrorisme : quand la psychiatrie est instrumentalisée…

21 octobre 2023

Le sauvage assassinat d’Arras la semaine dernière, l’attentat en Belgique, et les événements au Proche Orient ont ravivé la hantise du terrorisme dans notre pays qui a vécu cette semaine au rythme des alertes à la bombe. Le niveau de préoccupation des Français est très élevé : 84 % d’entre eux se déclarant inquiets selon un récent sondage ; même si au cours des dernières années, les Français ont malheureusement appris à vivre au gré des plans Vigipirate. Ce qui n’est pas plus nouveau, c’est la psychiatrisation du terrorisme - la tendance a néanmoins pris de l’ampleur à la faveur des réseaux sociaux et de la psychiatrisation de la société.

Les études supérieures sont-elles à risque pour la santé mentale ?

Publié le 03/11/2023

La dépression et le trouble anxieux sont les deux problèmes de santé mentale les plus courants. L'incidence augmente fortement à l'adolescence (vers 12-13 ans pour les filles et 16 ans pour les garçons) et continue d'augmenter jusqu'à la vingtaine. Il est prouvé que ces troubles mentaux courants sont en augmentation et leur prévention est une priorité de santé publique. Le nombre de jeunes fréquentant l’enseignement supérieur a considérablement augmenté au Royaume-Uni et la proportion d’étudiants présentant des troubles de santé mentale a été multipliée par six.

Quel est l'âge idéal pour commencer un entraînement de renforcement musculaire ?

Sean Hyson   1 sept. 2023

Le vieillissement peut menacer l'autonomie et l'indépendance des individus notamment pour ses effets sur les muscles 1.

Les hormones corporelles responsables du maintien de la masse musculaire 2 diminuent avec l’âge. En outre, comme les personnes âgées ont tendance à être moins actives et à manger moins de protéines, ce qui est essentiel pour garder des muscles forts, elles sont confrontées à davantage de risques en vieillissant, a déclaré Brandon Grubbs 3, professeur adjoint de sciences de l’exercice et co-directeur du Positive Aging Consortium(Consortium sur le vieillissement positif) à l’université d’État du Middle Tennessee.

De plus, les « cellules satellites » - définies comme étant des cellules souches du muscle adulte - responsables de la réparation des muscles deviennent moins réactives, explique le Pr Brandon Grubbs, et les fibres musculaires en retiennent moins. La croissance musculaire devient donc plus difficile.

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vendredi 3 novembre 2023

«Si un psychanalyste détecte les traces d'une maladie mentale chez un patient, doit-il le lui dire?»

Mardi Noir — Édité par Diane Francès — 

Cette semaine, Mardi Noir conseille Laura, qui se demande si le diagnostic a son importance dans l'analyse.


Chaque jeudi, dans Ça tourne pas rond, Mardi Noir, psychologue et psychanalyste, répond aux questions que vous lui posez. Quelles que soient vos interrogations, dans votre rapport aux autres, au monde ou à vous-même, écrivez à mardi.noir@slate.fr, tous vos mails seront lus.

Et chaque mardi, retrouvez le podcast sur Slate Audio.


Supposons qu'un·e psychanalyste détecte les traces d'une maladie mentale chez un·e patient·e, est-iel tenu·e de le lui dire?

Est-ce que ça a une importance dans l'analyse?

Merci,

Laura


Chère Laura,

En voilà une question fort intéressante! Votre interrogation traverse à la fois la question éthique, que doit-on dire à son patient, à son analysant, et pourquoi ce dire devrait forcément concerner un diagnostic? La question thérapeutique, mais est-ce que la psychanalyse est une thérapeutique? Et donc la question épistémologique, l'épistémologie étant le discours, l'étude des sciences, en quoi la psychanalyse est-elle en rupture avec la psychologie et la psychiatrie ou au contraire s'y confond-elle? Comment la psychanalyse considère-t-elle le normal et le pathologique?


Déjà, je me demande dans quelle mesure votre question ne s'inscrit pas dans son époque. Nous vivons dans un moment d'obsession diagnostique. Et avec un peu de recul, est-ce que cette focalisation ne serait pas née de la mise en lumière de la prise en charge des enfants autistes? Non qu'il n'y ait pas déjà eu avant cela des critiques de la psychanalyse, mais cette critique-ci a été fortement médiatisée et a été un moment constitutif, selon moi, de rupture épistémologique. Le fonctionnement du cerveau, les causes génétiques, les notions de maladies mentales, de troubles sont remis sur le devant de la scène grâce ou à cause de cette énigme que représente l'autisme.

Je fais référence ici à des enfants et adultes qui ne parlent pas, présentent des comportements stéréotypés, ont le regard fuyant, des personnes qui nous renvoient d'une certaine manière à une altérité radicale, avec laquelle il faut bien le dire on ne sait que faire, les laissant ainsi, pendant de longues années dans des errances institutionnelles et sociales (c'est sans doute d'ailleurs encore le cas aujourd'hui). Face à ces enfants, les psychanalystes avec plus ou moins d'orgueil ont fait ce qu'ils font toujours, ils ont cherché, ils ont enquêté, ils ont parlé, ils ont interprété, créant un émoi collectif, les mères accusées d'être déprimées, froides, les enfants étant réduits à des possibilités limitées.

Je me souviens de ce psychanalyste dans le film de Sophie Robert, Le Mur – La psychanalyse à l'épreuve de l'autisme, qui avait dit d'un enfant qu'il avait pu s'intéresser à une bulle de savon et que c'était formidable pour le moment. La voilà la rupture. Parce que oui, selon moi, qui suis aussi psychanalyste et qui ai travaillé pendant des années auprès d'un public d'enfants autistes (pas en tant que psy mais en tant qu'animatrice dans un centre de loisirs spécifique), j'ai été aussi subjuguée de voir l'évolution de certains de ces enfants.


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