blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 28 mai 2015

Immobilier : investir à moindre coût en favorisant la mixité sociale

LE MONDE ECONOMIE |  | Par 


Les villes ne respectant pas la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain, qui les oblige à respecter une proportion de 25 % d’habitat social, sous peine d’amende, ont intérêt à encourager l’essor de l’usufruit locatif social.


Encore méconnu, l’usufruit locatif social (ULS) est un dispositif que beaucoup d’épargnants auraient intérêt à examiner à la loupe, tant ses avantages sont nombreux. A condition de se montrer – très – patient, il permet de se constituer un patrimoine immobilier à moindre coût et sans payer d’impôt. Le tout en favorisant la mixité sociale en zone tendue.

Ce dispositif confidentiel – 1 500 logements sont vendus annuellement – a été inventé en 2001 par PERL, une société qui détient encore les deux tiers du marché. « Il s’agit d’une niche, mais sa croissance va s’accélérer dans les prochaines années », annonce Laurent Mogno, directeur général de PERL. Le groupe Primonial et PERL se sont associés pour lancer, en décembre 2014, une société civile de placement immobilier (SCPI), baptisée SCPI Patrimmo Croissance, qui exploite le mécanisme de l’ULS.

« Ce produit a déjà collecté 20 millions d’euros », annonce Laurent Fléchet, président du directoire de Primonial REIM. Rendue possible par la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové, cette innovation devrait démocratiser ce dispositif, d’autant que ce produit peut être logé dans un contrat d’assurance-vie. Le prix d’une part n’est que de 487 euros, mais il faut en souscrire au moins dix. Un bémol : comme souvent avec les SCPI, les frais prélevés par la société de gestion sont élevés (11,96 % à la souscription, mais les frais de gestion annuels sont quasiment nuls).

Comment fonctionne l’ULS ? L’idée est de décomposer le droit de propriété d’un bien immobilier entre un nu-propriétaire (celui qui possède le bien) et un usufruitier (qui en reçoit la jouissance pour une certaine durée). Un investisseur achète ainsi un logement (neuf ou ancien), en cède la jouissance à un bailleur social pour une longue durée. En échange, l’acheteur obtient une décote sur le prix de marché. Le rabais est d’environ 40 % pour une durée de quinze ans, plus 2 % par année supplémentaire.

Le temps du démembrement, l’acquéreur ne touche aucun loyer, mais ce manque à gagner est compensé par le fait qu’il récupère, à l’échéance du contrat, la pleine propriété d’un bien en bon état (le bailleur social s’y engage), qu’il peut utiliser à sa guise. Cerise sur le gâteau : si le contribuable est assujetti à l’ISF, le bien sort de sa base taxable pendant la durée de l’opération. En revanche, il n’est plus possible, depuis 2012, de sortir la dette finançant l’acquisition de cette même assiette.



LE MONDE CANNIBALE Le défi démographique de 2065

Retour accueil - Editions L'Harmattan

PHILIPPE ROLLANDIN

Conséquences des progrès de la génétique, de la médecine prédictive et des traitements personnalisés, les grandes maladies seront bientôt vaincues et l'espérance de vie va augmenter dans des proportions inimaginables. 

Remue méninges aux USA autour de la santé mentale des pilotes de ligne

28.05.2015


Après le patron de la Lufthansa, qui a annoncé la mis en place de " tests médicaux surprise" sur ses pilotes, les Etats-Unis ont décidé à leur tour de "revoir leurs règles d’évaluation de la santé mentale et de l’état émotionnel des pilotes d’avions de ligne américains". Dans un communiqué, l’agence fédérale de l’aviation (FAA) explique que "les pilotes américains subissent des tests médicaux fiables mais les accidents récents dans d’autres parties du monde ont incité la FAA à réexaminer la question importante de l’aptitude des pilotes". Ces propos, font évidemment référence au crash de la Germanwings (compagnie low cost de Lufthansa), dans les Alpes en Mars dernier qui a fait 150 victimes. Catastrophe provoquée délibérément par le copilote qui souffrait de dépression mais l’avait caché à son employeur.

Centre Hospitalier du Val d'Ariège : inauguration des locaux syndicaux et des urgences psychiatriques


Pas de lien direct entre les deux structures si ce n’est la cohérence d’une opération d’extension  et de restructuration comprenant également la réalisation en sous-sol des nouveaux vestiaires des unités d’urgences et réanimation. 

C’est en présence de Michel Thiriet, directeur général du Chiva et du Dt Michel Pichan, président de la Commission médicale d'établissement du Centre Hospitalier Ariège Couserans qu’à eu lieu ce mercredi 27 mai l’inauguration de ces nouveaux locaux.

SOS pour la psychiatrie

Publié le 26/05/2015





Un collectif de 21 psychiatres d’Australie et de Nouvelle-Zélande lance un cri d’alarme sur l’avenir « inquiétant » de leur discipline dans ces pays. Dans l’hémisphère austral, l’enseignement universitaire de la psychiatrie semble en effet aussi préoccupant que sous nos latitudes, avec un «déclin » des vocations parmi les jeunes médecins, une situation préjudiciable pour la bonne continuité du secteur clinique et de la recherche. Mais pourtant, s’étonnent les auteurs, ces difficultés de recrutement des futurs spécialistes surviennent à une époque où les connaissances dans le domaine des neurosciences « connaissent paradoxalement un essor sans précédent ! »

mercredi 27 mai 2015

Des modes d’emploi pour bien avorter, campagne choc contre la loi chilienne

Le Monde Blogs 
Résultat de recherche d'images pour "campagne choc contre la loi chilienne"
"Marche une dizaine de minutes, achète quelque chose que tu achèterais normalement, comme du pain ou un journal. Ensuite dirige toi vers un carrefour très fréquenté. Observe comme les voitures ont tendance à accélérer quand le feu est orange. Attends... Et quand le feu est sur le point de passer au orange une nouvelle fois, choisis la voiture la plus à même d'accélérer. Fais en sorte qu'elle te rentre dedans de face, estomac contre pare-choc. Et traverse."
La jeune femme avance. Une voiture freine. Un choc. Un gémissement de douleur. On a beau savoir que la jeune femme est une actrice et que l'accident n'a pas vraiment eu lieu, la vidéo n'en est pas moins glaçante. Elle fait partie d'une campagne choc, lancée par l'ONG Miles au Chili, un pays où l'avortement est illégal.

Les Chiliennes peuvent être aujourd'hui condamnées à une peine allant jusqu'à cinq ans de prison si elles sont jugées coupables d'avoir avorté. Ce sont pourtant entre 120 000 et 160 000 femmes, selon les estimations, qui interrompent illégalement leur grossesse chaque année. La majorité d'entre elles utilisent du Misoprostol, un médicament de la famille des prostaglandines, qu'elles achètent au marché noir. D'autres ont recours à des avortements clandestins. Celles qui en ont les moyens se rendent en Argentine, ou ailleurs à l'étranger, dans des pays où l'avortement est autorisé.

"L'avortement accidentel est le seul qui n'est pas considéré comme un crime"

Ce sont au total trois vidéos, tournées comme des modes d'emploi, voire des recettes, qui ont été publiées, jouant volontairement sur le décalage entre un ton doux et pédagogue et la violence de l'expérience décrite et mises en scène. "Je vais vous expliquer comment on fait", lance une femme au début de l'une d'entre elles. Sous-entendu : pour mettre fin à votre grossesse. Outre le fait de se faire écraser par une voiture, ces "guides" proposent aussi de se jeter du haut d'un escalier ou de casser son talon aiguille pour tomber sur une bouche d'incendie.


Enfants malades : quand la médecine ne sait pas

SOFIA FISCHER 

Dans le parking de «l’hôpital de la dernière chance», les plaques d’immatriculation parlent d’elles-mêmes. Beaucoup de voitures viennent de loin. Les familles se sont levées très tôt pour se rendre au service des maladies rares de l’hôpital Necker, à Paris. Certaines ont attendu plus d’un an pour ce rendez-vous. Toutes ont emmené avec elles le dossier médical de leurs enfants. Tous souffrent de maladies sur lesquelles la médecine n’est pas parvenue à poser un diagnostic, et qui engagent parfois leur pronostic vital. Des parents ont dans les bras des dossiers épais comme trois bottins. Ici, à l’Institut Imagine, centre génétique de l’hôpital Necker, ils espèrent faire séquencer le génome de leur enfant : 20 000 gènes à étudier, pour comprendre enfin ce qu’il se passe. Dans ce lieu unique en France, généticiens, chercheurs et universitaires se penchent tous sur les cas inexpliqués de la médecine.
Parmi les familles dans la salle d’attente, ce couple tiré à quatre épingles, arrivé la veille d’Alsace, avec leur fils, polyhandicapé de 15 ans. Samuel ne peut pas marcher ni parler. Quinze ans après l’apparition des symptômes, les parents n’ont toujours pas de nom à mettre sur la maladie dont souffre leur fils. Dès ses premiers mois, ils réalisent une batterie de tests : IRM cérébrales, radios, bilans sanguins… tout semble normal. Après une dernière IRM à l’âge de 2 ans, les médecins se tournent vers la famille : «Revenez dans dix ans, pour l’instant, nous n’avons pas de réponse.»

Sans-abri Chopine et dépendances

ELSA MAUDET ENVOYÉE SPÉCIALE À MARSEILLE 



Un «pschitt» s’échappe de la canette fraîchement ouverte, rapidement suivi d’un rot sonore. Il est 6 h 20. Alors que la plupart des résidents sont encore sous la couette, l’aide-soignante apporte sa première bière à Philippe. «La nuit, je bois pas !» se félicite dans un grand sourire l’homme de 60 ans qui n’a plus ni dents ni cheveux. Il carbure à «quatre ou cinq bières de 50 centilitres par jour, à 8 degrés», et se promène toujours avec une canette coincée entre sa cuisse et son fauteuil roulant, où un AVC l’a scotché il y a cinq ans. Auparavant, il en descendait «une dizaine ou une vingtaine» chaque jour. Désormais, c’est l’unité Saint-Roch de l’Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Saint-Barthélémy, à Marseille, qui gère sa consommation et lui distribue ses canettes au fil de la journée.

ANTHROPOLOGUE DES SANS-ABRI

L’unité Saint-Roch, où Philippe réside, est spécialisée dans l’accueil de personnes sans domicile fixe. Trente-quatre pensionnaires sont hébergés, sur des critères de précarité et pas nécessairement de dépendance. Il n’existe que quatre maisons de retraite de ce type en France, les autres étant situées à Nanterre, Dijon et La Rochelle. Mais Saint-Roch est la seule à intégrer l’alcool dans l’accompagnement. Les choses n’ont pas toujours fonctionné ainsi. A l’ouverture de l’unité, en 2006, l’alcool était interdit, à l’exception du quart de vin servi lors des repas. «C’était une évidence, se souvient Olivier Quenette, le directeur de l’Ehpad. On avait une approche très archaïque.» Si certains soignants feignaient de ne pas voir les bouteilles circuler, d’autres les vidaient sous les yeux de leurs propriétaires. «On leur demandait de boire à l’extérieur, donc ils buvaient vite et beaucoup. Résultat, on avait pas mal de violence, des bagarres dans la salle à manger, des éclats de voix. Ça créait un climat délétère», raconte le directeur. En ville, certains résidents passablement alcoolisés chutaient et étaient ramenés par les pompiers ou atterrissaient aux urgences.

Microscope (Micro-Satellite à traînée Compensée pour l’Observation du Principe d’Equivalence)


L'ONERA a développé l'instrument T-SAGE permettant d’éprouver la théorie de la relativité générale dans l’espace : le test du Principe d’Equivalence avec une précision de        10-15Ce test est réalisé à bord du satellite de la mission MICROSCOPE premier micro-satellite du CNES dédié à la physique fondamentale.


Lire la suite ...




Les enjeux du satellite Microscope

Résultat de recherche d'images pour "Les enjeux du satellite Microscope"

Voir la vidéo ...

mardi 26 mai 2015

Le masculin bousculé, cancer de la prostate et accompagnement psychologique

Le Monde.fr | 
Par Anne-Sophie van Doren, Laboratoire PCPP, EA 4056, Université Paris Descartes, Paris V et Marc Olivier Bitker, service d’Urologie, groupe hospitalier Pitié Salpetrière – Charles Foix. APHP. UPMC Paris VI. Paris

« Il n’est point d’homme qui ne veuille être un despote quand il bande ! ». Le psychanalyste Jacques André commente cette citation du Marquis de Sade ainsi : « La première contribution de la psychanalyse à la compréhension de la domination masculine suit le mouvement de l’érection. L’homme est un homo erectus, le pouvoir appartient à ceux qui se dressent, pas à ceux qui se baissent ». Derrière ceux qui se baissent, il est assez aisé d’entendre des résonnances fantasmatiques avec la maladie, la vieillesse que Chateaubriand qualifie de naufrage. Même si « se baisser » peut avoir une valence active, de choix assumé ou consenti, on peut également y voir les figures de la passivité, de la soumission voire de l’infamie. C’est en gardant ceci à l’esprit, qu’il convient d’écouter et d’entendre les patients porteurs d’un cancer de la prostate. Ces hommes cherchent tant bien que mal à rester debout ou à se relever après s’être nécessairement baissés pour sauver leur vie, après avoir accepté de sacrifier « une partie » pour sauver le tout, ce qu’ils vivent et ressentent, parfois à mots couverts, comme la honte de ne plus être virils.

Au carrefour des espaces somato-psychique et psychosexuel, le cancer de la prostate est susceptible de mettre au travail des concepts clés de la psychanalyse comme la pulsion et l’angoisse de castration. Mais il interroge également quant aux effets psychiques des traitements curateurs mais castrateurs que l’on propose aux patients. Paradoxalement, cela reste une clinique encore taboue et boudée des psychologues et psychanalystes qui s’intéressent plus volontiers au cancer du sein, peut être car les femmes se livrent plus volontiers. Mais alors que la psychanalyse est régulièrement taxée de phallocentrisme, que le sexuel est un élément nodal du fonctionnement psychique, comment se fait-il qu’elle ne se penche pas ou si peu sur le cancer de la prostate ?


Caché dans la maison des fous

L’histoire : 1943, asile de fous de Saint-Alban en Lozère. Deux psychiatres organisent la résistance à l’embrigadement des fous et à leur négation. L’un, Tosquelles, a fui l’Espagne franquiste ; l’autre, Bonnafé, communiste, est un ami des surréalistes. Ils cachent les résistants blessés de la région. Ils y accueillent une jeune fille juive résistante, Denise Glaser, en même temps que le poète Paul Éluard et sa compagne Nusch. Éluard y passe huit mois, avec cette double menace de l’enfermement des êtres et de l’enfermement du monde dans la barbarie, cette double résistance à la normalité et à la folie. 


RENCONTRES 2015 « STOP AUX IDÉES FAUSSES SUR LES PAUVRES » : DEMANDEZ LE PROGRAMME !



PUBLIÉ LE 23 MARS 2015

Les idées reçues sur les pauvres vous révoltent et vous cherchez des arguments pour les combattre ? Ne manquez pas les Rencontres 2015 du 27 au 31 mai à Montreuil, nous vous avons concocté un programme riche en débats, rencontres autour de livres, projections cinéma, expositions, animations diverses.
Cinq journées pour alerter sur l’état de la pauvreté en France, informer sur les projets innovants pour mettre fin à l’exclusion et proposer des pistes d’engagement au public. Cinq grands débats  sur les résistances d’hier et d’aujourd’hui, l’emploi, l’éducation, la participation et l’école en présence de personnalités et de spécialistes.Quatre réalisateurs venus spécialement pour échanger avec tous à la suite desprojections de leurs films et autant d’expositions réparties sur tous les lieux des Rencontres. Des ateliers sur les thèmes des vacances et de la fracture numérique, des rencontres autour de livres à foison et des animations diverses viennent compléter ce programme particulièrement riche.

Jacques Lacan, sur la crise de la Psychanalyse, entretien avec Emilia Granzotto (1974)

OLIVIER DOUVILLE

Emilio Granzotto. On parle de plus en plus souvent de crise de la psychanalyse. Sigmund Freud, dit-on, est dépassé, la société moderne a découvert que son oeuvre ne saurait suffire pour comprendre l'homme, ni pour interpréter à fond son rapport avec le monde.

Jacques Lacan. Ce sont des histoires. En premier lieu, la crise. Elle n'existe pas, il ne peut y en avoir. La psychanalyse n'a pas tout à fait trouvé ses propres limites, pas encore. Il y a encore tellement à découvrir dans la pratique et dans la connaissance. En psychanalyse, il n'y a pas de solution immédiate, mais seulement la longue et patiente recherche des raisons. Deuxièmement, Freud.
Comment le juger dépassé alors que nous ne l'avons pas entièrement compris ? Ce qui est certain, c'est qu'il nous a fait connaître des choses tout à fait nouvelles, qu'on n'aurait pas même imaginées avant lui. Depuis les problèmes de l'inconscient à l'importance de la sexualité, de l'accès au symbolique à l'assujettissement aux lois du langage.

Sa doctrine a mis en question la vérité, c'est une affaire qui concerne tous et chacun personnellement. C'est bien autre chose qu'une crise. Je le répète : nous sommes loin de Freud. Son nom a aussi servi à couvrir beaucoup de choses, il y a eu des déviations, les épigones n'ont pas toujours suivi fidèlement le modèle, il s'est créé des confusions. Après sa mort en 1939, certains de ses élèves ont aussi prétendu exercer autrement la psychanalyse réduisant son enseignement à quelque formule banale : la technique comme rituel, la pratique restreinte au traitement du comportement, et comme moyen la réadaptation de l'individu à son milieu social. C'est la négation de Freud, une psychanalyse de confort, de salon.

Il l'avait lui-même prévu. Il y a trois positions intenables, disait-il, trois tâches impossibles : gouverner, éduquer, et exercer la psychanalyse. De nos jours, peu importe qui prend la responsabilité de gouverner, et tout le monde se prétend éducateur. Quant aux psychanalystes, Dieu merci, ils prospèrent, comme les mages et guérisseurs. Proposer aux gens de les aider signifie un succès assuré, et la clientèle se bousculant à la porte. La psychanalyse, c'est autre chose.


Margaret Lock : « En santé, il y a un lien entre nature et culture »

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | Propos recueillis par 

Margaret Lock est anthropologue à l’université McGill de Montréal. Ses études sur la ménopause des femmes japonaises, menées dans les années 1980, ont été couronnées de plusieurs prix dont le prestigieux prix Staley de l’Ecole de recherche américaine. C’est à partir de ce travail que la Canadienne a forgé le concept de « biologie localisée », à l’origine d’un nouveau courant de l’anthropologie médicale. Visant à étudier les variations du corps humain en relation avec son environnement social, culturel et économique, ce courant est en plein essor, sous l’impulsion des découvertes en épigénétique – discipline qui entend décrire l’influence de l’environnement, au sens large, sur l’expression du programme génétique.

Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages, dont le plus récent, The Alzheimer Conundrum (Princeton University Press, 2013), explore la frontière ténue entre le vieillissement et la folie, en revisitant le thème philosophique du normal et du pathologique.

Invitée à Genève pour un colloque de sciences humaines organisé par la Fondation Brocher sur le thème « Epigénétique et environnement », elle s’inquiète des implications politiques des études en épigénétique. Avec l’ensemble des participants du colloque, elle lance un appel à la collaboration entre chercheurs en sciences sociales et épigénéticiens, afin que soit mieux prise en compte la complexité des interactions entre génome et environnement.

Vous êtes à l’origine du concept de « biologie localisée », forgé à la suite des études que vous avez menées au Japon sur la ménopause. Pouvez-vous développer ?

Ces études m’ont permis de montrer que, si la ménopause survient au même âge chez les femmes japonaises et chez les femmes nord-américaines, certains symptômes qui lui sont associés diffèrent. Les bouffées de chaleur ou les suées nocturnes sont moins fréquentes chez les femmes japonaises que chez les femmes vivant au Canada et aux Etats-Unis, au même titre que l’ostéoporose, les maladies cardiaques et le cancer du sein, comme cela avait été montré précédemment. La perception de la ménopause diffère également  : le terme employé dans la langue japonaise évoque une évolution vers une période de vie plus spirituelle, et la fin des menstruations n’en est qu’un élément, une vision positive très différente de la nôtre.

lundi 25 mai 2015

Reconnaître le burn-out, un travail de longue haleine

AMANDINE CAILHOL 

«Tous les Français connaissent quelqu’un qui a déjà craqué, s’ils n’ont pas eux-mêmes déjà basculé.» Benoît Hamon, député PS des Yvelines, en est convaincu : le burn-out gagne du terrain. Pour contrer cette «casse» qui touche les salariés de tous secteurs d’activité, l’ex-ministre plaide pour que l’«effondrement professionnel», en version française, soit reconnu comme une maladie professionnelle (lire ci-contre). En France, ils seraient plus de 3,2 millions de salariés «en situation de travail excessif et compulsif», selon Jean-Claude Delgènes, directeur du cabinet Technologia, spécialiste des risques professionnels. Soit 12% de la population active au bord du burn-out. Chaque année, pourtant, seule une poignée réussit à faire reconnaître le caractère professionnel de ce mal s’attaquant à la fois aux ressources physiques et psychiques. Et pour cause, le burn-out n’a aucune définition officielle et n’apparaît pas dans les tableaux des maladies professionnelles utilisés par les médecins de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) pour reconnaître automatiquement la cause professionnelle d’une pathologie. Seule solution pour les victimes : passer par les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP), habilités à instruire les dossiers au cas par cas. Sauf que pour être traités, ces derniers doivent répondre à des critères drastiques - apporter la preuve du lien «essentiel et direct» entre la maladie et le travail et justifier d’une incapacité permanente partielle de plus de 25%. Un taux très élevé laissant peu de chances aux requérants. En 2013, ils ne sont que 239 à avoir obtenu une prise en charge par la branche accident du travail et maladies professionnelles (ATMP) de la sécurité sociale. Les autres, obligés de s’en remettre à la branche maladie, moins avantageuse, «sont sortis par la petite porte», estime Jean-Claude Delgènes.

«Je n’avais plus de vie, j’étais prise dans une spirale»

AMANDINE CAILHOL 


«Aujourd’hui j’assume, j’arrive à le dire : je suis en burn-out.» Ce mot, Nicole (1), la quarantaine, l’a longtemps tu. Par «honte» ou«culpabilité». Celle d’avoir abandonné son travail, de ne «pas avoir été assez forte». Employée d’une PME dans l’Oise, elle a longtemps cumulé les casquettes - comptable, chargée des ressources humaines, responsable de la clientèle - et les heures de travail. Pendant «deux années d’enfer, totalement prise par [s]on travail»,elle enchaîne des journées non-stop au bureau, de 7 h 30 à 18 heures, avant de se scotcher à nouveau à son ordinateur jusque tard dans la soirée. Même chose le week-end. Et le reste de l’année, excepté pendant l’unique semaine de congé que cette mère de famille s’accorde, en août. «Mon travail avait pris une telle ampleur ! J’y pensais tout le temps. J’avais même un stylo à côté du lit, je faisais les plannings au milieu de la nuit.» Jusqu’à ce qu’elle s’effondre.