E.RIQUIN,
Pédopsychiatre, CHU Angers
Nombre d’adolescents consultent des spécialistes pour des problèmes d’acné, qui ont très fréquemment des répercussions graves sur leur santé psychique. Dans ce contexte, des prescriptions médicamenteuses dermatologiques sont parfois nécessaires. L’isotrétinoïne (IT) est un traitement controversé depuis sa première commercialisation, accusé de vagues de suicide et de dépression. Qu’en est-il en pratique ? Devons-nous craindre sa prescription ?
La peau, organe de la rencontre et du lien
La peau est une enveloppe, une barrière contre les agressions extérieures ; elle est également lieu de plaisir, lieu du toucher, lieu d’identité qui sépare le dedans du dehors, le moi du non moi. Sur la peau se tracent les méandres du temps qui passe, les stigmates des épreuves traversées, elle est celle-que l’on voit quand on se regarde dans le miroir, mais aussi celle que l’on rencontre quand on regarde l’autre. Elle est le lieu des sensations (caresses, stimulations nociceptives), et le miroir des émotions qui parfois trahissent l’émoi ou l’effroi d’un moment (rougissement, frissons, etc.). Plus que tout autre, la peau est l’organe de la rencontre. Avoir une maladie de peau, c’est porter atteinte à la part symbolique de cet organe. La maladie de peau s’impose à l’autre, d’autant plus lorsqu’elle touche des zones exposées. Elle convoque la perte du choix de garder secret son trouble. Cela se voit et cela va sans dire en quelque sorte. Elle suscite du dégout, de la peur, du rejet, des croyances. « Est-ce contagieux ? C’est sale ! Le pauvre… » ; mais avant tout, la maladie de peau influe alors sur la rencontre et le lien.