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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 5 mai 2012

Les "borderlines", ces écorchés vifs

LE MONDE | 
Par Christine Angiolini

Le portrait de Marilyn Monroe, pris en 1957 à New York a été adjugé  169 000 euros.
Le portrait de Marilyn Monroe, pris en 1957 à New York a été adjugé 169 000 euros. | Reuters/PHILIPPE WOJAZER

New York, 1955. Une femme à l'aube de la trentaine écrit une lettre à l'un de ses amis sur le papier à en-tête d'un grand hôtel : "En tant que 'borderline', je ne peux m'intéresser qu'à un autre 'borderline'." Ces mots ont été griffonnés par la blonde la plus célèbre de la planète. DansFragments (Seuil, 2010), Marilyn Monroe dévoile ses doutes, sa fragilité au travers de lettres, de poèmes, de notes...
Borderline, la blonde mi-femme-enfant, mi-femme fatale, adepte de la psychanalyse ? "On pourrait l'imaginer, répond Jean-Michel Fourcade, docteur en psychologie, psychanalyste et auteur des Personnalités limites(Eyrolles, 2011). On note chez elle une instabilité émotionnelle avec de fortes angoisses d'abandon et des moments où elle disjoncte. De plus, elle est dépressive, très accro aux médicaments et multiplie les tentatives de suicide."
Le terme "borderline" signifie "limite", ou "près du bord". Et il ne date pas d'hier... A la fin du XIXe siècle, il apparaît sous la plume de Charles Hamilton Hughes (1839-1916), un psychiatre américain qui désigne ainsi la survenue de symptômes physiques au cours de troubles psychiatriques. De leur côté, les psychanalystes, dès les années 1930, y voient plutôt une structure psychique particulière, entre névrose et psychose.
En 1980, le DSM, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l'Association américaine de psychiatrie, qui est une référence pour de nombreux psychiatres, décrit pour la première fois les critères de la personnalité borderline. Dans une dernière version, en 2000, il donne une définition amendée de cette pathologie psychiatrique, comme "un mode général d'instabilité qui touche les domaines des relations interpersonnelles, de l'image de soi, et des affects avec une impulsivité marquée, qui apparaît au début de l'âge adulte et est présent dans des contextes divers".
Aujourd'hui, les théories qui s'articulent autour des états limites font toujours débat. "Il faut dire que le terme renvoie à un certain flou", précise le docteur Bernard Granger, psychiatre, psychothérapeute, responsable de l'unité de psychiatrie de l'hôpital Tarnier à Paris, et coauteur, avec Daria Karaklic, de Les Borderlines (Odile Jacob, 183 p., 21,20 euros).
Cependant, le kaléidoscope des symptômes semble faire, à l'heure actuelle, l'unanimité chez les psys : une instabilité affective, qui se traduit par des réactions émotionnelles excessives, voire des colères, une faible estime de soi, des troubles de l'identité entraînant un sentiment de vide, ainsi que des angoisses d'abandon. Lorsque l'angoisse devient intolérable peuvent survenir des comportements addictifs (drogues, alcool, boulimie et/ou anorexie, comportements à risque, hyperactivité, etc.), des scarifications, voire des tentatives de suicide.
La personnalité "état limite" (une personnalité correspond aux caractères psychologiques permanents d'une personne) serait de plus en plus fréquente. La pléiade de symptômes qui la définit peut facilement nous faire tomber dans le piège de l'autodiagnostic. Mais il est parfois difficile de différencier un trouble borderline d'une dépression ou d'un trouble bipolaire (alternance de dépression et d'excitation), par exemple.
Pourquoi devient-on borderline ? Ici encore, les théories se suivent et ne se ressemblent pas. La majorité des psys évoquent des difficultés dans les interactions précoces mère-enfant lors des premiers mois de vie (mère trop anxieuse et envahissante qui empêche l'autonomie du bébé, ou, au contraire, mère très déprimée qui ne peut s'occuper de son enfant). Par ailleurs, des séparations, des abandons, voire une maltraitance psychologique ou sexuelle dans la petite enfance pourraient également être impliqués dans la survenue d'une personnalité état limite.
De l'extérieur, ces personnes ont une vie socioprofessionnelle "normale", hormis dans les périodes d'autodestruction. Leur vie affective est en revanche chaotique et émaillée de ruptures. "Elles idéalisent beaucoup l'autre au début de la relation, explique le docteur Granger. Mais si des grains de sable s'immiscent dans la relation, elles peuvent vite le désidéaliser. Elles ne parviennent pas à penser que l'être aimé peut être à la fois gratifiant et frustrant."
Catherine (le prénom a été changé), 51 ans, peintre, a été diagnostiquée borderline il y a dix ans : "Depuis que je suis enfant, je me calque sur le désir des autres. A plusieurs reprises, je suis tombée amoureuse de personnes non disponibles ou ne partageant pas mon attirance. En tout cas, je n'ai jamais pu m'engager dans une vie de couple. Comme je fonctionne en 'tout ou rien', je donne tout à mes amoureux, je suis très fusionnelle et ça leur fait peur. Je redoute tellement que l'autre m'abandonne ou me rejette qu'il m'est arrivé de provoquer moi-même la rupture, sans en être consciente."
Les angoisses d'intrusion et d'abandon sont très présentes chez les personnes atteintes de ce trouble, commente Vincent Estellon, psychologue clinicien, maître de conférences à l'université Paris-Descartes et auteur des Etats limites (PUF, 2011). "Si la personne aimée s'approche, elles se sentent envahies, et si elle s'éloigne, elles se sentent abandonnées", commente-t-il. Les états-limites "peuvent d'ailleurs être victimes de pervers narcissiques ou de gourous d'une secte car ils ont l'impression que ce sont des êtres forts qui peuvent combler les trous de leur identité et donner un sens à leur vie", ajoute Jean-Michel Fourcade.
Notre société moderne hyperconnectée, boulimique d'images, individualiste, favoriserait-elle l'émergence de ce type de personnalités ?"Il est vrai qu'on est dans une logique de satisfaction immédiate et que la déontologie est souvent sacrifiée au profit d'impératifs économiques, analyse Vincent Estellon. Il serait tentant d'envisager les états-limites comme des rejetons d'une société occidentale riche et mondialisée, en manque de repères. Cependant, les psychanalystes reçoivent toujours bel et bien des patients névrosés, hystériques, phobiques ou obsessionnels." Comme au bon vieux temps de Freud, donc.


Un ancien commandant de police dénonce « l’imposture du tout sécuritaire »

Après six ans dans la marine, Serge Supersac est entré dans la police comme simple gardien de la paix en 1979 et il l'a quitté en 2010 avec le grade de commandant. Il a travaillé dix ans au sein de la BAC de Seine-Saint-Denis et treize ans chez les CRS (dont il a commandé la compagnie n°7 à Deuil-la-Barre). Affecté en fin de carrière à l’Institut National des Hautes Études de Sécurité, il a participé avec de jeunes chercheurs à l’amélioration de la connaissance en matière de sécurité au travers de nombreuses missions d’études. Aujourd’hui jeune retraité, il continue à travailler sur les questions de délinquance et sur la relation police-population. Il s'était déjà fait connaître du grand public l'année dernière en cosignant avec Stéphane Gatignon (maire de Sevran en Seine-Saint-Denis) un ouvrage intitulé Pour en finir avec les dealers (Grasset, 2011). Il ouvre aujourd'hui un site Internet mettant en ligne son dernier manuscrit « Délinquance, l'imposture du tout sécuritaire ! ».

Dans ce travail, Serge Supersac estime qu'il existe des solutions pour endiguer la « petite et moyenne délinquance » qui empoisonne la vie quotidienne, des solutions basées sur l'expérience et qui ne coûtent pas cher. Il plaide pour la reconstruction d'une grande police administrative, c'est-à-dire une police de la voie publique, en inventant un système intégré entre police et gendarmerie nationales, polices municipales et agents de sécurité privée. Selon lui, l'accent doit être mis sur les moyens de mieux identifier les auteurs et de simplifier le traitement judiciaire de cette délinquance de masse : « si l’on repose les termes de l’équation en matière de délinquance on se rend compte qu’il faut travailler sur l’amélioration du mode d’identification des infracteurs ce qui passe par une surveillance moins aléatoire des secteurs. De même en sachant que l’administration de justice se révèle incapable de gérer les infractions de masse, d’autant que le phénomène de judiciarisation ajoute encore au trouble, il est nécessaire de se diriger vers un autre type d’administration de la justice ». Mais il estime également qu'« une meilleure sécurité ne pourra se réaliser sans l’implication des citoyens aujourd’hui tenus à l’écart ».
Une forte critique du sarkozysme policier
Or le constat dressé par le policier sur ces dernières années est amer : « Aujourd’hui dans le pays la relation entre la police du quotidien et les administrés est mauvaise. Alors que paradoxalement l’émergence de la délinquance de masse et de ses affres rendait l’opinion publique plus compréhensive par rapport aux difficultés du métier de la sécurité générale, le dernier épisode débuté en 2002 a creusé un fossé entre une force de sécurité à la recherche "d’affaires" et non plus de paix civile et une population qui, piégée par le discours offensif et volontariste, n’a pas vu la situation s’améliorer ». Il est selon lui plus que temps d'inverser la tendance : « Pour obtenir une force de sécurité efficace en matière de délinquance générale il faut laisser l’initiative aux policiers du terrain et l’osmose avec la population ne peut être considérée comme une perte de temps mais au contraire comme un investissement garantissant la connaissance parfaite des administrés et de leurs problèmes qui, une fois le bon diagnostic posé, peuvent se résoudre. La valorisation de "Pinot simple flic" est le passage obligé pour une meilleure sécurité et c’est l’effet induit des expériences de police de proximité qui a permis d’obtenir les succès enregistrés ».
On laisse aux lecteurs intéressés le soin de découvrir le détail et se faire une opinion sur les arguments de Serge Supersac. Notons pour terminer que son texte est aussi une charge très forte contre le sarkozysme policier mis en place après 2002 et la façon dont il s'est acquis le soutien d'une partie de la hiérarchie. « Aujourd’hui, lorsque j’écoute le discours martial des ministres de l’intérieur qui veulent mener la guerre à la drogue, aux bandes ou à la délinquance, je me dis que l’on ne retient pas des leçons de l’histoire et que cette élite suffisante perdure dans ses erreurs stratégiques alors que la connaissance des phénomènes en matière de sécurité progresse constamment. Le discours va t'en guerre qui a commencé par "le karcher" et qui se poursuit va encore une fois nous conduire dans le mur en sacrifiant au passage des dizaines de milliers de destins, ceux des soldats de la paix empêtrés dans les contradictions entre la réalité de la situation et la mauvaise stratégie imposée et ceux des jeunes égarés sur la voie de la délinquance tant elle s’impose plus facilement grâce précisément aux carences en matière de sécurité », écrit l'ancien commandant de police.
Ce dernier se demande aussi si le pays ne serait pas un peu « malade de son élite ». Les mots sont durs : « Lorsque j’ai vu les "généraux de la police" s’affubler de galons qui s’apparentent à ceux des généraux militaires, lorsque j’ai vu le directeur du renseignement mis en examen accusant le directeur général de lui avoir donné un ordre illégal, lorsque j’ai vu une éminence grise pur produit du système des connivences politiques devenir ministre et s’empêtrer dans des discours qui n’ont d’autres buts que de désigner des boucs émissaires, roms, bandes, immigrés, etc., je me suis dit qu’il était nécessaire d’apporter une contribution au débat pour informer une opinion publique que l’on a trop souvent trompé par le passé en matière de sécurité. Cet ouvrage est donc en ce sens "militant" mais non "idéologique", juste citoyen afin que la sécurité des Français ne soit pas confisquée par des lobbys politico-administratifs qui finiront par la déléguer au domaine privé ». Durs, mais peut-être justes.
Illustration : archives-lepost.huffingtonpost.fr et letelegramme.com

Le handicap expose à un risque élevé de fait de violence

27/04/2012
Une étude publiée dans la revue « The Lancet », montre que les adultes qui souffrent d’une maladie mentale ont plus de risque d’être victimes de violence. Les chercheurs, qui ont compilé plusieurs études de différents pays, pointe le manque de travaux, notamment dans les pays à faible et moyen revenu.
Dans le monde, environ 15 % des adultes ont un handicap, et ces personnes ont plus de risque d’être victimes de violence. L’étude publiée dans « The Lancet » précise par ailleurs que celles qui souffrent d’une maladie mentale sont particulièrement vulnérables. Les auteurs ont analysé et compilé des données de 21 études menées, entre le 1er janvier 1990 et le 17 août 2010, en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, à Taïwan, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Afrique du Sud. Les données de 21 557 adultes handicapés ont ainsi été analysées.
La prévalence des faits de violence (physique, sexuel ou conjugal) contre les personnes atteintes d’une maladie mentale est évaluée à 24,3 %, alors qu’elle est de 6,1 % pour les personnes qui souffrent d’un handicap intellectuel et 3,2 % pour celles qui souffrent de troubles non spécifiques. L’étude souligne que les difficultés relationnelles sont inhérentes aux maladies mentales, ce qui accroît la vulnérabilité des personnes qui souffrent de ces pathologies.

Une étape vers la prévention

Les auteurs insistent sur le fait que les études qu’ils ont analysées ont des faiblesses méthodologiques, et qu’il existe des différences entre les handicaps et les violences qui y sont étudiés. La plupart des études se sont focalisées sur les maladies mentales, alors que d’autres types de handicap ont été négligés. Les chercheurs déplorent aussi que trop peu d’études se soient intéressées au fait de savoir si c’est le handicap ou la violence qui est apparue en premier.
Pour les auteurs, cette étude est une première étape pour la prévention de la violence. Selon eux, la proportion d’individus avec un handicap directement touchés par la violence ou qui vivent dans la peur d’en être victimes, est susceptible d’être beaucoup plus élevé que leurs estimations. Les études inclues dans leurs travaux sont issues de six pays à revenu élevé et d’un pays à revenu moyen. Les données manquent pour la plupart des régions du monde, et particulièrement dans les pays à faible et moyen revenu, alors qu’ils ont souvent un taux plus élevé de violence que les pays développés et que les services pour les personnes handicapées sont inadaptés.
›CÉCILE RABEUX

Les Livres de Psychanalyse

Des expériences intérieures, pour quelles modernités ?

Julia Kristeva (dir.)


Philosophe, photographe, physicien, psychanalyste, anthropologue, historien, traducteur, architecte, linguiste, chacun de ceux qui parlent ici - ils ont donné une conférence au centre Roland-Barthes dans la première décennie du XXIe siècle -, vient renouveler l'approche du sujet dans l'espace de la langue ; en d'autres termes, élargir en le questionnant le spectre des expériences intérieures.

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Les Livres de Psychanalyse

Voix - Suivi de Chut !
Gérard Wajcman 

Voix est le tout premier livre de Gérard Wajcman.
Publié pour la première fois en Suisse en 1979 avec le titre "Voix-le face à la chute des sons nus", il devint vite indisponible. Cette nouvelle édition souhaite rendre à ce bref essai la visibilité qu'il n'a jamais eue. Le point de départ pour cette réflexion sur la voix, "objet petit a" lacanien, est l'expérience, troublante et saisissante, de l'écoute des rares enregistrements des voix de castrats.


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Les Livres de Psychanalyse

Freud et la théorie sociale
Stéphane Haber

Les sciences sociales s'éloignent aujourd'hui de l'idée selon laquelle leur contribution principale au savoir consisterait à approfondir sans cesse la découverte de l'homme moyen et de l'individu assujetti aux grandes forces collectives, découverte par laquelle elles se justifièrent à l'origine.

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Les Livres de Psychanalyse

Les autistes doivent-ils nous écouter ou devons-nous les entendre ?

Jean-Pierre Rouillon et Gilles Chatenay 

Extrait de l’avant-propos d’Alexandre Stevens :

« […] Dans un premier temps, nous faisons connaissance avec l’enfant, nous l’abordons sans savoir ce qui convient pour lui, nous cherchons à suivre ses signifiants,ses inventions. C’est le temps nécessaire de la rencontre puis au surgissement d’une surprise. Ensuite nous soutenons l’invention du sujet. Ces inventions seront bien sûr très différentes d’un sujet à l’autre, au cas par cas. Certains s’attacheront à un effort de bien-dire afin de traduire le mieux possible ce qu’ils rencontrent.

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Les Livres de Psychanalyse

Comment la souffrance se dit en rêves ?

Danièle Pierre

« Le rêve est la voie royale qui mène à l’inconscient », disait Freud. La clinique transculturelle nous invite à lui redonner une place centrale, dans le transfert et dans la thérapie ethnopsychanalytique. D’abord parce que le rêve apparaît déjà interprété de l’intérieur par la culture : le remaniement préconscient de sa façade ordonnant les choses selon la logique culturelle du rêveur, selon sa « vision du monde ». Ensuite parce que nombre de cultures traditionnelles lui accordent une importance capitale dans le processus thérapeutique. 

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Les Livres de Psychanalyse



La Cause du désir n° 80 : Du concept dans la clinique

Février 2012

Éditorial
En ligne avec Jacques-Alain Miller

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Lacan Quotidien, accessible à qui veut savoir
Avec ses deux mille cinq cent visiteurs par jour en moyenne, Lacan Quotidien, par sa Lettre est devenu en quelques mois Le média international d’information lacanienne. Aux prises avec le réel, il informe au quotidien sur l’actualité de la clinique psychanalytique, sur la politique et la vie culturelle. 


Lacan Quotidien s’offre comme un véritable outil d’analyse critique, d’échanges et de combat pour comprendre le monde et y répondre. Un laboratoire effervescent où les concepts psychanalytiques sont à la fois utilisés pour proposer des réflexions sur la société contemporaine et questionnés par celle-là même. 


Son site, lacanquotidien.fr, est un lieu de conservation de cette pensée lacanienne en mouvement, mais il est également un espace d’information sur les rendez-vous du champ freudien et présente régulièrement une sélection d’évènements susceptibles d’intéresser l’Opinion éclairée.
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dimanche 29 avril 2012

Soins psychiatriques sans consentement : une autre loi est réclamée

24/04/2012
Pour le CRPAl’USP et le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, la récente décision du Conseil constitutionnel ouvre une brèche dans le dispositif de soins psychiatriques sans consentement mis en place par la loi du 5 juillet 2011. En perspective du changement gouvernemental à venir, les trois organisations appellent à l’abrogation du texte au profit d’une nouvelle législation en psychiatrie.


À l’origine de la Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur trois points de la loi du 5 juillet 2011 relative aux soins psychiatriques sans consentement, le Cercle de réflexion et de propositions d’actions sur la psychiatrie (CRPA) « se réjouit de la décision du Conseil constitutionnel » qui lui « donne gain de cause de façon certes partielle mais décisive ». Vendredi dernier, les sages ont déclaré inconstitutionnels les articles de la loi L.3211-12 et L.3213-8 sur les conditions de mainlevées des mesures de soins psychiatriques sur décision d’un représentant de l’État concernant les patients hospitalisés en Unité pour malades difficiles (UMD) et les personnes déclarées irresponsables pénalement. Pour le CRPA, cette censure constitue« une brèche dans le dispositif sécuritaire » gouvernemental instauré par la loi. S’agissant des autres points de la QPC examinée par les sages, l’Union syndicale de la psychiatrie (USP) se déclare « consternée de constater que le Conseil constitutionnel approuve les articles L.3211-12-1 (sur le délai seulement semestriel de saisie automatique du Juge des libertés et de la détention) et surtout L.3211-2-1 » (sur les soins psychiatriques sans consentement hors hospitalisation complète).« Ces articles soulignent que seule l’hospitalisation complète fait l’objet d’un contrôle par le JLD », les soins faisant l’objet d’un programme de soins ambulatoire quelles que soient la forme et la durée, « échappent à tout contrôle légal », ajoute l’USP.

Marché de dupes.

Dans sa décision, le Conseil constitutionnel estime que les personnes traitées en soins ambulatoires « ne sauraient se voir administrer des soins de manière coercitive ni être conduites ou maintenues de force pour accomplir les séjours en établissement prévus par le programme de soins. » Dès lors, « aucune mesure de contrainte à l’égard d’une personne prise en charge en soins ambulatoires ne peut être mise enœuvre pour imposer des soins ou des séjours en établissement sans que la prise en charge du patient ait été préalablement transformée en hospitalisation complète », précisent les sages. L’USP dénonce ici « un sacré marché de dupes » où le « chantage » deviendrait « la règle du soin psychiatrique ». En effet, poursuit l’USP« on ne force personne mais quiconque ne respecte pas son programme de soins seraréenfermé ». Même constat dressé par le CRPA qui voit dans cette« obligation de soins sans contrainte » en ambulatoire« une obligation de soins sous la menace ». Le délai accordé au législateur pour mettre en conformité les deux dispositions censurées a été fixé au 1er octobre 2013 au plus tard.
Pour l’USP, « toute la loi hypocrite du 5 juillet 2011 doit être abrogée ».Le CRPA appelle les acteurs du champ psychiatrique à saisir l’opportunité de la décision du Conseil constitutionnel pour « réclamer une réforme d’ensemble ». Après la présidentielle et les législatives, « la prochaine majorité devra réécrire une loi », déclare le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire« Il sera donc urgent (...) de remettre les soins psychiques dans leur ensemble au cœur du débat public », ajoute le collectif.
› DAVID BILHAUT

Psychiatrie : l'isolement remis en question

20.04.2012
Le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) a préconisé le 19 avril 2012 de revoir les protocoles de mise en chambre d'isolement et de mise sous contention dans les services de psychiatrie en France.

Le comité a notamment visité le groupe hospitalier Paul Guiraud à Villejuif (Val-de-Marne), y compris l'unité pour malades difficiles (UMD) Henri-Colin, l'établissement public de santé mentale (EPSM) Val de Lys-Artois à Saint-Venant (Pas-de-Calais) et le centre hospitalier spécialisé Le Vinatier à Bron (Rhône), en particulier l'unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) pour l'accueil des personnes détenues nécessitant des soins psychiatriques et l'unité de soins intensifs psychiatriques (USIP).
Le comité a observé que les pratiques relatives à la mise en chambre d'isolement et la contention mécanique "variaient considérablement d'un établissement visité à l'autre, voire d'un service de psychiatrie générale à l'autre".

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