Fictions et essais, tous ses livres sont écrits à la première personne. On la retrouve dans « La Loi du rêveur », où cet ami de la psychanalyse entremêle songes et souvenirs.
« La Loi du rêveur » de Daniel Pennac, Gallimard, 176 p.
Dans ce salon des éditions Gallimard, la vocation de la cheminée relève du décoratif. Mais il y a quelque chose de si chaleureux chez Daniel Pennac… On jurerait qu’un bon feu crépite à quelques mètres de nos fauteuils. Une flambée s’accorderait bien avec la tenue confortable, mi-éternel prof, mi-gentleman-farmer, de l’écrivain – gros pull vert-bleu, pantalon de velours marron, hautes chaussures de marche.
Elle irait parfaitement, aussi, avec le ton de la conversation, ponctuée par des citations signées Herman Melville, Raymond Chandler ou Gabriel Garcia Marquez, et jalonnée d’anecdotes dont on doute qu’il les raconte pour la première fois, sans pour autant donner le moindre signe de lassitude – une capacité à ne pas épuiser son enthousiasme dans la répétition qui est peut-être liée au goût pour la pédagogie de celui qui enseigna jusqu’en 1995, mais n’a jamais cessé d’aller à la rencontre des enfants et des adolescents. Au fil de l’échange, quand la chute de l’histoire s’annonce, le sourire s’étire, ou la tête se secoue d’amusement. Toujours, le regard pétille, enfoncé derrière les petites lunettes rondes.
Le point de départ de la discussion est le nouveau livre de l’écrivain, La Loi du rêveur. Un récit délicieusement labyrinthique où s’enchâssent souvenirs de rêves et souvenirs tout court ; un jeu de cache-cache à travers les âges et les strates du réel avec le lecteur autant qu’un hommage joyeux à l’œuvre de Federico Fellini en général et, en particulier, à son Livre de mes rêves (tout juste réédité par Flammarion, 584 p., 75 euros). La Loi du rêveur est dédié à J.-B. Pontalis (1924-2013), qui fut psychanalyste, écrivain et éditeur – chez Gallimard.